• * Construire son temple intérieur

     Construire son temple intérieur 

    Les mots qui composent le titre de cette planche - « Construire son Temple intérieur » - me donnent le fil conducteur de ma réflexion :

    • Comment faut-il comprendre l’expression « temple » dans notre univers maçonnique ?
    • Quel est le sens du mot « construction » ?

    Je tenterai ensuite de répondre à la question principale :

    • Que représente pour moi la construction du temple maçonnique ?

    J’évoquerai enfin, de manière très personnelle, comment je pense que nous pouvons construire notre propre temple intérieur.

    Introduction

    Commençons par un constat : le Temple est omniprésent dans la Franc-maçonnerie. Il en est un des arcanes majeurs et dans tous les rites, sa description, ses dimensions, son mobilier, sa décoration et son symbolisme sont longuement évoqués.

    La première signification qu’il faut retenir fait évidemment référence à la légende mythique de la construction du Temple de Salomon, telle qu’elle est décrite dans les livres bibliques des Rois et des Chroniques. Selon la légende biblique, le Temple de Salomon est assimilé à la Jérusalem Céleste annoncée dans l’Apocalypse.

    Dérivé du latin templum, l’origine du mot « temple » est spécifiquement romaine. Ce mot désignait à l’origine le secteur du ciel délimité par l’augure romain à l’aide d’un bâton, dans lequel étaient observés soit des phénomènes naturels, soit le passage d’oiseaux. Plus tard, le mot templum a désigné le lieu ou l’édifice sacré où se pratiquait cette observation du ciel et a donné en français le mot « temple ».

    Les temples maçonniques

    Les temples maçonniques, constitués de la manière la plus traditionnelle, se réfèrent principalement à la description du Temple de Salomon, puis parfois à celle du temple construit par Zorobabel. Les autres temples antiques paraissent méconnus.

    Le symbolisme qui se dégage des textes bibliques a marqué considérablement les constructeurs médiévaux : triangles, équerres, compas, dimensions et proportions, les deux colonnes J et B... entrent dans la construction des églises et cathédrales médiévales. Ces deux Colonnes sans architrave ne consolident pas l’édifice mais servent uniquement à la décoration.

    Dans les trois religions abrahamiques, c’est-à-dire le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, le Temple réalisé par Salomon tient une très large place. Par ailleurs, l’étude des Anciens Devoirs met bien en évidence que le Temple de Salomon, ses colonnes et la symbolique qui s’y rattache ne font pas partie du fonds maçonnique ancien. Ce n’est vraisemblablement qu’au 18ème siècle que ces thèmes ont commencé à s’agréger au corpus maçonnique.

    Depuis le début du 18ème siècle, le Compagnonnage et la Franc-maçonnerie ont exploité le symbolisme d’un cadre légendaire en visant l’aspect cosmique du Temple.

    Les Old Charges, ou Vieux Devoirs, ont fait apparaître l’importance du Temple de Salomon comme modèle de la loge, ont repris et développé le thème de sa construction. Selon le Manuscrit Dumfries (1710), la loge doit s’étendre, tout comme le Temple de Jérusalem, d’est en ouest. En traçant un historique fort libre des origines de la Franc-maçonnerie, les Constitutions d’Anderson ont idéalisé Salomon.

    Tout temple maçonnique, carré long, se situe sous la voûte cosmique. Pour bien matérialiser ce fait, le plafond de nos loges est souvent constellé d’étoiles et, parfois, les signes du zodiaque situent les membres sous des influences planétaires. La voûte étoilée suggère l’infini, la progression spirituelle, le toit du monde. La voûte azurée constitue le toit naturel du Temple de Salomon à ciel ouvert.

    Si toute cérémonie se déroule dans une loge, certains rituels se basent sur des événements ou des légendes relatifs à la construction des temples du mont Moriah. Dans ce lieu consacré, répondant aux décors établis par Salomon sur l’ordre divin, les jeunes Maçons, aux premier et deuxième degrés, se réfèrent aux rites de métier, en exaltant la puissance des outils ou instruments : maillet, ciseau, règle, levier, niveau, fil à plomb.

    Les rituels d’Apprenti et de Compagnon ont été influencés par le Compagnonnage. C’est à partir du deuxième degré – au Rite moderne – que la Maçonnerie fait appel au symbolisme du Temple tant décrit dans la Bible. Le troisième degré, qui débute une longue quête, confère la plénitude des droits maçonniques au Franc-maçon.

    Carré long recouvert de la voûte cosmique, le temple maçonnique est un lieu symboliquement orienté, un centre du monde. Enceinte fermée sur l’espace profane, à l’abri des rumeurs de la ville, bénéficiant de la pénombre propre à la réflexion, éclairée par des luminaires aux flammes vivantes, cet îlot sensible est symboliquement étranger aux préoccupations du monde et du temps profane.

    Le temple maçonnique qui possède toutes ces caractéristiques, peut être installé en n’importe quel lieu tout en étant sacré. Ce lieu est bien celui de la contemplation, comme le suggère le terme templum. En effet, faut-il le rappeler, le mot latin templum désigna tout d’abord un vaste espace découvert de toutes parts, d’où la vue pouvait observer attentivement tout le champ d’horizon alentour.

    Contempler, c’est viser le Ciel depuis le temple définissant le champ de la vision. Ainsi, l’idée de contemplation introduit celle de consécration. Le terme désigna en effet particulièrement le champ du ciel, l’espace du Ciel découvert, où l’on peut observer le vol des oiseaux, pour l’interpréter. Sans doute l’idée du temple cosmique serait-elle à inscrire dans cette perspective ? Ainsi sacralisé, le mot templum a désigné finalement le sanctuaire, l’édifice sacré connu sous le nom de temple, lieu d’une Présence divine et de sa contemplation.

    Dans le contexte des bâtisseurs médiévaux, la loge fut considérée, et l’est encore d’une certaine manière, comme un lieu éclairé et régulier où la Lumière divine peut se manifester à l’écart du monde extérieur et chaotique.

    Dieu lui-même est le temple des croyants, et réciproquement, les croyants sont eux-mêmes le temple de Dieu. C’est tout le motif de l’homme – temple, de la communauté – temple.

    Quel terme devons-nous privilégier : temple ou loge ?

    Selon les instructions très précises contenues dans les préliminaires du Rite (belge) Moderne, il faut utiliser le vocable « loge » et non celui de « temple ». La loge n'étant pas le temple, il faut en effet éviter de parler du « temple », de « la porte du temple », etc. Le mot « Temple » ne doit donc être utilisé que lorsqu'il est effectivement fait allusion au Temple de Salomon, à la reconstruction du Temple ou à la construction de son propre temple intérieur.

    Pour René Guénon, le temple est le lieu de manifestation de la présence réelle de la Divinité. Les passages de l’Ecriture où il en est question sont ceux où il s’agit de l’institution d’un centre spirituel : la construction du Tabernacle, l’édification des temples de Salomon et de Zorobabel. Un tel centre, constitué dans des conditions régulièrement définies, devait être en effet le lieu de la manifestation divine, toujours représentée comme Lumière. La Franc-maçonnerie a conservé cette expression de « lieu très éclairé et très régulier » qui semblerait bien être un souvenir de l’antique science sacerdotale qui présida à la construction des temples.

    Le Temple de Salomon, depuis longtemps disparu, représente donc plutôt, au plan maçonnique, le prototype du Temple comme image du Centre suprême dont Jérusalem est, plus largement, l’une des projections majeures.

    Reconstruire le temple, c’est organiser harmonieusement l’humanité. Après la désacralisation c’est, à partir des principes traditionnels, restaurer l’homme dans sa dignité originelle en le faisant participer à une vie collective. Il y a alors régénération tant matérielle que spirituelle. Symboliquement, la destruction du Temple, la perte du Paradis, correspondent à notre entrée dans le monde matériel qui est exil et désacralisation. Or nous avons la nostalgie du Paradis : le Temple représente ce lieu sacré situé dans l’intemporel, dans le vaste espace d’où nous pouvons tout observer, tout ressentir, à la jonction de la terre et du ciel.

    Notre participation à la construction du Temple

    Le Temple achevé concrètement est sans doute celui du monde accompli. Mais nous pouvons espérer davantage : rêvons à ce Temple que nous portons en nous et qui ne peut être achevé.

    Mais entretemps tout Franc-maçon doit participer activement à la construction du temple : tâche spirituelle infinie, écrasante, puisque c’est rechercher le véritable centre de l’union. Le temple du Franc-maçon s’étend de l’Orient à l’Occident, du Septentrion au Midi, du Nadir au Zénith, ce dont il est déduit que la Franc-maçonnerie est universelle.

    Cette notion d’universalité ne doit pas être confondue avec l’idée d’une expansion mondiale de l’Ordre ni avec celle de son rayonnement. La référence à l’image de la croix montre davantage en quel sens la loge se déploie dans l’espace suivant les axes et les directions fondamentales qui, à l’échelle du cosmos, procèdent du Point géométrique originel. Ce dernier, que Dante identifie à Dieu lui-même, est donc le centre à l’intérieur duquel la loge se constitue.

    Ce temple infini et indéfini, qui embrasse l’univers est cependant clos et couvert. C’est un temple qui jamais ne pourra se terminer mais qu’il faut cependant construire un peu plus chaque jour.

    Malgré le fait qu’elle s’inscrive dans un espace concret, la Loge maçonnique n’a en effet de sens que par la rencontre des individualités qui la composent et qui forment une communauté – temple. Etre homme – temple, c’est être soi-même espace de contemplation, et partant, espace consacré.

    Bien qu’elle possède des affinités avec le Temple de Jérusalem, la Loge maçonnique est plutôt une image de l’Homme – Temple virtuellement incarné par les Maçons eux-mêmes lorsqu’ils se rassemblent. Mais que viennent-ils faire en Loge ?

    La raison d’être d’un Maçon en Loge est clairement définie dans le Recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite de Guillemain de Saint Victor datant de 1766. Nous pouvons y relever que la notion de liberté est indissociable de celle de bonnes mœurs qui est assimilée à la compagnie des êtres vertueux quelle que soit leur condition sociale : 

    • Que fait-on à la loge de Saint Jean ?
    • On y élève des Temples à la vertu et l’on y creuse des cachots pour les vices.
    • Qu’apportez-vous ?
    • Salut, prospérité et bon accueil à tous les Frères.
    • Que venez-vous faire ici ?
    • Vaincre mes passions, soumettre ma volonté et faire de nouveaux progrès dans la Maçonnerie.
    • Qu’entendez-vous par Maçonnerie ?
    • J’entends l’étude des sciences et la pratique des vertus.
    • Dites-moi ce que c’est qu’un Maçon ?
    • C’est un homme libre, fidèle aux lois, le frère et l’ami des Rois et des bergers lorsqu’ils sont vertueux. 

    Demeure de la divinité, le temple occupe une large place dans l’esprit de l’homme. Il appartient cependant à une période récente de notre vie et n’est matérialisé que lorsque commence la sédentarisation, lorsque la tribu, le peuple commence à se préoccuper de réaliser une demeure fixe.

    Bien que le Franc-maçon d’aujourd’hui ne soit plus un constructeur de cathédrales, il reste cependant l’héritier de l’Art royal, cet art de bâtir, plein de secrets dont Salomon avait instruit les tailleurs de pierre du Temple de Jérusalem, qu’ils avaient eux-mêmes transmis à leurs successeurs sous le sceau d’une inviolable discrétion. Ce terme d’Art royal est devenu, au 18ème siècle, synonyme de Franc-maçonnerie.

    Comment pouvons-nous construire notre temple intérieur ?

    Sous toutes les latitudes, un temple représente un lieu de jonction entre le ciel et la terre. Projection du ciel sur la terre, le temple matérialise ce qui est invisible. Qu’il soit maya, égyptien, hindou ou gothique, le temple émerge des plans subtils et se manifeste sur un plan concret mais il est en parfaite correspondance avec l’homme.

    Tout temple, reflet de l’univers et du monde divin, est aussi conçu à notre image, selon nos proportions. Il reproduit la création du monde et se trouve donc lié à la cosmogonie, le système de formation de l’univers. Il devient la porte d’un autre monde. En quelque sorte résumé du macrocosme, le temple est aussi l’image du microcosme, car il est à la fois le Monde et l’Homme.

    En effet, par extension symbolique, le temple, c’est aussi l’homme. Telle pourrait être une deuxième acception du terme. Lorsqu’il entre en Franc-maçonnerie, l’homme s’engage à construire son propre temple intérieur. Il peut également appliquer cette dynamique d’enrichissement profond à la société dans laquelle il vit. Il vise alors à améliorer celle-ci et nous pouvons alors parler de « Temple de la Fraternité ».

    Dans la Franc-maçonnerie spéculative, le Maçon est devenu symboliquement la pierre brute qu’il faut tailler pour qu’elle s’insère harmonieusement dans le temple extérieur que l’humanité est censée devenir et dans le temple intérieur qui demeure à construire en chaque homme avec toutes les pierres dont il doit reconnaître en lui-même la qualité et les défauts.

    La construction symbolique du Temple intérieur est en réalité l’unique objectif. Cette construction n’est jamais finie. Le temple ne compte pas mais chaque Frère doit être conscient que, responsable de l’héritage initiatique qu’il a reçu, il doit le faire fructifier et le transmettre sans perdre de temps.

    L’enseignement traditionnel qui se rattache à l’étude du Temple n’est pas archéologiquement parfait mais il ne doit pas pour autant être censuré car c’est la nature de cet enseignement qui fait la Franc-maçonnerie d’aujourd’hui et qui nous vient de la « nuit des temps ».

    Pour moi, construire son temple intérieur, c’est vivre pleinement son Initiation, remplir ses devoirs de Maçon. « Etre Franc-maçon est un privilège ; participer aux Tenues et séminaires de sa Loge est un devoir » disait mon parrain. Le mot « devoir » est une fois de plus prononcé !

    Pour moi, en Franc-maçonnerie, en tant qu’Apprentis, Compagnons et Maîtres, nous avons tous le droit de participer à la meilleure Tenue possible chaque fois que notre Loge se réunit. En tant qu’Apprentis, Compagnons et Maîtres, nous avons aussi droit à l’organisation de séminaires de qualité. Tout le reste n’est qu’une longue liste de devoirs.

    Je pense qu’un de nos premiers devoirs, c’est de méditer les enseignements du rituel afin d’y conformer notre conduite. C’est là notre devoir par excellence. Ce seul devoir comprend tous les autres. Mais quels sont-ils ? Rappelons-nous tout d’abord de cinq prescriptions contenues dans l’obligation que nous avons prêtée : nous taire devant les Profanes ; chercher la Vérité ; vouloir la Justice ; aimer nos Frères et nous soumettre à la Loi.

    Les devoirs spécifiques des Apprentis

    Les principaux et très nombreux devoirs de l’Apprenti sont pour moi les suivants :

    • Etre sincère.

    La sincérité qui nous est demandée implicitement à nous montrer tels que nous sommes, est une des conditions primordiales qui rendront valable ou non notre Initiation.

    • Apprendre à se connaître.
    • Etre bienveillant envers les autres.
    • Méditer.
    • Etre discret.

    Dans son sens maçonnique, la discrétion implique un devoir de réserve et de silence mais surtout de ne pas dévoiler nos Frères, de ne pas révéler les détails de nos rituels, le caractère sacré de nos Tenues étant par ailleurs difficilement communicable.

    • Pratiquer la tolérance.

    Ne cherchons pas à imposer notre manière de voir mais amenons les autres à découvrir ce que nous avons trouvé nous-mêmes. Pensons et faisons penser !

    • Etre à la recherche du Vrai.

    En conséquence, si nous voulons tirer le meilleur profit du symbolisme, il me semble que nous devrions collectionner des réponses et les comparer car la comparaison permet de construire du sens.

    • Etre assidu.

    On fait souvent de l’assiduité une obligation. Mieux, c’est une discipline, comme la mise à l’ordre, la marche, les batteries et la prise de parole. L’assiduité, c’est notre présence régulière aux Tenues comme aux séminaires. Elle est primordiale car, pour progresser, il me paraît indispensable de suivre un rythme de travail et de rencontres. Sans assiduité, le travail à opérer sur soi-même me semble difficile car il implique le concours et l’aide de nos Frères.

    Le Travail maçonnique, c’est l’intériorisation des pratiques, des actes accomplis en Loge ; c’est la méditation sur les symboles et le rituel.

    Le Travail maçonnique se partage. Les Frères y participent d’une manière enthousiaste. Ils reçoivent un salaire et des augmentations de salaire car le chantier est ouvert depuis longtemps et restera encore ouvert longtemps.

    Le « Travail » ainsi annoncé est en réalité cette transformation qui s’accomplit en chacun d’entre nous par la recherche de l’équilibre entre l’individu et le groupe que constitue la Loge.

    Le travail symbolique a une grande importance, sans doute, mais il ne serait qu’une lettre morte s’il n’avait pas pour effet de faire travailler l’esprit des Maçons en dehors de leurs réunions périodiques. Le Travail maçonnique est en fait l’activité de l’homme en soi, la conquête de son identité, la maîtrise de ses passions, la reconnaissance de ses faiblesses et de ses vertus.

    • Pratiquer la fraternité.
    • Pratiquer l’altruisme.
    • Participer aux travaux opératifs.

    La participation aux travaux opératifs est une phase très importante dans le parcours maçonnique. Elle rappelle les conditions des Apprentis dans le contexte des bâtisseurs de cathédrales. Elle contribue grandement à l’apprentissage de l’humilité et à la concrétisation de la fraternité.

    • Pratiquer la bienfaisance.

    Tous, nous pouvons être utiles les uns aux autres. Chacun a besoin de tous. Il me semble que celui qui refuserait de secourir son semblable s’exclurait lui-même de la communion des Initiés par ce seul fait.

    • Réagir, devenir homme « libre ».

    L’homme libre est l’idéal du moi proposé par la voie « initiatique ». Celle-ci associe l’introspection à la pédagogie. Elle conduit en principe à une transformation de l’être. Pour y parvenir, celui qui s’engage dans cette voie pratique le symbolisme.

    • Pratiquer le symbolisme.

    Pratiquer le symbolisme est aussi un de nos devoirs. C’est regarder tout ce qui existe comme une grande écriture chiffrée. C’est penser la pensée et parler du langage.

    • Etudier les symboles.

    L’enjeu de l’approche du symbole est l’éveil de facultés endormies justement par l’apprentissage de la conformité dans le monde profane.

    • Rechercher la Vérité.
    • Pratiquer la rectification.

    La rectification est une remise en question de ce qui semble acquis, une interrogation sur le processus de la pensée, une révision des outils de la pensée.

    • Tirer profit de la taille de la Pierre brute.

    Pour tirer profit de la taille de la Pierre brute, il nous faut adopter un comportement à la fois critique et bienveillant. En quelque circonstance que ce soit, un Maçon se doit à lui-même de ne pratiquer que la tolérance, de ne priser que la vertu et de ne respecter que l’intelligence et le talent.

    Tels sont les devoirs rigoureux que nous devrions assumer vis-à-vis de nous-mêmes pour nous rendre dignes de la confiance que nos Frères ont mise en nous… pour finalement, découvrir le sens de notre Initiation.

    Ce n’est qu’à la faveur du long silence qui nous est imposé tout au long de notre apprentissage que nous pourrons faire cet indispensable retour sur nous-mêmes qui nous affranchira définitivement de l’influence pernicieuse de notre existence antérieure et nous fera découvrir, en même temps, que la Lumière que nous sommes venus chercher dans le Temple se trouve déjà en nous.

    Les devoirs des Compagnons

    Comme je l’ai mis en évidence pour les Apprentis et tout Maçon qui se respecte, il me semble que les Compagnons ont des devoirs encore plus importants : l’assiduité et la ponctualité, le travail, la tolérance, le silence, la domination de soi-même et le devoir de voyager

    A propos de silence, dans la Loge, le Compagnon a désormais le droit de parler, pour s’exercer à l’expression juste et à l’échange courtois, tout en poursuivant le silence intérieur. Mais la parole est si précieuse qu’il vaut mieux ne pas la gaspiller ! Le silence du Compagnon est une nécessité pour assurer la confiance que l’on peut avoir en lui. De nos jours, l’enseignement du Compagnon s’articule encore autour des notions de voyage et de travail. C’est l’invitation à aller au-delà du paysage familier, à rompre avec les habitudes et à créer.

    Les devoirs des Maîtres

    Enfin, celui qui devient Maître contracte l’engagement de travailler, surtout pour autrui. Il doit en effet aux Apprentis et aux Compagnons la lumière indispensable à l’accomplissement de leur tâche. Ce n’est donc pas pour nous reposer que nous atteignons le degré de Maître. Nous devons redoubler d’efforts constants afin que rien de ce qui concerne l’Art ne reste obscur pour nous.

    Donnons en permanence l’exemple à suivre car nous sommes tous au service de notre Loge, surtout lorsque nous y avons une fonction d’Officier Dignitaire à remplir. Mais lorsque nous n’avons aucune fonction particulière à exercer, soyons toujours à l’écoute de nos Frères, qu’ils soient Apprentis, Compagnons ou Maîtres.

    Car nous ne sommes tous là que pour travailler, sur nous-mêmes en priorité, pour le bien de la Loge et le développement de l’Obédience. Plus que quiconque, nous devons être assidus. Mais notre assiduité doit être désirée : c’est une assiduité de conviction. Enfin, outre les devoirs antérieurs de l’Apprenti et du Compagnon que nous faisons nôtres, nous avons de surcroît le devoir d’être vigilant au recrutement et celui de transmettre aux plus jeunes les éléments de la Tradition maçonnique.

    Pour conclure

    Pour conclure, du moins provisoirement mais de manière très personnelle… je me dis que, si la Lumière luit effectivement dans les Ténèbres, elle est aussi présente en nous, dans notre cœur. Au centre du Pentagramme étoilé, Léonard de Vinci a recouvert la Lettre G par un Homme stylisé, bras et jambes écartés.

    En associant la Lettre G et cet Homme idéal, ne peut-on pas penser que dans tout homme luit une parcelle de Lumière, une étincelle de divinité qu’il nous faut protéger ? A nous d’entretenir cette flamme, cette petite étincelle divine.

    Dès lors notre devoir de Maçon ne consiste-t-il pas à rayonner dans le monde profane, à poursuivre l’œuvre toujours inachevée du Grand Architecte de l’Univers ? N’est-ce pas cela, finalement, construire son propre Temple ?

    R:. F:. A. B.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter