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* Approche du symbolisme des épées
Par Chemin47 dans Approche de quelques symboles du 1er degré au Rite moderne (belge) le 30 Juin 2016 à 15:28Approche du symbolisme des épées
Introduction : les épées dans le matériel de la Loge
Pour se livrer à leurs Travaux rituels, les Francs-maçons réunis en Loge ont besoin, non seulement d’un mobilier spécifique, mais également de divers objets, parmi lesquels on trouve notamment des épées.
Pourquoi ces épées dans la Franc-maçonnerie ?
Que viennent faire ces armes blanches dans nos confréries qui se veulent pourtant affranchies des servitudes du profane ?
Tout est symbole, dit-on. Tout n’est-il que symbole ?
Ce symbole n’en porte pas moins sens. Si tout symbole est libre d’interprétation par chaque Frère, il n’empêche que l’épée porte en elle son pouvoir, sa charge de signification que l’on ne peut nier.
Commençons par évoquer la présence de l’épée dans l’histoire et voyons comment et quand elle est apparue dans la Franc-maçonnerie.
Quelles sont les origines de l’épée ?
A l’origine l’épée est une arme et sert à combattre. C‘est avant tout un symbole militaire. C’est aussi un symbole royal et chevaleresque marquant le pouvoir et la noblesse du personnage.
L’épée dans les légendes
Quelques légendes sont attachées à l’épée. Dans cette tradition chrétienne, l’épée est une arme de noblesse appartenant aux chevaliers et aux héros. Leurs épées sont personnalisées et portent souvent un nom : « Joyeuse » pour Charlemagne ; « Durandal » pour Roland ; « Nothung » pour Siegfried, et la fameuse « Excalibur » du roi Arthur dans la légende des Chevaliers de la Table Ronde…
… sans oublier l’épée de Perceval (qui ne semble pas avoir de nom et qui apparaît dans le Conte du Graal, cinquième roman de Chrétien de Troyes). La Vierge du Graal, la remet à Perceval. La Dame par sa puissance spirituelle, possède le pouvoir de la ressouder.
L’épée représente la part agissante du chevalier, symbole à la fois de rectitude et d’efficience. A l’épée merveilleuse qui fut donnée à Perceval au château du roi Pêcheur à l’aube de sa quête, alors même qu’il allait se trouver affronté à sa première grande épreuve en présence du cortège du Graal, répond cette autre épée extraordinaire devant laquelle Galaad, l’autre héros de la quête, marquera prudence et respect.
Dans le domaine des arts, de nombreuses peintures et sculptures représentent de nobles guerriers le bras armé d’une épée tel saint Georges terrassant le dragon.
Rappelons encore la place prépondérante qu’occupe l’épée au cours du Moyen Age dans le cadre des tournois et des croisades.
Les épées dans l’histoire de la Franc-maçonnerie
L’histoire de l’introduction de l’épée dans certains rituels maçonniques est une excellente illustration du fait que les usages maçonniques ne se comprennent bien souvent qu’en fonction du contexte culturel qui les a vus naître. Et ces contextes, dès le 18ème siècle, différaient beaucoup de part et d’autre de la Manche.
En Grande-Bretagne, de nos jours encore, l’usage de l’épée est tout simplement prohibé en loge. Elle n’y fait jamais son apparition au cours d’une cérémonie quelconque et aucun Frère n’en porte une, ni à la main, ni au côté.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Lorsque la Franc-maçonnerie spéculative a fixé ses usages, au début du 18ème siècle, l’Angleterre sortait de près de 150 ans de guerres civiles, politiques et religieuses, qui avaient ensanglanté le pays. Avec l’établissement de la dynastie de Hanovre et l’échec des tentatives de restauration des Stuarts, le calme pouvait revenir. Les Loges contribuèrent à cet esprit nouveau. On insista sur le fait que les polémiques politiques et religieuses n’y auraient jamais droit de cité… et que l’épée, symbole des luttes fratricides que l’on ne voulait plus revoir, en serait bannie !
Mais lorsque la Franc-maçonnerie franchit la Manche, il en fut tout différemment. En France, la distance sociale entre les nobles et les roturiers se marquait notamment par le port de l’épée, réservée aux nobles – sauf pour les militaires de métier.
Du point de vue historique, l’emploi de l’épée dans les Loges maçonniques date du 18ème siècle, c’est-à-dire dès l’origine de la Maçonnerie spéculative. Cette mesure fut prise en vue d’appliquer dans les loges les principes d’égalité qui exprimaient alors ceux de la liberté.
Dès 1737, on rapporte qu’à Paris, l’usage de l’épée dans la Loge du « Grand Maître » – le jacobite Derwentwater – avait ému les Frères parisiens dont certains s’étaient élevés contre cette « innovation ». C’en était une, assurément, mais elle fut pourtant rapidement adoptée par tous les Maçons français, car ces derniers purent lui donner une sens qui n’aurait pas été acceptable de l’autre côté de la Manche. Du coup, l’épée se chargea de significations nouvelles : ordinairement placée sur l’Évangile qu’on disposait sur le plateau du Vénérable, c’est sur cet ensemble que les candidats prêtaient leur serment. On leur indiquait alors que l’épée sur laquelle reposait leur main était aussi « un symbole de l’honneur ».
Dans les plus anciennes divulgations maçonniques françaises, imprimées à partir de 1744, il était explicitement précisé que, dans le cadre idéal de la Loge, et pour le temps de ses Tenues, tous les Frères devenaient égaux. Mais on fit choix de l’égalité « par le haut ». Tous les Frères étant réputés gentilshommes, tous furent appelés à porter l’épée, qu’ils fussent nobles ou non « à l’extérieur » !
L’épée, rappel d’affrontements civils intolérables en Angleterre, était devenue en France le signe de l’égalité fondamentale de tous les Maçons…
Chacun sait qu’au cours des années qui ont précédé la Révolution Française de 1789, un grand mouvement s’est éveillé en France, sous certains vocables dont les plus prestigieux ont été ceux de Liberté et d’Égalité. Plus tard, en 1848, viendra le mot Fraternité. Or, à cette époque, se trouvaient dans les Loges maçonniques des hommes de toutes origines, de toutes conditions sociales, lesquels se réunissaient sur un pied absolu d’égalité.
C’est ainsi que sous Louis XV, se réunissaient des aristocrates, et même des membres de la famille royale, des prélats, des bourgeois, des militaires, des artisans s’y côtoyaient, tous sans préséance ni distinction de rang.
Pour mieux marquer cette égalité, nos anciens ont eu recours à certains symboles que la Maçonnerie « moderne » a conservés, comme celui du port de l’épée, alors que dans la vie sociale seule la noblesse avait ce droit. C’est la raison pour laquelle, depuis cette époque, mais dans certains rites seulement, les Maîtres Maçons portent dans leurs Travaux et cérémonies cette épée qui était autrefois l’apanage des nobles. Aujourd’hui les Maîtres Maçons sont nobles par le cœur et par l’esprit.
Vers la fin du 18ème siècle, le Rite Écossais Rectifié (R.E.R.), le premier rite à formuler des rituels très précis et circonstanciés, stipulera que si tous les Frères portent l’épée, seuls les Maîtres la « manient ».
Sauf rare exception, nul ne se promenait plus une arme au côté sous la Restauration ! C’est pourquoi au 19ème siècle, la symbolique sociale de l’épée était nettement en recul. Son usage devint de plus en plus limité en Maçonnerie. L’épée ne restera plus que l’apanage de certains Officiers et ne sera utilisée par les Frères que dans des cas très particuliers, par exemple pour former une voûte d’acier (un usage dont l'origine n'est d'ailleurs pas maçonnique mais purement militaire). On les dispensera finalement de la porter en permanence. Mais de nos jours, certaines loges, notamment au R.E.R., ou encore au Rite Français Traditionnel, ont rétabli le port constant de l’épée par tous les Frères.
L’épée au R.E.R.
Le maniement de l’épée en Loge est très codifié par le Rite Écossais Rectifié. Dans ce rite, tous les Frères portent en effet une épée !
Ces épées, appelées « armes » dans le rituel de la cérémonie d’Initiation, sont tournées par les Frères contre le candidat. Elles sont « menaçantes » car elles désignent, d’après le rituel, « les dangers infinis qui environnent l’homme dans sa sombre demeure ». A ce moment de la cérémonie, les épées tenues de la main gauche et pointées vers l’Impétrant, sont associées par le texte du rituel à l’idée de « justice ».
Le Vénérable Maître précise au Récipiendaire :
« Vous avez aperçu d'abord les épées des Frères tournées contre vous, parce que l'Ordre ne s'était pas encore assuré de vos véritables dispositions. Vous voyez à présent les mêmes armes tirées pour votre défense, afin de vous convaincre que jamais l'Ordre ne vous abandonnera, Si vous conservez inviolablement l'amour de la Vertu, de la Sagesse et de vos Frères. »
Posée sur la Bible pendant toute la durée des Travaux, l’épée du Vénérable Maitre symbolise le pouvoir qui lui est confié, lequel étant fondé sur la Loi, sert de base aux Travaux des Frères.
L’Épée en Franc-maçonnerie
Il est bon de rappeler ce que les Loges ont fait des épées, qui sont maniées par le Vénérable Maître, l’Expert et le Couvreur. Ces deux derniers officiers tirent leur fonction de l’épée du Vénérable Maître : l’Expert utilise son épée pour la mise en œuvre des rituels et veiller à leur bon déroulement, et le Couvreur s’en sert pour protéger le Temple intérieurement et extérieurement.
Je tenterai d’examiner successivement :
- L’Épée flamboyante du Vénérable Maitre
- L’épée traditionnelle à lame droite
- L’Épée du Frère Expert
- L’Épée du Frère Couvreur
- L’Épée traditionnelle à lame droite
- L'Epée de justice
L’Épée flamboyante
L’Épée flamboyante, c’est l’épée du Vénérable Maître en chaire.
Bien que j’aie déjà disserté sur le symbolisme de l’Épée flamboyante dans une autre Planche publiée sur ce blog,
( Lien URL : http://chemin47.eklablog.net/l-epee-flamboyante-a117788342,
je voudrais rappeler que cette épée est constituée d’une lame sinusoïdale qui représente le mouvement ondulatoire de la flamme intérieure qui doit exister dans le tréfonds du cœur de chaque Maçon.
Cette Épée flamboyante a deux significations principales : celle de la création et celle de la purification.
En Franc-maçonnerie, l’Épée flamboyante sert principalement à la consécration de tout Récipiendaire. Cette épée n’est pas une arme mais un instrument de transmission. L’épée est tenue de la main gauche et le maillet en main droite, formant ainsi un symbole binaire féminin masculin.
Sa forme sinusoïdale à double tranchant peut être assimilée au caducée et sa forme ondulatoire rappelle le mouvement de la flamme ou du serpent symbole du savoir, de la pensée créatrice, de l’activité.
Le Vénérable Maitre montre au Récipiendaire le feu sacré de la véritable connaissance.
Quelle peut-être son origine ? La Bible dit qu’il s’agit de l’épée des chérubins qui gardent, à l’entrée du jardin d’Eden, le chemin qui mène à l’arbre de vie. On peut lire au chapitre trois de la Genèse, que Dieu chassa l’homme…
« Et plaça à l’orient du jardin d’Eden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie. » (Verset 24)
C’est du jardin d’Eden que nos premiers parents mythiques ont été chassés à coup d’épées tournoyantes par les chérubins qui leur barraient l’accès vers l’orient où se trouve le chemin qui mène à l’arbre de vie.
Ce passage de la Genèse est lourd de sens. Il nous parle des chérubins (de l’akkadien karâbu, prier, bénir).
Les chérubins sont des êtres célestes représentant la puissance créatrice investie de l’autorité divine. De ce fait leur rôle de « videur » du jardin d’Eden est tout à fait indiqué. Les chérubins ont pour mission de garder l’accès à l’arbre de vie, accès qui se situe à l’orient.
Alors, une autre interrogation surgit : pourquoi sont-ils armés de cette épée flamboyante, tournante, et « ondulée » ?
« L’épée qui blesse, nous dit Fulcanelli, la spatule chargée d’appliquer le baume guérisseur, n’est en vérité qu’un seul et même agent doué du double pouvoir de tuer et de ressusciter, de mortifier et de régénérer, de détruire et d’organiser. »
Spatule, en grec, se dit spate ; or, ce mot signifie également glaive, épée, et tire son origine de spao, arracher, extirper, extraire.
Nous voyons là le rapport étroit qui existe avec « l’extraction » de nos premiers parents du jardin d’Eden et l’alchimie que Moise était loin d’ignorer. De ce fait, l’épée flamboyante est le dissolvant alchimique ou feu de roue et aussi feu du ciel ou feu du sel car ayant reçu les ondes célestes, qui se manifestent sous forme de « l’armes blanches ».
« Nous avons donc bien ici, poursuit Fulcanelli, l’indication exacte du sens hermétique fourni par la spatule et l’épée. (Les Demeures philosophales, II, p. 166. 1964)
La réception du Récipiendaire avec l’Épée flamboyante correspond donc à une purification par le feu-eau des vieux maîtres.
L'Épée flamboyante posée sur le plateau du Vénérable Maître n'est chargée d'aucune destination belliqueuse. Rappelant, certes, par sa lame ondulée, l'épée de feu des gardiens angéliques du jardin des délices, elle sert désormais à la transmission d'une influence spirituelle lors de la consécration qui crée, constitue, et reçoit, en qualité d'Apprenti, le Récipiendaire lors des cérémonies d'Initiation. En dehors de cette signification propre de création d'un être nouveau, l'usage qui en est fait présente quelque analogie avec celle qui présidait à l'adoubement des chevaliers.
L’Épée du Frère Couvreur
Dans la plupart de nos Loges, sauf au Rite Ecossais Rectifié où cette charge est en réalité remplie par le Frère Second Surveillant, le Frère Couvreur porte, lui aussi, une épée, sans fourreau parce que l’épée du Couvreur doit toujours être tirée et prête pour la défense de son poste.
Dans le Manuel pratique du Vénérable Maître et du Couvreur, il est indiqué que l’épée du Couvreur est spécifique parce qu’elle se compose, pour l’essentiel, d’une lame fine, triangulaire et pointue qui projetée en avant, pique l’intrus mais ne le coupe pas. C’est donc une arme dissuasive, non offensive, de défense et non d’attaque ; à l’image de l’office, lequel ne saurait être rempli par un Maçon vindicatif ou combatif, prêt à guerroyer – notamment si le Couvreur est un ex-Vénérable Maitre.
L’épée que porte le Frère Couvreur participe à ce que l’hermétisme appelle la « réalisation descendante » qui est une tâche humanitaire immatérielle qui se met au service de nos egos enténébrés à l’image d’une flamme qui s’enfoncerait dans un puits pour l’éclairer, à l’image aussi du Fil à Plomb suspendu dans ce Temple.
Ancien Vénérable Maître descendu dans la pénombre de l’Occident du Temple, le Frère Couvreur est ainsi à la disposition de l’assemblée des Maçons pour la faire bénéficier de sa lumière initiatique désormais enrichie par son expérience passée.Un des aspects de la fonction de Couvreur est de protéger l’Atelier contre l’intrusion éventuelle de profanes. La protection passe aussi par l’épée qui est une arme dissuasive et non offensive, de défense et non d’attaque à l’image de cet office.
L’Épée du Frère Expert au R.E.A.A.
Dans les Loges qui pratiquent le Rite Écossais Ancien Accepté, le Frère Expert possède lui aussi une épée spéciale. C'est un attribut manuel et pectoral.
Le genre d'épée de l'Expert se déduit soit de la forme de l'arme, soit de l'office de ce dernier : lame pointue et courte, large, plate et double fil coupant (du moins en donne-t-elle l'impression de loin !). Cet officier la tient de façon quasi constante même assis, et il ne s'en sépare que rarement, quand il est debout. Il s'agit d'une arme offensive qui tranche.
Le Frère Expert se sépare rarement de son épée spéciale lorsqu'il quitte son siège.
L’Épée traditionnelle à lame droite
Au moment où le bandeau lui est retiré et où tous les Frères sont debout et dirigent leurs épées en main droite vers le Néophyte, le Vénérable Maitre lui dit alors : « Ces épées, que vous voyez tournées vers vous, vous annoncent que tous les Frères voleront à votre secours au moment du danger ; mais elles vous annoncent aussi que, si vous trahissiez votre serment, vous n’échapperiez pas à la vengeance de tous les Frères répandus sur la terre et qui ont juré de punir le parjure. »
L’épée est aussi le moyen dont se sert DIEU pour rendre la justice. Si les hommes ne suivent pas les commandements de DIEU, ils sont menacés de l’Epée.
Sa signification profonde actuelle et éternelle, c’est le Nouveau Testament qui nous la donne : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée ». (MATHIEU 10 : 34).
L’épée est la parole divine, c’est le Verbe et elle est le don le plus grand puisque avoir l’épée c’est avoir la Parole de Vie qui est l’instrument de justice.
Cette lame est tenue traditionnellement par chacun des membres de la Loge non seulement lors de la consécration d’un nouveau Frère, mais à l’occasion de toute cérémonie officielle : réception de Grands Officiers dignitaires, manifestations maçonniques, etc.
Ces épées sont tenues de la main gauche par les membres de la Loge, exception faite à l’Expert qui la tient de la main droite, afin de permettre aux Frères l’accomplissement du Signe d’ordre par la main droite.
L’épée de justice
Souvenez-vous de ce fameux jugement du Roi Salomon menaçant de partager un enfant avec son épée (ROIS 3 : 24) : bel exemple de justice que celui de proposer de couper un enfant en deux afin de départager deux femmes qui se disputent la maternité d’un même enfant. Et celle qui en est réellement la Mère préfère voir son enfant vivre avec une inconnue plutôt que de le voir mourir.
La Justice est généralement représentée par la déesse grecque Thémis, fille d’Ouranos et de Gaïa (le ciel et la terre). En grec, Thémis signifie d'ailleurs « loi divine ». Allégorie de la Justice et du droit, elle est généralement représentée avec une épée à la main, symbole du châtiment, une balance dans l’autre, pour l'équilibre qu'elle maintient, et les yeux bandés en signe d’impartialité.
Pouvoir et symbolique maçonnique
Les épées peuvent-elles être associées au concept de pouvoir ?
Nous avons vu que leur présence remonterait à la Franc-maçonnerie du 18ème siècle. Il devait être de bon ton, alors, pour un noble, de pénétrer en Loge avec son épée. En signe d'égalité maçonnique, les roturiers semblent avoir bénéficié du même privilège.
De nos jours, les épées dirigées vers le « Récipiendaire » lors de la cérémonie d'initiation se veulent d'abord menaçantes et prometteuses de vengeance éventuelle en cas de trahison des secrets révélés. Puis elles deviennent, une fois le candidat devenu « Frère », secourables et garantes de solidarité.
Les épées servent également à constituer les voûtes d'acier qui constituent les marques spéciales d'honneur dont bénéficient les dignitaires pénétrant dans le temple et se dirigeant vers les places d'honneur, ceci n'étant pas sans rappeler certaines pratiques propres à l'institution militaire.
Mais, nous l’avons vu, les épées constituent surtout les attributs de trois officiers dans la Loge.
L'épée du Frère Couvreur doit permettre à cet humble et vigilant gardien du seuil d'interdire à tout profane l'accès à la Loge. Le Couvreur aurait également le devoir d'arrêter à la porte du Temple toutes préoccupations qui risqueraient de dénaturer la vocation « sacrée » des Travaux.
Quant à l'épée du Frère Expert, elle pourrait disposer d'un certain pouvoir de dissuasion à l'encontre d'un faux-monnayeur de la Maçonnerie lors du « tuilage », sorte de vérification d'identité qui s’effectue soit sur les parvis de la Loge, soit à son entrée.
En Loge, cette épée devient purement symbolique et perd cette connotation défensive. Elle accompagne les déplacements de l’Expert avec la canne du Maître des cérémonies lors de l'Ouverture et de la Clôture des Travaux. Elle participe d'une sacralisation des Travaux.
Approche du symbolisme de l’épée
Le symbolisme de l’épée est universel et se retrouve dans toutes les Traditions. L'épée est symboliquement l'instrument de la connaissance et l'arme des combats spirituels.
En Franc-maçonnerie, l’Épée flamboyante représente la création et la purification.
Cette épée est constituée d’une lame sinusoïdale qui représente le mouvement ondulatoire de la flamme intérieure qui doit exister dans le tréfonds du cœur de chaque Maçon. Elle peut être l’esprit et la matière, la vie ou la mort, le bien le mal, l’éclair et la foudre, la force et la sagesse, la création et la destruction, la protection et la punition. Elle protège et met en garde.Par sa matière et sa fonction, l’épée du Frère Couvreur ne suggère-t-elle pas son propre combat intérieur ? Une chasse sans pitié aux vieux démons cachés dans les replis de son inconscient et qui l’empêchent d’être lui-même tout simplement ? Une guerre spirituelle, mais farouche et sans pitié ; un combat contre l’ignorance, la peur et la souffrance pour atteindre après bien des batailles, la connaissance de soi-même à laquelle il aspire ? Ce combat est sans doute le plus difficile à mener, il ne fait que commencer.
On peut également lui associer un autre symbole. De par sa forme, à lame droite, elle rappelle le Fil à plomb. Et à l’axe vertical de la lame s’ajoute la partie horizontale du manche et voilà réunis à nouveau la verticale et sa perpendiculaire. Du coup une croix remplace l’arme et d’autres pensées peuvent naître.
« Celui qui habite au cœur de nous-même nous invite à relever la tête » (Gen 4/7).
Ne sommes-nous pas invités à la relation ? C’est ici le sens de la perpendiculaire : ne sommes-nous pas conviés à nous ouvrir à l’autre, aux autres, à accepter la main tendue, à accepter d’être aidé ?
L’épée du Couvreur se doit aussi de trancher l’obscurité, pour livrer un passage à la lumière d’orient et lui permettre de s’infiltrer dans le monde profane.
En Inde, l'épée est le symbole de la guerre spirituelle du combat contre l'ignorance pour atteindre la connaissance et la lumière pure.
Pour les chevaliers – de tous ordres – l’épée est le symbole de la noblesse et de l'adoubement initiatique. L’épée symbolise également la droiture de celui qui la porte.
Symbole de guerre mais aussi de paix, d'injustice mais surtout d'équité, les deux tranchants de l’épée semblent représenter l'Etre humain dans toute sa dualité.
Enfin et pour conclure, l’épée par son aspect double symbolise la dualité de personnalités présentes en chacun de nous, le bien et le mal, ainsi les deux tranchants semblent représenter l’être humain dans toute sa contradiction.
L'épée fut toujours le symbole de la force et de l'attribut essentiel de la reconnaissance en passant de Jeanne d'Arc, aux seigneurs, aux croisés, aux Chevaliers du Temple, aux religieux, aux militaires de la chevalerie jusqu'à nos jours pour les escrimeurs, les élèves de polytechnique et aussi de l'épée l'apparat des membres de l'institut de France (Académie).
Elle symbolise les significations de création, d’initiation, de recréation, celle de la purification ou d’expiation. Elle peut être l’esprit et la matière, la vie ou la mort, le bien, le mal, l’éclair et la foudre, la force et la sagesse, la création et la destruction, la protection et la punition. Elle protège et met en garde.
R:. F:. A. B.
Références : principaux sites consultés
http://www.glnf-musee.fr/matrice.asp?ARB_N_ID=15
http://www.troispoints.info/article-18185032.html
http://pierresvivantes.hautetfort.com/archive/2014/10/11/de-l-epee-en-loge-5466293.html
http://rite-ecossais-rectifie.com/epee-main-gauche-epee-main-droite/
http://www.ledifice.net/7101-5.html
http://www.ledifice.net/7101-7.html
http://hautsgrades.over-blog.com/article-l-epee-120451441.html
http://hermetisme.over-blog.com/article-19661516.htm
http://www.hiram.be/glaive-ou-epee-pour-le-couvreur/
http://www.ledifice.net/7324-2.html
http://www.ledifice.net/7101-2.html
http://www.glbet-el.org/masonictexte/L'epee%20de%20L'expert.htm
http://www.wmaker.net/u-zinu/Pouvoir-et-Franc-Maconnerie_a794.html
http://www.info-france.fr/123LAPAROLECIRCULE/archives/de-lepee-a-la-paix/
http://www.espacefrancais.com/le-symbole/
http://www.ledifice.net/7101-4.html
http://www.osti.org/perce_armes4d.html
http://www.graal-initiation.org/l-epee-du-graal.html
http://expositions.bnf.fr/arthur/pedago/telecharger/objets.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Perceval_ou_le_Conte_du_Graal
http://perceval.over-blog.net/article-30744759.html
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Commentaires
1MimiDimanche 1er Juillet 2018 à 22:28TcfRépondre
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