• * La couverture de la Loge

     La couverture de la Loge - Le Frère Couvreur 

    Le Frère Couvreur

    Le Frère Couvreur « désigne l’Officier de la Loge chargé de la garde de la porte de la Loge. En d’autres termes, il est l’Officier chargé de protéger et d’assurer la sécurité des Travaux. On dit qu’il « assure la couverture du temple (ou de la Loge) ».

    Selon les Obédiences et les Loges, il se peut qu’il y ait parfois deux Frères Couvreurs : l’un à l’intérieur de la Loge, l’autre à l’extérieur. Dans certains cas, le Frère Couvreur n’est autre que l’ancien Vénérable de la Loge, comme souvent au Rite Ecossais Ancien Accepté. Il est en effet d’usage à plusieurs rites que ce soit le Vénérable Maître descendant de charge qui remplisse cet office car il fait passer celui qui dirigeait la Loge, de l’office le plus élevé, au plus humble, enseignant ainsi que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.

    Idéalement, et pour l’exemple d’humilité qu’il donnerait, la fonction de Couvreur extérieur pourrait être exercée par l’ancien Passé Maître Immédiat. Mais le nombre de Maîtres dans la Loge n’est pas toujours suffisamment élevé pour qu’il en soit ainsi.

    Les décors du Frère Couvreur

    La couverture de la loge est probablement l’un des offices les plus anciens car dans les premières loges, le Couvreur armé d’une épée servait réellement de gardien du seuil.

    Pour emblème de sa mission, le Frère Couvreur porte un sautoir orné d’un glaive vertical dont la pointe dirigée vers le ciel marque sa fermeté dans la protection de l’enceinte sacrée que constitue la loge.

    Qui est à même d’assurer la couverture de la Loge ?

    La couverture de la Loge doit normalement être assurée par un Maître Maçon. Cependant, tant que les travaux ne sont ouverts qu’au Premier degré, voire même au Deuxième degré, et uniquement dans le cas où le nombre de Maîtres présents s’avérerait insuffisant, la fonction de Couvreur peut exceptionnellement être confiée à un Compagnon dûment informé de sa très grande responsabilité et de son rôle dans les rituels qui seront exécutés au cours de la Tenue.

    Mission générale du Frère Couvreur

    Le Frère Couvreur est mandaté par le Vénérable Maître :

    • pour laisser entrer les Francs-maçons qui doivent assister à une Tenue ;
    • pour permettre à des visiteurs autorisés de se joindre à la cérémonie.
    • pour écarter les profanes indiscrets.

    La fonction de Couvreur concerne tout ce qui a trait à la garde des abords, extérieur et intérieur, de la porte. Anciennement, précise Irène Mainguy, il était appelé Frère Terrible à cause de la rigueur et de la vigilance que réclamait la fonction. Il était recommandé au Couvreur « de tenir fermement le glaive qui écarte les indiscrets non préparés à participer aux travaux ».

    Le Couvreur a une fonction qui désigne symboliquement la ligne de séparation très mince entre la loge en activité et le monde profane, et ce, durant toute la durée des travaux d’une tenue, tant que le temple doit être « à couvert ».

    Le Frère Couvreur est mandaté par le Vénérable Maître pour laisser entrer les Francs-maçons qui doivent assister à une tenue et permettre éventuellement à des visiteurs autorisés de se joindre à la cérémonie. Si nécessaire, il doit également écarter les profanes indiscrets.

    Comment assure-t-on la couverture de la Loge ?

    Lorsque débute le rituel d’Ouverture des Travaux,

    il y a lieu de s’assurer si la Loge est couverte extérieurement.

    Le Frère Couvreur est le seul habilité à ouvrir la porte de la Loge.

    Il faut tout d’abord contrôler que la porte d’accès au bâtiment est bien fermée.

    Avant l’entrée des Frères dans la Loge, consiste à contrôler que la porte d’accès au bâtiment est bien fermée et que les profanes ne risquent pas de s’introduire sur les parvis de la Loge.

    Ensuite s’assurer de la qualité de Maçon de tous visiteurs.

    En concertation avec le Frère Expert et le Vénérable Maître, il faut tout d’abord s’assurer de la qualité de Maçon de tous visiteurs. Ceux-ci sont le plus souvent connus de l’un ou l’autre Frère de la loge mais il convient de rester prudent.

    Puis vérifier que tous ont revêtu correctement leurs décors.

    Au moment où les Frères s’apprêtent à pénétrer dans la loge, il y a lieu de vérifier que tous ont revêtu correctement leurs décors.

    Enfin fermer la Porte de la Loge.

    Lorsque les Frères sont tous entrés dans la loge, y compris le Vénérable Maître et les principaux Officiers de sa commission, le Couvreur peut alors fermer la porte de la Loge.

    Lorsque débute le rituel d’ouverture des travaux, il y a lieu de s’assurer si la loge est couverte extérieurement. Pour ce faire, il y a lieu de jeter un dernier coup d’œil à l’extérieur par le judas, de frapper des petits coups sur la porte, au rythme du grade auquel les travaux vont être ouverts. S’il n’y a pas de Couvreur extérieur, il y a lieu de refaire les mêmes petits coups mais en veillant, si possible, à produire une sonorité quelque peu différente, comme pour laisser croire qu’il y a effectivement un second Couvreur à l’extérieur de la loge.

    Lorsque les travaux auront été fermés et lorsque le Vénérable Maître aura donné le signal de la sortie rituelle, le Frère Couvreur est le seul habilité à ouvrir la porte de la loge.

    La gestuelle

    Lorsque les Frères entrent dans la loge, le Couvreur tient son épée de la main droite et l’appuie légèrement sur son épaule droite. Au moment de l’entrée du Vénérable Maître et de sa commission d’Officiers Dignitaires, il doit saluer le Vénérable Maître et tout Grand Officier Dignitaire qui l’accompagne, en se mettant à l’ordre.

    Comment se mettre à l’ordre en tant que Couvreur ?

    Le Frère Couvreur place son épée verticalement devant son visage, la main droite étant à peu près à hauteur de la bouche.

    Comment faire le signe ?

    En étant à l’ordre, l’épée est déplacée vers la droite dans un premier temps ; la main droite glisse vers le bas, dans un second temps, jusqu’à hauteur de la taille, de sorte que le mouvement se fait « par niveau et perpendiculaire ».

    La transmission des décors

    Lorsqu'il y a lieu de changer de Couvreur, notamment lors de la cérémonie d’installation de nouveaux Officiers Dignitaires, l’échange de décors ne se fait pas de n’importe quelle manière.

    Pour la remise des décors au nouveau Couvreur, il y a lieu de lui remettre en premier lieu le sautoir, puis le tablier et enfin l’épée.

    L’épée se transmet en trois temps :

    1. au garde-à-vous, lame devant le visage,
    2. la pointe en bas,
    3. garde de l’épée posée sur l’avant-bras gauche.

    Le nouveau Couvreur salue par l’épée celui qui descend de charge, tandis que ce dernier le salue par le signe de l’Apprenti.

    Enfin, tous deux se font l’accolade fraternelle.

    Comment réagir en cas d’arrivée tardive d’un Frère ?

    Il convient tout d’abord que le Couvreur reste attentif au retentissement éventuel de la sonnerie du bâtiment et avise s’il peut, en toute discrétion, sortir de la loge à un moment qui ne perturbera pas la bonne exécution du rituel, dans le but de laisser entrer le ou les retardataires dans le bâtiment et de lui (les) laisser revêtir leurs décors.

    Qu’il s’agisse d’un Frère de l’Atelier ou d’un Frère visiteur, tout Frère arrivant en retard, c’est-à-dire quand la Tenue a déjà commencé, doit agir avec discrétion et  manifester au Frère Couvreur sa demande d’entrée en loge.

    Le Frère Couvreur choisit son moment d’intervention orale en fonction de l’évolution du rituel. Par exemple :

    • juste après que le Vénérable Maître a déclaré que les travaux sont ouverts ;
    • juste après l’accueil des Frères visiteurs déjà présents sur les colonnes ;
    • ou après l’approbation du tracé de la tenue précédente ;

    Le Frère Couvreur prend alors librement la parole et annonce au Frère Second Surveillant  selon le cas :

    L’annonce est alors répercutée au Vénérable Maître par le Second et le Premier Surveillants. Mais dans certaines loges, le Frère Couvreur peut s’adresser directement au Vénérable Maître dans les mêmes termes.

    Seul le Vénérable Maître peut donner l’autorisation au(x) Frère(s) retardataire(s) de pénétrer dans la loge. Cette entrée tardive doit impérativement s’effectuer de manière rituelle (les pas, les trois saluts, le déplacement sous la conduite du Maître des Cérémonies).

    Quelques éléments historiques

    Autrefois il était nécessaire de bien distinguer le Couvreur du Tuileur. Cette dernière appellation désignait un garde extérieur qui tuilait les visiteurs. Aujourd’hui, ce n’est habituellement plus le Frère Couvreur qui tuile les visiteurs mais le Frère Expert. Notons cependant qu’à la Respectable Loge « La Parfaite Fraternité » à l’Orient de Mons, le Frère Couvreur tuile tous les Frères individuellement au moment de leur entrée dans la loge.

    Le mot « tuiler » est apparu pour la première fois en 1738. Par tuilage il faut comprendre qu’un Officier de la Loge vérifie la qualité d’un Franc-maçon en s’assurant qu’il possède bien le grade qu’il dit avoir reçu par ses réponses. C’est ainsi que le Franc-maçon justifie de sa bonne connaissance de l’instruction de son grade.

    Les Règlements Généraux de la Respectable Loge de Saint Jean travaillant sous le signe distinctif « Des Cœurs Unis » à l’Orient de Paris préconisaient en 5784 certaines dispositions pour l’office du Couvreur. Traduites dans notre français d'aujourd'hui, ces dispositions, qui restent valables de nos jours, étaient les suivantes :

    • Le Frère Couvreur pourra seul ouvrir ou fermer la porte de la loge.
    • Lorsque l'on frappera à la porte de la loge, il en avertira à voix basse un Surveillant.
    • Il n’ouvrira la porte et ne laissera jamais entrer personne en loge sans en avoir reçu l’ordre du Vénérable Maître.
    • Lui seul communiquera à l’extérieur tous les ordres du Vénérable Maître.
    • Il examinera très scrupuleusement si les Frères, tant ceux qui seront à l’ouverture des travaux que ceux qui seront admis pendant leurs cours, sont décorés.
    • Il priera de se décorer tous ceux qui ne le seraient pas.
    • Il demandera le mot de passe.

    La plupart des auteurs d’ouvrages à caractère maçonnique considèrent que la dénomination de Couvreur est en rapport avec le couvreur de métier qui termine un bâtiment en y posant un toit : de même, le gardien de la loge est appelé Couvreur, parce qu’il vérifie que la loge est à couvert pour que les travaux puissent commencer.

    Couvrir la Loge

    L’expression « Couvrir le Temple » désignait autrefois la fonction du Couvreur qui avait pour mission de ne laisser pénétrer aucun profane dans le Temple maçonnique.

    Par extension, aujourd’hui, ce sens a quelque peu varié ! « Assurer la couverture du temple » ne peut pas être confondu avec « Couvrir la loge ou le temple » qui est une expression signifiant sortir, quitter la loge durant la tenue ou les travaux rituels.

    Se retirer d’une tenue constitue un acte d’une haute gravité. La « couverture du temple » ne peut être agréée que pour des raisons de force majeure telle un problème de santé. Ceci ne peut s’accomplir qu’avec l’autorisation du Vénérable Maître de la loge, répondant à une demande faite en bonne et due forme.

    Le Frère qui souhaite pouvoir « couvrir le temple », se lève en se mettant à l’ordre puis attend que l’autorisation de prendre la parole soit accordée par le Vénérable Maître et par le Surveillant responsable de la colonne. Il y a lieu de s’exprimer de la manière suivante : « Vénérable Maître, je sollicite la permission de couvrir le temple ». Il vaut toujours mieux expliquer les raisons de sa sortie anticipée.

    Lorsque le Vénérable Maître émet un avis favorable pour quitter l’assemblée et sortir de la loge, le Frère doit attendre que le Maître des Cérémonies vienne le chercher pour le conduire à la porte de la loge, respecter le sens de circulation propre au Rite pratiqué et, arrivé au niveau du plateau des deux Surveillants, ne pas omettre de saluer le Vénérable Maître et ces derniers avant de sortir. Mais des raisons évidentes de malaise constituent une exception à cette règle.

    Bien entendu, il n’est pas question de laisser seul et dans la détresse sur le parvis un Frère qui a demandé de « couvrir le temple ». Plusieurs Frères peuvent éventuellement quitter l’Atelier et se charger de l’assister.

    Mais le malaise étant passé ou les remèdes nécessaires pris, si le Frère souhaite revenir dans la loge, il devra respecter le protocole d’entrée en loge, c’est-à-dire frapper à la porte selon la batterie du grade, attendre que l’autorisation lui soit donnée, se mettre à l’ordre, faire les pas et saluer le Vénérable Maître ainsi que les deux Surveillants, remercier le Vénérable Maître et surtout rassurer les Frères inquiets en donnant des nouvelles de son état.

    Interventions orales du Couvreur au Rite moderne de la G.L.R.B.

    La vérification du fait que la loge est bien à couvert est prioritaire dans le rituel d’ouverture des travaux. Il importe donc que le Frère qui exerce la fonction de Couvreur puisse réagir comme il se doit au moment approprié, et de préférence de mémoire.

    Le rôle du Frère Couvreur est aussi très important lors de l’Initiation d’un profane. L’idéal, c’est que le Frère Couvreur connaisse de mémoire les quelques répliques qu’il a à donner dans le rituel de cette cérémonie.

    Le rôle du Frère Couvreur lors d’un Passage au grade de Compagnon peut paraître moins important que lors de l’Initiation d’un profane. Cependant, ce serait aussi idéal pour la beauté de cette deuxième cérémonie, que le Frère Couvreur connaisse de mémoire les deux répliques qu’il a à donner au début de ce rituel. Au début de la cérémonie d’Elévation à la Maîtrise, le Frère Couvreur a quelques répliques simples à énoncer. L’idéal, ici aussi, c’est que le Frère Couvreur les connaisse de mémoire pour la beauté de cette cérémonie.

     

    R:. F:. A. B.

     

    Bibliographie

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1995

     

    Lepage Marius - Le Symbolisme

    p. 110, novembre 1952janvier 1953 - n° 2 / 306

     

    Mac Key - Encyclopedia of Freemasonry

    Tome III, article « Tiler », 1966

     

    Mainguy Irène - La Symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 2001

     


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