• * Les influences subies par la Franc-maçonnerie à ses débuts

     Les influences subies par la Franc-maçonnerie à ses débuts 

    Introduction

    Selon Paul Naudon, auteur d’une « Histoire générale de la Franc-maçonnerie » (Office du Livre, 1987), la Franc-maçonnerie, telle qu'elle est pratiquée de nos jours, serait née en 1717 avec la Grande Loge de Londres. Il ne s'agissait pourtant pas d'une génération spontanée. Elle s'est affirmée comme la continuation de la Franc-maçonnerie de métier. Ses traces se relèvent, en Angleterre et en Ecosse, à partir du 13ème siècle, mais elle se référait à une tradition infiniment plus ancienne.

    L'Histoire Générale de la Franc-maçonnerie de Paul Naudon précise ces origines. Les vieux statuts, charges et devoirs du métier font état de légendes qui montrent déjà une des caractéristiques de la Franc-maçonnerie : le symbolisme.

    Mais l'historien doit s'attacher aux sources réelles et cette recherche nous fait suivre un itinéraire allant des collegia romains aux communautés de métiers et aux corporations en passant par les associations monastiques et les confréries. Le rôle des Templiers est également considérable.

    Les origines

    Une théorie plausible fait remonter les origines de la Franc-maçonnerie au temps des Babyloniens, ces grands bâtisseurs de l'Antiquité dont l'habileté et l'orgueil avaient poussé jusqu'à défier les dieux en voulant construire une tour qui atteindrait le ciel, la fameuse Tout de Babel.

    De Babylone on passe en Egypte où les bâtisseurs jouissaient d'un statut privilégié. En effet, les pharaons, les rois d'Egypte, étaient essentiellement des bâtisseurs, des architectes si l'on veut, et ils passaient beaucoup de leur temps sur les chantiers de construction.

    A cette époque, il y avait des groupes de bâtisseurs, sortes de corporations professionnelles, possédant des techniques et des principes bien à eux, des secrets du métier en somme, et ils étaient tenus en haute estime par les dirigeants de l'Etat. D'Egypte, le mouvement se serait transmis en Grèce puis à Rome et finalement en Europe occidentale. Rappelons-nous qu'à l'époque de l'Empire romain, il existait des regroupements de corps de métiers appelés en latin, « collegia fabrorum ». Ces corporations professionnelles, précurseurs des guildes médiévales, possédaient à elles seules tout le savoir romain : comment construire les routes, les arches, les aqueducs, les outils de guerre, etc.

    Il est vraisemblable que les rites des « collegia fabrorum » survécurent sous le Bas-Empire malgré le triomphe du christianisme, de la même façon que d'autres rites appartenant aux religions païennes, les saints patrons prenant peu à peu la place des dieux tutélaires et les rituels se christianisant.

    Après l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, les « collegia fabrorum » ont disparu. En effet, comme l'écrit Paul Naudon : « A l'époque féodale, aucun cadre juridique ne permet plus l'existence d'associations professionnelles autonomes et aucun groupement ne peut plus être envisagé sans tenir compte des liens de suzeraineté ou de vassalité qui caractérisent cette société ».

    Les vestiges des « collegia fabrorum » se sont placés sous la protection de l'Eglise et sont devenus des associations monastiques.

    A partir du 11ème siècle, de nouvelles associations se sont développées : les « confréries » et les « guildes ». Les confréries étaient nombreuses, à la fin du Moyen Âge, à travers l'Europe. Elles veillaient au respect des Devoirs des différents métiers. Le célèbre manuscrit Régius, qui date de la fin du 14ème siècle, donne une bonne idée de ce que pouvait être la Maçonnerie « opérative » de l'époque. Ces confréries étaient cependant souvent mal vues par l'Église catholique romaine et surveillées de près par les pouvoirs royaux.

    Progressivement, les loges opératives admettront parmi leurs membres quelques hommes importants, nobles ou membres du clergé, n'appartenant pas directement au métier. C'est ainsi que les loges écossaises, depuis 1439, avaient comme protecteurs héréditaires les seigneurs Saint-Clair de Rosslyn[1].

    Au 16ème siècle, ceux-ci feront venir d'Italie, source de la Renaissance qui enthousiasme l'Europe, des maçons qu'ils réuniront aux maçons écossais, régénérant ainsi les vieilles confréries sous une forme proche de celle des académies italiennes, ce qui eut, dit-on, beaucoup de succès. Toutefois, les statuts de la Loge « Mary's Chapel » d'Édimbourg, promulgués en 1599 par William Schaw, Maître des travaux du roi et surveillant général des maçons, montrent bien qu'on se situe toujours à cette époque dans le cadre de corporations de métiers.

    En Angleterre, les Loges évoluèrent de la même manière à partir de 1607, sous la protection de l'Écossais Jacques Stuart, devenu roi d'Écosse et d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er en 1603, mais cette fois-ci le mouvement de modernisation alla beaucoup plus loin. En effet, la Renaissance avait alors porté ses fruits. Partout en Europe, la philosophie était enfin sortie du carcan scolastique.

    À Londres, en particulier, on se passionnait pour les sciences et les arts, pour l'alchimie[2] comme pour la mécanique céleste, pour l'hermétisme comme pour la philosophie classique.

    À l'issue de terribles guerres de religions et de successions, à la fin du 17ème siècle, avec entre autres la « Déclaration des droits » de 1689, l'esprit de réforme souffle sur les institutions britanniques, la Grande-Bretagne devient le phare de l'Europe.

    La Franc-maçonnerie au 18ème siècle

    En ce qui concerne la Franc-maçonnerie, il semble que le tournant décisif se situe justement à la fin du 17ème siècle. C'est ainsi par exemple qu'en 1703, lorsque la Loge Saint-Paul de Londres décide de s'ouvrir aux « personnes de tous états qui voudront y prendre part », elle ne fait vraisemblablement qu'officialiser une situation qui datait probablement déjà de plusieurs années.

    Ceci est confirmé par le fait que les loges établies en France à la fin du 17ème siècle par des exilés stuartistes (Jacques II s'est enfui en France en 1688) ne sont déjà plus des loges opératives. De même, on trouve déjà une Loge non-opérative en Irlande, à Dublin, vers 1690.

    La Franc-maçonnerie cesse donc à cette époque d'être une institution de métier, ouverte par exception à quelques hommes venant d'autres horizons, pour devenir l'institution essentiellement intellectuelle, symbolique et humaniste que nous connaissons aujourd'hui.

    C'est très probablement aussi à cette époque que naît le grade de « Maître Maçon », que la Franc-maçonnerie opérative ne connaissait pas, se limitant à ceux d'Apprenti (Entered Apprentice) et de Compagnon (Fellow Craft).

    Fondation de la Grande Loge d'Angleterre, dite plus tard « Les moderns »

    Peu de temps après la création du Royaume de Grande-Bretagne (1707) et l'arrivée au pouvoir de la Maison de Hanovre (1714), à l'occasion de la Saint-Jean d'été, quatre loges de Londres connues sous le nom des tavernes dans lesquelles elles se réunissaient, « At The Goose and Gridiron », « At the Crown », « At the Apple Tree » et « At the Rummer and Grapes » constituent la première obédience maçonnique de l'histoire, la « Grande Loge de Londres », dont le pasteur écossais James Anderson rédigera, avec l'aide du pasteur d'origine française, Jean Théophile Désaguliers, les Constitutions en 1723.

    Ces Constitutions, dans le contexte de l'époque, sont d'une remarquable ouverture, puisqu'elles permettent à des hommes de religions différentes (catholiques, anglicans et protestants) de travailler ensemble dans un véritable esprit de fraternité, à une époque où, à l'extérieur, l'intolérance religieuse est encore très loin d'être partout éteinte.

    Les protestants sont nombreux dans cette nouvelle institution, dont les trois premiers Grands Maîtres sont des roturiers, mais Désaguliers parvient à y attirer un grand nombre de membres de la « Royal Society » et à faire accepter la grande maîtrise au Duc de Montagu en 1721, puis au Prince de Galles en 1737. L'obédience prendra rapidement le nom de « Grande Loge de Londres et de Westminster », puis de « Grande Loge d'Angleterre ». Son recrutement reste éclectique : à côté des aristocrates et des savants, on trouve aussi des artisans, des petits commerçants, des aubergistes. Ses membres encouragent le théâtre et rédigent des prologues et épilogues maçonniques pour certaines pièces, ainsi que de nombreuses chansons maçonniques. L'activité des loges est essentiellement tournée vers la convivialité, la sociabilité et le divertissement.

    La bulle papale de 1738 n'a presque aucun écho en pays anglican. Les premières divulgations du secret maçonnique, notamment l'ouvrage « Masonry dissected » de Samuel Prichard, sont plus remarquées, mais ne semblent pas non plus être à l'origine du léger repli de la Grande Loge d'Angleterre dans les années 1740, qui verra le nombre de ses loges passer de 189 en 1741 à 157 en 1748.

    Cette diminution est probablement plus liée au désintérêt des Grands Maîtres pour la vie de leur obédience ainsi qu'à la popularité d'autres clubs tels que le Hellfire Club et les Gormogons. Dans le même temps, la Grande Loge d'Angleterre feint d'ignorer la Grande Loge d'Irlande, tarde à reconnaître celle d'Écosse et refuse d'accepter dans ses rangs les immigrés venus de ces pays, ce qui aboutira en 1751 à la fondation de la Grande Loge concurrente, dite « des Antients ».

    Suite à cette crise, elle aura perdu 71 loges de plus en 1756. Elle y fait alors face en renforçant son élitisme, en développant ses loges à l'étranger, en interdisant les visites aux loges de l'obédience rivale et en entamant la construction du prestigieux « Freemason's Hall ». Elle conserve également la tolérance religieuse de ses origines, se distinguant de sa rivale en ce qu'elle condamne l'athéisme tout en restant encore ouverte à toutes les religions.

    Fondation de la Grande Loge d'Écosse

    En Écosse, la première réunion de Loges au sein d'une obédience centralisée, la Grande Loge d’Écosse, à la manière de la Grande Loge de Londres, date de 1736. Mais l'innovation de tolérance y fut moins bien accueillie, en autres pour des raisons dynastiques : beaucoup de Maçons restaient attachés à la cause des Stuart et au seul catholicisme. Beaucoup de Loges gardèrent par ailleurs leur indépendance ou la reprirent rapidement, comme la célèbre « Mother Lodge of Kilwinning ».

    La Grande Loge dite des « Antients »

    En 1751, apparaît une nouvelle Grande Loge en Angleterre, sous le nom de « Grand Lodge of Antients Masons ». Cette Grande Loge réunit des Loges composées pour une grande part d'immigrés catholiques irlandais, ayant été initiés en Irlande et n'ayant pas été admis dans les Loges plus aristocratiques de la Grande Loge d'Angleterre, qu'ils qualifieront du terme à leurs yeux péjoratifs de « Grande Loge des Modernes ».

    Soucieux d'établir leur légitimité, les anciens affirment être les héritiers de l'ancienne loge d'York et détenir des secrets maçonniques inconnus de leurs adversaires auxquels ils reprochent d'avoir déchristianisé les rituels. Ils introduiront notamment dans leur rite la pratique du degré de l'« Arche royale » (Royal Arch), inconnu des modernes.

    Le principal animateur de cette Grande Loge est Laurence Dermott. De son poste de « Grand Secrétaire », il parviendra à convaincre quelques aristocrates d'accepter de se succéder à la grande maîtrise de son obédience, notamment le comte de Blessington, ancien Grand Maître d'Irlande. Il publiera sous le nom d’Ahiman Rezon des Constitutions différentes des Constitutions d’ Anderson, en s’inspirant des statuts de la Grande Loge d’ Irlande. Il développera en particulier le comité de charité de son obédience, dont l'action était probablement rendue plus nécessaire par la plus grande précarité sociale de ses membres.

    La Grande Loge des Anciens, moins élitiste que sa rivale, se développe rapidement : de 6 Loges en 1751, elle passe à 36 en 1954 et à 180 en 1793. Elle noue également des relations avec la Grande Loge d'Irlande et la Grande Loge d'Écosse, ce que la Grande Loge d'Angleterre n'avait pas voulu faire. C'est ainsi que deux ducs d'Atholl seront à la fois Grands Maîtres de la Grande Loge d'Écosse et de celle des « Antients ».

    La Franc-maçonnerie au 19ème siècle

    Au tout début du 19ème siècle, l'Angleterre fait face à l'Empire napoléonien et à la révolte irlandaise en partie influencée par les révolutions françaises et américaines. En 1800, le gouvernement britannique proclame l'Union de l'Irlande et de l'Angleterre. En 1813, l'Empire continental de Napoléon 1er est vaincu. Le Royaume-Uni devient, pour plus d'un siècle, la première puissance mondiale.

    C'est dans ce contexte que la Franc-maçonnerie anglaise s'unifie elle aussi en 1813 au sein de « l'United Grand Lodge of England » au terme d'un traité d'Union qui, par une sorte de compromis, remplaça le déisme naturel d'Anderson et l'exigence de christianisme des Ancients par une référence à l'obligation de la croyance en un théisme personnel. En ce qui concerne les rituels pratiqués, ils furent rapidement harmonisés autour de ce qui devint le Rite Émulation qui est aujourd'hui le Rite le plus pratiqué au Royaume-Uni.

    Devenue une institution unifiée dans un Empire britannique remarquablement puissant et stable, naturellement indifférente aux condamnations antimaçonniques de l'Église catholique qui se multiplient sur le continent, soutenue et protégée par la famille royale, la Franc-maçonnerie anglaise connaîtra au cours du 19ème siècle et du 20ème siècle une croissance inégalée dans le reste de l'Europe et deviendra une institution quasi-officielle et assez conservatrice au Royaume-Uni et dans les pays issus de l'Empire britannique.

    D'une manière assez proche, la Maçonnerie écossaise s'était unifiée en 1807 au sein de la Grande Loge d'Écosse. Les catholiques y étaient par ailleurs devenus peu nombreux du fait des interdictions papales.

    Il convient de remarquer, au sujet de l'Écosse, qu'elle ne fut pas à l'origine des « Rites Écossais » (« Rectifié » ou « Ancien et Accepté » »), qui sont nés de synthèses de grades d'origines essentiellement françaises et allemandes.

    L'influence de la Franc-maçonnerie anglaise fut telle que la Grande Loge unie d'Angleterre est, aujourd'hui encore, considérée comme la Grande Loge Mère de toute la Franc-maçonnerie par la plupart des obédiences du Monde.

    La plus grande partie du symbolisme maçonnique repose sur l’Ancien Testament, accessoirement sur l’alchimie, l’hermétisme, l’astrologie et même l’égyptologie ainsi que sur les rites de la Franc-maçonnerie opérative basée sur le symbolisme de la construction. Apportons à présent quelques précisions préliminaires sur ces différents courants qui ont influencé la Franc-maçonnerie.

    Le gnosticisme

    L'origine de la Franc-maçonnerie est obscure. Certains la font remonter aux cérémonies initiatiques de l'Egypte et de la Grèce antiques – tels les mystères d'Eleusis – auxquelles ses rites symboliques sont apparentés. Le christianisme des premiers siècles a également développé, avec les gnostiques, des formes d'initiation ritualisée permettant d'accéder à la connaissance des mystères divins, à l'illumination intérieure. On peut voir une filiation directe entre les gnostiques et les alchimistes, occultistes, illuminés et autres membres de la Rose-Croix qui ont fleuri au Moyen Age puis aux Temps modernes.

    Le gnosticisme est un mouvement religieux regroupant des doctrines variées du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient qui se caractérisent généralement par la croyance que les hommes sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé le Démiurge. Le mouvement connut son apogée au cours du 2ème siècle.

    La Gnose fut un mouvement religieux non chrétien à ses débuts, puisque vraisemblablement pré-chrétien, qui emprunta beaucoup aux cultes à mystères et à l'hermétisme, avant de devenir chrétienne ou manichéenne et cathare. Une des formes modernes de la gnose chrétienne se manifeste dans la doctrine des Fraternités de Rose-Croix. Ce sont des sociétés secrètes initiatiques qui exercèrent une grande influence sur la Franc-maçonnerie. Le mouvement bénéficia de toute la tradition alchimique et de la terminologie hermétique.

    Les néoplatoniciens

    On désigne sous le nom de néoplatonisme une école philosophique qui se réclame de Platon et dont le fondateur est Plotin (205-270 après J.-C.). Le néoplatonisme ou platonisme de l'Antiquité tardive tentait de concilier la philosophie de Platon avec certains courants de la spiritualité orientale.

    Le mot « néoplatonisme » semble avoir été inventé par Thomas Taylor, dans sa traduction des Ennéades de Plotin (1787). Les néoplatoniciens se disent, eux-mêmes, simplement platoniciens.

    Le néoplatonisme se caractérise par l'insistance donnée au premier Principe (l'Un, en général) et par des expériences spirituelles.

    Pour être néo-platonicien au sens strict, il faut reconnaître comme source d'une procession universelle un Principe absolument ineffable, nommé symboliquement « l'Un » ou « le Bien ». Il faut admettre à l'origine de toute pensée une sorte de coïncidence mystique, tout aussi inexprimable, avec ce centre universel.

    L'école néoplatonicienne a duré trois siècles, de la fin du 2ème siècle au 6ème siècle après J.-C. ; elle marque le dernier effort de la philosophie grecque, son entrée en contact et sa lutte avec le christianisme, et le passage de la pensée antique à la pensée du Moyen âge.

    Le mithriacisme et ses doctrines mystiques

    Mithra est le nom d'une divinité d'origine indo-iranienne, adoptée par la suite dans le monde gréco-romain, et dont le culte, appelé mithriacisme ou religion de Mithra, passe généralement pour être une dérivation du Mazdéisme. Aux yeux des Perses, ce dieu était le premier des anges, ou comme une personnification d'Ormuzd lui-même, considéré comme principe générateur perpétue et rajeunit le monde. C'était l'lzed du Soleil, et, comme tel, le dieu de la lumière. En conséquence, il était l'ennemi des ténèbres.

    Le mithraïsme, parfois aussi appelé mithriacisme ou culte de Mithra, est un culte à mystères apparu probablement pendant le 2ème siècle avant J.-C. dans la partie orientale de la Méditerranée. Durant les siècles suivants, il s’est propagé dans tout l'Empire romain et a atteint son apogée durant le 3ème siècle. Ce culte a été particulièrement bien reçu et implanté chez les soldats romains.

    Au 4ème siècle, il a été supplanté par le christianisme qui le déclara illégal en 391. En tant que « Culte à mystères », de type initiatique, sa transmission se faisait oralement, selon un rituel transmis d'initié à initié et non sur des écritures sacrées. 

    Dans le culte de Mithra, il existe sept niveaux d'initiation qui peuvent être mis en relation avec les sept planètes de l'astronomie de l'époque (la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne).

    Le mysticisme

    La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux choses cachées ou secrètes. Le terme relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner ce qui relève d'expériences spirituelles de l'ordre d'un contact ou d'une communication avec une réalité non discernable par le sens commun.

    La mystique peut aussi être considérée comme la recherche d'une union à Dieu. L'un des aspects les plus discutés de la mystique est dès lors celui de savoir si cette union à Dieu peut aller jusqu'à la fusion en Dieu, ce qui abolit la différence et supprime l'union. Enfin, la réflexion sur ce qu'est la mystique a trait à la morale dans la mesure où elle relève d'un désir de connaître ce qui, par soi-même, est bien, juste et vrai.

    L’orphisme

    L’orphisme était un courant religieux de la Grèce antique. Le mythe d'Orphée donna naissance à une théologie initiatique. La doctrine orphique était une doctrine de salut marquée par une souillure originelle. L'âme est condamnée à un cycle de réincarnations dont seule l'initiation pourra la faire sortir, pour la conduire vers une survie bienheureuse où l'humain rejoint le divin.

    L’alchimie

    L'alchimie est une discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux. L'un des objectifs de l'alchimie est la réalisation du Grand Œuvre, c'est-à-dire de la Pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles, l'argent, l'or.

    L’alchimie est une science dont l'objet est l'étude de la matière et de ses transformations. Elle repose sur un ensemble de pratiques – et en ce sens, elle est généralement considérée comme l'une des origines de la chimie[3] moderne – et sur des considérations philosophiques particulières, l'hermétisme.

    Un autre objectif classique de l'alchimie était la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie.

    La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fondait, ont parfois été accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles.

    L’hermétisme

    L'hermétisme est une philosophie, une religion, un ésotérisme, ou une spiritualité en quête du salut, par l'esprit (comme le gnosticisme) mais supposant la connaissance analogique du cosmos. Le salut passe par la connaissance : se connaître, se reconnaître comme « étant fait de vie et de lumière », comme Dieu, en tant qu'intellect. Et cela constitue une contemplation, la vue du Bien, en sa « beauté impérissable, incompréhensible ».

    Le mot désigne ainsi une doctrine ésotérique fondée sur des écrits de l'époque gréco-romaine attribués à l'inspiration du dieu Hermès Trismégiste (nom donné par les Grecs au dieu égyptien Thot) et une doctrine occulte des alchimistes, au Moyen Âge et à la Renaissance. Dans un sens commun, il désigne le caractère de ce qui est difficile à comprendre.

    Pour garder un minimum de cohérence, on ne saurait parler d'hermétisme (au sens d'ésotérisme) sans certaines conditions : affirmation de l'autorité d'Hermès ou d'Hermès Trismégiste ou de Thoth, ésotérisme (secret), inscription dans un courant historique précis (celui du Corpus Hermeticum, pour l'essentiel), tendance philosophique précise (centrée sur l'Un-Tout, la divinisation de l'esprit, les correspondances, l'alchimie mystique).

    Selon Ambelain, auteur de la Symbolique des outils dans l’Art Royal, les Rose-Croix auraient pénétré sciemment les loges maçonniques aux 17ème et 18ème siècles et y auraient introduit l’hermétisme et l’alchimie.

    Les influences mystiques et philosophiques

    L’influence de l’Egypte antique sur la Franc-maçonnerie a de nombreuses et diverses sources : les écrits des anciens auteurs grecs et romains, les traités astrologiques, magiques, kabbalistiques, gnostiques et alchimiques qui fleurirent au Moyen Age[4] et qui furent longuement commentés au cours du 16ème et 17ème siècle par les hermétistes.

    Les contacts entre philosophes et mystiques chrétiens, juifs et arabes du Moyen Age ainsi que les relations entre les sectes fatimides et ismaéliennes et certains dignitaires de l’Ordre du Temple durant les croisades, favoriseront la diffusion en Europe de ces doctrines, regroupées en une forme syncrétique dans l’hermétisme, l’alchimie et la kabbale. Les grands Arnaud de Villeneuve, Raymond Lulle et Roger Bacon iront chez les Arabes au 13ème siècle étudier l’alchimie, cette science hermétique qui connaîtra son âge d’or aux 14ème et 15ème siècles.

    C’est aussi l’époque de Dante et de sa « Divine Comédie », précurseur génial de cette période pré-Renaissance appelée Humanisme et dont Érasme sera l’un des chefs de file avec Thomas More. Par la suite, la Renaissance verra naître de nombreuses associations à buts philosophiques, imprégnées d’hermétisme, de kabbale et d’alchimie, où se distingueront des Marcile Ficin et des Pic de la Mirandole. Parmi ces associations, nées des relations suivies que les philosophes hermétistes et alchimistes entretenaient entre eux, la Communauté des Mages, créée par Cornelius Agrippa, regroupera les maîtres de la recherche alchimique.

    Lors de leurs fréquents déplacements pour se rencontrer, ces savants et philosophes trouvaient asile dans les associations maçonniques et l’on retrouve leur empreinte et celle de leurs prédécesseurs dans le symbolisme hermétique qui transpire de la plupart des œuvres des Compagnons imagiers, maçons et tailleurs de pierre, que sont les sculptures des églises et des cathédrales du Moyen Age. Autant de « demeures philosophales » revêtant un sens alchimique, mis en évidence au début du 20ème siècle par un maître en la matière, le célèbre et mystérieux alchimiste Fulcanelli jouèrent un rôle essentiel dans la fondation de cette académie des sciences qu’est la « Royal Society ».

    Nombre de Rose-Croix étaient également Francs-maçons, comme Christopher Wren, surintendant des bâtiments royaux, Robert Moray, chimiste et mathématicien, premier président de la « Royal Society », et l’historien Elias Ashmole[5] qui avait créé une société ayant pour but l’édification symbolique du Temple de Salomon, c’est-à-dire, suivant l’idéal rose-croix, le temple unificateur des sciences. La fameuse « Royal Society » dont firent partie aussi le Rose-Croix Isaac Newton et le physicien et cofondateur de la Grande Loge de Londres, Théophile Désaguliers, serait donc bien l’un des creusets de la synthèse Rose-Croix et Francs-maçons.

    Les Rose-Croix étaient d’ailleurs considérés dès l’origine par les fondateurs de la Franc-maçonnerie moderne comme des « Frères appartenant à la même Fraternité ou Ordre ». Et c’est de ce renouvellement des idées brassées notamment dans les Loges que naquit la Franc-maçonnerie moderne, dite « spéculative », au début du 18ème siècle.

    L’Initiation maçonnique et, tout particulièrement les épreuves par les quatre éléments, seraient en grande partie inspirées par celles pratiquées par les Esséniens, eux-mêmes ayant vraisemblablement emprunté aux prêtres de l’ancienne religion, aux courants judaïques d’Alexandrie et aux gnostiques. La sagesse d’Egypte fut ainsi transmise en orient, traduite et commentée par les philosophes grecs, puis par les philosophes arabes, recueillie par les chevaliers chrétiens, transmise aux Rose-Croix et enfin à la maçonnerie opérative.

    La kabbale

    La kabbale, c’est un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'Univers et les Hommes. Elle prend ses racines dans les traditions ésotériques juives - du Judaïsme de Tradition. Cette définition ne fait pas ressortir l'Universalité de la Kabbale, la richesse des thèmes qu'elle aborde, ainsi que les multiples aspects qui allie et unit à la fois observation métaphysique et raison mais aussi symbolisme. Mais en découlent des ébauches de réponses aux questions essentielles que sont l'origine de l'Univers, le devenir de l'Homme. Ce qui fait de la kabbale un véritable outil de travail sur soi et un puissant moyen d'appréhender, d'aborder les autres systèmes de pensée, aussi divers soient-ils.

    Comment la kabbale se manifeste-t-elle dans notre pratique ?

    Non seulement le temple maçonnique représente celui de Salomon, mais le premier mot de reconnaissance qui est donné au nouvel Apprenti est le nom hébreu d’une des Colonnes qui se dressaient devant le Temple de Salomon et qui sont elles-mêmes en rapport avec l'Arbre des Sephiroths (ou Arbre de Vie des kabbalistes).

     

    Examinons à présent de manière succincte la nature des différentes influences sur la Franc-maçonnerie.

     

    L’influence rosicrucienne

    La Maçonnerie spéculative serait-elle née de l’influence rosicrucienne ? Ce n'est là qu'une supposition, comme d'ailleurs, la fameuse théorie de l'origine juive de la Franc-maçonnerie et la similitude des symboles maçonniques.

    Parmi les symboles, la Règle, le Fil à plomb, le Pentalpha (Etoile à cinq rayons) et le sceau de Salomon, symbole graphique, fait de deux triangles entrelacés, dit « hexagramme étoilé » ou « triangle de Salomon ». Or, ces symboles n'apparaissent pas dans la symbolique maçonnique avant le 18ème siècle, bien que l'on ait retrouvé de nombreuses marques médiévales laissées par les constructeurs de nos cathédrales.

    Le secret maçonnique, tel qu'il existe de nos jours, n'est ni un « emprunt » à une mystérieuse confrérie rosicrucienne, ni à un groupe de quelconques initiés dont l'existence passé serait difficile à démontrer.

    L'influence rosicrucienne est pourtant manifeste dans la Franc-Maçonnerie des trois premiers grades et l'on trouve dans les rituels d'Initiation de nombreuses traces de cette influence qui relève de l'alchimie et de l'hermétisme : notamment l’acrostiche « V.I.T.R.I.O.L. » dans le Cabinet de Réflexion, ou la Lettre G au centre de l'Etoile flamboyante. Le Cabinet de réflexion, qui est le premier lieu dont la futur Maçon fait connaissance, possède les trois principes alchimiques « Soufre, Mercure, Sel ».

    • L’ensemble des lettres « V.I.T.R.I.O.L. », peint au mur du Cabinet de Réflexion, forme un mot ancien datant des alchimistes et se rapportant à l’acide sulfurique, l’ « huile de vitriol ». C’est l’un des liquides les plus corrosifs qui soient et peu de choses lui résistent, dont notre pauvre chair. Le mot V.I.T.R.I.O.L. est formé par les initiales d'une formule hermétique. Le dépouillement des métaux relève de la plus pure technique de a transmutation alchimique.

    Ces lettres qui forment « V.I.T.R.I.O.L. », évoquent une formule alchimique exprimée en mauvais latin : « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies occultam lapidem ». Cette formule signifie : « Visite l’intérieur de la Terre, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». Parfois deux lettres y sont ajoutées : U. et M. L’ensemble devient alors « V.I.T.R.I.O.L.U.M. » et peut se traduire par « Visite l'Intérieur de la Terre et en Rectifiant, tu Trouveras la Pierre Occulte, la Vraie Médecine ».

    Le mot « Vitriol » est l’anagramme de « l’or y vit ». Donc, en visitant l’intérieur de la terre (compost) et en rectifiant (distillant), on trouve la pierre cachée, la pierre vivante, donneuse de vie.

    Pour Raoul Berteaux, l’inscription « V.I.T.R.I.O.L. » concerne la « descente dans la terre » que le candidat est censé accomplir en descendant dans le Cabinet de Réflexion. Celui-ci est à considérer comme « un donné potentiel » offert à celui qui va se séparer du « vieil homme » et qui est reçu sous le signe de la « terre », en attendant d’être reçu dans le temple sous les signes de « l’air », de « l’eau » et du  « feu ».

    Pour Jules Boucher, l’expression désignée par les lettres « V.I.T.R.I.O.L. » est « une invitation à la recherche de l’Ego profond, qui n’est autre que l’âme humaine elle-même, dans le silence et la méditation ».

    Le Grand Œuvre alchimique et la Construction du Temple sont en réalité des allégories en miroir. Ils se projettent l’un dans l’autre. Ils signifient l’art de faire de l’homme aliéné, esclave de ses passions, un homme libre de ses actes, capable de distinguer l’action de la réaction. La finalité de l’alchimie est donc de sauver l’homme de sa servitude.

    « V.I.T.R.I.O.L. » nous invite donc à regarder en nous-mêmes et à trouver en nous la pierre cachée, celle qui manque à l’édifice pour s’accomplir et tenir debout. La terre est une allégorie de l’homme. En effet, en hébreu, le mot «terre», en tant que matière, se dit Adamah et dérive de Adam, l’homme.

    • La fameuse Lettre G, que l'on voit au centre de l'Etoile flamboyante – et qui orne tous les temples maçonniques – peut être l'initiale du mot « gnose». Cette étoile s'inscrit dans le pentagramme régulier construit par Pythagore. Or Pythagore avait eu connaissance de nombreux mystères égyptiens, lors de son séjour dans les temples initiatiques de la vallée du Nil, séjour qui dura vingt-deux ans.
    • Citons pour terminer une interprétation hermétique de certains termes utilisés dans le vocabulaire maçonnique : Soufre (Vénérable), Mercure (1er Surveillant), Sel (2nd Surveillant), Feu (Orateur), Air (Secrétaire), Eau (Hospitalier), Terre (Trésorier). Nous avons là les trois principes et les quatre éléments des alchimistes. Le feu est sec et chaud ; l'air est chaud et humide ; l'eau est humide et froide ; la terre est froide et sèche.

     

    L’influence de l’Ordre du Temple

    La fin de l'Ordre du Temple (1307-1314) a généré de nombreuses légendes au sujet des Templiers. Elles sont apparues essentiellement à partir du 18ème siècle, en particulier dans les milieux maçonniques, qui ont cru voir en eux le maillon avec les bâtisseurs mythiques du Temple de Salomon.

    Ces légendes se sont développées et portent généralement sur la survivance secrète de l'ordre et la nature d'un mystérieux trésor, source de leur richesse et de leur puissance, ce trésor étant souvent lié à la légende du Graal. Elles sont très répandues dans la littérature ésotérique, qu'il s'agisse de fictions ou de spéculations, et ont récemment connu un regain d'intérêt en raison de livres à succès, de films ou même de jeux vidéo. Un des protagonistes du « Pendule de Foucault » de Umberto Eco remarque que « les Templiers y sont toujours pour quelque chose. »

    Cependant…. c’est en Ecosse où ils étaient sûrs de trouver la protection du roi Bruce que le plus grand nombre de Chevaliers de l’Ordre du Temple se réfugièrent, semble-t-il, avec à leur tête, celui qui avait été le Grand Maître d’Auvergne : le Chevalier Pierre d’Aumont. Les maçons libres écossais leur auraient enseigné là-bas l’art de la maçonnerie et ses symboles.

    Mais pourquoi les Templiers avaient-ils choisi l’Ecosse pour échapper aux persécutions de Philippe le Bel, roi de France ? Les Templiers étaient sûrs de trouver là-bas d’autres Templiers avec lesquels ils étaient depuis longtemps en relation. De plus, le roi Bruce, excommunié par le Pape, pouvait être un fidèle allié qui avait aussi besoin de combattants expérimentés.

    Jusqu’ici les hypothèses relevaient plus de la légende que de l’histoire puisqu'aucune preuve de ces allégations ne pouvait être établie. Mais, au terme d’une longue et minutieuse enquête, les deux chercheurs britanniques, Michaël Baigent et Richard Leigh, ont pu établir que tout cela trouvait confirmation par la découverte de nombreuses tombes templières, postérieures à 1314 et portant gravés sur leur pierre tombale aux côtés de l’épée du Temple des symboles appartenant indéniablement à la maçonnerie opérative.

    Jean-Jacques Gabut s’est rendu à son tour sur place pour vérifier les dires de ces deux auteurs. Il a exploré systématiquement les Highlands et principalement le comté d'Argyll. Il confirme en tous points les découvertes des deux journalistes britanniques.

    L’église de Kilmartin sur les rives du Loch Awe, la chapelle de Kilmory sur le Loch Sween et les pierres tombales qu’il a pu identifier dans les nombreux cimetières de la région, confirment l’existence de dizaines de tombes templières datant des 12ème, 13ème, 14ème et 15ème siècles, ce qui authentifie par là même la survivance de l’Ordre du Temple en Ecosse bien après sa disparition officielle.

    Jean-Jacques Gabut fait aussi remarquer que sur ces tombes, aux côtés de la croix-épée du Chevalier, aux côtés parfois de sculptures complexes du style des croix fleurées de Rosslyn, figurent nombre de symboles maçonniques, notamment des équerres et des maillets. Toutes ces tombes sont anonymes, conformément aux traditions du Temple. Elles portent toutes la croix en forme d’épée caractéristique des Chevaliers de l’Ordre. Elles sont, par elles-mêmes, les indices matériels qui manquaient jusqu’alors pour corroborer la thèse, maintes fois avancée, d’une symbiose étroite entre Templiers et maçons opératifs.

    A Kilmory, Jean-Jacques Gabut a pu identifier la croix templière sculptée sur le mur extérieur de la chapelle en ruines et il a pu admirer à l’intérieur une dalle funéraire datant du 14ème siècle sur laquelle était gravée une silhouette en armes avec sa croix templière surmontée d’une équerre maçonnique. Selon lui, la chapelle de Kilmory fut sans conteste une chapelle du Temple, de même que celle de Kilmartin, selon toute vraisemblance.

    La présence des tombes, curieusement « oubliées », dans le comté d’Argyll atteste deux choses : d’une part, qu’il y eut bien, après la date fatidique de 1307, des Templiers qui vécurent et moururent dans les monts d’Ecosse ; d’autre part, que des initiés maçons avaient vécu là, eux aussi, et que peut-être parfois les uns et les autres ne faisaient qu’un !

    Dans une perspective maçonnique entretenue par les Loges, le Chevalier Humbert Blanc (Imbert Blanke), ancien Précepteur d’Auvergne, se serait réfugié en Angleterre tandis que le Chevalier Pierre d’Aumont, ancien Grand Maître provincial d’Auvergne, aurait gagné Heredown en Ecosse où il aurait aidé le roi Robert Bruce à gagner l’indépendance de son pays par la bataille de Bannockburn en 1314.

    On sait d’ailleurs aujourd'hui qu’à la suite de cette fameuse bataille remportée à Bannockburn par le roi Bruce sur les Anglais, celui-ci réalisa la fusion de l’Ordre de Saint-Jean d’Ecosse avec l’Ordre du Temple qui n’avait toujours pas été inquiété jusqu'à l’acte de dissolution papal. Le nouvel Ordre prit le nom d’« Ordre du Temple et de Saint-Jean ».

    Une tradition maçonnique affirme que « Kilwinning », la loge écossaise la plus ancienne, a été fondée par le roi d’Ecosse Robert Bruce après sa victoire sur les Anglais, et qu’elle accueillait des Templiers qui s’étaient enfuis de France.

    Ces découvertes historiques récentes nous permettent de penser que l’Ordre du Temple et les maçons opératifs écossais ont pu exercer une influence réciproque, de sorte que de nos jours, la résurgence templière la plus crédible exécute des rituels similaires à ceux de la Franc-maçonnerie et que plusieurs éléments du symbolisme sont communs.

    Comment cette influence templière se laisse-t-elle percevoir ?

    Dès le premier degré, la Loge (trop souvent appelée à tort « Temple ») est gardée par un Frère armé d’une épée, qui vérifie si « les abords sont gardés » ou si la Loge est couverte extérieurement. Il s’agit du Frère Couvreur. Un autre Frère, en principe armé lui aussi d’une épée (au R.E.A.A.) est chargé de vérifier que ceux qui veulent entrer possèdent les mots et les signes de reconnaissance : c’est le Frère Expert. Rappelons aussi que tous les impétrants sont en quelque sorte adoubés par trois coups d’épée (« Je vous crée, je vous consacre et je vous reçois »).

     

    L’alchimie traditionnelle et spirituelle

    Autrefois l'alchimiste travaillait à la transformation de la matière dans un laboratoire. Observons ce mot : il comprend « labor », le travail, et « oratoire », lieu de prière. On peut aussi y voir : « laborare », travailler, et « orare » : prier. Les deux termes (thermes = sources) se sont séparés par le temps qui coule : les uns ont gardé la transformation de la matière (chimie), les autres, la prière (Al = Dieu).

    L'alchimie vraie, l'alchimie traditionnelle, est la connaissance des lois de la vie dans l'homme et dans la nature et la reconstitution du processus par lequel cette vie, adultérée ici-bas par la chute adamique, a perdu et peut recouvrer sa pureté, sa splendeur, sa plénitude et ses prérogatives primordiales : ce qui, dans l'homme moral s'appelle rédemption ou régénération, réincrudation[6] dans l'homme physique ; purification et perfection dans la nature, enfin quintessenciation et transmutation dans le règne minéral proprement dit.

    Son domaine embrasse donc tout le créé et, pour l'humanité militante, toute la portion du créé qu'elle a entraînée avec elle dans sa déchéance et qui doit ressusciter avec elle et par elle, telle qu'elle fut avant la Transgression.

    L’alchimie est une voie spirituelle qui s’adresse aux humbles et aux petits, à ceux qui sont encore capables de s’émerveiller devant le miracle de la Nature. Quoique son domaine le plus central soit le plan spirituel, l'alchimie connaît cent applications plus ou moins contingentes, à tous les degrés et sous tous les aspects de la vie.

    Il existe donc une alchimie intellectuelle, une alchimie morale, une sociale, une physiologique, une astrale, une animale, une végétale, une minérale, et bien d'autres encore. Mais l'alchimie spirituelle demeure le modèle, la clé et la raison des autres.

    L'alchimie est la science naturelle par excellence ; elle est fondée sur la connaissance des principes cosmiques de la création, préservation et destruction de l'univers, c'est-à-dire du mystère de la Trinité[7]. La véritable alchimie doit être comprise non comme une spectaculaire transmutation des métaux en or mais comme une spiritualisation de la matière de l'homme lui-même.

    Et, conformément à l'énoncé d’Hermès dans la fameuse Table d'Emeraude[8], la connaissance d'une quelconque de ces adaptations découvre implicitement celle de toutes les autres. L'univers est un et cette unité est le sceau de la Vérité.

    Il y a cinq concepts préalables à la compréhension de l'alchimie :

    • L'univers est d'origine divine.
    • Toute matière est rattachée au divin et donc en interrelation avec les différents éléments de la Création.
    • Chaque organisme, incluant le règne minéral est en évolution.
    • L'être humain a le pouvoir d'agir sur chaque organisme et dans chaque règne.
    • La compréhension des lois de la Nature permet à l'homme d'accélérer les processus d’évolution.

    Ceci nous amène à une interprétation symbolique : l'alchimie ne se limiterait pas à son apparence matérialiste ; les manipulations chimiques seraient essentiellement symboliques de la transformation psychique, menant l’individu à une évolution spirituelle.

    Carl Gustav Jung notamment a vu dans la Pierre Philosophale la métaphore culturelle du processus d'évolution psychique de tout être humain, la force le poussant vers davantage de différenciation, dans un système de mise en abyme[9] du microcosme et du macrocosme.

    Le message de spiritualité qui est transmis par l’alchimie est un message philosophique. C’est un message dans lequel l’essentiel du travail se fait sur la personne elle-même et non sur les autres personnes. En fait, l’alchimie peut apporter à la personne qui s’y intéresse un message d’une tradition qui est celle des origines et qui s’est perpétuée tout au long des siècles au niveau des sociétés humaines.

     

    R:. F:.  A. B.

     

    [1] La famille Sinclair est une famille écossaise. Sinclair devint le nom du clan écossais qui lui est rattaché, et dont font partie les Rosslyn et les Caithness. Les Sinclair sont d'origine normande, et leur nom dérive de Sancto Claro, un nom commun de lieu en Normandie. 

    [2] La chimie n'existait pas encore !

    [3] La chimie est la science qui étudie la composition et les réactions de la matière.

    [4] Par exemple le « Corpus hermeticum » de Marsile Ficin datant de 1450.

    [5] Elias Ashmole était un hermétiste, un rosicrucien et un astrologue. Ses écrits montrent une fascination pour le monde de l’alchimie. Comme il l’a écrit lui-même, il a été « fait franc-maçon » en 1646 à Warrington.

    [6] La réincrudation est un terme de technique hermétique qui signifie rendre cru, c'est-à-dire remettre dans un état antérieur à celui qui caractérise la maturité ou « rétrograder ». Il s'agit d'une opération que les alchimistes accomplissent en vue de réanimer les corporifications, c'est-à-dire de rendre vivants les métaux morts.

    [7] Mystère de la Trinité è minerai trine (soufre+ mercure + sel) è Père, Fils, Saint Esprit, mais aussi corps, âme et esprit.

    [8] La Table d’Emeraude (Tabula Smaragdina en latin) est un des textes les plus célèbres de la littérature alchimique et hermétique. C’est un texte très court, composé d'une douzaine de formules allégoriques et obscures, dont la célèbre correspondance entre le macrocosme et le microcosme : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Selon la légende, elle présente l’enseignement d’Hermès Trismégiste, fondateur mythique de l'alchimie, et aurait été retrouvée dans son tombeau, gravé sur une tablette d’émeraude. La plus ancienne version connue se trouve en appendice d’un traité arabe du 6ème siècle. Traduite en latin au 12ème siècle, elle fut commentée par de nombreux alchimistes au Moyen Âge et surtout à la Renaissance. Après le discrédit scientifique de l'alchimie et le développement de la chimie moderne au 18ème siècle, elle a continué à fasciner occultistes et ésotéristes. 

    [9] La mise en abyme — également orthographiée mise en abysme ou plus rarement mise en abîme — est un procédé consistant à représenter une œuvre dans une œuvre du même type, par exemple en incrustant une image en elle-même.

     

    Bibliographie

     

    Ambelain Robert - Symbolique des outils dans l’Art Royal

    Editions Niclaus, Paris, 1965 – Editions Signatura, 2011

     

    Ambelain Robert - L'Alchimie spirituelle, la voie intérieure,

    La Diffusion scientifique, Paris, 1961

     

    Ariès François - Le dépouillement des métaux et l’alchimie du Temple

    La Maison de Vie, Fuveau, 2007

     

    Baigent Michael & Leigh Richard - Des Templiers aux Francs-maçons

    Editions du Rocher, Monaco, 1991

     

    Canseliet Eugène - Alchimie

    Etudes diverses de symbolisme hermétique et de pratique philosophale

    Editions Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1964

    Nouvelle édition revue et augmentée, 1978

     

    Fulcanelli

    Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré

    Pauvert Editions, 1992

     

    Gabut Jean-Jacques

    Les survivances chevaleresques dans la Franc-maçonnerie du R.E.A.A.

    Editions Dervy, Paris, 2004

     

    Grad A. – D.

    Pour comprendre la kabbale

    Editions Dervy, Paris, 1999

     

    Voyages en Franc-maçonnerie

    1ère édition

    Grande Loge Régulière de Belgique, Bruxelles, 2005


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