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* Commentaires à propos des rituels d'Ouverture et de Fermeture des Travaux
Commentaires à propos des rituels d'Ouverture et de Fermeture des Travaux
Introduction
La démarche des Loges de la Franc-maçonnerie initiatique consiste à faire fructifier le legs traditionnel reçu des Anciens et que représentent des textes rituels. Tout Travail en Loge comporte un cérémonial spécial, toujours le même. Le rituel l’exige.
Le but de la présente Planche est d’étudier les raisons de l’existence des rituels d’Ouverture et de Clôture des Travaux ainsi que les enseignements qui en découlent.
Les rituels légués par la Tradition initiatique présentent l’aptitude à faire vivre le mystère de l’origine du monde. C’est pourquoi l’Ouverture des Travaux de toute Tenue ne peut être dissociée de la création du monde.
Le rituel d’Ouverture des Travaux est un outil qui permet de percevoir, en une vision unifiée, l’infiniment grand et l’infiniment petit, de vivre un mythe de création, de communiquer avec l’invisible, avec le « divin », avec le Principe, d’entrer dans le temps immuable qui est celui de la création et du Mystère.
Nos Loges ont perçu la nécessité de mettre en œuvre l’Initiation afin de constituer et de sauvegarder un espace vital, un monde dans lequel le Temple soit visible, dans lequel sa porte puisse être retrouvée et franchie et où l’on expérimente le Mystère par l’incorporation des puissances de création.
Ouvrir les Travaux relève de la fonction du Vénérable Maître, et l’acte de « créer le monde », ou plus exactement de le recréer, est fondé sur un processus rituel de structuration hiérarchique de nature causale mis en œuvre lors de la construction du Temple. Accomplir une Tenue, c’est créer un monde, créer une cohérence vitale, une architecture symbolique et s’y incorporer. Ouvrir les Travaux, c’est mettre au présent la « Première fois », c’est une recréation à partir du chaos primordial.
Les purifications, le passage de la porte, la transmission de la Lumière par les Initiés Passés à l’Orient Éternel, les coups de maillet du Vénérable Maître répétés par les Frères Surveillants, le dévoilement des symboles, composent une réanimation de la hiérarchie de fonctions créatrices et reconstituent cette cohérence vitale qui préside à l’Ouverture des Travaux.
Pour cela, il faut un mythe de création qui soit un outil de création, permettant de révéler le Mystère et de le vivre, c’est-à-dire d’accomplir le Grand Œuvre. La création rituelle du monde requiert, en effet, un socle mythique sur lequel fonder le processus de manifestation de la Lumière, et de cette hiérarchie d’ordre causal qui prend place dans une Loge conçue comme un cosmos.
L’un des moments les plus importants de la vie des Francs-maçons, c’est lorsqu’ils se retrouvent lors de l’Ouverture des Travaux, phase essentielle de toute Tenue. C’est alors que tous les symboles se mettent à vivre ensemble. Ce moment est extrêmement riche.
Ouvrir les Travaux ne consiste pas à se dire que l’on est tout-puissant, que l’on est créateur. Ouvrir, ou plus exactement réanimer, c’est ouvrir la bouche, les yeux et les oreilles du Temple. En conséquence de quoi le devoir des Initiés est ensuite de protéger ces Travaux, de faire en sorte que l’athanor demeure en état de fonctionnement. Célébrer une Tenue, édifier le Temple, cela consiste à construire l’enceinte d’un lieu sacré afin que les Travaux continuent d’eux-mêmes.
Dans la tradition des bâtisseurs, précise Olivier Doignon, la création du monde suppose la possibilité rituelle de « comprendre » ce monde en vivant le Mystère de sa création. C’est ce que propose l’Ouverture des Travaux qui est un rituel de « compréhension sensible » du monde, et qui « imprègne » la Loge de cette « compréhension ». En participant à l’Ouverture des Travaux, on comprend que construire le Temple n’est pas construire une œuvre formelle mais accomplir un travail concret de construction de la pensée et de formulation de cette pensée, travail au cours duquel on façonne les paroles comme on façonnerait les pierres du Temple. En ouvrant les Travaux, on n’est pas dans un travail de « constat » d’un monde en création ; on rend compte de la manière dont une création se produit et on vit cette création en esprit ; on vit le « souffle » de vie puisque l’étymologie permet d’établir que vivre la création en esprit, c’est vivre le souffle de vie. Le mot latin spiritus signifie souffle.
A l’Ouverture des Travaux, les fonctions de création sont nourries du Mystère par la mise en œuvre du rituel, et les « œuvrants » offrent aux fonctions le monde qu’ils créent, donnant ainsi corps à la vie abstraite du Temple en esprit. Par le jeu rituel des fonctions, il est créé de la vie abstraite avant qu’elle ne se concrétise à la table des agapes avec le pain qui y est partagé et qui reconstitue l’énergie des « œuvrants ». Le monde créé lors de l’Ouverture des Travaux permet ainsi de nourrir les fonctions de création, de pratiquer l’offrande et d’être rassasié.
Par l’Ouverture des Travaux, il est donné forme à une pensée originelle, et il est créé un monde où matière et esprit sont indissociables, car le mythe, qui n’est pas une donnée abstraite, propose de vivre la création dans le rassemblement de l’esprit et de la matière.
Par la célébration rituelle de l’Ouverture des Travaux, la Loge fait vivre le mythe, et le mythe la fait vivre, car il lui permet d’incorporer la Vie en création, d’être unie dans le Mystère, et de communier avec « le Principe ».
Toute Tenue a recours à plusieurs rituels, dont ceux qui ont pour fonction majeure d’Ouvrir et de Clore les Travaux de la Loge. Verbale et gestuelle, l’exécution des rituels d’Ouverture et de Clôture au Rite Moderne est dévolue aux trois premières Lumières de la Loge : le Vénérable Maître, le Premier et le Second Surveillant. Les phrases qu’ils prononcent sont appelées des « annonces ».
Les rituels d’Ouverture et de Clôture ont pour objet de mobiliser, focaliser, concentrer sur eux l’attention des membres présents, ainsi que de les sensibiliser à ce qui va suivre et à ce qui vient d’avoir lieu. L’Ouverture des Travaux ferme la conscience des Frères au monde profane et la projette dans le monde maçonnique. Celui de la Clôture a l’effet inverse.
C’est par commodité de langage que nous parlons d’Ouvrir et de Fermer les Travaux. Il relève en effet de la logique que si l’on « ouvre » d’abord, on « ferme » ensuite ! Mais ne serait-il pas plus approprié d’évoquer la « clôture » les Travaux plutôt que leur « fermeture » car « Fermer les Travaux » voudrait dire qu’il n’y en a plus du tout. Or, la Clôture des Travaux dépend du cosmos.
A cet égard, si les Travaux se fermaient, on ne pourrait plus les ouvrir. On ne peut pas dire non plus que l’on achève les Travaux car si les œuvres ne sont pas achevées, c’est que l’œuvre s’achève d’elle-même. Quand on a tout disposé dans le Temple et que l’on a suivi le processus du Grand Œuvre, c’est lui qui s’achève et ceux qui y participent ne sont pas capables de le voir. L’œuvre s’accomplit dans le secret, dans le silence.
L’efficacité de ce rituel doit être réelle et, par conséquent, avoir une influence tangible sur le psychisme de tous.
Cela n’est cependant possible que si les annonces verbales sont exécutées sous deux conditions sine qua non :
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une prononciation claire, audible dans tout le temple, exempte de monotonie et de bafouillage, qui ne peut que résulter d’une lecture détachée du texte, fort proche de la récitation de mémoire, c’est-à-dire d’un apprentissage quasi par cœur ;
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une entière conviction interne du récitant, conséquence d’un travail personnel de la part de chacun des Surveillants et du Vénérable Maître, afin de restituer aux paroles le sens syntaxique et l’énergie sonore qu’elles contiennent en général.
Cela n’est aussi possible que si l’exécution des gestes rituels qui accompagnent ou complètent les annonces est elle-même proche de la perfection :
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l’inspection des colonnes devrait se faire dans un déplacement d’un pas égal des Surveillants, maillets à hauteur de l’épaule gauche, avec croisement des deux axes de circulation au bas de l’Orient et à l’Occident.
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la lumière devrait progresser et régresser en parfaite harmonie avec l’évolution du texte, avec l’allumage ou l’extinction des bougies.
Le symbolisme d’un rituel est une succession d’actes sensibles. Ne perçoivent sensitivement ces actes que ceux qui en sont les observateurs muets et immobiles. N’atteignent les sens de ces derniers que les actes qui s’effectuent avec calme et sérieux. Sans le respect de toutes ces conditions, les Frères présents s’intégreront mal ou pas du tout dans la Chaîne d’union psychique que forge le rituel.
Le rituel d’Ouverture au premier degré est générateur d’un climat mental où la Loge est dépouillée de préoccupations profanes et revêtue de sentiments maçonniques. Il crée un égrégore. Le rituel de Clôture ou de Fermeture le dilue.
Commentaires à propos du rituel d'Ouverture des Travaux au degré d'Apprenti
Le Vénérable Maître vient de nous appeler au Travail mais les Travaux n’ont pas encore commencé. Nous venons du monde profane ; nous franchissons une ligne invisible qui sépare le monde profane du sacré. Nos gestes, notre marche, notre silence en témoignent. Initiés, nos cœurs battent à l’unisson d’un monde qui reste à construire. Nous entrons dans la Loge qui n’est pas encore éclairée par la « Vraie Lumière ». Nous prenons place dans la Loge non éclairée. Nous restons dans la pénombre de cet espace réduit.
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Nous avons pris place sur les Colonnes. Les Officiers Dignitaires sont également à leur place.
Nous allons évoluer dans les trois dimensions du sacré.
Le Maître des Cérémonies nous avertit de l’arrivée du Vénérable Maître.
Par respect, nous nous levons et nous nous mettons au signe de fidélité.
Tous se lèvent, à l'exception du Frère maître de la Colonne d'harmonie, chargé de régler la musique et les éclairages.
Les Officiers Dignitaires entrent au son d'une musique bien choisie.
Le Vénérable Maître et les deux Surveillants sont à présent à leur place.
Le Vénérable Maître commence par faire rappeler les devoirs des Surveillants.
La couverture de la Loge
Le premier devoir d’un Surveillant, c’est de s’assurer de la couverture de la Loge.
Cette expression « couverture de la Loge » nous rappelle la toiture des bâtisseurs de cathédrale. D’où l’expression « il pleut » lorsque les Travaux ne sont pas couverts !
Remarquons que l’ordre de s’assurer de la couverture extérieure de la Loge se transmet en trois étapes ; les voix sont hiérarchisées par trois, de haut en bas, c’est-à-dire :
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du Vénérable au Premier Surveillant,
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du Premier Surveillant au Second Surveillant,
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du Second Surveillant au Couvreur.
L'ordre est donné de s'assurer de la couverture de la Loge.
Remarquons que la réponse se transmet au Vénérable Maître en trois étapes également, dans l’ordre inverse :
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du Couvreur au Second Surveillant,
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du Second Surveillant au Premier Surveillant,
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du Premier Surveillant au Vénérable Maître.
Remarquons qu'en français, l'usage veut que l'on dise « SECOND Surveillant » et non pas « Deuxième » car il n’y en a que deux !
Le Frère Couvreur frappe rituellement à la porte.
Dans la mesure où les Frères sont suffisamment nombreux et que la fonction est effectivement remplie, la Loge est idéalement couverte par le Frère Couvreur extérieur qui est le garant de la sécurité à l’extérieur de la Loge.
Le Couvreur extérieur répond par un signal identique.
En s’assurant de la couverture extérieure du Temple, le Frère Couvreur, gardien du seuil, en est également le puissant rempart.
Nous voilà séparés du monde profane !
Mais cela signifie aussi qu’il n’y a aucun profane à proximité de l’entrée de la Loge et que les Travaux devraient pouvoir s’effectuer en toute tranquillité.
Cependant, ce n’est pas suffisant !
Le Vénérable Maître fait préciser le deuxième devoir des Surveillants.
Il s’agit d’assurer la sécurité intérieure afin de garantir la sérénité des Travaux et la protection des Frères assemblés.
Remarquons qu’idéalement, les Frères qui décorent les Colonnes devraient se mettre à l’ordre d’Apprentis-maçons au PREMIER PASSAGE du Surveillant, afin que la mise à l’ordre commence à l’Occident, de sorte qu’aucun Frère ne puisse imiter le geste de celui qui est placé devant lui.
Les Surveillants remontent leur Colonne et en redescendent en s'assurant si tous les Frères sont correctement vêtus et à l'ordre.
La réponse est donnée en deux temps au Vénérable Maître.
Remarquons que tous les Frères se font reconnaître comme Apprentis-Maçons, même les Compagnons et les Maîtres !
Le Vénérable Maître s’est assuré que le monde extérieur n’a pas pu s’infiltrer en nous. D’où l’examen des Colonnes et de l’Orient (les trois côtés habités de la Loge). Il est le garant de la sécurité pour l’intérieur de la Loge.
La courte phrase par laquelle le Vénérable Maître nous invite à prendre place revêt une grande profondeur de sens.
Ce ne sont plus simplement des hommes qui se trouvent dans le Temple : il n’y a que des Frères ! Et « Frère » est le nom que nous avons tous reçu lors de notre Initiation et qui a pour effet de donner un autre sens à notre vie, de changer l’individu en un Etre appelé à poursuivre la construction du Grand-Œuvre. Le nom de « Frère » nous permet d’accomplir des fonctions créatrices et sacrées qui vont se mettre en place dès cet instant.
La Fraternité en esprit se vit rituellement en Loge et ne peut s’atteindre que si nous sommes tous prêts à aller au-delà de nos limites.
Prendre place dans la Loge, c’est entrer dans le monde du rituel, un lieu où se retrouvent des Frères en état de remplir des fonctions de création.
Tous les Frères prennent place, chacun sur leur Colonne ou à l’Orient, à la place qui correspond à son grade ou à sa charge.
Bien plus qu’une simple invitation ou une autorisation à nous asseoir, l’expression « Prenez place, mes Frères ! » sert à renforcer notre mise en condition pour le Travail rituel en Loge.
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Ici débute l’énoncé des conditions à respecter pour pouvoir ouvrir les Travaux.
Reconnaissance des Apprentis
Il s’agit tout d’abord de permettre aux Apprentis de se faire reconnaître.
Le Frère 2nd Surveillant est leur interprète. Le Maître de la Loge l’interroge.
La réponse donnée par le Frère 2nd S:. nous montre la reconnaissance réciproque de tous les participants à la Tenue.
Rappelons que les mots, les signes et les attouchements sont trois modes de communication externe.
Les circonstances de notre Réception
Nous nous rappelons ensuite que, dans les circonstances de notre Réception, un voile épais nous couvrait les yeux.
Qu’est-ce donc que ce voile épais qui empêchait de voir ? L’ignorance ?
Le « voile épais » pourrait évoquer cette écorce qui entoure le profane qui va recevoir le savoir par la « vraie Lumière » .
L’annonce suivante concerne avant tout les Apprentis, c’est pourquoi le Vénérable Maître s’adresse au 2nd Surveillant et lui demande ce qu'il a vu lorsqu'il a été reçu... c’est-à-dire après la réception (ou cérémonie d’Initiation).
Lors de notre Réception, nous sommes censés avoir vu trois Grandes Lumières disposées sur l'Autel des serments : le Volume de la Loi sacrée, l’Équerre et le Compas.
Localisation des membres de la Loge
La place des Surveillants
L’annonce suivante permet au Vénérable Maître de situer la place des principaux intervenants. C’est pourquoi le Vénérable Maître s’adresse au Premier Surveillant. Ce dernier les situe à l'Occident pour aider le Vénérable Maître en ses Travaux, payer les ouvriers et les renvoyer contents et satisfaits.
En effet, le Vénérable Maître a l’obligation morale, la responsabilité d’animer une Tenue parfaite. Il doit tout mettre en œuvre afin que tous les Frères ayant participé aux travaux en tirent le meilleur profit spirituel.
La place du Vénérable Maître
L’annonce suivante permet au Vénérable Maître de faire préciser sa place en Loge.
Comme le soleil se lève à l'Orient pour ouvrir la carrière du jour, de même, le Vénérable Maître s'y tient pour ouvrir la Loge, la diriger dans ses Travaux et l'éclairer de ses lumières.
Il s’agit d’une formulation analogique, symbolique du rôle du Vénérable Maître qui n’impose pas. Il est à la fois harmonisateur, directeur et conseiller. Il est le premier entre ses égaux. Il est le soleil de tous qui « éclaire », c’est-à-dire qui fait comprendre. Il s’agit à présent de localiser les Apprentis.
La place des Apprentis
Remarquons préalablement que, sur le Tableau de Loge, il n’y a pas de fenêtre du côté nord. C'est pourquoi les Apprentis prennent place sur la Colonne du Septentrion parce qu'il est dit qu'ils ne peuvent soutenir qu'une faible lumière.
La faible lumière provient de la fenêtre d’en face, comme dans les cathédrales romanes qui étaient disposées de la même façon, comme les temples et autres lieux sacrés dans la plupart des civilisations.
La place des Officiers Dignitaires
Les cinq Lumières siègent aux sommets d’un pentagone virtuel : le Secrétaire, le Vénérable Maître et l’Orateur siègent à l’Orient ; le Premier et le Second Surveillant siègent à l’Occident, d’où ils surveillent et dirigent leur Colonne respective.
En tête de la Colonne du Septentrion siègent, dans l’ordre, l’Expert, l’Aumônier-Hospitalier, l’Archiviste – Bibliothécaire.
En tête de la Colonne du Midi siègent, dans l’ordre, le Trésorier et le Maître des Banquets.
Le Couvreur reste debout devant la Porte de la Loge.
Le Maître des Cérémonies se tient toujours debout entre les deux Surveillants.
Le Vénérable Maître peut permettre aux Frères Couvreur et Maître des Cérémonies de s’asseoir pendant la présentation de planches mais ce n’est pas une obligation, et aucun Frère censé rester debout pendant toute la Tenue ne peut prendre l’initiative d’aller s’asseoir sans permission sur l’une ou l’autre Colonne !
Le Maître de la Colonne d’harmonie est assis, à l’Occident, devant l’installation prévue pour la diffusion d’illustrations musicales et le réglage de l'éclairage.
Le Passé Maître Immédiat siège à la droite du Vénérable Maître. Il est chargé de l’assister si nécessaire.
L’appellation de la Loge
Le Frère Premier Surveillant rappelle que notre Loge est une Loge de Saint-Jean. Une façon comme une autre de préciser que les Francs-maçons réguliers sont johannites et de rappeler que nous célébrons la fête des deux St Jean : Jean l’Évangéliste et Jean le Baptiste. En donnant un nom à la Loge, on la fait vivre.
Nous avons probablement tous été frappés depuis notre Initiation, par l’une ou l’autre invocation à saint Jean dans nos rituels.
A qui fait-on allusion ?
Pourquoi cette référence biblique est-elle présente dans les rituels de nombreuses obédiences ?
Pourquoi Loge de Saint-Jean ?
Pourquoi les Maçons accordent-ils autant d’importance à cet Évangéliste ?
L’importance des deux saints Jean en Franc-maçonnerie
L’importance des deux saints Jean dans la Maçonnerie française et continentale en général se manifeste tout d’abord par le fait que toutes les loges en portent le nom, quel que soit par ailleurs leur signe distinctif.
D’anciens catéchismes d’Apprenti nous le rappellent :
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Mon Frère, d’où venez-vous ?
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D’une Loge de Saint-Jean.
Au Rite moderne, lors du tuilage de l’Apprenti notamment, cette évocation est également présente :
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Comment s’appelle votre Loge ?
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La Loge de saint Jean.
Au 18ème siècle, l’installation du Vénérable et des Officiers Dignitaires avait lieu à l’époque de la Saint-Jean d’été, comme le montrent abondamment les « livres d’architecture » des loges.
L’édition des Constitutions de 1738 rapporte que c’est à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste de 1717, le 24 juin, jour de la fête rattachée au solstice d’été, jour de plus grande lumière, que les quatre premières loges maçonniques de Londres se sont réunies pour fonder la première obédience de la Franc-maçonnerie spéculative et élire le premier Grand Maître. Le procès-verbal du pasteur Anderson, secrétaire désigné pour cette réunion, le prouve.
Mais la tradition maçonnique de célébrer la Saint-Jean est attestée antérieurement à 1717 par le Manuscrit Dumfries. Celui-ci témoigne du fait que l’usage selon lequel toutes les loges portent le nom de saint Jean vient d’Angleterre :
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Dans quelle loge avez-vous été entré ? (sic)
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Dans la vraie loge de saint Jean.
Dans la Maçonnerie du 18ème siècle, les deux saints Jean apparaissent comme les saints patrons de la société. Le terme leur est souvent appliqué explicitement, comme dans les statuts adoptés en 1777 par la Grande Loge de France alors rivale du Grand Orient de France.
L’usage de faire un banquet le jour de la Saint-Jean d’été ou un jour aussi proche que possible de cette date, était universellement répandu, et c’était aussi en général à ce moment-là que les loges installaient leur nouveau Vénérable et le nouveau collège d’Officiers Dignitaires.
Dans les Loges françaises et continentales en général, la Bible est ouverte au premier chapitre de l’Évangile de saint Jean. C’est donc sur le Prologue de cet Évangile que tout Récipiendaire prête son serment. Cet usage était déjà celui de la Maçonnerie du 18ème siècle. Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait également à la Maçonnerie anglaise qui l’a transmis à la France.
L’usage de la Bible ouverte au prologue de l’Évangile de saint Jean est une coutume maçonnique qui remonte pour le moins aux tout premiers commencements de la Maçonnerie spéculative comme en témoigne le Manuscrit des Archives d’Edimbourg, datant de 1696.
Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait déjà à la Maçonnerie écossaise du 17ème siècle, Maçonnerie de transition entre la Maçonnerie opérative et la Maçonnerie spéculative.
Il n’est malheureusement pas possible de remonter plus loin dans le temps et d’avoir la certitude que cet usage ait pu déjà appartenir à la Maçonnerie opérative médiévale car bien que le patronage de l’un ou l’autre des deux saints Jean soit attesté pour certaines confréries de Maçons opératifs, et que d’autre part certains manuscrits des Old Charges fassent allusion à un serment sur la Bible, les saints Jean n’apparaissent pas dans les « Old Charges ».
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Les références temporelles
L'heure des Travaux
L'espace ayant été défini par la localisation des participants, intervient à présent la précision du facteur «temps ».
Tout ce qui vient de se faire s’est fait avant Midi.
C’est à « Midi » que commence symboliquement la Tenue. Le soleil est à son zénith et l’heure de midi répand sa pleine lumière.
Pourquoi cette heure de Midi ?
De nombreuses interprétations ont été données mais ne renferment pas nécessairement d’enseignements initiatiques.
L’homme consacre près d’un tiers de sa vie à s’instruire, à d’éduquer, à se former. Mais lorsque ses connaissances sont suffisantes pour lui permettre d’entrer dans la lutte et d’assurer sa subsistance, il n’a pas encore acquis l’expérience de la vie et ce n’est que vers le milieu de son existence qu’il commence à acquérir la sagesse voulue pour faire un travail utile et fécond auquel il devra consacrer le reste de ses jours. C’est ce que nous rappelle notre rituel en ouvrant la Loge à Midi plein et en la fermant à Minuit, la sagesse devant toujours présider nos Travaux !
La première partie du jour représente cette première étape de l’existence nécessaire pour acquérir la science et le jugement indispensable pour travailler avec fruit. Les Travaux sont donc ouverts à Midi qui symbolise l’existence où l’homme est censé avoir acquis la sagesse. Les Travaux sont fermés à Minuit qui symbolise la mort car le Maçon doit travailler sans relâche jusqu’à son dernier souffle.
Il existe aussi une autre interprétation de l’Ouverture des Travaux à Midi. Nous pouvons la trouver dans les rituels pratiqués par les Loges de la Grande Loge d’Angleterre où l’on explique que puisque la terre tourne constamment sur son axe, dans son orbite autour su soleil, et que la Franc-maçonnerie est répandue sur toute sa surface, il s’ensuit nécessairement que le soleil est toujours à son méridien (à midi) par rapport à la Franc-maçonnerie.
On peut en déduire qu’il s’agit d’un rappel à l’universalité de notre Ordre et une incitation à ne pas oublier le sentiment de fraternité qui unit tous les Maçons répandus sur les deux hémisphères et encore moins celui qui réunit tous les Maçons en Loge.
C’est donc à « Midi » que commence symboliquement la Tenue. Le soleil est à son zénith et l’heure de Midi répand sa pleine lumière. Nos Travaux se déroulent donc symboliquement de Midi à Minuit.
Nous voyons donc toute l’importance et la valeur initiatiques que joue l’heure sur la marche de nos Travaux qui se déroulent de Midi à Minuit.
Voyons à présent le rôle de l’âge.
L’âge des Apprentis
Trois ans, c’est l’âge symbolique de l’Apprenti Maçon. Cette réponse du Second Surveillant est donnée pour préciser à quel grade l’Atelier va se mettre à travailler.
Mais pourquoi avoir choisi ce nombre que nous retrouvons dans la marche (les pas), la batterie et l’acclamation ? C’est pour rappeler au Maçon qu’il est parvenu à la Lumière par trois grands coups et en trois voyages. Mais c’est aussi pour lui laisser toujours présent à l’esprit le symbolisme du Delta (situé au centre du fronton de l’entrée du Temple sur notre Tapis de Loge) qui préside à nos Travaux.
Les conditions sont à présent remplies pour pouvoir commencer à travailler : nous avons la qualité de Maçon, nous avons l’âge (d’Apprenti) et il est l’heure. Nous basculons dans le temps sacré.
Il s’agit à présent d’annoncer à tous que les Travaux vont être ouverts. Cette annonce est, ici aussi, hiérarchisée en trois temps.
Ouverture du Volume de la Loi sacrée
Les Surveillants se placent devant les candélabres : le 1er Surveillant au Sud-Ouest, le 2nd Surveillant au Nord-Ouest.
En même temps, le Maître des Cérémonies se rend à l'Orient et passe son boute de feu au V:. M:. qui l'allume à la bougie centrale du chandelier placé sur sa stalle et rend le boutefeu au Maître des Cérémonies.
Le Vénérable Maître descend de sa stalle. Il ouvre la Bible en souhaitant que la Vraie Lumière éclaire notre Loge (ou nos Travaux).
Il s’agit de la Lumière qui a fait disparaître le « voile épais » du profane admis à l’Initiation.
Nous sommes entrés dans un local non éclairé.
Après avoir pris toutes les précautions d’usage, après nous être séparés du monde et des préoccupations profanes, après la reconnaissance mutuelle des Frères, la Lumière éclaire à présent la Loge devenue Temple Sacré.
Le Vénérable Maître dispose le Compas et l’Équerre de la manière appropriée.
Au premier degré, l’Equerre est posée sur le Compas ouvert à 45 degrés.
Allumage des bougies
Le Vénérable Maître, précédé du Maître des Cérémonies, se rend au candélabre Sud-Est où il allume le cierge du Pilier "Sagesse".
Le Maître des Cérémonies se rend alors à l'Occident et tend son boutefeu successivement aux 1er et 2nd surveillants qui allument respectivement les cierges du Pilier "Force" et du Pilier "Beauté".
Découverte du Tableau de Loge
A ce moment, le plus récent Apprenti découvre le Tableau ou finit de le dérouler.
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Si le Tableau de Loge est recouvert d’un drap foncé, il s’agit d’enrouler ce drap de l’Orient vers l’Occident ;
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si c’est le Tableau lui-même qui doit être déroulé, il s’agit également de l’ouvrir de l’Orient à l’Occident car c’est de l’Orient que vient la Lumière.
Le Vénérable Maître retourne à sa stalle par le Nord.
Les Surveillants font demi-tour à droite et rejoignent leur stalle par le plus court chemin, sans faire de circumambulation.
Le Maître des Cérémonies éteint son boutefeu par étouffement, sans souffler dessus.
Dès que les trois Officiers chargés de diriger les Travaux sont en place et qu'ils ont donné les coups de Maillet rituels, les Travaux sont considérés comme ouverts.
Marques de respect envers le Vénérable Maître
Le Vénérable Maître nous invite à se joindre à lui par le signe et la batterie. Cette manière de procéder est un rappel à la discipline maçonnique qui devra régner pendant toute la durée des Travaux.
Comme nous le rappelle le « tuilage » lors de la cérémonie de Réception ou d’Initiation, le signe d’Apprenti se fait par Équerre, Niveau et Perpendiculaire, en trois temps (la position de la main évoque l’Equerre ; la tirer horizontalement évoque le Niveau ; la laisser tomber verticalement évoque la Perpendiculaire).
L’exécution du signe nous rappelle le respect et la déférence dus aux trois premières Lumières qui président aux Travaux et qui en assurent la bonne marche et la discipline.
Le signe résume toutes les qualités du Maçon. L’Équerre symbolise généralement pour nous tous la droiture de notre conscience et de nos actes. Le Niveau nous rappelle l’égalité qui règne entre tous les Frères, quels que soient leur rang social, leur intelligence ou leur fortune. La Perpendiculaire, symbole de l’aplomb et de la rectitude, nous rappelle qu’il faut établir tout jugement sur des bases solides pour assurer l’harmonie et la solidité du Temple que nous construisons symboliquement. Nous devons posséder une rectitude de jugement qu’aucune considération d’intérêt ne doit modifier.
Faut-il aussi rappeler que l’Equerre, le Niveau et la Perpendiculaire sont les trois bijoux mobiles de la Loge. L’Équerre est le bijou du Vénérable Maître ; le Niveau est celui porté par le Premier Surveillant ; la Perpendiculaire par le Second Surveillant. Ils sont qualifiés de « mobiles » parce qu’ils passent d’un Frère à un autre quand la Loge procède à l’Installation de nouveaux Officiers Dignitaires.
Le Signe est d’abord le rappel de l’engagement pris lors de l’Initiation et du châtiment qui serait appliqué si l’on venait à y forfaire.
Ce Signe de reconnaissance signifie, par son triple symbole : « je suis Maçon, parce que juste, droit et régulier ».
Quelles sont les raisons d’être du signe et de la batterie ?
Leur exécution permet d’abord de s’assurer qu’aucun Profane n’a pu se glisser parmi nous car notre formule d’Ouverture des Travaux a été bien simplifiée comme cérémonial par rapport à ce qui se pratiquait il y a deux siècles ! A cette époque, le Frère Expert se présentait devant chaque Frère et leur demandait l’un après l’autre, à voix basse, les mots et l’attouchement ! Ce procédé un peu long a été remplacé par l’exécution du signe et de la batterie, et parfois de l’acclamation, ce qui permettrait de déceler la présence d’un Profane sur les Colonnes.
Dans certains rites (notamment au Rite Écossais Ancien Accepté), le Vénérable Maître invite encore les Frères à faire l’acclamation, ce qui, symboliquement me paraît plus correct car la batterie et l’acclamation sont indissolublement liées et nous ramènent au Nombre trois.
Au Rite moderne, le Vénérable Maître conclut en déclarant que les Travaux sont ouverts et en invitant les Frères à prendre place.
Commentaires à propos du rituel de Fermeture des Travaux au degré d'Apprenti
L'ordre du jour étant épuisé, lorsque tous les points particuliers de l’ordre du jour ont été rencontrés, le Vénérable Maître peut annoncer qu’il va clore les Travaux. Mais il utilise le verbe « fermer », suivant un usage malheureux, peu correct par rapport à la Tradition.
La Clôture des Travaux ne vise pas à annuler les effets de leur Ouverture, Ouverture qui avait suscité l’éveil des consciences. Rien dans le rituel de Clôture n’indique en effet que cette conscience ait à se mettre en sommeil. Bien au contraire, la Clôture est une affirmation de la force du lien qui unit tous les Maçons en solidarité et en fraternité, autant qu’une exhortation à poursuivre à l’extérieur l’œuvre entreprise dans le temple.
Ce temps sacré crée ou recrée, chaque fois, un temps privilégié et un espace sacré entre Midi et Minuit qui permet de modifier son système de références habituels. Il s’agit d’un temps mythique qui vient s’insérer dans le temps historique.
L’Ouverture et la Clôture des Travaux, entre Midi et Minuit, constituent des sas qui séparent le monde sacré du monde profane.
Si l’Ouverture constitue une sacralisation, la Clôture permet de retourner au temps ordinaire ou temps profane. Il y a à la fois continuité et rupture. Continuité où l’on passe d’un temps à un autre, et rupture dans la mesure où ce temps privilégié permet à chaque Maçon de se défaire de son apparence sociale, aidé en cela de l’abandon préalable de ses métaux à la porte du temple, pour s’efforcer de devenir ou d’être lui-même.
Le choix de Midi correspond à l’éclat de la pleine Lumière recherchée, où analogiquement le Soleil est à son zénith, lorsque les Maçons commencent leurs Travaux. Celui de Minuit coïncide, au moment de l’obscurité la plus profonde de la nuit, celui où l’Initié s’apprête à retourner dans le monde profane enténébré, pour y porter la Lumière perçue.
La parole aux Colonnes !
Le Vénérable Maître invite les Frères Surveillants à autoriser les participants à prendre la parole s'ils ont une communication à faire dans l'intérêt de l'Ordre en général ou de l'Atelier en particulier.
La prise de parole des Frères sur les Colonnes et à l'Orient est un moment de convivialité qui s’annonce.
Tout Frère ayant rendu visite à une autre Loge va pouvoir s’exprimer. En général, il s’agit de rapporter les salutations fraternelles que le Vénérable Maître de l’Atelier visité lui aura demandé de transmettre au nom de tous les Frères.
Dans le cas où un Frère aurait une suggestion à formuler, ne vaudrait-il pas mieux qu’il l’exprime discrètement en salle humide ?
Lorsqu’un Frère a reçu de son Surveillant l’autorisation de s’exprimer, ne convient-il pas de le remercier avant de s’adresser au Vénérable Maître ? Ce ne semble pas être une pratique courante partout !
Le Frère qui a reçu l'autorisation de s'exprimer :
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ne s’adresse qu’au Vénérable Maître et à lui seul ;
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n’utilise jamais l’expression « et vous tous, mes Frères, en vos grades et qualités » car cette expression est exclusivement réservée au Frère Orateur !
La collecte et le relevé des propositions
Les sacs circulent sous la conduite du Frère Maître des Cérémonies. Celui-ci véhicule les deux sacs ou rien que le sac aux Propositions. Il peut se faire accompagner du Frère Aumônier – Hospitalier qui véhicule le Tronc de Bienfaisance.
C’est dans le Sac aux Propositions que le Parrain glisse la lettre de candidature d’un Profane qui deviendra probablement son filleul...
Le Sac aux Propositions peut aussi contenir toute demande d’affiliation. Il s’agit généralement de Frères déjà membres d’au moins une autre Loge qui souhaitent devenir membre de notre Atelier.
Les Frères Apprentis et Compagnons peuvent aussi être amenés à glisser dans le « Sac aux Propositions » leur « demande d’augmentation de salaire » avec toutefois l’accord bienveillant de leur Surveillant.
Trois expressions au moins désignent le moyen de récolter l’aumône des Frères : le même sac peut s’appeler « le Tronc de Solidarité », « le Tronc de la Veuve » ou « le Tronc de Bienfaisance », selon les usages du Rite et les habitudes de la Loge.
Ledit Tronc sert donc à récolter une certaine somme qui sera évaluée par le Frère Aumônier Hospitalier (ou Eléémosynaire) avec l’aide du Frère Trésorier éventuellement.
Dans certaines Loges (au Rite Écossais Ancien Accepté essentiellement), le Vénérable Maître demande à ce moment si l’un ou l’autre Frère souhaite prendre possession du « Tronc de la Veuve ». Le produit de cette collecte est en fait destiné à tout Frère qui se trouverait un jour ou l’autre en grande difficulté financière.
Le paiement du salaire des ouvriers
Les « catéchismes » stipulent que les Apprentis et les Compagnons reçoivent leur salaire à la Colonne de leur grade et qu’ils en sont contents ! Cette terminologie signifie que la récompense, ou le salaire reçu par un Apprenti ou un Compagnon donnant toute satisfaction dans le chantier d’œuvres, réside dans l’acquisition de nouvelles connaissances dispensées par l’instruction.
Après s'être assuré de l'état de satisfaction des participants, le Vénérable Maître fait rappeler l'heure à laquelle les Travaux se clôturent.
Rappel des dispositions temporelles
Les Travaux se sont déroulés symboliquement de Midi à Minuit. En effet, en Loge, le temps profane n’existe plus.
C’est à « Minuit » symbolique que se termine la Tenue (c’est-à-dire généralement entre 22 et 23 h profanes !).
Les Travaux s’achèvent invariablement à Minuit, au moment où la Lune, astre des nuits peut au maximum exercer son pouvoir de réflexion sur la voûte céleste.
Les conditions ne sont plus remplies pour pouvoir poursuivre les Travaux.
Nous nous apprêtons donc à regagner le monde profane, pour y poursuivre l’œuvre commencée dans l’espace sacré. La Lumière que chacun emporte dans son cœur continuera à illuminer la voie.
Le Vénérable Maître nous fait rappeler nos devoirs de discrétion et de réserve d’une part, de pratique effective de la fraternité dans le monde profane.
C’est éventuellement le moment de la Chaîne d’union. Certaines Loges la font systématiquement. Il est regrettable que nos rituels n’en fassent pas une obligation à toutes les Loges.
Non seulement elle symbolise les liens fraternels qui unissent tous les Maçons répandus sur la surface du globe, mais réunissant tous les Maçons sans distinction de grades ou de fonctions, elle montre l’égalité de tous les Frères dans une même communion des cœurs. Elle indique aux Maçons, au moment de se séparer, qu’une union fraternelle doit toujours les réunir dans le Temple et hors du Temple.
Au cours de cette Chaîne d’union fraternelle, le Vénérable Maître peut inviter le Frère Orateur à énoncer une pensée maçonnique, une sentence, un précepte, …
L'extinction des feux
La scène qui suit symbolise le retour de la lumière au monde profane, de l’Orient à l’Occident. Le déroulement se fait dans l’ordre inverse de l’Ouverture des Travaux.
Le Vénérable Maître accompagné par le Maître des Cérémonies se rend au candélabre Sud-Est et simultanément les Surveillants se rendent respectivement aux candélabres Sud-Ouest et Nord-Ouest.
Pendant le jeu de scène suivant, le Tableau est recouvert (normalement) par le plus jeune des Apprentis.
Le Maître des Cérémonies, muni de son éteignoir, se place entre les Surveillants et le tend au 2nd Surveillant. Celui-ci éteint la bougie du Pilier "Beauté". De même, le 1er Surveillant éteint la bougie du Pilier "Force". Ensuite, le Maître des Cérémonies se rend auprès du Vénérable Maître par le Nord, et lui tend son éteignoir afin qu'il éteigne à son tour la bougie du Pilier "Sagesse".
Le Vénérable Maître accompagné par le Maître des Cérémonies se rend alors à l’Ouest de l’Autel, ferme la Bible en rappelant un des verset du prologue de Jean.
Il s’agit de la première partie du verset « La Lumière luit dans les Ténèbres et les Ténèbres ne la reçoivent pas » (ou « ne l’ont pas comprise » ou « ne l’ont pas reçue », etc.).
Ce verset serait incompréhensible en l’abordant autrement que par la symbolique.
En voici une interprétation : la Lumière qui brille dans les Ténèbres est la Vérité éternellement présente en tous lieux et en toutes circonstances, même lorsqu'elle est bafouée par les hommes.
Les Ténèbres sont le symbole des hommes qui ne peuvent être pénétrés par la Lumière tant les voiles de toutes sortes qui masquent la nature essentielle sont épais. Ces voiles sont ceux de l’ignorance, des passions…
Selon notre rituel officiel de la G.L.R.B., le verset ne doit être prononcé qu’à moitié pour éviter les différentes interprétations possibles de sa seconde partie !
Les Ténèbres sont rejointes mais la Lumière brille derrière nous, derrière ce que nous quittons.
Nous, les « Enfants de la Lumière », retournons dans le monde profane. Pour ce faire, nous nous mettons à l’ordre.
C’est dans le plus profond silence que les Frères entrent dans la Loge et en sortent lors des Tenues. Lors de la Clôture des Travaux, les Surveillants annoncent après l’avoir constaté, que le silence règne sur les Colonnes. Dans certains Loges (notamment celles qui pratiquent le R.E.A.A.), le Vénérable Maître fait jurer aux assistants, lors de chaque Tenue, de garder le silence sur la nature des Travaux qui viennent de se dérouler.
Le Maître des Cérémonies mène les Frères en cortège vers le Parvis, en allant d’abord chercher le Vénérable Maître, les Grands Officiers et les éventuels Vénérables Maîtres visiteurs, le Passé Maître Immédiat, l’Orateur et le Secrétaire qui ont siégé à l’Orient. Suivent ensuite les Frères qui ont siégé sur la Colonne du Nord puis ceux de la Colonne du Midi.
Comme pour tout déplacement dans l’Atelier, nous quittons la Loge au Signe de fidélité. Nous n’avons pas le droit de révéler à qui que ce soit ce que nous venons de vivre !
Réflexion finale
Si le rituel de l’Ouverture des Travaux a pour but de créer un état d’esprit propice pour œuvrer utilement, le rituel de Clôture (dit « de Fermeture ») de la Loge, sous une forme identique, n’est pas là simplement pour raison de symétrie, ni parce qu’il faut qu’il y ait quelque chose pour finir. En effet, en Maçonnerie, tout ce qui se fait, tout ce qui se dit comporte un enseignement.
En « fermant » les Travaux, en vertu de l’âge et de l’heure, en tirant la batterie, l’on indique aux Maçons que, quoique minuit soit l’heure du repos, ce repos n’est pas celui du Travail en Loge.
La répétition du cérémonial de l’Ouverture doit, à long terme, faire comprendre aux Frères que le Travail maçonnique ne s’accomplit pas qu’en Loge mais que rendus à la vie profane, les Maçons doivent mettre à profit les enseignements qu’ils ont puisés en Loge. Ils doivent les appliquer à eux-mêmes pour vaincre leurs passions, former leur jugement et leur raison. C’est pour le leur rappeler que les Travaux se ferment en vertu de l’heure et de l’âge.
Voici venu le moment de nous séparer sous la Loi du Silence car rien ne doit transpirer de nos assemblées, bien qu’il ne s’y passe des choses fantastiques mais parce que l’on ne doit pas livrer l’objet de nos Travaux à des Profanes qui ne seraient pas aptes à les comprendre.
Il semble indéniable que les rites d’Ouverture et de Clôture des Travaux favorisent la manifestation d’une Présence spirituelle parmi les Initiés assemblés, en même temps qu’ils créent une sacralisation du temps, de l’espace et du lieu. Dès lors, il est nécessaire de prendre conscience que chacun travaille en Loge non pour un motif d’autosatisfaction, ni pour une forme de vanité par érudition intellectuelle, mais pour l’édification d’une œuvre personnelle et collective. L’objectif du partage des Travaux en Loge doit être un perfectionnement individuel, avec la volonté constante d’avancer toujours plus avant dans la voie de la Lumière et de la Connaissance, progression dont la rémunération ou salaire sont aussi d’ordre sacré.
R:. F:. A. B.
Bibliographie
Gloton Edmond - Instruction maçonnique aux Apprentis
La Maison de Vie, Paris, 2009
Guigue Christian - La formation maçonnique
Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 2003
Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire
Editions Dervy, Paris, 2006
Pour aller plus loin :
Doignon Olivier - Comment naît une Loge maçonnique ?
L’Ouverture des Travaux et la création du monde (tome 1)
La Maison de Vie, Fuveau, 2005
Doignon Olivier - La construction rituelle d’une Loge maçonnique
L’Ouverture des Travaux et la création du monde (tome 2)
La Maison de Vie, Fuveau, 2005
Pozarnik Alain - Mystères et actions du rituel d'Ouverture en Loge maçonnique
Editions Dervy, Paris, 1999
Pozarnik Alain - Symbolisme du rituel de Fermeture en Loge maçonnique :
Une ouverture sur la vie - Editions Dervy, Paris, 2011
Le rituel de Fermeture des Travaux au degré d'Apprenti
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Commentaires
Bonjour MTCF
Tout d'abord félicitations pour ton site, plein de richesses.
Dans cette planche sur l'ouverture et la fermeture, tu stipules concernant "la parole aux colonnes" que
Le Frère qui a reçu l'autorisation de s'exprimer :
Je découvre car j'ai toujours entendu dans toutes les loges quelque soit l'obédience ou le rituel que l'on s'adressait aussi aux autres frères.
S'agit il donc d'une dérive ?
Merci (PS : je suis au REAA à la Grande Loge de France")
Frat.:
Philippe