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* Planche accompagnant ma première demande d'augmentation de salaire
Planche d'augmentation de salaire
L'heure est venue de dresser le bilan de cette première année passée en votre très chaleureuse compagnie.
Pour établir ce bilan d'une année d'apprentissage, il m'a paru important de vous retracer le chemin déjà parcouru et de vous livrer les réflexions essentielles que chaque étape m'a suscitées.
APRES MON PASSAGE SOUS LE BANDEAU
De mon passage sous le bandeau, cérémonie qui, je pense, fait partie intégrante du processus initiatique, je souhaiterais brièvement évoquer une des questions qui me furent posées, à savoir si ce n'était pas uniquement la curiosité qui m'avait amené au seuil de cet Atelier.
A l'époque de mes premières approches de la Franc-maçonnerie, vers 1975, je n'avais qu'une très vague idée de la voie maçonnique et il me paraît encore normal aujourd'hui que, comme pour toute notion nouvelle à laquelle un être humain porte un minimum d'intérêt, la curiosité se manifeste naturellement et se transforme progressivement en un besoin de plus en plus affirmé qui devient une motivation profonde.
En effet, tel est bien le sentiment réel que j'éprouve aujourd'hui. Je me sens chaque jour un peu plus motivé pour vivre l'Initiation effective, c'est-à-dire persévérer dans la voie initiatique. La compréhension progressive des rites et des symboles de la Franc-maçonnerie constitue pour moi un sujet d'un très grand intérêt et la réussite d'une fraternité sincère fait partie de mes soucis quotidiens.
Les questions qui m'ont été posées lors de ces premières épreuves m'ont fait comprendre que j'ai avant tout des devoirs précis envers moi-même : la sincérité, la simplicité et l'obligation de me montrer tel que je suis !
C'est vers 1983 que j'ai éprouvé la nécessité de m'informer davantage par la lecture et que j'ai perçu les conditions morales indispensables pour entrer dans l'ordre : la disponibilité, une ouverture suffisante de l'esprit et la volonté de se remettre en question.
Cet idéal vers lequel l'homme peut tendre m'a profondément marqué au point de faire mien cet objectif et de commencer dès cette époque un travail d'amélioration de moi-même.
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Il m'a fallu attendre très longtemps pour que les premières démarches concrètes se produisent. Mais j'ai voulu mettre à profit tout ce temps pour réfléchir davantage à cet idéal et à entreprendre ce véritable travail de remise en question. Est-ce là la raison pour laquelle aujourd'hui j'éprouve autant de doute et le désagréable sentiment de n'avoir pas beaucoup changé ?
Lorsque j'ai rencontré mon premier parrain en 1995, j'ai eu l'impression que mon initiation commençait car cette rencontre stimulante constituait un réel encouragement à progresser, à travailler sur moi-même, mais surtout à améliorer mes relations humaines qui, dans la vie quotidienne et profane, m'ont souvent mis en difficulté.
Mon passage sous le bandeau, le 11 octobre 1996, m'a permis de ressentir l'atmosphère très particulière d'un lieu sacré dont j'ignorais encore les lois.
Bien que cette épreuve soit généralement considérée comme assez pénible, il me semble, avec le recul, que l'ensemble des questions qui m'ont été posées m'a permis de faire une nouvelle fois le point quant à la pureté de mes intentions et je pense que ma sincérité a été appréciée puisque le 13 décembre 1996 je me retrouvais enfin parmi vous !
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APRES LA CÉRÉMONIE D'INITIATION AU GRADE D'APPRENTI
La cérémonie vécue ce jour-là m'a permis de vivre une initiation virtuelle, c'est-à-dire l'entrée dans la voie initiatique et, si elle m'a laissé entrevoir quelques symboles, le temps de travail assidu qui me reste à vivre ne me suffira probablement pas pour découvrir entièrement les quelques paysages spirituels et initiatiques que cette cérémonie m'a à peine dévoilés.
Ce jour-là, j'ai découvert le Pavé mosaïque, les deux Colonnes, les trois Piliers, le Tableau de la Loge... des symboles dont je connaissais l'existence, sans plus, mais sûrement pas le sens profond !
Au cours de cette belle cérémonie, j'ai découvert que nos Frères déjà Maîtres siégeaient tant sur la Colonne des Compagnons que sur celle des Apprentis, ce qui venait confirmer l'idée selon laquelle, même lorsqu'il est Maître, un Maçon apprend et s'initie encore et toujours.
De la façon dont vous m'aviez accoutré, j'ai compris que mon cœur était à découvert en signe de sincérité et de franchise, que mon genou droit était mis à nu pour marquer un sentiment d'humilité qui doit présider à la recherche du vrai, et que mon pied gauche était déchaussé car j'allais fouler pour la première fois les dalles sacrées du Temple.
Avec le recul de quelques semaines, je me suis rendu compte que la cérémonie d'Initiation reposait essentiellement sur les épreuves des quatre Eléments et le serment qui me lie dorénavant à la Franc-maçonnerie.
Cette Initiation m'a offert la possibilité de dépasser l'individu limité que j'étais dans le monde profane et de m'ouvrir à d'autres réalités. Elle a constitué un premier pas dans un monde nouveau où, d'une part, je découvre petit à petit un langage symbolique difficile à percevoir d'emblée et où, d'autre part, je tente d'acquérir jour après jour la maîtrise de moi-même avant de prétendre contribuer à l'épanouissement de mes proches voire d'autres hommes.
J'ai compris que c'est à partir du travail effectué dorénavant avec mes Frères, loin des passions et des désordres du monde extérieur, mais dans le secret de la Loge que je me transformerais d'une manière profonde.
C'est aussi grâce à ma participation active aux séminaires qui ont été organisés cette année, sous le regard bienveillant de nos deux «Second Surveillants» successifs et avec la collaboration efficace de mes Frères Apprentis que j'ai pu approcher le sens de quelques symboles.
Le brusque passage de la rue dans le Temple n'a effectivement pas suffi pour faire de moi un Maçon. C'était à moi de savoir ce que je comptais faire de l'initiation que je venais de recevoir. Les épreuves subies ne sont que l'introduction à l'Initiation réelle, processus continu : elles m'ont implicitement enseigné comment je pourrais devenir Franc-maçon. La qualité de Maçon ne s'acquiert en effet que par un patient effort de perfectionnement individuel. Cette démarche symbolique visait donc à transformer ma nature de profane et à contribuer à une mutation interne.
Je n'ai pas considéré l'Initiation comme une simple cérémonie. Je pense y avoir mesuré ce qui est exigé de moi : subir un face à face décisif avec moi-même, laisser s'opérer en moi un ébranlement profond, me livrer entièrement pour parvenir à me voir tel que je suis réellement, me mettre en état de percevoir en moi-même un événement fondamental : ma mort au monde profane et ma naissance en tant qu'Apprenti Franc-maçon.
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Les étapes successives symbolisées par les quatre Épreuves et les trois Voyages m'ont invité à prendre conscience que le chemin à parcourir pour devenir un digne Maçon est long, obscur, angoissant et semé d'embûches. Et ce n'est qu'avec persévérance, en surmontant les obstacles, en vainquant le doute par la raison que je pourrai peut-être arriver à en percevoir la fin.
Tel me semble le message que m'a suggéré la cérémonie de Réception qui détermine les étapes et m'indique le sens de l'action dans lequel je me dois de travailler pour m'élever inconsciemment vers des plans supérieurs.
Quant au rituel auquel j'ai été invité à me soumettre, il me dictera continuellement mon devoir et m'incitera à l'accomplir sans défaillance.
Depuis lors, avant de franchir la porte du Temple, j'ai appris à revêtir des Gants blancs et un Tablier blanc en peau d'agneau, insignes de mon grade d'Apprenti qui me rappellent que le TRAVAIL - source de joie - est l'objet exclusif des réunions maçonniques.
Le fait de revêtir ces deux emblèmes de pureté et de travail m'a jusqu'à présent aidé à me souvenir que je suis voué aux durs travaux d'édification du Temple de l'Humanité.
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APRES AVOIR ACCOMPLI MON PREMIER TRAVAIL
Le 13 décembre 1996 j'ai aussi accompli ce qu'il est convenu d'appeler mon « premier Travail ».
Agenouillé devant le Tableau de Loge, je me trouvais en présence de trois éléments : une pierre brute, un maillet et un ciseau.
Invité à imiter le geste du Frère Maître des Cérémonies, je tenais d'une main le ciseau, placé sur la pierre à tailler, et de l'autre, je frappais le maillet au rythme du signe et des pas de mon grade.
C'est par l'action du Maillet que le Ciseau peut entailler la Pierre brute selon l'impulsion que je me sens capable de lui donner. La Pierre brute, c'est le matériau premier de la Maçonnerie qu'il faut tailler, façonner, appareiller de sorte qu'elle puisse s'incorporer à la Maçonnerie, à l'édifice, au Temple.
J'ai rapidement compris que la Pierre brute est le symbole de l'Apprenti encore ignorant mais disponible.
La Pierre brute, c'est mon symbole, c'est moi-même, avec toutes les imperfections de mon esprit et de mon cœur, que je dois m'appliquer à corriger.
Par l'Initiation maçonnique qui est une renaissance, je me débarrasse progressivement de tout ce que la société a pu m'apporter d'artificiel et de mauvais. Je retrouve ma liberté de penser.
Avec les outils que l'Atelier me procure - à ce stade le ciseau et le maillet - je me suis mis à tailler moi-même ma pierre et j'espère parvenir à la rendre parfaite à mon gré.
Quant à la Pierre cubique ou hexaèdre, elle est le chef d’œuvre que je dois réaliser avec le Maillet, le Ciseau et l’Équerre. Cette pierre cubique est là pour m'éclairer, tel un phare, dans ma progression quotidienne.
La Pierre cubique serait la représentation de la perfection intellectuelle et spirituelle que je dois m'efforcer de réaliser en moi dès que possible, mais surtout une fois parvenu au grade de Compagnon. Elle pourrait donc être un guide, une borne, en tout cas un point de ralliement.
Quant à la Pierre cubique surmontée d'une pyramide et d'une hache, elle représenterait l'idéal maçonnique. Cet instrument pourrait aussi indiquer qu'il faut ouvrir la Pierre, la fendre afin d'arriver à son contenu, à son ésotérisme.
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Le Maillet symbolise pour moi ma volonté d'Apprenti, active, ferme et persévérante. Pour agir sur la matière, sur la Pierre brute, c'est-à-dire sur moi-même, j'utilise le Ciseau, outil passif, comme intermédiaire. Mais le Ciseau doit souvent être affûté, c'est-à-dire que je dois sans cesse revoir les connaissances acquises, les employer pour que mon intellectualité reste active.
Ce premier Travail, je l'ai donc accompli à l'Occident, au point de départ d'un long chemin qui mène à l'Orient d'où jaillit la Vraie Lumière, à l'Orient où se trouve la pierre taillée, celle qui symbolise le travail effectué, toute chose acquise, vérifiée et exemplaire. Ce long chemin qu'il me faut parcourir, c'est celui du progrès à accomplir sur moi-même ; c'est la connaissance de moi-même.
Ce premier geste était destiné à me faire prendre conscience que le travail est le cœur de mon ascension personnelle vers la Lumière. Par le geste du « premier Travail », j'ai compris que j'étais assimilé à une Pierre brute, une matière qu'il m'a fallu façonner tout au long de cette première année et qu'il me faudra sans doute encore traiter très longtemps pour lui donner une forme harmonieuse qui pourra s'intégrer dans le Temple en perpétuelle construction.
Nul ne peut prévoir si l'Apprenti que je suis arrivera au bout de ses peines car le but défini, c'est de transmuer cette Pierre brute en une pierre vivante avec laquelle l'Initié élève des temples.
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Après avoir accompli ce « premier Travail », j'ai eu l'occasion d'étendre un peu mes connaissances en étudiant quelques symboles. J'ai tenté d'en dégager quelques principes moraux afin d'améliorer mon comportement quotidien. Je souhaiterais ainsi vous faire part de mes réflexions succinctes à propos du Pavé mosaïque, du Fil à plomb, du Niveau, de l’Équerre, du Compas, des Nombres DEUX et TROIS ainsi que du Nombre d'Or.
A PROPOS DE QUELQUES SYMBOLES
1. A propos du Pavé mosaïque
Avec la « chaîne d'union », la « houppe dentelée » et les « graines de grenades », le Pavé Mosaïque me rappelle régulièrement que tous les Maçons répandus sur la terre forment une famille de Frères.
Le Pavé Mosaïque m'est apparu comme l'image de l'objectivité, de l'équilibre entre de nombreux antagonismes.
Personne ne peut se prévaloir d'avoir des conceptions définitives car la vérité est fuyante et insaisissable. Toute connaissance est donc relative. C'est pourquoi il m'a semblé que la méditation sur le Pavé Mosaïque permet d'élargir l'esprit, de libérer et d'élever le niveau de notre réflexion.
En ce sens le Pavé Mosaïque constituerait une clef pour la réflexion symbolique car il indiquerait au véritable Initié qu'il se doit de découvrir l'étroite ligne droite sur laquelle il devra se maintenir en équilibre constant entre la dalle noire et la dalle blanche et avancer ainsi, plus sûr de lui, vers la lointaine Vraie Lumière.
De ces quelques réflexions, j'ai tenté de m'imposer quelques règles de conduite : le Pavé Mosaïque m'invite quotidiennement à la recherche de la plus grande objectivité dans mes jugements.
Il s'agit donc de ne plus me laisser émouvoir par les apparences et la violence des contrastes perçus par mes cinq sens mais de prendre conscience de la relativité générale.
Il me semble dès lors qu'une prise de conscience progressive de cette relativité générale, c'est :
- me mettre à réviser les valeurs du monde profane et à rejeter mes préjugés ;
- me libérer des enseignements définitifs du présent ;
- acquérir une sage pondération en toute chose ;
- admettre provisoirement l'existence de vérités tout en cherchant LA Vérité ;
- naître enfin à la tolérance qui est la qualité spécifique du Franc-maçon.
2. A propos du Fil à plomb et du Niveau
Le Fil à plomb symbolise pour moi
- l'adaptation permanente que doit effectuer l'esprit du Franc-maçon vis-à-vis des sujets qu'il aborde dans sa recherche initiatique : vers le bas, pour rectifier les erreurs et s'adapter au quotidien ; vers le haut, dans des visées plus épurées et spirituelles ;
- la rectitude dans tout jugement,
- la sérénité, le bon usage de nos facultés,
- la vérification et la profondeur dans l'observation mais surtout la maîtrise de soi.
Dès lors, dans mon travail d'Apprenti, ce symbole m'a jusqu'à présent incité
- à vérifier des affirmations exprimées pour élaborer mes vérités provisoires, pour aimer la vérité, travailler pour la faire progresser et tendre vers LA VÉRITÉ sans doute inaccessible ;
- à faire le meilleur usage possible de mes facultés intellectuelles et de mes possibilités relationnelles ;
- à rester calme en toutes circonstances, à tendre vers la sérénité et à fuir le tumulte et l'agitation ;
- à être plus prudent dans mes jugements, c'est-à-dire à prendre assez de recul pour évaluer toute situation, pour approfondir la vérité et pénétrer jusqu'à son cœur.
L'expression « Vaincre mes passions » ne résumerait-elle pas tout ce que le Fil à plomb me suggère ?
Le Fil à plomb me semble là pour nous empêcher de dévier ou du moins pour nous rappeler régulièrement la nécessité de la droiture de notre comportement et de nos jugements.
Il m'incite surtout à DESCENDRE AU PLUS PROFOND DE MOI-MÊME pour y chercher la Lumière, c'est-à-dire pour y découvrir ce que je suis vraiment.
Quant au Niveau, il me fait penser à la pratique de la tolérance, de la fraternité entre Frères capables de faire abstraction de leurs différences physiques, sociales, culturelles...
Bien que le Niveau soit l'outil privilégié du Compagnon, pourquoi l'Apprenti ne pourrait-il pas déjà essayer de s'en servir et de mettre ces vertus de tolérance et de fraternité en application ?
Pour pouvoir travailler en vue de mon élévation spirituelle il me faut avant tout obtenir des connaissances solides, bien établies, construites par mes recherches personnelles en moi-même, par mes lectures dans la littérature maçonnique, par l'écoute attentive des points de vue exprimés par mes Frères et par les ajustements proposés par notre Surveillant.
Le Niveau m'incite à considérer toutes choses avec suffisamment de recul, avec le même calme, avec une égale sérénité, dans leur valeur relative, avec mesure et tolérance.
Cela signifie pour moi que j'ai à participer en toute modestie aux travaux de la Loge, toujours à la recherche de la vérité et que je n'ai pas à vouloir affirmer ni prouver que j'ai raison car, loin d'être parfait, je pense à tout moment pouvoir me tromper.
3. A propos de l’Équerre et du Compas
L’Équerre représenterait l'action de l'Homme sur la Matière et l'action de l'Homme sur lui-même.
Outil de la création, outil de la rigueur, le compas symbolise la justesse de l'Esprit, l'Esprit lui-même qui se manifeste, sous l'aspect de la géométrie.
En associant l’Équerre et le Compas, on peut deviner la présence d'un autre symbole, le Pentagramme ou Etoile Flamboyante. Il s'agit d'un symbole d'une ampleur extrême dont le Compagnon doit scruter tous les mystères.
Mais chaque chose en son temps !
Pour le moment, c'est encore de la Perpendiculaire dont je vais me servir pour descendre au fond de ma conscience et vous livrer en tant que modeste Apprenti mes réflexions personnelles à propos de ces deux symboles.
Instrument mobile, le Compas représente pour moi la mesure et la rigueur dans la recherche et dans l'action, la recherche de l'exactitude qui devra toujours régler mes pensées et mes actions. Il symbolise donc l'acte réfléchi et contrôlé.
Dès lors, il me semble que le Compas m'incite à agir avec mesure et prudence, à réfléchir avant d'agir. Plutôt que de l'utiliser symboliquement à tracer des limites autour de moi, je préférerais m'en servir pour élargir le champ de mes relations fraternelles.
Instrument fixe, indispensable pour transformer la Pierre brute en Hexaèdre parfait, l’Équerre symbolise pour moi la droiture morale, la rectitude dans l'action, l'incitation à parfaire le travail entrepris.
Je pense que la présence de l’Équerre sur le Volume de la Loi sacrée doit me rappeler la finalité - toute provisoire - de mon travail d'Apprenti : devenir une pierre bien taillée.
Elle m'incite à bien me former, à être droit dans mes actions, de sorte que je sois apte à participer à l'édification du Temple idéal dont je devrais devenir une des pierres parfaites.
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4. A propos du Nombre DEUX
Après avoir approché le symbolisme du Pavé mosaïque, j'ai perçu la complémentarité des deux colonnes. Indissolublement liées, elles font initiatiquement du terme DEUX, du Binaire, le principe fondamental de l'existence du monde sensible et de la vie du genre humain.
Un peu mieux familiarisé avec les mystères du nombre DEUX, j'ai pu me rendre compte que la vie n'est qu'un mouvement d'oscillation permanente entre deux pôles : action - réaction.
L'approche du symbolisme du Binaire m'a fait prendre conscience de ce mouvement perpétuel qui consiste à regarder tantôt à gauche, tantôt à droite. Cette oscillation mentale s'oppose logiquement à la stabilité, à l'équilibre parfait qui est virtuellement le lot du seul initié.
5. A propos du Nombre TROIS
En étudiant le nombre TROIS, j'ai compris qu'il a une importance fondamentale dans l'enseignement initiatique. Cela ne m'étonne guère puisque de tous temps ce nombre semble avoir revêtu aux yeux des hommes un caractère sacré.
Par l'étude du nombre TROIS, j'ai souhaité découvrir le symbolisme du Ternaire, notamment par une analyse de quelques triades significatives. J'ai constaté que le Ternaire s'impose à nous dans des domaines très divers parce qu'il réalise l'équilibre entre deux forces opposées ou complémentaires : l'actif et le passif.
De l'étude du nombre TROIS, j'ai observé que le Ternaire se retrouve partout au grade d'Apprenti : notamment dans mon âge qui est de trois ans, dans la marche qui comporte trois pas, dans la batterie qui se fait par trois coups et dans le nombre des marches du temple.
En ayant observé le Delta situé à égale distance des deux colonnes, j'ai pu remarquer que ces trois éléments présents dans la Loge forment un triangle. Le sommet de ce triangle est précisément le Delta qui se présente apparemment comme un point d'équilibre entre ces deux forces opposées que sont les deux Colonnes.
Que pouvais-je en retirer pour mieux comprendre la vie profane ?
Dans notre vie, tout progrès social ne semble se réaliser qu'à l'intersection d'au moins deux idéaux contradictoires. Il importe donc de ramener les divergences à l'équilibre. Pour ce faire, il nous faut traduire les forces en présence sous la forme d'un triangle, forme parfaite, équilibrée, précise, intégrale. Ce procédé nous permet donc de trouver un point de convergence, un point d'équilibre.
Il semblerait donc que seul ce qui apparaîtrait composé de trois termes serait susceptible de servir à notre édification personnelle, à notre accession au plan psychique, à la construction du Temple.
Si le Pavé mosaïque peut évoquer les notions très relatives de Bien et de Mal, le Delta nous permet de tendre vers l'équilibre en les ramenant à une commune mesure : le JUSTE.
Le JUSTE prend dès lors sa place à la base du triangle et apporte des notions de mesure, de tolérance, d'égalité, d'impartialité que symbolise aussi le Niveau ou Horizontale parfaite.
J'en ai donc déduit qu'il importe qu'en toutes circonstances nous recherchions ce troisième terme, le troisième terme qui convienne car il a un rôle précis à jouer : il doit pouvoir ramener le Binaire à l'Unité.
Mais la reconstitution d'un ternaire parfait est toujours délicate et souvent difficile. Il se peut même qu'elle dépasse parfois nos possibilités !
6. A propos du Nombre d'Or
Au cours d'un séminaire consacré au Nombre d'Or, je me suis demandé pourquoi ce sujet pouvait alimenter notre réflexion maçonnique.
Il a cependant réveillé ma curiosité à l'égard de notre environnement naturel et esthétique puis provoqué mon étonnement au sujet du Carré long qui est en fait un rectangle de proportion dorée. Le Nombre d'or pythagoricien détermine en effet la dimension idéale du Temple. Ce sujet m'est finalement apparu pleinement justifié et j'ai pris la décision de l'approfondir.
La longue étude à laquelle je me suis livré à propos du Nombre d'or devrait sans doute m'aider à mieux comprendre et apprécier des symboles plus complexes tels que ceux que l'on rencontre au grade de Compagnon.
Je songe notamment au Pentagramme ou Etoile Flamboyante en rapport direct avec le Carré long. C'est en admettant que l'Etoile Flamboyante est le centre d'où part la Vraie Lumière que l'on comprend mieux toute l'importance que revêt le Nombre d'or.
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NOTRE MISSION
Franc-maçon, je pense avoir reçu, comme tous mes Frères, la mission - désirée - de collaborer à l'amélioration du monde, de tout ce qui le compose et à commencer par moi-même, par nous-mêmes.
L'essentiel depuis lors est de ne pas rester inactif et immobile. A chaque tenue, Vénérable Maître, vous nous invitez au travail. Et cette idée de travail englobe plusieurs domaines de l'activité humaine : l'instruction et la réflexion, la recherche et l'expérimentation, la méditation et l'action.
Les « planches » que nous avons réalisées au cours des séminaires en sont une manifestation tangible. Avant la rédaction de chaque planche, je me suis imposé des lectures intéressantes. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir à m'instruire, à réfléchir au sens des symboles et des rites, à méditer et à mettre progressivement en pratique les règles comportementales que ces recherches m'ont inspirées.
Voici ce que je pense en avoir retiré. L'initiation maçonnique, qui se poursuit depuis la cérémonie d'initiation jusqu'au jour de notre passage à l'Orient éternel, a pour objet la réalisation de notre personnalité, notre libération et notre participation à la vie universelle.
Sur le plan social, cette initiation tend à instaurer une morale universelle valable pour tous les hommes, une morale faite de règles de vie et d'actions positives. Convivialité, partage, fraternité, tolérance sont des vertus que j'essaie de mettre en pratique chaque jour.
Cette initiation continue nous amène progressivement, notamment par une participation régulière et active aux tenues et par la compréhension du sens des symboles et des rites à la connaissance de la Loi qui préside aux phénomènes de l'esprit et de la matière.
Les Initiés ne peuvent vouloir que ce qui est conforme à la Loi.
Par la conjonction des volontés de tous les initiés, la Loi permettra à la paix et l'harmonie de régner dans le monde.
Au-delà de notre ascèse personnelle, tel me semble l'objectif final et collectif que nous poursuivons, nous Francs-maçons.
Cet objectif ne peut être perçu que par des Initiés en raison du secret nécessaire qui entoure l'initiation. Et ce secret maçonnique, selon moi, c'est celui qui est au fond du cœur de chaque Franc-maçon, un secret inviolable parce qu'il est incommunicable : seul un initié sait s'il est ou s'il n'est pas un initié.
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Après avoir examiné, au cours de cette première année en Franc-maçonnerie, la plupart des symboles qui composent le tapis de loge d'apprenti, je me suis rappelé ce que je suis venu chercher en Franc-maçonnerie et ce que j'ai demandé en y entrant à savoir LA LUMIÈRE ! Je voudrais pour terminer vous faire partager mes impressions à ce sujet.
LA RECHERCHE DE LA LUMIÈRE
L'objet premier de la Franc-maçonnerie, ce serait donc la recherche de la Lumière, la conquête de la connaissance, l'Eveil, l'état de l'homme qui agit au lieu de réagir.
Il me semble avoir compris pourquoi le plafond de notre Temple maçonnique est orné d'une peinture représentant un ciel d'un bleu profond illuminé d'une foule d'étoiles dorées et scintillantes : chaque étoile symboliserait comme une victoire de la lumière sur l'obscurité et du savoir sur l'ignorance.
C'est pourquoi nous, Francs-maçons, dans notre trajectoire initiatique tournée vers l'éveil et la recherche de la pureté, nous pouvons nous apparenter ou nous identifier à l'une d'elles.
Chacun d'entre nous n'est qu'un individu isolé, qui brille de sa propre lumière. Mais tous les Maçons réunis dans leur fraternité forment un ciel constellé de lumières qui sont autant de luminaires pour éclairer le monde.
Le Franc-maçon, par son savoir et la connaissance que lui confère la Lumière lors de l'Initiation, maîtrise les éléments naturels.
C'est sans doute pour ces raisons que les cérémonies d'allumage et d'extinction des flambeaux revêtent une telle importance lors de chaque tenue dans notre loge.
Éclairer celle-ci à l'aide des luminaires, c'est faire pénétrer dans ce lieu consacré à la fois la lumière de la vie et les Lumières de l'Initiation.
MES CONCLUSIONS PROVISOIRES
Voici enfin venu le moment de conclure, mais incontestablement, d'une manière toute provisoire !
Si le but suprême de la Franc-maçonnerie est la recherche de la Lumière, encore faut-il donner un sens plus personnel à cette expression.
Que suis-je venu faire parmi mes Frères ? Chercher la Lumière ?
Pourtant je n'ignore pas qu'elle ne se confère point !
Que peut-elle être ? Certains y croient et l'appellent «Dieu». D'autres pensent la détenir et l'appellent «Raison». Enfin certains la devinent et la cherchent : ils l'appellent «la Vérité».
Pour moi, la Lumière, c'est la connaissance de soi.
C'est en nous-même qu'elle se trouve et qu'elle apparaîtra une fois que nous serons sortis des Ténèbres.
Ce qui importe donc finalement, c'est sans doute moins de trouver mais surtout de CHERCHER.
Pour pouvoir travailler en vue de mon élévation spirituelle, il me faut construire mes connaissances par mes recherches personnelles, par l'introspection, par l'écoute attentive des points de vue exprimés par mes Frères et des ajustements de notre Surveillant.
Pour pouvoir participer à l'amélioration du Monde et des Hommes en particulier, il me faut en premier lieu songer à mon perfectionnement personnel, à devenir une Pierre bien taillée, adaptable dans l'édification du Temple idéal dont nous devrions tous devenir les pierres parfaites.
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Pour terminer ce bilan d'une première année d'apprentissage, j'aimerais citer Edouard Plantagenet, un auteur qui m'a déjà beaucoup guidé dans mes réflexions. L'extrait qui suit [1] m'a particulièrement plu et j'aimerais vous en faire profiter :
- « Hantez les forêts, mes frères ! Car ce n'est qu'ainsi que vous pouvez espérer voir, un jour, sourdre en votre âme une première lueur de cette Lumière qu'ici vous êtes venu chercher, qui intensément vous entoure mais que vous ne pouvez percevoir car vous n'êtes pas encore sortis des ténèbres de vous-même. Mais les ténèbres ne sont point éternelles :
- à force de PARLER de la Lumière, l'aveugle finit par oublier sa cécité ;
- à force de CROIRE à la Lumière, l'aveugle finit par s'imaginer qu'il voit ;
- à force de CHERCHER la Lumière, l'aveugle finit par la trouver,
et c'est alors, mais alors seulement, en vérité, que le Temple s'éclaire et que nous pouvons dire que l'Ordre Universel de la Franc-maçonnerie compte un Maître de plus. »
A. B.
[1] Edouard Plantagenet - Causeries initiatiques pour le travail en loge d'apprentis - p. 37 et 38
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