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* Que venons-nous faire en Loge ?
Que venons-nous faire en Loge ?
Introduction
Nous sommes à peu près tous convaincus que la Franc-maçonnerie vise au bonheur de l’Humanité par le perfectionnement des personnes, que notre Institution travaille à l’amélioration de l’Homme par la réflexion personnelle, en lui offrant une ambiance et des outils symboliques d’un usage universel.
La présente planche se veut une réflexion sur la manière dont ces objectifs peuvent se réaliser par le biais du Travail en Loge. Dès lors, la question fondamentale qui se pose, c’est : « Que venons-nous faire en Loge ? ».
Vous pourriez simplement me répondre que nous venons nous initier, essayer de devenir individuellement meilleur, avec l’espoir d’un peu de progrès pour l'Humanité. Mais la Franc-maçonnerie n’est qu’une voie de perfectionnement parmi d'autres.
Il nous faut donc trouver une réponse plus précise. Certains d’entre vous me répondront cette fois : « Vaincre nos passions, soumettre nos volontés, et faire de nouveaux progrès en Franc-maçonnerie », réponse que l’on trouve dans les anciens catéchismes de la Franc-maçonnerie spéculative.
Alors permettez-moi de vous offrir une piste de réflexion parmi d’autres : l'objet premier de la Franc-maçonnerie n’est-il pas la recherche de la Lumière, la quête de la Connaissance ? Le rituel de la cérémonie d’Initiation nous le confirme : ce que nous venons chercher en Loge, c’est effectivement la Lumière ! Mais tentons d’être encore plus précis !
Mais que venons-nous réellement faire en Loge ?
Combattre nos vices et faire des progrès dans la Franc-maçonnerie : telles sont, rituellement, les raisons pour lesquelles nous sommes en Loge. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela signifie d'abord que le Franc-maçon sait qu'il a des défauts qu'il doit corriger et des faiblesses pour lesquelles il doit fournir des efforts. Il éprouve donc le besoin de s'améliorer. Pour cela, il doit prendre conscience de ses défauts, s'efforcer de les combattre et de devenir meilleur en travaillant sur lui-même au moyen des outils symboliques que la Loge met à sa disposition.
Le devoir d'un Franc-maçon – notre devoir, mes Frères – est de fuir les vices et de pratiquer les vertus en préférant à toutes choses la Justice et la Vérité. Et c'est dans la Loge que nous, Francs-maçons, effectuons ce travail. Pour cela, nous devons être assidus et persévérants, participer aux Travaux en Loge et apporter notre modeste contribution chaque fois que cela est possible. La présence en Loge est nécessaire ; elle est même indispensable, mais elle n'est pas suffisante. Par son travail, chacun de nous doit être « une colonne vivante du Temple ».
Le Franc-maçon doit d'abord travailler pour son propre perfectionnement. Il doit également persister sans relâche dans la recherche de la Vérité, en étant toujours plus exigeant vis-à-vis de lui-même et tolérant à l’égard de ses Frères.
Cela veut donc dire qu'avant d'envisager toute action sociale, le Franc-maçon doit entreprendre une action individuelle. Il doit s'imposer une discipline rigoureuse, celle de travailler sur lui-même au moyen des rites et des symboles, tout en s'appuyant sur le soutien de ses Frères en Loge. Il doit travailler à la taille de sa pierre, pour en ôter inlassablement les aspérités, l'équarrir pour la rendre parfaite en vue de sa destination finale. Il doit s’efforcer de combattre ses défauts pour occuper sa juste place dans la Loge et, par-delà, dans la société.
Le plus difficile, mais en même temps le plus important, ce n'est point d'ambitionner de changer le monde ; c'est davantage de s’efforcer de se changer soi-même et d'abord en apprenant à se connaître. Être un Franc-maçon, c'est se connaître et se situer avant de vouloir tout changer. En effet, il ne manque pas de personnes qui sont prêtes à changer le monde, mais combien de réformateurs ou de révolutionnaires ont-ils été capables de réaliser leurs objectifs dans la durée, faute d'avoir fait ce travail sur eux-mêmes ?
La Franc-maçonnerie nous dit aussi que nous devons nous efforcer de construire le temple de l'humanité, c'est-à-dire de réaliser une société meilleure, plus juste et surtout plus humaine.
Les « Constitutions d'Anderson », nous indiquent que le Maçon doit œuvrer pour la paix et le bien-être de la Nation. Mais avant de vouloir réformer la société, ou en même temps, le Franc-maçon doit s'auto-réformer, se changer lui-même. Un des aspects de cette auto-réforme, c'est d'accepter que les autres ont autant de valeurs que nous, que les qualités intrinsèques de chacun de nous n'ont rien à voir avec les différences de statut social ; que quelque soit notre rang ou notre fortune, nous sommes l'égal de l'autre et l'autre est l'égal de nous.
Poussons la réflexion plus en avant encore et tentons de comprendre pourquoi nous sommes devenus Francs-maçons.
Pourquoi suis-je Franc-maçon ?
Nous sommes Francs-maçons parce qu’un jour nous avons frappé à la porte du Temple et que la porte nous a été ouverte ! Nous avons ensuite demandé la Lumière et des Frères nous l'ont accordée ou plus exactement ils nous ont donné les outils nécessaires pour la rechercher. Nous avons donc été initiés, c'est-à-dire que nous avons accepté de nous soumettre à un ensemble de rites d'initiation qui nous ont permis d'entrer dans la fraternité maçonnique.
Nous sommes des Francs-Maçons parce que nous sommes en quête de Lumière, celle qui guide notre chemin obscur vers la vérité humaine, notamment la prise de conscience de la valeur intrinsèque de tout être humain. Sur le vaste chantier de l'humanité, nous sommes des ouvriers dispersés qui travaillent à l'édification du Grand Œuvre. La Franc-maçonnerie nous permet de nous connaître, de nous reconnaître, de nous assembler et d'espérer ainsi réaliser un monde meilleur, à la condition que nous travaillions inlassablement sur nous-mêmes.
Mes Frères me reconnaissent pour Franc-maçon. Je suis donc Franc-maçon parce qu'un jour j'ai décidé de demander à le devenir, sans savoir au préalable en détails ce que cela impliquerait comme contrainte et obligation.
Il s'agit donc d'une démarche réfléchie, mûrement réfléchie. Je suis devenu Franc Maçon, un homme libre et de bonnes mœurs dans une Loge libre.
Cette démarche « libre » est cependant fondée sur une croyance, une utopie, un pari. Qu'elle soit par cooptation ou par candidature spontanée, l'adhésion à la Franc-maçonnerie est fondée sur un pari. Elle repose sur la conviction a priori que la Franc-maçonnerie est un lieu où l’on peut se cultiver ; un lieu où l’on cultive ce que les philosophes anciens appelaient la vertu, c'est-à-dire que nous apprenons à vivre avec les autres, dans la différence et la tolérance. Car la Franc-maçonnerie est une « communauté de contacts où cohabitent le bon et le mauvais ».
Mais pourquoi avons-nous décidé de franchir ce pas pour devenir Francs-maçons ? C'est sans doute parce que les possibilités qu'offre la vie profane sont limitées et parce que la vie symbolisée par l'acquisition des biens matériels est insatisfaisante.
Il y a donc une recherche de quelque chose de plus, une recherche de ce que certains appellent un supplément d'âme, quelque chose que ni la religion ni la politique ne permettent de réaliser. Ce quelque chose c'est l'unité de l'Être, le Centre de l'Union. Nous venons en Loge chercher ce que la vie profane ne peut nous donner : l'intégration de l'Être et la participation au tout de l'universel.
A travers les systèmes politiques, les doctrines et les religions, les sociétés nous offrent des clivages et des visions opposées de la vie. Division entre gauche et droite, entre catholiques et protestants, entre musulmans, chrétiens et juifs, entre religieux et athées, entre religieux et laïcs, etc. Autant de divisions constitutives de l'identité des groupes sociaux, mais insatisfaisantes pour celui qui cherche autre chose, insuffisantes pour l'homme de bonne volonté qui cherche à transcender les divisions pour aller vers l'Union.
Si les divisions sont socialement nécessaires à la vie profane, nous savons qu'elles sont insatisfaisantes si l'on raisonne au niveau des individus dans une perspective universelle et transcendantale.
N'avons-nous pas tous fait, une fois ou l'autre, l'expérience que des individus, que bien des choses auraient pu séparer ou opposer, trouvent des points communs leur permettant de transcender leurs différences statutaires ou sociales et de travailler ensemble par-delà leurs divergences ? La Franc-maçonnerie ne vise-t-elle pas à réunir ce qui est épars ?
La Franc-maçonnerie nous offre la possibilité d'expérimenter d'autres modes du vivre ensemble, d'autres manières de concevoir les relations sociales ; d'autres conceptions de l'homme qui placent au centre les qualités intrinsèques de chacun.
A notre manière, nous expérimentons en Loge – probablement le seul lieu actuellement possible – un mode d'organisation égalitaire. Chacun de nous, indépendamment de ses capacités, de son statut ou de ses richesses éventuelles, est l'égal de l'autre du point de vue des droits et des devoirs et du point de vue du Travail maçonnique. Aucun n'est destiné à faire une chose ou une autre ; aucun n’est destiné à commander ou à obéir. Nous sommes tous appelés à tour de rôle à assumer des responsabilités, à diriger mais aussi à obéir.
C'est cette possibilité que la Franc-maçonnerie nous donne de vivre et d'expérimenter un mode de relations horizontales, qui est à la base de notre adhésion et la raison pour laquelle nous avons frappé à la Porte du Temple.
C'est donc parce que nous étions insatisfaits de ce que la vie profane nous offre, que nous sommes venus chercher ce qu'aucune organisation profane ne peut offrir : la possibilité de travailler sur soi au moyen d'outils symboliques pour nous améliorer et œuvrer par là-même à l'amélioration du temple universel de l'humanité.
La Franc-maçonnerie est, avant tout, un Ordre initiatique, non doctrinal. Elle ne nous impose pas une pensée. Elle nous propose une méthode de réflexion fondée sur les symboles et l’analogie. La fonction première d’une Loge maçonnique régulière est de pratiquer des rituels initiatiques et de consacrer ses efforts à l’Initiation.
A présent que nous avons mieux cerné l’objet de nos Travaux, tentons de préciser ce qu’est une Loge maçonnique !
Qu’est-ce qu’une Loge maçonnique ?
Dans la terminologie maçonnique, on appelle « loges » ou « ateliers » les groupes de base de la Franc-maçonnerie. Les Loges se caractérisent par un titre distinctif, souvent un numéro d'ordre et un Orient, c'est-à-dire le lieu où se réunit la loge.
Le terme « loge » recouvre en fait un certain nombre de notions. Ce peut être :
- le local où les Francs-maçons tiennent habituellement leurs Tenues ;
- l’assemblée des Maçons réunis rituellement pour accomplir ensemble un travail d’ordre initiatique ;
- l’entité qui prend corps au cours des cérémonies.
Il n’existe pas de loge sans membres, sinon elle tombe en sommeil ou disparaît. Inversement, il n’existe pas de Francs-maçons actifs sans Loge. Chaque Loge a sa spécificité, sa personnalité, reflet constitutif de l’ensemble des membres qui la composent. Creuset privilégié du travail maçonnique, sa fonction essentielle est de transmettre en initiant de nouveaux maillons.
Le « temple » peut parfois désigner le local qui abrite le travail des Maçons, alors que la « Loge » peut représenter le groupement vivant qui se réunit dans ce lieu appelé « temple », mais la valeur intrinsèque du mot « loge » est l’entité qu’elle illustre.
Traditionnellement, quand on parle du Temple, il ne peut s’agir que du Temple de Jérusalem, et plus particulièrement du Temple construit par Salomon. Il n’y a sur ce point aucun doute possible.
Les Francs-maçons étant les ouvriers occupés à construire « le Temple », la Loge ne peut, par définition, être appelée Temple. Cette appellation impliquerait de plus qu’il s’y déroule des cérémonies religieuses, ce qui n’est absolument pas le cas !
Bien que la quasi-totalité des rituels d’origine soient sans ambiguïté, une confusion s’établit quelquefois du fait qu’on est amené, pour des raisons pratiques, à donner pour nom au local où se déroulent les Tenues et que l’usage a consacré celui de Temple.
Soyons attentifs aux instructions très précises contenues dans les préliminaires du Rite (belge) Moderne selon lesquelles il faut utiliser le vocable « loge » et non celui de « temple ».
La loge n'étant pas le temple, il faut éviter de parler du « temple », de « la porte du temple », etc. Le mot « Temple » ne doit donc être utilisé que lorsqu'il est effectivement fait allusion au Temple de Salomon.
En théorie, une loge ne peut être ouverte qu'avec au moins sept membres. Certaines obédiences exigent dans ce cas qu'ils possèdent tous les sept le grade de Maître. Seules les loges disposent du pouvoir, essentiel en Franc-maçonnerie, d'initier de nouveaux membres.
La Franc-maçonnerie est, avant tout, un Ordre initiatique, non doctrinal. Elle ne nous impose pas une pensée. Elle nous propose une méthode de réflexion fondée sur les symboles et l’analogie. La fonction première d’une Loge maçonnique régulière est de pratiquer des rituels initiatiques et de consacrer ses efforts à l’Initiation. Le premier objectif d’une Loge maçonnique est donc d’initier des Profanes.
Dès lors une nouvelle question se pose :
Qu’est-ce que l’Initiation ?
L’initiation est le facteur qui met l’individu sur cette voie de réflexion que nous propose la Franc-maçonnerie. C’est une méthode non directive, personnelle, dans le cadre d’une progression organisée. La voie de l’initiation renvoie continuellement l’individu à lui-même. Elle le conduit à se poser des questions et à chercher des réponses personnelles sur la voie du célèbre adage socratique « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et ses dieux ». Celui-ci résume le sens et la raison de l’Ordre maçonnique dont la mission est d’unir l’homme intérieur à l’homme social et à l’univers. Cette mission est inscrite dans les constitutions de l’Ordre et est véhiculée par ses traditions.
L’Initiation est à la fois la chose la plus difficile et la plus simple. La plus difficile car elle exige de tout individu qui la reçoit, humilité et persévérance. La plus simple, car il suffit, si l’on peut dire, de vouloir l’initiation de tout son être pour que les portes s’ouvrent. De tout son être, autrement dit, en totale simplicité, de manière que la vie en esprit emplisse réellement l’être qui devient « simple en esprit ». Mais que d’efforts pour y parvenir !
Venant du latin « initium » qui se traduit par « commencement », le mot « initiation » évoque donc étymologiquement le début de cycle, l’apprentissage d’un savoir nouveau. Mais pour un jeune Apprenti, son Initiation est, avant tout, le début d’une vie nouvelle et d’une nouvelle manière d’envisager l’existence.
Par l’Initiation, le Néophyte entre dans un monde particulier en découvrant un autre aspect de lui-même. L’Initiation est donc un départ sur la voie mais c’est aussi la voie elle-même car l’Initiation induit un processus continu. Ce concept implique l’idée que la Vie est régie par des lois que notre entendement ne peut pénétrer de façon immédiate ni évidente. Y accéder suppose une participation de l’être par son intellect et sa sensibilité. Cet effort est le témoignage d’un désir et ne peut s’exprimer que dans le cadre d’une méthode transmise par l’effet d’un rituel.
Peut-on parler de l’Initiation sans évoquer le symbole ? Ne devrait-on pas dire que l’Initiation est la voie symbolique et que celle-ci conduit à l’Initiation ?
Par le rite, l’Initiation met le symbole en action puisque celui-ci nous relie à la partie invisible de nous-mêmes.
L’Initiation est donc une nouvelle naissance et celle-ci est symbolique. Il nous faut, à ce stade, rencontrer et vivre le symbole au plus profond de nous-mêmes.
Lorsque des Frères vivent l’Initiation en Loge, ils se créent les uns par les autres et ils découvrent des paysages de l’esprit que seule une authentique communion fraternelle permet d’atteindre.
Notre Initiation a donc pour but de construire, ce qui n’exclut ni la méditation, ni l’accomplissement individuel. Réunis à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, nous tentons d’édifier une œuvre qui dépasse nos existences et qui ne nous appartient pas.
L'Initiation marque pour celui qui la vit le passage d'un monde à un autre, de l'obscurité à la clarté, de l'inculte à la culture, de l'ignorance au savoir et du profane au sacré.
La Réception au premier degré de la Franc-maçonnerie n’est que la première étape d’une quête. Chaque étape procède de la précédente et prépare la suivante. Les faits et gestes de chaque cérémonie sont destinés à sensibiliser la réflexion du candidat sur un nouveau sujet ou une nouvelle manière d’aborder un sujet qui se renouvelle. Le but du travail sur cette voie passe par la réalisation de soi-même.
Un jeune Apprenti peut probablement s’apercevoir très vite que cet esprit qui anime la Maçonnerie peut rivaliser avec la plus belle et la plus altruiste des philosophies parce que la Maçonnerie veut mettre toutes les croyances sur pied d’égalité, pourvu qu’elles soient non dogmatiques, c’est-à-dire indulgentes et sincères.
Il ne tardera pas à sentir que le code d’honneur des Maçons est vraiment l’un des plus beaux, l’un des plus limpides. Le respect du code d’honneur implique, bien sûr, des devoirs, des devoirs de respect des lois maçonniques, des devoirs de fraternité, de solidarité et de tolérance entre Frères et à l’égard des personnes qui les entourent dans la vie quotidienne.
Si cela ne fait pas de nous des anges, au moins la Maçonnerie nous apprend à nous débarrasser peu à peu de nos plus gros défauts. C’est ce que nous appelons « tailler notre Pierre ».
Chacun poursuit ensuite son propre chemin initiatique. A condition de ne jamais s’arrêter de progresser, donc d’aller le plus loin possible, il procure au moins de sérieuses victoires sur soi-même.
Voilà un des plus grands secrets de la Franc-maçonnerie : c’est une initiation poursuivie sans relâche ; c’est le voyage lui-même qui compte et non pas son but.
Nous sommes donc des Francs-maçons. Qu’est-ce à dire ?
Qu’est-ce qu’être Maçon ?
Etre Maçon, c’est donc être profondément humain dans la bonté, la justice et la tolérance, dans l’amour du Bien et du Vrai. C’est ce secret que nous sommes venus chercher ici, tous étant ce que nous sommes ; c’est ce secret que nous espérons que tout nouvel Initié nous aidera à chercher, pour son bien… comme pour le nôtre.
Ce n’est pas en quelques instants qu’on devient plus sage et meilleur ; c’est par un travail continu parmi ses Frères, avec eux, mais surtout, par un travail opiniâtre sur lui-même que le jeune Apprenti pourra accéder à une connaissance plus grande et plus complète d’abord de lui-même, puis d’autrui. Car c’est en jugulant le repos complaisant et confortable des habitudes égoïstes qu’on perçoit ce qu’on peut apporter à d’autres, peut-être moins favorisés. En les aidant, en leur tendant une main secourable, en les guidant s’ils le demandent, le Maçon augmente la richesse et la perfection dans son cœur.
Personne ne peut être poussé vers le Bien et le Beau s’il ne désire ardemment y accéder. De sa propre impulsion, il devra s’y engager résolument, car ce ne sont ni des mots ni des gestes rituels qui font de lui un Maçon : c’est un devenir continu et persévérant. C’est un travail permanent et de longue haleine que de tailler et polir la Pierre brute, sa Pierre brute.
La Maçonnerie est profondément imprégnée d’un esprit fraternel que le jeune Maçon découvrira au contact de ses Frères. Cet esprit ne s’obtient réellement que par un travail incessant. Et c’est une joie pour eux de le voir dès cet instant prendre en main leurs outils symboliques. Mais …
Qu’est-ce qu’un Frère ?
Pour moi, un Frère, c’est un Profane qui, comme moi, a eu la chance d’être choisi puis parrainé, un être qui a reçu l’Initiation et qui, reconnu par nous tous, a accepté d’être placé au début d’un cheminement spirituel qui lui sera propre, dans la quête de la Lumière et de la fraternité, en travaillant sur lui-même d’abord pour tenter de se connaître et de s’améliorer au contact de ceux qui ont choisi le même idéal.
Puisque nos Frères nous reconnaissent comme tels, nous sommes donc membres à part entière de cette grande fraternité qu’est la Franc-maçonnerie. Reste à préciser à présent ce que nous entendons par « fraternité maçonnique ».
Qu’est-ce que la fraternité ?
La Grande Loge Régulière de Belgique nous dit que « pour les Francs-maçons en général, la fraternité désigne surtout le lien privilégié qui unit les Maçons et les oblige particulièrement ».
Cette fraternité des Francs-maçons procède d’abord d’un choix libre, celui qui pousse le Profane à entrer en Maçonnerie. Par la suite, l’Initiation en fera un des buts essentiels qu’il poursuivra dans sa quête.
Mais si la fraternité est la base de la Franc-maçonnerie, celle-ci ne crée pas de manière spontanée la fraternité, pas plus que la fraternité ne se décrète. Le Franc-maçon chemine vers la fraternité et y parvient par le Travail.
Cette fraternité, le Maçon la rencontre à trois niveaux :
- dans les origines de la Maçonnerie ;
- dans son symbolisme, c’est-à-dire ce qui rassemble les Maçons et tout particulièrement celui du rituel et de l’architecture du Temple où se réunit la Loge, avec son Pavé mosaïque, les lacs d’amour de la corde qui orne ses murs, avec la Chaîne d’union que pratiquent ses membres ;
- et enfin dans l’action du Maçon en dehors de la Loge.
« Pour les Francs-maçons réguliers, le terme « fraternité » implique d'abord que tous les hommes sont frères et qu'à ce titre, ils ont droit à notre respect et à notre aide. Mais ainsi conçue, la fraternité ne se distingue pas d'autres notions générales telle la fraternité chrétienne, la fraternité des armes ou la fraternité universelle, valeur issue de la Révolution française » (G.L.R.B.).
En réalité la fraternité trouve sa source dans le fait que chaque Franc-maçon régulier, par l'Initiation qu'il a reçue, s'engage dans une voie commune de recherche et de progrès spirituel. Chacun se trouve uni aux autres Maçons par l'expérience partagée d'un symbolisme vécu et éprouvé, et par le désir de tous de former une communauté initiatique. En recevant le nom de « Frère », l'Apprenti devient un maillon de la chaîne ininterrompue reliant tous les Initiés, ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui et ceux de demain.
Par des voies souvent très différentes, les Francs-maçons vont vers la Lumière : mais c'est leur souci commun. Il paraît évident que sur cette base naissent et se développent des amitiés personnelles très fortes, que les Maçons s'accordent – ou devraient s’accorder – à faire régner entre eux un climat de respect et d'affection réciproques.
La présence du vrai Maçon aux Tenues de son Atelier apporte à ses Frères un concours inappréciable d’énergie psychique. Il contribue à charger cette pile de dynamisme humain dont les membres réellement actifs d’une Loge sont les éléments constitutifs. Si chacun prend la Maçonnerie à cœur, s’il s’inspire de son idéal et s’enthousiasme pour son œuvre, chacun des membres de la Loge y puisera une force immense. Mais tout cela suppose évidemment une fréquentation assidue de la Loge.
On fait souvent de l’assiduité une obligation. Mieux, c’est une discipline, comme la mise à l’ordre, la marche, les batteries et la prise de parole. Nous ne venons pas en Loge uniquement parce que nous sommes simplement intéressés par ce qui s’y passe ou ce qui s’y dit : ce serait une erreur. Nous confondrions la Loge avec un « service-club ».
C’est pourquoi la fréquentation de la Loge représente une obligation afin que se forge la fraternité et pour que s’élabore cette relation complexe entre tous les Frères rassemblés par un désir commun, par une volonté partagée et inspirés par une même aventure spirituelle. Ne désigne-t-on pas nos réunions par l’expression «Tenues d’obligation» ?
La fréquentation de la Loge est liée au travail. Certes nous y trouvons le plaisir des retrouvailles mais Maîtres et Compagnons doivent montrer en tout temps l’exemple et prendre part aux travaux de l’Atelier avec une scrupuleuse assiduité.
L’assiduité, c’est la présence régulière aux Tenues comme aux séminaires. Elle est primordiale car, pour progresser, il est indispensable de suivre un rythme de travail et de rencontres. Sans assiduité, le travail à opérer sur soi-même semble difficile car il implique le concours et l’aide de tous les Frères.
Certains se font chercheurs, d’autres assument la responsabilité de la transmission ; d’autres encore se soucient des ressourcements nécessaires ; d’autres enfin plongent sans doute dans le mystère de la méditation.
Le moment me semble venu de conclure, du moins provisoirement…
Pour conclure, du moins provisoirement
Si le but suprême de la Franc-maçonnerie est la recherche de la Lumière, encore faut-il donner un sens plus personnel à cette expression et de chercher des réponses de plus en plus précises aux questions suivantes :
- Que suis-je venu faire parmi mes Frères ?
- Chercher la Lumière ? Pourtant je n'ignore pas qu'elle ne se confère point !
- Que peut-elle être ? Certains y croient et l'appellent « Dieu ».
D'autres pensent la détenir et l'appellent « Raison ».
Enfin certains la devinent et la cherchent : ils l'appellent « la Vérité ».
- La Lumière, n’est-ce pas avant tout la connaissance de soi ?
Je pense que c'est en nous-mêmes qu'elle se trouve et qu'elle apparaîtra une fois que nous serons sortis des Ténèbres. Ce qui importe donc, finalement, c'est de chercher.
Pour pouvoir travailler en vue de notre élévation spirituelle, il nous faut construire nos connaissances par nos lectures, par nos recherches personnelles, par l'introspection, par l'écoute attentive des points de vue exprimés par nos Frères plus anciens, par l’expression de leur expérience et par les ajustements appropriés de nos Surveillants.
Pour pouvoir participer à l'amélioration du Monde et des Hommes en particulier, il nous faut en premier lieu songer à notre perfectionnement personnel, à devenir une Pierre bien taillée, adaptable dans l'édification du Temple idéal dont nous devrions devenir les pierres parfaites.
Le Franc-maçon peut trouver dans l’écoute des autres, dans leurs expériences… de nouveaux axes de recherches, d’études, de découvertes qui vont le faire progresser. Tant que l’apport est positif chacun des Frères a un véritable intérêt à participer aux Tenues.
La fréquentation assidue de sa Loge devient donc pour le Franc-maçon une source d’enrichissements constants et progressifs sur trois plans :
- sur le plan humain, car il lui est permis de rencontrer des hommes d’exception dans des domaines différents ;
- sur le plan initiatique, où la Maçonnerie permet de faire le lien entre les différents courants d’éducation, de spiritualité, de pratique, de croyance… en fonction des origines, des passés, des attirances, des recherches… des participants afin de découvrir que la gloire du bel ouvrage est largement partagée ;
- sur le plan spirituel, où notre symbolisme du travail permet de prendre conscience qu’il n’y a pas de séparation entre le matériel et le spirituel, entre le spéculatif et l’opératif et que notre véritable épanouissement est certainement dans le bien-faire quotidien.
R :. F :. A. B.
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