-
* Le Manuscrit REGIUS
Le Manuscrit REGIUS
1. Les anciennes confréries de bâtisseurs du Moyen Age, qui réunissaient les « francs-mestiers » du bâtiment, étaient constituées d’hommes libres, c’est-à-dire bénéficiant de franchises fiscales et exemptions de corvées accordées par le pouvoir royal, d’où le terme de Francs-maçons qui signifie en réalité « maçons libres ». Ce terme de maçon libre ou « freemason » est attesté en Angleterre dès 1376. On le retrouve également dans les manuscrits médiévaux appelés « Old Charges » ou « Anciens Devoirs », tels que le « Regius» et le « Cooke ». Le « Regius » se présente sous la forme d’un long poème, rédigé en vieil anglais, probablement vers 1390, et mentionné pour la première fois en 1670, dans un inventaire de la bibliothèque John Theyer qui fut vendue à Robert Scott en 1678.
Le Manuscrit Regius (1390) est le plus ancien document maçonnique connu. Il témoigne de l'art du métier et de l'attachement des ouvriers maçons à la religion et à la géométrie : ici commencent les statuts de l'art de géométrie selon Euclide.
Quiconque voudra bien lire et regarder
Pourra trouver dans un vieux livre
L'histoire de grands seigneurs et de grandes dames
Qui, certes, avaient beaucoup d'enfants,
Et n'avaient pas de revenus pour les entretenir
Ni en ville, ni aux champs, ni dans les bois.
Ils tinrent donc conseil ensemble
Pour l'amour de ces enfants, afin de décider
Comment ils pourraient au mieux mener leur vie
Sans grand inconfort, sans souci et sans lutte.
Ce qui les préoccupait le plus, c'était le sort des descendants
De ces enfants, après leur mort.
Ils envoyèrent alors chercher de grands clercs
Pour leur enseigner de bons métiers.
"Et nous les prions, pour l'amour de Notre Seigneur,
De donner à nos enfants un travail
Qui leur permette de gagner leur vie
De façon décente et honnête, en toute sécurité."
C'est alors que, grâce à la bonne géométrie,
Cet honnête métier qu'est la bonne maçonnerie
Fut ainsi constitué et créé,
Et mis au point en commun avec ces clercs.
Sur la prière de ces seigneurs, ils firent sur le modèle de la géométrie
Un art qu'ils nommèrent maçonnerie,
Entendant en faire le plus honnête des métiers.
Par la suite, le manuscrit devint la propriété de la Bibliothèque royale, d’où son nom de Regius, jusqu’en 1757, quand le roi George II d’Angleterre en fit don au British Museum.
Le Regius, d'origine anglaise est également appelé Manuscrit royal. Il renseigne sur l'organisation du métier de maçon sans que le mot « free-mason » soit mentionné. Le terme Franc-maçon, apparaît pour la première fois lors d'une rencontre à Ratisbonne en 1459 de toutes les loges compagnonniques du Saint-Empire germanique qui s'unissaient dans une Fédération chargée d'unifier les grades et les rites. L'empereur germain ayant accordé à cette fédération des privilèges spéciaux, des « franchises », ses membres prirent le nom de Frei-Maurer, c'est-à-dire Francs-maçons.
De tels faits s'étaient produits bien antérieurement en Angleterre où on parlait, au 13ème siècle, des « free stone masons » pour désigner les maçons initiés qui savaient tailler et travailler la pierre.
La première partie du Regius traite de l’art de la géométrie et de l’origine de son métier, la Franc-maçonnerie, dont il attribue la fondation au mathématicien grec Euclide qui vivait à Alexandrie, en Egypte, au 3ème siècle avant notre ère. En voici un extrait relatant justement cette fondation par Euclide :
« On thys maner, throz good wytte of gemetry, Bygan furst the craft of masonry : The clerk Euclyde on thys wyse hyt fonde, alpinapointsesH Thys craft of gemetry yn Egypte londe. Yn Egypte he tawzhte hyt ful wyde, Yn dyvers londe on every syde ; Mony erys afterwarde, y understonde, Zer that the craft com ynto thys londe. »
Ainsi, du noble art de géométrie,
Naquit le métier de maçonnerie :
L’a fondé de cette façon le clerc Euclide,
Cet art de géométrie au pays d’Egypte.
Il l’enseigna dans chaque contrée de l’Egypte
Dans nombre de pays, loin des pyramides ;
Des années durant, d’après ce que j’ai compris,
Avant que ce métier ne parvienne au pays d’Angleterre
Le manuscrit se poursuit par le récit, toujours en vers, de l’introduction de la Franc-maçonnerie en Angleterre sous le règne du roi Athelstan, puis par une énumération des Devoirs du Franc-maçon en quinze articles et quinze points, qui reflètent déjà l’idéal de perfection morale de la Franc-maçonnerie moderne. Il passe ensuite au récit mythique des Quatre Couronnés (Quatuor Coronati) et à celui de la construction de la Tour de Babel.
Il continue par la présentation des sept arts libéraux (grammaire, dialectique, rhétorique, musique, astronomie, arithmétique et géométrie) qui constituaient à l’époque les bases de la connaissance, puis se prolonge par des recommandations sur la messe et la manière de se comporter à l’église et se termine enfin par une instruction sur les bonnes manières.
Source : http://www.freimaurerei.ch/f/general/orig-f.htm
2. D'après les données, le manuscrit Regius, publié en 1840 par James O. Halliwell, fut mentionné en 1670 dans un inventaire de la bibliothèque John Theyer. Celle-ci fut vendue à Robert Scott (d'où nouvel inventaire en 1678). Le manuscrit appartint ensuite à la bibliothèque royale jusqu'en 1757 (d'où son nom Regius), date à laquelle le Roi George II en fit don au British Museum.
Le Regius se compose de plusieurs parties, comme suit :
- la fondation de la maçonnerie par Euclide en Egypte
Cinquième des arts libéraux, la géométrie est une science qui structure l'espace et un art qui crée des harmonies proportionnelles. Elle nous permet de mesurer l'environnement dans lequel nous évoluons à un temps donné. Nous nous émerveillons de ses applications infinies qui ont donné lieu à tant de découvertes. La géométrie est la science de l'homme car lui seul a la volonté de créer des formes parfaitement symétriques. La nature, elle, préfère l'asymétrie et des formes jamais absolument identiques. Les premières notions connues de géométrie remontent à plus de 2000 ans avant notre ère avec les peuples d'Egypte et de Babylone.
La continuité fut assurée par Euclide, le chef de file de mathématiciens dont les travaux devaient servir pendant vingt siècles environ de base à toute étude géométrique. Bien des philosophes s'y sont intéressés depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, apportant leurs propres lumières. Ils ont créé une nouvelle forme de pensée afin de mieux éclairer l'homme dans la complexité de son fonctionnement intérieur. Cependant, l'écolier qui s'applique à résoudre un problème de géométrie est en général fort loin d'en éprouver un sentiment d'exaltation. Le théorème de Pythagore aura enchanté autant d'élèves qu'il en aura rebuté. Nous étions sans le savoir aux prises avec une connaissance immémoriale.
Depuis les premières confréries initiatiques le Franc-maçon travaille évidemment sur le symbolisme de cette science universelle. Notre corde à douze nœuds, dessinant le triangle de Pythagore avec son angle droit, devient un instrument efficace sur le terrain et fonctionne à la fois comme règle, équerre et compas.
- l'introduction de la maçonnerie en Angleterre sous le roi Athelstane
Résumé des quinze articles
Article 1 : Le maître maçon doit être digne de la confiance des seigneurs ; il doit payer les compagnons à leur juste valeur avec l'argent des seigneurs.Article 2 : Tout maître maçon doit assister à un rassemblement général à moins de pouvoir présenter une bonne excuse.
Article 3 : Le maître maçon ne prendra pas d'apprenti pour moins de sept ans et devra le loger pendant son apprentissage.
Article 4 : Le maître maçon ne doit pas prendre de serf comme apprenti.
Article 5 : Le maître maçon ne prendra ni un bâtard ni un garçon présentant une infirmité ou une tare.
Article 6 : L'apprenti sera payé moins que les compagnons, mais son salaire augmentera au fur et à mesure de ses progrès.
Article 7 : Le maître maçon n'abritera sur son chantier ni voleur ni meurtrier.
Article 8 : Le maître maçon peut renvoyer un ouvrier incapable et le remplacer par un autre.
Article 9 : Le maître maçon doit s'assurer de la bonne assise des fondations de l'ouvrage.
Article 10 : Le maître maçon ne doit jamais prendre l'ouvrage d'un autre maître maçon sous peine d'une amende de dix livres.
Article 11 : Un maçon ne travaillera pas de nuit, sauf pour étudier.
Article 12 : On ne doit pas dénigrer l'ouvrage de ses compagnons.
Article 13 : Le maître maçon doit donner un enseignement complet à son apprenti.
Article 14 : Le maître maçon ne prendra pas d'apprenti à moins d'avoir suffisamment de tâches à lui confier.
Article 15 : Le maître maçon ne doit pas laisser ses compagnons dans leurs fautes, car il doit avoir souci de leurs âmes.
Résumé des quinze points
1er point : L'homme de métier doit aimer Dieu et la Sainte Eglise, ainsi que ses compagnons.
2e point : Les maçons seront payés les jours de congé.
3e point : L'apprenti doit garder secret tout ce que son maître lui dit et tout ce qu'il entend ou voit en loge.
4e point : L'apprenti ne doit causer aucun préjudice à son métier, ni à son maître ou à ses compagnons, et tombe sous les mêmes lois qu'eux.
5e point : Les maçons doivent recevoir leur salaire du maître avec soumission. Le maître doit renvoyer un maçon avant midi s'il n'a plus de travail pour lui.
6e point : Les querelles entre maçons doivent être réglées à l'amiable, après la journée de travail ou lors d'un jour de congé.
7e point : Un maçon ne couchera pas avec la femme du maître ni celle d'un compagnon.
8e point : Un maître peut nommer certains compagnons à des postes de responsabilité, intermédiaires entre lui-même et le reste des compagnons.
9e point : Les compagnons doivent servir à table à tour de rôle, ils achètent les provisions et doivent rendre compte de leurs dépenses.
10e point : Un maçon ne doit apporter aucun appui à ceux qui s'obstinent dans leurs fautes ; ils seront convoqués devant une assemblée et exclus du métier.
11e point : Un maçon doit corriger aimablement ceux dont le travail est défectueux.
12e point : En assemblée, les maîtres, compagnons, commanditaires et dignitaires locaux s'accorderont pour faire respecter les lois du métier.
13e point : Le maçon ne doit pas voler, ni être complice d'un voleur.
14e point : Le maçon doit jurer fidélité à son maître, à ses compagnons et à son roi.
15e point : Celui qui transgresse un de ces articles sera convoqué devant une assemblée. S'il persiste dans sa faute, il sera interdit de métier, mis en prison, et verra ses biens confisqués.
… ces quatre saints martyrs,
Qui dans ce métier furent tenus en grand honneur,
Ils étaient aussi bons maçons qu’on puisse trouver sur terre,
Sculpteurs et imagiers, ils étaient aussi,
Car ils étaient des ouvriers d’élite,
L’empereur les tenait en grande estime ;
Il désira qu’ils fissent une statue
Qu’on vénérerait en son honneur ;
En son temps, il possédait de tels monuments,
Pour détourner le peuple de la loi du Christ.
Mais eux demeuraient fermes dans la loi du Christ,
Et dans leur métier sans compromis ;
Ils aimaient bien Dieu et tout son enseignement,
Et s’étaient voués à son service pour toujours.
En ce temps-là, ils furent des hommes de vérité,
Et vécurent droitement dans la loi de Dieu ;
Ils n’entendaient point fabriquer des idoles,
Quelque bénéfice qu’ils puissent en retirer,
Ni prendre cette idole pour leur Dieu,
Ils refusèrent de le faire, malgré sa colère ;
Car ils ne voulaient pas renier leur vraie foi,
Et croire à sa fausse loi,
L’empereur les fit arrêter sans délai,
Et les mit dans un profond cachot ;
Plus cruellement il les y punissait,
Plus ils se réjouissaient dans la grâce de Dieu,
Alors, quand il vit qu’il ne pouvait plus rien,
Il les laissa alors aller à la mort ;
Celui qui voudra, trouvera dans le livre
De la légende des saints,
Les noms des quatre couronnés.
Leur fête est bien connue,
Le huitième jour après la Toussaint.
(Traduction de Mme E.M. de Carlo)
Source : http://www.fm-europe.org/pages/fr/regius.htm
Source : http://www.fm-europe.org/pages/fr/regius.htm
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires
Vous devez être connecté pour commenter