• * Le partage du pain

     Le partage du pain 

    Introduction

    Pour beaucoup de Loges, les agapes fraternelles se réduisent un peu trop souvent à un dîner qui suit la Tenue et où l'on se comporte davantage comme dans le monde profane. Pourtant la signification même du terme « agape » devrait faire réfléchir tout Franc-maçon. L'agape, c'est l'amour du sacré. Célébrer des agapes revient à vivre un banquet fraternel. Les agapes fraternelles ne sont pas un appendice de la Tenue mais son couronnement !

    Dans quelques Loges, surtout celles qui pratiquent le R.E.R., chrétien, faut-il le rappeler, au moment où les Frères passent à table, le Frère Orateur dit une prière de remerciement au G:. A:. D:. L:. U:. pour le repas que les Frères vont prendre ensemble.

    Dans d’autres Loges, au même moment, l’accent est mis sur le partage du pain, geste hautement symbolique auquel mon prédécesseur déjà avait souhaité, depuis le début de son mandat, réaccorder toute son importante. Ce geste, j’ai, à mon tour, souhaité le perpétuer en commençant les agapes.

     

    Le partage du pain

    Partager le pain ! D’où nous vient ce geste ? Il est pratiquement certain que le partage du pain nous vient de la « Dernière Cène » du Christ avec ses apôtres. La Cène est un terme issu du latin « cena » qui signifie « repas du soir ».

    Permettez-moi de vous rappeler que « la Cène » est en effet le nom donné par les chrétiens au dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres le soir du Jeudi saint, avant la Pâque juive, peu de temps avant son arrestation, la veille de sa crucifixion et trois jours avant sa résurrection.

    Dans le contexte de la Franc-maçonnerie opérative, qui partage le pain ? C’est essentiellement le Compagnon. Pourquoi ? Tout simplement parce que « Compagnon » est un mot français qui, littéralement, désigne « celui avec qui l'on partage le pain ». Compagnon vient du mot latin « companis » ou de l’expression « cum panis », « avec le pain » et par extension « qui partage le pain ». Le but du compagnon est de partager son pain avec ses frères et sœurs, au sens propre comme au figuré.

    Les compagnons partagent entre eux tous les bienfaits qu'ils reçoivent de la vie car ils savent que ces bienfaits leur sont transmis par le G:. A:. D:. L:. U:. pour qu'ils puissent venir en aide aux autres.

    Le mot « Compagnon » est apparu en 1080. Est donc considéré comme compagnon celui avec qui on partage le pain. Le pain est fabriqué avec le blé issu de la terre unie à l’eau tombée du ciel. Il est pétri par les mains de l’homme et cuit au feu. Cet aliment présente ainsi une richesse symbolique extraordinaire et est devenu synonyme de nourriture. D’où les expressions de « pain quotidien » et de « gagner son pain ». Outre sa racine étymologique, le mot « compagnon » trouve son origine dans cette fraternité des métiers que l’on appelle « le Compagnonnage ».

    Le Compagnonnage est, avant tout, une association d’ouvriers dont le but est la transmission d’un métier, non seulement dans ce qu’il a de purement technique, mais également dans ce qu’il a de formateur.

    Depuis toujours il vise l’accomplissement complet de l’individu grâce au perfectionnement de sa valeur professionnelle, à l’éducation de son caractère, à la solidarité et à la fraternité rencontrées tout au long du grand voyage que doit effectuer tout compagnon et qui a pour nom le « Tour de France ».

    Le compagnon est par définition celui qui partage le savoir dans le métier que l’on pratique, avec qui l’on vit non seulement les joies et les peines dues à cette activité professionnelle, mais aussi une certaine éthique et une idée bien précise de l’entraide. Avec le compagnon, on rompt le pain, on boit l’eau tirée du puits, on participe aux travaux de la vie quotidienne.

     

    Approche symbolique du partage du pain

    Le pain est considéré depuis toujours comme le révélateur d'une société en bonne santé, et conséquemment, d'une famille et de son foyer de même. Dans l'Histoire, de l'Antiquité à nos jours, il est l'élément de base pour rassembler les hommes et les amener vers la paix plutôt que de les diviser par la faim.

    Dans la plupart des religions, le pain est au centre des célébrations. Il est, dans chacune, partagé avec les amis, la famille, en guise de présent mais aussi de confiance et de volonté de pacifisme envers tous. Chez les Juifs, il est trempé dans l'eau puis saupoudré de sel pour porter bonheur aux mariés.

    Le partage du pain est une constante dans la religion chrétienne : au cœur du foyer, il sera le symbole que le couple et leurs enfants ne manqueront de rien durant leur vie commune. Il est l’élément essentiel au tissage de liens.

    Longtemps le pain a été la nourriture essentielle de l'homme, surtout dans les campagnes. Le pain est un aliment suffisamment riche pour donner à l'homme l'énergie physique dont il a besoin. C'est la raison pour laquelle, sous une forme ou sous une autre, toutes les civilisations ont élevé le pain à la hauteur d'un symbole de vie, l'ont considéré comme la marque de la générosité des dieux et des déesses envers lui.

    Le pain est le symbole du travail de l'homme sur terre bien que ce sont avant tout les céréales qui en constituent la base. Le pain est, pour de nombreuses religions, un élément fondamental, symbole de vie et de don. Ce caractère sacré en fait un aliment différent des autres. On a aussi l'habitude de faire référence au pain pour exprimer deux concepts humains : le travail et l'amitié.

    Permettez-moi de conclure en vous disant qu’il me paraît donc assez logique que la Franc-maçonnerie spéculative ait récupéré ce geste car pour moi, le partage du pain est un signe d’hospitalité et d'amitié. Il ne peut que renforcer nos liens de fraternité. Le partage fraternel du pain est chargé d’un symbolisme qui nous invite à pratiquer davantage la charité, manifestation de l’Amour véritable. Puissions-nous donc tout à l’heure partager le pain de manière solennelle en nous souvenant de la signification de ce geste !

    R:. F:. A. B.


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