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* Trois Frères Maitres – Trois Piliers
Trois Frères Maitres – Trois Piliers
Introduction
Le « Tuilage » de l’Apprenti nous enseigne que « Trois Lumières dirigent la Loge, que « cinq l’éclairent » et que « sept la rendent juste et parfaite », mais aussi que « la Loge repose sur trois Piliers : Sagesse, Force et Beauté ». Tel est le sujet principal de la présente planche.
Trois Piliers et trois Chandeliers
Idéalement, le Pilier « Sagesse » est représenté par l’ordre ionique, le pilier « Force » par l’ordre dorique, et le pilier « Beauté » par l’ordre corinthien. Mais, de nos jours, il n’est pas rare que les trois supports ou « Piliers » aient non seulement la même hauteur mais également la même matière sans style particulier.
Parmi les symboles maçonniques, il y en a peu qui soient aussi méconnus que les trois Piliers. La raison principale réside dans le fait qu’ils ne figurent que très rarement sur le Tableau de Loge d’Apprenti. C’est pourquoi une confusion est souvent faite avec les deux Colonnes à l’Occident de la Loge qui, elles, sont représentées sur le Tableau de Loge. Et comme une colonne ne se différencie pas d’un pilier en général, tous les deux étant une élévation verticale reliant la Terre au Ciel, il en est résulté une confusion souvent entretenue par divers auteurs.
Chacun des trois Piliers correspond à l’un des trois principaux Officiers de la Loge :
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le premier, dénommé « Sagesse» est affecté au Vénérable Maître pour inventer ;
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le deuxième, dénommé « Force» est affecté au Premier Surveillant pour diriger ou exécuter ;
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le troisième, dénommé « Beauté» est affectée au Second Surveillant pour orner.
Au Rite Moderne et au Rite Français notamment, les trois Piliers sont placés en équerre à trois angles du Tableau de Loge. L’un à l’Orient, côté Midi ; le deuxième à l’Occident côté Nord ; le dernier à l’Occident, côté Midi.
Aux Rites Émulation et Écossais Ancien Accepté, le Pilier « Sagesse » est placé à l’Orient, près de l’autel. Le Pilier « Force » se trouve à l’Occident, à gauche de la porte d’entrée, jouxtant le pupitre du Premier Surveillant. Le Pilier « Beauté » trône au Midi, à côté du Second Surveillant.
Au Rite Écossais Rectifié, les trois Piliers sont disposés en équerre au centre de la Loge. La Sagesse se trouve à l’angle sud-est, la Force à l’angle sud-ouest et la Beauté à l’angle nord-ouest.
Les trois grands Piliers définissent les limites de la Loge dans son aspect conceptuel par une surface en forme de carré long et un volume en proportion dorée.
Les trois Piliers devraient délimiter l’espace du Pavé mosaïque, mais souvent celui-ci recouvre toute la surface de la Loge. Ils symbolisent la réalisation spirituelle de l’Initié sur les lumières desquelles repose la Loge et se construit le Temple. Ces trois supports sont plutôt des élévations, comme le symbolisent les trois petites flammes qui les surmontent. La Sagesse a la capacité de concevoir l’ouvrage, la Force de le construire, la Beauté de lui donner l’harmonie et d’exprimer à l’extérieur ce qu’il contient intérieurement.
Parfois dénommés « grands Flambeaux » ou « grands Chandeliers », les Piliers se disposent selon un tracé spécifique au rite. Pour Christian Guigue, les trois piliers sont investis d’une valeur symbolique correspondant aux vertus : Sagesse, Force et Beauté.
Dans tous les rites, il est procédé à l’allumage de trois grands Chandeliers au moment du rituel d’Ouverture des Travaux. L’emplacement des Chandeliers dans la Loge varie selon le rite qui y est pratiqué.
Les trois Officiers principaux de nos Loges sont désignés comme étant des « Lumières ». Ainsi, à l’Ouverture de chaque Tenue, le Vénérable Maître étant le seul Officier à détenir la Lumière, il la communique aux deux Surveillants. Comment ?
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Au Rite moderne, les « Trois Lumières de la Loge » procèdent à l’allumage des piliers « Sagesse, « Force » et « Beauté » et communiquent ainsi la Lumière à toute la Loge.
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Au Rite Écossais Rectifié, seul le Vénérable Maître procède à l’allumage des trois Piliers. Après avoir dit « Entrons dans les voies qui nous sont ouvertes pour perfectionner nos travaux, et que la lumière la plus pure nous aide à les vérifier», le Vénérable Maître prend son boutefeu qu'il allume au chandelier de sa stalle et descend dans la Loge, par le Midi, pour allumer, en silence, les trois flambeaux maçonniques qui se trouvent autour du Tapis de Loge. Il regagne sa place, par le Nord, ayant ainsi effectué un tour entier de la Loge. Les deux Surveillants vont alors allumer leurs bougies aux deux flambeaux d'Occident. Le Frère Secrétaire va également allumer sa bougie au flambeau du Sud - Est, toujours en silence.
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Au Rite Écossais Ancien et Accepté, les déplacements et les actions sont exécutés par le Frère Maître des Cérémonies précédé du Frère Expert. S’il existe plusieurs variantes pour l’allumage des trois Piliers, retenons tout particulièrement celle-ci, observée à la R:. L:. « Les Vrais Amis » à l’Or:. de Retinne. Cette manière de procéder nous donne une explication quant au sens de chaque pilier. Les Frères Expert et Maître des Cérémonies sont chargés de l’allumage.
Lorsqu'ils procèdent à l’allumage du pilier Sud-Est, le Vénérable Maître dit :
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Que la Sagesse préside à la construction de notre édifice !
L’Orient s’illumine.
Lorsqu'ils procèdent à l’allumage du pilier Nord-Ouest, le Premier Surveillant dit :
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Que la Force le soutienne !
L’Occident s’illumine.
Lorsqu'ils procèdent à l’allumage du pilier Sud-Ouest, le Second Surveillant dit :
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Que la Beauté l’orne !
La pleine lumière règne dans la Loge.
Les bijoux des trois Maîtres
Dans la Loge, une série de trois bijoux sont qualifiés de « mobiles » car ils ne sont attribués que provisoirement, pour la durée d’un mandat :
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l’Équerre est attribuée au Vénérable Maître ;
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le Niveau est l’emblème du Premier Surveillant ;
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la Perpendiculaire est l’emblème du Second Surveillant.
Au Rite Écossais Rectifié, ces trois bijoux ont la signification suivante :
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l’Équerre est attribuée au Vénérable Maître comme emblème de la perfection des Travaux d’une Loge ;
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le Niveau, attribut du Premier Surveillant, est l’emblème de la régularité des Travaux qu’effectuent les Frères dans le Temple qu’ils élèvent à la vertu ;
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la Perpendiculaire, affectée au Second Surveillant qui doit veiller à ce que tous les Frères respectent fidèlement les lois et préceptes de l’Ordre, est l’emblème de la solidité des ouvrages maçonniques.
Ces éléments sont appelés « bijoux » parce qu’ils représentent ce que la Maçonnerie a de très précieux et qu’elle est la seule société initiatique à les utiliser. Ils sont le symbole de la transformation qui s’opère de l’Apprenti au Compagnon, puis du Compagnon au Maître, en même temps que des moyens mis en œuvre pour que l’alchimie puisse se faire.
Le Vénérable Maître et le Pilier « Sagesse »
Le Vénérable Maître
Tous les Francs-maçons de tous les rites sont d’accord sur un point : le Vénérable Maître d’une Loge est désigné – le plus souvent élu – par ses Frères pour la diriger et l’orienter vers la Lumière. Mais ce principe connait des applications fort différentes selon les Rites et selon les Loges, qu’il s’agisse de la vision de la fonction Vénérable, de sa nature réelle, de l’étendue de ses devoirs, du rôle effectif du Vénérable Maître, de son élection.
Pour simplifier la situation, observons qu’il existe deux conceptions principales : l’une fait du Vénérable Maître un simple dirigeant de Loge inclus dans une administration maçonnique, l’autre insiste sur sa dimension initiatique et symbolique. Entre ces deux pôles, bien des nuances existent ! La nature d’une Loge se traduit précisément par l’ampleur qu’elle attribue à la fonction de Vénérable Maître.
Le mot « vénérable » signifie « apte à l’amour ». Quand un Initié prononce les mots « Vénérable Maître », il fait appel et référence à un amour de nature cosmique, de manière qu’il s’incarne dans la Loge par l’intermédiaire de la fonction de Vénérable Maître, chargée de lui rappeler, par sa présence, son origine céleste.
La place du Vénérable Maître dans la Loge
Des rituels précisent que le Vénérable Maître siège ou se tient à l’Orient pour ouvrir la Loge, la diriger dans sa création (dans ses Travaux) et l’éclairer de ses lumières.
Les « catéchismes » maçonniques nous apprennent que le Vénérable Maître siège à l’Orient du Temple (de la Loge) où se trouvent en réalité, trois « petites » Lumières : « le Soleil, la Lune et le Maître de la Loge ». Le Maître de la Loge – le Vénérable Maître – est donc entouré de deux luminaires : le Soleil évoquant la lumière secrète de l’œuvre, et la Lune évoquant sa capacité de réalisation.
Cette simple disposition souligne le caractère cosmique de la personne symbolique du Vénérable Maître. Soleil et Lune sont les yeux du Principe créateur dont le Vénérable Maître, à l’Orient de la Loge, est le représentant symbolique. Équipé de cette vision d’ordre cosmique, il devient le regard capable d’illuminer la Loge et de prolonger ainsi l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers.
Ce déploiement de lumière dans l’espace sacré de la Loge suit le chemin des trois Grands Piliers, la Sagesse, la Force la Beauté (ou l’Harmonie). Ainsi se recrée un monde que concrétise la Loge afin de revivre l’instant où le Verbe s’incarne. A la circulation de la lumière correspondra la circulation de la parole, régulée par le Vénérable Maître. La qualité de l’œuvre accomplie en dépend.
A l’Orient, le Vénérable Maître est au contact du foyer énergétique originel et réalise une intercession avec le divin. Il s’apprête à agir, à rendre visible l’invisible, à accomplir le devoir majeur de sa fonction : la transmission de la Lumière. L’Orient est source de cette Lumière symbolisée par la flamme qui y brille de toute éternité, celle qui jaillit à chaque instant pour se déployer dans l’espace de toute création. Lors du Réveil de la Loge (en septembre), toute la Loge peut contempler le Vénérable Maître transmettre de sa main cette flamme, source d’illumination des trois Grands Piliers.
Le rôle du Vénérable Maître
Si son rôle consiste à éclairer la Loge des lumières de sa fonction symbolique, le Vénérable Maître, en tant qu’être humain, doit disposer d’une certaine capacité de lumière et de rayonnement.
Remplir la fonction de Vénérable Maître n’est pas une sinécure. L’Orient n’est pas un endroit calme et tranquille où un ambitieux pourrait jouir de privilèges et d’avantages divers. La fonction de Vénérable Maître ne comporte que des devoirs.
Les « anciens Devoirs » exigent une qualité majeure du Maître de Loge : être expert en Art Royal. C’est à cette condition qu’il peut s’asseoir sur le Trône de Salomon.
« Le Maître de la Loge, indique Irène Mainguy, remplit une fonction de « médiateur » s’identifiant à l’ « axe du monde » qui relie symboliquement le Ciel et la Terre ».
En tant qu’héritier de la fonction royale, le Vénérable Maître est bien l’intermédiaire entre l’invisible et le visible, la création en esprit et le Temple manifesté.
Selon un texte extrait du rituel du Rite Écossais Rectifié, « comme le soleil se lève à l’Orient et répand ses rayons, ainsi le Vénérable Maître siège à l’Orient pour mettre les Frères à l’œuvre et éclairer la Loge de ses lumières ».
Conformément à la tradition de l’Art royal, le Vénérable Maître est fondamentalement un maître d‘Œuvre dont le rôle majeur consiste à bâtir le Temple. La Tenue maçonnique, qui se déroule de l’Ouverture à la Clôture des Travaux, sous la direction du Vénérable Maître, possède de multiples dimensions. L’une d’elles est la construction du Temple à partir de la Lumière de l’Orient, transformée en Verbe et en pierres vivantes.
Le Vénérable Maître initie à tous les grades. Pour Daniel Béresniak, le Vénérable Maître « est l’alchimiste qui transmute les passions et les aspérités des âmes en amour fraternel. Cet amour ainsi généré stimule l’esprit et constitue l’atmosphère nécessaire à l’épanouissement de la connaissance ».
Le Vénérable Maître ne se contente pas d’aimer ses Frères. Il a le devoir de les recréer rituellement à chaque Tenue, de les mettre à l’épreuve pour qu’ils exercent pleinement leurs fonctions et de veiller à l’excellence de leur travail sur le chantier de construction du Temple.
Parmi les devoirs du Vénérable Maître figure aussi la juste circulation de la parole lors des Travaux. Il doit aussi veiller à la qualité et à l’intensité du travail accompli en Loge par les Frères car l’authentique fraternité en dépend.
Le Vénérable Maître est au service du Principe créateur, de l’Orient éternel, du Grand Architecte de l’Univers, des symboles et des rites. Les Frères ne viennent pas en Tenue seulement pour participer aux Travaux, mais afin de voir la Lumière triompher des Ténèbres.
En accomplissant aussi rigoureusement que possible ses devoirs, un Vénérable Maître est peu à peu pénétré par la fonction.
Il n’est pire vanité que celle de qui se croit sage. Le Vénérable Maître en exercice ne se confond certes pas avec la Sagesse. Néanmoins, il tente de s’en inspirer en imprimant une cohérence à son existence.
Le « vénéralat » n’est pas considéré comme un grade. Le Vénérable Maître est bien souvent désigné comme étant « primus inter pares », « le premier parmi ses égaux », un Maître comme les autres qui est simplement appelé à diriger la Loge pendant une brève période, à exécuter les directives d’une administration, à gérer les affaires courantes sans faire de vagues, à entretenir une bonne ambiance en évitant es conflits et à se comporter comme le président temporaire d’une association.
Mais c’est là une regrettable méconnaissance de la réalité initiatique de la fonction de Vénérable, et d’une évolution relativement récente à laquelle, par bonheur, des Loges conscientes de leurs devoirs, ont échappé. Selon une tradition d’origine opérative, en effet, le Vénérable Maître reçoit une transmission ésotérique particulière au cours d’une cérémonie secrète, dite « Installation ésotérique », qui l’investit dans la chaire du roi Salomon. Cette forme d’Initiation à sa fonction lui permet de siéger à l’Orient sans être brûlé par son feu.
Le rituel d’intronisation de Vénérable Maître est d’une importance vitale car de lui découlent tous ceux que pratique une Loge.
Le Vénérable Maître incarne l’Art royal dont l’un des aspects majeurs est le don total de sa personne à l’Œuvre.
Devenir Vénérable Maître ne correspond pas à l’aboutissement d’un plan de carrière ou à la satisfaction d’une ambition. Il ne s’agit nullement d’obtenir un poste honorifique ni de recevoir une médaille ou un Maillet afin d’exercer un pouvoir, mais tout simplement de servir, de se mettre au service du Principe créateur, de prolonger l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers, et d’assurer pleinement la cohésion de notre Loge initiatique en y faisant vivre l’amour de l’Œuvre.
Car si ce Devoir primordial n’était pas rempli, la Fraternité ne serait qu’illusion humaine et passagère. C’est en offrant des nourritures de nature lumineuse à nos désirs d’Initiation que le Vénérable Maître mènera chaque membre de sa Loge vers la transformation de l’individu en Frère.
Aimer ses Frères, du point de vue du Vénérable Maître, n’est-ce pas tout mettre en œuvre pour leur permettre de vivre l’Initiation avec le maximum d’intensité et de réussir à la formuler sans la trahir ?
Le Vénérable Maitre et le Pilier « Sagesse »
La fonction de Vénérable Maître est liée à l’un des trois Grands Piliers, le Pilier « Sagesse » et, en initiation, elle demeure fondamentale.
Avec la Sagesse, le Vénérable Maître forme un couple. La Sagesse du Vénérable Maître est un Pilier donnant naissance aux deux autres Piliers, la Force et la Beauté (ou Harmonie).
La Sagesse forme un triangle avec deux autres réalités spirituelles : la plénitude et la sérénité. Si la sagesse a illuminé la Tenue, la Loge atteint une sorte de plénitude. Les Initiés ont été « emplis » de rites, de symboles, de fraternité et du bonheur de contempler la Lumière. Quant à la sérénité, elle est connaissance suprême et amour ; elle est le secret de la beauté et la véritable substance de tout art.
Nous sommes ici au cœur de l’esprit de la Maçonnerie initiatique, qui réclame de ne jamais cesser de bâtir le Temple, afin qu’il y ait toujours sur Terre une place pour la Sagesse. Et pour cela, il est nécessaire que le plan soit à nouveau tracé, que les Piliers soient à nouveau dressés et couronnés, afin qu’apparaisse le chemin menant au cœur du Principe et de la Sagesse. Pour le parcourir, un lien doit être noué entre la raison et le cœur.
Dans cette perspective initiatique, la Sagesse n’est pas une acquisition individuelle, mais une connaissance de la structure secrète de la création et des divers éléments qui la constituent. Une telle connaissance est une nourriture, la plus précieuse qui soit. Etre sage, n’est-ce pas avant tout savoir donner à autrui la nourriture qui lui convient et le fera grandir à son tour ?
En animant le Pilier « Sagesse », le cœur-conscience de la Loge s’unit à toutes celles qui l’ont précédée sur le chemin de l’Initiation et la Sagesse présidera aux Travaux que la Force permettra d’accomplir.
Le bijou du Vénérable Maitre et son Tablier particulier
Etant donné la position particulière du Vénérable Maître à l’Orient et la singularité de sa fonction, le Vénérable Maître porte un Tablier différent de celui des autres Maîtres. On y voit trois tau, lettre qui symbolise la consécration et l’achèvement.
Selon la maxime voulant que la Loge soit formée par « Dieu et l’équerre », c’est ce dernier outil qui est attribué à la fonction de Vénérable. Ce symbole est là pour révéler la nature de l’Orient. Il fait prendre conscience de ce qu’est la vie de l’Orient : la vie, la loi de création placée à l’Orient par le Grand Architecte de l’Univers, c’est l'Équerre, et ce qui est inscrit dans l'Équerre, c’est le chemin de rectitude.
Cette rectitude n’est pas seulement le juste comportement d’un Initié, mais aussi le point d’ancrage de l'Eternel dans le monde manifesté. En utilisant l'Équerre, le Vénérable Maître rectifie et ordonne la matière.
Le symbolisme de l’Equerre
Dans la vie du bâtisseur, l'Équerre est cet outil qui donne ou vérifie sans cesse la même valeur. Elle ne pouvait qu’être utilisée symboliquement pour signifier la justesse puis la justice, la rigueur dans le comportement, l’honnêteté, la probité.
Symboliquement, l'Équerre est des plus évocatrices, et ce à plusieurs titres. Elle marie harmonieusement le plan vertical et le plan horizontal, réalisant ainsi la synthèse entre deux dimensions ayant souvent des difficultés à se rencontrer.
L'Équerre traite implicitement de l’attitude et des actes relatifs au comportement moral et physique. D'où l’expression « rectitude morale » ou encore « agir selon l’équerre » qui se rapportent à cet idéal de perfection que doit atteindre le Maçon. Les lignes droites de l’équerre sont en effet l’émanation de la rectitude comme de la droiture, tant du point de vue physique de la plus concrète des manières que sur le plan spirituel. Les axes sont sans équivoque, les lignes tracées avec pureté… autant d’éléments induisant et incitant à une ligne de conduite d’une parfaite clarté et d’une grande luminosité.
L'Équerre évoque donc la droiture, implique une idée de rectitude, de rigueur, de précision dans la pensée et dans les actes. Avec elle, la discussion ne peut exister. Ou bien l’angle est bon, ou bien il est à refaire. C’est vraisemblablement pour cette raison que l’on fait généralement correspondre l'Équerre à la matière. Cependant, il ne faut pas oublier que le Maçon travaille en priorité sur lui-même, sur son esprit, sur son âme.
Pour Oswald Wirth, l'Équerre, qui sert à contrôler la justesse du travail, symbolise l'équilibre résultant de l'actif et du passif. Mais, par contre pour Jules Boucher, par son manque de symétrie (contrairement au Tau grec), l’Équerre traduirait plutôt un état actif et dynamique.
Le Franc-maçon se doit d’être d'Équerre, c’est-à-dire droit dans ses pensées, ses paroles et ses actes. C’est la Loi Morale maçonnique, symbolisée par l’alphabet secret qui est réalisé à partir de l'Équerre. Nés de celle-ci, les mots ne peuvent prêter à confusion, ayant été soigneusement pesés, mesurés, par celui qui les prononce ou les écrit afin d’être en accord avec la pensée.
Cette morale maçonnique est le prolongement de la volonté des bâtisseurs de vivre selon une éthique basée sur le respect des us et coutumes, le respect d’autrui, le sens du secret, la glorification du travail… L'Équerre est ainsi devenue le symbole du Métier.
L’Apprenti ne peut que dégrossir sa pierre brute car il n’a pas connaissance de cet instrument. Par son usage dans la vérification de l’angle droit, l'Équerre sert au Compagnon pour s’assurer de la perfection de son ouvrage. Ce n’est qu’après avoir accompli un certain voyage qu’il pourra juger de la rectitude des angles de la pierre cubique et de la perpendicularité de ses faces.
L'Équerre permet donc au Compagnon de contrôler la coupe des pierres qui doivent être strictement rectangulaires pour s’ajuster entre elles avec exactitude. L'Équerre détermine ainsi symboliquement les conditions de sociabilité.
Emblème de la Sagesse, elle enseigne que la perfection consiste pour l’individu dans la justesse avec laquelle il tient sa place dans la société. L'Équerre nous astreint à nous corriger des défauts qui nous empêcheraient de tenir exactement notre place dans la construction humanitaire.
La Franc-maçonnerie se fixant pour objectif l’édification du Temple de l’Humanité à commencer par l’édification de notre propre temple, l'Équerre est là pour nous rappeler que nous avons à tailler notre pierre de la manière la plus parfaite possible à l’aide des outils qui nous ont été fournis. C’est dire que notre comportement doit être le meilleur, le plus droit possible.
L'Équerre symbolise l’union du vertical et de l’horizontal, du céleste et du terrestre. En dévoilant l’angle de rectitude, elle permet l’édification de la cité céleste. L'Équerre est la norme absolue de toute construction.
Instrument fixe, l'Équerre est indispensable pour transformer la Pierre brute en hexaèdre (cube) parfait. Ne symboliserait-elle pas la droiture morale, la rectitude dans l'action, l'incitation à parfaire le travail entrepris ?
La présence de l'Équerre sur le Volume de la Loi sacrée nous rappelle aussi la finalité – provisoire – de notre travail d'Apprentis : devenir des Pierres bien taillées. Elle nous incite tous à bien nous former, à être droits dans nos actions, de sorte que nous soyons aptes à participer à l'édification du Temple idéal dont nous devrions devenir les pierres parfaites.
Les Frères Surveillants
Un poste d’Officier Dignitaire n’est pas un titre honorifique dans une Loge. Il est une charge que le Maçon doit remplir au mieux de ses possibilités. Dans une Loge, il n’y a pas d’officier plus important que les autres. Tous ont leur utilité, leur rôle à jouer. Il suffit que l’un d’eux, quel que soit son poste, faille à sa tâche et c’est tout l’Atelier qui en souffre. Une Tenue maçonnique n’a de valeur et de sens que si tous les Officiers, portés par les autres membres de la Loge, travaillent ensemble dans une même direction.
On peut considérer les deux Surveillants comme les assesseurs directs du Vénérable Maître. En Tenue, les Frères Surveillants assistent le Vénérable Maître dans l’exécution des Rituels. Ils dirigent respectivement la Colonne du Midi et du Nord. Tous trois portent le Maillet, symbole d’un pouvoir reçu et transmis, qui leur permet de remplir leur fonction en parfaite coordination et subordination.
Les deux Frères Surveillants ont la direction de leur Colonne et c’est à eux que chaque Frère doit s’adresser pour avoir la parole. Ils demandent pour leur Frère la parole au Vénérable Maître par un coup de maillet. Ils l’obtiennent pour eux-mêmes, de préférence avant tout autre membre qui l’aurait déjà demandée, l’Orateur excepté.
Ils n’hésitent pas à rappeler à l’ordre les Frères perturbateurs.
Les Surveillants transmettent à leur Colonne respective les annonces du Vénérable Maître et y maintiennent l’ordre et le silence ; ils peuvent retirer la parole aux Frères qui la prendraient sans l’avoir obtenue. Mais il est tout aussi rare d’observer des incidents relatifs à la prise de parole. En général, les Frères sont assez bien disciplinés. Les Surveillants n’ont que très rarement l’occasion de « donner du maillet » pour obtenir le silence sur leur Colonne !
Lors des Travaux de Loge, chaque Surveillant réglemente la prise de parole, en signalant tour à tour au Vénérable Maître les assistants désireux de prendre la parole, le Premier Surveillant pour la Colonne du Midi et le Second Surveillant pour la Colonne du Nord.
Mais remarquons que dans la plupart de nos Ateliers réguliers, les Surveillants ne demandent généralement la parole pour eux-mêmes que lorsque tous les Frères de leur Colonne l’ont déjà obtenue. C’est tout simplement par courtoisie.
Lors de chaque Tenue, chaque Surveillant réglemente la prise de parole, en signalant tour à tour au Vénérable Maître les participants désireux de prendre la parole, le Premier Surveillant pour la Colonne du Midi et le Second Surveillant pour la Colonne du Nord. Puisque les Surveillants ont la direction de leur Colonne, c’est à eux que chaque Frère doit s’adresser pour avoir la parole. Il est donc logique qu’avant de prendre la parole, tout Frère remercie, par courtoisie, le Frère Surveillant qui vient de la lui donner. Mais cette pratique, courante au Rite moderne, n’est pas de mise au Rite Écossais Ancien Accepté.
Ils communiquent au Vénérable Maître les dates des séminaires qu’ils organisent.
Ils assument la responsabilité de la formation maçonnique des Compagnons et Apprentis et informent la C.O.D. de l’évolution de ces derniers.
Lors de la Tenue administrative, ils peuvent être amenés à présenter un rapport des activités des Frères dont ils ont eu la charge au cours de l’année écoulée.
Le Premier Surveillant et le Pilier « Force »
Le Premier Surveillant
Avec le Vénérable Maître et le Second Surveillant, le Premier Surveillant est une des trois Lumières qui dirigent la Loge. Il est aussi une des cinq Lumières qui éclairent la Loge avec le Secrétaire et l’Orateur. Si l’on considère l’emplacement de ces cinq responsables, on dessine un pentagone virtuel.
Le Premier Surveillant appelé aussi « deuxième maillet », est l’une des trois premières Lumières qui dirigent la Loge. Au sein de l’Ordre, l’importance de son office est si unanimement reconnue qu’elle éclipse assez souvent celle de l’office du Second Surveillant.
Il est vrai que, durant les Tenues, les responsabilités du Premier Surveillant sont nombreuses. Ainsi, sa participation aux divers rituels est très souvent pleine et entière. Hors du Temple, il prend part à toutes les réunions nécessaires par l’activité maçonnique et le fonctionnement administratif de sa Loge.
Bien plus essentielle parce que bien plus lourde de conséquences quant à la pérennité de la Maçonnerie, le Premier Surveillant a une autre obligation : l’instruction des Compagnons.
Le Premier Surveillant est le deuxième pôle de direction de l’Atelier avec la charge très importante de l’instruction des Compagnons. Il est appelé à les exhorter au travail et à approfondir avec eux les arcanes de la Tradition sous les multiples aspects, sans perdre de vue qu’une unité la sous-tend. Il doit veiller à ce que les Compagnons visitent plusieurs Ateliers de l’obédience pendant une période de probation, afin d’élargir leurs connaissances qui seront indispensables pour aller plus loin.
La place du Premier Surveillant dans la Loge
Au Rite Moderne belge, le Premier Surveillant siège à l’Occident, à droite en entrant dans la Loge. Au Rite Écossais Ancien et Accepté, il siège face en tête de la Colonne du Nord.
Selon la Tradition, le Frère Premier Surveillant peut être appelé à seconder directement le Vénérable Maître et à le remplacer en cas d’absence.
Il convient de préciser qu’un remplacement du Vénérable Maître par le Premier Surveillant est un cas de figure excessivement rare puisque dans nos Loges il y toujours un Passé Maître Immédiat qui remplace automatiquement le Vénérable Maître absent ou empêché.
Sa fonction symbolise la force qui supporte et achève l’édifice. Le soleil émetteur actif de lumière est symboliquement attribué au Premier Surveillant.
Le rôle du Premier Surveillant
Irène Mainguy nous dit que « le Premier Surveillant siège à l’Occident, soit face en tête de la colonne du Nord au R.E.A.A., soit face au Vénérable au R.F. et au R.M. Il est appelé à seconder directement le Vénérable Maître et à le remplacer en cas d’absence ».
Pour Irène Mainguy, « le Premier Surveillant représente Hiram, roi de Tyr, chargé d’amener les matériaux à la construction du temple de Salomon. Il est chargé aussi de préparer les Compagnons à l'Élévation à la Maîtrise. Sa fonction (ou charge) symbolise la force qui supporte et achève l’édifice. Le soleil émetteur actif de lumière est symboliquement attribué au Premier Surveillant ».
Le Premier Surveillant continue à mettre le Compagnon sur la voie en lui donnant la deuxième lettre après avoir reçu la première (B – O – A – Z au Rite moderne ; J – A – K – I – N au R.E.A.A). Il s'emploiera à exhorter l’ensemble des Maçons au Travail dans cette sorte de ruche que représente la Loge. Il fait fonction de directeur du travail maçonnique sous le contrôle du Vénérable Maître qui en est l'ordonnateur. Discipline et rigueur caractérisent l'office du Premier Surveillant. Elles peuvent se traduire parfois par une bienveillante, mais néanmoins ferme rigueur, qui préparera le Compagnon à la Maîtrise.
Le Premier Surveillant porte en sautoir le Niveau qui ne peut être horizontal que si la Perpendiculaire est en équilibre. C'est la recherche du juste milieu qui ouvre l'accès à la Chambre du Milieu et à l'Unité. L'enseignement dispensé par le Premier Surveillant est une parcelle de connaissance qui donne force de conception à l'œuvre.
Le bijou du Premier Surveillant se trouve sous le signe conjoint de la Perpendiculaire, attribut du Second Surveillant, et de l'Équerre attribuée au Vénérable. Cette conjonction donne naissance à un troisième symbole, le Niveau, dans lequel est inclus le Delta grâce à la base. Par cette constatation on peut penser que l'Apprenti, par introspection, est invité à répondre à la question « qui suis-je ? », alors que le Compagnon, à l'aide du Niveau, se trouve amené à se demander « où suis-je ? » et « où vais-je ? »
Selon les usages la fonction d'instructeur du Premier Surveillant se distingue par des réunions d'instruction en dehors des Travaux de Loge, mensuelles ou avant chaque Tenue dans la Loge. Ainsi, le Premier Surveillant peut suivre attentivement les progrès accomplis par chaque Compagnon. Il les encourage à un travail régulier et à visiter d'autres Ateliers pour découvrir d’autres Rites et d'autres manières de travailler. Il doit veiller à ce que les Compagnons visitent plusieurs Ateliers de leur obédience, ou de ceux de puissances maçonniques amies, pendant leur période de probation, afin d'élargir leurs connaissances qui seront indispensables pour aller plus loin.
Le Premier Surveillant et le Pilier « Force »
Réaliser une œuvre vivante requiert de maîtriser tous les aspects de la Force. Il faut être capable d’assembler les énergies, de rassembler les forces dispersées, de réguler les différentes natures de feu si l’on veut façonner une œuvre qui révèle, par sa beauté, la sagesse qui a présidé à sa naissance.
Dans la pratique de l’Initiation maçonnique, cela se traduit par le vécu de la fraternité. C’est le travail régulier en Loge qui fait naître une force supérieure à la simple addition de celle des Frères présents. En Loge, l’action utile et porteuse de vie est le canal parfait de la Force symbolisée par le pilier du même nom. Elle nourrit tous ceux qui y participent et les guide sur le chemin lumineux de la Connaissance. Ainsi peuvent-ils apprendre à la reconnaître, à la canaliser et à la formuler.
La force d’un artisan ne réside-t-elle pas dans sa capacité à exprimer des « paroles efficaces », autrement dit porteuses de vie et d’harmonie. En agissant avec la Force afin de rendre le monde harmonieux, une nouvelle démarche se fait jour qui nous conduit au pied du Pilier « Beauté » ou « Harmonie ».
La Force est l’expérimentation de la Connaissance. Elle incite à la construction communautaire porteuse de vie. La Force ouvre un chemin pour transformer la multitude des éléments apparemment dissociés en une source lumineuse flamboyante.
Le bijou du Premier Surveillant
La fonction du Niveau est de déterminer l’horizontale, laquelle ne peut toutefois être bien établie que par référence avec le fil à plomb. Le niveau est un outil qui sert à vérifier si un plan est horizontal. Instrument de bâtisseur, le niveau à fil est très ancien. Il est constitué par un triangle au sommet duquel est fixé un fil à plomb. Le niveau doit être formé par une équerre juste, c'est-à-dire que l'angle au sommet doit être de 90°. Le premier élément qui compose un niveau est un fil à plomb suspendu au sommet d’un chevalet en bois ayant la forme d’un v renversé.
Le second élément est le chevalet lui-même qui comprend deux côtés isométriques issus du sommet et reliés près de leur pied par une traverse. A mi-longueur de cette traverse, un trait vertical est tracé : c’est la ligne de foi. Lorsque le fil devient bissectrice de l’angle sommital, il recouvre exactement la ligne de foi.
Le Niveau est un des outils essentiels du Franc-maçon. Sa présence au nombre des références matérielles de l’Initié remonte au temps de la maçonnerie opérative où il était de fait un instrument de base des bâtisseurs de cathédrales.
Abandonné après l’invention du niveau à bulle d’air, le niveau à fil fut judicieusement conservé par la Franc-maçonnerie en qualité d’outil symbolique, probablement à cause de sa forme triangulaire. Ayant aussi la forme d’une équerre, il servait alors à déterminer la rectitude de plans horizontaux par le biais de visées très précises, ainsi que la variabilité des hauteurs. C’est pourquoi on l’associait quasiment en permanence au fil à plomb.
Le symbolisme du Niveau
Le Niveau n’apparait que très tardivement dans la symbolique maçonnique.
En 1860, Jean-Marie Ragon de Bettignies (Rituel de l’Apprenti Maçon) expliquait que « le Niveau symbolise l'égalité sociale, base du droit naturel ».
En 1929, pour Plantagenet, « le Niveau est le symbole de l'égalité originelle mais il n'implique en aucun sens le « nivellement » des valeurs ; il nous rappelle qu'il faut considérer toutes choses avec une égale sérénité ».
Mais l'égalité que ces auteurs veulent rattacher au Niveau est une entité abstraite. La nature toute entière montre en effet qu'elle est un leurre car les hommes ne sont égaux ni physiquement, ni intellectuellement.
Ces deux citations soulignent les préoccupations relatives à une morale sociale des Francs-maçons de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle. Les rituels maçonniques du 18ème siècle mettaient davantage l’accent sur la vertu, pratiquée à titre individuel. Les outils de la Loge apparaissent comme des emblèmes, bien qu’erronément appelés symboles. Les explications relatives aux outils présentent un caractère rationnel, à dominante intellectuelle.
Publiés vers 1931, les ouvrages d’Oswald Wirth marquent un tournant et annoncent un retour vers une forme plus spirituelle de l’enseignement maçonnique. Wirth voit dans la forme du Niveau « le rappel du signe alchimique du soufre, substance dont la combustion entretient le feu central de tout foyer d'activité. Le Premier Surveillant est le gardien de cette ardeur laborieuse qu'il stimule dès qu'elle diminue ».
Le Niveau indique l'Horizontale mais il est muni lui-même de la Verticale, la Perpendiculaire. Le Niveau est donc un instrument plus complet que la Perpendiculaire. C'est pourquoi il est l'insigne du Premier Surveillant, seul qualifié pour prendre la place du Vénérable Maitre en cas d'absence de celui-ci.
Pour Jules Boucher, « le Niveau, c'est non seulement l'Horizontale mais encore la Croix, la réunion de la Verticale et de l'Horizontale ».
Au Rite Français Moderne, le Niveau rappelle que tous les hommes sont Frères, qu’ils sont nos semblables, qu’ils sont tous faits du même limon et que si certains sont moins bien doués par la Nature, ils n’en ont pas moins droit à la vie, au bonheur.
Dans la Maçonnerie moderne, le Niveau tient toujours une place importante. On le représente par un triangle dont l’angle supérieur est de 90°, au faîte duquel est attachée une perpendiculaire. Par le fait qu’il indique à la fois l’horizontale et la verticale, c’est l’instrument idéal pour qui veut bâtir, ce qui est le but symbolique de tout Initié dont la mission première est de reconstruire son propre Temple.
Le sens général du Niveau est la mise en œuvre correcte des connaissances. Par la justesse qu’il permet d’atteindre, sur l’un et l’autre plan, le Niveau est le garant d’une construction harmonieuse. Il est par excellence un outil de perfection.
En ce sens, appliqué à la progression et l’évolution de l’homme, il représente l’égalité des valeurs humaines et sociales, l’équilibre entre les forces des divers plans, le respect des aspirations de chacun au bien-être. Par extension, c’est donc l’emblème de l’égalité sociale.
Mais la Franc-maçonnerie n’a pas la naïveté de croire en une égalité naturelle. Le Niveau évoque une égalité construite, bâtie par le travail, un travail effectué sur le monde environnant, certes, mais surtout sur soi-même ! Cette égalité est vécue dans la Loge car tout Maçon laisse ses métaux à la porte du Temple. Il est là en tant qu’homme, en tant qu’individu, non pas en tant qu’élément d’une caste, d’un groupe socioprofessionnel plus ou moins favorisé.
Le Niveau nous incite à considérer toutes choses avec suffisamment de recul, avec le même calme, avec une égale sérénité, dans leur valeur relative, avec mesure et tolérance.
Le Niveau ne nous fait-il pas penser à la pratique de la tolérance, de la fraternité entre Frères capables de faire abstraction de leurs différences physiques, sociales, culturelles... ? Pourquoi l’Apprenti ne pourrait-il pas déjà essayer de mettre ces vertus de tolérance et de fraternité en application ?
Le Second Surveillant et le Pilier « Beauté »
Le Second Surveillant
Le Second Surveillant est logiquement un Frère qui a déjà quelques années de pratique derrière lui car, comme nous allons le voir, son rôle ne doit pas être confié à un Maître inexpérimenté.
Dans la hiérarchie des offices, le Second Surveillant tient la troisième place, après le Premier Surveillant.
La langue française nous impose l’usage du mot « second » lorsqu'il n’y a pas de troisième élément dans une suite. Or, il n’y a pas de troisième Surveillant dans notre Ordre maçonnique traditionnel. C’est pourquoi utiliser l’expression « Deuxième Surveillant » est une erreur de français !
La place du Second Surveillant dans la Loge
Irène Mainguy nous dit que « Le Second Surveillant occupe la place du maître d’œuvre Hiram Abi, chargé de la direction des travaux du Temple ». La Lune, symbole passif de la lumière réfléchie, est attribuée à cet officier.
Au Rite moderne (belge), le Second Surveillant siège à son plateau situé à l’extrémité de la Colonne du Septentrion (ou du Nord), à l’Occident de la Loge.
Au Rite Écossais Ancien Accepté, le plateau du Second Surveillant est situé au milieu de la Colonne du Midi, face au Tableau de Loge, au fil à plomb tombant du centre de la voûte étoilée, c’est-à-dire de l’étoile polaire sur le centre du Tableau. Dans ce cas, il fait face aux Apprentis.
Au Rite Français, le Second Surveillant siège au nord-ouest, devant la Colonne du Nord qu’il dirige.
Mais quel que soit son emplacement, il ferme le triangle de direction de la Loge. Il est celui qui « veille sur… », « qui a soin de … ».
Son action consiste à rester volontairement éveillé pendant le temps habituellement consacré au sommeil si besoin est, mais aussi d’être un éveilleur de ceux qui pourraient sommeiller sur les Colonnes. Il incite au travail.
Le rôle du Second Surveillant
La direction de toute Loge est confiée au Vénérable Maître. Celui-ci est assisté des Premier et Second Surveillants. Si le Maître de la Loge s’occupe du gouvernement général de l’Atelier, les Frères Surveillants dirigent chacun les Frères de leur Colonne en observant leur ponctualité et leur assiduité au travail tout en surveillant leur instruction maçonnique.
L’office de Surveillant revêt une importance considérable puisqu'il est le garant de la formation et de la discipline des Frères du premier et du deuxième grade, portant seul la responsabilité de préparer la relève. L’avenir de la Loge dépend de la qualité du travail de chaque Surveillant.
Chaque Surveillant participe activement aux rituels d’Ouverture, de Clôture, aux cérémonies d’accès à un degré et dans la pratique du rituel de table.
Chaque Surveillant veille à la bonne tenue des Frères sur sa Colonne et rappelle tout contrevenant à l’ordre en frappant un coup de maillet sur son plateau et en faisant – si nécessaire – une remontrance au Frère concerné.
Selon certains rituels usuels, le Second Surveillant observe le Soleil à son méridien, appelle les Frères de la récréation au travail et les rappelle du travail au repos.
La fonction de Second Surveillant doit être remplie avec souplesse, tact et fermeté, sans être rigide avec une rigueur teintée de douceur compréhensive.
Vénus, déesse mythologique de la Beauté, correspond à la planète qui gouverne le Second Surveillant. Mars et Vénus sont opposés en complémentarité, et si le Premier Surveillant correspond à la Force, le Second Surveillant correspond à la Beauté, chacun en relation avec son pilier respectif. Il peut être considéré comme ayant un aspect féminin et maternel, alors que le Premier Surveillant a davantage une fonction masculine et paternelle.
Le Second Surveillant a une fonction d’éveilleur mais aussi de guide, pour permettre aux Apprentis de passer de la Perpendiculaire au Niveau et d’émerger du dédale de leurs contradictions. Ce travail de vigilance est mis en œuvre, surtout lors des réunions d’instruction qui permettent à chaque Apprenti de s’exprimer librement, contrairement aux temps de travail rituel des Travaux de Loge. Ainsi, progressivement, l’Apprenti pourra trouver ses repères dans un monde de symboles dont il ignore tout et qu’il découvrira petit à petit.
Le Second Surveillant devra mettre chaque Apprenti en garde contre le danger de la compilation livresque qui est stérile car elle demeure extérieure.
En fait, le travail demandé aux Apprentis est celui d’une découverte personnelle progressive, active et difficile de la vérité qui est en soi, par un travail régulier et persévérant. L’Apprenti devra lentement assimiler les éléments de la Tradition maçonnique, les comprendre et les approfondir par un travail symbolique personnel, qui favorisera progressivement l’éveil de sa conscience.
Le Second Surveillant remplit une fonction d’accueil et d’ouverture comme d’éducation pour les Apprentis. Il est chargé de leur éveil. Sa fonction d’éveilleur et d’instructeur est fondamentale. Elle devrait être celle d’un transmetteur de la Tradition, d’un véritable pédagogue, car c’est lui qui, véritablement, va former les nouveaux maillons qui vont assurer la perpétuation et la relève de la Loge dans l’esprit qui la caractérise.
Cette fonction symbolise la Beauté qui orne et harmonise tous les aspects de l’édifice par l’amour. Le Fil à plomb guide l’esprit vers son axe intérieur. La Perpendiculaire marque la verticale pour indiquer que le niveau spirituel de la Loge doit sans cesse être élevé et maintenu par les soins de celui qui remplit cette fonction.
Le Frère Second Surveillant distribue la parole aux Frères qui la sollicitent selon la manière accoutumée. Il couvre les Frères Apprentis pour autant qu’ils aient pris préalablement connaissance des propos qui seront tenus.
Le Second Surveillant est aussi celui qui fermera les Travaux à la demande du Vénérable Maître : « Frère Second Surveillant, faites votre devoir ! » nous dit le rituel de Clôture des Travaux au Rite moderne.
Mais le Second Surveillant a aussi d’autres responsabilités, tout aussi importantes qu’il convient d’examiner plus en détails.
Bien que les visites ne soient pas encore officiellement au programme de formation des Frères Apprentis, il n’est pas interdit au Frère Second Surveillant de se rendre en visite dans une autre Loge, accompagné de ses Frères Apprentis.
Il convient dans les premiers temps d’emmener les Frères Apprentis dans des Loges que le Frère Second Surveillant connaît bien et pratiquant le même rite. Un choix judicieux doit être fait en ce qui concerne le programme d’activité à vivre dans la Loge visitée.
L’expérience des Frères Apprentis n’étant encore qu’assez limitée, il peut être intéressant d’aller voir en priorité, une cérémonie d’Initiation au premier degré dans une Loge qui pratique le même rite. Plus tard, il sera encore temps d’aller voir comment des Loges, pratiquant un autre rite, initient des Profanes.
Assister à la présentation d’un dossier de candidature ou à l’interrogatoire sous le bandeau d’un Profane peut aussi faire partie du programme de formation du Second Surveillant.
Lorsque les Frères Apprentis commenceront à faire état d’une bonne connaissance de leur rite à leur degré, il deviendra possible de les amener dans des Ateliers travaillant à un autre rite. La tâche du Second Surveillant consistant à faciliter l’insertion et l’assimilation des jeunes Frères aux spécificités du rite, il faut éviter tout impair. La découverte de pratiques différentes de celles de son Atelier peut perturber les Frères ou même les séduire au point qu’ils en arrivent à préférer le rite de la Loge visitée à celui pratiqué chez eux ! Il s’avère donc prudent d’attendre qu’ils fassent preuve d’une certaine maturité avant toute visite.
La première visite doit se préparer lors d’un séminaire ou séance d’instruction. Le Surveillant signalera à cette occasion les attitudes à tenir tant lors de l’accueil qu’au cours de la présentation des salutations.
Dans la vie profane, le Second Surveillant organise les séances d’instruction ou séminaires de formation et établit tous les contacts utiles avec les Frères concernés.
Le Second Surveillant est donc le troisième pôle de direction de l’Atelier avec la charge très importante de l’instruction des Apprentis. Il est appelé à les exhorter au travail et à approfondir avec eux les arcanes de la Tradition sous ses multiples aspects.
Il met les Apprentis sur la voie en leur donnant la première lettre : au Rite moderne, « J ». J est la première lettre du mot sacré « Jakin » qui signifie stabilité, résistance, fermeté. Ce sont là les qualités essentielles de l’Apprenti Maçon qui doit avoir une volonté efficiente pour entreprendre et persévérer dans sa quête. Au R.E.A.A., « B » est la première lettre du mot sacré « Boaz » qui signifie « En force ».
L'enseignement dispensé par le Second Surveillant est une parcelle de connaissance qui donne la beauté de conception à l'œuvre.
Le Second Surveillant et le Pilier « Beauté » ou « Harmonie »
Le Pilier « Beauté » auquel est identifié le Second Surveillant, est parfois aussi appelé « Harmonie » parce que l’harmonie ouvre un champ symbolique beaucoup plus vaste.
La beauté telle qu’on la conçoit aujourd’hui est liée à des valeurs culturelles et historiques. Elle fait appel à l’émotion de nature esthétique et par conséquent subjective. Mais la notion de beauté selon les Anciens est d’essence divine et éternelle. Elle est donc intangible tout comme l’Harmonie de l’univers.
L’Harmonie n’est pas une beauté statique. L’Harmonie est équilibre entre des forces de polarités contraires. Elle est un jeu de complémentarités ordonnées.
La Loge est un monde où tout est ordre et harmonie. Tout au long d’une Tenue, le Travail est ritualisé. Chacun remplit une fonction qui est l’expression du corps fraternel et vivant qu’est une Loge. Ainsi l’Harmonie se construit-elle, entre Frères, avec des êtres qui, pris individuellement, sont loin d’être parfaits.
C’est l’une des forces de la Tradition initiatique des Bâtisseurs de rendre possible une telle union créatrice.
Le bijou du Second Surveillant : le Fil à plomb ou Perpendiculaire
La Perpendiculaire est l'attribut du Second Surveillant, celui qui comprend les débutants, celui qui a la responsabilité de leur formation, celui qui pardonne les erreurs, aide à apprendre et à progresser dans la voie du perfectionnement personnel. Nous retrouvons également ce symbole sur le plateau de cet Officier Dignitaire mais aussi sous forme de bijou suspendu à l'extrémité du sautoir qu’il porte lors de nos Tenues.
La Perpendiculaire ou fil à plomb marque la verticale. Elle nous incite à descendre loin et profond en soi-même pour trouver la pierre cachée. Le Second Surveillant n’est-il pas l’emblème de la recherche et de la profondeur ? Voilà sans doute la raison pour laquelle le Second Surveillant porte en sautoir la Perpendiculaire, symbole actif de la recherche en soi dans les profondeurs du silence, de l’équilibre et de la voie droite
Le moins que se doive un Franc-maçon à lui-même et aux autres, c’est d’être un homme de réflexion, de remise en cause, qui prend garde à ce qui va de soi pour tout un chacun ! Il paraît donc opportun de s’interroger à propos du bijou que porte le Second Surveillant.
Au cours de l’installation des Surveillants et plus précisément du Second, les rituels du R.E.A.A. et du R.E.R. font état d’un fil à plomb alors que ceux du R.F.M. et du Rite Émulation font état d’une perpendiculaire, c’est-à-dire d’un outil de constructeur et d’une figure géométrique. Tout en admettant que notre Ordre est l’héritier de la maçonnerie de métier où l’on se servait de fils à plomb et où l’on traçait des perpendiculaires – ce que les architectes et les ouvriers du bâtiment font encore aujourd'hui – nous pouvons mettre en doute le fait qu’il y ait similitude totale entre les premiers et les seconds, même s’il existe de grandes ressemblances.
Le fil à plomb, qui s’appelait autrefois « perpendicule », est un instrument manuel, ce que n’est pas la perpendiculaire malgré l’image que les fabricants de bijoux maçonniques lui donnent. Ces fabricants ont probablement inventé cette image parce qu’ils croient à tort qu’un simple fil lesté pourrait constituer un pendentif pectoral esthétique. De plus l’armature ajoutée au fil à plomb par les bijoutiers n’ajoute rien à son symbolisme fondamental.
Quand il est à la fois en service et en équilibre, le fil à plomb ne peut être dessiné schématiquement que par une droite verticale de longueur indéfinie alors qu’une perpendiculaire, si sa direction n’est pas précisée, est une droite orthogonale à une autre tout en lui étant sécante et peut donc être tracée dans une infinité de directions ! Certes, la perpendiculaire maçonnique est toujours représentée en élévation verticale afin d’imiter le mieux possible le fil à plomb.
L’origine du nom « perpendiculaire » est plus intéressante que sa définition géométrique. En effet « perpendiculum » veut bien dire autre chose que « ce qui pend » ou « ce qui pend à la verticale ». « Perpendere » signifie peser attentivement, apprécier avec exactitude, évaluer avec précision !
Finalement, la forme du bijou du Second Surveillant importe moins au plan du symbole que la prise en considération exclusive du fil rigide qui en est l’élément essentiel et de l’état d’équilibre parfait de celui-ci.
Axial et pendulaire, le symbolisme du bijou du Second Surveillant le met en devoir de se comporter, en Loge comme ailleurs, en maître irréprochable, estimé de ses pairs quels que soient leurs degrés et qualités.
Le symbolisme de la Perpendiculaire
Par sa fonction première, la Perpendiculaire évoque la précision et la rigueur, qui seules permettent d’édifier correctement un mur. Symboliquement, cet outil est intimement lié à la droiture autant qu’à la profondeur de l’être ; il évite tout ce qui risquerait d’être anormalement oblique ou penché : c’est un instrument contre les déviations qui pourraient se produire dans l’assemblage des multiples pierres de la Connaissance. En Maçonnerie, on la représente souvent pendant au centre d’un arceau.
Cette notion de verticalité, cette idée de direction vers le centre de la Terre et celle de vouloir aller vers les profondeurs de la Terre peut engendrer aussi en nous l'idée d'observations et de recherches en profondeur ainsi que le désir de comprendre toujours de plus en plus profondément les symboles que nous offre la Franc-maçonnerie.
Par son action « verticale », la perpendiculaire symbolise aussi l'adaptation permanente que doit effectuer l'esprit du Franc-maçon vis-à-vis des sujets qu'il aborde dans sa recherche initiatique : vers le bas, pour rectifier les erreurs et s'adapter au quotidien ; vers le haut, dans des visées plus épurées et spirituelles.
Les associations moralisantes auxquelles ont aimé se laisser aller les auteurs suivants relient la Perpendiculaire à la rectitude du jugement.
Dans son « Rituel de l'Apprenti Maçon » datant de 1860, Jean-Marie Ragon de Bettignies nous explique que « la Perpendiculaire signifie que le Maçon doit posséder une rectitude de jugement qu'aucune affection d'intérêt ou de famille ne doit détourner ».
Auteur d'un dictionnaire et d'un manuel interprétatif du Symbolisme maçonnique, Amélie Gedalge parle du Fil à Plomb comme étant « l'emblème de la recherche en profondeur de la vérité, de l'aplomb, de l'équilibre. Il semble nous montrer le chemin qui mène à la Chambre du Milieu ».
Jules Boucher, auteur de « La Symbolique maçonnique » datant de 1948, s’insurge contre ce type d’association. Pour lui, la Perpendiculaire est « le symbole de la profondeur de la Connaissance et de sa rectitude ; elle prévient toute déviation oblique ».
Pour cet auteur dont les initiales (J. B.) évoquent curieusement nos Colonnes, « c'est en partant d'assises stables et bien établies que le Maçon peut et doit travailler en vue de son élévation spirituelle ».
Pour Oswald Wirth, auteur d'un « Livre de l'Apprenti » datant de 1931, « la Perpendiculaire détermine la verticale qui sollicite l'esprit à descendre et à monter. En approfondissant, nous découvrons nos propres défauts et en nous élevant au-dessus de la platitude commune, nous excusons ceux des autres ».
Le Fil à Plomb tenu en main peut aussi symboliser la rectitude dans tout jugement, la sérénité, le bon usage de nos facultés, la vérification et la profondeur dans l'observation mais surtout la maîtrise de soi.
L'expression « Vaincre nos passions » ne résumerait-elle pas tout ce que la Perpendiculaire nous suggère ?
Pour le Rite Écossais Rectifié, « La Perpendiculaire est l’emblème de la solidité des ouvrages maçonniques. Il est donné au Frère Second Surveillant qui doit veiller à ce que tous les Frères observent fidèlement les lois et préceptes de l’Ordre ».
Au Rite Écossais Ancien Accepté, au cours de l’installation du Second Surveillant, le Vénérable dit : « Recevez ce sautoir portant le Fil à Plomb, symbole de la recherche de la Vérité dans les profondeurs où elle se cache, ainsi que de l’élévation des sentiments maçonniques vers les hauteurs. En haut comme en bas, vous découvrirez la beauté de l’esprit et du cœur ».
Au Rite Émulation, « La Perpendiculaire sert à vérifier et à dresser les montants pour les fixer sur des bases correctes… Elle nous enseigne l’équité et la droiture de notre vie et de nos actions ».
La Perpendiculaire peut notamment symboliser la profondeur dans l'observation. Elle est aussi l'emblème de la recherche profonde de la Vérité, de l'Aplomb et de l'Équilibre. Le Fil à plomb guide l’esprit vers son axe intérieur. La Perpendiculaire pourrait marquer la verticale pour indiquer que le niveau spirituel de la Loge doit sans cesse être élevé et maintenu par les soins de celui qui remplit cette fonction.
La Perpendiculaire est donc là pour nous empêcher de dévier ou du moins pour nous rappeler régulièrement la nécessité de la droiture de notre comportement et de nos jugements. Elle nous incite surtout à descendre au plus profond de nous-mêmes pour y chercher la lumière, pour y découvrir ce que nous sommes vraiment. Elle pourrait aussi nous indiquer que nos actions doivent toujours être dirigées par la Sagesse du Grand Architecte de l’Univers.
Pour élever le Temple en prolongeant l’œuvre du Grand Architecte de l'Univers, une Loge maçonnique se doit de trouver l'axe qui structure et réunit. C'est à cette condition que la construction sera harmonieuse. De même, le mode de vie d'un Frère se construit autour du centre qu'est la vie rituelle sans renier sa dimension quotidienne. Discerner l'essentiel, éveiller le centre vital et vivre suivant l'axe qui concilie les deux termes, c'est ce à quoi invitent Fil à plomb et Perpendiculaire.
En guise de conclusion provisoire
Dans le rituel du premier degré il est précisé que « Trois la dirigent, cinq l'éclairent et la rendent juste, sept la rendent parfaite ».
Trois Lumières de la Loge nous dirigent et nous guident. Chacun de ces trois Officiers a un rôle important et est reconnaissable par le bijou accroché au sautoir qu’il porte autour du cou : l'Équerre pour le Vénérable Maître, le Niveau pour le Premier Surveillant, la Perpendiculaire pour le Second Surveillant.
Les trois Lumières de la Loge ont un rôle essentiel : assurer l’avenir d’une Loge en particulier et, par extension, de l’Ordre tout entier. Elles sont les guides des trois premiers degrés maçonniques.
Puisqu'il est dit que dans une Loge, tout est symbole, son avenir repose sur une bonne compréhension des nombreux symboles qu’elle renferme. Il est donc capital que des Maîtres expérimentés transmettent leur savoir, leur héritage aux « jeunes » Maçons pour que les différentes traditions se perpétuent.
Les trois grands Piliers sont le fondement du Temple, et c’est un Ordre constitué d’êtres humains qui tente de le faire vivre. Or chacun sait que tout ordre humain est dépendant des faiblesses et des inconstances inhérentes à la nature humaine. Dans la Loge, coexistent deux réalités indiscutables : l’une est l’imperfection des hommes qui n’ont d’autre horizon que les devoirs asservissants de la vie matérielle et sociale ; l’autre est la splendeur et la perfection de l’œuvre accomplie pour le Temple. L’Harmonie (ou Beauté) consiste à faire naître de cette dualité une construction cohérente, tant sur le plan de la Loge que sur le plan individuel.
R:. F:. A. B.
Bibliographie
Alban Gilbert - Manuel pratique du Premier Surveillant – Guide du Compagnon
2ème édition - Collection « Les Officiers de la Loge »
Editions Detrad, Paris, 1996
Alban Gilbert - Manuel pratique du Second Surveillant – Guide de l’Apprenti
2ème édition - Collection « Les Officiers de la Loge »
Editions Detrad, Paris, 1989
Béresniak Daniel - Le Vénérable Maître
Editions Detrad, Paris, 2004
Béresniak Daniel - Le Premier Surveillant
Editions Detrad, Paris, 2004
Béresniak Daniel - Les offices et les officiers de la loge
Editions Detrad, Paris, 2008
Darche Claude - Vade-mecum du Maître
Editions Dervy, Paris, 2008
Delaporte Jean - Le Vénérable Maître
Fonction, devoirs et symbolique
La Maison de Vie, Paris, 2009
Guigue Christian - La formation maçonnique
Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1995
Langlet Philippe - Les trois Lumières de la Loge
Editions de La Hutte, Valence d’Albigeois, 2011
Lejeune Alain - Les Trois Grands Piliers
« Un tracé maçonnique de lumière » - Collection « Les Symboles Maçonniques »
Edition « La Maison de vie », Fuveau, 2003
Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire
Paris, Editions Dervy, 2006
Michaud Didier - L'Équerre et le chemin de rectitude
La Maison de Vie, Fuveau, 2002
Noyer Joseph - Le Fil à plomb et la perpendiculaire
La Maison de Vie, Fuveau, 2006
Serre Maurice & Rochard Poky - La Colonne du Nord
Editions maçonniques de France, Paris, 2004
Vannier Estelle - Le Pilier Sagesse
La Maison de Vie, Paris, 2012
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