•  Le Carré long et le Nombre d'or 

    Introduction

    A la question « quelle est la forme de votre Loge ? », toutes les instructions maçonniques donnent comme réponse « un Carré Long ».

    D'où vient cette appellation pour le moins étrange de « carré long » donnée à un rectangle ? Car si la forme de la Loge, au sol, s’avère généralement rectangulaire, on n’y voit guère de carré parfait.

    Comment un carré peut-il être long, sans transformer ce carré en rectangle ? Telle serait la réaction rationnelle d’un non-initié. Le « Carré Long » implique précisément le caractère ésotérique de la figure géométrique en question.

    Le carré long suppose que le carré est en extension, c’est-à-dire en devenir. Le carré devient une géométrie initiatique, une cosmogonie [1] illuminatrice. C’est pourquoi le « Carré Long » est délimité à l’Ouverture des Travaux par l’allumage des trois Piliers (Sagesse, Force et Beauté), et effacé à leur Clôture par l’extinction de ces mêmes flambeaux.

    Qu’est-ce qu’un « Carré long » ? Le « Carré Long » est l’espace symbolique matérialisé par le Tableau de Loge. Le « Carré Long » est une forme symbolique de la Loge maçonnique, correspondant à un rectangle formé par deux carrés accolés ou construit d'après le Nombre d'or dans le rapport 1,618... Le « Carré Long » rappelle aussi l'Équerre, symbole du Vénérable Maître.

    Ces  quelques précisions m’amènent aux deux sujets principaux que je vais évoquer dans cette planche : le Carré Long et le Nombre d’or.

    Le Carré Long, forme de la Loge

    Examinons tout d’abord l’expression « un Carré Long » en tant que réponse à la question « Quelle est la forme de votre Loge ? » qui se trouve dans la plupart des instructions maçonniques du premier degré.

    Ainsi formulée, cette réponse se trouve liée à la notion de temple. Symboliquement, en effet, le temple est un « carré long », c’est-à-dire un double carré, soit un rectangle dont les côtés sont dans le rapport 2 à 1, soit un rectangle d’or ou de proportion dorée, soit encore un rectangle construit d’après le Nombre d’or.

    Dans les anciens systèmes initiatiques, qu’ils fussent égyptiens comme les mystères d’Osiris ou d’Isis, ou grecs comme les mystères orphiques ou d’Eleusis, la construction des temples devait se faire impérativement selon des proportions ou valeurs particulières.

    L’architecture sacrée se manifestait par la « projection » dans le plan de la forme de deux carrés parfaits juxtaposés l’un à l’autre. Le carré, qui présente quatre côtés isométriques, symbolise tantôt le cosmos, tantôt la terre.

    Au plan symbolique, le prolongement du carré, magnifiant la puissance du nombre, annonce la mise en mouvement ou l’ébranlement de l’énergie qui amorce un mouvement ascensionnel pour parvenir à une forme volumétrique nouvelle : le cube.

    Si le cube va devenir déterminant dans différentes traditions, il transite obligatoirement par le carré qui en constitue la prime étape, la base sur laquelle les bâtisseurs vont pouvoir élever. C’est ainsi que des églises, bâties en Angleterre aux 11ème et 12ème siècles, le sont sur un plan carré (cf. cathédrale d’Oxford). Toutes les constructions cisterciennes de Grande-Bretagne comme celles des pays germaniques ont été élevées sur base et autour d’un carré central.

    Le Carré Long, centre de la Loge

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Mais dans nos Loges, le « Carré Long » désigne le rectangle qui s’inscrit entre les trois Piliers (Sagesse, Force et Beauté) ou grands chandeliers qui encadrent un espace sacré, inviolable, infranchissable (sauf à certains moments des cérémonies de Réception) sur lequel repose le Tableau de la Loge comprenant les symboles du grade.

    Le « Carré Long » fait office de labyrinthe au cœur de l’enceinte maçonnique, à l’image de ceux que l’on trouve dans certaines églises et cathédrales. Nombre d’ésotéristes émérites se sont penchés sur la signification du « Carré Long ». Certains y ont même vu la réunion du cercle magique et des principes alchimiques. Dans tous les cas, il s’agit clairement de la désignation et de la délimitation dans un environnement général profane d’un périmètre sacré évoquant tous les rituels de construction – matérielle et immatérielle – dans une dynamique d’initiation aux mystères sacrés de l’Univers et à l’Universalité de l’homme.

    Le « Carré Long » est le symbole du tracé du temple dans la Loge (La loge, que beaucoup de Maçons appellent erronément « temple »). Le Maçon travaille en réalité sur le parvis du temple et non dans le temple.

    Le « Carré Long » est donc d’abord une symbolique du centre et, à ce titre, il peut être représenté sous forme du cercle inscrit dans le carré, figurant ainsi de la façon la plus simple le Temple dont le centre est le Saint des saints [2], le cercle de la manifestation spiritualisée, conscientisée. Et cette représentation nous fait penser aussi au cercle et aux deux parallèles utilisés dans différents rituels, notamment celui de la célébration du Solstice d’hiver pour symboliser la course du soleil et les deux portes de l’année.

    Pour bon nombre d’auteurs, le « Carré Long » est un double carré – donc un rectangle – dont la longueur est le double de la largeur, ou bien un rectangle de proportion dorée ou bien encore un rectangle de côtés 3 et 4 dont la diagonale est 5.

    En d’autres termes, plusieurs figures recevant l'appellation de « Carré Long » peuvent être construites géométriquement à partir d'un carré : le triple carré, le double carré, le rectangle d’or.   

    Le Carré Long ou le triple carré

    En architecture classique, le triple carré a été peu utilisé. Il ne semble guère appliqué que dans les collatéraux [3] de certaines églises romanes ou dans la mise en proportion de cubes byzantins.

    Cependant, le Premier Livre des Rois [4], au chapitre 6, nous rapporte que le Temple de Salomon [5] était un triple carré, c'est-à-dire un rectangle de proportion un sur trois. Il avait soixante coudées de long, vingt de large et vingt-cinq de haut. Hormis le Ulam ou vestibule qui précédait le temple proprement dit et dont les dimensions étaient de vingt coudées sur dix, et hormis le déambulatoire qui l'entourait sur les trois autres côtés, le plan de l'édifice était donc bien celui d'un triple carré. Cet espace était divisé en deux parties : le Hékal ou « Saint », et le Débir ou « Saint des saints »[6], partie du temple affectée au culte. C'était un rectangle de quarante coudées de long sur vingt coudées de large. On y accédait par le vestibule en passant par une double porte en bois de cyprès.

    * Le Carré long et le Nombre d'or

     

    LE TEMPLE DE JÉRUSALEM
    Construit par les architectes et les entrepreneurs de Tyr

    (d'après le Professeur D. Harden)

     

    On accédait apparemment au Débir par un escalier de sept marches. Il abritait l'Arche d'Alliance, celle-là même que Moïse avait construite selon les instructions du Créateur. Ce « Saint des saints » était une pièce cubique de vingt coudées de côté, dépourvue de fenêtre. Il n'était accessible qu'au Grand Prêtre, une fois par an, le jour du grand pardon afin d'y prononcer le Nom ineffable, le Tétragramme.

    Le Carré Long ou le double carré

    Le carré n’existe pas dans la nature. Cette figure géométrique est une abstraction de l’esprit. Première des figures géométriques, par sa stabilité, le carré représente la terre et par extension l’habitation de l’homme.

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Le « Carré Long » ou double carré est un rectangle formé par l’association de deux carrés de mêmes dimensions, d’où la création d’un rectangle dont la longueur est le double de la largeur. Les temples de l’Antiquité étaient conçus sous la forme d’un « Carré Long » ou double carré.

    Dans le Temple de Salomon, c'est le Hékal ou Saint qui était formé d’un double carré, c'est-à-dire un rectangle de proportion un sur deux. Le Hékal était le lieu du culte c'est-à-dire le lieu de la rencontre, de la communion de l'homme avec Dieu. Et de fait, le Un, nombre de Dieu y côtoyait le Cinq, nombre de l'homme par la médiation du rapport doré.

    Le double carré se retrouve aussi dans les cathédrales que les frères maçons donnèrent à leurs confrères ecclésiastiques. Chanoines des grandes liturgies mathématiques, ils avaient su traduire dans la pierre les règles les plus pures.

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Le Carré Long ou Rectangle d’or

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Un autre carré long peut être construit sur la section dorée. Il s’agit du rectangle 1 X 1,618 obtenu à l’aide du cercle dont le rayon correspond à la droite reliant le milieu du côté du carré à l’angle opposé.

    Ce carré long est dit « carré soleil », le Nombre d’or étant la dimension solaire de tout tracé. Quant au carré lunaire, il correspond, lui, au carré double dont la diagonale permettra de diviser la base en «moyenne et extrême raison», autrement dit en deux segments correspondant au rapport doré 5/3. La valeur de la diagonale est √5, nombre irrationnel, base du Nombre d’or dont la valeur est (√5 + 1) / 2.

    Les ouvrages d'esthétique nous renseignent tous sur ce point : un segment est partagé en « moyenne et extrême raison » selon la proportion divine ou section dorée, si le petit et le moyen segment engendrés sont dans le même rapport que le moyen segment et le segment initial.

    Le « Nombre d’or », ou « Section dorée », ou « Proportion dorée », est un nombre égal à environ 1,618033988749....

    Il en découle qu'un rectangle ayant sa longueur et sa largeur dans le rapport  est appelé Rectangle d'or ou Rectangle doré, et nombreux sont les ouvrages qui définissent le Rectangle d'or comme étant le « Carré Long ». Plus long que le simple carré, il n'atteint cependant pas la dimension du double carré et représente ainsi un équilibre harmonique entre ces deux entités.

    De fait, nos cathédrales sont truffées de rectangles d'or. A Troyes notamment l'on voit triompher le nombre et la proportion. Par exemple, dans la nef et les collatéraux, largeur et hauteur aux chapiteaux déterminent des rectangles dorés.

    Les constructeurs de cathédrales du Moyen Age, n’ont pas utilisé notre système métrique classique pour élaborer leurs œuvres. Celui-ci n’existait évidemment pas encore. A Chartres comme à Reims et dans la plupart des autres cathédrales, ils utilisèrent un autre système… basé sur le Nombre d’or 1,618. Les Romains, les Grecs, les Juifs et les Égyptiens le connaissaient déjà.

    Le Nombre d’or est considéré comme le nombre de l’harmonie universelle, le nombre de la création, le nombre de Dieu Créateur. Chez les Grecs, avec le développement de la géométrie, la secte secrète des pythagoriciens en avait fait un symbole d’harmonie universelle, de vie, d’amour et de beauté.

    Au Moyen Age, les savants, les Pères de l’Eglise, les bâtisseurs, les maîtres d’ouvrages ou maîtres d’œuvre se réclamant de la doctrine platonicienne des corps cosmiques (les cinq polyèdres réguliers), ont fait du nombre d’or, « la divine proportion », un modèle de perfection esthétique et philosophique.

    Les nombres dans la Loge

    Les nombres sont présents dans les Loges des trois premiers grades maçonniques : pour commencer, dans la forme même de celles-ci : un carré long, dont les justes dimensions (à condition de les respecter !) permettent le calcul du Nombre d'or (ou rapport de la Section Dorée) soit 1 + racine carrée de 5 le tout divisé par 2. Soit en l’écrivant avec les chiffres arabes : (1+V5)/2 = 1,618... Ce nombre est le rapport des côtés du rectangle. Il représente la divine proportion des choses, car elle permet d'en déduire toutes les figures planes ou spatiales du pentagone au dodécaèdre en passant par les cinq corps platoniciens.

    Le Nombre d'or a été utilisé par certains grands peintres, ce qui leur a permis de relier ainsi le microcosme au macrocosme par la théorie des correspondances harmoniques, de l'architecture, de l'esthétique, de la musique, de la mécanique céleste.

    Les éléments de la science maçonnique (ou Art Royal) se retrouvent non seulement dans les outils et instruments symboliques (Maillet, Niveau, Règle, Équerre,…), dans les mots de passe et les signes, comme l'Apprenti peut les découvrir lors de son instruction, mais encore et surtout dans les symboles, dans les nombres et les figures géométriques qui ornent ou décorent la Loge.

    Ainsi les nombres ont déjà leur importance dans la forme de la Loge, mais ce n’est qu’un début !

    En fait, les nombres sont partout en Franc-maçonnerie, à commencer par le symbole ternaire (triangle ou pyramide), image symbolique par excellence de tout ce qui est maçon. Si la mystique touche aux harmonies du cœur, la Franc-maçonnerie et son symbolisme touchent aux harmonies de la structure du monde, donc à la mesure de l'univers à la fois dans ses formes (géométrie) et dans les rapports mathématiques qu'entretiennent entre elles ses composantes (arithmétique divine). C'est ainsi que le Temple de Salomon est censé refléter cet univers et qu'en cherchant la Lumière, tout Maçon est en mesure de percer les secrets des lois universelles qui régissent ce Temple. Le corps de l'homme en est à la fois l'image secrète et le sanctuaire.

    C'est bien pourquoi l'Initiation et les enseignements de la Franc-maçonnerie sont si intimement liés à la sagesse des philosophes grecs tels que Platon et Pythagore.

    L'Architecture Naturelle, est une somme d'hermétisme, de numérologie transcendante, d'alchimie spirituelle et de cabale, offrant au cherchant un formidable outil de synthèse sur l'architecture humaine reliée au divin par la stricte observation des lois cosmiques dont elle dérive.

    Le nombre 2 se remarque dans le Pavé mosaïque où alternent le noir et le blanc (ombre et lumière, dualité fondamentale), par le Soleil et la Lune, par les deux Colonnes J et B ou encore par le Premier et le Second Surveillant.

    Quant au nombre 3, le plus utilisé de tous les nombres maçonniques, on peut l’observer dans une multitude de symboles : les trois Grandes Lumières (Volume de la Loi sacrée, Équerre, Compas), par le triangle divin qui représente à la fois les trois mondes (matière, esprit, âme) et leur unité, mais aussi les trois dimensions de l'espace, sans oublier la marche de l’Apprenti, la Batterie du grade, les Piliers, le Signe d’Ordre…

    A cela on peut ajouter que les trois grades de la Maçonnerie bleue, qui sont ceux d'Apprenti, de Compagnon et de Maître, s'établissent par le dévoilement progressif de la quadrature hermétique du cercle universel. En effet, au degré d'Apprenti, se dévoile le premier quart du cercle ; celui de Compagnon dévoile le second quart, donnant ainsi accès à la moitié du tout. Enfin au sublime degré de Maître Maçon sont dévoilés les deux quarts restants et le centre (d'où le terme « en Chambre du Milieu »). Le cercle est alors bouclé. On peut comprendre ainsi une des raisons pour lesquelles le dernier Passé Maître devrait devenir le Couvreur de la Loge.

    Mais les rapports entre la symbolique des nombres et celle des Loges ne s'arrêtent pas là. Chacun sait que toute droite perpendiculaire à une autre, forme avec celle-ci un angle de 90° (ou angle droit) dont le symbole mathématique, un T renversé (ou tau grec majuscule) sert justement à indiquer l'orthogonalité. Or cet angle droit est aussi le signe de l’Équerre qui n'est autre que la représentation imparfaite du triangle rectangle dont on sait depuis Pythagore que le 3ème côté (l'hypoténuse) se calcule comme la racine de la somme des carrés des deux autres.

    Cette formule connue de tous les collégiens du monde s'applique notamment au calcul des diagonales d'un carré ou d'un rectangle mais aussi à celles d'un cube. Qui dit cube, dit Compagnon, et qui dit diagonale, dit aussi ligne ou espace intermédiaire, c'est-à-dire celle ou celui qui permet de passer d'un point à un autre, d'une situation à une autre, enfin d'un état à un autre : c'est la ligne ou la passerelle qui relie les choses entre elles.

    Comme on le devine aisément, cette hypoténuse cache une richesse symbolique certaine et constitue à n'en pas douter, l'un des passages privilégiés de la Perpendiculaire au Niveau.

    Comme on le voit le symbolisme des nombres, des figures et des formes est en rapport à la fois statique et dynamique avec le symbolisme maçonnique. Selon que l'on regarde les symboles dans leur signification apparente ou dans leur sens caché (donc plus complexe, sinon ce sens serait évident), on se trouve dans une logique de situation ou une logique de mouvement. Mais toute situation ne cache-t-elle pas justement un mouvement ?

    Sans dévoiler ici les arcanes et secrets des deuxième et troisième degrés, il est intéressant de constater que la Maçonnerie rejoint souvent les révélations mystiques. Mais quel Maçon sérieux pourrait en douter ? Voyons comment apparaissent les nombres 5 et 7 comme symboles maçonniques.

    Au 12ème siècle, sainte Hildegarde de Bingen, à la suite de « révélations divines » sur l'origine des maladies et leurs traitements, a fait une synthèse entre la santé et la spiritualité, dans une vision éblouissante et totale de l'être humain : corps, esprit et âme, et a donné des indications très précises sur la structure de l'homme. Elle a proposé une représentation symbolique de la constitution universelle de l'homme par la figure de « l'homme carré », dénomination quelque peu impropre d'ailleurs, car il vaudrait mieux dire « l'homme en croix ». Selon Hildegarde de Bingen, « l’Homme se divise dans la longueur, du sommet de la tête aux pieds, en cinq parties égales ; dans la largeur, formée par les bras étendus d’une extrémité d’une main à l’autre, en cinq parties égales ».

    Cette représentation est la suivante : le corps d'un homme en croix (comme le Christ en croix), les jambes parallèles, est décomposé en 9 carrés égaux, 5 placés verticalement, des pieds à la tête, et quatre (2 X 2) à droite et à gauche de la poitrine.

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Tout Maçon connaît « L’homme de Vitruve », nom communément donné au dessin à la plume, intitulé « Étude de proportions du corps humain » et réalisé par Léonard de Vinci aux alentours de 1492. Mais on trouvait déjà ce dessin dans la symbolique romane des 11ème et 12ème siècles.

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Cette représentation diffère de celle de sainte Hildegarde de Bingen en ce qu'elle montre un corps humain les jambes écartées. On obtient ainsi une étoile à cinq branches, inscrite dans un cercle, ou si l'on veut, un pentagone qui n'est autre que la figure « enveloppée » de la grande mystique du 12ème siècle.

    Le cercle et son centre, ajoutés aux cinq branches (tête, 2 bras, 2 jambes) de l'étoile, donnent alors le nombre 7, qui prend toute son importance au troisième degré.

    Par cette symbolique numérique on en revient donc encore, et toujours à l'Homme, archétype universel, à l'image de Dieu, microcosme dont les proportions corporelles représentent celles de l'univers.

    D'abord univers physique et matériel : celui qui tombe sous les cinq sens et dont le cerveau est l'instrument de coordination. Ensuite univers éthérique ou psychique : celui qui fait appel aux symboles ésotériques et magiques ; enfin univers de l'âme ou spirituel : celui qui fait appel à la révélation mystique et à la transcendance.

    On trouve toute cette symbolique dans les ouvrages du célèbre égyptologue ésotérique R.A. Schwaller De Lubicz qui y procède à une analyse de la structure de l'homme à travers l'architecture des édifices religieux de l'ancienne Egypte, rappelant sans nul doute l'exégèse du Temple de Salomon, et les plans architecturaux de nos cathédrales.

    On peut donc affirmer une nouvelle fois, comme l'ont fait depuis longtemps de nombreux exégètes, qu'il existe une « géométrie profane » et une « géométrie sacrée ». Cette dernière nous vient de la géométrie ésotérique pythagoricienne et nous a été transmise par les compagnons et les bâtisseurs. On la retrouve certes dans l'architecture mais aussi dans les rites et les rituels maçonniques et magiques.

    Il est intéressant à ce sujet de citer l'Ordonnance latine du chapitre de la cathédrale d'York en Angleterre (1352), prescrivant que « les anciennes coutumes en usage parmi les artisans du bâtiment doivent continuer à être respectées » et que la maçonnerie est l'art dérivé de la géométrie, et que c'est le plus noble des arts [7].

    * Le Carré long et le Nombre d'or

    Le symbolisme du Nombre d’or

    Le nombre d'or est peut-être, à notre époque, l'exception parmi les nombres, capable d'éveiller et de satisfaire le besoin de mystère, d'ordre métaphysique ou d'ordre esthétique principalement, qui habite en chacun de nous.

    Les membres de la secte de Pythagore considéraient les caractères de certains nombres et de certaines figures géométriques comme leur bien propre. Une partie de leurs secrets nous sont cependant parvenus.

    Suivant les pythagoriciens, l'harmonie de l'Univers était une harmonie de nombres.

    Pythagore et ses disciples ont découvert les nombres irrationnels. Parmi les nombres irrationnels, le nombre d'or tient une place privilégiée : il est constamment présent dans la géométrie des décagones et pentagones réguliers.

    Les Anciens ont observé que 10 est la somme des 4 premiers nombres entiers :

     

    * Le Carré long et le Nombre d'or

     

    la Tétractys

    1 + 2 + 3 + 4     =     10

    La Décade, nombre symbolisant l'Univers

     

    La moitié de la décade est appelée « pentade ».

    De la pentade on passe aux pentagones. Leur construction géométrique implique l'utilisation du compas. Le Nombre d'or y joue le rôle d'intermédiaire indispensable.

    Rappelons-nous que l'expression « Nombre d'or » désigne surtout une proportion dite « divine » dans laquelle la plus petite partie rapportée à la plus grande est comme la plus grande au tout. Cette proportion existe dans le Pentagramme ou Etoile à cinq branches.

    Le Pentagone étoilé ou Pentacle ou Pentalpha ou encore Pentagramme était un symbole universel de perfection, un symbole de vie, de beauté et d'amour. Il fut, dans ces conditions, un signe de ralliement pour les pythagoriciens.

    Dans le domaine artistique, l'analyse des œuvres d'art révèle de nombreux exemples de la présence effective de structures pentagonales ou liées aux pentagones.

    Luca Pacioli insiste sur la variété et l'étendue des domaines que recouvre la science fondée sur le Nombre d'or ou Divine proportion : philosophie, perspective, dessin, sculpture, architecture, musique, mathématique...

    La Divine proportion possède plusieurs des attributs de la Divinité. Elle est unique comme Dieu. Elle régit une relation entre trois termes et, comme Dieu, elle reste semblable à elle-même.

    Luca Pacioli fait référence à toute « trinité » de nombres dont le plus grand est la somme des deux autres ; le rapport du plus grand au moyen est égal au rapport du moyen au plus petit. La proportion est constituée par l'égalité des deux rapports en question, leur valeur commune étant le Nombre d'or.

    Beaucoup d'artistes et esthéticiens voient dans ce caractère essentiel le fondement de la vertu esthétique du Nombre d'or.

    La proportion considérée, représentée par un nombre irrationnel, participe au caractère extra humain (donc divin) qui entourait les nombres irrationnels, selon Pythagore et ses disciples.

    Le Nombre d'or est la clef de la construction géométrique des pentagones réguliers. Il est relié au dodécaèdre régulier. Platon assignait à ce polyèdre une place très importante dans sa conception de l'Univers.

    Le Nombre d'or et la Franc-maçonnerie

    Il importe à présent de se demander pourquoi le Nombre d'or est un sujet de réflexion maçonnique.

    La réflexion sur les symboles et les rites constitue le travail le plus important à effectuer en Franc-maçonnerie ; celle à propos des signes et des clefs semble y occuper une place non négligeable.

    Grâce à la contribution de Platon et aux commentaires néoplatoniciens, le développement de la pensée pythagoricienne a permis la transmission de « clefs » traditionnelles jusqu'à nous.

    Depuis les corporations grecques et les guildes du Moyen Age, les architectes et bâtisseurs ont véhiculé des symboles, des signes et des clefs qui ne sont que les secrets géométriques des pythagoriciens.

    Qu'est-ce qu'une clef ?

    Une clef est une proportion qui se présente comme une loi générale qui concerne aussi bien la musique, l'architecture, l'arithmétique, la poésie et la morale.

    Qu'est-ce qu'une proportion ?

    Une proportion est un rapport qu'un tout a avec les parties et celui qu'elles ont séparément, comparativement au tout, suivant la mesure d'une certaine partie.

    La science des nombres purs a profondément influencé la connaissance symbolique grâce à la transmission des significations numériques fondamentales omniprésentes en Franc-maçonnerie.

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    Le Nombre d'or devrait réveiller notre curiosité à l'égard de notre environnement naturel et esthétique mais aussi provoquer notre étonnement au sujet du Carré long qui, dans nos Loges, est en fait un rectangle de proportion dorée. Le Nombre d'or pythagoricien détermine en effet la dimension idéale des temples antiques mais aussi de nos Loges.

    Cette recherche à propos du Nombre d'or et du Carré Long peut nous aider à mieux comprendre et apprécier des symboles plus complexes tels que ceux que l'on rencontre au degré de Compagnon. Je songe notamment au Pentagramme ou à l’Etoile Flamboyante en rapport direct avec le Carré long. C'est en admettant que l'Etoile Flamboyante est le centre d'où part la vraie Lumière que l'on comprend mieux toute l'importance que revêt le Nombre d'or.

    R:. F:. A. B.

    [1] La Cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « en­gendrer ») était, en 1762, définie par le Dictionnaire de l'Académie française, comme « science ou système de la formation de l'Univers ».

    [2] Le Débir, dit « Saint des saints », est une partie du temple de Jérusalem.

    [3] Les collatéraux (du latin médiéval collateralis) désignent, en architecture, et spécifiquement dans le domaine de l'architecture chrétienne, les vaisseaux latéraux de la nef d'une basilique, ou d'un édifice à plan basilical, de part et d'autre du vaisseau central. Dans la plupart des églises, les collatéraux sont occupés par des chapelles.

    [4] Le premier livre des Rois est un livre de l'Ancien Testament chrétien et classé parmi les livres des Prophètes dans la tradition juive.

    [5] Le Temple de Jérusalem avait une structure concentrique, avec des parties publiques et des parties toujours plus sacrées et toujours plus rarement accessibles. Dans le sanctuaire du Temple, le « Saint des Saints », était conservée l'Arche d'alliance avec, à l'intérieur, les Tables de la Loi (pierres gravées avec le texte des Dix Commandements transmis par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, durant l'Exode).

    [6] Le Débir ou Saint des saints, est la partie la plus centrale du Temple de Jérusalem, sanctuaire de la religion juive.

    [7] Voir à ce sujet le « Regius M.S. » ou poème maçonnique du British Museum, qui date du 14ème siècle.

    Bibliographie

    Behaeghel Julien - Symboles et initiation maçonnique

    Editions du Rocher, Monaco, 2002

     

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995

     

    Béresniak Daniel - Rites et Symboles de la Franc-maçonnerie

    Tome 1 : « Les Loges Bleues » - Editions Detrad, Paris, 1997

     

    Berteaux Raoul - La symbolique au grade d'Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986

     

    Boisdenghien Guy - La Vocation Initiatique de la Franc-maçonnerie

    Editions l’Etoile, Bruxelles, 1999

     

    Boucher Jules - La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995

     

    Cleyet-Michaud Marius - Le Nombre d'or

    Que sais-je ? N° 1530 - P.U.F., Paris, 1995

     

    Dangle Pierre - Le Livre de l’Apprenti

    Editions La Maison de Vie, Fuveau, 1999

     

    Davy Marie-Madeleine - Initiation à la symbolique romane

    Champs histoire - Editions Flammarion, 1977

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editions du Rocher, Monaco, 1998

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994

     

    Geay Patrick - Mystères et significations du Temple maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1997

     

    Guigue Christian  - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 2007

     

    Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2006

     

    Nefontaine Luc - Symboles et symbolisme dans la Franc-maçonnerie – Tome 2

    Editions de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1997

     

    Schwaller De Lubicz R.A. - Le Temple dans l'homme

    Collection Architecture et symboles sacrés

    Editions Dervy, Paris, 1982

     

    Wirth Oswald - La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    Tome I : « L’Apprenti » - Editions Dervy, Paris, 1994

     

    Ghyka Matila - Le nombre d’or

    Rites et rythmes pythagoriciens dans le développement de la civilisation occidentale

    Editions Gallimard, 1976

     

    Allendy René (Docteur) - Le symbolisme des nombres

    Essai d’arithmosophie - Editions Traditionnelles, 1997

     

    Reghini Arturo - Les nombres sacrés dans la tradition pythagoricienne maçonnique

    Editions Arché Milano, 1981


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  •  Officier dignitaire dans ma Respectable Loge 

    LES OFFICIERS DIGNITAIRES

    Un poste d’Officier Dignitaire n’est pas un titre honorifique dans une Loge. Il est une charge que le Maçon doit remplir au mieux de ses possibilités. Dans une Loge, il n’y a pas d’officier plus important que d'autres. Tous ont leur utilité, leur rôle à jouer. Il suffit que l’un d’eux, quel que soit son poste, faille à sa tâche et c’est tout l’Atelier qui en souffre. Une Tenue maçonnique n’a de valeur et de sens que si tous les Officiers, portés par les autres membres de la Loge, travaillent ensemble dans une même direction.

    LES SURVEILLANTS

    Leur responsabilité générale

    • En Tenue, les Frères Surveillants assistent le Vénérable Maître dans l’exécution des Rituels.
    • Ils dirigent respectivement la Colonne du Midi et du Nord et couvrent les Frères Apprentis et Compagnons pour autant qu’ils aient pris préalablement connaissance des propos qui seront tenus.
    • Ils n’hésitent pas à rappeler les Frères à l’ordre en cas de manquements.
    • Ils communiquent au Vénérable Maître les dates des séminaires.
    • Ils assument la responsabilité de la formation maçonnique des Compagnons et Apprentis et informent  la C.O.D. de l’évolution de ces derniers.
    • Lors de la Tenue administrative, ils peuvent être amenés à présenter un rapport des activités des Frères dont ils ont eu la charge au cours de l’année écoulée.
    • Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., ils prêtent serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Les Surveillants ont la direction de leur Colonne et c’est à eux que chaque Frère doit s’adresser pour avoir la parole. Ils demandent pour leur Frère la parole au Vénérable Maître par un coup de maillet. Ils l’obtiennent pour eux-mêmes, de préférence avant tout autre membre qui l’aurait déjà demandée, l’Orateur excepté.

    Ils transmettent à leur Colonne respective les annonces du Vénérable Maître et y maintiennent l’ordre et le silence. Ils peuvent retirer la parole aux Frères qui la prendraient sans l’avoir obtenue.

    Lors des Travaux en Loge, chaque Surveillant réglemente la prise de parole en signalant tour à tour au Vénérable Maître les participants désireux de prendre la parole, le Premier Surveillant pour la Colonne du Midi et le Second Surveillant pour la Colonne du Nord.

    On peut considérer les deux Surveillants comme les assesseurs directs du Vénérable Maître. Tous trois portent le Maillet, symbole d’un pouvoir reçu et transmis, qui leur permet de remplir leur fonction en parfaite coordination et subordination.

    LE PREMIER SURVEILLANT

    Séminaires et visites

    • Le Frère Premier Surveillant assure la formation des Compagnons lors de séminaires particuliers.
    • Il organise des visites dans d’autres Loges et choisit de préférence des Tenues permettant aux Compagnons de revivre la cérémonie de Passage au second degré.

    A chaque Tenue

    • Il dirige la Colonne du Midi.
    • Il participe avec la plus grande rigueur à la lecture et à l’exécution du rituel.

    SA PLACE

    Avec le Vénérable Maître et le Second Surveillant, le Premier Surveillant est une des trois Lumières de la Loge. Il est aussi une des cinq Lumières de la Loge avec le Secrétaire et l’Orateur. Si l’on considère l’emplacement de ces cinq responsables, on dessine un pentagone virtuel.

    Au Rite Moderne belge, le Premier Surveillant siège à l’Occident, à droite en entrant dans la Loge. Au Rite Écossais Ancien et Accepté, il siège face en tête de la Colonne du Nord.

    Le Premier Surveillant peut être appelé à seconder directement le Vénérable Maître et à le remplacer en cas d’absence, mais ce rôle est généralement attribué au Passé Maître Immédiat.

    SA FONCTION

    Sa fonction symbolise la force qui supporte et achève l’édifice. Le soleil émetteur actif de lumière est symboliquement attribué au Premier Surveillant.

    Le Premier Surveillant est le deuxième pôle de direction de l’Atelier avec la charge très importante de l’instruction des Compagnons. Il est appelé à les exhorter au travail et à approfondir avec eux les arcanes de la Tradition sous les multiples aspects, sans perdre de vue qu’une unité la sous-tend. Il doit veiller à ce que les Compagnons visitent plusieurs Ateliers de l’obédience pendant une période de probation, afin d’élargir leurs connaissances qui seront indispensables pour aller plus loin.

    SON SAUTOIR

    Le sautoir est à ranger au nombre des « décors » dans l’univers de la Franc-maçonnerie. C’est une sorte de large ruban que les Officiers Dignitaires portent autour du cou pendant les Tenues. A son extrémité pend un bijou qualifié de « mobile » parce que le sautoir peut passer d’un Frère à l’autre selon la fonction qui lui est dévolue.

    Les couleurs des sautoirs varient :

    • selon le Rite pratiqué,

    • selon la valeur symbolique accordée à chacun d’eux,

    • selon la fonction de celui qui le porte.

    Ils sont généralement ornés de bijoux (Équerre, Perpendiculaire, Niveau, deux clefs croisées, deux plumes entrecroisées, bourse, deux glaives entrecroisés, Règle et Glaive entrecroisés, etc…).

    C’est donc grâce à cet emblème que vous pouvez reconnaître la fonction d’un Officier Dignitaire lorsque celui-ci ne se trouve pas encore à sa place, derrière son « plateau ».

    Le Premier Surveillant porte en sautoir le Niveau qui ne peut être horizontal que si la Perpendiculaire est en équilibre. C’est la recherche du juste milieu qui ouvre l’accès à la Chambre du Milieu et à l’Unité.

    Le bijou du Premier Surveillant se trouve sous le signe conjoint de la Perpendiculaire et de l'Équerre. Cette conjonction donne naissance à un troisième symbole, le Niveau dans lequel est inclus le Delta grâce à sa base.

    Par cette constatation on peut penser que l’Apprenti, par introspection, est invité à répondre à la question « qui suis-je ? », alors que le Compagnon, à l’aide du Niveau, se trouve amené à se demander « où suis-je ? » et « où vais-je ? ».

    LE SECOND SURVEILLANT

    Séminaires et visites

    • Le Frère Second Surveillant assure la formation symbolique et pratique (entrée dans la Loge, déplacements, salutations, rôle en salle humide avant et après chaque Tenue : bar et agapes) des Apprentis lors de séminaires particuliers.
    • Il organise des visites dans d’autres Loges et choisit de préférence des Tenues permettant aux Apprentis de revivre la cérémonie de leur Initiation.

    A chaque Tenue

    • Il dirige la Colonne du Nord.
    • Il participe avec la plus grande rigueur à la lecture du rituel et aux actions et déplacements prévus dans ce dernier.
    • Il veille à ce que les Frères Apprentis effectuent la mise en place de la salle des banquets ainsi que son rangement après les agapes.

    SA PLACE

    Avec le Vénérable Maître et le Premier Surveillant, le Second Surveillant est une des trois Lumière de la Loge. Il est aussi une des cinq Lumières de la Loge avec le Secrétaire et l’Orateur.

    Le Second Surveillant siège à l’Occident, à gauche en entrant dans la Loge.

    SON SAUTOIR

    Le Second Surveillant porte en sautoir un bijou représentant la Perpendiculaire ou le Fil à plomb, symbole actif de la recherche en soi dans les profondeurs du silence, de l’équilibre et de la voie droite. Il remplit une fonction d’accueil et d’ouverture comme d’éducation pour les Apprentis. Il est chargé de leur éveil. Sa fonction d’éveilleur et d’instructeur est fondamentale car c’est lui qui, véritablement, va former les nouveaux maillons qui vont assurer la perpétuation et la relève de la Loge dans l’esprit qui la caractérise. Cette fonction symbolise la beauté qui orne et harmonise tous les aspects de l’édifice par l’amour.

    Le Fil à plomb guide l’esprit vers son axe intérieur. La Perpendiculaire marque la verticale pour indiquer que le niveau spirituel de la Loge doit sans cesse être élevé et maintenu par les soins de celui qui remplit cette fonction.

    Le Second Surveillant observe le Soleil à son méridien, appelle les Frères de la récréation au travail et les rappelle du travail au repos.

    La fonction de Second Surveillant doit être remplie avec souplesse, tact et fermeté, sans être rigide avec une rigueur teintée de douceur compréhensive.

    LE FRÈRE SECRÉTAIRE

    Préparation des Tenues

    • Le Frère Secrétaire rédige et expédie les convocations par mandement du Vénérable Maître.
    • Il met au net le « Tracé de la dernière Tenue ».

    Avant chaque Tenue

    • Il prépare le registre des présences. Il veille à ce que chaque Frère et chaque Frère visiteur signent le registre des présences.
    • Il établit la liste des Frères excusés et les motifs de leur absence afin d’aider le Frère Aumônier - Hospitalier dans sa mission éventuelle.
    • Il établit la liste des Frères visiteurs afin que le Vénérable Maître leur adresse quelques mots de bienvenue personnalisés.

    Pendant les Tenues

    • Il donne lecture du Tracé de la Tenue précédente.
    • Il fait signer par le Vénérable Maître et l’Orateur le Tracé adopté par les Frères Maîtres.
    • Il donne lecture du Bulletin d’information et des décisions émanant de la G\L\R\B\.
    • Il donne lecture des planches d’excuses des Frères absents.
    • Il donne lecture de communications éventuelles.
    • Il informe la Loge du courrier éventuel.
    • Il prend des notes en vue de la rédaction du procès-verbal dit « Tracé de la Tenue ».
    • Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Après chaque Tenue

    • Il établit, à domicile, la planche tracée de chaque Tenue.
    • Il conserve les registres et les documents de la Loge pour l’année en cours et l’année écoulée.
    • Il transmet en temps utile les documents requis par le Grand Secrétariat de la G\L\R\B\.

    Préparation des réunions de la C.O.D.

    • Il envoie les convocations aux membres de la C.O.D.

    Chaque convocation mentionne l’ordre du jour, la date et le lieu de la réunion.

    • Il établit le compte-rendu de chaque réunion de la C.O.D.

    La C.O.D. approuve le compte-rendu de la réunion précédente.

    Divers

    • Il transmet le courrier très important au Vénérable Maître pour information urgente.
    • Lors de la Tenue administrative, il présente le rapport administratif relatif à l’année écoulée.
    • Il conserve un exemplaire de chacune des planches lues lors des Tenues jusqu'à la fin de son mandat.

    En fin de mandat

    Il transmet les archives de l’année précédente au Frère Archiviste et ceux de l’année écoulée au nouveau Secrétaire.

    En cas de candidature de profane, le Frère Secrétaire est chargé de la constitution de son dossier.

    Constitution du dossier de candidature d’un profane

    Les Parrains font signer la déclaration de croyance par le candidat. Ils rassemblent :

    • deux photos d’identité de leur filleul ;
    • une photocopie de sa carte d’identité ;
    • les réponses au questionnaire préliminaire utilisé par l’Atelier ;
    • le certificat de bonne conduite, vie et mœurs.

    Ils transmettent le tout au Frère Secrétaire. N.B. : C’est parfois le Frère Secrétaire qui se charge lui-même de ces formalités, en particulier lorsqu'il s’agit de candidatures spontanées transmises par le Grand Secrétariat de la G.L.R.B.

    Le Frère Secrétaire :

    • photocopie le recto (renseignements d’ordre administratif) et le verso (déclaration de croyance) de la fiche individuelle autant de fois qu’il y a d’enquêteurs et pour le Grand Secrétariat ;

    • photocopie le questionnaire pour chacun des enquêteurs ;

    • transmet au Grand Secrétariat :

    • la fiche individuelle originale

    • une des deux photos

    • une copie de la carte d’identité

    (But : constituer le dossier en vue de la publication au Bulletin de la G:. L:. R:. B:.) ;

    • inscrit le candidat dans le registre de la Loge et classe :

    • la fiche individuelle

    • la deuxième photo

    • la copie de la carte d’identité

    • le certificat de bonne conduite, vie et mœurs

    • constitue autant de dossiers qu’il y a d’enquêteurs. Ces dossiers comprennent :

    • la fiche individuelle

    • la copie des réponses au questionnaire

    Le Frère Secrétaire établit une fiche de présentation très succincte de chaque candidat mentionnant également le nom des parrains et la tient à la disposition des Frères en salle humide, soit dans le registre des présences, soit affichée aux valves afin que chacun puisse en prendre connaissance.

    En vue d’une prochaine Initiation

    Le Frère Secrétaire rédige et expédie le courrier destiné au profane :

    • convocation pour l’interrogatoire sous le bandeau 

    • convocation pour la cérémonie d’Initiation

    En vue d’un interrogatoire sous le bandeau

    Il vérifie si les enquêteurs ont bien transmis leur planche d’enquête au Frère Orateur.

    Il vérifie la date de parution de la candidature au Bulletin de la G.L.R.B.

    Après chaque Initiation 

    Le Frère Secrétaire récupère auprès du Frère Orateur les dossiers ainsi que les planches d’enquêtes en vue de les détruire.

    Le dossier de candidature, vidé des planches d’enquêtes et du questionnaire préliminaire, devient le dossier du nouveau Frère et est conservé dans les archives de la Loge.

    DÉFINITION DU FRÈRE SECRÉTAIRE

    C’est le tuilage de l’Apprenti qui nous conduit directement à la définition du Secrétaire de la Loge. En effet, si Trois Maçons dirigent la Loge, cinq l’éclairent : ce sont le Vénérable Maître, les deux Surveillants, l’Orateur et le Secrétaire. Dans la hiérarchie maçonnique, le Secrétaire est donc le cinquième Officier, la cinquième « Lumière » au sein d’une Loge.

    Comment le reconnaître ?

    Dans le hall d’entrée de la Loge, parfois dans le bar ou dans la salle humide, c’est bien souvent lui qui insistera pour que vous signiez le registre de présences !

    Mais, en Tenue, dans la Loge elle-même ?

    SA PLACE

    Généralement, selon le Rite pratiqué, le Secrétaire d’une Loge siège à l’Orient, à la droite du Vénérable Maître (au Rite Moderne, au Rite Français Moderne, au Rite Écossais Philosophique et au Rite Écossais Rectifié, en haut de la Colonne du Nord) ou à la gauche du Vénérable (au Rite Écossais Ancien Accepté, en haut de la Colonne du Midi), symétriquement par rapport à l’Orateur.

    SON SAUTOIR

    Comme signe distinctif de sa charge, le Secrétaire porte un sautoir orné de deux plumes entrecroisées.

    SA CHARGE

    La charge de Secrétaire revêt une grande importance du fait de la multiplicité de ses fonctions. Au plan purement maçonnique, on dit qu’il est la mémoire de la Loge.

    Il a pour fonction essentielle de rendre compte des Travaux maçonniques.

    Pour ce faire, durant les Tenues, il observe les faits essentiels qui se passent, prend des notes, écoute les communications et les échanges verbaux lorsque les Frères ont obtenu la parole, résume et transcrit les propos issus des planches présentées.

    Grâce au registre des présences, signé avant toute Tenue tant par les Frères de l’Atelier que par les Frères Visiteurs, il note le nombre de Frères présents et les excuses des Frères absents.

    A partir de cette esquisse il rédige ensuite le procès-verbal de la réunion que l’on nomme « planche tracée » et qui sera lue aux membres de l’Atelier lors de la Tenue suivante.

    Remarquons que lors de la Tenue suivante, ce procès-verbal, ce «Tracé de la Tenue précédente» peut faire l’objet de petites corrections à la demande des membres de l’Atelier puis, éventuellement, d’un commentaire de la part de l’Orateur. Après quoi il doit être adopté par les Maîtres qui y étaient présents, signé par le Secrétaire, par le Vénérable et parfois par l’Orateur, selon les habitudes prises par la Loge. Ce Tracé rejoint enfin les autres documents de ce type dans le « Livre d’Architecture ».

    C’est le Secrétaire qui, avec le Vénérable Maître, prépare les convocations reprenant l’ordre du jour de nos Travaux. Il les envoie à chacun des membres de l’Atelier ainsi qu’aux instances supérieures.

    SES AUTRES FONCTIONS

    Le Secrétaire s’acquitte également d’autres fonctions :

    • il tient en ordre le registre matricule des membres de la Loge, par ordre d’admission ;
    • il s’occupe de la correspondance en général ;
    • il enregistre les votes ;
    • il gère tous les actes administratifs et relationnels entre la Loge et ses membres, entre la Loge et l’Obédience (le Grand Comité) mais aussi entre la Loge et les Loges des autres régions.

    C’est ainsi qu’après l’approbation du Tracé de la Tenue précédente, le Secrétaire est souvent amené à lire le Bulletin d’Information de la G.L.R.B. ainsi que l’une ou l’autre communication particulière telles des invitations émanant d’autres Loges. 

    DES CONVOCATIONS

    C’est par mandement du Vénérable Maître que le Secrétaire rédige, imprime, photocopie et expédie les convocations. Celles-ci doivent mentionner la date et l’heure de la prochaine Tenue. Le lieu où se tient la Tenue est généralement toujours le même mais il arrive que deux ou trois Loges se réunissent simultanément et tiennent ensemble une Tenue commune. Chaque convocation mentionne également l’ordre du jour des Travaux.

    L’ORDRE DU JOUR DES TRAVAUX

    Chaque Tenue commence toujours par l’Ouverture des Travaux, en principe au premier degré, le degré d’Apprenti.

    Ensuite il y a lieu de prévoir, comme il se doit, un moment d’accueil par le Vénérable Maître : l’accueil de toute Autorité maçonnique (un Grand Officier représentant le Grand Maître) mais aussi de tous les Frères visiteurs en provenance d’autres Loges de notre Obédience ou d’Obédiences étrangères reconnues par la G.L.R.B.

    Puis l’ordre du jour des Travaux peut appeler la lecture d’une planche par un Frère Maître de l’Atelier ou d’une autre Loge, la lecture de planches d’enquête à propos d’un candidat à l’Initiation, la lecture d’une planche d’augmentation de salaire par un Frère Apprenti ou Compagnon.

    Les Travaux du jour peuvent également consister en une cérémonie d’Initiation d’un profane, en une cérémonie de Passage d’un Frère Apprenti au grade de Compagnon, en une cérémonie d'Élévation d’un Frère Compagnon au Sublime Grade de Maître. Une fois par an la Loge fête le Solstice de la Saint-Jean d’hiver et le Solstice de la Saint-Jean d’été. Une fois par an ou tous les deux ou trois ans, selon les Loges, on procède à l’installation ésotérique du nouveau Vénérable Maître élu. Occasionnellement, il peut aussi s’agir d’une Tenue funèbre ou de la Tenue administrative annuelle.

    DES VOTES

    Le Secrétaire enregistre toutes les décisions prises par les Frères Maîtres de l’Atelier. Ainsi, lorsqu'un vote intervient (vote en faveur d’une augmentation de salaire, élection d’un nouveau Vénérable Maître, …), après le dépouillement du  scrutin (décompte des boules blanches et noires), le Secrétaire note le résultat. Parfois il est amené à compter les voix favorables et défavorables exprimées par les mains levées.

    Le Secrétaire doit établir les dossiers de candidature, préparer les dossiers d’augmentation de salaire, signaler à l’administration maçonnique les différents changements qui peuvent s’opérer au sein de la Loge : Initiations, Passages au 2ème degré, Élévations au 3ème degré, démissions, radiations, affiliations, décès … afin que le fichier de l’Obédience soit également tenu à jour.

    Occasionnellement interviennent des scrutins (en faveur de la poursuite d’une procédure d’admission, en faveur d’une affiliation ou d’une augmentation de salaire ; l’élection d’un nouveau Vénérable Maître ; l’adoption de modifications du Règlement particulier de la Loge).

    L’ordre du jour prévoit toujours la Fermeture des Travaux, généralement au premier degré. Chaque Tenue se termine le plus souvent par des agapes fraternelles en salle humide ou par un vin d’honneur.

    LES TRAVAUX DE LA COMMISSION DES OFFICIERS DIGNITAIRES

    Le Secrétaire participe également aux Travaux de la Commission des Officiers Dignitaires de sa Loge (la « C.O.D.).

    C’est lui qui, par mandement et avec l’aide du Vénérable Maître, convoque les membres de ladite commission, établit l’ordre du jour de chaque réunion et rédige le compte-rendu qui sera lu et approuvé lors de la prochaine réunion.

    TENUE ADMINISTRATIVE

    Au mois de mai ou au mois de juin, selon les circonstances, il est de tradition de lire le rapport administratif de l’année écoulée. C’est également une tâche ô combien agréable qui revient au Frère Secrétaire.

    Dans certaines Loges, cette tâche administrative a lieu au Réveil de la Loge, lors de la première Tenue du mois de septembre.

    LE FRÈRE ORATEUR

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Orateur est le gardien de la Loi maçonnique.

    Il émet son avis toutes les fois que le Vénérable Maître le consulte.

    Il dépose ses conclusions avant tout vote ou toute décision de la Loge.

    Avant toute Tenue

    Le Frère Orateur prépare une pensée, une maxime, une citation… qu’il énoncera soit à la Fermeture des Travaux, soit pendant la Chaîne d’union.

    Lecture de planches d’enquêtes

    Il donne lecture des réponses fournies par le candidat au questionnaire que celui-ci a dû remplir.

    Il prend note des questions que les Frères de la Loge souhaitent poser au candidat lors de son interrogatoire sous le bandeau.

    Il conclut en faveur de la poursuite de la procédure, propose la désignation d’enquêteurs supplémentaires ou l’arrêt de la procédure.

    Interrogatoire sous le bandeau

    Il pose les questions au candidat et note en synthèse les réponses que celui-ci fournit.

    Il dépose une première conclusion à l’issue des avis exprimés par les Colonnes.

    Il dépose une seconde conclusion à l’issue du vote des Frères Maîtres.

    Initiation d’un profane

    Il intervient dans le rituel d’Initiation.

    Il donne lecture du serment.

    Après la Chaîne d’union, il présente une planche d’instruction du grade.

    Passage d’un Frère Apprenti au degré de Compagnon

    Il intervient dans le rituel de Passage au Second Degré au moment où l’Apprenti doit comparaître devant son Juge Suprême.

    Il donne lecture du serment.

    Après la chaîne d’union, il présente une planche d’instruction du grade.

    Élévation d’un Compagnon à la Maîtrise

    Il intervient dans le rituel de l'Élévation à la Maîtrise.

    Il présente une planche d’instruction du grade.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. A la fin de cette cérémonie, devant l’autel, au nom de tous les Frères tant présents qu’absents, il jure obéissance au Vénérable Maître. Puis, à l’Occident, entre les stalles des Surveillants et en tenant de la main gauche les deux épées formant la voûte d’acier, il jure aussi obéissance aux deux Surveillants, toujours au nom de tous les Frères tant présents qu’absents.

    SA PLACE

    Généralement, selon le Rite pratiqué, l’Orateur d’une Loge siège à l’Orient, à la gauche du Vénérable Maître (au Rite Moderne, au Rite Français Moderne, au Rite Écossais Philosophique et au Rite Écossais Rectifié, en haut de la Colonne du Midi) ou à la droite du Vénérable (au Rite Écossais Ancien Accepté, en haut de la Colonne du Nord), symétriquement par rapport à la « stalle » du Secrétaire.

    L’Orateur, comme le Secrétaire, siégeant à l’Orient, peuvent s’adresser directement au Vénérable Maître sans passer par l’autorisation des Surveillants.

    SA FONCTION

    Cette fonction d’Orateur exige la maîtrise de l’éloquence, une bonne faculté de synthèse puisqu’en quelques phrases il doit donner les conclusions d’un travail, enrichi des échanges de points de vue complémentaires apportés par les Frères. Il s’agit de dégager ce qui est traditionnel et initiatique, fruit du travail oral de la Loge.

    L’Orateur se doit avant tout à l’objectivité la plus attentive, ce qui signifie qu’il ne doit pas uniquement utiliser l’art de persuader mais user davantage de la dialectique qui est une technique de raisonnement indissociable de la rhétorique.

    L’Orateur doit savoir donner une parole d’équilibre, empreinte de sagesse ; il doit se faire le porte-parole de la Loge en résumant de manière synthétique l’ensemble de ce qui a été exprimé.

    A la demande du Vénérable Maître, il résume les modalités des votes, secrets ou à main levée. Avec le Vénérable Maître et le Secrétaire, il contrôle la régularité et le résultat de ces votes.

    L’Orateur est chargé de présenter une planche de bienvenue, planche d’accueil ou première instruction au nom de la Loge lors de l’Initiation d’un profane mais aussi lors des passages de grade. Sa fonction consiste en ces occasions à éclairer et enseigner, en s’adaptant au niveau de son interlocuteur. Il s’agit de donner au nouveau promu, en quelques traits, des pistes de travail et de tirer la quintessence de ce qui vient de lui être transmis.

    Après les conclusions de l’Orateur, chacun devrait pouvoir découvrir en lui une idée jusque là informulée ou se poser une ou plusieurs questions qui fassent progresser sa réflexion.

    Cette fonction particulièrement difficile réclame à la fois connaissance initiatique, rigueur dans l’application, discernement et clarté d’esprit. Elle devrait être plus souvent attribuée à un ancien Vénérable Maître. Elle est généralement attribuée à un Maître expérimenté.

    SON SAUTOIR

    Gardien de la loi maçonnique, l’Orateur porte en sautoir un bijou représentant un soleil rayonnant ou un livre ouvert sur lequel est écrit le mot « loi ».

    LE PASSE MAÎTRE IMMÉDIAT

    Sa responsabilité générale

    Le Passé Maître Immédiat est le Vénérable Maître descendant de charge.

    En cas d’empêchement, il peut être remplacé par tout Ancien Vénérable Maître.

    Il siège à l’Orient, à la droite du Vénérable Maître et le remplace en cas d’absence.

    Il lui prodigue conseils et assistance chaque fois que cela s’avère nécessaire.

    Sa participation aux rituels

    • Le Passé Maître Immédiat a parfois un rôle à jouer dans l’accueil du candidat à l’Initiation (texte précis à dire), selon les habitudes prises par la Loge.
    • Il recueille les métaux du candidat lors de son passage dans le Cabinet de Réflexion avant la cérémonie d’Initiation.
    • Il restitue l’enveloppe contenant les métaux du candidat à l’issue de la cérémonie d’Initiation.
    • Le Passé Maître Immédiat intervient également dans le rituel du Solstice de la Saint-Jean d’hiver et du Solstice de la Saint-Jean d’été.

    A l’issue de son mandat

    Traditionnellement, le Passé Maître Immédiat devient Couvreur extérieur du Temple à l’issue de son mandat. Ce n’est malheureusement pas toujours possible lorsque les Loges ne comptent qu’un nombre assez réduit de Maîtres. Dans ce cas, la charge de Couvreur extérieur n’est pas attribuée.

    LE FRÈRE MAÎTRE DES  CEREMONIES

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Maître des Cérémonies est responsable de toutes les cérémonies dont il doit parfaitement connaître le déroulement. Il s’assure que les candidats aux différents degrés sont convenablement préparés.

    Pour l’accueil des Autorités maçonniques éventuellement présentes, il prévoit la désignation de 3 porteurs d’étoile, notamment lorsque le T:.R:.G:.M:. ou son adjoint viennent rendre visite à la Loge. Il veille aussi à ce que les épées nécessaires à la formation de la voûte d’acier aient été préparées au bon endroit.

    En règle générale, le Frère Maître des Cérémonies est chargé d’introduire, guider, conduire les Frères dans la Loge. Il assiste le Vénérable Maître et intervient dans l’Ouverture et la Fermeture des Travaux en allumant ou en éteignant les luminaires.

    Il précède et conduit le Vénérable Maître dans ses déplacements. Gardien du bon déroulement des cérémonies, il se déplace autant qu’il convient pour corriger ce qui manque ou semble incorrect.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    LE FRÈRE EXPERT

    Sa responsabilité générale

    • Le Frère Expert est chargé du contrôle de l’appartenance à une Obédience Régulière de la Franc-maçonnerie de toute personne se présentant à la porte de la Loge.
    • Il est chargé de la plupart des « tuilages ».
    • Il doit avertir le Vénérable Maître de la présence d’un visiteur qui ne posséderait pas cette qualité.
    • Il doit veiller à ce que les Frères qui entrent dans la Loge soient correctement habillés et revêtus de leurs décors.
    • Il assiste le Vénérable Maître et le Frère Orateur lors du dépouillement de tous les scrutins.
    • Il surveille l’exécution des Rituels et, en cas d’Initiation au premier degré, s’assure de la décoration du Cabinet de Réflexion.

    Installation de la nouvelle C.O.D.

    Il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Lors d’une Initiation

    Le Frère Expert procède au tuilage de l’Apprenti demandant rituellement l’entrée en Loge au cours de la cérémonie d’Initiation.

    Lors d’un Passage au grade de Compagnon

    Le Frère Expert procède au tuilage de l’Apprenti, candidat au grade de Compagnon.

    Le Frère Expert procède également au tuilage du Compagnon demandant rituellement l’entrée en Loge au cours de la cérémonie de Passage.

    Lors d’une Élévation à la Maîtrise

    Le Frère Expert est tuilé par le Vénérable Maître.

    LE MAÎTRE DE LA COLONNE D’HARMONIE

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Maître de la Colonne d’Harmonie s’occupe de l’accompagnement musical de toutes les Tenues. Il veille à donner une illustration musicale appropriée et à régler les divers éclairages du Temple :

    • lors des Tenues d’Initiation
    • lors des Tenues d’augmentation de salaire
    • Passage au second degré
    • Élévation à la Maîtrise
    • lors du Réveil de la Loge
    • lors du Solstice de la Saint-Jean d’hiver
    • lors du Solstice de la Saint-Jean d’été
    • lors de la cérémonie d’installation du Vénérable Maître.

    Il a toujours à sa disposition :

    • une réserve d’illustrations musicales pour des moments d’attente imprévue.
    • une musique solennelle pour l’entrée d’Autorités maçonniques.

    Il est laissé à l’appréciation du Frère Maître de la Colonne d’Harmonie de remettre aux Frères, à l’issue de la Tenue, une planche reprenant les références des extraits musicaux qui ont illustré la Tenue.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Pour plus de renseignement sur cette fonction : voir planche "La Colonne d'harmonie" dans la rubrique "Approche de quelques charges au sein de la Loge".

    LE FRÈRE COUVREUR

    Sa responsabilité générale

    Le rôle primordial du Frère Couvreur est de veiller en permanence à la Couverture de la Loge. La vérification du fait que la Loge est bien à couvert est prioritaire dans le rituel d’Ouverture des Travaux. Il importe donc que le Frère qui exerce la fonction de Couvreur puisse réagir comme il se doit au moment approprié et de préférence de mémoire.

    Le Frère Couvreur peut tuiler ses Frères avant de les autoriser à entrer dans la Loge.

    Les Frères qui, exceptionnellement, n’auraient pu arriver en temps utile à la Tenue, ne pourront être admis que si le Frère Couvreur en voit la possibilité, sans perturber la Tenue. Il prévient le Vénérable Maître et n’ouvre la porte que lorsqu'il en a reçu l’autorisation du Vénérable Maître.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Lors de l’Ouverture des Travaux

    Il vérifie si la Loge est bien couverte extérieurement et dit :

    • Frère Second Surveillant, la Loge est couverte extérieurement

    Le Frère Couvreur désigne l’Officier de la Loge chargé de la garde de la porte de la Loge. En d’autres termes, il est l’Officier chargé de protéger et d’assurer la sécurité des Travaux. On dit qu’il « assure la Couverture du Temple ».

    Selon les Obédiences et les Loges, il se peut qu’il y ait parfois deux Couvreurs : l’un à l’intérieur de la Loge, l’autre à l’extérieur. Dans certains cas, le Couvreur n’est autre que l’ancien Vénérable de la Loge, comme souvent au Rite Écossais Ancien Accepté. Il est en effet d’usage à plusieurs rites que ce soit le Vénérable Maître descendant de charge qui remplisse cet office car il fait passer celui qui dirigeait la Loge, de l’office le plus élevé, au plus humble, enseignant ainsi que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.

    Idéalement, et pour l’exemple d’humilité qu’il donnerait, la fonction de Couvreur extérieur pourrait être exercée par l’ancien Passé Maître Immédiat. Mais le nombre de Maîtres dans la Loge n’est pas toujours suffisamment élevé pour qu’il en soit ainsi.

    LES DÉCORS DU FRÈRE COUVREUR

    La Couverture de la Loge est probablement l’un des offices les plus anciens car dans les premières Loges, le Couvreur armé d’une épée servait réellement de gardien du seuil.

    Pour emblème de sa mission, le Frère Couvreur porte un sautoir orné d’un glaive vertical dont la pointe dirigée vers le ciel marque sa fermeté dans la protection de l’enceinte sacrée que constitue la Loge.

    QUI EST À MÊME D'ASSURER LA COUVERTURE DE LA LOGE ?

    La Couverture de la Loge doit normalement être assurée par un Maître Maçon. Cependant, tant que les Travaux ne sont ouverts qu’au Premier degré, voire même au Deuxième degré, et uniquement dans le cas où le nombre de Maîtres présents s’avérerait insuffisant, la fonction de Couvreur peut exceptionnellement être confiée à un Compagnon dûment informé de sa très grande responsabilité et de son rôle dans les rituels qui seront exécutés au cours de la Tenue.

    Mission générale du Frère Couvreur

    La fonction de Couvreur concerne tout ce qui a trait à la garde des abords, extérieur et intérieur, de la porte. Anciennement, précise Irène Mainguy, il était appelé Frère Terrible à cause de la rigueur et de la vigilance que réclamait la fonction. Il était recommandé au Couvreur « de tenir fermement le glaive qui écarte les indiscrets non préparés à participer aux Travaux ».

    Le Couvreur a une fonction qui désigne symboliquement la ligne de séparation très mince entre la Loge en activité et le monde profane, et ce, durant toute la durée des Travaux d’une Tenue, tant que le Temple doit être « à couvert ».

    Le Frère Couvreur est mandaté par le Vénérable Maître pour laisser entrer les Francs-maçons qui doivent assister à une Tenue et permettre éventuellement à des visiteurs autorisés de se joindre à la cérémonie. Si nécessaire, il doit également écarter les profanes indiscrets.

    COMMENT ASSURE-T-ON LA COUVERTURE DE LA LOGE ?

    En concertation avec le Frère Expert et le Vénérable Maître, il faut tout d’abord s’assurer de la qualité de Maçon de tous visiteurs. Ceux-ci sont le plus souvent connus de l’un ou l’autre Frère de la Loge mais il convient de rester prudent.

    Autre démarche, avant l’entrée des Frères dans la Loge, consiste à contrôler que la porte d’accès au bâtiment est bien fermée et que les profanes ne risquent pas de s’introduire sur les parvis de la Loge.

    Au moment où les Frères s’apprêtent à pénétrer dans la Loge, il y a lieu de vérifier que tous ont revêtu correctement leurs décors.

    Lorsque les Frères sont tous entrés dans la Loge, y compris le Vénérable Maître et les principaux Officiers de sa commission, le Couvreur peut alors fermer la porte de la Loge.

    Lorsque débute le rituel d’Ouverture des Travaux, il y a lieu de s’assurer si la Loge est couverte extérieurement. Pour ce faire, il y a lieu de jeter un dernier coup d’œil à l’extérieur par le judas, de frapper des petits coups sur la porte, au rythme du grade auquel les Travaux vont être ouverts (]]    ]). S’il n’y a pas de Couvreur extérieur, il y a lieu de refaire les mêmes petits coups mais en veillant, si possible, à produire une sonorité quelque peu différente (­­  ­), comme pour laisser croire qu’il y a effectivement un second Couvreur à l’extérieur de la Loge.

    Lorsque les Travaux auront été fermés et lorsque le Vénérable Maître aura donné le signal de la sortie rituelle, le Frère Couvreur est le seul habilité à ouvrir la porte de la Loge.

    LA GESTUELLE

    Lorsque les Frères entrent dans la Loge, le Couvreur tient son épée de la main droite et l’appuie légèrement sur son épaule droite. Au moment de l’entrée du Vénérable Maître et de sa commission d’Officiers Dignitaires, il doit saluer le Vénérable Maître et tout Grand Officier Dignitaire qui l’accompagne, en se mettant à l’ordre.

    Comment se mettre à l’ordre en tant que Couvreur ?

    Le Frère Couvreur place son épée verticalement devant son visage, la main droite étant à peu près à hauteur de la bouche.

    Comment faire le signe ?

    En étant à l’ordre, l’épée est déplacée vers la droite dans un premier temps ; la main droite glisse vers le bas, dans un second temps, jusqu'à hauteur de la taille, de sorte que le mouvement se fait « par niveau et perpendiculaire ».

    LA TRANSMISSION DES DÉCORS

    Lorsqu'il y a lieu de changer de Couvreur, notamment lors de la cérémonie d’installation de nouveaux Officiers Dignitaires, l’échange de décors ne se fait pas de n’importe quelle manière.

    Pour la remise des décors au nouveau Couvreur, il y a lieu de lui remettre en premier lieu le sautoir, puis le tablier et enfin l’épée.

    L’épée se transmet en trois temps :

    1. au garde-à-vous, lame devant le visage,
    2. la pointe en bas,
    3. garde de l’épée posée sur l’avant-bras gauche.

    Le nouveau Couvreur salue par l’épée celui qui descend de charge, tandis que ce dernier le salue par le signe de l’Apprenti.

    Enfin, tous deux se font l’accolade fraternelle.

    COMMENT RÉAGIR EN CAS D'ARRIVÉE TARDIVE D’UN FRÈRE ?

    Il convient tout d’abord que le Couvreur reste attentif au retentissement éventuel de la sonnerie du bâtiment et avise s’il peut, en toute discrétion, sortir de la Loge à un moment qui ne perturbera pas la bonne exécution du rituel, dans le but de laisser entrer le ou les retardataires dans le bâtiment et de lui (les) laisser revêtir leurs décors.

    Qu’il s’agisse d’un Frère de l’Atelier ou d’un Frère visiteur, tout Frère arrivant en retard, c’est-à-dire quand la Tenue a déjà commencé, doit agir avec discrétion et manifester au Frère Couvreur sa demande d’entrée en Loge.

    Le Frère Couvreur choisit son moment d’intervention orale en fonction de l’évolution du rituel. Par exemple :

    • juste après que le Vénérable Maître a déclaré que les Travaux sont ouverts ;
    • juste après l’accueil des Frères visiteurs déjà présents sur les Colonnes ;
    • ou après l’approbation du Tracé de la Tenue précédente ;

    Le Frère Couvreur prend alors librement la parole et informe - selon les mots du rituel pratiqué - le Frère Second Surveillant.

    L’annonce est alors répercutée au Vénérable Maître par le Second et le Premier Surveillants. Mais dans certaines Loges, le Frère Couvreur peut s’adresser directement au Vénérable Maître dans les mêmes termes.

    Seul le Vénérable Maître peut donner l’autorisation au(x) Frère(s) retardataire(s) de pénétrer dans la Loge. Cette entrée tardive doit impérativement s’effectuer de manière rituelle (les pas, les trois saluts, le déplacement sous la conduite du Maître des Cérémonies).

    QUELQUES ÉLÉMENTS HISTORIQUES

    Autrefois il était nécessaire de bien distinguer le Couvreur du Tuileur. Cette dernière appellation désignait un garde extérieur qui tuilait les visiteurs. Aujourd’hui, ce n’est habituellement plus le Frère Couvreur qui tuile les visiteurs mais le Frère Expert. Notons cependant qu’à la Respectable Loge « La Parfaite Fraternité » à l’Orient de Mons, le Frère Couvreur tuile tous les Frères individuellement au moment de leur entrée dans la Loge.

    Le mot « tuiler » est apparu pour la première fois en 1738. Par tuilage il faut comprendre qu’un Officier de la Loge vérifie la qualité d’un Franc-maçon en s’assurant qu’il possède bien le grade qu’il dit avoir reçu par ses réponses. C’est ainsi que le Franc-maçon justifie de sa bonne connaissance de l’instruction de son grade.

    Les Règlements Généraux de la Respectable Loge de saint Jean travaillant sous le signe distinctif « Des Cœurs Unis » à l’Orient de Paris préconisaient en 5784 certaines dispositions pour l’office du Couvreur. Traduites dans notre français d'aujourd’hui, ces dispositions, qui restent valables de nos jours, étaient les suivantes :

    • Le Frère Couvreur pourra seul ouvrir ou fermer la porte de la Loge.
    • Lorsqu'on frappera à la porte de la Loge, il en avertira à voix basse un Surveillant.
    • Il n’ouvrira la porte et ne laissera jamais entrer personne en Loge sans en avoir reçu l’ordre du Vénérable Maître.
    • Lui seul communiquera à l’extérieur tous les ordres du Vénérable Maître.
    • Il examinera très scrupuleusement si les Frères sont décorés, tant ceux qui seront à l’Ouverture des Travaux que ceux qui seront admis pendant leurs cours.
    • Il priera de se décorer tous ceux qui ne le seraient pas.
    • Il demandera le mot de passe.

    La plupart des auteurs d’ouvrages à caractère maçonnique considèrent que la dénomination de Couvreur est en rapport avec le couvreur de métier qui termine un bâtiment en y posant un toit : de même, le gardien de la Loge est appelé Couvreur, parce qu’il vérifie que la Loge est à couvert pour que les Travaux puissent commencer.

    COUVRIR LA LOGE

    L’expression « Couvrir le Temple » désignait autrefois la fonction du Couvreur qui avait pour mission de ne laisser pénétrer aucun profane dans le Temple maçonnique.

    Par extension, aujourd’hui, ce sens a quelque peu varié ! « Assurer la Couverture du Temple » ne peut pas être confondu avec « Couvrir la Loge ou le Temple » qui est une expression signifiant sortir, quitter la Loge durant la Tenue ou les Travaux rituels.

    Se retirer d’une Tenue constitue un acte d’une haute gravité. La « Couverture du Temple » ne peut être agréée que pour des raisons de force majeure telle un problème de santé. Ceci ne peut s’accomplir qu’avec l’autorisation du Vénérable Maître de la Loge, répondant à une demande faite en bonne et due forme.

    Le Frère qui souhaite pouvoir « Couvrir le Temple », se lève en se mettant à l’ordre puis attend que l’autorisation de prendre la parole soit accordée par le Vénérable Maître et par le Surveillant responsable de la Colonne. Il y a lieu de s’exprimer de la manière suivante : « Vénérable Maître, je sollicite la permission de Couvrir le Temple ». Il vaut toujours mieux expliquer les raisons de sa sortie anticipée.

    Lorsque le Vénérable Maître émet un avis favorable pour quitter l’assemblée et sortir de la Loge, le Frère doit attendre que le Maître des Cérémonies vienne le chercher pour le conduire à la porte de la Loge, respecter le sens de circulation propre au Rite pratiqué et, arrivé au niveau du plateau des deux Surveillants, ne pas omettre de saluer le Vénérable Maître et ces derniers avant de sortir. Mais des raisons évidentes de malaise constituent une exception à cette règle. Bien entendu, il n’est pas question de laisser seul et dans la détresse sur le parvis un Frère qui a demandé de « Couvrir le Temple ». Plusieurs Frères peuvent éventuellement quitter l’Atelier et se charger de l’assister. Mais le malaise étant passé ou les remèdes nécessaires pris, si le Frère souhaite revenir dans la Loge, il devra respecter le protocole d’entrée en Loge, c’est-à-dire frapper à la porte selon la batterie du grade, attendre que l’autorisation lui soit donnée, se mettre à l’ordre, faire les pas et saluer le Vénérable Maître ainsi que les deux Surveillants, remercier le Vénérable Maître et surtout rassurer les Frères inquiets en donnant des nouvelles de son état.

    RÔLE DU COUVREUR DANS LES CEREMONIES

    Le rôle du Frère Couvreur est très important lors de l’Initiation d’un Profane. L’idéal, c’est que le Frère Couvreur connaisse de mémoire les quelques répliques qu’il a à donner dans le rituel de cette cérémonie.

     

    Le rôle du Frère Couvreur lors d’un Passage au grade de Compagnon peut paraître moins important que lors de l’Initiation d’un Profane. Cependant, ce serait aussi idéal pour la beauté de cette deuxième cérémonie, que le Frère Couvreur connaisse de mémoire les trois répliques qu’il a à donner au début de ce rituel. 

    Au début de la cérémonie d'Élévation à la Maîtrise, le Frère Couvreur a également deux répliques simples à énoncer. L’idéal, ici aussi, c’est que le Frère Couvreur les connaisse de mémoire pour la beauté de cette cérémonie.

    Pour plus de renseignement sur cette fonction : voir planche "La Couverture de la Loge" dans la rubrique "Approche de quelques charges au sein de la Loge".

    LE FRERE ARCHITECTE

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Architecte est responsable de la préparation de la Logeen collaboration avec le Frère Maître des Cérémonies.

    Il met en place, roulés, les différents Tapis ou Tableaux de Loge, en fonction de l’ordre du jour de la Tenue.

    Pour chaque Tenue

    Il met en place les décors indispensables au bon déroulement de chaque Tenue :

    • les candélabres sur la stalle du Vénérable Maître et, parfois, sur la stalle des deux Surveillants ;
    • le boutefeu et l’éteignoir sur la stalle du Frère Second Surveillant ;
    • les épées des deux Surveillants à leur stalle respective ;
    • l’épée flamboyante à la stalle du Vénérable Maître ;
    • les glaives du Frère Expert et du Frère Couvreur ;
    • la canne du Maître des Cérémonies à l’entrée du Temple ;
    • les maillets du Vénérable Maître et des deux Surveillants sur leur stalle respective ;
    • les rituels des Frères Surveillants, du Frère Orateur, du Frère de la Colonne d’Harmonie et du Vénérable Maître sur leur stalle respective ;
    • le Volume de la Loi sacrée, Équerre et Compas sur l’autel (un signet est placé au Prologue de l'Evangile de St Jean) ;
    • la pierre cubique à l’Orient ;
    • la pierre brute, le ciseau et le maillet devant le tapis de Loge ;
    • la lettre de Constitution sur la stalle du Vénérable Maître ;
    • le Sac aux Propositions et le Tronc de Bienfaisance à proximité de la stalle du Frère Premier Surveillant ;

    Il prépare les sautoirs, soit sur les sièges des Officiers Dignitaires, soit dans la salle où ils se préparent.

    Éventuellement, si leur présence est annoncée en salle humide avant la Tenue, il doit prévoir, pour l’accueil d’Autorités maçonniques :

    • les épées pour former la voûte d’acier ;
    • trois bougies sur bougeoir pour les porteurs d’étoile.

    Après chaque Tenue, il procède au rangement méticuleux de tous les accessoires afin de les retrouver facilement lors de la préparation de la Tenue suivante. Il vérifie les réserves et informe le Frère Trésorier des produits à acheter : règlements ; tabliers pour Apprenti ; tabliers pour Maître ; gants de femme ; gants d’homme ; bougies pour petits candélabres ; bougies pour les trois piliers ; bijoux de la Loge ; breuvage (Underberg ou Jagermeister).

    En vue d’une prochaine Tenue

    Dès la réception de la convocation, il prend connaissance des accessoires spéciaux qu’il devra mettre en place ainsi que des dispositions particulières en fonction de l’ordre du jour des prochains Travaux.

    Avant et après chaque Tenue, il vérifie, en collaboration avec le Frère Maître de la Colonne d’Harmonie, le bon fonctionnement des appareils de sonorisation et de l’éclairage.

    LE FRÈRE AUMONIER-HOSPITALIER

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Aumônier-Hospitalier a la responsabilité des devoirs de charité et de philanthropie de la Loge.

    Il s’enquiert des besoins et détresses des Frères et des membres de leurs familles, et de concert avec le Vénérable Maître et le Frère Trésorier, distribue les aumônes de la Loge.

    Il visite les Frères malades et porte assistance à tous les malheureux.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    A chaque Tenue

    Lors de la Fermeture des Travaux, le Frère Aumônier-Hospitalier est chargé par le Vénérable Maître de faire circuler le Tronc de Bienfaisance. Il récolte ainsi discrètement les dons de chaque Frère.

    A l’issue de cette collecte, il se tient, avec le Frère Maître des Cérémonies, « entre les Colonnes » puis, à l’invitation du Vénérable Maître, remet le Tronc de Bienfaisance au Frère Trésorier.

    UNE LOURDE CHARGE MALGRÉ LES APPARENCES

    La charge d’Aumônier - Hospitalier n’est pas à prendre à la légère. Le Frère qui accepte de prendre cette fonction doit être conscient du temps dont il devra disposer pour bien remplir sa mission. Régulièrement, il devra se rappeler le sens profond de sa prestation de serment.

    Sa fonction est toute de nuances, de subtilité, de tact, de discrétion et d’efficacité, car il participe et s’associe aux joies et aux peines des membres de la Loge en étant le porte-parole de l’Atelier. Il doit apporter encouragement et réconfort fraternel à tous, mais éventuellement, avec l’accord du Vénérable Maître, secourir moralement et matériellement tout Frère qui serait dans le besoin.

    Il représente le cœur rayonnant de la Loge. Il met en œuvre le devoir de solidarité fraternelle. Sa fonction montre l’interdépendance des membres de la Loge. Par la pratique de l’entraide, chacun prend conscience à la fois de son état de dépendance et des conditions de son développement. La vie étant un perpétuel échange entre donner et recevoir, l’Hospitalier montre, dans sa fonction, qu’il est nécessaire de redistribuer les dons faits au Tronc de Solidarité, pour les besoins du groupe.

    Le réconfort qu’il prodigue n’est pas seulement financier mais aussi moral. C’est pourquoi il lui faut toujours faire preuve d’une grande écoute et de qualité de discernement concernant le bien fondé de son action. Les qualités demandées à l’Hospitalier sont de bien connaître les membres de son Atelier. C’est pourquoi, vu son expérience, il est souhaitable, dans la mesure du possible, qu’un ancien Vénérable Maître remplisse cette fonction.

    LA CIRCULATION DU TRONC DE LA VEUVE

    A l’issue de nos Travaux, notre Vénérable Maître donne l’ordre au Maître des Cérémonies de faire circuler le Sac aux Propositions. Simultanément circule de la même façon le Tronc de la Veuve – appelé aussi Tronc de Solidarité ou Tronc de Bienfaisance – véhiculé par le Maître des Cérémonies ou, s’il se fait aider, par un autre Officier Dignitaire appelé, au Rite (belge) moderne, le Frère Aumônier-Hospitalier. 

    Observons d’une part, que le Tronc de la Veuve est tout simplement un sac destiné à recevoir les oboles ; d’autre part, que le Sac aux Propositions comme le Tronc de la Veuve circulent entre les membres présents, en commençant par le Vénérable Maître et les Frères siégeant à l’Orient.

    L’origine du Tronc de la Veuve semblerait remonter aux bâtisseurs. En effet, des traces de dons ont été retrouvées, provenant de maçons, de tailleurs de pierre, de charpentiers… envers la famille d’un des leurs tué accidentellement sur le chantier.

    Mais symboliquement ou sentimentalement, cette pratique remonterait à la construction du Temple de Salomon. Lors de la mort d’Hiram, les Compagnons avaient en effet décidé de subvenir aux besoins de sa mère qui était veuve.

    FRÈRE ELÉÉMOSYNAIRE OU AUMÔNIER HOSPITALIER ?

    Dans tous les Rites de la Franc-maçonnerie et à tous les grades, « hospitalier » est le nom donné à l’un des Officiers d’un Atelier, qui a pour vocation d’appliquer l’idéal maçonnique de fraternité, et pour mission de collecter et redistribuer les aumônes, d’où cet autre nom désignant la même fonction : « Aumônier ».

    Quant à « Elémosinaire », c’est le nom du Frère Hospitalier au Rite Écossais Rectifié. Le mot trouve son origine dans la langue grecque : « elemosyna » signifie aumône, donc argent. Le mot « hospitalier » sous-entend les soins donnés aux malades, le réconfort aux Maçons dans la  peine.

    Dans les Loges qui travaillent au Rite Écossais Rectifié, le Frère Elémosinaire a la même mission, celle de recueillir les oboles du Tronc de la Veuve et de venir en aide aux Maçons qui sont dans le besoin.

    Lorsqu'il circule effectivement dans la Loge, précédé par le Maître des Cérémonies, le Frère Aumônier-Hospitalier présente le sac à tous les Frères présents : Apprentis, Compagnons et Maîtres, Visiteurs et Dignitaires. Les sommes recueillies sont ensuite comptabilisées avec l’aide du Frère Trésorier. Puis c’est au Frère Secrétaire d’en noter le montant dans le « Tracé de la Tenue », c’est-à-dire le procès-verbal des Travaux.

    Le terme « Hospitalier » semble, en Maçonnerie, plus approprié pour désigner cette fonction essentielle. Tentons de comprendre pourquoi.

    LE RÔLE DE L’AUMÔNIER-HOSPITALIER EN DEHORS DE LA LOGE

    Le travail de l’Hospitalier se fait essentiellement à l’extérieur de la Loge. Il doit donc avoir le temps matériel de remplir son office !

    Son rôle est très important et délicat car il doit apporter un soutien dans les moments difficiles. Il devrait être la personnification de la fraternité et de l’entraide maçonnique. C’est à lui de mettre en pratique, plus que tout autre Maçon, la fraternité et la charité. Cet office apparaît très difficile et très exigeant.

    Dans les Loges qui comptent un assez grand nombre de Maîtres, ce poste est généralement confié à l’un ou l’autre Maçon expérimenté qui sait comprendre et pardonner les erreurs et les errements, qui sait faire la différence entre un ennui passager et une situation qui s’aggrave. Il lui faut donc beaucoup de sagesse et de dévouement. Dans les Loges peu nombreuses, cet usage ne peut malheureusement pas toujours être appliqué.

    L’aide que le Frère Aumônier Hospitalier peut apporter n’est pas que matérielle. Il doit en effet apporter son soutien dans les moments difficiles. Mais pour pouvoir exercer sa mission correctement, il faut qu’il soit tenu au courant des problèmes, des difficultés, des épreuves que peuvent vivre certains Frères de l’Atelier, afin de pouvoir agir au mieux de leurs intérêts, de les réconforter, de les aider à la fois spirituellement et matériellement.

    Le Frère Aumônier Hospitalier, comme l’Eléémosynaire au Rite Écossais Rectifié, doit se trouver choisi parmi les Maîtres qui disposent de beaucoup de temps, qui manifestent une grande sociabilité et qui sont capables de pratiquer une chaleureuse solidarité. Cette fonction exigeante et difficile met le Maçon au pied du mur. Les membres de l’Atelier peuvent vérifier, dans le cadre de cette fonction, la réalité de sa fraternité sinon sa façon de comprendre ou de pratiquer les vertus maçonniques.

    Si la coutume lui attribue le rôle de collecter les finances destinées à soulager les infortunes, de visiter et d’assister les Frères malades, le Frère Hospitalier est avant tout le confident des membres de la Loge qui peuvent rencontrer toutes sortes de difficultés, y compris celles d’ordre pécuniaire.

    Les Frères qui subissent une gêne momentanée ou qui se trouvent dans l’impossibilité de payer leur cotisation pour cause de chômage ou de problème personnel exceptionnel et qui sont l'objet d'une détresse particulière doivent s'en ouvrir à l’Hospitalier.

    Les confidences sont couvertes par le secret. Le titulaire de cette charge n’est redevable d’explications qu’au Vénérable Maître de l’Atelier. Lorsque l’Aumônier Hospitalier évoquera  une affaire en Chambre du Milieu, ce sera en parlant d’un frère dans le besoin ou l’affliction, mais sans en préciser le nom.

    UN OFFICIER DANS LE TRIANGLE DES MOYENS MATÉRIELS

    Une Loge est dite juste lorsque cinq l’éclairent, mais sept la rendent parfaite en lui permettant de fonctionner intégralement. Dans la Maçonnerie moderne, le septénaire des offices se complète par les deux fonctions de Trésorier et d’Hospitalier.

    Pour assurer les tâches matérielles, considérées partout et toujours comme élémentaires, le triangle formé par le Vénérable Maître, le Trésorier et l’Hospitalier assure l’assise matérielle et financière de la Loge. Ces tâches sont considérées comme contingentes et subalternes parce qu’elles obligent à la manipulation des métaux, considérés symboliquement comme tels, même sous forme de papier billets.

    Les offices de Trésorier et d’Hospitalier, dont le travail s’effectue autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la Loge, peuvent être remplis et cumulés en cas de force majeure.

    DES COMPTES SÉPARÉS

    Les oboles recueillies font l’objet d’une comptabilité séparée, indépendante de celle du Trésorier. Les fonds gérés – théoriquement – par l’Hospitalier sont exclusivement destinés à secourir des Frères dans la détresse.

    L’Hospitalier délivre, sur instruction du Vénérable Maître, les sommes destinées aux membres de la Loge dans le besoin. Il est responsable devant le Vénérable Maître de l’emploi des fonds qui lui sont confiés. L’idéal, c’est qu’il puisse rendre compte de sa gestion en faisant un bilan annuel à l’Atelier, par exemple lors de la Tenue dite « administrative » au cours de laquelle les principaux Officiers Dignitaires présentent chacun leur rapport annuel ou lors de l’installation du nouveau collège d’Officiers Dignitaires.

    SA PLACE ET SON BIJOU

    La place qui revient à l’Aumônier Hospitalier dans la Loge est la deuxième en haut de la Colonne du Nord, à côté du Frère Expert. Le bijou qui orne son sautoir est une bourse aumônière. Mais Jean Ferré fait remarquer que ce bijou peut aussi être une Truelle.

    LE FRÈRE TRÉSORIER

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Trésorier est responsable de la gestion des fonds de la Loge.

    Il établit un budget et présente l’état des comptes chaque année lors de la Tenue administrative.

    Commission des Officiers Dignitaires

    A chaque réunion de la C.O.D. le Frère Trésorier doit être en mesure de présenter clairement la situation comptable de la Loge.

    Avant chaque Tenue

    Le Frère Trésorier prévoit le fond de caisse pour le Frère Compagnon responsable du bar. Il perçoit le montant des frais de participation aux agapes. Il peut être aidé dans ce cas par le Frère Maître des Banquets.

    A l’issue de chaque Tenue

    Il évalue, avec le Frère Aumônier - Hospitalier, le contenu du Tronc de Bienfaisance. Il clôture la caisse du bar en collaboration avec le Frère Maître des Banquets.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

    Au début de chaque année civile ou de chaque semestre

    Le Frère Trésorier invite chaque Frère à régler par virement au compte de la Loge le montant de la cotisation annuelle ou semestrielle.

    A l’issue d’une Initiation

    Le Frère Trésorier invite tout nouvel Apprenti à s’acquitter du montant de la cotisation annuelle et des frais d’Initiation par un virement au compte de la Loge.

    Au moment d’un Passage au Second degré

    Le Frère Trésorier invite le nouveau Compagnon à s’acquitter du montant des frais de Passage au grade de Compagnon par un virement au compte de la Loge.

    A l’issue d’une Élévation au Troisième degré

    Le Frère Trésorier invite le nouveau Maître à s’acquitter du montant des frais d'Élévation à la Maîtrise par un virement au compte de la Loge.

    Des paiements à effectuer

    Le Frère Trésorier verse à la fin de chaque semestre les capitations de la Loge à la G:.L:.R:.B:.. Il n’y a pas de capitations à virer en ce qui concerne les membres d’honneur de la Loge. Il vire également une capitation lorsqu'un Frère a reçu une « augmentation de salaire » (Passage ou Élévation).

    LE FRÈRE MAÎTRE DES BANQUETS

    Sa responsabilité générale

    Le Frère Maître des Banquets organise les Travaux de Table et veille à ce qu’ils soient de qualité mais à des prix acceptables par tous les Frères.

    En arrivant au local, le Frère Maître des Banquets :

    • fait chauffer l’eau du lave-vaisselle
    • ouvre les radiateurs si nécessaire
    • assure la mise en place de la table avec les Frères Apprentis (en forme de U en fonction des circonstances et du nombre de visiteurs présents)

    Le bar de la salle humide

    • En étroite collaboration avec les Frères Surveillants, il veille à ce qu’un Frère Compagnon assume effectivement la responsabilité de l’encaissement au bar et que les Frères Apprentis dressent la table, assurent le service, la vaisselle des verres, le rangement des vidanges, le réapprovisionnement des frigos ainsi que la remise en ordre du bar.
    • Le Frère Maître des Banquets veille à ce que les Frères Apprentis respectent les doses prescrites pour les différentes boissons.

    Pendant les agapes :

    • le Frère Maître des Banquets inscrit d’office les Frères de la Loge aux agapes.
    • Il prend note du nom des Frères qui n’assistent pas aux agapes.
    • Il tient compte des inscriptions de Frères visiteurs puis calcule avec le plus de précision possible le nombre de participants.
    • Il établit avec précision le montant des frais des repas.
    • Il veille à encaisser les éventuels achats de bouteilles de vin et d’eau.
    • Il veille à la bonne diligence du service et coordonne le travail des Frères Apprentis.
    • En collaboration avec le Frère Trésorier, il paie les fournisseurs éventuels et vérifie le nombre de bouteilles de vin et d’eau qui ont été consommées lors des agapes.

    Pour les agapes fraternelles clôturant les Tenues ordinaires :

    • le Frère Maître des Banquets peut organiser lui-même si nécessaire un repas simple comprenant un plat et un dessert.
    • Il coordonne ensuite le travail des Apprentis pour dresser la table avant la Tenue, servir et desservir la table pendant les agapes ainsi que pour le nettoyage de la vaisselle en cuisine.
    • Il veille également à la préparation du café.

    Pour les agapes fraternelles prolongeant une cérémonie (Initiation, Passage,  Élévation, solstice ou installation) le Frère Maître des Banquets peut faire appel à une cuisinière ou à un traiteur et lui demande la confection d’un repas plus élaboré comprenant une entrée, un plat, un dessert. Dans ce cas, ce personnel extérieur peut  assurer également le nettoyage de la vaisselle.

    Le Frère Maître des Banquets veille à faire apporter rapidement la vaisselle en cuisine.

    Pour la fête solsticiale d’hiver

    En collaboration avec le Frère Maître des Cérémonies, le Frère Maître des Banquets peut être amené, sur ordre du Vénérable Maître, à procéder à l’achat de la décoration florale pour la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’hiver.

    Sous la direction du Frère Maître des Cérémonies et en collaboration avec les Frères Apprentis, il dresse la table et la recouvre de nappes blanches. Il prévoit le ruban nécessaire à l’alignement des verres, le vin nécessaire aux santés d’obligation, une petite table pour y déposer les Trois Grandes Lumières.

    Avant de partir, après chaque Tenue, le Frère Maître des Banquets assure le rangement final des locaux :

    • la vaisselle et les verres du bar bien rangés ;
    • les bonbonnes de gaz de la cuisine fermées ;
    • le lave-vaisselle contrôlé ;
    • les poubelles fermées et rangées ;
    • les tables et des chaises de la salle de banquet bien rangées ;
    • le frigo complété (bières, limonades…) ;
    • les radiateurs et ventilateur d’aération éteints ;
    • les issues bien fermées ;
    • toutes les lampes éteintes ;
    • la porte du bâtiment correctement fermée ;
    • les vidanges emportées.

    Lors de l’installation de la nouvelle C.O.D., il prête serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie.

     

    R:. F:. A. B.

    Bibliographie à propos du Frère Orateur et des Surveillants

    Alban Gilbert - Le Premier Surveillant

    AVS, 1988

     

    Béresniak Daniel - Le Premier Surveillant

    Editions maçonniques de France, Paris, 2005

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editons du Rocher, Monaco, 1997 - p. 234 à 235

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1995 - p. 140 et 141 ; 219 et 220 ; 267 à 270

     

    Mainguy Irène - La Symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 2001 - p. 347 à 354

     

    Bibliographie à propos du Frère Secrétaire

     

    Boucher Jules - La Symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995 - p. 106

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editons du Rocher, Monaco, 1997 - p. 232 à 244

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994 - p. 240 et 241

     

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995 - p. 40 à 142

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Mons-en-Baroeul, 1993, Editions Guigue - p. 261

     

    Bibliographie relative au Frère Couvreur, aux Officiers de la Loge

     

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995 - p. 51

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994 - p. 92 et 93 ; 188 à 190

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1995 - p. 108 à 110

     

    Mainguy Irène - La Symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 2001 - p. 347 à 362 ; 363 et 364

     

    Bibliographie à propos du Frère Aumônier Hospitalier

     

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, paris, 1995 - p. 80

     

    Manguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2001 - p. 345 et 357

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994 - p. 108, 109, 273, 274

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editions du Rocher, Monaco, 1998 - p. 236 et 237

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1995 - p. 140 et 141

     

    Morata Raphaël - La Franc-maçonnerie : les secrets des objets

    Ch. Massin Editeur, Paris - p. 48 et 68


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  •  Le Carré long et les trois Piliers 

    Introduction

    Si j’ai bien l’intention de disserter sur le rôle des trois Piliers et leur symbolisme, je souhaite tout d’abord vous livrer mes réflexions à propos d’une partie importante du plan horizontal qui les supporte, le Carré Long. Pour ce faire, il me semble indispensable d’évoquer préalablement cette figure géométrique à la fois simple et particulièrement riche de la géométrie qu’est le carré.

    Le carré 

    La figure

    Figure géométrique aux quatre angles droits et dont les côtés sont isométriques – « égaux » disait-on dans nos écoles non encore rénovées – le carré est l’expression même d’une forme parfaite voulue par l’homme, en contrepoint aux formes souvent imparfaites et non finies dans la nature.

    Outre le fait qu’il soit intimement lié au nombre « quatre », symétrie et esthétisme en sont les deux paramètres majeurs. Platon a dit du carré qu’il est « la Beauté en soi ». Un humoriste en a dit que c’est un cercle qui a mal tourné !

    Mais au-delà de sa forme si caractéristique, le carré a acquis au fil des siècles une valeur symbolique, s’exprimant sous différentes formes dans l’univers maçonnique.

    Le symbolisme du carré

    Avec le cercle et la croix, le carré est l’une des figures géométriques les plus employées de la symbolique. Il est la réalité par opposition à l’incréé, la stabilité par opposition au temps qui fuit.

    Le carré apparaît comme le véhicule de la manifestation divine. Comme tel, il se trouve indissolublement lié au cercle. Cependant, la forme quadrangulaire s’en différencie car elle exprime le temps chronologique, donc une fraction limitée extraite de l’éternité. Ce qui nous fait penser à cette vie, à ce corps, à cette fixation ou enchaînement présent, à la nécessaire recherche des moyens de son affranchissement. Ce qui s’opère par la quête de la voie de la sagesse à défaut d’atteindre celle de la sainteté.

    D'aucuns y voient la réunion d’équerres. Le carré peut en effet être la réunion de deux ou quatre équerres. L’équerre peut certes s’avérer nécessaire à son tracé mais le Maître sait aussi le tracer avec le compas ! 

    La symbolique du carré est également présente dans le pavé mosaïque où s’alternent les carrés noirs et blancs. En géométrie sacrée, le pavé mosaïque est considéré comme un « carré long », un double carré, que Koelliker a décrit comme « le rectangle de la Genèse », lequel contient l’ensemble des dimensions du temple et permet de concevoir les lignes de force d’un édifice. Ce pavé mosaïque est connu depuis l’Antiquité égyptienne.

    Le carré demeure dévolu au plan terrestre ou plan horizontal, par rapport au cercle de nature céleste et verticale, tout simplement parce que les Anciens pensaient que la Terre était carrée, fixe, immuable, par rapport au cosmos.

    Plat, lisse, dans le plan, il fait remarquablement ressortir la perfection volumique dans le domaine de la matérialité terrestre. Ce qui s’exprimera par le passage du carré au cube qui n’est rien d’autre que la projection spatiale du carré ou sa spiritualisation.

    Le carré long

    Définition

    Selon les auteurs, le « carré long » est un double carré, donc un rectangle dont la longueur est le double de la largeur, ou bien un rectangle de proportion dorée ou bien encore un rectangle de côtés 3 et 4 dont la diagonale est 5.

    La forme de la loge

    Examinons tout d’abord l’expression « un Carré Long » en tant que réponse à la question « Quelle est la forme de votre loge ? » qui se trouve dans la plupart des instructions maçonniques du premier degré.

    La forme de la loge s’énonce en effet par la formule « un Carré Long ». Qu’est-ce à dire ?  D’où vient cette appellation pour le moins étrange de « Carré Long » donnée à un rectangle ?  Car si la figure de la loge s’avère rectangulaire, on n’y voit guère de carré parfait.

    La réponse se trouve liée à la notion de temple. Symboliquement, en effet, le Temple est un « carré long », c’est-à-dire un double carré, un rectangle dont les côtés sont dans le rapport 2 à 1, un rectangle d’or ou de proportion dorée, un rectangle construit d’après le nombre d’or.

    Dans les anciens systèmes initiatiques, égyptiens (mystères d’Osiris ou d’Isis) puis grecs (mystères Orphiques ou d’Eleusis), la construction des temples devait se faire selon des proportions ou valeurs particulières.

    L’architecture sacrée se manifestait par la « projection » dans le plan de la forme de deux carrés parfaits juxtaposés l’un à l’autre. La figure présentant ainsi quatre côtés isométriques symbolise le cosmos.

    Le symbolisme du carré long

    Au plan symbolique, le prolongement du carré, magnifiant la puissance du nombre, annonce la mise en mouvement ou ébranlement de l’énergie qui amorce un mouvement ascensionnel pour parvenir à une forme volumétrique nouvelle : le cube.

    Si le cube va devenir déterminant dans différentes traditions, il transite obligatoirement par le carré qui en constitue la prime étape, la base sur laquelle on va pouvoir élever. C’est ainsi que des églises, bâties en Angleterre aux 11ème et 12ème siècles, le sont sur un plan carré (cf. cathédrale d’Oxford). Toutes les constructions cisterciennes de Grande-Bretagne comme celles des pays germaniques ont été élevées autour de ce carré central.

    Mais en loge, le « Carré Long » désigne aussi le rectangle qui s’inscrit entre les trois Piliers ou grands chandeliers qui encadrent le pavé mosaïque. Cet espace sacré est inviolable, infranchissable, sauf à certains moments des cérémonies de réception.

    Le « Carré Long » fait office de labyrinthe au cœur de l’enceinte maçonnique, à l’image de ceux que l’on trouve dans certaines églises et cathédrales. Nombre d’ésotéristes émérites se sont penchés sur la signification du « carré long ». Certains y ont vu la réunion du cercle magique et des principes alchimiques.

    Dans tous les cas, il s’agit clairement de la désignation et de la délimitation dans un environnement général profane d’un périmètre sacré évoquant tous les rituels de construction – matérielle et immatérielle – dans une dynamique d’initiation aux mystères sacrés de l’Univers et à l’Universalité de l’homme.

    Les trois Piliers

    Définition

    Parfois dénommés « grands flambeaux » ou « grands chandeliers », les Piliers, au nombre de trois – et qu’il ne faut pas confondre avec les colonnes du Temple – se disposent selon un tracé spécifique au rite.

    Leur situation précise

    Au Rite Moderne et au Rite Français notamment, les trois Piliers sont placés en équerre à trois angles du tableau de loge. L’un à l’Orient, côté Midi ; le deuxième à l’Occident côté Nord ; le dernier à l’Occident, côté Midi.

    Aux Rites Émulation et Écossais Ancien Accepté, ils sont placés suivant un tracé circulaire. La Sagesse est à l’Orient, près de l’autel. La Force se trouve à l’Occident, à gauche de la porte d’entrée, jouxtant le pupitre du Premier Surveillant. La Beauté trône au Midi, à côté du Second Surveillant. Au Rite Ecossais Ancien Accepté de 1802, les piliers portent aussi le nom de « colonnettes ».

    Au Rite Écossais Rectifié, les trois Piliers sont disposés en équerre au centre de la loge. La Sagesse se trouve à l’angle sud-est, la Force à l’angle sud-ouest et la Beauté à l’angle nord-ouest.

    Leur signification

    Chacun des trois Piliers correspond à l’un des trois principaux Officiers de la Loge :

    • Le premier, dénommé « Sagesse » correspond au Vénérable Maitre.

    • Le deuxième, dénommé « Force » correspond au Premier Surveillant.

    • Le troisième, dénommé « Beauté » correspond au Second Surveillant.

    D'anciens catéchismes donnent aux trois Piliers la signification suivante :

    Q : Que représentent-ils ?

    R : Trois grands maîtres : Salomon roi d’Israël, Hiram, roi de Tyr et Hiram Abif.

    Q : Les trois grands maîtres œuvraient-ils à la construction du Temple de Salomon ?

    R : Oui.

    Q : Quelle était leur tâche ?

    R : Salomon trouva les subsides et l’argent pour payer les ouvriers. Hiram roi de Tyr fournit les matériaux de construction, et Hiram Abif accomplit ou dirigea le travail.

    D'autres interprétations méritent d’être signalées. Elles proviennent aussi d’anciens catéchismes.

    Pourquoi le vénérable Maître représente-t-il le pilier de la Sagesse ?

    • Parce qu’il donne les ordres aux Maçons pour effectuer leur travail dans la manière accoutumée, en harmonie.

    Pourquoi le Premier Surveillant représente-t-il la Force ?

    • Comme le soleil se couche à l’horizon pour clore le jour, de même le premier Surveillant se tient à l’Occident pour payer les ouvriers qui sont la force et le soutien du Métier.

    Pourquoi le Second Surveillant représente-t-il le pilier de la Beauté ?

    • Parce qu’il se tient au Midi, la beauté du jour, pour appeler les ouvriers du travail au repos et veiller à ce qu’ils reprennent à l’heure, afin que le maître puisse en avoir joie et contentement.

    Pourquoi la loge est-elle soutenue par ces trois grands piliers ?

    • Parce que la Sagesse, la Force et la Beauté sont l’achèvement de tout travail, et que rien ne peut durer sans elles, parce que la Sagesse est pour inventer, la Force pour soutenir, la Beauté pour orner (cf. le Prichard, 1730).

    Leur style

    Tentons de comprendre le point de vue de Jean Ferré, pour qui les trois Piliers devraient idéalement être de styles différents : «Il serait logique d’attribuer le style ionique à la Sagesse, le style dorique à la Force et le style corinthien à la  Beauté».

    Fondé sur le symbolisme du Temple du Roi Salomon dédié au Grand Architecte de l’Univers, le pilier ionique est beau, sans ostentation. Il évoque la simplicité, la mesure, la Sagesse qui était la qualité marquante de Salomon. Cette sagesse qu’il a reçue de Dieu est une sagesse pratique : elle ne concerne pas sa propre conduite mais celle du Peuple. Il en est de même de la Sagesse du Vénérable Maître : une sagesse qui signifie réflexion, imagination avant la construction. Cette sagesse s’exerce sur la vie de l’atelier, sur sa direction, pour le bien de la Franc-maçonnerie en général, et de la Loge en particulier. Le Vénérable Maître qui dirige la Loge, doit utiliser au mieux les compétences de chacun, sans parti pris ni favoritisme.

    La notion de force est omniprésente sur les chantiers des bâtisseurs. Nécessaire à l’Apprenti pour tourner et retourner la pierre brute afin de la dégrossir, au Compagnon pour la rendre cubique, en vérifier tous les angles et toutes les arêtes, cette force ne doit pas être brutale. Se référant à Hiram, Roi de Tyr et dédié au soutien fidèle au Vénérable Maître dans la conduite de la Loge, le pilier dorique, qui suggère la robustesse, est logiquement celui du Premier Surveillant qui se tient à l’Occident pour payer les ouvriers qui constituent la force et le soutien du Métier.

    Les bâtisseurs avaient à cœur de concilier le solide et le beau. Les constructeurs mettaient un point d’honneur à ce que leur œuvre soit parfaite et suscite l’admiration. Chartres, Amiens, Reims – comme tant d’autres cathédrales – sont encore là pour témoigner de la perfection de leur art.

    La beauté ne peut être acquise que par l’harmonie des proportions et le soin apporté à la réalisation. Se référant à Hiram Abif et dédié au Travail et à la Charité, le troisième pilier, idéalement en style corinthien, est attribué au Second Surveillant, associé à la beauté parce qu’il se tient au Midi qui est la beauté du jour.

    Pour Pierre Dangle, les trois grands Piliers révèlent le chemin de Lumière et le sens d’une œuvre qui débute par le haut. Grâce à eux, la Lumière secrète de l’Orient devient perceptible. Elle prend une forme harmonieuse qui dévoile la hiérarchie des puissances causales, sans cesse à l’œuvre dans l’univers.

    Le premier Pilier est celui de la Sagesse qui contient la conception de l’œuvre et donne naissance au plan permettant la construction.

    Le deuxième Pilier est celui de la Force, indispensable aux Maçons pour élever le plan et bâtir l’œuvre à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.

    Le troisième Pilier est celui de la Beauté, ou plus exactement de l’harmonie, qui correspond à la plénitude de l’œuvre achevée.

    Le symbolisme des trois Piliers

    Chaque pilier possède donc sa signification propre, mais ils forment néanmoins une unité et une structure dynamique indissociable, témoignant des trois regards symboliques qui permettent de vivre et d’harmoniser les éléments de la création.

    Ce modèle ternaire « Force-Sagesse-Beauté » forme donc un tout. Raoul Berteaux insiste : « Il n’y a pas lieu de séparer les éléments structurels, ni de leur attribuer une hiérarchie de valeur ». Du point de vue symbolique, le modèle ternaire des Piliers est basé sur la « complémentarité », principe qui constitue une des bases de l’enseignement initiatique. Le modèle « Force-Sagesse-Beauté » appartient à part entière à la Loge d’Apprenti.

    De plus, chaque pilier est une parfaite synthèse des quatre éléments : la base repose sur la terre, le fût est en rapport avec l’air, les volutes du chapiteau évoquent l’eau, et ils sont consacrés par le feu.

    Les trois grands Piliers offrent à l’Apprenti l’illustration de la démarche fondamentale de son grade : l’apprentissage d’une pensée ternaire, qui lui permettra de pénétrer dans le monde des symboles.

    Selon Oswald Wirth « les anciens Maçons faisaient reposer leur œuvre sur trois grands piliers nommés Sagesse, Force et Beauté, en l’honneur d’antiques déesses auxquelles les imagiers du Moyen Age ont consacré trois des vingt-deux compositions allégoriques du tarot. La Sagesse nous apparaît ainsi sous les traits d’une Impératrice céleste… la Force exécute les conceptions en domptant les énergies rebelles… Tout comme la vérité, la Beauté se montre nue ».

    Raoul Berteaux et Jules Boucher associent ce ternaire à trois des séphiroth de la Kabbale : la Sagesse à Khokhma, la Force à Géburah et la Beauté à Thiphéreth.  Sans entrer dans ces détails complexes, référons-nous à Daniel Béresniak qui explique que la sagesse est située, sur l’arbre séphirotique, à côté de l’intelligence.

    Elle est la maîtrise de la connaissance, l’au-delà du savoir. Le passage du savoir à la connaissance se fait lorsque, les distinctions nécessaires étant accumulées, on entreprend de réunir ce qui est épars, de conceptualiser ce qu’ont en commun les choses et les concepts définis et distingués. Il est donc évident que le sage ne peut faire l’économie du savoir. Mais la connaissance n’est qu’un élément de la sagesse. Celle-ci est aussi une philosophie qui induit un comportement.

    Les textes maçonniques, parmi les sages, honorent, voire exaltent, le roi Salomon. Chez les Maçons, tout comme chez les Juifs et chez les Arabes, Salomon (Soliman pour les musulmans) est le sage par excellence, le maître des maîtres.

    La beauté orne et la force soutient celui qui travaille pour se connaitre et pour connaitre et pour naître avec les dieux, ses modèles. Ainsi le ternaire « Sagesse-Force-Beauté », ce trois en un, est un projet, comme l’indiquent clairement les paroles rituelles prononcées lors de l’ouverture des travaux (dans certains rites seulement) en allumant les « étoiles », c’est-à-dire les bougies portées par les piliers :

    • Que la Sagesse préside à la construction de notre édifice !

    • Que la Force le soutienne !

    • Que la Beauté l’orne !

    L’édifice est toujours à construire. Le Maçon est toujours à être.

    Les trois Piliers sont donc investis d’une valeur symbolique correspondant aux trois vertus mises à l’honneur chez les bâtisseurs : la Sagesse (qui est associée au Vénérable Maître), la Force (qui est associée au Premier Surveillant) et la Beauté (associée au Second Surveillant). Certaines pratiques ésotériques laissent entendre qu’il existerait un quatrième pilier, virtuel celui-là, dédié à l’Intelligence.

    Un pamphlet, intitulé « Les Trois Coups Distincts », datant de 1760, précise que « la Loge est soutenue par ces Trois Piliers parce que la Sagesse est pour inventer, la Force pour soutenir et la Beauté pour orner ». Les Trois Piliers sont ceux de l’Art des bâtisseurs, reçus en précieux héritage par le Compagnonnage et la Franc-maçonnerie. Quelle qu’elle soit, une construction ne peut exister véritablement et durer que si ces trois critères sont respectés. Sans la Sagesse, la Force et la Beauté, rien ne peut durer.

    * Le carré long et les trois Piliers

    Conclusion provisoire

    Un architecte doit tenir compte des limites de la matière et des lois de la physique. C’est la géométrie qui les lui donne et son expérience qui les lui confirme. La connaissance indispensable de la résistance des matériaux implique obligatoirement la prise en compte de l’érosion, du vieillissement de la pierre et du mortier, de la mouvance du sol. Il y a loin de la Planche à Tracer à l’œuvre proprement dite, au travail finalisé. Il convient donc d’agir avec sagesse et prudence pour ne pas mettre la construction en péril ni compromettre la sécurité des ouvriers.

    C’est tout ce que tout Vénérable devrait avoir à l’esprit car n’oublions pas que la Loge est un chantier. Donner à un Frère un rôle qu’il ne peut complètement assumer, ce serait mettre en danger l’atelier tout entier. Ce serait bâtir avec de la pierre friable. Voilà sans doute la raison pour laquelle le Pilier « Sagesse » est mis en correspondance avec le Vénérable Maitre qui dirige la Loge, commande les Officiers au cours de la Tenue, se tient au courant des progrès réalisés par les Apprentis, les Compagnons et les jeunes Maitres grâce aux Surveillants. Il doit utiliser au mieux les compétences de chacun, sans favoritisme, sans parti pris.

    Les matériaux ne peuvent être maltraités, sous peine d’être rejetés par les Surveillants lors du contrôle. Le Premier Surveillant a la responsabilité de la discipline dans la Loge. Il doit donc exercer une vigilance sans faille sur sa colonne et faire preuve de rigueur quand les règlements ou les us et coutumes ne sont pas respectés. Mais l’autorité du Premier Surveillant ne doit jamais se transformer en autoritarisme. Sa parfaite connaissance des règlements permet d’empêcher toute déviation et d’étouffer dans l’œuf tout problème susceptible de troubler l’harmonie de la Loge.

    Si l’on peut aisément admettre la correspondance Sagesse – Vénérable et Force – Premier Surveillant, il n’en est pas de même pour le troisième pilier. Les anciens catéchismes sont assez évasifs à ce sujet.

    C’est pourquoi, ma conclusion – toute provisoire, comme à l’accoutumé – sera de penser que pour le Maçon d’aujourd’hui, les trois Piliers évoqueraient tout simplement les trois principes de vie dont nous avons fait nos objectifs :

    • Vaincre nos passions (la Sagesse) 

    • Travailler sur nous-même (La Force)

    • Créer un monde meilleur (la Beauté).

    R:. F:. A. B.

    Bibliographie

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995 - pages 35, 36

     

    Béresniak Daniel - Rites et Symboles de la Franc-maçonnerie

    Tome I : « Les Loges Bleues » - Editions Detrad, Paris, 1997 - pages 87 à 93

     

    Berteaux Raoul - La symbolique au grade d'Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986 - pages 53 à 55

     

    Boisdenghien Guy - La Vocation Initiatique de la Franc-maçonnerie

    Editions l’Etoile, Bruxelles, 1999 - page 60

     

    Boucher Jules - La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995 - pages 98 à 104

     

    Dangle Pierre - Le Livre de l’Apprenti

    Editions la maison de Vie, Fuveau, 1999 - pages 77 à 82

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editions du Rocher, Monaco, 1998 - pages 67 à 77

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994 - pages 58 à 60

     

    Guigue Christian - La Formation maçonnique

    Editons Guigue, Mons-en Baroeul, 1996 - pages 67, 68

     

    Wirth Oswald - La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    Tome I : « L’Apprenti » - Editions Dervy, Paris, 1994 - page 204


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  •  Les 33 occurrences du Nombre Trois au grade d’Apprenti 

     

      1

    Avant la cérémonie d’Initiation,

    dans le Cabinet de Réflexion

    Une triade de pure alchimie

          le sel

          le soufre

          le mercure

      2

     

    Les trois questions

    relatives aux devoirs

          Les devoirs envers la patrie

          Les devoirs envers la famille

          Les devoirs envers soi-même

      3

    Pendant la cérémonie d’Initiation

    Les coups frappés

    à la Porte de la Loge

    . . .

    Frappez et l’on vous ouvrira

    Demandez et l’on vous donnera

    Cherchez et vous trouverez

      4

     

    Les trois Épreuves purificatrices

          L’Épreuve de l’Air

          L’Épreuve de l’Eau

          L’Épreuve du Feu

      5

     

    Les trois Voyages

          Le premier voyage

          Le deuxième voyage

          Le troisième voyage

      6

     

    Les trois phases

    du breuvage d'amertume

          Buvez une première gorgée !

          Buvez une deuxième gorgée !

          Videz ce calice jusqu'à la lie !

      7

     

    Les trois temps de l’investiture

          Je vous crée

          Je vous consacre

          Je vous reçois

      8

     

    Les trois temps

    de l’accolade maçonnique

    L’accolade du V:.M:. se donne

    à gauche, à droite puis à gauche.

      9

     

    L’âge de l’Apprenti

    L’Apprenti a 3 ans car il n’a été initié qu’aux Mystères des trois premiers Nombres.

      10

     

    La triple batterie

    ... ... ...

      11

     

    L’acclamation

    Vivat, vivat, semper vivat !

    (Rite moderne)

    ou

    Houzé ! Houzé ! Houzé ! (R.E.A.A.)

      12

     

    L’apprentissage des trois pas

    formant la Marche de l’Apprenti

    Faites un premier pas…

    un deuxième pas…

    puis un troisième.

      13

     

    Le premier Travail de l’Apprenti

    Le Maillet frappe le Ciseau

    sur la Pierre brute au rythme

    de la batterie du grade : * *    *

      14

     

    Dans le premier Travail de l’Apprenti,

    trois éléments interviennent

          La Pierre brute

          Le Maillet

          Le Ciseau

      15

     

    Les moyens de reconnaissance

    Les Maçons se reconnaissent par

          un signe (d’Ordre)

          un mot sacré

          un attouchement

      16

     

    Les trois temps du Signe d’Ordre

          Par Équerre

          Niveau

          et Perpendiculaire

      17

     

    L’annonce du Mot sacré

    L’Apprenti donne une réponse

    en trois temps :

          je ne sais ni  lire

          ni écrire

          je ne sais qu’épeler.

      18

     

    Au Rite moderne,

    le Maître énonce les 3 consonnes ;

    l’Apprenti n’énonce que les voyelles a et i

          J

          K

          N

      19

     

    L’Attouchement se donne

    par 3 pressions

          * *    *

      20

     

    La Batterie du grade

          * *    *

      21

     

    Les trois bijoux mobiles

       L'Équerre du V:.M:.

      Le Niveau du 1er Surv:.

      Le Fil à plomb du 2nd Surv:.

      22

     

    Les trois bijoux immobiles

       La Pierre brute

       La Pierre cubique (trop souvent absente)

       La Pierre cubique à pointe

      23

     

    Le chandelier du V:. M:.

         3 bougies

      24

     

    Les trois Piliers

         Sagesse

        Force

        Beauté

      25

    Sur le Tableau de la Loge d'Apprenti

    Les Marches

         Les trois Marches

      26

     

    Les Fenêtres

         Les trois Fenêtres grillagées

      27

     

    Les Pierres

         la Pierre brute

        la Pierre cubique

        la Pierre cubique à pointe

      28

     

    La Houppe dentelée

    Le Tableau de Loge dessiné par Oswald Wirth est limité par une Corde à trois nœuds (lacs d’amour) correspondant à l’âge de l’Apprenti.

      29

    Dans la Loge d’Apprenti

    Les premiers degrés ou grades

    de la Franc-maçonnerie

           Apprenti

          Compagnon

          Maître

      30

     

    Les Officiers qui dirigent la Loge

    (ou les trois Lumières de la Loge)

          Le Vénérable Maître

          Le Premier Surveillant

          Le Second Surveillant

      31

     

    Les trois Grandes Lumières

    de la Franc-maçonnerie

          Le Volume de la Loi sacrée

          L'Équerre

          Le Compas

      32

     

    Les trois dimensions de la Loge

          De l’Orient à l’Occident

          Du Septentrion au Midi

          Du Zénith au Nadir

      33

    Dans les rituels ou le courrier

    . . .

    L’abréviation en 3 points dans les rituels et le courrier

    La circulation de la parole

    (VM / 1er S / 2nd S)

     R:. F:. A. B.


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  •  Approche du symbolisme de la Lune 

    Introduction

    Lors du Réveil de nos Loges, la plupart des rituels utilisés contiennent une phrase à peu près semblable à celle-ci : « La Lune a paru, versant un peu de clarté froide sur la Colonne du Nord ». Prononcée par le Frère Second Surveillant, cette phrase contient un symbole maçonnique non négligeable : la Lune.

    D'anciens « Tuilages » ou instructions au grade d’Apprenti mentionnent la question suivante :

    • « Qu’avez-vous vu en recevant la lumière ? » 

    Et la réponse de l’Apprenti est ainsi formulée : 

    • « Le Soleil, la Lune et le Maître de la Loge ».

    Lorsque notre bandeau d’impétrant peut être considéré comme définitivement tombé, nous devrions découvrir que ces trois luminaires sont indissociables et qu’ils nous guideront tout au long de notre cheminement maçonnique.

    L’objectif de la présente planche est d’approcher le symbolisme de la Lune, symbole présent tant au Nord-est de nos Loges que sur tous les Tableaux de Loge d’Apprenti.

    La Lune, source d’inspiration des philosophes, poètes et conteurs…

    * Approche du symbolisme de la Lune

    De tous temps, la Lune a été l’inspiratrice des philosophes, des poètes et des conteurs, tantôt « magique » dans le personnage de Jean de La Lune, bonhomme lunaire et naïf qui nous a fait rêver dans sa boule argentée, tantôt « croquemitaine » au travers des multiples récits contés jadis aux enfants qui n’étaient pas sages.

    « Etre dans la Lune », voilà bien une expression qui a pu suivre de nombreux écoliers durant toute leur scolarité primaire. Etre dans la lune, c’est être en train de rêver, être sur une autre planète très loin de son corps physique. L’esprit s’est évadé.

    Du haut de mon jeune âge, je n’étais pas dans la lune mais dans mes rêves à m’imaginer un sens au mystérieux de la Lune, à ses mystères.

    J’ai très vite compris qu’en français, nous disons LA Lune (nom féminin) et LE soleil (nom masculin) ; que le soleil inonde le ciel de sa lumière, et que la Lune ne fait que la réfléchir, du crépuscule à l’aurore … et encore, pas toutes les nuits !

    Plus tard, j’ai aussi compris que la Lune possède son cycle qui rappelle celui de la femme d’où une logique de mimétisme dans le symbolisme donné à la Lune et au Soleil pour y reconnaître la féminité pour l’une et la masculinité pour l’autre.

    Adulte, j’ai découvert que la Lune est une figure très présente dans de nombreuses mythologies et croyances folkloriques. C’est en corrélation avec le Soleil que se manifeste le symbolisme de la Lune. Leurs relations, leur ordonnancement, leur hiérarchie, diffèrent d’une société à une autre.

    Pour certains, la Lune est l’élément femelle et passif. Elle est alors associée à des divinités féminines. Ainsi, la déesse grecque Séléné (qui s’est appelée « Luna » chez les Romains) a été associée à la Lune.

    Pour d’autres, la Lune est une divinité mâle. Le dieu japonais Tsu-ku-yo-mi, est associé à la Lune, et sa sœur A-ma-ter-a-su associée au Soleil. De même chez les Mésopotamiens, où le dieu Sin est relié à la Lune.

    Cette inversion est également présente dans les mythologies nordiques, scandinaves, lettones… comme chez les indiens Gé du Brésil [1]. Il en va de même dans tout le monde arabe, sudarabique et éthiopien.

    Vue de la Terre, la Lune connaît la mort. Durant trois jours, elle disparaît chaque mois lunaire pour réapparaître la quatrième nuit. Elle devient, en toute logique, le symbole de renaissance mais aussi des connaissances indirectes, progressives et froides.

    En Asie, elle est le Ying par rapport au Soleil, le Yang. Elle est en rapport avec l’eau par opposé au soleil … qui, lui, est en rapport avec le feu. Elle est le froid, le nord quand le soleil est le chaud, le sud. Symbole majeur de la fécondité, elle était célébrée en Chine lors de la fête de la Lune, qui était l’une des trois grandes fêtes annuelles en ce pays. Elle avait lieu à la pleine lune de l’équinoxe d’automne et les hommes ne participaient pas à la cérémonie.

    La Lune est aussi fortement présente dans le bouddhisme. Dans son ultime chemin, Bouddha médite 28 jours sous un figuier avant d’atteindre le Nirvana. Fécondité toujours, autrefois les peuples nordiques ne célébraient les mariages qu’aux pleines lunes.

    Mais, la Lune n’a pas toujours que le bon rôle. Dans les civilisations d’Amérique du sud, chez les Mayas et les Aztèques, elle est parfois affectée de signes maléfiques. Par son coté changeant, ayant des apparences trompeuses, chez certains peuples elle porte les symboles de la fausseté et de la paresse.

    Nous retrouvons ce côté négatif dans le 18éme arcane majeur du tarot. Le monothéisme (judaïque, chrétien et musulman), ayant comme base de refuser toutes spéculations sur un dieu solaire et ses dérivées, les religions dites « du livre » parlent de lumière et très peu d’astre. Néanmoins, dans la tradition juive, la Lune symbolise le peuple des Hébreux. La Genèse désigne la Lune lors de la création par le nom de « petit luminaire ». Sa création, ainsi que celle du Soleil, est postérieure à celle de la Lumière.

    Les chrétiens comparent la Lune à Jean le Baptiste dont il est dit « qu’il n’est pas la Lumière mais le témoignage… ». Pour les Musulmans, la Lune est un des signes de la puissance d’Allah. Tout comme Jean le Baptiste, qui est aussi l’un des prophètes chez les musulmans, « le dernier des prophètes qui reflète Dieu comme la Lune reflète le Soleil ». C’est par l’une des apparitions de la nouvelle Lune que débute le mois du Ramadan. Mais plus encore, pour eux, les phases de la Lune et le croissant (symbole de l’islam) évoquent la mort et la résurrection. En astrologie, là encore, la Lune symbolise le principe passif, la fécondité, la nuit, le subconscient, le psychisme, la réceptivité, la féminité.

    La Lune influence les semailles et les récoltes mais influence également les marées. La Lune a une influence aussi sur les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Et d’autre part, la phase lunaire dure vingt-huit jours. En d’autres termes, la Lune fait le tour du zodiaque en 28 jours. Le zodiaque lunaire, qui serait plus ancien que le solaire, possède 28 demeures contre 12 pour le solaire.

    La Lune est aussi le symbole des rythmes biologiques, celui du temps qui passe. Les connaissances empiriques des hommes sur l’agriculture ont toujours accordé une importance à la Lune. Le découpage du mois lunaire en 4 semaines existait dans le calendrier judaïque.

    Encore plus extraordinaire est le fait que c’est en correspondance de la pleine-lune qu’on enregistre dans le monde entier, sans aucune distinction, le taux le plus élevé de naissances.

    Et si les Romains utilisaient des décades pour découper leurs mois, c’est avec la Lune que les Gaulois réglaient leur calendrier. Les Celtes, utilisaient un calendrier luni-solaire mais qui était à l’origine lunaire. Les différents changements de calendriers viennent de la difficulté de concilier la périodicité de la Lune à la périodicité du Soleil.

    Enfin, les variations de teintes et de luminosités à la surface de la Lune forment des motifs que les hommes ont interprétés différemment suivant leur culture et leur imaginaire : lapin, buffle, ou visage d’homme.

    Les astronomes antiques pensaient que les zones sombres et régulières étaient remplies d’eau. Ils les ont appelées « mer », tandis que les hauts plateaux, de couleur claire, ont été baptisés « terre ». Ces dénominations ont encore cours aujourd’hui, même si l’on sait qu’elles ne se rattachent à aucune réalité.

    La Lune, inspiratrice des peintres et des musiciens…

    Présente dans les différentes cultures artistiques, la Lune a été également l’inspiratrice de nombreux peintres et musiciens. D'ailleurs l’une des premières chansons que nous apprenons dès l’enfance n’est-elle pas « Au Clair de la Lune » ?

    Les plus âgés d’entre nous ont sans doute aussi le souvenir d’un « Rendez-vous entre le Soleil et la Lune » chanté par Charles Trenet, l’un de nos plus célèbres artistes dans le domaine de la chanson française.

    La Lune a aussi inspiré de grands compositeurs classiques, passionnée chez Wagner mais bien davantage imprégnée de nostalgie et de mélancolie chez Beethoven avec sa célèbre « Sonate au clair de Lune ».

    Mais la référence musicale essentielle en matière de symbolisme maçonnique reste bien sûr l’opéra « La Flûte enchantée ». Mystérieuse et sacrée, la musique de Mozart décrit le combat du jour et de la nuit, opposant la Reine de la Nuit, symbole lunaire, image de la puissance cosmique et Sarastro, grand prêtre de la sagesse et du principe solaire.

    La Lune, astre lunaire : sa place dans les religions et mythologies…

    Mais quittons le domaine musical et poétique pour appréhender l’aspect fondamental de l’astre lunaire et la place qu’il occupe dans la religion et les mythologies : 
    le mot qui nomme la Lune dans les langues indo-germaniques est le plus ancien de tous les noms d’astre et signifie « je mesure », ainsi parle Mircéa Eliade.

    Et au plus lointain de l’histoire de l’humanité, les phases croissantes et décroissantes de la Lune ont servi à définir les calendriers, bases de repères de l’homme, tant pour rythmer sa vie sociale et religieuse, que pour le guider dans les étapes des récoltes nécessaires à sa subsistance.

    La Lune, unité de mesure ?

    La Lune est donc à l’origine du calendrier le plus archaïque qui soit : le calendrier pastoral, point de départ du calendrier des sept jours, car tous les sept jours, la Lune va changer de forme :

    • Nouvelle Lune, Premier Quartier, Pleine Lune, Dernier Quartier, tout ceci formant le mois lunaire défini par le terme de « Lunaison ».

    • L’année se composait ainsi de 13 mois de 28 jours auxquels on rajoutait un jour supplémentaire pour rattraper les 365 jours du calendrier solaire.

    • Dans l’antiquité, les trois nuits sans lune étaient redoutées. C’est ce que nous appelons « la Lune Noire », qui s’explique par le fait que durant trois nuits la Lune se lève et se couche en même temps que le Soleil. Mais chaque jour la Lune retardant son lever de 50 minutes sur le Soleil, elle va redevenir visible sous forme de « nouvelle Lune », signe de renouveau et de fécondité pour les anciens et objet de nombreuses manifestations. Nous savons que les Olympiades débutaient à la Nouvelle Lune chez les Grecs, de même que les druides gaulois attendaient cet événement pour procéder à la cueillette du gui.

    La Lune se rit bien de nos calendriers... Invariablement, la Lune revient, comme son comparse le Soleil, symbolisant ainsi le passage de la vie à la mort, et de la mort à la vie.

    Cette unité de mesure qu’est le rythme lunaire a influencé la conscience humaine et a servi de pont entre les civilisations, depuis les premières civilisations matriarcales jusqu'à nos civilisations patriarcales et monothéistes.

    Mircéa Eliade explique très bien la raison pour laquelle les hommes primitifs les moins civilisés attachaient une plus grande importance à la Lune qu’au Soleil. 
    « Le Soleil, dit-il, est un astre éternellement pareil, égal à lui-même et dépourvu de tout « devenir ». La Lune, au contraire, est « un astre qui croit, décroît, disparaît et renaît, un astre soumis aux lois de la naissance et de la mort ».

    L’homme a donc lié très vite les rythmes lunaires à sa vie sociétale et religieuse. C’est à ces époques archaïques que les premiers symboles cosmiques sont apparus, unissant la Lune, la femme, la Terre, la fertilité et l’eau.

    L’un des plus anciens cultes au dieu lunaire naquit voici 5000 ans en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, ce qui correspond à l’Iraq actuel. Sumériens et Babyloniens allaient créer les bases d’une religion qui influencerait la majorité des religions antiques : égyptienne, grecque, romaine et hébraïque.

    * Approche du symbolisme de la Lune

    La Lune parmi les « luminaires »

    Dans l’Ancien Testament, le Soleil et la Lune sont désignés comme des « luminaires » créés par Dieu pour bien abolir leur puissance divine. Mais force est de constater que le calendrier de l’année liturgique chrétienne s’appuie malgré tout, pour nombre de fêtes sur le rythme lunaire. Je pense spécialement à la fête de Pâques dont la date est invariablement fixée au premier dimanche qui suit la pleine Lune de l'Équinoxe de printemps.

    Dans nos temples maçonniques, je devrais dire dans nos Loges, le Soleil et la Lune, apparemment d'aspect opposés mais complémentaires sur le plan de la manifestation, règlent les Travaux de la Loge, de Midi à Minuit.


    Le retour régulier des phases de la Lune a permis aux hommes de prendre la mesure du temps, et, si le Soleil et la Lune ornent l'Orient de nos Loges, l'or et l'argent ne s'opposent qu'en apparence. Cette association « Soleil-Lune » se retrouve dans toutes les écoles initiatiques : Yin et Yang, Raison-Imagination, Isis-Osiris ... 

    Approche du symbolisme de la Lune

    Dans « La Symbolique maçonnique » de Jules Bouchez, la Lune est aussi au rendez-vous chez les Francs-maçons, du côté de la Colonne du Nord, alors que le Soleil éclaire la Colonne du Midi. Et cet auteur conclut ses propos concernant la Lune en disant de ce symbole que « cette figure est assez parlante par elle-même sans qu’il soit besoin d’insister d’avantage ». Ce qui nous laisse évidemment sur notre faim et très insatisfaits !

    Un « Dictionnaire des Symboles » nous apprend que le symbolisme de la Lune ne peut être dissocié de celui du Soleil : la Lune n’ayant pas de lumière propre n’est qu’un reflet de la lumière du Soleil. De même ceci nous rapporte au Prologue de l'Evangile de Jean : Jean vient en témoin pour rendre témoignage à la Lumière.

    La Lune est le symbole de notre Colonne d’Apprentis, la Colonne du Nord, dont elle éclaire les Ténèbres. Elle symbolise notre phase constructive et évolutive ; elle éveille notre conscience, notre imagination et notre sensibilité et guide l’homme.

    La Lune est symbole de mort et de renaissance, car elle sait se taire, comme l'Apprenti sur sa Colonne, au banc du silence, et s'incliner avec abnégation. Elle s'efface en fin de mois, paraît s'abîmer dans le monde inférieur, mais elle ne s'est pas dématérialisée : elle resurgit toujours avec un éclat tellement... croissant. 

    Le cycle de la Lune démontre que la mort ne peut pas être un état définitif, mais qu'il est suivi d'une nouvelle naissance. Dans l'Initiation maçonnique, l’Épreuve de la Terre pourrait ainsi s'associer ou s'apparenter avec l’Épreuve de la Lune. 

    La voie initiatique passe nécessairement par cette « voie humide » où l'Apprenti, sous l'influence de la Lune, se forge des théories erronées, fondées sur les oppositions irréelles, effets illusoires d'un jeu d'optique mental.

    Du « bien et du mal » -- de la Lune et du Soleil, de l'Être et du Néant, ce jeu d'optique mental fait des entités objectives et tombe dans le piège du dualisme. Dupe des contrastes apparents, il imagine la matière dense, solide et indestructible. Les erreurs capitales de l'esprit humain proviennent de l'influence lunaire : l'imagination, mal nécessaire qui précède le raisonnement. 

    La Lune est un symbole de la connaissance indirecte. En effet, elle ne produit pas de lumière : elle reflète la lumière. On l’oppose toujours au Soleil mais en réalité, ce n’est pas une opposition mais une complémentarité : le Soleil a besoin de la Lune et la Lune a besoin du Soleil pour exister.

    En effet, la Lune a besoin du Soleil puisqu'elle en est le reflet, mais le Soleil a également besoin de la Lune. Que serait le Soleil si la nuit n’existait pas : une lumière fixe et brûlante qui ne s’éteint jamais et qu’on ne peut comparer à rien, puisqu'elle est seule. Que serait la connaissance sans l’ignorance ? La Lune met le Soleil en valeur, de même que l’ignorance met la connaissance en valeur. La Lune est seulement le symbole de la connaissance par reflet, c'est-à-dire de la connaissance théorique, conceptuelle, c’est aussi pourquoi la Lune est yin par rapport au Soleil qui est yang ; elle est passive, réceptive, elle reçoit la lumière du Soleil ; elle est l’hiver alors que le Soleil est l’été.

    Avec la Lune on retrouve le Nombre trois : lune ascendante, pleine lune, lune décroissante.

    La Lune symbolise les rythmes biologiques, astre qui croit, décroît et disparaît, dont la vie est soumise à la loi universelle du devenir, de la naissance à la mort… Il est facile de comparer le cycle lunaire au cycle de la vie : naissance, vie et mort, trop facile peut-être …

    La Lune symbolise le changement. En effet chaque jour qui passe nous présente une lune différente de la lumineuse pleine lune à la nuit noire sans lune. Cette idée de changement se retrouve quand on dit d’une personne qu’elle est lunatique. Ne dit-on pas aussi que son humeur est aussi changeante que les phases lunaires ?

    La Lune symbolise le temps qui passe, le temps vivant, dont elle est la mesure par ses phases successives et régulières. La Lune est l’instrument de mesure universel. Le même symbolisme relie entre eux la lune, les eaux, la pluie, la fécondité des femmes, celle des animaux, la végétation, le destin de l’homme après la mort et les cérémonies d’initiation.

    La Lune est merveilleuse car elle est à la fois mythe et force réelle et physique. L'homme a voulu l'atteindre. Il a construit des fusées qui sont arrivées jusqu'à elle, des astronautes ont foulé son sol. Ils en ont ramené des cailloux qu'ils ont ensuite étudiés mais ils n'ont pas réussi à la déflorer. Elle reste énigmatique et, dans l'imaginaire, la Lune est un grand symbole de fécondité et de résurrection.

    Au début de la création, le Soleil et la Lune brillaient d'une lumière égale, éclairant la Terre chacun à leur tour, le Soleil le jour et la Lune la nuit. Jusqu'au jour où la Lune voulut comparer sa lumière à celle du Soleil.

    Le Soleil et la Lune réunirent alors leurs enfants – les étoiles – et leur demandèrent de choisir. Et les étoiles, à l'unanimité, dirent que la lumière la plus brillante était celle de la Lune puisqu'elle pouvait changer la nuit en jour. En colère, le Soleil ramassa une poignée de cendres et la jeta au visage de la Lune.

    Depuis ce jour son éclat a terni et on peut toujours voir les cendres à sa surface. Les étoiles, effrayées, se réfugièrent auprès de leur mère : c'est pourquoi elles brillent seulement pendant la nuit.

    On considère généralement le Soleil comme un principe actif, masculin et la Lune comme un principe passif, féminin puisqu'elle réfléchit la lumière du Soleil. La Lune est liée à la femme, à la fertilité sous toutes ses formes de l'agriculture à la procréation. Ishtar [2], Artémis [3], Hécate [4] et Isis sont des déesses qui ont servi le culte lunaire.

    Remarquons également que la Vierge Marie ou Immaculée conception est souvent représentée sur un croissant lunaire. On peut voir beaucoup de ces représentations en Belgique de même qu’à Sintra au Portugal.

    Pour ma part je ne crois pas qu'il s'agisse de montrer la victoire des Chrétiens sur les Ottomans à la bataille de Lépante ou des cornes du diable que la Vierge terrasserait mais plutôt d'une récupération de mythes plus anciens comme celui d'Isis ou d'Artémis. Le Concile d’Éphèse a remplacé le culte très puissant  d'Artémis, dont la Lune est un des attributs, par celui de la Vierge avec le même attribut. N'oublions pas qu’Éphèse est aussi un des lieux de « dormition » de la Vierge. Saint Paul a certainement une bonne part de responsabilité dans tout cela !

    Et n'oublions pas non plus que lorsque la religion chrétienne est devenue religion d'Etat avec l'appui de l'Empereur d'Orient, tous les cultes païens ont été interdits sous peine de sanctions très graves pour ceux qui auraient perpétué la tradition.

    Il me reste à évoquer une dernière considération : la place de la Lune par rapport au plateau du Frère Secrétaire. Pourquoi cette association ?

    J’ai trouvé une réponse à cette question dans un ouvrage de Daniel Béresniak relatifs aux offices et aux Officiers de la Loge. Permettez-moi de le citer.

    « De même que la Lune croit et décroît et change jour après jour, selon le moment de son cycle, de même les tracés sont inégaux en grosseur, en densité, selon la nature et le contenu des réunions. Ils sont à chaque fois différents et reviennent toujours à des formes initiales. Ils marquent le rythme et découpent le temps. Ils sont destinés à laisser des traces des Travaux dans le monde profane et, à ce titre, ils sont comme la Lune, la connaissance indirecte et la Lumière dans les Ténèbres ».

    Il me semble temps à présent de conclure.

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    Une planche sur la Lune ne devrait être tracée ou présentée qu’un lundi. En effet, lundi ou « dies lunae » en latin se traduit par « jour de la Lune ». Ceci est vrai en français, en anglais, en allemand et même en japonais.

    Quoi de plus triste et sombre qu’une nuit sans lune ! Mais si sa lumière est pâle, elle éclaire le monde et guide les peuples. Comment se dirigeaient les anciens et les navigateurs, si ce n’est grâce à elle et aux étoiles ?

    La Lune a toujours fait rêver les hommes, a toujours nourri l’imagination des écrivains. La science-fiction n’est-elle pas née grâce à elle : est-elle habitée ?

    Les scientifiques s’y sont intéressés jusqu'à y poser le pied : « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » a dit l’astronaute Neil Armstrong.

    Et ils l’ont démystifiée : ce n’est plus qu’un caillou aride et sans eau apparente. Bien sûr il y a Mars et ses soi-disant petits hommes verts, mais la Lune est plus proche de nous, on peut la voir, on peut dire qu’on peut presque la toucher ; la Lune est un astre accessible.

    Ce Midi, je souhaitais seulement et fraternellement vous apporter un « Clair de Lune » dans la Connaissance de la « Reine de la Nuit », mais, comme un miroir lunaire, il n'est que le pâle reflet du Soleil qui est la véritable Lumière du Franc-maçon dont il est le Fils. 

    Mon temps d’apprentissage m’a apporté beaucoup de joies : joie d’avoir été accueilli, moi qui, le temps de l’Épreuve de la Terre, avais l’impression d’avoir été rejeté loin de la Lumière ; joie d’avoir commencé à apprendre ; joie d’avoir vu et écouté ceux qui allaient devenir mes Frères ; joie de savoir que ce n’était que le commencement, le début de mon parcours spirituel sur la Colonne du Septentrion, où il est dit que je ne pouvais supporter qu’une faible lumière !

    R:. F:. A. B.

    [1] Les indiens de langue Gé (Apinayé, Xavantes, et Kayapo) habitent l’est du Brésil.

    [2] Une grande et puissante civilisation a autrefois fleuri en Mésopotamie. À cet endroit, aujourd'hui l'Irak moderne, incluaient les royaumes de Sumer, d'Akkadie, d'Assyrie et de Babylone, bien que sa culture et son influence toucha plusieurs autres régions du Moyen-Orient. Sumer autrefois révélait une culture qui accordait aux femmes un statut équivalent aux hommes, et dans laquelle on vénérait principalement la déesse Ishtar, déesse lunaire de vie et d'amour, appelée la Prostituée de Babylone dans la Bible.

    [3] Dans la mythologie grecque, Artémis est la déesse de la Chasse, et une des déesses associées à la Lune (par rapport à Apollon, qui est lui, associé au Soleil). Elle est assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane. Ses attributs sont le cerf, l'arc en or le carquois et les flèches.

    [4] Dans la mythologie grecque, Hécate est une déesse de la Lune, fille du Titan Persès (ou bien de son homonyme, Persès fils d'Hélios selon les traditions) et de la Titanide Astéria, la nuit étoilée, et est originaire de Thrace. On considère parfois qu'elle est la fille de Tartare. Certains auteurs en font la mère de Scylla, qu'elle aurait eue avec Phorcys ou bien Apollon.

    Bibliographie

    Béresniak DanielLes offices et les officiers de la loge

    Editions Detrad, Paris, 2008

     

    Hover Jean & Vernon ClaireLe Soleil et la Lune

    La Maison de Vie, Fuveau, 2002

     


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