• * Analyse du documentaire "La Clé écossaise" - La FM en Ecosse

     Analyse du documentaire "La Clé écossaise" 

    Introduction

    La Clef écossaise est un film documentaire belge de Tristan Bourlard et François De Smet. Ses auteurs y exposent les théories les plus récentes concernant les origines de la Franc-maçonnerie et s'appuient en particulier sur la piste dite de la « clé écossaise », développée à partir de 1988 sur la base des recherches de l'historien Robert L. D. Cooper. Ce documentaire a été terminé en novembre 2007.

    Dans un style très "british", solennel et respectueux, agrémenté d'animations en trois dimensions, ce document de 52 minutes enquête avec rigueur sur les origines de la Franc-maçonnerie, une mouvance dont plus de quatre millions de personnes sont membres dans le monde. Une société discrète, voire secrète, mais qui, en Belgique, a récemment ouvert ses portes et révélé ses décors singuliers aux caméras des « Bureaux du pouvoir », sur « La Une ».

    À en croire ce film, qui interroge divers historiens et Francs-maçons, la Franc-maçonnerie trouverait son origine en Écosse, voilà 400 ans, à travers des associations professionnelles – des tailleurs de pierre – qui se sont peu à peu structurées, ont intégré des rituels et des traditions orales puis ont été fréquentées par des aristocrates.

    La mythologie maçonnique s'est nourrie de l'imagerie des bâtisseurs, devenue métaphore de la construction intérieure et spirituelle de ses membres. Il y a eu un peu plus tard croisement avec les premières Loges londoniennes, au départ constituées de commerçants et artisans, devenues ensuite plus élitistes et à qui un Français d'origine, Jean-Théophile Desaguliers a donné une histoire et des règles.

    Du succès de ces divers réseaux serait née la Franc-maçonnerie qui fut combattue (et excommuniée par l'église), voire martyrisée (par les nazis) au cours de l'histoire. La Franc-maçonnerie est une association qui, aujourd'hui encore, conserve cette triple image ambiguë de société secrète, de club humaniste et fraternel ou, malheureusement, de réseau affairiste et comploteur.

    Tristan Bourlard, réalisateur documentariste, et François De Smet, philosophe de formation, se sont associés pour retourner aux origines de la Franc-maçonnerie.

    Ils ouvrent et ferment ainsi des portes à propos d'hypothèses maintes fois répétées comme l'origine templière de la Franc-maçonnerie, la filiation naturelle avec les tailleurs de pierre du moyen âge. Cette œuvre salutaire aura permis au téléspectateur de distinguer le mythe de l'histoire.

    Ce documentaire audiovisuel tente donc d’approcher ce que fut la naissance de la Franc-maçonnerie et essaie d’apporter des réponses aux questions suivantes : « qui l'a créée ? » et « pourquoi ? ». Présenté sous forme d'enquête, ce film, raconte cette aventure. Ses auteurs déclarent y présenter des documents totalement inédits et des témoignages surprenants offrant un éclairage entièrement nouveau sur ce sujet.

    Lorsque ce documentaire a été programmé, sur « La Une », le 31 janvier 2008, il a fait l’objet d’une présentation dans la presse écrite, notamment grâce à l’article de Pierre Invernizzi qui fait l’objet de la présente analyse.

    Analyse de l’article de Pierre Invernizzi

    La Franc-maçonnerie est un sujet sulfureux et énigmatique, propice aux allégations et aux fantasmes de toutes sortes. Notre association mystérieuse et discrète, répandue dans le monde entier, fait l'objet depuis plus de 300 ans de curiosité, de fascination et de méfiance. La Franc-maçonnerie regroupe aujourd'hui plusieurs millions de personnes à travers le monde. À l'abri du monde, dont ils s'isolent le temps d'une soirée, les Francs-maçons se réunissent en Loge et y développent une spiritualité singulière. Et les auteurs de ce documentaire de se poser des questions et de tenter d’y apporter des réponses.

    • Comment est né ce mouvement ?

    Pour les Profanes, comme pour beaucoup d'adeptes, ses origines demeurent mystérieuses. Les Loges elles-mêmes ont oublié d'où elles venaient. Pour la première fois, ce documentaire d'investigation se penche avec sérieux sur la question des origines de la Franc-maçonnerie en se basant sur les recherches les plus récentes.

    • Quels sont ses liens avec les Templiers ?

    • Est-elle la descendante des tailleurs de pierre du moyen âge ?

    • Comment sont nées les premières loges ?

    Ce film nous a fait découvrir un chemin ésotérique composé de mystères non encore résolus.

    • Quelles étaient les véritables aspirations des hommes qui se sont lancés dans cette incroyable aventure ?

    • Comment est née la société fraternelle la plus intrigante des temps modernes ?

    • En quoi consistent les loges de tailleurs de pierre, vieilles de plusieurs siècles ?

    • Quel est leur rapport avec la Franc-maçonnerie naissante de Londres ?

    • Comment les premiers Francs-maçons se sont-ils inspirés de pratiques séculaires ?

    • Quel rôle l'Écosse et les traditions médiévales ont-elles joué dans l'élaboration de ce mouvement ?

    Brève présentation des différents intervenants dans le film

    Pour évoquer les origines mythiques ou réelles de la Franc-maçonnerie, les Loges écossaises, la naissance de la Grande Loge de Londres en 1717, les personnalités particulières du révérend Jean-Théophile Desaguliers et du pasteur James Anderson à qui furent commandées les Constitutions, les deux auteurs ont tout simplement frappé aux portes de spécialistes réputés.

    • Andrew Prescott : premier directeur de recherches sur la Franc-maçonnerie à l'Université de Sheffield.

    • Keith Moore dirige la Bibliothèque et les Archives de la Royal Society de Londres, fondée en 1660.

    • Roger Dachez: historien de la Franc-maçonnerie et actuel président de l'Institut maçonnique de France, Directeur de la revue d'études maçonniques « Renaissance traditionnelle », président de l'Institut maçonnique de France, auteur de « Histoire de la Franc-maçonnerie française ».

    • Jessica Harland-Jacobs : professeur d'Histoire britannique et impériale à l'Université de Floride à Gainesville ; spécialiste de la Franc-maçonnerie ; auteur de « Builders of Empire : Freemasonry and British Imperialism, 1717 – 1927».

    • David Stevenson : premier historien professionnel à avoir étudié les archives des premières loges maçonniques écossaises ; auteur de plusieurs ouvrages sur la question.

    • Ewan Rutherford : ex-Vénérable Maître de la Loge « Chapelle de Marie » (Mary’s Chapel), l'une des plus anciennes loges du monde, située à Édimbourg en Écosse.

    • John Hamill: Directeur des Communications de la Grande Loge unie d'Angleterre (UGLE) ; ancien Grand Lodge Librarian and Curator ; ancien Maître de la Loge de recherche « Quatuor Coronati » n° 2076 ; auteur de « Freemasonry : A Celebration of the Craft, History of English Freemasonry ».

    • Robert L. D. Cooper : est Orateur depuis 14 ans à la Grande Loge des Maçons Anciens et Acceptés d'Ecosse. Il a donné de nombreuses conférences sur la Franc-maçonnerie écossaise, les Templiers, la Chapelle de Rosslyn et d’autres sujets s’y rapportant. En 2005, il a effectué une tournée de conférences durant trois mois. Il est l‘auteur de « The Rosslyn Hoax ? », « Cracking the Freemason's Code », « Freemasons, Templars and Gardeners » (pour ne citer que ceux-ci), et a publié de nombreux articles dans des revues, des magazines et des journaux. Cet historien apparaît souvent à la télévision en tant qu’expert sur la Franc-maçonnerie, et a été quelques fois entendu sur des chaînes de radio. Robert Cooper est membre de nombreux corps maçonniques et sociétés d’études (dont le « Quatuor Coronati Lodge » - la plus ancienne loge de recherche au monde).

    L'évènement audio-visuel

    La diffusion de ce reportage d'investigation a probablement été un événement médiatique. C'est en effet le premier vrai documentaire audio-visuel clair et constructif sur l'histoire et les fondements de la Franc-maçonnerie. Il apporte au monde profane une vision réaliste qui sort des approches suspicieuses, sulfureuses ou même simplement légendaires sur lesquelles les réalisateurs s'étaient presque toujours appuyés par le passé.

    Destiné à terme à être diffusé à la télévision, les réalisateurs ont donc « mis les moyens » et ce document est extrêmement pertinent.

    Ce reportage peut aussi paraître une « bombe » maçonnique. Bien sûr, il remet en cause les clichés flous ou inventés sur la naissance de l'Ordre. Lorsque les Apprentis et Compagnons poseront les bonnes questions, ceux qui sont restés enfermés dans une vision volontairement réductrice de l'origine de l'institution, vont devoir maintenant adapter ou préciser leurs discours !

    Un puzzle

    Entouré de spécialistes internationaux de renom, le président de l'institut maçonnique de France, Roger Dachez, nous présente un morceau d'architecture audiovisuelle qui traite sur un registre totalement scientifique, de la filiation écossaise de la Franc-maçonnerie. Historiquement occultée par une « English-key » qui ne dévoilait pas plus de certitudes qu'un rituel ne dévoilera le secret maçonnique, la « Scottish-key », non seulement établit des faits, mais chose exceptionnelle que les livres n'ont pu faire précédemment, elle les montre !

    C'est donc pour la plupart des Francs-maçons, un véritable scoop ! Ce qui reposait sur des spéculations anciennes et plus récemment sur la renommée parfois contestée d'érudits et chercheurs non maçons, nous est aujourd'hui révélé à l'écran, comme si nous touchions du doigt les fameux documents.

    L'histoire de la Franc-maçonnerie est un peu comme un puzzle de 600 pièces qui, pour 300 d'entre elles, représente le versant français, pour 200 autres le versant anglais et enfin pour 100 autres le versant écossais. Seulement jusqu'à présent nous ne disposions que de 250 pièces françaises, 100 anglaises et 2 écossaises. Toute la prose historique qui occupe le rayon « Franc-maçonnerie » de la Fnac traite de ces 352 pièces.

    Ce reportage raconte comment une grande partie des nouvelles pièces écossaises trouvées, commence à rendre l'image du puzzle lisible... Ces pièces étaient là, au fond des registres des Loges d'Ecosse, mais aussi dans les correspondances de quelques érudits du 17ème siècle.

    Il a fallu qu'un universitaire, spécialiste de la culture écossaise, David Stevenson, entreprenne l'enquête, il y a une trentaine d'années !

    David Stevenson est professeur au Département d'Histoire Ecossaise de l'université de St Andrews. Ses nombreuses publications comprennent : « The Scottish Revolution 1637 – 1644 » (1973), « Revolution and Couffler Revolution in Scotland, 1641 – 1651 » (1977), « The first freemasons. Scotland's early Iodges and their members » (1988)...

    La Franc-maçonnerie a toujours été un mouvement sujet à de larges controverses. Et malgré la vaste littérature qui lui est consacrée, ses origines restent obscures, la thèse la plus répandue étant qu'elle a pris naissance en Angleterre dans les années 1700, mais la plupart des arguments utilisés ne résistent pas à l'examen de ceux relatifs à l'Ecosse.

    L'œuvre d'historien dans un domaine en général abandonné à des auteurs rarement neutres, qu'ils soient ou non favorables à l'Ordre, « Les Origines de la Franc-maçonnerie : le siècle écossais (1590 – 1710) » par David Stevenson est la première tentative pour étudier ces éléments en relation avec l'histoire de l'Ecosse. Ainsi et en s'appuyant sur de nombreux documents, nouveaux ou peu connus, issus des archives des premières loges écossaises, le professeur David Stevenson démontre que l'origine réelle des fondements de la Franc-maçonnerie moderne se trouve en Ecosse aux alentours de 1600, lorsqu'un réseau de loges fut organisé par des tailleurs de pierre avec des rituels et des secrets mêlant mythologie médiévale et influences intellectuelles tardives de la Renaissance pour former un mouvement qui allait se répandre à travers l'Angleterre, puis en Europe et finalement dans le monde entier...

    L'histoire de la naissance de notre mouvement intéresse aussi bien les érudits ou les historiens de la Renaissance et du 17ème siècle, que les Francs-maçons ou tous ceux qui veulent comprendre la véritable nature de cette organisation qui soulève un intérêt considérable, en découvrant l'organisation du métier et la contribution du moyen âge, les maîtres des travaux du roi, les statuts régissant le métier de maçon, l'influence de la Renaissance (alchimie, art de la mémoire, hermétisme, rosicrucianisme ... ), le rôle de l'architecte, les rituels d'identification et d'initiation, les premières loges écossaises, les débuts de la Franc-maçonnerie en Ecosse et en Angleterre... et des personnages forts et attachants comme Sir Robert Morray, général et ingénieur, maçon et stoïcien convaincu cultivant l'alchimie et le symbolisme...

    La théorie (1993) de l'historien écossais David Stevenson met en évidence le rôle considérable qu'auraient joué dans ce processus les loges opératives écossaises de la fin du 16ème siècle et du début du 17ème dans lesquelles on relève déjà la présence de personnalités plus ou moins étrangères au métier.

    Cependant, quelles que soient les qualités documentaires de ses recherches, Stevenson reste lui aussi assez peu convaincant quant aux motivations, nécessairement mutuelles, poussant opératifs et spéculatifs à se côtoyer, alors même que certains des gentlemen maçons écossais possèdent un lien étroit avec le métier.

    Au demeurant, il ne fait qu'effleurer un point essentiel qui fournit sans doute la clé de l'énigme : l'immense intérêt porté à l'œuvre de Vitruve, redécouverte dans la seconde moitié du 15ème siècle. L'architecte y est défini non seulement comme devant être savant dans les techniques de construction, mais aussi comme devant s'intéresser à toutes les sciences. C'est là un programme que les architectes de la Renaissance s'efforceront de suivre. Il n'est que de lire certains passages de l'Architecture de Philibert Delorme (1514 – 1570), fils d'un Maître Maçon lyonnais, pour se convaincre que la dichotomie opératif-spéculatif n'a guère de sens : pour expliquer certains emblèmes et symboles maçonniques, il cite la Bible, mais aussi des sources appartenant à la tradition hermétique, tel le néoplatonicien Marsile Ficin ou encore Francesco Colonna, l'auteur du Songe de Poliphile.

    Comme en témoignent à leur manière les marques typographiques, cet intérêt pour la dimension spéculative et ésotérique de l'architecture est alors européen et il est partagé tout aussi bien par les érudits, notamment à cause des connaissances géométriques des tailleurs de pierre, que par les bâtisseurs, successeurs du « Grand Architecte » qui, au commencement, traça un cercle à la surface du chaos (Proverbes, VIII).

    L'étude des anciens compagnonnages français de tailleurs de pierre (Devoirs) met également en évidence le fait qu'il ne s'agissait pas tous d'ouvriers plus ou moins incultes, et l'on constate la même chose dans les territoires germaniques. Leur clientèle, avec laquelle ils entretiennent souvent des liens amicaux, est précisément le milieu dans lequel recruteront les loges au 18ème siècle.

    Ce qui est paradoxal, c'est que cela fait près de 20 ans que la nouvelle figure du puzzle est connue ou accessible aux Maçons érudits. Ce qui se colportait dans les travaux des plus prestigieuses Loges de recherche et dans les plus éminentes conférences restait, en France comme en Angleterre, ignoré, voir méprisé dans quelques éloquentes démonstrations partisanes qui colonisent généralement les étagères des bibliothèques maçonniques. Mieux valait pour certains, sur les bases d'un flou historique, s'approprier non pas une filiation, mais plutôt s'accaparer l'invention et la définition de la Franc-maçonnerie.

    Ainsi quelques chercheurs érudits, français, anglais, américains... et écossais bien sûr, mirent leurs effort en commun pour, disons le franchement, enfoncer le clou, dans une croisade qui n'était pas à priori celle d'un universitaire comme David Stevenson.

    Sans chercher à remettre en cause les systèmes existant, le reportage met en lumière le versant historique de la genèse de la Franc-maçonnerie, longtemps esquivée des historiens continentaux, comme des historiens anglais. Il est clair que la nouvelle attitude d'ouverture de la Grande Loge Unie d'Angleterre depuis quelques années concourt à cette reconnaissance historique de l'Ecosse.

    Le trousseau de clefs

    Pour analyser cette « révélation », il faut replacer le sujet dans son contexte global, c'est-à-dire entre ce qui relève de la Franc-maçonnerie pure et qui est propre à chaque ordre maçonnique dans sa dimension initiatique ou philosophique, et ce qui relève de la véritable recherche historique et qui fait partie d'une activité commune à tous les passionnés de Franc-maçonnerie que nous pourrions qualifier de « maçonnophiles ».

    Tout d'abord il y a, et surtout en France, plusieurs types de franc-maçonneries, qui n'ont absolument pas besoin les unes des autres pour exister et surtout pour fonctionner correctement. Mais devant le vide historique préexistant (les fameuses pièces manquantes du puzzle) ces différents ordres maçonniques ont su se centrer, parfois à l'extrême, parfois très discrètement, sur leur propre histoire ou pseudo-histoire et leurs propres mythes.

    Ainsi est-il nécessaire de ne pas tout mélanger !

    Ce reportage relève de la maçonnophilie, axée sur la recherche historique et il ne prétend rien de plus, au même titre que toutes les recherches historiques sur l'ordre n'entrent que très partiellement ou pas du tout dans l'art maçonnique des différentes obédiences, surtout aux trois premiers degrés. En ce sens ce document ne constitue aucunement une « divulgation ».

    Il faut donc relativiser l'importance de l'histoire sur la Franc-maçonnerie elle-même, même si une certaine complémentarité existe bien évidemment entre la connaissance de la vérité historique et la pratique de nos différentes formes d'arts vertueux.

    De même, la Franc-maçonnerie, cette fois envisagée dans sa pratique et sa compréhension, n'est pas majoritairement de la science et de l'archéologie de bibliothèque. Elle repose pour de nombreuses obédiences sur des mythes et des légendes qui interviennent d'une manière parfois bien plus fondamentale sur le plan initiatique, qu'ils ne sauraient être tolérés dans le monde profane et le monde des sciences. Pourquoi faut-il que de nombreux intellectuels maçons s'évertuent dans d'indigestes « jus de neurones » à nous démontrer ce qui n'a pas nécessairement besoin d'être démontré, mais simplement d'être vécu ?

    L'allégorie et l'imagination possèdent des vertus qui nous permettent d'aller beaucoup plus loin dans la thématique de nos travaux que ne saurait le faire une page d'histoire, qui trouvera toujours une tache noire pour ternir la blancheur d'une vérité que la nature humaine aura inévitablement rendu imparfaite. L'histoire est donc complexe, on le savait déjà, mais là, la « clef écossaise » vient de nous ouvrir une nouvelle pièce de l'édifice. Cette grande bâtisse ou ce grand puzzle, fascine les chercheurs maçons comme les érudits profanes.

    Alors un jour, le trousseau se complètera peut-être d'une clef égyptienne, d'une clef templière, et d'autres encore. Elles complèteront la compagnie des clefs de l'écossisme, de la laïcité, de la mixité, qui font la richesse d'un édifice où il y a de la place pour tout le monde.

    La cible (c'est-à-dire le grand public) et la forme (un mode de réalisation très « tendance » entre le document-fiction et l’ambiance très « mystério-romanesque ») de ce documentaire auraient pu faire craindre de nous faire baigner dans les potentialités mythiques et légendaires.

    Tout au contraire, c'est une investigation qui ne développe que des faits avérés et rien d'autre, et qui bâtit sur ceux-ci des hypothèses plausibles, avec le plus grand sérieux et la plus extrême précaution.

    Le mythe et le rêve sont donc volontairement laissés de côté. Par exemple, il n'y a pas eu de commentaire à propos du fait que la tombe de William Shaw se trouve à quelques dizaines de mètres de celle de Robert Bruce [1], ce qui aurait rendu croustillant le développement, mais rendu l'œuvre attaquable au niveau des sous-entendus.

    Ainsi, les aspects légendaires n'ont pas été abordés. Il n'a donc jamais été question, ni de « Kilwinning n° 0 », ni de Rosslyn Chapel, ni des Saint-Clair ni même d'une interconnexion entre la fuite de quelques Templiers de France vers l'Ecosse … parties intégrantes des mythes écossais, mais qui possèdent pourtant pour certains d'entre eux quelques réalités historiques avérées.

    Avant d’évoquer ces quelques sujets qui n’ont pas été abordés dans le film, je voudrais rappeler quelques éléments des débuts de l’histoire de la Franc-maçonnerie tels qu’ils étaient encore véhiculés il y a dix ans.

    Le plus ancien témoignage concernant l’organisation du métier de maçon en Angleterre remonte à 1356, à Londres. Un conflit opposait les « maçons de taille » aux « maçons de pose ». Les autorités municipales édictèrent un règlement qui précise que jusqu’alors, le métier n’en avait pas eu.

    Un nouveau règlement est édicté en 1481. L’organisation est déjà relativement élaborée : la Compagnie des Maçons exerce le contrôle du métier à Londres ; elle enregistre notamment les apprentis, lesquels, au terme de leur apprentissage, peuvent comparaître devant une commission de la Compagnie et, après avoir prêté serment de fidélité et de loyauté envers le métier, la ville et la couronne, devenir « hommes libres du métier ».

    Cependant, le cas de la Compagnie des Maçons de Londres reste unique en Angleterre. On ne trouve dans le royaume aucune autre organisation exerçant une autorité équivalente sur le métier. Par ailleurs, aucun document de cette époque ne mentionne l’existence de « secrets » ou de grades. Plus encore, le mot « loge » n’est pas employé.

    Ce mot caractéristique est attesté à partir du 13ème siècle pour désigner la bâtisse édifiée sur le chantier où les ouvriers rangent leurs outils, travaillent, prennent leurs repas et se reposent. A partir du début du 15ème, il désigne l’ensemble des maçons d’un chantier, mais sans qu’il soit fait mention d’un contrôle du métier par cette communauté. C’est seulement au 16ème siècle, en Écosse, que le mot est attesté comme désignant une juridiction permanente réglant l’organisation du métier.

    Cet aspect juridique se situe dans le cadre du système des « Incorporations » qui apparaissent en Écosse au début du 15ème siècle pour assurer l’organisation des métiers dans les cités. Les maçons écossais obtiennent leur charte d’Incorporation en 1475, mais elle ne mentionne pas le mot « loge ».

    C’est en 1598, que William Shaw, Maître des ouvrages du Roi et Surveillant général de l’Incorporation des Maçons, publie de nouveaux Statuts. Ceux-ci traduisent une évolution sensible : désormais c’est une « loge » qui contrôle l’entrée des apprentis et leur accès au rang de compagnon, règle les différends et punit les manquements au règlement.

    Mais la différence fondamentale, c’est que les maçons écossais de 1598 partagent des « secrets », notamment le « Mot du Maçon », qui leur sont communiqués au cours d’une cérémonie après qu’ils aient prêté serment de discrétion.

    Parmi les autres témoignages nous permettant d’étudier le substrat légendaire et historique de la Maçonnerie, les « Old Charges » occupent une position privilégiée.

    Environ 120 textes de ces « Anciens Devoirs » sont actuellement connus. S’échelonnant de la fin du 14ème siècle au premier tiers du 18ème, ils sont tous d’origine anglaise. Les plus anciens sont les manuscrits « Regius » (vers 1390) et « Cooke » (vers 1420).

    Ces textes sont structurés en deux parties : d’une part, une histoire légendaire du métier ; d’autre part, un code réglementant la conduite des maçons et leurs relations avec les apprentis et les maîtres – ce terme désignant alors les employeurs.

    Ces règlements diffèrent sensiblement de ceux de l’Écosse ; en particulier, ils ne prévoient pas de dispositions laissant présager d’une coexistence avec un autre système réglementant le métier (cas de la loge vis-à-vis de l’Incorporation) et ils donnent une large part à des prescriptions à caractère moral et religieux, n’ayant aucun rapport direct avec le métier.

     

    Pour prolonger cette analyse, je me propose d’envisager quelques considérations sur ce qui n’a pas été abordé dans le documentaire.

     

    William Shaw et ses statuts

    Certains font remonter la lignée maçonnique, avant les bâtisseurs de cathédrales, aux architectes du Temple de Salomon. Cependant…

    La première forme de la Franc-maçonnerie est opérative : elle s'est formée au moyen âge à partir d'associations professionnelles de maçons qui regroupaient les francs-mestiers, c'est-à-dire les métiers « libres », non soumis aux servitudes ou aux droits seigneuriaux. Les constructeurs de cathédrales constituaient une main d'œuvre affranchie de toute allégeance, se regroupant en loges libres, isolées ou fédérées, d'où leur appellation de « maçons francs ».

    La première organisation de loges de bâtisseurs européens date de 1454 à Ratisbonne où ont été élaborés les statuts des métiers, gouvernés par quatre loges : Strasbourg, Cologne, Vienne et Berne. La franc-maçonnerie de métier n'était cependant pas seulement opérative mais incluait déjà des éléments spéculatifs c’est-à-dire des membres effectuant des recherches abstraites et théoriques.

    La solidarité de culte existait déjà et fut à l'origine des rites d'initiation qui étaient à la fois ceux du métier mais aussi d'ordre spirituel et basé, dans la France du moyen âge, sur l'observance de la religion catholique romaine. A ces préoccupations s'ajoutaient également une dimension charitable de secours aux malades, ainsi qu'une mission éducative. Le maître-maçon était tout autant architecte qu'entrepreneur, charpentier, tailleur de pierre et sculpteur et avait en charge la transmission de son savoir en direction des apprentis et des compagnons.

    Au cours du 17ème siècle, la déchéance du métier aurait amené les maçons opératifs à accepter dans leurs loges, pour qu'elles survivent, des personnes étrangères à la profession. D'après la théorie dite de la « transition », c'est le nombre grandissant de ces «acceptés», ainsi que la vision différente qu'ils avaient de la vocation de l'association, qui conduisirent tout naturellement à la naissance d'une structure purement spéculative, la maçonnerie « opérative » semblant alors s'être lentement éteinte.

    Il subsiste quelques-uns de ces manuscrits des Old Charges, documents qui se composent d'une histoire du métier et d'un règlement destiné aux tailleurs de pierre et qui font l'objet d'une lecture lors de la réception de nouveaux membres. La plupart de ces textes proviennent d'ailleurs des archives de vieilles loges spéculatives, ce qui tend à accréditer l'idée de la continuité naturelle avec les loges antérieures. Les deux plus anciens documents maçonniques connus sont le Manuscrit Régius (1390) et le Manuscrit Cooke (1425).

    Leur analyse indique l'existence de versions plus anciennes qui sont perdues. Il faut attendre le 17ème siècle et même le début du 18ème pour trouver une nouvelle strate significative de documents du même type, certains étant des copies manifestement réalisées à l'usage de loges déjà spéculatives. Il existe aussi une autre famille de documents, qui datent de l'extrême fin du 16ème siècle et concernent les maçons opératifs écossais, ce sont les « Statuts Shaw » datant de 1599.

    C'est en Écosse que la structure fonctionnelle des loges est institutionnalisée, vers 1598, avec les « statuts Shaw », qui définissent, entre autres, le réseau territorial des loges et l'ascension par degrés : le premier permet, en sept ans, de passer du statut d'apprenti à celui de compagnon.

    Les statuts Shaw

    William Shaw est surtout connu pour être l'auteur de statuts qui portent son nom et qui sont donc connus sous l’appellation « Statuts Shaw ». Il s’agit de deux écrits précurseurs de la structuration de la Franc-maçonnerie moderne. Shaw a mis au point une réglementation de la profession de maçon « opératif », distincte des guildes de métier et une réglementation fonctionnelle et hiérarchique des Loges maçonniques à trois niveaux (Maître de Loge, Compagnons et Apprentis-entrés) pour toute l'Écosse.

    Les premiers « Statuts Shaw » datant de 1598

    Ces premiers statuts datent du 28ème jour de décembre 1598. Ils s’intitulent exactement « Statuts et Ordonnances que doivent observer tous les Maîtres Maçons de ce royaume », arrêtés par William Shaw, Maître des travaux (Maister of Wark) et Surveillant Général (General Warden) dudit Métier.

    Le registre original est toujours en possession de la Loge Mary's Chapel d'Édimbourg à laquelle il appartenait. Cette loge maçonnique, indépendante des guildes de métier, prendra, en cette année, le n° 1 des Loges maçonniques d'Écosse.

    Les seconds « Statuts Shaw » de 1599

    Un an après paraissaient les seconds « Statuts » qui venaient compléter ceux de 1598. Devant les plaintes de la Loge de Kilwinning, William Shaw, à cause de querelles de préséance avec la Loge « Mary's Chapel » n° 1, accorda à celle-ci le n° 0. Elle deviendra ainsi la Loge « Kilwinning » n° 0, Loge-mère de la future Grande Loge d'Écosse.

    S'ajoutent à ces documents internes, quelques mentions éparses de l'existence des loges maçonniques dans divers récits du 17ème siècle, indications qui montrent que se sont effectivement introduites dans les loges des personnes étrangères à la profession, et qui, pour certaines, appartenaient à des milieux érudits (Royal Society) s'intéressant de près aux doctrines hermétiques (alchimie, kabbale, rosicrucianisme).

    Aucun de ces documents ne permet de comprendre de manière explicite le processus de naissance du courant spéculatif. La théorie de la « transition » reste finalement très floue à l'égard des motivations qui auraient poussé, d'une part, les spéculatifs à fréquenter assidûment les loges opératives, et, d'autre part, les opératifs à les y accepter.

    Elle est battue en brèche depuis plusieurs décennies par d'autres théories, certaines allant jusqu'à considérer qu'il n'y a en réalité aucun lien organique entre opératifs et spéculatifs, ces derniers n'ayant fait qu'emprunter aux premiers des formes dont ils auraient détourné la fonction.

    Ces théories se distinguent entre elles quant à la motivation première de ce détournement : politique, religieux ou, plus généralement, social. L'Angleterre du 17ème siècle était effectivement en proie à diverses crises et la sociabilité fraternelle des loges aurait permis de surmonter certains clivages.

    La dernière théorie en date, nous l’avons écrit au début de ce travail, est celle de l'historien écossais David Stevenson qui, en 1993, mit en évidence le rôle considérable qu'auraient joué dans ce processus les loges opératives écossaises de la fin du 16ème et du début du 17ème siècle.

    Apparut alors en Grande-Bretagne, la deuxième forme de la Franc-maçonnerie, dite spéculative. Elle procède par l'admission de membres acceptés qui conservent les traditions et les rites anciens tout en intégrant des connaissances autres que celles liées à la maçonnerie.

    La Grande Loge de Londres s’est constituée en 1717. Elle comptait parmi ses membres de nombreux intellectuels et scientifiques, en particulier ceux de la prestigieuse Royal Society, l'Académie des Sciences londonienne. Elle était régie par le « Livre des Constitutions » de James Anderson qui fixait les obligations des Francs-maçons.

    Outre l'affirmation d'une déclaration de tolérance religieuse et de liens de fraternité entre ses membres, ces constitutions précisent que, sur le plan politique, « un maçon est un sujet pacifiste soumis aux pouvoirs civils ; il ne doit jamais se mêler de complots et conspirations contre la paix et le bonheur de la nation ».

    Les premières loges françaises calquées sur le modèle anglais ont vu le jour entre 1720 et 1725. Mais il est probable que l'influence écossaise avait déjà contribué à la création de loges bien antérieures.

     

    Deux faits historiques

    La première Initiation enregistrée sur le sol anglais est celle de Sir Robert Moray, gentilhomme écossais et Quartier-maître Général de l’armée écossaise en train d’assiéger Newcastle on Tyne. Cette initiation a eu lieu le 20 mai 1641. Ce fait est enregistré dans les minutes (« Tracés ») de la Loge d'Édimbourg connue aujourd’hui en tant que « Mary’s Chapel Lodge » n° 1 sur le Tableau de la Grande Loge d’Écosse. Ceci ne permet d’affirmer qu’une seule chose : c’est que la Maçonnerie spéculative existe en Ecosse à cette époque.

    Les recherches menées par le Dr David Stevenson, de l’Université de St Andrews, en Écosse, ont montré que la Loge d’Edimbourg est, à l’origine, une Loge de maçons opératifs et qu’elle avait été enregistrée comme telle par William Shaw en 1598.

    La première Initiation enregistrée d’un Franc-maçon anglais en Angleterre est celle d’Elias Ashmole, antiquaire et héraut bien connu. Elle a eu lieu au domicile de son beau-père à Warrington, le 16 octobre 1646. Aucune des personnes présentes n’était un maçon opératif mais des personnalités locales, officiers de l’armée et autres notables.

    La seule conclusion à en tirer, c’est qu’en 1646, il existe des Loges entièrement spéculatives en Angleterre, dont les membres appartiennent à la classe moyenne et à l’aristocratie. Ainsi la Maçonnerie spéculative existe dans des « Loges » tant en Écosse qu’en Angleterre au début du 17ème siècle.

     

    La Loge de Kilwinning et la diffusion du « Mot de maçon » dans l’Écosse du 17ème siècle

    Le Rite du « Mot de maçon », créé vers 1637 en Écosse, est probablement le plus ancien rite de la Franc-maçonnerie dite « spéculative ».

    La Loge de Kilwinning pratiquait déjà vers 1628-1637 le rite calviniste du « Mot de maçon ». Ce n’était pas là la seule particularité de la Loge de Kilwinning : d’une part, celle-ci, conformément à ce qu’elle avait probablement réussi à faire accepter par William Shaw en 1599, se réunissait le 20 décembre à une date différente du jour de la Saint-Jean l’Évangéliste (soit le 27 décembre) traditionnellement choisie par les autres loges écossaises régulées par les Statuts Shaw de 1599 ; et d’autre part, elle avait refusé de cosigner les deux Chartes Saint Clair de 1601 et de 1628 qui reconnaissaient le seigneur de Sinclair comme patron de diverses loges d’Écosse.

    Kilwinning est une petite ville historique d'environ 8 000 habitants, située sur la côte ouest de l'Écosse, dans le North Ayrshire, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Glasgow. Elle est célèbre dans le domaine de la Franc-maçonnerie pour abriter la plus ancienne loge d'Écosse, parfois nommée « Kilwinning » n° 0, source probable du Rite du « Mot de maçon » (Mason's Word).[1]

    La famille Sinclair étant catholique, il semble alors que la Loge de Kilwinning ait refusé de signer ces deux chartes parce qu’en qualité de loge calviniste, elle refusait de se soumettre et d’obéir à un patron catholique. C’était probablement sa confession calviniste qui en 1599 avait poussé la Loge de Kilwinning à réclamer et à faire accepter par le catholique William Shaw un statut si spécial que, dans ses Statuts de 1599, Shaw avait attribué à la Loge de Kilwinning le titre symbolique de « tête » en situant ce titre par rapport à « l’Église de Kilwinning » : c’était là reconnaître la primauté de la Loge calviniste de Kilwinning à la tête seulement des autres loges calvinistes d’Écosse, et non à la tête de l’ensemble des loges d’Écosse, les loges de Aitchison’s haven, d’Edimbourg et de Saint Andrew étant apparemment plus anciennes que la Loge de Kilwinning. Le refus de la Loge calviniste de Kilwinning de cosigner les deux Chartes Saint Clair de 1601 et de 1628 et d’obéir par là à un patron catholique est important : il induit l’idée qu’en 1628, les loges qui cosignèrent la deuxième Charte Saint Clair (Edinburgh, Glasgow, Stirling, Dunfermline, Dundee et Saint Andrew) n’étaient pas des loges à majorité ou d’abord calvinistes mais des loges qui acceptaient d’être patronnées par un protecteur catholique.

    C’est à cette même époque vers 1628 – 1637 que le rite calviniste du « Mot de maçon » apparaît à Kilwinning et dans sa loge-fille de Scone-Perth. Il semble donc :

    1. que le « Mot de maçon », rite calviniste élaboré et transmis à ses loges-filles (les loges du Renfrewshire et de l’Ayrshire dont celle de Scone-Perth, puis celle de Canongate-Kilwinning) par la loge calviniste de Kilwinning, fut d’abord un rite étranger aux loges qui cosignèrent la deuxième Charte Sain Clair en 1628, ce qui invite à comprendre l’actuel titre de « Mother lodge » revendiqué par la loge de Kilwinning non comme l’affirmation de sa primauté de loge franc-maçonnique (non seulement trois loges écossaises lui étaient antérieures, mais encore ce sont les loges anglaises qui, nées au 14ème siècle, furent les premières loges franc-maçonniques du monde), mais très exactement comme une référence à sa primauté absolue dans la tradition rituelle du « Mot de maçon » qu’elle élabora et fut par conséquent la première à transmettre aux autres loges d’Écosse puis à l’Angleterre et enfin au monde ;

    2. que la Loge de Kilwinning transmit le « Mot de maçon » d’abord aux loges calvinistes comme elle (la plus ardente étant celle de Perth, qui fut probablement la première à recevoir de la Loge de Kilwinning le « Mot de maçon » peu de temps après la création de ce dernier vers 1628 – 1637) ;

    3. et que les autres loges d’Écosse n’adoptèrent le rite calviniste du « Mot de maçon » élaboré et transmis par la Loge de Kilwinning que lorsqu’elles furent composées d’une majorité de calvinistes, et encore de calvinistes covenantaires, précision qui nous amène à examiner la chronologie de la diffusion du rite calviniste du « Mot de maçon » dans les loges écossaises du 17ème siècle.

    Le rite calviniste du « Mot de maçon », qui se trouve d’abord attesté implicitement à Kilwinning (1658) et explicitement à Perth deux fois (1638 à comprendre comme 1628 – 1637 ; et 1658), fut élaboré à Kilwinning entre 1628 et 1637.

    Il ne s’est donc diffusé dans d’autres loges calvinistes qu’après 1628 – 1637. Etant donné qu’en qualité de rite spécifiquement calviniste, il n’a pu être transmis dans l’Écosse du 17ème siècle qu’à des loges calvinistes covenantaires, on peut en déduire que c’est le Covenant de 1638 qui, en uniformisant la vie religieuse d’Écosse sur le modèle presbytérien, et en renforçant ainsi le rattachement des écossais au calvinisme, favorisa la propagation du rite calviniste du « Mot de maçon » dans les autres loges d’Écosse.

    Cependant cette diffusion fut progressive. Lorsqu'en 1641 le calviniste Robert Moray fut accepté comme Maçon par les Maçons d’Edimbourg dans la ville anglaise de Newcastle on Tyne alors occupée par l’armée calviniste d’Écosse, l’examen de la minute d’Edimbourg rendant compte de sa Réception semble indiquer qu’il fut reçu non pas au rite calviniste du « Mot de maçon » (qui était trop récent pour avoir été déjà transmis par la Loge de Kilwinning à la Loge d’Edimbourg) mais selon l’ancien rite anglican des loges opératives, comme tend à le confirmer le fait qu’il fit enregistrer sa marque de Maçon accepté. Ce caractère progressif, c’est-à-dire lent, de la transmission du « Mot de maçon » par la Loge de Kilwinning aux autres loges calvinistes d’Écosse apparaît dans le fait que c’est seulement en 1649 que des calvinistes recommandèrent à plusieurs presbytères d’essayer le « Mot de maçon ». De même, c’est seulement en 1660 qu’un membre de la Loge de Canongate près d’Edimbourg affirma connaître, pratiquer et désirer transmettre à son Apprenti le « Mot de maçon ».

    La pratique du « Mot de maçon » n’est attestée dans la Loge d’Aberdeen qu’en 1670. C’est seulement en 1677 qu’en se séparant de la Loge de Canongate, certains Maçons calvinistes, en créant à Canongate une seconde loge qu’ils demandèrent à la loge calviniste de Kilwinning de patronner, se mirent à adopter et à pouvoir pratiquer le rite calviniste du « Mot de maçon ». Cette précision confirme le caractère spécifiquement et explicitement calviniste du « Mot de maçon » : c’est en 1697 que les seigneurs catholiques Sinclair de Roslin furent dits « obligés de recevoir le Mot de maçon ».

    Une minute du livre de la Loge de Haughfoot montre qu’en 1702 celle-ci, dont l’histoire nous a conservé une partie d’un catéchisme symbolique, avait adopté le rite du « Mot de maçon » ; il est en effet parlé « of entrie as the apprentice did. Leaving out... they then whisper the word as before, and the master mason grips his hand in the ordinary way ». Le rituel du « Mot de maçon » de la loge date de 1710, soit de l’année qui suivit le départ de James Anderson pour Londres.

    Et enfin il semble qu’en 1721 la Loge Mary’s Chapel d’Édimbourg pratiquait le rite du « Mot de maçon » puisque cette année-là elle reçut Jean-Théophile Desaguliers en des termes qui semblent faire référence au « Mot de maçon » ; en effet lorsqu’une minute du livre de « Mary’s Chapel » indique au sujet de Desaguliers que les Frères de la Loge « le trouvant qualifié dans tous les points de la maçonnerie, le reçurent comme un frère dans leur société », elle utilise l’expression « all points » (« tous les points ») qui renvoie aux différents points précisément nommés « points » dans les premiers catéchismes symboliques.

    Cinq documents attestent ainsi le rapport étroit qui exista entre l’Église réformée presbytérienne d’Écosse et l’apparition du « Mot de maçon ». De tout ce qui précède on peut déduire que le « Mot de maçon » fut élaboré en Écosse par des Francs-maçons acceptés de confession calviniste, et que c’est dans la triple conception réformée du temple (temple compris comme temple de Salomon, figure du corps de Jésus-Christ constitué par l’ensemble des membres de la communauté chrétienne) qu’ils puisèrent l’idée du « Mot de maçon ».

    Mais si tout ceci nous permet de mieux comprendre le sens spirituel que la référence au Temple de Salomon revêtit pour les Maçons calvinistes d’Écosse au 17ème siècle, il n’a pas encore été possible de rendre compte de la nécessité historique qui poussa les Maçons acceptés et calvinistes d’Écosse à élaborer ce « Mot de maçon » tel qu’il fut (c’est-à-dire un mot de reconnaissance et par conséquent un mot de passe emprunté au nom des deux Colonnes du Temple de Salomon, tout cela dans le cadre spécifique d’une loge composée de maçons opératifs et de maçons acceptés).

     

    Les Sinclair

    Les origines des Sinclair

    En 876, Rollon, le fils de Roginvald le Tout Puissant, remonta la Seine et pilla la région alentour. Pour faire la paix, Charles, Roi de France, lui donna des provinces au nord de la France et le traité fut signé au château de Saint-Clair-sur-Epte d'où les Saint Clair (Sinclair) tirent leur nom.

    La conquête normande

    Guillaume le Conquérant, le cousin des Saint Clair, reçut de vastes domaines en Angleterre à la suite de la bataille de Hastings. Il y avait des Saint Clair en Écosse bien avant la conquête normande. En 1057, le Roi donna à Guillaume de Saint Clair, un terrain nommé Rosslyn qui appartient à la famille depuis ce temps-là.

    Succès écossais et relations avec les Templiers

    Les Saint Clair, associés aux Chevaliers du Temple, participèrent aux croisades de Jérusalem. Après la suppression de l'Ordre des Chevaliers du Temple par le Pape, les Sinclair permirent à l'Ordre d'établir son quartier général dans le domaine de Rosslyn.

    Bannockburn et le cœur de Bruce

    A la bataille de Bannockburn en 1314, les Chevaliers du Temple, menés par Sir Guillaume de Saint Clair et deux de ses fils, vainquirent l'armée anglaise. Les Chevaliers du Temple commémorent toujours cette victoire le jour de la fête de la Saint-Jean à Bannockburn.

    Deux Saint Clair allèrent chercher le cœur de Robert Bruce mort en Espagne, afin de le ramener en Écosse pour l'ensevelir. Les Maures les attaquèrent et les tuèrent à leur retour. Cependant, le courage de ces deux chevaliers écossais les impressionna tellement qu'ils autorisèrent le rapatriement en Écosse des deux cadavres ainsi que le cœur de Robert Bruce.

    Le Nouveau Monde

    En 1389, Henri de Saint Clair, comte des Orcades et prince de Norvège, partit pour le nouveau monde avec 200 hommes armés et 12 navires remplis de canons. Ils naviguèrent jusqu'en Nouvelle Écosse où Henri fonda une colonie. D'autres preuves de voyages d'Henri de Saint Clair vers le nouveau monde, datant d'une époque avant la naissance de Christophe Colomb, se trouvent dans la chapelle de Rosslyn.

    Le comté de Caithness

    En 1455, le comté de Caithness fut donné à Guillaume de Saint Clair des Orcades. Depuis ces temps-là, beaucoup de Sinclair sont devenus célèbres et particulièrement Sir John Sinclair d'Ulster, premier président de la Chambre d'Agriculture à l’époque de Pitt ; le chef d'Escadron Arthur de Saint Clair qui, pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis, fut le conseiller de confiance du Général Washington.

     

    La Chapelle Rosslyn (Rosslyn Chapel)

    La Rosslyn Chapel ou Chapelle de Rosslyn (anciennement nommée Collégiale de Saint Mathieu) est une église catholique qui fut construite au 15ème siècle à coté du petit village de Roslin, dans le Midlothian [2] en Écosse.

    Elle fut dessinée par des architectes qui avaient aussi consulté Sir William Sinclair (orthographe alternative « Sainteclaire / Saintclair / Sinclair / St Clair ») de la famille Sinclair [3], une famille écossaise noble descendante d'une famille normande. La construction de la chapelle commença vers 1440 – bien que la date officielle de fondation soit 1446 – et s'acheva quarante ans plus tard.

    Les fouilles réalisées au 19ème siècle prouvent que la chapelle faisait partie autrefois d’un ensemble plus grand, dont la construction aurait été interrompue à la mort de William Sinclair.

    La chapelle de Rosslyn ressemble presque exactement au chœur de la cathédrale de Glasgow, beaucoup plus grande mais aussi plus ancienne.

    La petite chapelle de Rosslyn est connue à cause de la complexité de sa décoration et par les histoires fantastiques qui y ont été attachées. Par exemple :

    1. Ses deux piliers ont des sculptures différentes. La légende veut que le maître maçon entama la réalisation de ce qu'on nomme aujourd'hui le pilier de l'Apprenti, jusqu'au jour où se sentant incapable de le terminer, il partit en voyage d'études à Rome afin d'améliorer ses compétences. Pendant son absence, son apprenti termina lui-même l'œuvre, ce qui déclencha la colère du maître-maçon qui tua l'apprenti.

    2. Des Francs-maçons pensent y voir les piliers de Boaz et Jachin du Temple de Jérusalem. La chapelle est soutenue par 13 piliers, un quatorzième pilier entre ceux de l’avant dernière paire crée une séparation entre la nef et la chapelle de la Vierge.

    3. De plus, de nombreux archéoastronomes [4] pensent que des coordonnées géographiques islandaises (d’où les Saint Clair pourraient être originaires) sont sculptées sur les murs mais également dans toute la Grande-Bretagne.

    En réalité, la petite chapelle de Rosslyn existait pour permettre aux chanoines et aux deux petits garçons qui y chantait avec eux, de prier jour et nuit, et de dire la messe catholique.

     

    Mary's Chapel

    1599 est la date des premières Minutes (procès-verbaux des réunions) de Mary's Chapel, qui apparaissent être ainsi les plus anciennes Minutes de Loge du monde.

    C’est pourquoi la plus ancienne Loge maçonnique connue dont on puisse clairement établir qu'elle était structurellement distincte de la corporation locale de maçons opératifs (à laquelle elle restait cependant adossée) fut celle de Mary's Chapel, fondée en 1599 sous l'autorité de William Saint Clair, à Édimbourg en Écosse.

    Comme elle, la plupart des toutes premières loges maçonniques distinctes des corporations sont écossaises et créés sous le régime des statuts dits « Statuts Shaw ». Elles sont jalouses de leur indépendance et pratiquent :

    • soit l'ancienne cérémonie d'admission datant des corporations et connue sous le nom de « Rite des Anciens Devoirs » ;

    • soit, à partir des années 1630 et en milieu presbytérien, un rituel d'initiation fort simple avec transmission d'un « secret » connu sous le nom de « Rite du Mot de maçon ».

    Ces deux rites sont comparables à ceux qu'on peut trouver dans d'autres corporations ou confréries de métiers de l'époque, telle que, par exemple, celle des francs-jardiniers. Toutefois, la prééminence donnée dans la société de l'époque au métier de maçon, leur réputation et celle de leur rituel attirèrent dans leurs rangs, surtout à partir de 1670, d'assez nombreux gentilshommes et bourgeois. Assez souvent ceux-ci, après avoir reçu l'initiation maçonnique, continuaient à se passionner pour le sujet mais fréquentaient assez peu les réunions ordinaires de leurs loges.

     

    Considérations sur la survivance de l’Ordre du Temple en Ecosse

    Rappelons que l’Ordre des Chevaliers du Temple ou tout simplement l'Ordre du Temple était un ordre religieux et militaire international issu de la chevalerie chrétienne du moyen âge. Ses membres ont été appelés plus simplement « les Templiers ».

    Cet ordre fut créé le 13 janvier 1129 à partir d'une milice appelée « les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ». Il œuvra pendant les 12ème et 13ème siècles à l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la reconquête. Afin de mener à bien ses missions et notamment d'en assurer le financement, il constitua à travers toute l'Europe chrétienne et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies. Cette activité soutenue fit de l'ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l'époque, le menant même à effectuer des transactions sans but lucratif avec certains rois ou à avoir la garde de trésors royaux.

    Après la perte définitive de la Terre sainte en 1291, l'ordre fut victime de la lutte entre la papauté et Philippe le Bel et fut dissous par le pape Clément V le 22 mars 1312 à la suite d'un procès en hérésie. La fin tragique de l'ordre mena à nombre de spéculations et de légendes sur son compte.

    La fin de l'Ordre du Temple fut si brutale que d’aucuns imaginèrent qu’il se prolongea après sa dissolution en 1314. Un certain nombre de Templiers ayant survécu, d’aucuns n’hésitèrent pas à supposer que Jacques de Molay avait eu le temps de transmettre son titre avant sa tragique fin.

    En ce qui concerne les survivances de l’Ordre du Temple, sont généralement citées la filiation de Beaulieu, la filiation d’Aumont, la filiation Larmenius et la filiation de Geoffroy de Gonneville. Seules la filiation d’Aumont nous amène à la Franc-maçonnerie écossaise !

    La filiation d'Aumont

    Au soir du 18 mars 1314, Pierre d'Aumont, précepteur d'Auvergne et sept autres chevaliers déguisés en maçons auraient récupéré les cendres de Jacques de Molay et juré de venger l'Ordre. Pierre d’Aumont se serait alors réfugié en Écosse, sur l'île de Mull où il aurait été désigné comme nouveau Grand Maître de l'Ordre le 24 juin 1315. Pierre d'Aumont paraît aux côtés du roi Robert Bruce dans sa lutte contre les Anglais. Ce noyau de Templiers serait à l'origine de la constitution de la loge maçonnique Heredom [5] ou « Sainte Maison ».

    Une tradition maçonnique affirme que « Kilwinning », la Loge écossaise la plus ancienne, a été fondée par le roi d’Ecosse Robert Bruce après sa victoire sur les Anglais, et qu’elle accueillait des Templiers qui s’étaient enfuis de France.

    Sous la conduite du dernier Grand Maître clandestin, Pierre d'Aumont, et sous la protection du roi Robert Bruce, les chevaliers Templiers se seraient regroupés dans l'Ordre de Saint André du Chardon qu'ils associèrent au « Rite écossais », ordre maçonnique déjà en place en Écosse.

    Les historiens n’ont peut-être pas assez insisté sur le fait que Philippe le Bel avait dissout les sociétés de maçons dans tout le royaume de France, juste au moment où il entreprenait les persécutions de l’Ordre du Temple. C’est donc que Philippe le Bel pouvait redouter, à juste titre, l’aide qu’auraient pu apporter ces sociétés de maçons opératifs aux chevaliers en détresse !

     

    Une filiation entre l’Ordre du Temple et la Franc-maçonnerie ?

    Par-delà le symbolisme identique, nous pouvons penser que c’est bien tout un esprit commun, une fraternité partagée qui ont sans doute uni chevaliers et maçons. Les maçons ne seraient-ils pas somme toute les héritiers légitimes des chevaliers ?

    La symbiose entre Templiers et Maçons ne fait plus aucun doute pour tous les historiens et maçonnologues sérieux, même si les preuves en sont absentes !

    Pour Jean Tourniac, les liens étroits existant entre Templiers et maçons « n’ont pu s’effacer à la dissolution du Temple ». « L’Ordre du Temple était le plus grand fournisseur des travaux de la corporation et la protégeait, lui accordait franchise dans ses terres, places et dépendances. Comment la corporation des maçons aurait-elle pu l’oublier et refuser asile au moment de la tragédie du 14ème siècle ? ».

    Jean Tourniac pense que les Templiers ont « enfermé dans de nouvelles structures le trésor de leurs symboles et le souvenir de leur chevalerie ».

    Paul Naudon est lui aussi convaincu que les communautés de francs-métiers créées sous l’égide des Bénédictins et des Templiers n’ont pas disparu avec l’Ordre du Temple et que l’action du Temple sur la maçonnerie opérative fut décisive.

    L’héritage templier dans la Franc-maçonnerie s’est manifesté non seulement dans une transmission des pratiques et vertus du Temple – l’équité, la tolérance, la générosité – mais plus encore par l’infusion des grands principes de la Chevalerie et leur aboutissement logique : le rêve d’une grande fraternité universelle. La Chevalerie n’est-elle pas l’expression du Temple universel et ne travaille-elle pas pour le Dieu unique ?

    Une fois condamné, il fallait bien que l’Ordre du Temple ait choisi un héritier de ses secrets. Le meilleur héritier n’était-il pas celui qui possédait déjà en propre d’autres secrets et savait les garder jalousement, c’est-à-dire les maçons libres ?

     

    Conclusions

    Les auteurs du documentaire « La clé écossaise » ont osé poser des questions essentielles que tout Franc-maçon devrait se poser au sujet de la Franc-maçonnerie et de ses origines. En guise de réponses, ils ont mis en lumière et puisé dans les recherches effectuées par l’historien Robert Cooper à partir de 1988 (c’est-à-dire il y a déjà vingt ans) et dans les travaux de David Stevenson entrepris il y a une trentaine d’années.

    L'effet de la diffusion à la télévision de ce documentaire pourrait avoir des répercutions importantes sur le regard du monde profane sur l'institution, au point aussi d'augmenter considérablement le nombre de postulants à la porte du temple.

    Il va falloir intégrer la « clef écossaise », mais il y aura déjà une chose acquise, c'est que la réalité historique ne pourra plus être ignorée ni détournée lorsqu'il sera question des fondements de la maçonnerie dite « spéculative ».

    Le puzzle devenant de plus en plus lisible, c'est aussi la crédibilité du système dans son entier qui y gagne et donc bien entendu : l'invisible « Franc-maçonnerie Universelle ».

    Le reportage a eu l'intelligence de ne pas se disperser. Il a traité d'un point fondamental : les liens avérés entre la Franc-maçonnerie d'Écosse et les pères des constitutions d'Anderson, James Anderson et Jean Théophile Desaguliers.

    Après l'immense succès de la diffusion de ce documentaire en Belgique, on peut s'attendre à un second numéro qui devrait traiter de la suite historique, du développement au 18ème siècle, de la Grande Loge d'Écosse et nous rapprocher un peu plus de la Franc-maçonnerie contemporaine.

     

     R:. F:. A. B.

     

    [1] Robert 1er d'Écosse, Robert de Brus (en normand), Roibert a Briuis (en Écossais méd.), Robert the Bruce ou Robert Bruce (en anglais moderne) (Château de Cardoss, 11 juillet 1274 – 7 juin 1329), comte de Carrick, est roi d'Écosse de 1306 à 1329. Il appartient à la maison Bruce.

    [2] Le Midlothian (Meadhan Lodainn en écossais) est une des 32 divisions administratives de l’Écosse. Le Midlothian est frontalier avec les Scottish Borders, l’East Lothian et la ville d’Édimbourg.

    C’était auparavant un comté entre le West Lothian à l’ouest, le Lanarkshire et le Peebleshire au sud, le Berwickshire et l’East Lothian à l’Est. Il comprenait alors la ville d’Édimbourg et était parfois appelé Edinburghshire.

    [3] La famille Sinclair est une famille écossaise d'origine normande. Sinclair devint le nom du clan écossais qui lui est rattaché, et dont font partie les Rosslyn et les Caithness.

    Le nom est orthographié de différentes façons, suivant les époques et les usages. Le nom original de Saint-Clair a évolué en Saint Clare après l'arrivée en Écosse puis Sinclair à partir de la fin du 16e siècle lorsque deux branches sont apparues. Les Caithness adoptèrent la forme Sinclair. Les Rosslyn préfèrent encore l'ancienne forme de Saint Clare ou parfois St. Clair. Sinclair est néanmoins la forme la plus courante et celle utilisée dans la Scottish Clan and Familly Encyclopedia et dans le Webster's New biographical Dictionnary.

    [4] L'archéoastronomie résulte de la combinaison d’études astronomiques et archéologiques. Elle revêt deux facettes : d’une part elle cherche à expliquer les observations astronomiques passées, à la lumière des connaissances actuelles ; d’autre part, associée à des études archéologiques et ethnologiques, elle tente d’interpréter et de préciser un possible usage astronomique de constructions anciennes tels que les mégalithes ou les géoglyphes de Nazca. Dans un contexte inverse, elle peut contribuer à l'astronomie ordinaire qui peut trouver dans des textes anciens des mentions d'événements astronomiques.

    [5] La Franc-maçonnerie, qui serait née en Écosse, et plus exactement à Kilwinning d'Heredom, a peut-être vu le jour sur une colline, haut lieu sacré et spirituel qu'est Heredom. Le mot « Heredom » reste énigmatique. Des tas d'interprétations ont été données mais aucune n'est satisfaisante. Cette colline existe bien, et certains pensent qu'il s'agit d'une colline artificielle élevée par une ancienne culture. Sur place en Écosse, aucune colline ne porte ce nom, mais en revanche il existe un Mont Greenan, qui est selon toute vraisemblance la colline d'Heredom.  C'est une tradition très ancienne qui transmet ce nom, et non celui de la toponymie, pourtant déjà elle-même fort ancienne… Cela signifie qu'Heredom appartient à une langue antique, qui existait en ces lieux.

     


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