• * Approche du symbolisme de la Lune

     Approche du symbolisme de la Lune 

    Introduction

    Lors du Réveil de nos Loges, la plupart des rituels utilisés contiennent une phrase à peu près semblable à celle-ci : « La Lune a paru, versant un peu de clarté froide sur la Colonne du Nord ». Prononcée par le Frère Second Surveillant, cette phrase contient un symbole maçonnique non négligeable : la Lune.

    D'anciens « Tuilages » ou instructions au grade d’Apprenti mentionnent la question suivante :

    • « Qu’avez-vous vu en recevant la lumière ? » 

    Et la réponse de l’Apprenti est ainsi formulée : 

    • « Le Soleil, la Lune et le Maître de la Loge ».

    Lorsque notre bandeau d’impétrant peut être considéré comme définitivement tombé, nous devrions découvrir que ces trois luminaires sont indissociables et qu’ils nous guideront tout au long de notre cheminement maçonnique.

    L’objectif de la présente planche est d’approcher le symbolisme de la Lune, symbole présent tant au Nord-est de nos Loges que sur tous les Tableaux de Loge d’Apprenti.

    La Lune, source d’inspiration des philosophes, poètes et conteurs…

    * Approche du symbolisme de la Lune

    De tous temps, la Lune a été l’inspiratrice des philosophes, des poètes et des conteurs, tantôt « magique » dans le personnage de Jean de La Lune, bonhomme lunaire et naïf qui nous a fait rêver dans sa boule argentée, tantôt « croquemitaine » au travers des multiples récits contés jadis aux enfants qui n’étaient pas sages.

    « Etre dans la Lune », voilà bien une expression qui a pu suivre de nombreux écoliers durant toute leur scolarité primaire. Etre dans la lune, c’est être en train de rêver, être sur une autre planète très loin de son corps physique. L’esprit s’est évadé.

    Du haut de mon jeune âge, je n’étais pas dans la lune mais dans mes rêves à m’imaginer un sens au mystérieux de la Lune, à ses mystères.

    J’ai très vite compris qu’en français, nous disons LA Lune (nom féminin) et LE soleil (nom masculin) ; que le soleil inonde le ciel de sa lumière, et que la Lune ne fait que la réfléchir, du crépuscule à l’aurore … et encore, pas toutes les nuits !

    Plus tard, j’ai aussi compris que la Lune possède son cycle qui rappelle celui de la femme d’où une logique de mimétisme dans le symbolisme donné à la Lune et au Soleil pour y reconnaître la féminité pour l’une et la masculinité pour l’autre.

    Adulte, j’ai découvert que la Lune est une figure très présente dans de nombreuses mythologies et croyances folkloriques. C’est en corrélation avec le Soleil que se manifeste le symbolisme de la Lune. Leurs relations, leur ordonnancement, leur hiérarchie, diffèrent d’une société à une autre.

    Pour certains, la Lune est l’élément femelle et passif. Elle est alors associée à des divinités féminines. Ainsi, la déesse grecque Séléné (qui s’est appelée « Luna » chez les Romains) a été associée à la Lune.

    Pour d’autres, la Lune est une divinité mâle. Le dieu japonais Tsu-ku-yo-mi, est associé à la Lune, et sa sœur A-ma-ter-a-su associée au Soleil. De même chez les Mésopotamiens, où le dieu Sin est relié à la Lune.

    Cette inversion est également présente dans les mythologies nordiques, scandinaves, lettones… comme chez les indiens Gé du Brésil [1]. Il en va de même dans tout le monde arabe, sudarabique et éthiopien.

    Vue de la Terre, la Lune connaît la mort. Durant trois jours, elle disparaît chaque mois lunaire pour réapparaître la quatrième nuit. Elle devient, en toute logique, le symbole de renaissance mais aussi des connaissances indirectes, progressives et froides.

    En Asie, elle est le Ying par rapport au Soleil, le Yang. Elle est en rapport avec l’eau par opposé au soleil … qui, lui, est en rapport avec le feu. Elle est le froid, le nord quand le soleil est le chaud, le sud. Symbole majeur de la fécondité, elle était célébrée en Chine lors de la fête de la Lune, qui était l’une des trois grandes fêtes annuelles en ce pays. Elle avait lieu à la pleine lune de l’équinoxe d’automne et les hommes ne participaient pas à la cérémonie.

    La Lune est aussi fortement présente dans le bouddhisme. Dans son ultime chemin, Bouddha médite 28 jours sous un figuier avant d’atteindre le Nirvana. Fécondité toujours, autrefois les peuples nordiques ne célébraient les mariages qu’aux pleines lunes.

    Mais, la Lune n’a pas toujours que le bon rôle. Dans les civilisations d’Amérique du sud, chez les Mayas et les Aztèques, elle est parfois affectée de signes maléfiques. Par son coté changeant, ayant des apparences trompeuses, chez certains peuples elle porte les symboles de la fausseté et de la paresse.

    Nous retrouvons ce côté négatif dans le 18éme arcane majeur du tarot. Le monothéisme (judaïque, chrétien et musulman), ayant comme base de refuser toutes spéculations sur un dieu solaire et ses dérivées, les religions dites « du livre » parlent de lumière et très peu d’astre. Néanmoins, dans la tradition juive, la Lune symbolise le peuple des Hébreux. La Genèse désigne la Lune lors de la création par le nom de « petit luminaire ». Sa création, ainsi que celle du Soleil, est postérieure à celle de la Lumière.

    Les chrétiens comparent la Lune à Jean le Baptiste dont il est dit « qu’il n’est pas la Lumière mais le témoignage… ». Pour les Musulmans, la Lune est un des signes de la puissance d’Allah. Tout comme Jean le Baptiste, qui est aussi l’un des prophètes chez les musulmans, « le dernier des prophètes qui reflète Dieu comme la Lune reflète le Soleil ». C’est par l’une des apparitions de la nouvelle Lune que débute le mois du Ramadan. Mais plus encore, pour eux, les phases de la Lune et le croissant (symbole de l’islam) évoquent la mort et la résurrection. En astrologie, là encore, la Lune symbolise le principe passif, la fécondité, la nuit, le subconscient, le psychisme, la réceptivité, la féminité.

    La Lune influence les semailles et les récoltes mais influence également les marées. La Lune a une influence aussi sur les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Et d’autre part, la phase lunaire dure vingt-huit jours. En d’autres termes, la Lune fait le tour du zodiaque en 28 jours. Le zodiaque lunaire, qui serait plus ancien que le solaire, possède 28 demeures contre 12 pour le solaire.

    La Lune est aussi le symbole des rythmes biologiques, celui du temps qui passe. Les connaissances empiriques des hommes sur l’agriculture ont toujours accordé une importance à la Lune. Le découpage du mois lunaire en 4 semaines existait dans le calendrier judaïque.

    Encore plus extraordinaire est le fait que c’est en correspondance de la pleine-lune qu’on enregistre dans le monde entier, sans aucune distinction, le taux le plus élevé de naissances.

    Et si les Romains utilisaient des décades pour découper leurs mois, c’est avec la Lune que les Gaulois réglaient leur calendrier. Les Celtes, utilisaient un calendrier luni-solaire mais qui était à l’origine lunaire. Les différents changements de calendriers viennent de la difficulté de concilier la périodicité de la Lune à la périodicité du Soleil.

    Enfin, les variations de teintes et de luminosités à la surface de la Lune forment des motifs que les hommes ont interprétés différemment suivant leur culture et leur imaginaire : lapin, buffle, ou visage d’homme.

    Les astronomes antiques pensaient que les zones sombres et régulières étaient remplies d’eau. Ils les ont appelées « mer », tandis que les hauts plateaux, de couleur claire, ont été baptisés « terre ». Ces dénominations ont encore cours aujourd’hui, même si l’on sait qu’elles ne se rattachent à aucune réalité.

    La Lune, inspiratrice des peintres et des musiciens…

    Présente dans les différentes cultures artistiques, la Lune a été également l’inspiratrice de nombreux peintres et musiciens. D'ailleurs l’une des premières chansons que nous apprenons dès l’enfance n’est-elle pas « Au Clair de la Lune » ?

    Les plus âgés d’entre nous ont sans doute aussi le souvenir d’un « Rendez-vous entre le Soleil et la Lune » chanté par Charles Trenet, l’un de nos plus célèbres artistes dans le domaine de la chanson française.

    La Lune a aussi inspiré de grands compositeurs classiques, passionnée chez Wagner mais bien davantage imprégnée de nostalgie et de mélancolie chez Beethoven avec sa célèbre « Sonate au clair de Lune ».

    Mais la référence musicale essentielle en matière de symbolisme maçonnique reste bien sûr l’opéra « La Flûte enchantée ». Mystérieuse et sacrée, la musique de Mozart décrit le combat du jour et de la nuit, opposant la Reine de la Nuit, symbole lunaire, image de la puissance cosmique et Sarastro, grand prêtre de la sagesse et du principe solaire.

    La Lune, astre lunaire : sa place dans les religions et mythologies…

    Mais quittons le domaine musical et poétique pour appréhender l’aspect fondamental de l’astre lunaire et la place qu’il occupe dans la religion et les mythologies : 
    le mot qui nomme la Lune dans les langues indo-germaniques est le plus ancien de tous les noms d’astre et signifie « je mesure », ainsi parle Mircéa Eliade.

    Et au plus lointain de l’histoire de l’humanité, les phases croissantes et décroissantes de la Lune ont servi à définir les calendriers, bases de repères de l’homme, tant pour rythmer sa vie sociale et religieuse, que pour le guider dans les étapes des récoltes nécessaires à sa subsistance.

    La Lune, unité de mesure ?

    La Lune est donc à l’origine du calendrier le plus archaïque qui soit : le calendrier pastoral, point de départ du calendrier des sept jours, car tous les sept jours, la Lune va changer de forme :

    • Nouvelle Lune, Premier Quartier, Pleine Lune, Dernier Quartier, tout ceci formant le mois lunaire défini par le terme de « Lunaison ».

    • L’année se composait ainsi de 13 mois de 28 jours auxquels on rajoutait un jour supplémentaire pour rattraper les 365 jours du calendrier solaire.

    • Dans l’antiquité, les trois nuits sans lune étaient redoutées. C’est ce que nous appelons « la Lune Noire », qui s’explique par le fait que durant trois nuits la Lune se lève et se couche en même temps que le Soleil. Mais chaque jour la Lune retardant son lever de 50 minutes sur le Soleil, elle va redevenir visible sous forme de « nouvelle Lune », signe de renouveau et de fécondité pour les anciens et objet de nombreuses manifestations. Nous savons que les Olympiades débutaient à la Nouvelle Lune chez les Grecs, de même que les druides gaulois attendaient cet événement pour procéder à la cueillette du gui.

    La Lune se rit bien de nos calendriers... Invariablement, la Lune revient, comme son comparse le Soleil, symbolisant ainsi le passage de la vie à la mort, et de la mort à la vie.

    Cette unité de mesure qu’est le rythme lunaire a influencé la conscience humaine et a servi de pont entre les civilisations, depuis les premières civilisations matriarcales jusqu'à nos civilisations patriarcales et monothéistes.

    Mircéa Eliade explique très bien la raison pour laquelle les hommes primitifs les moins civilisés attachaient une plus grande importance à la Lune qu’au Soleil. 
    « Le Soleil, dit-il, est un astre éternellement pareil, égal à lui-même et dépourvu de tout « devenir ». La Lune, au contraire, est « un astre qui croit, décroît, disparaît et renaît, un astre soumis aux lois de la naissance et de la mort ».

    L’homme a donc lié très vite les rythmes lunaires à sa vie sociétale et religieuse. C’est à ces époques archaïques que les premiers symboles cosmiques sont apparus, unissant la Lune, la femme, la Terre, la fertilité et l’eau.

    L’un des plus anciens cultes au dieu lunaire naquit voici 5000 ans en Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, ce qui correspond à l’Iraq actuel. Sumériens et Babyloniens allaient créer les bases d’une religion qui influencerait la majorité des religions antiques : égyptienne, grecque, romaine et hébraïque.

    * Approche du symbolisme de la Lune

    La Lune parmi les « luminaires »

    Dans l’Ancien Testament, le Soleil et la Lune sont désignés comme des « luminaires » créés par Dieu pour bien abolir leur puissance divine. Mais force est de constater que le calendrier de l’année liturgique chrétienne s’appuie malgré tout, pour nombre de fêtes sur le rythme lunaire. Je pense spécialement à la fête de Pâques dont la date est invariablement fixée au premier dimanche qui suit la pleine Lune de l'Équinoxe de printemps.

    Dans nos temples maçonniques, je devrais dire dans nos Loges, le Soleil et la Lune, apparemment d'aspect opposés mais complémentaires sur le plan de la manifestation, règlent les Travaux de la Loge, de Midi à Minuit.


    Le retour régulier des phases de la Lune a permis aux hommes de prendre la mesure du temps, et, si le Soleil et la Lune ornent l'Orient de nos Loges, l'or et l'argent ne s'opposent qu'en apparence. Cette association « Soleil-Lune » se retrouve dans toutes les écoles initiatiques : Yin et Yang, Raison-Imagination, Isis-Osiris ... 

    Approche du symbolisme de la Lune

    Dans « La Symbolique maçonnique » de Jules Bouchez, la Lune est aussi au rendez-vous chez les Francs-maçons, du côté de la Colonne du Nord, alors que le Soleil éclaire la Colonne du Midi. Et cet auteur conclut ses propos concernant la Lune en disant de ce symbole que « cette figure est assez parlante par elle-même sans qu’il soit besoin d’insister d’avantage ». Ce qui nous laisse évidemment sur notre faim et très insatisfaits !

    Un « Dictionnaire des Symboles » nous apprend que le symbolisme de la Lune ne peut être dissocié de celui du Soleil : la Lune n’ayant pas de lumière propre n’est qu’un reflet de la lumière du Soleil. De même ceci nous rapporte au Prologue de l'Evangile de Jean : Jean vient en témoin pour rendre témoignage à la Lumière.

    La Lune est le symbole de notre Colonne d’Apprentis, la Colonne du Nord, dont elle éclaire les Ténèbres. Elle symbolise notre phase constructive et évolutive ; elle éveille notre conscience, notre imagination et notre sensibilité et guide l’homme.

    La Lune est symbole de mort et de renaissance, car elle sait se taire, comme l'Apprenti sur sa Colonne, au banc du silence, et s'incliner avec abnégation. Elle s'efface en fin de mois, paraît s'abîmer dans le monde inférieur, mais elle ne s'est pas dématérialisée : elle resurgit toujours avec un éclat tellement... croissant. 

    Le cycle de la Lune démontre que la mort ne peut pas être un état définitif, mais qu'il est suivi d'une nouvelle naissance. Dans l'Initiation maçonnique, l’Épreuve de la Terre pourrait ainsi s'associer ou s'apparenter avec l’Épreuve de la Lune. 

    La voie initiatique passe nécessairement par cette « voie humide » où l'Apprenti, sous l'influence de la Lune, se forge des théories erronées, fondées sur les oppositions irréelles, effets illusoires d'un jeu d'optique mental.

    Du « bien et du mal » -- de la Lune et du Soleil, de l'Être et du Néant, ce jeu d'optique mental fait des entités objectives et tombe dans le piège du dualisme. Dupe des contrastes apparents, il imagine la matière dense, solide et indestructible. Les erreurs capitales de l'esprit humain proviennent de l'influence lunaire : l'imagination, mal nécessaire qui précède le raisonnement. 

    La Lune est un symbole de la connaissance indirecte. En effet, elle ne produit pas de lumière : elle reflète la lumière. On l’oppose toujours au Soleil mais en réalité, ce n’est pas une opposition mais une complémentarité : le Soleil a besoin de la Lune et la Lune a besoin du Soleil pour exister.

    En effet, la Lune a besoin du Soleil puisqu'elle en est le reflet, mais le Soleil a également besoin de la Lune. Que serait le Soleil si la nuit n’existait pas : une lumière fixe et brûlante qui ne s’éteint jamais et qu’on ne peut comparer à rien, puisqu'elle est seule. Que serait la connaissance sans l’ignorance ? La Lune met le Soleil en valeur, de même que l’ignorance met la connaissance en valeur. La Lune est seulement le symbole de la connaissance par reflet, c'est-à-dire de la connaissance théorique, conceptuelle, c’est aussi pourquoi la Lune est yin par rapport au Soleil qui est yang ; elle est passive, réceptive, elle reçoit la lumière du Soleil ; elle est l’hiver alors que le Soleil est l’été.

    Avec la Lune on retrouve le Nombre trois : lune ascendante, pleine lune, lune décroissante.

    La Lune symbolise les rythmes biologiques, astre qui croit, décroît et disparaît, dont la vie est soumise à la loi universelle du devenir, de la naissance à la mort… Il est facile de comparer le cycle lunaire au cycle de la vie : naissance, vie et mort, trop facile peut-être …

    La Lune symbolise le changement. En effet chaque jour qui passe nous présente une lune différente de la lumineuse pleine lune à la nuit noire sans lune. Cette idée de changement se retrouve quand on dit d’une personne qu’elle est lunatique. Ne dit-on pas aussi que son humeur est aussi changeante que les phases lunaires ?

    La Lune symbolise le temps qui passe, le temps vivant, dont elle est la mesure par ses phases successives et régulières. La Lune est l’instrument de mesure universel. Le même symbolisme relie entre eux la lune, les eaux, la pluie, la fécondité des femmes, celle des animaux, la végétation, le destin de l’homme après la mort et les cérémonies d’initiation.

    La Lune est merveilleuse car elle est à la fois mythe et force réelle et physique. L'homme a voulu l'atteindre. Il a construit des fusées qui sont arrivées jusqu'à elle, des astronautes ont foulé son sol. Ils en ont ramené des cailloux qu'ils ont ensuite étudiés mais ils n'ont pas réussi à la déflorer. Elle reste énigmatique et, dans l'imaginaire, la Lune est un grand symbole de fécondité et de résurrection.

    Au début de la création, le Soleil et la Lune brillaient d'une lumière égale, éclairant la Terre chacun à leur tour, le Soleil le jour et la Lune la nuit. Jusqu'au jour où la Lune voulut comparer sa lumière à celle du Soleil.

    Le Soleil et la Lune réunirent alors leurs enfants – les étoiles – et leur demandèrent de choisir. Et les étoiles, à l'unanimité, dirent que la lumière la plus brillante était celle de la Lune puisqu'elle pouvait changer la nuit en jour. En colère, le Soleil ramassa une poignée de cendres et la jeta au visage de la Lune.

    Depuis ce jour son éclat a terni et on peut toujours voir les cendres à sa surface. Les étoiles, effrayées, se réfugièrent auprès de leur mère : c'est pourquoi elles brillent seulement pendant la nuit.

    On considère généralement le Soleil comme un principe actif, masculin et la Lune comme un principe passif, féminin puisqu'elle réfléchit la lumière du Soleil. La Lune est liée à la femme, à la fertilité sous toutes ses formes de l'agriculture à la procréation. Ishtar [2], Artémis [3], Hécate [4] et Isis sont des déesses qui ont servi le culte lunaire.

    Remarquons également que la Vierge Marie ou Immaculée conception est souvent représentée sur un croissant lunaire. On peut voir beaucoup de ces représentations en Belgique de même qu’à Sintra au Portugal.

    Pour ma part je ne crois pas qu'il s'agisse de montrer la victoire des Chrétiens sur les Ottomans à la bataille de Lépante ou des cornes du diable que la Vierge terrasserait mais plutôt d'une récupération de mythes plus anciens comme celui d'Isis ou d'Artémis. Le Concile d’Éphèse a remplacé le culte très puissant  d'Artémis, dont la Lune est un des attributs, par celui de la Vierge avec le même attribut. N'oublions pas qu’Éphèse est aussi un des lieux de « dormition » de la Vierge. Saint Paul a certainement une bonne part de responsabilité dans tout cela !

    Et n'oublions pas non plus que lorsque la religion chrétienne est devenue religion d'Etat avec l'appui de l'Empereur d'Orient, tous les cultes païens ont été interdits sous peine de sanctions très graves pour ceux qui auraient perpétué la tradition.

    Il me reste à évoquer une dernière considération : la place de la Lune par rapport au plateau du Frère Secrétaire. Pourquoi cette association ?

    J’ai trouvé une réponse à cette question dans un ouvrage de Daniel Béresniak relatifs aux offices et aux Officiers de la Loge. Permettez-moi de le citer.

    « De même que la Lune croit et décroît et change jour après jour, selon le moment de son cycle, de même les tracés sont inégaux en grosseur, en densité, selon la nature et le contenu des réunions. Ils sont à chaque fois différents et reviennent toujours à des formes initiales. Ils marquent le rythme et découpent le temps. Ils sont destinés à laisser des traces des Travaux dans le monde profane et, à ce titre, ils sont comme la Lune, la connaissance indirecte et la Lumière dans les Ténèbres ».

    Il me semble temps à présent de conclure.

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    Une planche sur la Lune ne devrait être tracée ou présentée qu’un lundi. En effet, lundi ou « dies lunae » en latin se traduit par « jour de la Lune ». Ceci est vrai en français, en anglais, en allemand et même en japonais.

    Quoi de plus triste et sombre qu’une nuit sans lune ! Mais si sa lumière est pâle, elle éclaire le monde et guide les peuples. Comment se dirigeaient les anciens et les navigateurs, si ce n’est grâce à elle et aux étoiles ?

    La Lune a toujours fait rêver les hommes, a toujours nourri l’imagination des écrivains. La science-fiction n’est-elle pas née grâce à elle : est-elle habitée ?

    Les scientifiques s’y sont intéressés jusqu'à y poser le pied : « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » a dit l’astronaute Neil Armstrong.

    Et ils l’ont démystifiée : ce n’est plus qu’un caillou aride et sans eau apparente. Bien sûr il y a Mars et ses soi-disant petits hommes verts, mais la Lune est plus proche de nous, on peut la voir, on peut dire qu’on peut presque la toucher ; la Lune est un astre accessible.

    Ce Midi, je souhaitais seulement et fraternellement vous apporter un « Clair de Lune » dans la Connaissance de la « Reine de la Nuit », mais, comme un miroir lunaire, il n'est que le pâle reflet du Soleil qui est la véritable Lumière du Franc-maçon dont il est le Fils. 

    Mon temps d’apprentissage m’a apporté beaucoup de joies : joie d’avoir été accueilli, moi qui, le temps de l’Épreuve de la Terre, avais l’impression d’avoir été rejeté loin de la Lumière ; joie d’avoir commencé à apprendre ; joie d’avoir vu et écouté ceux qui allaient devenir mes Frères ; joie de savoir que ce n’était que le commencement, le début de mon parcours spirituel sur la Colonne du Septentrion, où il est dit que je ne pouvais supporter qu’une faible lumière !

    R:. F:. A. B.

    [1] Les indiens de langue Gé (Apinayé, Xavantes, et Kayapo) habitent l’est du Brésil.

    [2] Une grande et puissante civilisation a autrefois fleuri en Mésopotamie. À cet endroit, aujourd'hui l'Irak moderne, incluaient les royaumes de Sumer, d'Akkadie, d'Assyrie et de Babylone, bien que sa culture et son influence toucha plusieurs autres régions du Moyen-Orient. Sumer autrefois révélait une culture qui accordait aux femmes un statut équivalent aux hommes, et dans laquelle on vénérait principalement la déesse Ishtar, déesse lunaire de vie et d'amour, appelée la Prostituée de Babylone dans la Bible.

    [3] Dans la mythologie grecque, Artémis est la déesse de la Chasse, et une des déesses associées à la Lune (par rapport à Apollon, qui est lui, associé au Soleil). Elle est assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane. Ses attributs sont le cerf, l'arc en or le carquois et les flèches.

    [4] Dans la mythologie grecque, Hécate est une déesse de la Lune, fille du Titan Persès (ou bien de son homonyme, Persès fils d'Hélios selon les traditions) et de la Titanide Astéria, la nuit étoilée, et est originaire de Thrace. On considère parfois qu'elle est la fille de Tartare. Certains auteurs en font la mère de Scylla, qu'elle aurait eue avec Phorcys ou bien Apollon.

    Bibliographie

    Béresniak DanielLes offices et les officiers de la loge

    Editions Detrad, Paris, 2008

     

    Hover Jean & Vernon ClaireLe Soleil et la Lune

    La Maison de Vie, Fuveau, 2002

     


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