• Questions et réflexions

    à propos de la célébration 

    du Solstice de la Saint-Jean d’hiver

     

    Introduction

    Tout Apprenti qui se définit comme un cherchant peut se demander d’une manière générale à quoi servent nos rituels. Mais ce qui me paraît plus opportun et primordial durant les deux périodes solsticiales, d’hiver et d’été, c’est qu’il se pose une série de questions en relation directe avec l’une et l’autre cérémonie de célébration que nous vivons au mois de décembre et au mois de juin.

    Quelques questions – Quelques éléments de réponse

    Et la toute première, au mois de décembre, ne devrait-elle pas être…

    1. A quoi peut servir le rituel de célébration du Solstice de la Saint-Jean d’hiver ?

    Il me semble utile de rappeler tout d’abord toute l’importance qu’il y a de bien nommer les évènements par leur nom et non par des raccourcis inappropriés. Car ce que nous venons de célébrer, c’est bien le Solstice de la Saint-Jean d’hiver et non pas le « solstice d’hiver » qui est une fête païenne ! Nous, Maçons, nous célébrons les deux fêtes de Jean !

    Dès lors Il peut être utile de rappeler combien les deux saints Jean sont important au sein de notre Ordre.

    2. Quelle est l’importance des deux Jean en Franc-maçonnerie ?

    Nous avons probablement tous été frappés depuis notre Initiation, par l’une ou l’autre invocation à saint Jean dans nos rituels.

    Rappelons cette interrogation présente dans le tuilage de l'Apprenti par l’Expert :

    • D'où venez-vous ?

    • De la Loge de saint Jean, Vénérable Maître.

    A qui fait-on allusion ? Pourquoi cette référence biblique est-elle présente dans les rituels de nombreuses obédiences ?

    L’importance des deux saints Jean dans la Maçonnerie française et continentale en général se manifeste tout d’abord par le fait que toutes les loges en portent le nom, quel que soit par ailleurs leur signe distinctif.

    D’anciens catéchismes d’Apprenti nous le rappellent :

    • Mon Frère, d’où venez-vous ?

    • D’une Loge de saint Jean.

    Dans nos rituels au Rite moderne, lors du « tuilage » de l’Apprenti notamment, cette évocation est également présente :

    • Comment s’appelle votre Loge ?

    • La Loge de saint Jean.

    Une autre question se pose alors : pourquoi parle-t-on de « Loges de saint Jean ?

    3. Pourquoi parle-t-on de « Loges de saint Jean » ?

    Au 18ème siècle, l’installation du Vénérable et des Officiers Dignitaires avait lieu à l’époque de la Saint-Jean d’été, comme le montrent abondamment les « livres d’architecture » des loges.

    L’édition des Constitutions de 1738 rapporte que c’est à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste de 1717, le 24 juin, jour de la fête rattachée au solstice d’été, jour de plus grande lumière, que les quatre premières loges maçonniques de Londres se sont réunies pour fonder la première obédience de la Franc-maçonnerie spéculative et élire le premier Grand Maître. Le procès-verbal du pasteur Anderson, secrétaire désigné pour cette réunion, le prouve.

    Mais la tradition maçonnique de célébrer la Saint-Jean est attestée antérieurement à 1717 par le Manuscrit « Dumfries ». Celui-ci témoigne du fait que l’usage selon lequel toutes les loges portent le nom de saint Jean vient d’Angleterre :

    • Dans quelle loge avez-vous été entré ? (sic)

    • Dans la vraie loge de saint Jean.

    Dans la Maçonnerie du 18ème siècle, les deux saints Jean apparaissent comme les saints patrons de la société. Le terme leur est souvent appliqué explicitement, comme dans les statuts adoptés en 1777 par la Grande Loge de France alors rivale du Grand Orient de France.

    L’usage de faire un banquet le jour de la Saint-Jean d’été ou un jour aussi proche que possible de cette date, était universellement répandu, et c’était aussi en général à ce moment-là que les Loges installaient leur nouveau Vénérable et le nouveau collège d’Officiers Dignitaires.

    4. Pourquoi les Maçons accordent-ils autant d’importance à Jean l’Évangéliste ?

    Dans les Loges françaises et continentales en général, la Bible est ouverte au premier chapitre de l’Évangile de saint Jean. C’est donc sur le Prologue de cet Évangile que tout Récipiendaire prête son serment. Cet usage était déjà celui de la Maçonnerie du 18ème siècle. Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait également à la Maçonnerie anglaise qui l’a transmis à la France.

    L’usage de la Bible ouverte à l’Évangile de saint Jean est une coutume maçonnique qui remonte pour le moins aux tout premiers commencements de la Maçonnerie spéculative comme en témoigne le Manuscrit des Archives d’Édimbourg, datant de 1696.

    Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait déjà à la Maçonnerie écossaise du 17ème siècle, Maçonnerie de transition entre la Maçonnerie opérative et la Maçonnerie spéculative.

    Il n’est malheureusement pas possible de remonter plus loin dans le temps et d’avoir la certitude que cet usage ait pu déjà appartenir à la Maçonnerie opérative médiévale car bien que le patronage de l’un ou l’autre des deux saints Jean soit attesté pour certaines confréries de Maçons opératifs, et que d’autre part certains manuscrits des « Old Charges » fassent allusion à un serment sur la Bible, les saints Jean n’apparaissent pas dans les « Old Charges ».

    5. En quoi l’Évangile de Jean peut-il nous intéresser ?

    L’Évangile de Jean, dans son ensemble, se distingue des autres Évangiles par le sens symbolique qu’il offre à l’Initié capable de le décrypter. Ce texte, et tout particulièrement son Prologue, a une valeur initiatique d’une portée universelle.

    Il est dès lors compréhensible que les Francs-maçons l’aient reconnu comme tel puisqu’il veut démontrer la possibilité pour tout homme de sortir de la confusion et de trouver la Lumière. Même si ce texte a probablement été écrit, à l’origine, par Jean, l’un des disciples de ce grand initié universellement reconnu en la personne de Jésus – IESCHOUA  en hébreu – « Yahveh nous sauve »), il a certainement été réécrit, traduit, remanié, corrigé, repensé, par des symbolistes de l’époque, pour lui donner un sens ésotérique que n’ont pas les autres Évangiles. Et ce n’est pas un hasard s’ils ont donné le nom de Jean à son auteur présumé.

    Quant à Jésus, s’il est reconnu comme un grand initié par les Francs-maçons, c’est parce qu’il a enseigné que les souffrances de l’homme ont pour cause son égoïsme, ses passions, son matérialisme, qui en font un homme divisé, et il a indiqué le moyen d’en sortir par l’amour de l’autre et l’intelligence du cœur. Son exemple devient pour l’humanité une source d’espoir. C’est l’essentiel de ce que veut transmettre Jean.

    L’Évangile de Jean est, parmi les textes sacrés fondamentaux, celui qui, proche de nous, correspond le mieux à la démarche maçonnique. Lu au premier degré, il peut paraître primaire, désuet, ou incohérent. Il convient d’en chercher le sens caché, et d’en dégager la pensée intuitive. Le symbole ne veut pas aboutir à une preuve logique et le langage symbolique est adapté à l’expression des vérités de la vie intérieure. La Franc-maçonnerie en a fait un élément fondamental. En fait, l’intention de l’Évangéliste est de conduire le lecteur à la recherche du sens profond qui se tient derrière le récit. Il veut rendre évidente la vérité proposée, non l’expliquer.

    6. Que représente le Prologue de l’Évangile de Jean ?

    * Saint Jean et le solstice d'hiver

    Dans son Prologue, Jean englobe, en un Tout, le symbole des mouvements ordonnancés de l’univers, celui des causes premières, celui de la double nature de l’homme, la matière et l’Esprit, et celui de la connaissance par l’amour, en insistant sur le fait qu’en tout homme existe une parcelle de Lumière qui peut devenir illumination ou rester inconnue de lui-même.

    Car le nom de Jean, associé au solstice, a ce double sens : c’est la permanence dans le temps qui fuit. Symboliquement il mesure le temps entre ces deux passages que sont les courts moments d’apparente stabilité : temps ascendant de la lumière visible en hiver et au printemps, puis temps descendant ensuite quand cette lumière s’intériorise au cœur de l’homme : c’est le court passage de l’homme sur la terre, face au grand cycle de l’univers créé.

    Le Prologue est un texte court qui donne à chaque individu une possibilité de trouver la Lumière en lui-même, malgré l’emprise des soucis quotidiens de sa vie matérielle et la désacralisation apparente du monde qui l’entoure, parce que cette Lumière est la vraie source vive de bonheur pour les hommes.

    La pensée résumée du sens du Prologue indique que le mythe de l’incarnation de la Parole est celui du divin incarné en l’homme, de l’incréé dans le créé, de l’infini dans le fini. C’est la manifestation symbolique de la vie en évolution et de la voie initiatique qui mène à la réalisation de l’homme libéré de ses conditionnements.

    7. Pourquoi évoque-t-on saint Jean dans ces rituels ?

    L’importance de la lumière est bien connue pour les bâtisseurs. C’est elle qui décidait de la percée des ouvertures dans les murs des cathédrales et de l’emplacement de leurs vitraux. En ce qui concerne précisément la lumière solaire, deux jours de l’année présentent une particularité intéressante : le solstice d’hiver, le jour le plus court de l’année qui correspond à la fête de saint Jean l’Évangéliste, et le solstice d’été, le jour le plus long, qui correspond à celle de saint Jean le Baptiste.

    8. Qu’est-ce que le « solstice d’hiver » et le « solstice d’été » ?

    Les solstices sont des phénomènes naturels de l’univers, que l’homme a découverts très tôt. Le solstice est un moment, qui se répète deux fois par an, où le soleil se trouve à son plus grand éloignement angulaire du plan de l’équateur. Là, aux yeux des hommes, il semble alors s’arrêter car il reste pendant trois jours dans le 23e degré de déclinaison avant de commencer soit à redescendre soit à remonter vers le plan de l’équateur.

    Les solstices marquent des saisons différentes : à partir de celui du mois de décembre, la durée d’ensoleillement va augmenter progressivement, jusqu’au maximum d’un épanouissement qui se situe entre le 21 et le 24 juin avant de décroître à nouveau. A partir de cette date, la lumière va diminuer, jusqu’aux jours les plus courts, entre le 22 et le 25 décembre, et ainsi de suite.

    L’alternance des saisons a permis à l’Homme de fixer des points de repère et de fêter ces moments de mort apparente et de renouveau : ce sont les fêtes solsticiales de décembre et de juin. Ces fêtes rituelles ont toujours été celles de la fécondité, de la vie, de la lumière et de l’espérance de l’homme dans son alliance avec la nature. En répétant l’acte de création, elles assignaient à l’homme sa place naturelle dans le temps sacré, ordonnancé, cosmique. Dès lors, il n’est pas impossible que les fêtes des deux Jean aient perpétué le lien avec les mystères païens qui sacralisaient en quelque sorte le travail de l’homme.

    9. Quelle est la signification profonde du solstice d’hiver, pour nous Maçons ?

    Selon la coutume, vers le 21 décembre, l’ordre du jour des Travaux prévoit la célébration de la fête de saint Jean l’Évangéliste, celui qui a rendu témoignage de la Vérité, le disciple du Maître qui a été choisi pour transmettre aux hommes l’Évangile de l’Amour. Initié parfait, il les incite à méditer sur l’origine et le mystère des choses et à conduire leur esprit vers le Juste et le Vrai.

    Le rituel utilisé devrait faire prendre conscience des Ténèbres et inviter les Maçons à construire leur vie pour devenir des Fils de la Lumière et suivre ainsi les pas de saint Jean l’Évangéliste. Au seuil de l’univers des ténèbres et de la terreur, le rituel devrait inviter les Frères à regarder plus profondément en eux-mêmes, à écarter l’hypocrisie, la lâcheté et l’indifférence.

    Chercher sans relâche et sans trêve, tel est le destin assumé par le Maçon ; telle est l’œuvre royale du Maçon. Chacun a besoin de retrouver la Sagesse pour guider ses pas car l’intolérance, la vanité, l’intérêt, l’égoïsme et la lâcheté sont autant de pièges et de tentations fortes qui le guettent dans la pénombre.

    10. Le rituel de célébration du solstice de la Saint-Jean d’hiver ne nous apporte-t-il rien d’autre ?

    Tout rituel utilisé en cette occasion devrait aussi montrer toute l’importance que les Francs-maçons accordent aux trois Piliers. En décembre, la Lumière est en danger et il leur faut en prendre soin. A partir du jour le plus court de l’année commence la remontée du soleil, le grand astre qui fait don de la lumière, reflet de la Lumière intemporelle qui fut, qui est et qui sera.

    Tout rituel de la Saint-Jean d’hiver devrait rappeler que les Lumières que les Maçons ont rallumées dans leur Loge peuvent les conduire, à travers les épreuves, dans le labyrinthe de leur monde intérieur.

    Lorsque le rituel de la Saint-Jean d’hiver se termine, c’est sous la conduite du Passé Maître Immédiat portant les Trois Grandes Lumières, suivi d’un Apprenti, d’un Compagnon et d’un Maître, tous trois porteurs d’un flambeau, que tous les Frères gagnent généralement ensemble la salle des banquets, en paix et dans l’ordre, où les Travaux reprennent force et vigueur et où les santés d’obligation indiquées sont commandées : au Roi et aux chefs d’états étrangers et protecteurs de l’Ordre ; au Très Respectable Grand Maître et aux Grands Officiers Dignitaires de l’Obédience puis aux Frères visiteurs. Une santé d’obligation est aussi commandée par le Frère Premier Surveillant en l’honneur du Vénérable Maître. Une santé en l’honneur de tous les Maçons de l’Univers est annoncée par le Frère Orateur et ensuite commandée par le Vénérable Maître.

    L’exécution du chant des Apprentis par tous les Frères présents clôt généralement cette cérémonie avant la Clôture des Travaux. Mais il faut parfois se contenter de la seule audition de ce chant grâce au disque car sa connaissance tend à disparaître et son exécution parfaite devient malheureusement rare.

    11. Quelle est la signification du solstice d’été, pour nous, Maçons ?

    Selon la coutume, vers le 21 juin, l’ordre du jour des Travaux prévoit la célébration du Solstice d’été, fête de saint Jean-le-Précurseur ou le Baptiste, antique tradition qui, par son symbolisme, incite lui aussi les Maçons à la réflexion.

    Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante. Cette concrétisation de la lumière spirituelle est symbolisée par Jean-le-Baptiste, Précurseur de la lumière rédemptrice ou du Christ solaire et qui témoigne de la Lumière qui est. Le rituel rappelle que c’est ainsi que les Francs-maçons sont devenus les disciples de saint Jean car ils sont Enfants de la Lumière. C’est en recevant celle-ci que le Maçon trouve le chemin de la Vérité.

    Le jour du solstice d’été, symbole de l’idéal maçonnique, les Francs-maçons participent à la joie universelle. En cet instant précis où le soleil apparaît dans son plus grand éclat, ils décorent leur Temple de roses blanches qui représentent la joie de vivre qui se manifeste en leur cœur ainsi que la plénitude qui est pureté et silence. Mais ces roses blanches sont aussi là pour leur rappeler les deux vertus principales du Maçon : la recherche de la vérité et l’acceptation du devoir.

    Tandis que les Travaux s’arrêtent sur les Colonnes, un Frère Apprenti range les outils pour les récupérer le jour où les Travaux reprendront au Réveil de la Loge en septembre.

    12. Que savons-nous de plus des deux Jean que nous fêtons ?

    • Celui que nous fêtons à la fin du mois de juin, c’est Jean-le-Baptiste, celui qui annonce la venue du Christ qu'il baptisera.

    * Saint Jean et le solstice d'hiver

    Au moment de ce baptême décrit dans les évangiles, une colombe s'envola dans le ciel, représentant la Paix et l'Esprit nouveau du Christ. C'est lors du baptême de Jésus que Jean le reconnut comme le Messie lorsque l'Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe. En dépit de l'honneur qui lui était fait, Jean-le-Baptiste tint à marquer son admiration et sa confiance à Jésus en lui disant ces mots restés célèbres : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ta sandale ». Jean-le-Baptiste est reconnu prophète par toutes les religions du Livre. Cet homme, d'une spiritualité très profonde, dérangeait les puissants : Jean sera en effet emprisonné pour avoir reproché à Hérode Antipas son union incestueuse avec Hérodiade, la femme de son frère. C'est Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade, qui obtiendra de son oncle qu'il fasse décapiter Jean et que sa tête soit présentée à sa mère Hérodiade sur un plateau d'argent. Jean-le-Baptiste est avant tout le prophète contemporain du Christ. Il mena une vie de jeûne et de pénitence dans le désert. Le message de saint Jean dans le désert fut d'abord de demander au peuple d'Israël de se préparer à la venue du Messie qu'il annonçait imminente. A la suite de ce message, de nombreux juifs vinrent se faire baptiser par lui dans les eaux du Jourdain. C’est le jour de la Noël, que nous fêtons la naissance de Jésus. Noël est aussi la fête de la naissance du soleil nouveau. Le soleil du solstice d'été, étant à son apogée, ne peut que décroître. C'est pourquoi Jean-le-Baptiste dira : « Il faut que je décroisse pour qu'il croisse ». Autrement dit, il faut que la lumière extérieure qui nous inonde aujourd'hui cède la place au soleil intérieur du solstice d'hiver.

    • Celui que nous fêtons à la fin du mois de décembre, c’est Jean l’Évangéliste qui fut l'un des douze apôtres du Christ et l'un des quatre Évangélistes. 

    * Saint Jean et le solstice d'hiver

    Différentes scènes du Nouveau Testament témoignent de la présence de Jean auprès du Christ. Jean l'Évangéliste apparaît en effet dans plusieurs épisodes du Nouveau Testament : il assiste à la pêche miraculeuse, à la transfiguration du mont Thabor. Jean est auprès de Jésus au mont des Oliviers et lors de la Cène. Au pied de la croix, il soutient Marie que le Christ lui a confiée. Puis, il quitte la Palestine : la Tradition raconte qu'après la mort de Jésus et la dispersion des apôtres, Jean se rend en Asie et se fixe à Éphèse, où Marie le rejoint. Il y est arrêté alors qu'il est très âgé et est jeté dans l'huile bouillante dont il sort indemne. Exilé sur l'île de Patmos (île des Sporades), il y rédige l'Apocalypse qui porte son nom. Amnistié, il peut retourner à Éphèse et y rédige son Évangile. Dans l'Evangile et au sein du collège apostolique, saint Jean occupe une place de choix. Représentant l'amour, il marche à côté de Pierre, qui symbolise la doctrine. Jésus semble avoir réservé à cet apôtre les plus tendres effusions de son cœur. Plus que tout autre, en effet, Jean pouvait rendre amour pour amour au divin maître. C’est dans cet amour du Christ qu’il semble avoir puisé cette charité et cette science des choses de Dieu, qu'il répandit dans ses écrits et au sein des peuples auxquels il porta le flambeau de l'Evangile. Saint Jean fut, parmi les apôtres, le seul à être resté fidèle à Jésus dans ses souffrances. Il le suivit dans l'agonie du calvaire et accompagna la Mère de Jésus dans ces douloureux instants. Il était juste que saint Jean, ayant participé aux souffrances de la Passion, goûtât l'un des premiers les joies pures de la Résurrection. Le jour où le Sauveur apparut sur le rivage du lac de Génésareth, pendant que les disciples étaient à la pêche, saint Jean fut le seul à le reconnaître. « C'est le Seigneur », dit-il à saint Pierre. Tout l'Evangile le prouve : Jean était bien le disciple que Jésus aimait le plus.

    13. Que pouvons-nous retenir des fêtes solsticiales des deux saints Jean ?

    La « Saint Jean d'été » (Solstice d'été, Saint-Jean-Baptiste, 24 Juin) et la « Saint-Jean d'hiver » (Solstice d'hiver, Saint-Jean l'Évangéliste, 27 décembre) forment un couple étonnamment contrasté. Alors que la première est une fête d'extérieur, à la fonction sociale affirmée grâce aux « feux de joie », la seconde est une fête d'intérieur toute familiale qui s'est longtemps manifestée autour d'une bûche flambant dans la cheminée.

    14. Quels rapports y a-t-il entre les deux Jean et le dieu romain Janus ?

    Bien avant les fêtes de saint Jean, aux deux solstices, les Romains célébraient la fête de Janus, le dieu qui « ouvre » et qui « ferme » les portes du cycle annuel, « janua » signifiant « porte, accès ».

    Curieusement, Janus était représenté avec deux visages, celui d’un vieillard tourné vers le passé et ainsi vénéré comme le dieu des origines de toutes les choses et l’autre, d’un adolescent tourné vers l’avenir. A ce titre, Janus était craint et respecté comme le maître du temps qui détruit ce qu’il produit mais aussi comme le gardien des portes célestes qui détient les clefs des étapes du chemin vers la Lumière, symbole de l’immortalité de l’Esprit. Les expressions « porte des hommes » et « porte des dieux » en découlent. Les noms de « porte de l’enfer » et « porte du ciel » leur ont aussi été donnés.

    Janus, dieu romain, était en effet le dieu des portes de la ville. Il faut se souvenir que les villes romaines étaient circulaires et coupées en quatre – d’où le terme de « quartier » – par deux voies principales, l'une nord - sud appelée « cardo », l'autre est - ouest appelée « decumanus ». Janus gouvernait les deux portes symboliquement principales, c'est-à-dire la porte Nord (porte des Enfers) et la porte Sud (porte du Ciel).

    Dieu des portes, Janus était aussi le dieu des « commencements » : « Initiare »  signifiant « commencer », Janus était le dieu de l'initiation. C'est lui qui ouvrait le cycle des campagnes militaires. C'est lui également qui ouvrait et fermait le cycle annuel. Janus a été remplacé par les deux Jean. Jean-le-Baptiste, ouvrant la Porte du Ciel, est devenu le patron des Francs-maçons et de tous les Initiés.

    Après la christianisation des mythes païens, les deux Jean prirent la place de Janus aux deux visages. Ce fut Jean le Précurseur, dit le Baptiste, celui qui baptisait d’eau et annonçait la venue de celui qui baptiserait de feu, puis ce fut Jean l’Évangéliste, le "confirmateur", témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau. Le feu est un symbole très présent aux solstices ou aux équinoxes.

    Les noms de Janus, Johan, Juana, Jehan, Jean ont la même racine hébraïque Yôhânân (Yahveh fait grâce, ou la grâce de Yahveh) latinisée puis francisée.

    Les deux Jean et Jésus sont des « dieux » solaires : le Baptiste annonce le lever du soleil : il est donc représenté par un coq. C'est celui qui figure sur les clochers des églises. Quant à l' Évangéliste, il était en effet le disciple préféré de Jésus. C'est lui qui posa sa tête sur le cœur du maître. Il est logiquement symbolisé par un aigle, (cf. « l’Aigle de Patmos »), seul animal à pouvoir fixer le soleil dans tout son éclat.

    15. Quelle est la signification des deux Jean dans la spiritualité maçonnique ?

    La symbolique de Jean l'Évangéliste est très complexe. Les deux saints Jean sont riches d’enseignements spirituels pour le Maçon. Jean-le-Baptiste a prêché le repentir. Il est celui qui invite à se préparer à la venue de la Lumière, à se mettre en état de la recevoir. Il enseigne l’humilité, le renoncement à soi, sans lesquels il n’y a ni initiation ni progrès spirituel.

    Si Jean-le-Baptiste enseigne au Maçon comment se préparer à recevoir la Lumière, Jean l’Évangéliste est le type de l’homme qui l’a reçue et qui a donc atteint une certaine connaissance.

    La voie que nous révèlent les deux Jean est une voie alchimique : il s’agit du passage de l’Eau au Feu, ou plutôt de l’union de l’Eau et du Feu dans le centre de transmutation qu’est la loge.

    Jean le Baptiste baptise le Christ dans les eaux du Jourdain pour le faire naître à sa vocation rédemptrice qu’il achèvera sur la Croix et qu’il poursuivra dans le feu de l’amour que l’Évangéliste devra transmettre. Il y a transfert du Baptiste à l’Évangéliste sur la Croix. C’est par la Croix que l’Initié passera du baptême dans l’eau au baptême dans l’Esprit, l’Esprit d’amour qui est eau d’éternité. Le Baptiste rencontre le Christ dont l’Esprit animera l’Évangéliste.

    L’Évangile de saint Jean est par excellence l’Évangile de l’amour.

    Le commandement d’amour est proclamé d’une manière particulièrement solennelle dans l’Évangile de saint Jean : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

    Le commandement d’amour fraternel est mis dans la perspective de la Révélation trinitaire : l’amour des frères entre eux est à l’image de celui que le Fils a pour eux et dans lequel ils demeurent, et celui-ci est lui-même à l’image de l’amour que le Père a pour le Fils et dans lequel le Fils demeure, cet amour étant ce dont procède l’Esprit. Les deux Jean symbolisent ces deux phases de cette Révélation, phases que chaque Maçon doit revivre dans sa progression initiatique, passant par l’attente, dans l’effort et dans les œuvres qui sont déjà amour, de la venue de la Grâce et de la Lumière qui feront éclore en lui, en même temps que la connaissance, l’amour dans sa perfection.

    Quelques éléments du rituel un peu complexes

    Fort de ces quelques éléments de réponses aux questions principales, l’Apprenti peut aussi se pencher sur certains aspects du rituel qui peuvent lui paraître un peu plus obscurs.

    Il y est notamment question de la « Table d’émeraude ». Qu’est-ce à-dire ?

    • La Table d’émeraude

    * Saint Jean et le solstice d'hiver

    La découverte, vers l'an mille, de ce texte mystérieux a bouleversé les pensées.

    On dit que le texte contenait les arcanes d'un savoir immense aussi ancien que le monde.

    La copie latine (ci-contre) de ce texte permit sa diffusion.

    Les études modernes ont défini sa provenance d'un original égyptien en langue grecque du 4ème siècle de notre ère.

    Des légendes inépuisables sont apparues autour de ce texte. La plus fameuse racontait que son auteur mythique l'avait inscrit sur l'émeraude chue du front de Lucifer, le jour de la défaite de l'ange rebelle : ainsi vint qu'on l'appelât la Table d'Emeraude...

    La Table d’émeraude (Tabula Smaragdina en latin) est un des textes les plus célèbres de la littérature alchimique et hermétique. C’est un texte très court, composé d'une douzaine de formules allégoriques et obscures, dont la fameuse correspondance entre le macrocosme et le microcosme : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».

    Selon la légende, elle présente l’enseignement d’Hermès Trismégiste, fondateur mythique de l'alchimie, et aurait été retrouvée dans son tombeau, gravé sur une tablette d’émeraude. La plus ancienne version connue se trouve en appendice d’un traité arabe du 6e siècle. Traduite en latin au 12ème siècle, elle fut commentée par de nombreux alchimistes au Moyen Âge et surtout à la Renaissance.

    Après le discrédit scientifique de l'alchimie et le développement de la chimie moderne au 18ème siècle, elle a continué à fasciner occultistes et ésotéristes.

    La Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, père des Philosophes (traduction de l’Hortulain) :

    « Il est vrai, sans mensonge, certain, et très véritable : ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose. Et comme toutes les choses ont été, et sont venues d’un, par la méditation d’un : ainsi toutes les choses sont nées de cette chose unique, par adaptation. Le soleil en est le père, la lune est sa mère, le vent l’a porté dans son ventre ; la Terre est sa nourrice. Le père de tout le télesme [1] de tout le monde est ici. Sa force ou puissance est entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s’enfuira de toi. C'est la force forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile, et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été créé. De ceci seront et sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen en est ici. C’est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l'opération du Soleil est accompli, et parachevé. »

    Puisque « ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut pour accomplir les miracles d’une seule chose », selon la Table d’Emeraude, il est normal que l’homme, ayant eu révélation de l’existence d’une proportion privilégiée procurant l’harmonie esthétique, se serve de cette proportion à travers ses propres créations, et plus spécialement dans toutes celles ayant un rapport direct avec le divin, à commencer par le Temple, demeure symbolique de Dieu.

    * Saint Jean et le solstice d'hiver

    Dans ce même rituel, le symbolisme de la roue est aussi suggéré.

    • Le symbolisme de la roue

    Le symbolisme de la roue tient à la fois de son rayonnement solaire et de son mouvement cyclique qui représente la périodicité du voyage des astres tout au long du cycle de l’année.

    Le symbole de la roue est un prototype ou un modèle de l’idée archétypale que le cosmos tout entier ne fait que manifester. Et comme modèle du cosmos, il pourrait bien être qualifié d’universel dans la plus large acception du terme. Il est donc encore plus étonnant de constater que, malgré son importance particulière, on ne lui donne pas l’importance qui lui est due, bien que ce soit un héritage fondamental présent dans toutes les formes traditionnelles.

    Le symbole de la roue est l’expression du mouvement et de la multiplicité, de l’immobilité primordiale et de la synthèse. C’est également l’expression symbolique de l’expansion et de la concentration, de l’énergie centrifuge, qui va du centre vers la périphérie, et de l’énergie centripète qui retourne à son centre, son axe ou sa source...

    Ce symbole est également la manifestation de ce qui, étant tout juste virtuel (le point) génère un espace ou un plan (qui délimite la circonférence). Par conséquent, il est évidemment lié à l’espace et au temps, et se rattache ou s’associe à toute notion de cosmogonie[2] et de création.

    En ce sens, le mouvement superficiel ou externe de la roue se rapporterait à la manifestation, tandis que la virtualité, l’immobilité du point central, moyeu ou axe, serait connectée avec le non-manifesté.

    On pense aussi que la roue détient un rôle très important depuis les plus anciennes cosmogonies, notamment dans les mythes qui relatent la naissance de l’univers. A ce propos, nous pouvons nous reporter à un passage fort important de l’œuvre de René Guénon : « On sait que la roue est en général un symbole du monde : la circonférence représente la manifestation, produite par irradiation du centre; ce symbolisme est par ailleurs susceptible de revêtir des significations plus ou moins particularisées ».

    Ensuite, ce métaphysicien français rappelle qu’en Inde deux roues associées, c’est-à-dire le char, correspondent à des parties diverses de l’ordre cosmique. La forme circulaire de la roue est le symbole des révolutions cycliques auxquelles sont soumises toutes les manifestations, qu’elles soient terrestres ou célestes ; ainsi les deux roues pourraient bien représenter l’univers dans ses parties.

    • La roue à six rayons et le point central – le symbolisme du nombre 7

    Il est possible que, d’entre les symboles sacrés de tous les peuples, celui de la Roue soit le plus universel. L’universalité même des significations de la roue, et leur connexion directe ou indirecte avec les autres symboles sacrés, en particulier les nombres et les figures géométriques, font de celle-ci une sorte de modèle symbolique, une image du cosmos. Car, sur le plan, la jante est un cercle, et la circularité est une manifestation spontanée de tout le cosmos.

    Entre le point central et la circonférence se forme le cercle ; la valeur arithmétique assignée au premier est l’unité, représentation naturelle du point géométrique, et pour la seconde c’est le neuf, le nombre du cycle, puisque c’est celui de la circularité.

    La somme des deux nous donne la dizaine (1 + 9 = 10), le modèle numérique de la Tétraktys pythagoricienne[3], ce qui peut être rapporté à toute autre arithmosophie, puisque les nombres – et les figures géométriques – sont des modules harmoniques archétypaux, valables dans toute la manifestation et donc pour tout temps et tout lieu de ce cycle humain.

    Ce point central de la Roue du Monde est en communication avec la périphérie à travers ses rayons, qui sont donc les intermédiaires entre eux ; et tandis que la roue tourne sur elle-même, symbolisant le mouvement et le temps, l’axe demeure fixe, exprimant l’immobilité et l’éternel.

    Le centre est, avant tout, l’origine, le point de départ de toutes les choses ; c’est le point principiel, sans forme ni dimensions, donc indivisible et, par conséquent, la seule image que l’on puisse donner de l’Unité Primordiale.

    Le nombre sept est considéré comme le point central d’une roue à six rayons. En réalité, le sept est le point central du cube, qui possède six faces et douze arêtes, un autre des symboles-modèles de l’univers.

    En guise de conclusion provisoire…

    Si la Maçonnerie anglaise actuelle est beaucoup plus discrète que la Maçonnerie française et continentale en général à propos des deux saints Jean, leur importance se manifeste aussi par la célébration de leurs fêtes. De nos jours, cette célébration se limite parfois à un banquet, mais celui-ci est alors conduit selon le rituel de table complet, avec une Ouverture et une Clôture solennelle des Travaux, le Volume de la Sainte Loi étant ouvert sur l’autel, à l’Orient.

    Mais de nombreuses Loges utilisent, lors de ces deux célébrations, différents rituels dont il serait fort ambitieux de faire une analyse exhaustive. C’est pourquoi, dans cette planche, le rituel utilisé par notre Respectable Loge au mois de décembre, n’a pas été analysé en détails. Sa structure non plus n’a pas été dégagée car elle est assez évidente.

    Comme de coutume, c’est sur base de mon questionnement le plus élémentaire que j’ai construit cette planche, avec l’espoir qu’elle aura pu apporter quelques modestes précisions au lecteur.

    R:. F:. A. B.

     

    Bibliographie

    Behaeghel Julien

    Symboles et initiation maçonnique

    Editions du Rocher, Monaco, 2000

    Pages 141 à 153

     

    Ducluzeau Francis

    Ethique, sagesse et spiritualité dans la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 2002

    Pages 204 à 214, 215 à 233

     

    Ferré Jean

    Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994

    Pages 234 et 235

     

    Lhomme Jean – Maisondieu Edouard – Tomaso Jacob

    Dictionnaire thématique illustré de la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 2002

    Pages 299 à 306, 306 à 308 et 308 à 310

     

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    [1] Je n'ai trouvé le mot « télesme » que dans le dictionnaire Mytho-Hermétique de Dom Pernety, et encore n'en donne-t-il qu'une définition succincte : fin, perfection, complément.

    [2] La cosmogonie est une science qui a existé chez tous les peuples archaïques et traditionnels. Elle se réfère à la connaissance de l’homme (cosmos en miniature) et de l’univers (homme en grand), ce qui s’est répété de façon unanime et pérenne au long du temps (histoire) et de l’espace (géographie), décrivant une seule et unique réalité, celle du cosmos, qui est d’ailleurs la même que nous, contemporains, vivons et habitons aujourd’hui, car elle est essentiellement immutable malgré les formes changeantes par lesquelles elle peut être exprimée ou appréhendée, puisqu’elle demeure éternellement vivante.

    Cette science, pratiquement inconnue de l’être humain actuel, ce produit du rationalisme, du positivisme, du matérialisme et de la technologie, a cependant été la structure de base, la structure primaire sur laquelle aussi bien les peuples primitifs que les grandes civilisations de l’antiquité (les égyptiens, par exemple) ont fondé leurs croyances, et l’instrument qu’ils ont utilisé pour construire leur vie et leur culture, qui, dans le cas cité en exemple, a duré trois mille ans. L’on pourrait en dire autant de l’empire chinois, ou plus exactement de la Tradition extrême-orientale, bien que cette science soit en réalité un dénominateur commun à toutes les traditions connues, qu’elles soient vivantes comme la tradition hindoue ou le djaïnisme, ou apparemment mortes, comme les traditions précolombiennes.

    Nous devons préciser que le mode d’expression normal de cette Cosmogonie Universelle et Pérenne est le symbole, ou un ensemble de symboles en action constituant des codes et des structures qui se conjuguent entre eux de façon permanente, manifestant et véhiculant la réalité, c’est-à-dire la pleine possibilité du discours universel qui devient, par leur intermédiaire, audible et compréhensible. Le symbole est par conséquent la traduction intelligible d’une réalité cosmogonique et, en même temps, cette réalité en soi, au niveau où elle s’exprime

    [3] 10 est le nombre de la Tétraktys pythagoricienne, somme des 4 premiers nombres. Il a le sens de la totalité, de l'achèvement, du retour à l'unité après le cycle des 9 premiers nombres. Pour les pythagoriciens, c'est le chiffre le plus sacré, symbole de la création universelle. La Tétraktys était représentée par un triangle de 10 points disposés en pyramide de quatre étages.

     


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  •  Le Réveil de la Loge 

    Introduction

    La plupart des Loges pratiquant le Rite moderne et qui ont l’habitude de fêter les deux saint Jean à chacun des deux solstices, ont l’habitude de procéder au Réveil de leur Loge après les deux mois consacrés au repos. C’est, une fois de plus, l’occasion de se poser des questions à propos de l’un ou l’autre aspect de ce rituel.

    Nos Loges sont libres d’adopter tel ou tel rituel pour cette cérémonie : tout comme pour la célébration des fêtes solsticiales, il n’y a aucune imposition de la part de la Commission des rituels de notre Obédience régulière.

    Comme pour tout symbole et tout rituel, il convient de se poser un maximum de questions au sujet de cette cérémonie du « Réveil de la Loge » que nous venons de vivre en ce début du mois de septembre.

    Il me paraît utile de signaler d’amblée que cette cérémonie n’a pas lieu au R.E.R.  Ce rite chrétien, voire christique, ne célèbre pas les solstices, n’a aucun rituel spécifique pour indiquer la mise au repos des Ouvriers de la construction du Temple et, par conséquent, n’estime pas nécessaire de « se réveiller » après les deux mois de vacances !

    Le but de la présente planche sera de resituer la cérémonie du Réveil dans le contexte de différents rituels en vigueur au Rite (belge) Moderne, de tenter de répondre à quelques questions fondamentales et à toutes celles qui en découlent :

    ·         Pourquoi une Loge doit-elle se réveiller ?

    ·         Quels sont les moments forts de ce rituel ?

    ·         Pourquoi certains Frères ont-ils un rôle particulier à y jouer ?

    ·         Quel est le rôle du Passé Maître Immédiat ?

    ·         Quel est celui de l’Aumônier-Hospitalier ?

    ·         Pourquoi chacun des Frères présents doit-il s’engager individuellement ?

    ·        

    J’évoquerai aussi successivement chacun des moments forts de la cérémonie :

    ·         le retour des outils utilisés par les Apprentis

    ·         le retour de la flamme de la charité

    ·         le passage du flambeau de main en main

    ·         l’engagement individuel

    ·         la gestuelle du Passé Maître Immédiat et du plus jeune des Apprentis

    ·         certains aspects techniques (musique et éclairage)

    La célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été

    Rappelons tout d’abord deux extraits du rituel :

    QUE LA LUMIÈRE DE LA FLAMME QUE VOICI………….. CIRCULE DANS CE TEMPLE AFIN QUE CHACUN EN GARDE L’ECLAT DANS SON ESPRIT ET DANS SON CŒUR DURANT NOTRE DISPERSION MOMENTANÉE.

    Le Vénérable Maître confie alors le flambeau au Frère Orateur ou à un Vénérable Maître visiteur éventuel siégeant à l’Orient. Ce dernier le transmet au Trésorier qui le donne au Maître des Banquets puis, passant de Frère en Frère, il descend toute la Colonne du Sud vers le 1er Surveillant puis aux Frères placés à l’Occident, ensuite par le 2nd Surveillant, il remonte la Colonne du Nord jusqu’au Passé Maître Immédiat.

    A chaque fois que le flambeau est mis en présence d’un bougeoir à la stalle d’un Officier, celui-ci éteint la flamme du bougeoir en étouffant la flamme avant de passer le flambeau allumé au Frère suivant.

    Pendant la progression du flambeau, la lumière décroît par l’extinction de toutes les sources d’éclairage, bougeoirs compris sauf les grands chandeliers du Tableau ainsi que le Soleil et la Lune.

    Le flambeau entre les mains, le Passé Maître Immédiat se dirige vers le Frère Aumônier – Hospitalier auquel il dit :

    FRÈRE AUMÔNIER – HOSPITALIER, QUE TOUTES LUMIÈRES ÉTEINTES DANS CETTE LOGE, VOUS CONSERVIEZ PRÉCIEUSEMENT LA FLAMME DE LA CHARITÉ.

    Au moment de la Clôture des Travaux, le Vénérable Maître explique :

    A PRÉSENT, TANDIS QUE LES LUMIÈRES DE CE TEMPLE DEMEURERONT ÉTEINTES, NOUS EMPORTERONS LES OUTILS DE NOTRE ATELIER, POUR LES RAPPORTER LE JOUR OU NOUS REPRENDRONS NOS TRAVAUX.

    Le plus jeune des Apprentis ramasse ensuite le Maillet et le Ciseau à proximité de la Pierre brute, au pied du Tableau de Loge, et les emporte à l’extérieur du temple au moment de la sortie rituelle des Frères.

    Toute lumière extérieure ayant disparu, seule la lumière de notre conscience nous éclaire. Le dernier flambeau resté allumé a circulé dans le temple afin que chacun en garde l’éclat dans son esprit et dans son cœur durant notre dispersion momentanée.

    Tandis que les Travaux se sont arrêtés sur les Colonnes, les Frères ont formé une dernière fois la Chaîne d’union puis ont emporté leurs outils pour les rapporter le jour où leurs Travaux reprendront.

    C’est sous la conduite du Frère Aumônier-Hospitalier, muni de ce dernier flambeau, source de lumière que rien ne peut éteindre parce que c’est la source de la vie même, que les Frères se sont retirés en paix sous la Loi du Silence et au signe de fidélité pour prendre quelque repos bien mérité.

    Ainsi le décor est planté pour le retour des Frères au mois de septembre : les outils de l’Apprenti (Maillet et Ciseau) ont été placés symboliquement en dehors de la Loge tandis que le chandelier, transmis par le Passé Maître Immédiat au Frère Aumônier-Hospitalier, se retrouve lui aussi à l’extérieur de la Loge, sur le Parvis.

    Les moments forts du rituel du Réveil de la Loge

    Deux mois ont passé. Nous voici au mois de septembre. Tous les Frères ont été convoqués pour participer à la Tenue du Réveil de la Loge. Au moment de l’entrée silencieuse, le temple vient d’être plongé dans l'obscurité tandis que la Colonne d'Harmonie diffuse une musique de circonstance en sourdine.

    Sous la conduite du Maître des Cérémonies, les Frères se sont rangés au Signe de Fidélité, debout, sur les Colonnes.

    Après un bref moment, toujours guidés par le Maître des Cérémonies, les Officiers Dignitaires sont entrés avec leurs attributs : les Premier et Second Surveillants, l'Orateur, le Secrétaire, le Trésorier, l'Expert et le Maître des Banquets. Ils ont pris place à leur « stalle » mais sont restés debout.

    Le retour des outils

    Ont alors suivi deux Frères Apprentis munis du Ciseau et du Maillet qu'ils ont déposés près de la Pierre brute puis ont gagné leur place. Est ensuite entré le Frère Passé Maître Immédiat [1] muni de la Flamme qu’il devait précieusement conserver depuis la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été.

     

    Ensuite, après un temps, le volume de la musique est devenu plus important : le Maître des Cérémonies venait d’introduire le Vénérable Maître portant les trois Grandes Lumières.

    Ayant déposé les Trois Grandes Lumières sur l'Autel, le Vénérable Maître récupéra le Flambeau des mains du Passé Maître Immédiat et le déposa sur sa stalle.

    Et le Vénérable Maître d’expliquer ce qui se passait à ce moment :

    LE TEMPLE EST PLONGE DANS LES TÉNÈBRES, MAIS EN MÊME TEMPS QUE LES TROIS GRANDES LUMIÈRES DE LA FRANC-MAÇONNERIE, JE VOUS AI APPORTE  CETTE FLAMME QUE PRÉCIEUSEMENT NOTRE FRÈRE AUMÔNIER HOSPITALIER A CONSERVÉE DEPUIS LA CÉLÉBRATION DU SOLSTICE DE LA SAINT-JEAN D’ETE.

    Ainsi, après un long séjour dans le monde profane, les Frères de notre Respectable Loge se sont réunis en un point de rencontre connu des seuls enfants de la Lumière. Bien que les Ouvriers étaient manifestement prêts à reprendre le travail, le Temple est resté encore quelques instants plongé dans l’obscurité jusqu’au moment où la flamme, conservée précieusement pendant l’interruption des Travaux après la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été, y a été ramenée.

    Le retour de la flamme de la charité

    Il me paraît tout-à-fait judicieux de se demander pourquoi cette flamme de la charité a été confiée au Frère Aumônier-Hospitalier à l’issue de la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été alors que le rituel du Réveil, tel qu’il a été appliqué lors de notre dernière Tenue, l’a fait revenir par le Passé Maître Immédiat !

    Nos Loges travaillant au Rite moderne sont libres d’adopter tel ou tel rituel ou même d’en créer un nouveau pour ce genre de cérémonie [2].

    Tout comme c’était déjà le cas pour la célébration de la fête solsticiale d’été, on peut imaginer que ces deux rituels ont été adoptés ou créés à des moments différents et que nos prédécesseurs n’ont jamais pensé à corriger ce « détail » qui nous interpelle aujourd’hui à juste titre !

    Puisque nous sommes libres de revoir ces rituels, nous pourrions envisager sans difficulté de réécrire l’une ou l’autre réplique ou l’une ou l’autre disposition de mise en scène afin d’ajuster nos deux rituels en toute logique.

     

    Que s’est-il passé ensuite ?

    Le Vénérable Maître nous a invités à reprendre peu à peu conscience de l’Art Royal. Mais au début du rituel, ni les Apprentis ni les Compagnons ne pouvaient reconnaître leurs outils alors que les Maîtres étaient impatients de recommencer l’œuvre, la construction – symbolique – du Temple.

    La Lune est d’abord apparue, versant un peu de clarté froide sur la Colonne du Nord, suivie du Soleil qui commençait à éclairer la Colonne du Sud. Symboliquement sont apparus les détails du Grand Œuvre et les Maîtres ont retrouvé les dessins de l’ouvrage (toujours) inachevé (et toujours à poursuivre !). La Lumière a encore cru tandis que chacun était impatient de se saisir de ses outils.

    Le passage du flambeau de main en main

    Le rituel permet à nouveau au Vénérable Maître d’expliquer ce qui se passe ensuite :

    AVANT DE LUI DONNER PLUS D'ÉCLAT, AVANT D'ILLUMINER LE LIEU DE NOS TRAVAUX, AVANT DE VOUS LAISSER MANIER À NOUVEAU VOS OUTILS DE MAÇONS, JE VOUS INVITE À REPRENDRE PEU À PEU CONSCIENCE DE L'ART ROYAL, D'EFFACER EN VOUS TOUTE PRÉOCCUPATION PROFANE, DE FAIRE TAIRE TOUT ÉCHO DU TUMULTE EXTÉRIEUR.

    REPRENONS NOTRE SÉRÉNITÉ MES FRÈRES ET LAISSONS NOS PENSÉES S'ÉLEVER, SE JOINDRE ET SE CONFONDRE DANS UNE SEULE ET MÊME INTELLIGENCE INFINIE.

    CETTE FLAMME, JE VAIS LA TRANSMETTRE…

    JE VAIS LA TRANSMETTRE AUX FLAMBEAUX….

    QU'ILS PASSENT DE MAIN EN MAIN LE LONG DE VOS COLONNES ET QU'ILS PARVIENNENT AUX FRÈRES SURVEILLANTS AFIN QUE CEUX-CI M’AIDENT À OUVRIR LES TRAVAUX.

     

    Le but est donc de transmettre la flamme aux deux Surveillants afin que les Travaux puissent s’ouvrir.

    Ensuite, le Vénérable Maître s’assure que chacun de ses Officiers Dignitaires est prêt à l’assister pour diriger les Travaux de la Loge. Il interroge successivement les deux Surveillants (Trois Frères dirigent la Loge) puis l’Orateur et le Secrétaire (car cinq Frères éclairent la Loge).

    Il lui faut ensuite s’assurer, comme d’habitude, que les Travaux sont bien à couvert. Le Frère Couvreur fait son office. La Loge étant couverte extérieurement et intérieurement, le rituel ressemble au rituel habituel de l’Ouverture des Travaux. Cependant il se passe plus lentement puisqu’il y a lieu de vivre un retour progressif de la lumière.

    C’est le Frère Second Surveillant qui fournit l’explication :

    LE TEMPLE EST OBSCUR. LES COLONNES DISPARAISSENT DANS L'OMBRE.

    LES OUVRIERS NE PEUVENT DISCERNER LE PLAN DE L'ŒUVRE ET NE RECONNAISSENT PAS LEUR TRAVAIL.

    VÉNÉRABLE MAÎTRE, IL N'EST PAS ENCORE MIDI.

     

    Nous ne travaillons en effet qu’entre Midi et Minuit, symboliquement s’entend !

    Et le Vénérable Maître de nous faire patienter :

    ATTENDONS, MES FRÈRES, QUE PLUS DE LUMIÈRE NOUS PARVIENNE.

    Et nous patientons au son d’une musique de circonstance jusqu’au moment où le Maître de la Colonne d’harmonie va faire en sorte que la Lune s’éclaire.

    Puis le Frère Second Surveillant nous fournit une nouvelle explication :

    LA LUNE A PARU, VERSANT UN PEU DE CLARTÉ FROIDE SUR LA COLONNE DU NORD, MAIS LES PROFONDEURS DU TEMPLE NE SE RÉVÈLENT PAS. IL N'EST PAS ENCORE MIDI.

     

    Le rituel nous fait ensuite prendre conscience de ce qui se passe sur la Colonne des Compagnons et le Frère Premier Surveillant de nous fournir à son tour une explication :

    LES COMPAGNONS N'ONT PAS ENCORE RETROUVE LE LIEU CALME ET SEREIN OU ILS AVAIENT COUTUME D'ŒUVRER.

    IL LEUR SEMBLE ENTENDRE ENCORE EN EUX LES RÉSONANCES DE L'AGITATION PROFANE. LEUR COLONNE EST OBSCURE.

    LES OUVRIERS NE SONT PAS ENCORE PRÊTS SUR LA COLONNE DU SUD.

     

    Les Frères Apprentis, eux non plus,  ne sont pas encore prêts à travailler.

    Pourquoi ?

    LEURS CISEAUX ET LEURS MAILLETS NE LEUR PARAISSENT PLUS FAMILIERS.

    ILS CHERCHENT DES YEUX LE MAÎTRE QUI DOIT LES GUIDER, MAIS L'OMBRE LE LEUR DÉROBE.

    LES OUVRIERS NE SONT PAS PRÊTS SUR LA COLONNE DU NORD.

    IL N'EST PAS ENCORE MIDI.

     

    En fait, tous les Frères attendent le retour de la pleine Lumière, celle qui resplendit à Midi plein, celle qui illumine notre cœur depuis notre Initiation !

    C’est le Frère Orateur qui nous fournit l’explication :

    SONGEZ, MES FRÈRES, QUE C'EST LE TRAVAIL SUR SOI-MÊME QUI PERMET

    A L'INITIE DE DÉPOUILLER LE PROFANE QUI EST EN LUI.

    SANS LA VRAIE LUMIÈRE QU’IL ACQUIERT AINSI,

    C’EST EN VAIN QU'IL CHERCHERAIT D'AUTRES FLAMBEAUX.

    C'EST EN VAIN QU'IL ATTENDRAIT UNE AUTRE ILLUMINATION.

     

    Et le Vénérable Maître de conclure :

    MES FRÈRES, TOURNONS NOS REGARDS EN NOUS-MÊMES, RECHERCHONS DANS NOS CŒURS LA LUMIÈRE QUE NOTRE INITIATION Y A ALLUME.

    Par les effets lumineux que réalise (idéalement) le Frère Maître de la Colonne d’Harmonie, la lumière revient peu à peu dans le temple : la Lune puis le Soleil.

     

    LE SOLEIL SE MET A ÉCLAIRER LA COLONNE DU SUD.

    DÉJÀ APPARAISSENT LES DÉTAILS DU GRAND ŒUVRE ET LES FRÈRES MAÇONS RETROUVENT LE DESSIN DE L’ŒUVRE INACHEVÉE.

    LES APPRENTIS ONT RETROUVE LEURS PLACES DEVANT LES PIERRES BRUTES. ILS SONT PRÊTS DES MAINTENANT A SAISIR LEURS CISEAUX ET LEURS MAILLETS ET A LES MANIER AVEC ZELE.

    LES COMPAGNONS SONT PRÊTS AUSSI ET LES MAÎTRES SONT A PRÉSENT IMPATIENTS DE REPRENDRE L’ŒUVRE.

    TOUS ONT DÉJÀ LES OUTILS A LA MAIN.

     

    Mais que viennent faire les Maçons en ce lieu ?

    DES MAÇONS REVIENNENT DANS CE TEMPLE, PRIVES DE LUMIÈRE.

    ILS CONNAISSENT LES BUTS ET LES RÈGLES DE L’ORDRE ;

    ILS  REVIENNENT POUR VAINCRE LEURS PASSIONS. 

     

    Que cherchent-ils ?

    ILS CONNAISSENT LES BUTS ET LES RÈGLES DE L’ORDRE ;

    ILS  REVIENNENT POUR FAIRE DE NOUVEAUX PROGRÈS

    DANS LA MAÇONNERIE.

    ILS RECONNAISSENT LA DISCIPLINE DE LA LOGE ;

    ILS SONT VENUS LIBREMENT ;

    ILS ACCEPTENT DE SOUMETTRE LEUR VOLONTÉ.

     

    Les conditions sont donc remplies pour que le Vénérable Maître puisse enfin procéder au Réveil de la Loge et à l’Ouverture des Travaux, mais le Frère Orateur se fait le porte-parole des Frères de la Loge pour exprimer une demande particulière.

    Il souhaite :

    QUE LA PLEINE LUMIÈRE MAÇONNIQUE RESPLENDISSE A NOUVEAU DANS CE TEMPLE…

    … POUR LA BEAUTÉ DU SYMBOLE ! Et d’expliquer que :

    LA LUMIÈRE QUE NOUS VENONS CHERCHER DANS LE TEMPLE EST POUR TOUS LES MAÇONS LE SYMBOLE DE LA VÉRITÉ ET DE LA SAGESSE.

    C’EST LE SYMBOLE DE NOTRE VICTOIRE SUR NOUS-MÊMES.

    C’EST LE SYMBOLE DE NOTRE EFFORT VERS CETTE VÉRITÉ, CETTE SAGESSE ET CETTE VICTOIRE.

    C’EST UNE INVITATION PRESSANTE A VAINCRE NOTRE IGNORANCE SANS CRAINDRE DE NOUS PENCHER SUR NOTRE NUIT.

    LA LUMIÈRE, C’EST LE COMBAT INCESSANT QUE NOUS DEVONS LIVRER AUX PRÉJUGÉS, AUX FANATISMES, AUX ERREURS, A NOS PASSIONS.

    LA LUMIÈRE POUR NOUS, FIDÈLES AU SERMENT DE TRAVAIL, DE FRATERNITÉ, DE TOLÉRANCE QUE NOUS AVONS PRÊTÉ LE JOUR DE NOTRE INITIATION, C’EST NOTRE INÉBRANLABLE VOLONTÉ DE PARTICIPER A LA CONSTRUCTION DU TEMPLE. C’EST LA VOLONTÉ DE NE PAS NOUS LAISSER DÉTOURNER DU CHEMIN QUE NOUS NOUS SOMMES TRACES.

    LA LUMIÈRE EST, POUR LE MAÇON, SON INEXTINGUIBLE SOIF DE PLUS DE BONTÉ, DE PLUS DE JUSTICE, DE PLUS DE TOLÉRANCE, DE PLUS DE VÉRITÉ.

    EN D'AUTRES MOTS, LA LUMIÈRE EST LE SYMBOLE DE L'ESPÉRANCE DANS LE DEVENIR DE L’HOMME.

     

    L’engagement individuel

    Le Frère Orateur parle pour lui-même : il nous rappelle les dangers de la Lumière, la pleine Lumière qui fait apparaître nos imperfections, la Lumière qui fait que nous nous découvrons tels que nous sommes, celle qui nous fera voir l’incohérence des incertitudes et des contradictions.

    Sa fonction est de résumer les opinions et de traduire les sentiments de ses Frères. C’est pourquoi il ne lui appartient pas de prendre un engagement rituel en leur nom.

    Voilà donc la raison pour laquelle il va demander que chaque Frère, tour à tour, s’engage personnellement, déclare s’il est prêt à recevoir à nouveau la Lumière maçonnique et s’il pourra la supporter, avec tous les inconvénients que cela suppose !

    Et, bien que le Frère Orateur ait confiance en ses Frères, il sait qu’ils ne sont que des hommes et qu’ils ont à lutter sans cesse en eux-mêmes ; il sait que leurs engagements doivent souvent être répétés pour se traduire en actes.

    Prudemment, le Vénérable Maître interroge l’ensemble des Frères : chacun à l’appel de son nom, va devoir s’engager à reconnaître les bienfaits de la vie claire en Loge, dans une lumière de sincérité, de liberté, d’estime mutuelle et d’amitié fraternelle, en pleine conscience des dangers (la Lumière peut en effet nous blesser, nous atteindre au plus profond de nous-mêmes ; elle peut être source de déceptions, de peine, de souffrance…).

    Et chacun de s’engager solennellement.

     

    L’Ouverture effective des Travaux

    Aidé par les deux Surveillants, le Vénérable Maître peut enfin ouvrir les Travaux, par Beauté, Force et Sagesse.

     

    Le rôle du Passé Maître Immédiat et du plus jeune des Apprentis 

    Il est alors demandé au Passé Maître Immédiat – qui représente la Tradition dans ce qu’elle a de plus pur – de donner à nos Travaux la première impulsion.

    Trois actions sont ainsi jouées par le Passé Maître Immédiat et le plus jeune Frère Apprenti devant l’ensemble de l’Atelier :

    ·         le partage du pain (le plus vieil acte de fraternité connu parmi les hommes),

    ·         le partage du vin (bu à la même coupe)

    et

    ·         les semailles symboliques des grains de blé sur le Tableau de Loge.

    Ces deux dernières actions signifiant que l’Apprenti et le Passé Maître sont guidés par un même idéal et qu’ils poursuivent le même but (l’œuvre leur est commune) : la réalisation du Temple idéal dont chacun devrait devenir une des pierres parfaites.

    En guise de conclusion provisoire…

    Il me paraît bien difficile de conclure l’analyse d’un tel rituel.

    Je formulerai dès lors quelques remarques :

    1.    Le rituel du « Réveil de la Loge », tout comme les deux rituels de célébration des solstices et ceux qui existent pour les Tenues funèbres sont laissés à la discrétion des Loges. Seuls les rituels d’Ouverture et de Fermeture des Travaux, le rituel d’Initiation au grade d’Apprenti, celui du Passage au grade de Compagnon et celui de l’Élévation à la Maîtrise sont imposés par la G.L.R.B. aux Loges qui pratiquent le Rite (belge) moderne.

    2.    La Commission des Officiers Dignitaires, sur proposition du Frère Orateur, peut se permettre d’apporter des modifications soit dans le rituel de la célébration du solstice de la Saint-Jean d’été  soit dans celui du Réveil de la Loge, afin d’apporter la cohérence nécessaire : si la flamme de la charité est emportée, fin juin, par le Frère Aumônier-Hospitalier, c’est celui-ci qui doit effectivement la rapporter en septembre.

    Faire ce choix ne diminuerait en rien le rôle du Passé Maître Immédiat puisque celui-ci, par le rôle qu’il joue en compagnie d’un Frère Apprenti en rompant le pain, en buvant à la même coupe de vin et en semant ensemble les grains de blé, grave en nos cœurs un spectacle particulièrement fraternel.

    3.    Le rituel donne au Maître de la Colonne d’Harmonie des indications au sujet de l’intensité lumineuse à répandre dans la Loge. A plusieurs reprises, il est indiqué que « la lumière croît ». Il n’est malheureusement pas toujours possible de réaliser ces effets à la perfection sans dispositif particulier tel qu’un bon rhéostat [3] pour chaque point lumineux.

     

     R:. F:. A. B.


    [1] Idéalement ce devrait être le Frère Aumônier Hospitalier !

    [2] Par contre il y a lieu de respecter à la lettre les rituels d’Ouverture et de Fermeture des Travaux, d’Initiation, de Passage, d’Elévation qui nous sont imposés par l’Obédience.

    [3] Un rhéostat est un appareil permettant de régler l'intensité du courant électrique passant dans un circuit. Il est généralement constitué d'une résistance variable dimensionnée de manière à supporter l'intensité maximale du courant devant la traverser.

    On évite de l'utiliser de manière permanente pour régler le courant dans un dispositif nécessitant une grande puissance puisqu'il dégage beaucoup de pertes en chaleur.

     

     


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  •  Commentaires à propos des rituels d'Ouverture et de Fermeture des Travaux 

    Introduction

    La démarche des Loges de la Franc-maçonnerie initiatique consiste à faire fructifier le legs traditionnel reçu des Anciens et que représentent des textes rituels. Tout Travail en Loge comporte un cérémonial spécial, toujours le même. Le rituel l’exige.

    Le but de la présente Planche est d’étudier les raisons de l’existence des rituels d’Ouverture et de Clôture des Travaux ainsi que les enseignements qui en découlent.

    Les rituels légués par la Tradition initiatique présentent l’aptitude à faire vivre le mystère de l’origine du monde. C’est pourquoi l’Ouverture des Travaux de toute Tenue ne peut être dissociée de la création du monde.

    Le rituel d’Ouverture des Travaux est un outil qui permet de percevoir, en une vision unifiée, l’infiniment grand et l’infiniment petit, de vivre un mythe de création, de communiquer avec l’invisible, avec le « divin », avec le Principe, d’entrer dans le temps immuable qui est celui de la création et du Mystère.

    Nos Loges ont perçu la nécessité de mettre en œuvre l’Initiation afin de constituer et de sauvegarder un espace vital, un monde dans lequel le Temple soit visible, dans lequel sa porte puisse être retrouvée et franchie et où l’on expérimente le Mystère par l’incorporation des puissances de création.

    Ouvrir les Travaux relève de la fonction du Vénérable Maître, et l’acte de « créer le monde », ou plus exactement de le recréer, est fondé sur un processus rituel de structuration hiérarchique de nature causale mis en œuvre lors de la construction du Temple. Accomplir une Tenue, c’est créer un monde, créer une cohérence vitale, une architecture symbolique et s’y incorporer. Ouvrir les Travaux, c’est mettre au présent la « Première fois », c’est une recréation à partir du chaos primordial.

    Les purifications, le passage de la porte, la transmission de la Lumière par les Initiés Passés à l’Orient Éternel, les coups de maillet du Vénérable Maître répétés par les Frères Surveillants, le dévoilement des symboles, composent une réanimation de la hiérarchie de fonctions créatrices et reconstituent cette cohérence vitale qui préside à l’Ouverture des Travaux.

    Pour cela, il faut un mythe de création qui soit un outil de création, permettant de révéler le Mystère et de le vivre, c’est-à-dire d’accomplir le Grand Œuvre. La création rituelle du monde requiert, en effet, un socle mythique sur lequel fonder le processus de manifestation de la Lumière, et de cette hiérarchie d’ordre causal qui prend place dans une Loge conçue comme un cosmos.

    L’un des moments les plus importants de la vie des Francs-maçons, c’est lorsqu’ils se retrouvent lors de l’Ouverture des Travaux, phase essentielle de toute Tenue. C’est alors que tous les symboles se mettent à vivre ensemble. Ce moment est extrêmement riche.

    Ouvrir les Travaux ne consiste pas à se dire que l’on est tout-puissant, que l’on est créateur. Ouvrir, ou plus exactement réanimer, c’est ouvrir la bouche, les yeux et les oreilles du Temple. En conséquence de quoi le devoir des Initiés est ensuite de protéger ces Travaux, de faire en sorte que l’athanor demeure en état de fonctionnement. Célébrer une Tenue, édifier le Temple, cela consiste à construire l’enceinte d’un lieu sacré afin que les Travaux continuent d’eux-mêmes.

    Dans la tradition des bâtisseurs, précise Olivier Doignon, la création du monde suppose la possibilité rituelle de « comprendre » ce monde en vivant le Mystère de sa création. C’est ce que propose l’Ouverture des Travaux qui est un rituel de « compréhension sensible » du monde, et qui « imprègne » la Loge de cette « compréhension ». En participant à l’Ouverture des Travaux, on comprend que construire le Temple n’est pas construire une œuvre formelle mais accomplir un travail concret de construction de la pensée et de formulation de cette pensée, travail au cours duquel on façonne les paroles comme on façonnerait les pierres du Temple. En ouvrant les Travaux, on n’est pas dans un travail de « constat » d’un monde en création ; on rend compte de la manière dont une création se produit et on vit cette création en esprit ; on vit le « souffle » de vie puisque l’étymologie permet d’établir que vivre la création en esprit, c’est vivre le souffle de vie. Le mot latin spiritus signifie souffle.

    A l’Ouverture des Travaux, les fonctions de création sont nourries du Mystère par la mise en œuvre du rituel, et les « œuvrants » offrent aux fonctions le monde qu’ils créent, donnant ainsi corps à la vie abstraite du Temple en esprit. Par le jeu rituel des fonctions, il est créé de la vie abstraite avant qu’elle ne se concrétise à la table des agapes avec le pain qui y est partagé et qui reconstitue l’énergie des « œuvrants ». Le monde créé lors de l’Ouverture des Travaux permet ainsi de nourrir les fonctions de création, de pratiquer l’offrande et d’être rassasié.

    Par l’Ouverture des Travaux, il est donné forme à une pensée originelle, et il est créé un monde où matière et esprit sont indissociables, car le mythe, qui n’est pas une donnée abstraite, propose de vivre la création dans le rassemblement de l’esprit et de la matière.

    Par la célébration rituelle de l’Ouverture des Travaux, la Loge fait vivre le mythe, et le mythe la fait vivre, car il lui permet d’incorporer la Vie en création, d’être unie dans le Mystère, et de communier avec « le Principe ».

    Toute Tenue a recours à plusieurs rituels, dont ceux qui ont pour fonction majeure d’Ouvrir et de Clore les Travaux de la Loge. Verbale et gestuelle, l’exécution des rituels d’Ouverture et de Clôture au Rite Moderne est dévolue aux trois premières Lumières de la Loge : le Vénérable Maître, le Premier et le Second Surveillant. Les phrases qu’ils prononcent sont appelées des « annonces ».

    Les rituels d’Ouverture et de Clôture ont pour objet de mobiliser, focaliser, concentrer sur eux l’attention des membres présents, ainsi que de les sensibiliser à ce qui va suivre et à ce qui vient d’avoir lieu. L’Ouverture des Travaux ferme la conscience des Frères au monde profane et la projette dans le monde maçonnique. Celui de la Clôture a l’effet inverse.

    C’est par commodité de langage que nous parlons d’Ouvrir et de Fermer les Travaux. Il relève en effet de la logique que si l’on « ouvre » d’abord, on « ferme » ensuite ! Mais ne serait-il pas plus approprié d’évoquer la « clôture » les Travaux plutôt que leur « fermeture » car « Fermer les Travaux » voudrait dire qu’il n’y en a plus du tout. Or, la Clôture des Travaux dépend du cosmos.

    A cet égard, si les Travaux se fermaient, on ne pourrait plus les ouvrir. On ne peut pas dire non plus que l’on achève les Travaux car si les œuvres ne sont pas achevées, c’est que l’œuvre s’achève d’elle-même. Quand on a tout disposé dans le Temple et que l’on a suivi le processus du Grand Œuvre, c’est lui qui s’achève et ceux qui y participent ne sont pas capables de le voir. L’œuvre s’accomplit dans le secret, dans le silence.

    L’efficacité de ce rituel doit être réelle et, par conséquent, avoir une influence tangible sur le psychisme de tous.

    Cela n’est cependant possible que si les annonces verbales sont exécutées sous deux conditions sine qua non :

    1. une prononciation claire, audible dans tout le temple, exempte de monotonie et de bafouillage, qui ne peut que résulter d’une lecture détachée du texte, fort proche de la récitation de mémoire, c’est-à-dire d’un apprentissage quasi par cœur ;

    2. une entière conviction interne du récitant, conséquence d’un travail personnel de la part de chacun des Surveillants et du Vénérable Maître, afin de restituer aux paroles le sens syntaxique et l’énergie sonore qu’elles contiennent en général.

    Cela n’est aussi possible que si l’exécution des gestes rituels qui accompagnent ou complètent les annonces est elle-même proche de la perfection :

    1. l’inspection des colonnes devrait se faire dans un déplacement d’un pas égal des Surveillants, maillets à hauteur de l’épaule gauche, avec croisement des deux axes de circulation au bas de l’Orient et à l’Occident.

    2. la lumière devrait progresser et régresser en parfaite harmonie avec l’évolution du texte, avec l’allumage ou l’extinction des bougies.

    Le symbolisme d’un rituel est une succession d’actes sensibles. Ne perçoivent sensitivement ces actes que ceux qui en sont les observateurs muets et immobiles. N’atteignent les sens de ces derniers que les actes qui s’effectuent avec calme et sérieux. Sans le respect de toutes ces conditions, les Frères présents s’intégreront mal ou pas du tout dans la Chaîne d’union psychique que forge le rituel.

    Le rituel d’Ouverture au premier degré est générateur d’un climat mental où la Loge est dépouillée de préoccupations profanes et revêtue de sentiments maçonniques. Il crée un égrégore. Le rituel de Clôture ou de Fermeture le dilue.

     

    Commentaires à propos du rituel d'Ouverture des Travaux au degré d'Apprenti

    Le Vénérable Maître vient de nous appeler au Travail mais les Travaux n’ont pas encore commencé. Nous venons du monde profane ; nous franchissons une ligne invisible qui sépare le monde profane du sacré. Nos gestes, notre marche, notre silence en témoignent. Initiés, nos cœurs battent à l’unisson d’un monde qui reste à construire. Nous entrons dans la Loge qui n’est pas encore éclairée par la « Vraie Lumière ». Nous prenons place dans la Loge non éclairée. Nous restons dans la pénombre de cet espace réduit.

    * * *

    Nous avons pris place sur les Colonnes. Les Officiers Dignitaires sont également à leur place.

    Nous allons évoluer dans les trois dimensions du sacré.

    Le Maître des Cérémonies nous avertit de l’arrivée du Vénérable Maître.

    Par respect, nous nous levons et nous nous mettons au signe de fidélité.

    Tous se lèvent, à l'exception du Frère maître de la Colonne d'harmonie, chargé de régler la musique et les éclairages.

    Les Officiers Dignitaires entrent au son d'une musique bien choisie.

    Le Vénérable Maître et les deux Surveillants sont à présent à leur place.

    Le Vénérable Maître commence par faire rappeler les devoirs des Surveillants.

    La couverture de la Loge

    Le premier devoir d’un Surveillant, c’est de s’assurer de la couverture de la Loge.

    Cette expression « couverture de la Loge » nous rappelle la toiture des bâtisseurs de cathédrale. D’où l’expression « il pleut » lorsque les Travaux ne sont pas couverts !

    Remarquons que l’ordre de s’assurer de la couverture extérieure de la Loge se transmet en trois étapes ; les voix sont hiérarchisées par trois, de haut en bas, c’est-à-dire :

    • du Vénérable au Premier Surveillant,

    • du Premier Surveillant au Second Surveillant,

    • du Second Surveillant au Couvreur.

    L'ordre est donné de s'assurer de la couverture de la Loge.

    Remarquons que la réponse se transmet au Vénérable Maître en trois étapes également, dans l’ordre inverse :

    • du Couvreur au Second Surveillant,

    • du Second Surveillant au Premier Surveillant,

    • du Premier Surveillant au Vénérable Maître.

    Remarquons qu'en français, l'usage veut que l'on dise « SECOND Surveillant » et non pas « Deuxième » car il n’y en a que deux !

    Le Frère Couvreur frappe rituellement à la porte.

    Dans la mesure où les Frères sont suffisamment nombreux et que la fonction est effectivement remplie, la Loge est idéalement couverte par le Frère Couvreur extérieur qui est le garant de la sécurité à l’extérieur de la Loge. 

    Le Couvreur extérieur répond par un signal identique.

    En s’assurant de la couverture extérieure du Temple, le Frère Couvreur, gardien du seuil, en est également le puissant rempart.

    Nous voilà séparés du monde profane !

    Mais cela signifie aussi qu’il n’y a aucun profane à proximité de l’entrée de la Loge et que les Travaux devraient pouvoir s’effectuer en toute tranquillité.

    Cependant, ce n’est pas suffisant !

    Le Vénérable Maître fait préciser le deuxième devoir des Surveillants.

    Il s’agit d’assurer la sécurité intérieure afin de garantir la sérénité des Travaux et la protection des Frères assemblés.

    Remarquons qu’idéalement, les Frères qui décorent les Colonnes devraient se mettre à l’ordre d’Apprentis-maçons au PREMIER PASSAGE du Surveillant, afin que la mise à l’ordre commence à l’Occident, de sorte qu’aucun Frère ne puisse imiter le geste de celui qui est placé devant lui.

    Les Surveillants remontent leur Colonne et en redescendent en s'assurant si tous les Frères sont correctement vêtus et à l'ordre.

    La réponse est donnée en deux temps au Vénérable Maître.

    Remarquons que tous les Frères se font reconnaître comme Apprentis-Maçons, même les Compagnons et les Maîtres !

    Le Vénérable Maître s’est assuré que le monde extérieur n’a pas pu s’infiltrer en nous. D’où l’examen des Colonnes et de l’Orient (les trois côtés habités de la Loge). Il est le garant de la sécurité pour l’intérieur de la Loge.

    La courte phrase par laquelle le Vénérable Maître nous invite à prendre place revêt une grande profondeur de sens.

    Ce ne sont plus simplement des hommes qui se trouvent dans le Temple : il n’y a que des Frères ! Et « Frère » est le nom que nous avons tous reçu lors de notre Initiation et qui a pour effet de donner un autre sens à notre vie, de changer l’individu en un Etre appelé à poursuivre la construction du Grand-Œuvre. Le nom de « Frère » nous permet d’accomplir des fonctions créatrices et sacrées qui vont se mettre en place dès cet instant.

    La Fraternité en esprit se vit rituellement en Loge et ne peut s’atteindre que si nous sommes tous prêts à aller au-delà de nos limites.

    Prendre place dans la Loge, c’est entrer dans le monde du rituel, un lieu où se retrouvent des Frères en état de remplir des fonctions de création.

    Tous les Frères prennent place, chacun sur leur Colonne ou à l’Orient, à la place qui correspond à son grade ou à sa charge.

    Bien plus qu’une simple invitation ou une autorisation à nous asseoir, l’expression « Prenez place, mes Frères ! » sert à renforcer notre mise en condition pour le Travail rituel en Loge.

     * * *

    Ici débute l’énoncé des conditions à respecter pour pouvoir ouvrir les Travaux.

    Reconnaissance des Apprentis

    Il s’agit tout d’abord de permettre aux Apprentis de se faire reconnaître.

    Le Frère 2nd Surveillant est leur interprète. Le Maître de la Loge l’interroge.

    La réponse donnée par le Frère 2nd S:. nous montre la reconnaissance réciproque de tous les participants à la Tenue.

    Rappelons que les mots, les signes et les attouchements sont trois modes de communication externe.

    Les circonstances de notre Réception

    Nous nous rappelons ensuite que, dans les circonstances de notre Réception, un voile épais nous couvrait les yeux.

    Qu’est-ce donc que ce voile épais qui empêchait de voir ? L’ignorance ?

    Le « voile épais » pourrait évoquer cette écorce qui entoure le profane qui va recevoir le savoir par la « vraie Lumière » .

    L’annonce suivante concerne avant tout les Apprentis, c’est pourquoi le Vénérable Maître s’adresse au 2nd Surveillant et lui demande ce qu'il a vu lorsqu'il a été reçu...  c’est-à-dire après la réception (ou cérémonie d’Initiation).

    Lors de notre Réception, nous sommes censés avoir vu trois Grandes Lumières disposées sur l'Autel des serments : le Volume de la Loi sacrée, l’Équerre et le Compas.

    Localisation des membres de la Loge

    La place des Surveillants

    L’annonce suivante permet au Vénérable Maître de situer la place des principaux intervenants. C’est pourquoi le Vénérable Maître s’adresse au Premier Surveillant. Ce dernier les situe à l'Occident pour aider le Vénérable Maître en ses Travaux, payer les ouvriers et les renvoyer contents et satisfaits. 

    En effet, le Vénérable Maître a l’obligation morale, la responsabilité d’animer une Tenue parfaite. Il doit tout mettre en œuvre afin que tous les Frères ayant participé aux travaux en tirent le meilleur profit spirituel.

    La place du Vénérable Maître

    L’annonce suivante permet au Vénérable Maître de faire préciser sa place en Loge.

    Comme le soleil se lève à l'Orient pour ouvrir la carrière du jour, de même, le Vénérable Maître s'y tient pour ouvrir la Loge, la diriger dans ses Travaux et l'éclairer de ses lumières.

    Il s’agit d’une formulation analogique, symbolique du rôle du Vénérable Maître qui n’impose pas. Il est à la fois harmonisateur, directeur et conseiller. Il est le premier entre ses égaux. Il est le soleil de tous qui « éclaire », c’est-à-dire qui fait comprendre.  Il s’agit à présent de localiser les Apprentis.

    La place des Apprentis

    Remarquons préalablement que, sur le Tableau de Loge, il n’y a pas de fenêtre du côté nord. C'est pourquoi les Apprentis prennent place sur la Colonne du Septentrion parce qu'il est dit qu'ils ne peuvent soutenir qu'une faible lumière.

    La faible lumière provient de la fenêtre d’en face, comme dans les cathédrales romanes qui étaient disposées de la même façon, comme les temples et autres lieux sacrés dans la plupart des civilisations.

    La place des Officiers Dignitaires

    Les cinq Lumières siègent aux sommets d’un pentagone virtuel : le Secrétaire, le Vénérable Maître et l’Orateur siègent à l’Orient ; le Premier et le Second Surveillant siègent à l’Occident, d’où ils surveillent et dirigent leur Colonne respective.

    En tête de la Colonne du Septentrion siègent, dans l’ordre, l’Expert, l’Aumônier-Hospitalier, l’Archiviste – Bibliothécaire.

    En tête de la Colonne du Midi siègent, dans l’ordre, le Trésorier et le Maître des Banquets.

    Le Couvreur reste debout devant la Porte de la Loge.

    Le Maître des Cérémonies se tient toujours debout entre les deux Surveillants.

    Le Vénérable Maître peut permettre aux Frères Couvreur et Maître des Cérémonies de s’asseoir pendant la présentation de planches mais ce n’est pas une obligation, et aucun Frère censé rester debout pendant toute la Tenue ne peut prendre l’initiative d’aller s’asseoir sans permission sur l’une ou l’autre Colonne !

    Le Maître de la Colonne d’harmonie est assis, à l’Occident, devant l’installation prévue pour la diffusion d’illustrations musicales et le réglage de l'éclairage.

    Le Passé Maître Immédiat siège à la droite du Vénérable Maître. Il est chargé de l’assister si nécessaire.

    L’appellation de la Loge

    Le Frère Premier Surveillant rappelle que notre Loge est une Loge de Saint-Jean. Une façon comme une autre de préciser que les Francs-maçons réguliers sont johannites et de rappeler que nous célébrons la fête des deux St Jean : Jean l’Évangéliste et Jean le Baptiste. En donnant un nom à la Loge, on la fait vivre.

    Nous avons probablement tous été frappés depuis notre Initiation, par l’une ou l’autre invocation à saint Jean dans nos rituels.

    A qui fait-on allusion ?

    Pourquoi cette référence biblique est-elle présente dans les rituels de nombreuses obédiences ?

    Pourquoi Loge de Saint-Jean ?

    Pourquoi les Maçons accordent-ils autant d’importance à cet Évangéliste ?

    L’importance des deux saints Jean en Franc-maçonnerie

    L’importance des deux saints Jean dans la Maçonnerie française et continentale en général se manifeste tout d’abord par le fait que toutes les loges en portent le nom, quel que soit par ailleurs leur signe distinctif.

    D’anciens catéchismes d’Apprenti nous le rappellent :

    • Mon Frère, d’où venez-vous ?

    • D’une Loge de Saint-Jean.

    Au Rite moderne, lors du tuilage de l’Apprenti notamment, cette évocation est également présente :

    • Comment s’appelle votre Loge ?

    • La Loge de saint Jean.

    Au 18ème siècle, l’installation du Vénérable et des Officiers Dignitaires avait lieu à l’époque de la Saint-Jean d’été, comme le montrent abondamment les « livres d’architecture » des loges.

    L’édition des Constitutions de 1738 rapporte que c’est à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste de 1717, le 24 juin, jour de la fête rattachée au solstice d’été, jour de plus grande lumière, que les quatre premières loges maçonniques de Londres se sont réunies pour fonder la première obédience de la Franc-maçonnerie spéculative et élire le premier Grand Maître. Le procès-verbal du pasteur Anderson, secrétaire désigné pour cette réunion, le prouve.

    Mais la tradition maçonnique de célébrer la Saint-Jean est attestée antérieurement à 1717 par le Manuscrit Dumfries. Celui-ci témoigne du fait que l’usage selon lequel toutes les loges portent le nom de saint Jean vient d’Angleterre :

    • Dans quelle loge avez-vous été entré ? (sic)

    • Dans la vraie loge de saint Jean.

    Dans la Maçonnerie du 18ème siècle, les deux saints Jean apparaissent comme les saints patrons de la société. Le terme leur est souvent appliqué explicitement, comme dans les statuts adoptés en 1777 par la Grande Loge de France alors rivale du Grand Orient de France.

    L’usage de faire un banquet le jour de la Saint-Jean d’été ou un jour aussi proche que possible de cette date, était universellement répandu, et c’était aussi en général à ce moment-là que les loges installaient leur nouveau Vénérable et le nouveau collège d’Officiers Dignitaires.

    Dans les Loges françaises et continentales en général, la Bible est ouverte au premier chapitre de l’Évangile de saint Jean. C’est donc sur le Prologue de cet Évangile que tout Récipiendaire prête son serment. Cet usage était déjà celui de la Maçonnerie du 18ème siècle. Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait également à la Maçonnerie anglaise qui l’a transmis à la France.

    L’usage de la Bible ouverte au prologue de l’Évangile de saint Jean est une coutume maçonnique qui remonte pour le moins aux tout premiers commencements de la Maçonnerie spéculative comme en témoigne le Manuscrit des Archives d’Edimbourg, datant de 1696.

    Mais l’usage de prêter serment sur l’Évangile de saint Jean appartenait déjà à la Maçonnerie écossaise du 17ème siècle, Maçonnerie de transition entre la Maçonnerie opérative et la Maçonnerie spéculative.

    Il n’est malheureusement pas possible de remonter plus loin dans le temps et d’avoir la certitude que cet usage ait pu déjà appartenir à la Maçonnerie opérative médiévale car bien que le patronage de l’un ou l’autre des deux saints Jean soit attesté pour certaines confréries de Maçons opératifs, et que d’autre part certains manuscrits des Old Charges fassent allusion à un serment sur la Bible, les saints Jean n’apparaissent pas dans les « Old Charges ».

    * * *

    Les références temporelles

    L'heure des Travaux

    L'espace ayant été défini par la localisation des participants, intervient à présent la précision du facteur «temps ».

    Tout ce qui vient de se faire s’est fait avant Midi.

    C’est à « Midi » que commence symboliquement la Tenue. Le soleil est à son zénith et l’heure de midi répand sa pleine lumière.

    Pourquoi cette heure de Midi ?

    De nombreuses interprétations ont été données mais ne renferment pas nécessairement d’enseignements initiatiques.

    L’homme consacre près d’un tiers de sa vie à s’instruire, à d’éduquer, à se former. Mais lorsque ses connaissances sont suffisantes pour lui permettre d’entrer dans la lutte et d’assurer sa subsistance, il n’a pas encore acquis l’expérience de la vie et ce n’est que vers le milieu de son existence qu’il commence à acquérir la sagesse voulue pour faire un travail utile et fécond auquel il devra consacrer le reste de ses jours. C’est ce que nous rappelle notre rituel en ouvrant la Loge à Midi plein et en la fermant à Minuit, la sagesse devant toujours présider nos Travaux !

    La première partie du jour représente cette première étape de l’existence nécessaire pour acquérir la science et le jugement indispensable pour travailler avec fruit. Les Travaux sont donc ouverts à Midi qui symbolise l’existence où l’homme est censé avoir acquis la sagesse. Les Travaux sont fermés à Minuit qui symbolise la mort car le Maçon doit travailler sans relâche jusqu’à son dernier souffle.

    Il existe aussi une autre interprétation de l’Ouverture des Travaux à Midi. Nous pouvons la trouver dans les rituels pratiqués par les Loges de la Grande Loge d’Angleterre où l’on explique que puisque la terre tourne constamment sur son axe, dans son orbite autour su soleil, et que la Franc-maçonnerie est répandue sur toute sa surface, il s’ensuit nécessairement que le soleil est toujours à son méridien (à midi) par rapport à la Franc-maçonnerie.

    On peut en déduire qu’il s’agit d’un rappel à l’universalité de notre Ordre et une incitation à ne pas oublier le sentiment de fraternité qui unit tous les Maçons répandus sur les deux hémisphères et encore moins celui qui réunit tous les Maçons en Loge.

    C’est donc à « Midi » que commence symboliquement la Tenue. Le soleil est à son zénith et l’heure de Midi répand sa pleine lumière. Nos Travaux se déroulent donc symboliquement de Midi à Minuit.

    Nous voyons donc toute l’importance et la valeur initiatiques que joue l’heure sur la marche de nos Travaux qui se déroulent de Midi à Minuit.

    Voyons à présent le rôle de l’âge.

    L’âge des Apprentis

    Trois ans, c’est l’âge symbolique de l’Apprenti Maçon. Cette réponse du Second Surveillant est donnée pour préciser à quel grade l’Atelier va se mettre à travailler.

    Mais pourquoi avoir choisi ce nombre que nous retrouvons dans la marche (les pas), la batterie et l’acclamation ? C’est pour rappeler au Maçon qu’il est parvenu à la Lumière par trois grands coups et en trois voyages. Mais c’est aussi pour lui laisser toujours présent à l’esprit le symbolisme du Delta (situé au centre du fronton de l’entrée du Temple sur notre Tapis de Loge) qui préside à nos Travaux.

    Les conditions sont à présent remplies pour pouvoir commencer à travailler : nous avons la qualité de Maçon, nous avons l’âge (d’Apprenti) et il est l’heure. Nous basculons dans le temps sacré.

    Il s’agit à présent d’annoncer à tous que les Travaux vont être ouverts. Cette annonce est, ici aussi, hiérarchisée en trois temps.

     

    Ouverture du Volume de la Loi sacrée

    Les Surveillants se placent devant les candélabres : le 1er Surveillant au Sud-Ouest, le 2nd Surveillant au Nord-Ouest.

    En même temps, le Maître des Cérémonies se rend à l'Orient et passe son boute de feu au V:. M:. qui l'allume à la bougie centrale du chandelier placé sur sa stalle et rend le boutefeu au Maître des Cérémonies.

    Le Vénérable Maître descend de sa stalle. Il ouvre la Bible en souhaitant que la Vraie Lumière éclaire notre Loge (ou nos Travaux).

    Il s’agit de la Lumière qui a fait disparaître le « voile épais » du profane admis à l’Initiation.

    Nous sommes entrés dans un local non éclairé.

    Après avoir pris toutes les précautions d’usage, après nous être séparés du monde et des préoccupations profanes, après la reconnaissance mutuelle des Frères, la Lumière éclaire à présent la Loge devenue Temple Sacré.

    Le Vénérable Maître dispose le Compas et l’Équerre de la manière appropriée.

    Au premier degré, l’Equerre est posée sur le Compas ouvert à 45 degrés.

     

    Allumage des bougies

    Le Vénérable Maître, précédé du Maître des Cérémonies, se rend au candélabre Sud-Est où il allume le cierge du Pilier "Sagesse".

    Le Maître des Cérémonies se rend alors à l'Occident et tend son boutefeu successivement aux 1er et 2nd surveillants qui allument respectivement les cierges du Pilier "Force" et du Pilier "Beauté".

     

    Découverte du Tableau de Loge

    A ce moment, le plus récent Apprenti découvre le Tableau ou finit de le dérouler.

    • Si le Tableau de Loge est recouvert d’un drap foncé, il s’agit d’enrouler ce drap de l’Orient vers l’Occident ;

    • si c’est le Tableau lui-même qui doit être déroulé, il s’agit également de l’ouvrir de l’Orient à l’Occident car c’est de l’Orient que vient la Lumière.

    Le Vénérable Maître retourne à sa stalle par le Nord.

    Les Surveillants font demi-tour à droite et rejoignent leur stalle par le plus court chemin, sans faire de circumambulation.

    Le Maître des Cérémonies éteint son boutefeu par étouffement, sans souffler dessus.

    Dès que les trois Officiers chargés de diriger les Travaux sont en place et qu'ils ont donné les coups de Maillet rituels, les Travaux sont considérés comme ouverts.

     

    Marques de respect envers le Vénérable Maître

    Le Vénérable Maître nous invite à se joindre à lui par le signe et la batterie. Cette manière de procéder est un rappel à la discipline maçonnique qui devra régner pendant toute la durée des Travaux.

    Comme nous le rappelle le « tuilage » lors de la cérémonie de Réception ou d’Initiation, le signe d’Apprenti se fait par Équerre, Niveau et Perpendiculaire, en trois temps (la position de la main évoque l’Equerre ; la tirer horizontalement évoque le Niveau ; la laisser tomber verticalement évoque la Perpendiculaire).

    L’exécution du signe nous rappelle le respect et la déférence dus aux trois premières Lumières qui président aux Travaux et qui en assurent la bonne marche et la discipline.

    Le signe résume toutes les qualités du Maçon. L’Équerre symbolise généralement pour nous tous la droiture de notre conscience et de nos actes. Le Niveau nous rappelle l’égalité qui règne entre tous les Frères, quels que soient leur rang social, leur intelligence ou leur fortune. La Perpendiculaire, symbole de l’aplomb et de la rectitude, nous rappelle qu’il faut établir tout jugement sur des bases solides pour assurer l’harmonie et la solidité du Temple que nous construisons symboliquement. Nous devons posséder une rectitude de jugement qu’aucune considération d’intérêt ne doit modifier.

    Faut-il aussi rappeler que l’Equerre, le Niveau et la Perpendiculaire sont les trois bijoux mobiles de la Loge. L’Équerre est le bijou du Vénérable Maître ; le Niveau est celui porté par le Premier Surveillant ; la Perpendiculaire par le Second Surveillant. Ils sont qualifiés de « mobiles » parce qu’ils passent d’un Frère à un autre quand la Loge procède à l’Installation de nouveaux Officiers Dignitaires.

    Le Signe est d’abord le rappel de l’engagement pris lors de l’Initiation et du châtiment qui serait appliqué si l’on venait à y forfaire.

    Ce Signe de reconnaissance signifie, par son triple symbole : « je suis Maçon, parce que juste, droit et régulier ».

    Quelles sont les raisons d’être du signe et de la batterie ?

    Leur exécution permet d’abord de s’assurer qu’aucun Profane n’a pu se glisser parmi nous car notre formule d’Ouverture des Travaux a été bien simplifiée comme cérémonial par rapport à ce qui se pratiquait il y a deux siècles ! A cette époque, le Frère Expert se présentait devant chaque Frère et leur demandait l’un après l’autre, à voix basse, les mots et l’attouchement ! Ce procédé un peu long a été remplacé par l’exécution du signe et de la batterie, et parfois de l’acclamation, ce qui permettrait de déceler la présence d’un Profane sur les Colonnes.

    Dans certains rites (notamment au Rite Écossais Ancien Accepté), le Vénérable Maître invite encore les Frères à faire l’acclamation, ce qui, symboliquement me paraît plus correct car la batterie et l’acclamation sont indissolublement liées et nous ramènent au Nombre trois.

    Au Rite moderne, le Vénérable Maître conclut en déclarant que les Travaux sont ouverts et en invitant les Frères à prendre place.

     

    Commentaires à propos du rituel de Fermeture des Travaux au degré d'Apprenti

    L'ordre du jour étant épuisé, lorsque tous les points particuliers de l’ordre du jour ont été rencontrés, le Vénérable Maître peut annoncer qu’il va clore les Travaux. Mais il utilise le verbe « fermer », suivant un usage malheureux, peu correct par rapport à la Tradition.

    La Clôture des Travaux ne vise pas à annuler les effets de leur Ouverture, Ouverture qui avait suscité l’éveil des consciences. Rien dans le rituel de Clôture n’indique en effet que cette conscience ait à se mettre en sommeil. Bien au contraire, la Clôture est une affirmation de la force du lien qui unit tous les Maçons en solidarité et en fraternité, autant qu’une exhortation à poursuivre à l’extérieur l’œuvre entreprise dans le temple.

    Ce temps sacré crée ou recrée, chaque fois, un temps privilégié et un espace sacré entre Midi et Minuit qui permet de modifier son système de références habituels. Il s’agit d’un temps mythique qui vient s’insérer dans le temps historique.

    L’Ouverture et la Clôture des Travaux, entre Midi et Minuit, constituent des sas qui séparent le monde sacré du monde profane.

    Si l’Ouverture constitue une sacralisation, la Clôture permet de retourner au temps ordinaire ou temps profane. Il y a à la fois continuité et rupture. Continuité où l’on passe d’un temps à un autre, et rupture dans la mesure où ce temps privilégié permet à chaque Maçon de se défaire de son apparence sociale, aidé en cela de l’abandon préalable de ses métaux à la porte du temple, pour s’efforcer de devenir ou d’être lui-même.

    Le choix de Midi correspond à l’éclat de la pleine Lumière recherchée, où analogiquement le Soleil est à son zénith, lorsque les Maçons commencent leurs Travaux. Celui de Minuit coïncide, au moment de l’obscurité la plus profonde de la nuit, celui où l’Initié s’apprête à retourner dans le monde profane enténébré, pour y porter la Lumière perçue. 

     

    La parole aux Colonnes !

    Le Vénérable Maître invite les Frères Surveillants à autoriser les participants à prendre la parole s'ils ont une communication à faire dans l'intérêt de l'Ordre en général ou de l'Atelier en particulier.

    La prise de parole des Frères sur les Colonnes et à l'Orient est un moment de convivialité qui s’annonce.

    Tout Frère ayant rendu visite à une autre Loge va pouvoir s’exprimer. En général, il s’agit de rapporter les salutations fraternelles que le Vénérable Maître de l’Atelier visité lui aura demandé de transmettre au nom de tous les Frères.

    Dans le cas où un Frère aurait une suggestion à formuler, ne vaudrait-il pas mieux qu’il l’exprime discrètement en salle humide ?

    Lorsqu’un Frère a reçu de son Surveillant l’autorisation de s’exprimer, ne convient-il pas de le remercier avant de s’adresser au Vénérable Maître ? Ce ne semble pas être une pratique courante partout !

    Le Frère qui a reçu l'autorisation de s'exprimer :

    • ne s’adresse qu’au Vénérable Maître et à lui seul ;

    • n’utilise jamais l’expression « et vous tous, mes Frères, en vos grades et qualités » car cette expression est exclusivement réservée au Frère Orateur !

     

    La collecte et le relevé des propositions

    Les sacs circulent sous la conduite du Frère Maître des Cérémonies. Celui-ci  véhicule les deux sacs ou rien que le sac aux Propositions. Il peut se faire accompagner du Frère Aumônier – Hospitalier qui véhicule le Tronc de Bienfaisance.

    C’est dans le Sac aux Propositions que le Parrain glisse la lettre de candidature d’un Profane qui deviendra probablement son filleul...

    Le Sac aux Propositions peut aussi contenir toute demande d’affiliation. Il s’agit généralement de Frères déjà membres d’au moins une autre Loge qui souhaitent devenir membre de notre Atelier.

    Les Frères Apprentis et Compagnons peuvent aussi être amenés à glisser dans le « Sac aux Propositions » leur « demande d’augmentation de salaire » avec toutefois l’accord bienveillant de leur Surveillant.

    Trois expressions au moins désignent le moyen de récolter l’aumône des Frères : le même sac peut s’appeler « le Tronc de Solidarité », « le Tronc de la Veuve » ou « le Tronc de Bienfaisance », selon les usages du Rite et les habitudes de la Loge.

    Ledit Tronc sert donc à récolter une certaine somme qui sera évaluée par le Frère Aumônier Hospitalier (ou Eléémosynaire) avec l’aide du Frère Trésorier éventuellement.

    Dans certaines Loges (au Rite Écossais Ancien Accepté essentiellement), le Vénérable Maître demande à ce moment si l’un ou l’autre Frère souhaite prendre possession du « Tronc de la Veuve ». Le produit de cette collecte est en fait destiné à tout Frère qui se trouverait un jour ou l’autre en grande difficulté financière.

     

    Le paiement du salaire des ouvriers

    Les « catéchismes » stipulent que les Apprentis et les Compagnons reçoivent leur salaire à la Colonne de leur grade et qu’ils en sont contents ! Cette terminologie signifie que la récompense, ou le salaire reçu par un Apprenti ou un Compagnon donnant toute satisfaction dans le chantier d’œuvres, réside dans l’acquisition de nouvelles connaissances dispensées par l’instruction.

    Après s'être assuré de l'état de satisfaction des participants, le Vénérable Maître fait rappeler l'heure à laquelle les Travaux se clôturent.

     

    Rappel des dispositions temporelles

    Les Travaux se sont déroulés symboliquement de Midi à Minuit. En effet, en Loge, le temps profane n’existe plus.

    C’est à « Minuit » symbolique que se termine la Tenue (c’est-à-dire généralement entre 22 et 23 h profanes !).

    Les Travaux s’achèvent invariablement à Minuit, au moment où la Lune, astre des nuits peut au maximum exercer son pouvoir de réflexion sur la voûte céleste.

    Les conditions ne sont plus remplies pour pouvoir poursuivre les Travaux.

    Nous nous apprêtons donc à regagner le monde profane, pour y poursuivre l’œuvre commencée dans l’espace sacré. La Lumière que chacun emporte dans son cœur continuera à illuminer la voie.

    Le Vénérable Maître nous fait rappeler nos devoirs de discrétion et de réserve d’une part, de pratique effective de la fraternité dans le monde profane.

    C’est éventuellement le moment de la Chaîne d’union. Certaines Loges la font systématiquement. Il est regrettable que nos rituels n’en fassent pas une obligation à toutes les Loges.

    Non seulement elle symbolise les liens fraternels qui unissent tous les Maçons répandus sur la surface du globe, mais réunissant tous les Maçons sans distinction de grades ou de fonctions, elle montre l’égalité de tous les Frères dans une même communion des cœurs. Elle indique aux Maçons, au moment de se séparer, qu’une union fraternelle doit toujours les réunir dans le Temple et hors du Temple.

    Au cours de cette Chaîne d’union fraternelle, le Vénérable Maître peut inviter le Frère Orateur à énoncer une pensée maçonnique, une sentence, un précepte, …

     

    L'extinction des feux

    La scène qui suit symbolise le retour de la lumière au monde profane, de l’Orient à l’Occident. Le déroulement se fait dans l’ordre inverse de l’Ouverture des Travaux.

    Le Vénérable Maître accompagné par le Maître des Cérémonies se rend au candélabre Sud-Est et simultanément les Surveillants se rendent respectivement aux candélabres Sud-Ouest et Nord-Ouest.

    Pendant le jeu de scène suivant, le Tableau est recouvert (normalement) par le plus jeune des Apprentis.

    Le Maître des Cérémonies, muni de son éteignoir, se place entre les Surveillants et le tend au 2nd  Surveillant. Celui-ci éteint la bougie du Pilier "Beauté". De même, le 1er Surveillant éteint la bougie du Pilier "Force". Ensuite, le Maître des Cérémonies  se rend auprès du Vénérable Maître par le Nord, et lui tend son éteignoir afin qu'il éteigne à son tour la bougie du Pilier "Sagesse".

    Le Vénérable Maître accompagné par le Maître des Cérémonies se rend alors à l’Ouest de l’Autel, ferme la Bible en rappelant un des verset du prologue de Jean.

    Il s’agit de la première partie du verset « La Lumière luit dans les Ténèbres et les Ténèbres ne la reçoivent pas » (ou « ne l’ont pas comprise » ou « ne l’ont pas reçue », etc.).

    Ce verset serait incompréhensible en l’abordant autrement que par la symbolique.

    En voici une interprétation : la Lumière qui brille dans les Ténèbres est la Vérité éternellement présente en tous lieux et en toutes circonstances, même lorsqu'elle est bafouée par les hommes.

    Les Ténèbres sont le symbole des hommes qui ne peuvent être pénétrés par la Lumière tant les voiles de toutes sortes qui masquent la nature essentielle sont épais. Ces voiles sont ceux de l’ignorance, des passions…

    Selon notre rituel officiel de la G.L.R.B., le verset ne doit être prononcé qu’à moitié pour éviter les différentes interprétations possibles de sa seconde partie !

    Les Ténèbres sont rejointes mais la Lumière brille derrière nous, derrière ce que nous quittons.

    Nous, les « Enfants de la Lumière », retournons dans le monde profane. Pour ce faire, nous nous mettons à l’ordre.

    C’est dans le plus profond silence que les Frères entrent dans la Loge et en sortent lors des Tenues. Lors de la Clôture des Travaux, les Surveillants annoncent après l’avoir constaté, que le silence règne sur les Colonnes. Dans certains Loges (notamment celles qui pratiquent le R.E.A.A.), le Vénérable Maître fait jurer aux assistants, lors de chaque Tenue, de garder le silence sur la nature des Travaux qui viennent de se dérouler.

    Le Maître des Cérémonies mène les Frères en cortège vers le Parvis, en allant d’abord chercher le Vénérable Maître, les Grands Officiers et les éventuels Vénérables Maîtres visiteurs, le Passé Maître Immédiat, l’Orateur et le Secrétaire qui ont siégé à l’Orient. Suivent ensuite les Frères qui ont siégé sur la Colonne du Nord puis ceux de la Colonne du Midi.

    Comme pour tout déplacement dans l’Atelier, nous quittons la Loge au Signe de fidélité. Nous n’avons pas le droit de révéler à qui que ce soit ce que nous venons de vivre !

     

    Réflexion finale

    Si le rituel de l’Ouverture des Travaux a pour but de créer un état d’esprit propice pour œuvrer utilement, le rituel de Clôture (dit « de Fermeture ») de la Loge, sous une forme identique, n’est pas là simplement pour raison de symétrie, ni parce qu’il faut qu’il y ait quelque chose pour finir. En effet, en Maçonnerie, tout ce qui se fait, tout ce qui se dit comporte un enseignement.

    En « fermant » les Travaux, en vertu de l’âge et de l’heure, en tirant la batterie, l’on indique aux Maçons que, quoique minuit soit l’heure du repos, ce repos n’est pas celui du Travail en Loge.

    La répétition du cérémonial de l’Ouverture doit, à long terme, faire comprendre aux Frères que le Travail maçonnique ne s’accomplit pas qu’en Loge mais que rendus à la vie profane, les Maçons doivent mettre à profit les enseignements qu’ils ont puisés en Loge. Ils doivent les appliquer à eux-mêmes pour vaincre leurs passions, former leur jugement et leur raison. C’est pour le leur rappeler que  les Travaux se ferment en vertu de l’heure et de l’âge.

    Voici venu le moment de nous séparer sous la Loi du Silence car rien ne doit transpirer de nos assemblées, bien qu’il ne s’y passe des choses fantastiques mais parce que l’on ne doit pas livrer l’objet de nos Travaux à des Profanes qui ne seraient pas aptes à les comprendre.

    Il semble indéniable que les rites d’Ouverture et de Clôture des Travaux favorisent la manifestation d’une Présence spirituelle parmi les Initiés assemblés, en même temps qu’ils créent une sacralisation du temps, de l’espace et du lieu. Dès lors, il est nécessaire de prendre conscience que chacun travaille en Loge non pour un motif d’autosatisfaction, ni pour une forme de vanité par érudition intellectuelle, mais pour l’édification d’une œuvre personnelle et collective. L’objectif du partage des Travaux en Loge doit être un perfectionnement individuel, avec la volonté constante d’avancer toujours plus avant dans la voie de la Lumière et de la Connaissance, progression dont la rémunération ou salaire sont aussi d’ordre sacré.

    R:. F:. A. B.

     

    Bibliographie

    Gloton Edmond - Instruction maçonnique aux Apprentis

    La Maison de Vie, Paris, 2009

     

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 2003

     

    Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2006

     

    Pour aller plus loin :

     

    Doignon Olivier - Comment naît une Loge maçonnique ?

    L’Ouverture des Travaux et la création du monde (tome 1)

    La Maison de Vie, Fuveau, 2005

     

    Doignon Olivier - La construction rituelle d’une Loge maçonnique

    L’Ouverture des Travaux et la création du monde (tome 2)

    La Maison de Vie, Fuveau, 2005

     

    Pozarnik Alain - Mystères et actions du rituel d'Ouverture en Loge maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1999

     

    Pozarnik Alain - Symbolisme du rituel de Fermeture en Loge maçonnique :

    Une ouverture sur la vie - Editions Dervy, Paris, 2011

    Le rituel de Fermeture des Travaux au degré d'Apprenti


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  •  Saint Jean et le Solstice d’été 

    Le solstice d’été

    A la fin du mois de juin, chaque année, nous célébrons ce qui est peut-être une des plus belles fêtes de l’année pour les Francs-maçons : la Saint-Jean. C’est sur ce moment que je vous invite à partager, symboliquement, quelques réflexions.

    La fête du solstice d'été est inséparable de celle de la Saint-Jean d'été, c'est-à-dire celle de Jean-le-Baptiste que nous célébrerons le 24 juin. Elle est également indissociable de la fête du solstice d'hiver dont elle est en quelque sorte le complément inversé. Dans toute la chrétienté, les fêtes solsticiales se confondent avec les deux Saint-Jean.

    Le solstice d'été marque le point culminant du soleil dont la course n'a cessé de monter dans le ciel depuis le solstice d'hiver. Si le soleil d'hiver était faible et fragile, celui du solstice d'été est tout-puissant. Mais comme tout ce qui est arrivé à la pleine puissance, le soleil va commencer à baisser et les jours à raccourcir. Belle illustration de la sagesse éternelle qui nous rappelle que tout ce qui est petit va croître et tout ce qui est grand doit diminuer.

    Il semble que le solstice d'été ait toujours représenté une date importante pour les hommes. Chaque 21 juin, le soleil atteint son point le plus au nord par rapport à l'équateur céleste. Cette date coïncide avec le jour le plus long de l'année : celui du solstice d'été. Ce terme, qui vient du latin « sol stare », signifie « le soleil ne bouge pas ». En effet, durant le solstice, la déclinaison du soleil par rapport à l'équateur céleste ne change presque pas d'un jour à l'autre, donnant l'impression que l'astre reste figé dans le ciel. C'est le jour où la terre est le plus éloignée du soleil mais également où son inclinaison permet à l'hémisphère nord de bénéficier du rayonnement maximal.

    Le solstice d'été est fêté depuis des temps immémoriaux. Cette fête était déjà célébrée par les peuples païens qui allumaient d’immenses feux de joie symbolisant la lumière du soleil. Comme beaucoup de traditions païennes, le rite du feu de joie du solstice d'été a été christianisé au Moyen Age. Très naturellement, ces festivités ont été associées à saint Jean-Baptiste qui est né un 24 juin.

    Ce n'est que vers le 5e siècle de l'ère chrétienne que l'Eglise a récupéré la tradition païenne des feux du solstice d'été, en plaçant ceux-ci sous le signe de saint Jean-Baptiste, personnage de l'Ancien Testament associé à la Vraie Lumière et qui annonce le Messie à venir.

    Qui était Jean-Baptiste ?

    Jean-Baptiste, fils de Zacharie et d'Elisabeth, était le cousin de Jésus. Après une retraite dans le désert consacrée à la prière, il est allé prêcher sur les bords du Jourdain où il baptisait les gens en leur annonçant l'arrivée du royaume de Dieu. Jésus alla le trouver et lui demanda de le baptiser. Jean-Baptiste, reconnaissant en lui le Messie, le nomma « Agneau de Dieu ».

    Jean-Baptiste connut une fin tragique. Ayant critiqué les mœurs du roi Hérode qui avait épousé Hérodiade, la femme de son frère, saint Jean fut emprisonné, puis décapité en 31. On dit qu'Hérodiade, pour obtenir la tête de saint Jean, fit danser sa fille Salomé devant Hérode. Subjugué par la danse de la jeune fille, Hérode lui promit de lui accorder tout ce qu'elle voudrait. Salomé demanda pour prix de sa danse qu'on lui apporte la tête de saint Jean sur un plateau d'argent.

    Réflexions maçonniques

    Comment penser ou espérer pouvoir partager un symbole tel que la Saint-Jean ? Sans doute parce que ce qui se joue lors de la Saint-Jean d’hiver est un drame cosmique, auquel nous prenons tous part, au titre de membres du même Univers. Et le but de la présente réflexion n’est, au fond, que de nous aider à retrouver tous, en nous, les échos de ce moment-clé de l’année. Si la gageure est réussie, chacun aura pu, à partir de son propre vécu, de son expérience individuelle, faire un petit pas de conscience dans la direction de ce qui nous est commun, quels que soient les modes d’approche que chacun en a.

    Engageons-nous donc, tout simplement tels que nous sommes, dans un voyage, dont chacun sait ce qu’ils ont de formateur et peut-être bien d’initiatique !

    Depuis que l’humanité a accédé à la conscience, elle s’est rendu compte de la régularité des cycles qui rythment sa vie. Parmi une multitude, le premier et le plus immédiat est sans doute celui de l’alternance régulière des jours et des nuits. Alors, par la pensée et l’imagination, essayons d’en remarquer les moments essentiels.

    Depuis l’émergence dorée de l’astre du jour, la lumière ne va cesser d’augmenter, jusqu’à midi plein. Le soleil est alors à son zénith et l’ombre d’un bâton fiché en terre est la plus courte de la journée. Après cette apothéose, ce minuscule mais perceptible temps d’arrêt, l’ombre s’allonge et la course parabolique du char de Phébus tend à rejoindre l’occident pour y disparaître dans un flamboiement majestueux et mélancolique. La nuit alors envahit le ciel par l’est, où commencent de scintiller, après Vénus, les myriades galactiques.

    Nos ancêtres auraient pu s’en tenir là et aller se coucher… C’est d’ailleurs ce que beaucoup ont fait ! Mais quelques originaux, que la nuit fascinait, n’ont pu aller aussi tôt essayer de trouver dans le sommeil l’oubli des questions qui les habitaient. Ils ont observé, noté et pensé. Ils ont vu et compris que la nuit et le jour étaient complémentaires, donc semblables et comparables. A l’instar de tout ce qui vit, la nuit, comme le jour, naît, croît, atteint un apogée pour ensuite diminuer, et mourir.

    Et de même que le milieu du jour inaugure la marche vers la nuit, le milieu de la nuit annonce l’arrivée de la lumière. De jours en jours et de nuits en nuits, l’observation s’est affinée. Une activité interprétative a suivi ; elle a donné naissance à l’astrologie.

    Mais revenons au cycle journalier. Les quatre temps forts, aurore, midi, crépuscule et minuit, marquent la structure de tous les cycles et permettent de s’orienter sur la Terre qui nous porte. Ils sont en somme le témoin de lois universelles.

    Et nos temples, comme les cathédrales et tous les temples dignes de ce nom, sont orientés, au moins symboliquement : selon l’Orient d’abord, d’où vient la Lumière, puis le Midi, où brille le Soleil, et le Septentrion, domaine de la Lune, enfin l’Occident, où se trouve la porte qui conduit à l’extérieur de l’espace sacré. Un temple est donc un condensé symbolique de l’univers et de son harmonie.

    Un ancien texte dit d’ailleurs qu’il y a trois temples : l’être humain, que nous sommes, le temple terrestre, où nous avons pris place, et le temple parfait de l’univers.

    Au solstice d’été, la lumière est manifeste, c’est l’apothéose de la clarté. Pourtant, au milieu de la joie exubérante de ceux qui se fient aux apparences, ceux qui savent ne peuvent s’empêcher d’avoir un pincement au cœur car ils ont conscience de ce que, malgré la canicule et l’éclat des jours, la marche inexorable vers les longues nuits d’hiver est amorcée.

    C’est essentiellement pour deux raisons que le solstice d’été est dédié à Jean-le-Baptiste : c’est d’une part le point culminant et terminal de l’Ancienne Loi, qui voit poindre, selon les mots du Christ, son accomplissement. Or, à la fin du mois de juin, la lumière est à son maximum. En second lieu, le Baptiste a désigné le Christ au monde en disant « Il faut qu’il croisse et que je diminue ». Dès le solstice d’été, la lumière va diminuer, jusqu’à celui d’hiver.

    Si le solstice d’été est le moment de la lumière manifestée, extérieure en somme, celui d’hiver est la fête d’une lumière plus subtile, que seule peut révéler une connaissance intérieure.

    Lumière des yeux ou lumière du cœur, clarté visible ou invisible, deux modes de relation au monde sont ainsi illustrés et, à l’image du cycle qui les rend explicites, révélés comme complémentaires. C’est ce que l’on appelle la connaissance ésotérique, qui se définit par rapport à la connaissance exotérique, oppose le monde des sens à celui de l’intériorité et les révèle comme complémentaires. Aussi, s’il peut être indiqué par les sens, c’est intérieurement que le grand mystère du cosmos parle véritablement à l’homme en quête d’éveil.

    Alors, la dédicace à celui qui est venu annoncer le triomphe du Logos incarné n’est plus une énigme, mais revêt la clarté de l’évidence. « L’heure vient, et c’est maintenant, où les adorateurs de mon Père l’adoreront en esprit et en vérité ».

    Mais ce triomphe est avant tout celui, infiniment subtil, de l’intériorité, au-delà et même malgré le monde des évidences ou de l’apparence : « La Lumière luit dans les Ténèbres mais les Ténèbres ne peuvent L’atteindre ».

    La Lumière spirituelle, issue du Logos, prend naissance au nord, au plus noir de la nuit comme au plus froid de l’année. Elle n’est perceptible qu’au sein du silence intérieur de qui a su faire un instant taire ses bavardages devant l’ineffable.

    Puisse cet essentiel, discret comme un mot d’amour, mais résonnant, à l’échelle du cosmos, jusqu’aux confins de l’univers, illuminer pour chacun l’année qui s’ouvre.

     

    R:. F:. A. B.


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  •  La célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été et les roses blanches 

    Introduction

    La plupart des Loges pratiquant le Rite moderne ont l’habitude de fêter les deux saint Jean à chacun des deux solstices. Alors que nous allons célébrer le Solstice de la Saint-Jean d’été, c’est, une fois de plus, l’occasion de se poser des questions à propos de l’un ou l’autre aspect de ce rituel.

    Nos Loges sont libres d’adopter tel ou tel rituel pour cette célébration : il n’y a en effet aucune imposition de la part de la Commission des rituels de notre Obédience régulière.

    Dans les rituels que j’ai déjà pu vivre puis analyser, il est souvent question, à ce moment de l’année, de fleurir l’autel au moyen de roses blanches. Ce geste a bien entendu un sens que je vais tenter de vous faire partager. Je me propose donc de tenter de répondre à la question : pourquoi fleurit-on l’autel de roses blanches ?

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    Je décrirai comment cela se pratique généralement et quels sont les Officiers Dignitaires impliqués dans cette tâche.

    Puisque, dans nos Loges, nous avons coutume de dire « Ici tout est symbole ! », il me paraît logique de considérer la rose, elle aussi, comme un symbole. C’est pourquoi je tenterai d’en approcher le symbolisme

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

     

    La fête des deux saint Jean

    L’importance de la lumière est bien connue pour les bâtisseurs. C’est elle qui décidait de la percée des ouvertures dans les murs des cathédrales et de l’emplacement de leurs vitraux. En ce qui concerne précisément la lumière solaire, deux jours de l’année présentent une particularité intéressante : le solstice d’hiver, le jour le plus court de l’année qui correspond à la fête de saint Jean l’Évangéliste, et le solstice d’été, le jour le plus long, qui correspond à celle de saint Jean le Baptiste. C’est avec le solstice d’hiver que commence la phase ascendante du cycle annuel tandis que le Soleil entame son déclin avec le solstice d’été.

    Les fêtes de saint Jean l'Évangéliste et de saint Jean le Baptiste sont célébrées par des Tenues spéciales au solstice d'hiver (27 décembre) et au solstice d'été (24 juin). Ces deux saints sont très importants tant au point de vue de la symbolique maçonnique que du point de vue de la place de leur fête dans le calendrier.

    Saint Jean-Baptiste, le « Précurseur », prépara les voies à Jésus. Il fut surnommé le « Baptiste » parce qu'il baptisait dans le Jourdain. Jean le Précurseur prêchait le renoncement et le repentir. C'est pour ses idées de fraternité et de justice qu'il fut décapité sur l'ordre d'Hérode. Cette décapitation a un sens ésotérique pour nous, Maçons : n’est-ce pas là un signe qui nous invite à penser différemment, non plus avec nos habitudes et nos préjugés mais avec notre nature spirituelle, avec cette parcelle divine qui est en nous ?

    La Maçonnerie moderne ayant une origine chrétienne, on comprend mieux pourquoi saint Jean-Baptiste, en analogie avec son rôle dans la Bible, représente dans le contexte maçonnique, l'initiateur et le purificateur par excellence.

    Les deux Jean et Jésus sont des « dieux » solaires : le Baptiste annonce le lever du soleil. Il est donc représenté par un coq. C'est celui qui figure sur les clochers des églises. Quant à l'Évangéliste, il était le disciple préféré de Jésus. C'est lui qui posa sa tête sur le cœur du maître. Il est logiquement symbolisé par un aigle, (cf. « l’Aigle de Patmos »), seul animal à pouvoir fixer le soleil dans tout son éclat.

    La « Saint-Jean d'été » et la « Saint-Jean d'hiver » furent établies par l'Eglise pour récupérer et « christianiser » les coutumes païennes préexistantes. C’est ainsi que la Saint-Jean-Baptiste fut placée le 24 juin. A plusieurs reprises l'Eglise s’est élevée contre les usages superstitieux, danses et « immodesties » de cette fête du solstice : dans certains lieux, la pratique du feu de joie expiateur était considérée comme « diabolique ». De même, le choix du 25 décembre [1] pour la nativité du Christ n'était pas anodin : il était destiné à « couvrir » les fêtes païennes du solstice d'hiver.

    Bien avant les fêtes de saint Jean, aux deux solstices, les Romains célébraient la fête de Janus qui « ouvre » et qui « ferme » les portes du cycle annuel, Janua signifiant « porte, accès ».

    Après la christianisation des mythes païens, les deux Jean prirent la place de Janus aux deux visages. Ce fut Jean le Précurseur, dit le Baptiste, celui qui baptisait d’eau et annonçait la venue de celui qui baptiserait de feu, puis ce fut Jean l’Évangéliste, le « confirmateur », témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau.

    Selon la coutume, vers le 21 juin, l’ordre du jour de nos Travaux maçonniques prévoit donc la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été, fête de saint Jean le Précurseur ou le Baptiste. Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante.

    Cette concrétisation de la lumière spirituelle est symbolisée par Jean le Baptiste, Précurseur de la lumière rédemptrice ou du Christ solaire et qui témoigne de la Lumière qui est. Le rituel rappelle que c’est ainsi que les Francs-maçons sont devenus les disciples de saint Jean car ils sont Enfants de la Lumière. C’est en recevant celle-ci que le Maçon trouve le chemin de la Vérité.

    La décoration florale de notre Loge

    Le jour du Solstice d’été, symbole de l’idéal maçonnique, nous, Francs-maçons, participons à la joie universelle. En cet instant précis où le soleil apparaît dans son plus grand éclat, nous décorons notre Temple de roses blanches.

    Entrons à présent dans le vif du sujet de cette planche : la rose blanche et son symbolisme !

    Qu’apprenons-nous dans les rituels ?

    Voici un extrait du rituel utilisé habituellement à la R:. L:. « La L:. des A:. » et « S:. et M:. »  :

    Le Frère Second Surveillant dit :

    V:.M:., TRADITIONNELLEMENT, NOUS MANIFESTONS NOTRE JOIE EN DÉCORANT NOS TEMPLES DE VERDURE ET DE FLEURS.

    LA ROSE BLANCHE Y JOUE UN RÔLE PRÉPONDÉRANT.

    On découvre déjà une ébauche de réponse quant aux raisons qui poussent les Francs-maçons à décorer l’autel de leur Loge au moyen de roses blanches :

    ELLE SYMBOLISE TOUTE CETTE JOIE DE VIVRE QUI SE MANIFESTE EN NOTRE CŒUR EN CE JOUR OU LA NATURE SE SAIT GROSSE DES FRUITS QUI VONT LA PERPÉTUER.

    Le Frère Premier Surveillant nous donne aussi quelques éléments du symbolisme de la rose blanche :

    LA ROSE BLANCHE EST LE SYMBOLE DE LA PLÉNITUDE QUI EST PURETÉ ET SILENCE.  ELLE EST SYMBOLE DE LA FIDÉLITÉ.

    ELLE RAPPELLE AU MAÇON DEUX VERTUS : LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ ET L’ACCEPTATION DU DEVOIR.

     

    De quelle manière procède-t-on à la décoration florale de l’autel ?

    Des dispositions sont indiquées dans le rituel pour aider les intervenants :

    Le Maître des Cérémonies conduit les deux Surveillants devant l’Autel et y invite également le Vénérable Maître. Le Passé Maître Immédiat présente au Maître des Cérémonies un plateau sur lequel sont posées trois roses blanches. Le Maître des Cérémonies présente une rose à chacun des trois Officiers successivement.

    Le 2nd Surveillant prend la première rose et la dépose sur l’Autel en la considérant comme le premier côté d’un triangle et en disant « Beauté ».

    Le 1er Surveillant prend la deuxième rose et la dépose sur l’Autel en formant le deuxième côté d’un triangle et en disant « Force ».

    Le Vénérable Maître prend la troisième rose et la dépose sur l’Autel en la considérant comme le troisième côté d’un triangle et en disant « Sagesse ».

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    La rose, du point de vue de la botanique 

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    La rose est la fleur du rosier, arbuste du genre Rosa et de la famille des rosacées. C'est sans doute la fleur la plus cultivée au monde, mais on oublie souvent que le rosier est d'abord une plante sauvage, dont le représentant le plus connu en Europe est l'églantier. Quant aux rosiers cultivés dans nos jardins, ils sont le résultat de plusieurs siècles de transformations d'abord empiriques, puis méthodiques, en particulier par l'hybridation. La rose des jardins se caractérise avant tout par la multiplication de ses pétales imbriqués qui lui donnent sa forme caractéristique.

    C'est sans doute la fleur la plus cultivée au monde. Ce furent d’abord des plantes sauvages aux fleurs simples à cinq pétales, qui sont devenues à la mode, pour leur aspect plus naturel, depuis quelques décennies sous le nom de « roses botaniques ».

    Il existe environ 250 espèces sauvages différentes du genre Rosa dans l'hémisphère tempéré et des milliers de variétés. Ce sont des arbustes épineux, généralement à feuilles caduques. Leurs feuilles sont imparipennées, présentant le plus souvent de 5 à 7 folioles dentées. Elles ont des stipules soudées à la base du pétiole.

    Rarement solitaires, les fleurs sont groupées en corymbes [2]. Le calice est composé de cinq sépales. La corolle comprend en principe cinq pétales. Les étamines sont très nombreuses. Les styles sont souvent soudés en colonne. Le fruit, ou plutôt l'infrutescence [3], est un cynorrhodon [4] arrondi, ovale ou piriforme [5], de couleur rouge et contenant de nombreux akènes.

    La principale modification observée chez les rosiers cultivés est la multiplication des pétales, qui sont en fait des étamines transformées.

    Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l'Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, et pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs », présente dans presque tous les jardins et presque tous les bouquets.

    Le mot « rose », daté en français du début du 12ème siècle, est dérivé du latin rosa, rosae (substantif féminin) qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même. Ce terme, apparenté au grec rhodon, aurait été emprunté à une langue orientale. Il est tentant de rapprocher « rose » de « rosée », pourtant cette rencontre, source d'inspiration inépuisable pour les poètes, est fortuite en français. En effet « rosée » dérive, par l'intermédiaire du bas-latin rosata, du latin ros, roris (substantif masculin), peut-être apparenté au grec drosos, venant d'une autre racine indo-européenne.

    La rose, reine des fleurs, du point de vue historique

    En des temps très anciens

    Des rosiers fossiles, églantiers, ont été retrouvés aux Etats-Unis, dans l'Oregon et le Colorado. Leur âge a été évalué à 40 millions d'années.

    La plus ancienne représentation de la rose a été retrouvée en Mongolie, dans les tombeaux de Tchoudi.

    Des représentations de la Rose en Crète datant de 1600 avant J.C. nous montrent des fleurs à 5 pétales de couleur blanc-rosé.

    La rose a été utilisée lors des rituels de momifications durant le règne de Ramsès II et a fait partie de l'ornement des sarcophages et tombeaux. Un bouquet de rose a été découvert dans le sarcophage de Toutankhamon.

    En Grèce, la rose avec son parfum doux et subtil, le parfum des Dieux, était appréciée pour ses vertus médicinales et sa symbolique. Hérodote put alors observer dans le jardin du Roi Midas des roses à 60 pétales. La rose symbolisait la naissance lorsqu'elle était associée à Vénus mais était constamment présente lors des funérailles.

    Cette symbolique de la naissance existe également dans l'empire romain : un esclave affranchi était couvert de roses ; elle ornait sous forme de couronnes les mariés et les guerriers. Mais, sous forme de poudre, d'infusion, d'eau de rose, elle était principalement utilisée en médecine pour guérir les douleurs, les infections, la nausée … C'est à cette époque que Pline rédigea le premier ouvrage sur la culture des rosiers. Pline l'Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance. Il les décrit, ce qui permet des suggestions d'identification.

    Le Moyen Age et la domination du Christianisme

    Le Christianisme a rejeté la rose comme étant un symbole païen par son attachement à Vénus et elle devint alors l'emblème des prostituées. La rose survit alors dans quelques jardins comme ceux de Childebert 1er (511 – 558), dans quelques couvents ou monastères ou elle fut cultivée pour ses propriétés médicinales.

    La rose reprit de l'importance en France grâce à la littérature (« Le Roman de la Rose » de G. de Lorris) et elle se retrouva de nouveau associée à la femme. En 1402, à l'occasion de sa « fête des roses », le Duc d'Orléans a créé « L'Ordre de la Rose » au sein duquel les gentilshommes s'engageaient à défendre l'honneur des dames.

    C'est au Moyen Age que les premières roses ont été cultivées. Elles furent importées par les Croisés en provenance de l'Orient.

    Au 12ème siècle, Saint Bernard a fait de la rose le symbole de la Vierge et donc de la pureté. Le pape bénit lui aussi la rose qui devient l'emblème de la fidélité à l'Eglise.

    La Renaissance en fit un vulgaire objet d’étude botanique et médicinale.

    C'est ensuite au 18ème siècle que les Français commencèrent à les croiser pour créer de nouvelles variétés. Dans la seconde moitié du 18ème siècle, la rose devint la reine des fleurs, le symbole du retour à la nature. La nouvelle place de la rose est alors le reflet des tendances nouvelles en matière d’esthétique, le renouveau des parcs et des jardins.

    Au 19ème siècle, la rose est devenue une fleur ornementale essentielle ; ses vertus médicinales sont presque oubliées, son symbolisme religieux également. Et c’est une rose nouvelle qui va passionner botanistes et horticulteurs.

    Les feuilles du rosier

     

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    Un botaniste nous dirait que les feuilles du rosier sont alternes, composées et pennées. Sous la fleur, en descendant le long de la tige, les premières feuilles ont, le plus souvent,  3 folioles ; plus bas elles en ont 5 et plus bas encore parfois jusqu’à 7 folioles ovales, lancéolées, bleutées, glabres ou légèrement velues sur les nervures. Les stipules sont soudées au pétiole.

    Mais ce qui devrait retenir notre attention, à nous symbolistes, ce sont ces nombres 3 – 5 – 7. Sans entrer dans trop de détails, survolons rapidement le symbolisme de ces trois nombres.

    Symbolisme du nombre trois

    Le nombre trois est un nombre universel que l’on retrouve dans toutes les traditions initiatiques. Il exprime un ordre spirituel dans les plans humain, cosmique ou divin. Il exprime un ordre intellectuel et spirituel, en Dieu, dans le cosmos ou dans l’homme. Il synthétise la tri-unité de l’être vivant ou il résulte de la conjonction de 1 et de 2, produit en ce cas de l’Union du Ciel et de la Terre.

    Trois n’est pas véritablement le troisième nombre mais le premier. Composé à partir des nombres 1 (nombre du Créateur) et 2 (division, dualité, binaire), trois est le premier nombre mystérieux qui intervient comme la signature de la création dans l’Ordre.

    Trois marque toutes les choses créées parce qu’il a présidé à leur création. C’est le nombre de la loi directrice des êtres et du commencement des choses matérielles. Il est le nombre de toute production à l’image du triangle.

    Les naturalistes ont observé de nombreux ternaires dans le corps humain. Il semblerait que toute fonction importante d’un organisme possède cette structure de base. La raison fondamentale de ce phénomène ternaire universel est sans doute à chercher  dans une vue globale de l’unité – complexité de tout être dans la nature, qui se résume dans les trois phases de l’existence : apparition, évolution, destruction ; ou naissance, croissance, mort ; ou encore, selon la tradition et l’astrologie : évolution, culmination, involution.

    Symbolisme du nombre cinq

    Depuis toujours, le nombre cinq est particulièrement chargé de sens. Il est considéré comme le nombre de la sagesse et de l’harmonie.

    Déjà, dans les temps très anciens, on le considérait comme le nombre de la sagesse et de l’harmonie. On ne peut manquer à ce sujet de citer les cinq doigts de la main et du pied, les cinq sens, l’étoile à cinq branches que forme l’homme debout, tous membres déployés.

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    Cinq est le symbole de l’homme immortalisé par Léonard de Vinci qui avait dessiné l’image d’un homme tenant les bras et les jambes écartés de façon que les quatre extrémités des membres et la tête coïncident avec les sommets d’un pentagone étoilé, inscrit dans un cercle. Selon cette représentation de l’art de la Renaissance, cinq est le nombre de l’homme, en  tant qu’être placé au centre du cosmos !

    * Le Solstice d’été et les roses blanches

    Cinq se rapporte à la quintessence, conçue comme l’esprit invisible des choses.

    Symbolisme du nombre sept

    Dans la longue suite des nombres ayant acquis une valeur symbolique au fil des siècles, le nombre sept semble tenir une place particulière. De fait, toutes les civilisations les plus anciennes lui ont accordé une place à part, lui conférant une aura de plénitude et en faisant quasi unanimement le symbole de la perfection et de l’harmonie, souvent sans la moindre concertation.

    Le nombre 7 a été le nombre sacré parmi toutes les nations civilisées de l’Antiquité, le nombre de la perfection, le symbole le plus rayonnant aux faces multiples. Il est fondamental entre tous et on le rencontre dans toutes les religions.

    Sept correspondait au nombre des sages de la Grèce antique : Thalès de Milet, Solon d’Athènes, Chilo de Lacédémone, Pittacos de Mitylène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos et Périandre de Corinthe.

    Mais sept évoquerait aussi les sept vertus : trois théologales (la foi, l’espérance, la charité) et quatre cardinales (la force, la justice, la prudence et la tempérance).

    Le nombre « sept » évoque aussi les sept sacrements de l’Eglise catholique romaine : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’onction des malades, l’ordre et le mariage, de même que les sept péchés capitaux, correspondant aux sept désirs matériels : l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse.

    Sept correspond aussi aux sept signes zodiacaux entre les solstices d’hiver et d’été, entre deux équinoxes. Le solstice d’été a lieu quand le soleil passe dans le 7e signe zodiacal. Le solstice d’hiver a lieu quand le soleil a parcouru les sept signes suivants.

    Le nombre sept est le nombre de la réalisation : il marque la fin d’une évolution, la fin d‘un cycle. Il indique le sens d’un changement après un cycle accompli et celui d’un renouvellement positif : les sept jours de la Création, les sept ans de la construction du Temple de Salomon.

    Approche du symbolisme de la rose

    L’extrait du rituel habituellement utilisé à la R:.L:. « La L:. des A:. » et « S:. et M:. » ne nous donne qu’une très brève indication concernant le symbolisme de la rose :

    «  Que chacun reçoive de mes mains la rose, symbole de lumière qui vit dans notre esprit et dans notre cœur. »

    C'est surtout par sa valeur symbolique que la rose a laissé son parfum dans l'histoire. Voici quelques exemples.

    • Chez les Grecs, la rose était la fleur d'Aphrodite, déesse de l'amour et d'Aurora, la déesse aux doigts de roses.
    • Les Romains rattachaient la rose à Vénus. La rose aurait été blanche, mais rougie accidentellement quand Cupidon renversa son verre de vin sur elle.
    • La première nuit d'amour entre Cléopâtre et Marc Antoine se serait déroulée sur un lit de pétales de roses de quarante-cinq centimètres d'épaisseur.
    • Dans le Cantique des Cantiques, la rose symbolise Israël. Et dans le livre des Parsis [6], le rose naît sans épines et n'en est armée qu'après l'apparition du génie du mal sur terre.
    • Quand, en 1187, Saladin reprit Jérusalem aux Croisés, il fit purifier la mosquée d'Omar par de l'eau de rose amenée par une caravane de 500 chameaux. Et en 1453, Mehmed II purifia aussi à l'eau de rose l'église byzantine de Constantinople avant de la convertir en mosquée.
    • La guerre des Deux Roses de 1453 à 1485 opposa Rosa Alba, rose blanche de la maison d'York et Rosa Gallica, rose rouge de la maison de Lancastre d'où, après le mariage d'Henri VII Tudor et Élisabeth d'York, l'emblème de la rose Tudor rouge à cœur blanc et plus tard la création du rosier « York et Lancaster ». La rose est aujourd'hui encore la fleur symbolique de l'Angleterre.
    • Les rosières, jeunes filles vertueuses et pures, étaient à l'origine couronnées de roses.
    • Les Rose-Croix, société secrète mystique, ont pour emblème une rose rouge fixée au centre d'une croix.
    • La « Rose blanche de Finlande », ordre national finlandais, a été créé en 1919 pour récompenser les services rendus au pays.

    Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus, en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue. L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit. Cet aspect n'est d'ailleurs pas étranger à l'Inde, où la rose cosmique « Triparasundarî » sert de référence à la beauté de la Mère divine. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut.

    Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, I'amour.  On peut la contempler comme un mandala et la considérer comme un centre mystique.

    La rose est, dans l'iconographie chrétienne, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies du Christ.

    Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun des bras de la Croix. Ces images évoquent soit le Graal, soit la rosée céleste de la Rédemption. Toujours à propos des Rose-Croix, remarquons que leur emblème place la rose au centre de la croix, c'est-à-dire à l'emplacement du cœur du Christ, du Sacré-Cœur. Ce symbole est le même que la Rosa candida de la Divine Comédie, laquelle ne peut manquer d'évoquer la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la Vierge, le même peut-être aussi que celui du Roman de la Rose.

    Angelus Silesius fait de la rose l’image de l'âme, celle aussi du Christ, dont l'âme reçoit l'empreinte. La rose d'or, autrefois bénie par le Pape, le quatrième dimanche de Carême, était un symbole de puissance et d'instruction spirituelles. Mais aussi sans doute un symbole de résurrection et d'immortalité. La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue.

    Il faut enfin noter le cas particulier, en mystique musulmane, d'un Saadi de Chiraz, pour qui le Jardin des Roses est celui de la contemplation : j'irai cueillir les roses du jardin, mais le parfum du rosier m’a enivré. Langage que la mystique chrétienne ne refuserait en aucune manière, en commentaire du Cantique des Cantiques sur la rose de Saron. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole dune renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers... 

    Selon F. Portal, « la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de régénération du fait de la parenté sémantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rosée. La rose et sa couleur, dit-il, étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères... L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand prêtre d'Isis. Le rosier, ajoute cet auteur, est l'image du régénéré, comme la rosée est le symbole de la régénération.

    Et la rose, dans les textes sacrés, accompagne bien souvent le vert, ce qui confirme cette interprétation. Ainsi dans l'ecclésiaste : « J'ai grandi comme les plants de roses de Jéricho, comme un olivier magnifique dans la plaine ». L'olivier était consacré à Athéna, la déesse aux yeux pers qui naquit à Rhodes, l’île des roses : ce qui suggère les mystères de l'initiation.

    Et les rosiers étaient consacrés à Aphrodite en même temps qu'à Athéna. La rose était chez les Grecs une fleur blanche, mais lorsque Adonis, protégé d'Aphrodite, fut blessé à mort, la déesse courut vers lui, se piqua à une épine et le sang colora les roses qui lui étaient consacrées.

    C'est ce symbolisme de régénération qui fait que, depuis l'Antiquité, on dépose des roses sur les tombes : les anciens nommaient cette cérémonie « rosalia » ; tous les ans, au mois de mai, ils offraient aux mânes des défunts des mets de roses.

    Et Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte d’une guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq succédant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le départ d'un nouveau cycle.

    Au 7ème siècle, selon Bède, le tombeau de Jésus-Christ était peint d’une couleur mélangée de blanc et de rouge. L'on retrouve ces deux éléments composants de la couleur rose, le rouge et le blanc, avec leur valeur symbolique traditionnelle, sur tous les plans, du profane au sacré, dans la différence accordée aux offrandes de roses blanches et de roses rouges, ainsi que dans la différence entre les notions de passion et de pureté et celles d'amour transcendant et de sagesse divine. Aux armes des religieuses, dit le Palais de l'honneur, l'on met une couronne composée de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses épines, qui dénotent la chasteté qu’elles ont conservée, parmi les épines et les mortifications de la vie.

    La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur :

    • la rose, comme fleur d'amour, remplace le lotus égyptien et le narcisse grec :
    • celle du Roman de la Rose ;
    • le mystérieux tabernacle du Jardin d'Amour de la Chevalerie ;
    • la rosa mystica des litanies de la Vierge ;
    • les roses d'or que les Papes donneront aux princesses méritantes ;
    • enfin l'immense fleur symbolique que Béatrice montre à son amant fidèle parvenu au dernier cercle du Paradis, rose et rosace à la fois.

    Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs préférées des alchimistes dont les traités s'intitulent souvent rosiers des philosophes. La rose blanche, comme le lis, fut liée à la pierre au blanc, but du petit œuvre, tandis que la rose rouge fut associée à la pierre au rouge, but du grand œuvre. La plupart de ces roses ont sept pétales dont chacun évoque un métal ou une opération de l'œuvre. Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.

    Ainsi, depuis longtemps, la rose possède une symbolique forte. La fleur est douce et colorée, ses pétales duveteux ou lisses rappellent la texture de la peau. Ses couleurs se déclinent de blanc, de jaune, de rose ou d'une gamme de rouges éclatants ; ses parfums épicés, enivrants ou légers en ont fait la fleur la plus célèbre, celle que l'on peut offrir en toute occasion.

    Toutes les roses symbolisent l’amour, mais certaines couleurs peuvent avoir
    une signification particulière. Au cours des ans, ces significations ont changé et évolué. Par conséquent, il est possible que les opinions varient concernant les nombreuses significations des roses.

    La rose blanche symboliserait plus particulièrement l'innocence, la pureté, la virginité, l’amour courtois, le silence, l’intérêt, le raffinement, l'élégance et le secret (la discrétion d'une relation, le silence et l'humilité). Elle peut également être le symbole d'un amour pur, platonique.

    La rose blanche, plus particulièrement consacrée à la Vierge Marie, à Holda, à Freia, à Vénus-Uranie, était le symbole du silence et de la prière.

    La pureté du blanc, la dignité...  l'affichage doux de l'innocence...

    Même si quelques mauvaises langues voient en la rose blanche une fausse innocence, trahie par ses enivrants parfums et en lui prétendant des occasions d’adultère et de secret, le langage des fleurs lui donne la signification de l’amour pur.

    Symbole de la sincérité et de la chasteté, la rose blanche tient sa signification de la bible quand au 12ème siècle, Saint Bernard fit de la rose blanche le symbole de la Vierge et donc de la pureté. « Marie a été une rose blanche par sa virginité, vermeille par sa charité, blanche par la pratique de la vertu, vermeille par l'écrasement du vice ».

    Toutes les fleurs blanches représentent un sentiment pur, mais lorsqu’il s’agit d’une rose blanche, l’émotion se pare d’une grâce particulière.

    Les noces de rose symbolisent les 17 ans de mariage dans le folklore français.

    La rose en héraldique

    La rose est l'un des « meubles » utilisés en héraldique et sans doute la fleur la plus représentée en ce domaine après la fleur de lys. Le dessin stylisé est inspiré de l'églantine à cinq pétales régulièrement étalés arrondis, entre lesquels apparaissent les pointes des sépales, avec au centre un bouton, souvent de couleur différente ; la tige est absente. Dans certains cas on représente une rose tigée et feuillée, plus réaliste, elle est dite « au naturel ». La rose héraldique apparaît notamment sur le blason de nombreuses communes de France.

    La rose, emblème national

    La rose est la fleur nationale de plusieurs pays : Angleterre (rose Tudor), Bulgarie, Finlande (rose blanche), Irak, Maldives, Roumanie.

    Pourquoi le symbole de l'Angleterre est-il la rose ?

    La rose est un symbole associé à l'Angleterre depuis l'époque où le roi anglais Henri III épousa Éléonore de Provence. La rose dorée de Provence devint l'emblème floral de l'Angleterre. De cette rose dorée naquirent la rose rouge de la Maison de Lancastre et la rose blanche de la Maison d'York. A la suite de la guerre dite « des deux roses », la nouvelle dynastie régnante des Tudor, apparentée aux Lancastre, conserva le symbole. Il est aujourd'hui l'un des thèmes favoris du monnayage anglais.

    La rose a aussi été choisie comme emblème officiel par plusieurs États des États-Unis : Géorgie (Rosa laevigata), Iowa (Rosa arkansana), New York, Dakota du Nord (Rosa blanda ou arkansana), Oklahoma.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    La rose, fleur aux multiples facettes et aux significations si contrastées, a été célébrée au cours des âges pour mille raisons différentes. L’Antiquité en a fait la fleur des dieux, le Christianisme la fleur de Dieu.

    Les roses ont été cultivées en Chine et en Perse depuis 5000 ans et en Grèce depuis l'âge du bronze.

    Dans la mythologie grecque, on dédiait la rose à Aphrodite ; chez les Romains, on la dédiait à Vénus, toutes deux déesses de la beauté. De nos jours, la rose est certainement la fleur qui s'offre le plus !

    La rose, reine des fleurs depuis près de 6000 ans, symbolise deux notions contradictoires, la passion et la pureté. Rouge, rose d'Aphrodite, elle symbolise l'amour, la beauté et la passion. Blanche, associée à Vénus ou à la Vierge, elle est devenue l'emblème de la pureté et de la vertu. La rose blanche, unité et synthèse des couleurs, est l'expression de la plus haute spiritualité.

    Ce n’est donc pas étonnant que les Francs-maçons l’aient choisie pour décorer l’autel de leur Loge à l’occasion de la Saint-Jean d’été !

     

    R:. F:. A. B.

     

    [1] Le nom de la « Noël », qui signifie « fête », est apparu vers 330.

    [2] En botanique, le corymbe est une inflorescence simple, indéfinie, dans laquelle l'ensemble des fleurs se trouvent dans le même plan, un peu comme dans une ombelle, et leurs pédoncules insérés sur la tige de façon étagée comme dans une grappe, les pédoncules étant d'autant plus longs que les fleurs sont périphériques. C'est en quelque sorte une grappe aplatie. Comme dans l'ombelle, les fleurs extérieures sont les plus âgées et le développement de l'inflorescence est centripète.

    [3] Une infrutescence est l'ensemble des fruits résultant du développement d'une inflorescence. Sur le terrain, l'infrutescence sera un rameau comportant des fruits et éventuellement des bractées mais pas de feuilles sans fruit. Certaines fleurs n'étant pas fécondées et certains fruits n'arrivant pas à maturité, la reconnaissance est parfois difficile.

    [4] Le cynorrhodon est le fruit du rosier et de l’églantier, et plus généralement des plantes du genre Rosa, de la famille des Rosacées. C’est, sur le plan botanique, un faux-fruit, provenant de la transformation du réceptacle floral.

    [5] Qui est en forme de poire.

    [6] Les pârsî ou « parses » - de Pârashika, peuple de Perse - sont les adeptes du parsisme, confession dérivée du zoroastrisme, qui fuirent au VIIIe siècle une Perse conquise par les Arabes et s'installèrent en Inde.

     

    Bibliographie

    Des rituels en usage à la G. L . R. B . :

     

    Rituel de célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été

    en application à la R:. L:. « S:. et M:. » n° 25

     

    Rituel de célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été

    en application à la R:.L:. « La L:. des A:. »

     

    Rituel de célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été

    en application à la R:.L:. « Saint-Jean Lum:. de Lor:. »

     

    Ouvrages

    Behaeghel Julien - Symboles et initiation maçonnique

    Monaco, Editions du Rocher, 2000

     

    Ducluzeau Francis - Ethique, sagesse et spiritualité dans la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 2002

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994

     

    Lhomme Jean – Maisondieu Edouard – Tomaso Jacob

    Dictionnaire thématique illustré de la Franc-maçonnerie

    Monaco, Editions du Rocher, 2002

     


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