• * Le Pavé mosaïque

     Le Pavé mosaïque 

    Place et composition physique du Pavé mosaïque

    Tel qu'il apparaît aux yeux d'un néophyte lors des premières tenues auxquelles il participe en cette fin du 20ème siècle, le Pavé mosaïque recouvre le sol de la Loge.

    C'est par cette expression que les Maçons désignent les dalles carrées, noires et blanches, alternées, unies par un même ciment et qui constituent une espèce de damier de forme rectangulaire. Les dalles de même couleur se touchent par les pointes. Les dalles de couleur différente sont liées par les côtés.

    Mais, si nous y regardons d'un peu plus près, nous pouvons constater que les dalles noires comprennent un peu de blanc et que les dalles blanches ne sont pas parfaitement blanches mais qu'elles comprennent aussi un peu de noir !

    Le nombre de carrés blancs est égal au nombre de carrés noirs.

    Réseau régulier formé‚ de lignes transversales et longitudinales, le Pavé mosaïque semble aussi créer de multiples croix.

    Puisque le Pavé mosaïque ressemble à un damier, il peut aussi évoquer dans notre esprit la table du jeu de Dames (100 cases) et celle du jeu d'échecs (64 cases).

    Dans tous les locaux où j'ai pu pénétrer jusqu'à présent, chaque Pavé mosaïque a une superficie différente.  Parfois c'est tout le sol du local qui est carrelé de cette façon ; mais le plus souvent, c'est un rectangle de « proportion dorée » disposé au centre du local.

    Dans le local où se déroulent les Tenues de ma Loge, le Pavé mosaïque compte 25 dalles en longueur et 6 dalles en largeur, soit 150 dalles de superficie.  Mais ces nombres n'ont aucune signification particulière !

    Au cours des ans, selon les rites, le Pavé mosaïque a pu changer de dimensions ou de place, mais sa valeur symbolique n'en a pas été modifiée.

    Avant d'envisager la fonction, le sens, le symbolisme de ce décor, tentons de comprendre son qualificatif « mosaïque » et évoquons un peu son histoire.

    Pourquoi mosaïque ?

    Le terme vendrait du latin et de l'italien « mosaico ».  Cependant le terme latin ancien est « musivium » dont l'étymologie serait le grec « mouseion », temple des Muses et des Arts.

    Deux écoles s'opposent en ce qui concerne le mot « mosaïque » qui qualifie le pavé.

    Chaque camp possède des arguments, plus ou moins valables et logiques.

    Pour les uns, il signifie « relatif à Moïse ». Pour d'autres il se rattache à la technique de décoration qui trouva son apogée avec les artistes de Délos et de Pompéi.

    On peut cependant dire avec certitude que la mosaïque ne fait pas partie des éléments de l'architecture juive et que le Pavé mosaïque est un apport de la Maçonnerie moderne, les loges opératives n'ayant jamais été carrelées de la sorte.

    Dans la décoration des loges modernes, il s'agit d'un apport récent car nulle part dans la Bible il n'est fait allusion à un tel sol, que ce soit dans les Rois ou dans les Chroniques :

    ... et il revêtit le sol de planches de cyprès... (Rois VI, 15)

    Les gens de Métiers, ou plus tard les Maçons spéculatifs, ont sans doute voulu apporter un nouvel élément symbolique.

    A propos de « pavé », deux expressions doivent retenir notre attention et nous pouvons judicieusement nous demander si elles sont synonymes : « le Pavé d'équerre » et « le Pavé mosaïque ». En 1727, un ouvrage de Wilkinson parle du pavé mosaïque et de son premier usage, « pour que le maître y trace ses plans ». « La Confession d'un Maçon », ouvrage datant de la même année, évoque « le pavé d'équerre utile au Maître Maçon pour tracer des plans ».

    Il est fort possible que dans les anciennes Loges quatre équerres aient été réunies en forme de carré ou de rectangle, que du sable ait été versé puis régulièrement étalé à l'aide d'une règle. Sur la surface plane ainsi obtenue, le maître pouvait alors dessiner ce que nous appelons aujourd'hui le Tableau de Loge.

    Si plusieurs textes font du Pavé mosaïque une sorte de planche à tracer, d'autres, comme le Prichard, datant de 1730, affirment que le Pavé mosaïque est tout simplement le sol de la Loge.

    Le Pavé mosaïque dans d'autres rites

    Au Rite Français, il est expliqué au nouvel Apprenti qu' « il n'a pu se tenir sur le Pavé mosaïque pour contempler l'intérieur de l'édifice ». Il commence en haut de la septième marche, comme on peut le constater sur les Tableaux de Loge des deux premiers degrés.

    Au Rite Écossais Rectifié, « le Pavé mosaïque orne le seuil de la porte du Temple.  Il couvre l'entrée du souterrain du Temple, entre les deux colonnes ».

    Au Rite Émulation, le Pavé mosaïque peut être justement considéré comme le merveilleux dallage d'une Loge de Francs-maçons en raison de sa diversité et de sa régularité.  Ceci fait ressortir la diversité des êtres et des objets dans le monde, aussi bien ceux qui sont animés que ceux qui ne le sont pas.

    Dans la cinquième partie du cours complémentaire du Rite Émulation, il est dit : « Notre Loge est ornée du Pavé mosaïque pour marquer l'incertitude de toutes les vanités terrestres... tandis que nos pieds foulent ce Pavé mosaïque, que nos idées reviennent à l'idée originelle que nous imitons, agissons comme des hommes honorables et comme Maçons…».

    Au Rite Écossais Ancien Accepté, aucune explication n'est donnée. Mais dans le paragraphe « Décoration de la Loge », il est cependant précisé que le sol de la Loge est pavé de carreaux noirs et blancs alternés. Lorsqu'il est aménagé autrement, il y a lieu de réaliser un tel pavage sous forme réduite d'un carré long placé au centre de la Loge, orienté comme cette dernière.

    Le Rite d'York affirme que « le Pavé mosaïque représente le sol du Temple de Salomon ». Il s'agit là d'un apport symbolique, sans aucune réalité historique.

    Le Pavé est-il le sol de la loge, comme le considèrent les rituels ou bien couvre-t-il seulement l'espace délimité par les trois piliers « Force, Sagesse et Beauté » ? La question reste ouverte !

    Dans le second cas, cet espace, par définition sacré, ne peut en aucune façon être  foulé aux pieds.  Les Frères circulant dans le Temple en font le tour, dans le sens prévu par le rite.

    Le Pavé mosaïque ne peut être foulé que par des Initiés.

    Lors de l'interrogatoire sous le bandeau, le profane est assis à un endroit proche de la porte de la loge à peine franchie.  Il n'a pas l'occasion de marcher plus loin.

    L'espace délimité par les trois colonnettes « Force » « Sagesse » et « Beauté » est sacré, et nul ne peut y poser le pied.

    Lors de l'initiation, le pied gauche est déchaussé pour marquer que le profane va fouler les dalles sacrées du Temple.

    La fonction du Pavé mosaïque dans la Loge

    Nous l'avons vu, la place du Pavé mosaïque est particulière : c'est sur les dalles blanches et noires que les Maçons se déplacent. Mais ils ne marchent pas sur le Carré long où est posé le tapis ou Tableau de loge.

    La fonction du Pavé mosaïque est également particulière : le Carré long ordonne la circulation dans le Temple ; elle se fait autour de lui, dans le sens des aiguilles d'une montre.

    Comment interpréter le sens, la fonction et la place du Pavé mosaïque dans le Temple ?

    Tout se passe comme si le Pavé mosaïque prenait son sens de sa position dans la loge.

    Dans nos loges, toute progression se fait autour du Pavé mosaïque.

    Rappelons-nous :

    • l'entrée dans le Temple et le chemin parcouru pour gagner sa place ;

    • les voyages de l'Apprenti pendant la cérémonie de l'Initiation ;

    • les évolutions des Frères amenés à se déplacer dans la loge ;

    • le chemin parcouru en quittant sa place pour gagner la porte du Temple.

    Le symbolisme du Pavé mosaïque

    Selon Christian Guigue, pour tenter de percer la signification du Pavé mosaïque, il faut remonter à l'origine de l'adjectif mosaïque se rapportant à Moïse car c'est dans l'univers du Décalogue et la loi mosaïque qu'il faut rechercher les enseignements, les oppositions, les ruptures, les dépendances ou les potentialités salvatrices.

    Pour faciliter la perception de cet emblème complexe, il convient d'interpréter le symbole en procédant à l'analyse des éléments qui ressortent du Pavé mosaïque : le blanc et le noir, le rapport numérique du pavement, l'échelle et les diversités d'états d'être, le passage axial ou accès au centre de l'univers qui correspond à une projection dans un futur donné du retour de l’Élu à son origine divine.

    Comme les deux Colonnes, le Pavé mosaïque fait appel à un symbolisme apparemment binaire. En exprimant ci-après quelques réflexions, je tenterai de montrer qu'il n'en est rien pour le véritable Initié.

    De nombreux auteurs ont vu dans le Pavé mosaïque le cheminement du profane et de l'initié : le profane laissant faire le hasard, par ignorance, pose le pied tantôt sur une case blanche, tantôt sur une case noire. Il va ainsi d'expérience heureuse en échec, menant sa vie avec incohérence.  L'initié, quant à lui, a dépassé les valeurs telles que le Mal et le Bien, et il suit cette « voie étroite » entre le blanc et le noir.

    Le Pavé mosaïque pourrait être, selon Ragon, l'emblème de la variété du sol terrestre.  Le dictionnaire Larousse donne comme exemple « une mosaïque d'Etats » pour illustrer ce sens figuré du mot « mosaïque ».

    Du fait que les dalles sont reliées entre elles par le même ciment, le Pavé mosaïque pourrait symboliser l'union de tous les Maçons du globe malgré la différence de couleurs et d'opinions politiques et religieuses notamment.

    Après avoir analysé de vieux rituels, Edouard Plantagenet a émis l'idée que le Pavé mosaïque pourrait symboliser « l'union étroite qui doit régner entre les Francs-maçons liés entre eux par la vérité ». Mais cette vérité n'est pas uniforme puisqu'elle est symbolisée par une alternance régulière de blanc et de noir. En conséquence, comme le profane, le Franc-maçon est soumis aux rigueurs de la loi des contrastes, celle qui nous confirme la relativité des vérités qui peuvent se révéler aux néophytes en Loge d'Apprentis.

    On pourrait aussi voir dans le Pavé mosaïque la complémentarité des contraires.  Le Pavé mosaïque inviterait-il les Francs-maçons à embrasser d'un seul regard le réel dans ses contradictions, à voir dans les contradictions apparentes les éléments nécessaires et complémentaires de l'ensemble ?

    Dans la conception antique, notre Terre était plate. Le Pavé mosaïque en serait la représentation. Les carrés blancs et noirs alternés représenteraient l'alternance du jour et de la nuit.  Nous serions au centre de la Terre et les étoiles tourneraient au-dessus de nos têtes.

    En évoquant la composition physique du Pavé mosaïque, j'avais déjà envisagé les couleurs du Pavé mosaïque et relevé l'alternance de pavés noirs et blancs. Il s'agit d'une opposition entre deux valeurs, comme il en existe beaucoup au grade d'Apprenti : l'Orient et l'Occident, la colonne J:. et la colonne B:., l’Équerre et le Compas, la Lune et le Soleil, le Niveau et la Perpendiculaire, la pierre brute et la pierre taillée, le monde sacré et le monde profane, le solstice d'été et le solstice d'hiver...   Le premier degré est ainsi rempli de couples symboliques.

    Le blanc et le noir seraient-ils une de ces oppositions parmi d'autres ?

    Raoul Berteaux a déterminé plusieurs types d'oppositions binaires. Il les a fondées sur quatre principes : le principe de séparation, le principe d'opposition, le principe de complémentarité et le principe d'alternance.

    La juxtaposition des carrés du Pavé mosaïque serait un exemple de complémentarité et non pas d'opposition.  Le carré noir n'a de sens que parce qu'il se trouve à côté d'un carré blanc. Et c'est leur interaction, leur complémentarité qui crée leur richesse.

    De plus, comme on peut percevoir dans chaque carré blanc des éclats de noir et dans chaque carré noir des éclats de blanc, c'est donc le signe que dans chacun des carrés blancs du Pavé mosaïque il y a un carré noir en devenir. Le carré blanc peut devenir noir et réciproquement.

    En marchant alternativement sur ces carrés blancs et noirs, ne sommes-nous pas non plus comme un pavé mosaïque ? Durant toute notre vie tant profane que maçonnique, n'allons-nous pas périodiquement du blanc au noir et du noir au blanc ? A l'issue d'une Tenue nous regagnons les ténèbres alors qu'en loge nous étions dans la lumière.

    Le Pavé mosaïque ne lierait-il pas les ténèbres et la lumière ? Celles-ci seraient tissées ensemble si l'on considère les rangées de dalles.

    Les traits virtuels qui les séparent forment un chemin rectiligne, ayant le blanc et le noir tantôt à droite, tantôt à gauche. Ces lignes symboliseraient alors la voie de l'initié qui doit s'élever au-dessus de la morale ordinaire et l'inciteraient sans cesse à se garder de tout ce qui se rapporte à l'éthique.

    Mais ces lignes n'apparaissent pas aux yeux des profanes qui ne voient que des dalles blanches et noires. Les profanes ont en effet l'habitude d'opposer le blanc et le noir. En suivant la voie large, la voie exotérique, ils passent alternativement du blanc au noir et du noir au blanc. Ils ont alors, à leur droite, à leur gauche, devant et derrière eux, une couleur opposée à la leur. Ainsi se trouveraient marquées les oppositions multiples qui se forment sous leurs pas.

    Au contraire, l'Initié suit la voie ésotérique, la voie étroite qui passe entre le blanc et le noir qui ne font pas obstacle à sa marche. En d'autres termes, le pas de l'Initié se fait sur la jointure qui relie les carrés noirs aux carrés blancs.

    L'alternance des dalles blanches et noires pourrait-elle dès lors nous donner une image du bien et du mal dont est semé le chemin de la vie ?

    On donne au BLANC l'acception courante de « BIEN » et au NOIR celle de « MAL ». Ne serait-il pas plus juste de voir dans l'alternance de ces deux couleurs la complémentarité de la « spiritualité » et de la « matérialité », la matérialité étant tout ce qui rapproche l'homme de l'animal, c'est-à-dire ce qui caractérise une vie purement physiologique ; la spiritualité étant tout ce qui tend à dégager l'homme des liens de la matière ? En d'autres termes, le Pavé mosaïque ne servirait-il pas non plus le symbolisme du Corps et de l'Esprit, unis mais non confondus ?

    Mais l'analyse de l'opposition entre le blanc et le noir, même en tenant compte des principes de séparation, d'opposition, de complémentarité et d'alternance n'est pas suffisante. La résolution de cette opposition entre deux choses constitue souvent une troisième voie.

    En tant qu'Apprentis, nous avons donc pu constater que le symbolisme du Pavé mosaïque était apparemment binaire. En réalité, ce symbolisme est trinaire. Tentons de comprendre pourquoi.

    A première vue, les carrés blancs et les carrés noirs, polarités positives et négatives que montre le Pavé, représentent les dualités, les oppositions, les contraires que l'être humain observe ou subit au cours de l'existence quotidienne.

    Ce sont par exemple le jour et la nuit, le pour et le contre, l'ici et l'ailleurs, l'endroit et l'envers, l'intérieur et l'extérieur, le oui et le non, la joie et la douleur, etc... On pourrait qualifier ces exemples de paires opposées.

    Or ces paires ne sont opposées que superficiellement et ne sont perçues comme telles par notre mental qu'à cause de la fonction séparatrice de notre psyché non maîtrisée.

    Le véritable Initié, digne de ce nom, cherchant toujours l'au-delà des apparences ainsi que la maîtrise de son moi se rend compte que le blanc n'est que l'aspect complémentaire du noir et qu'il n'y a ni carreaux blancs ni carreaux noirs sur le Pavé mosaïque à partir du moment où il dirige son mental vers les lignes virtuelles que forment les carreaux côte à côte. Médianes, ces lignes sont donc hors de la dualité blanc-noir et leur ensemble compose l'élément trinaire du symbole.

    Ainsi, le Pavé mosaïque pourrait désigner aux Maçons la droiture de la voie médiane d'une Initiation bien conduite, voie grâce à laquelle se résolvent peu à peu les contradictions de la vie profane.

    Si le Pavé mosaïque peut aussi nous rappeler que tous les Maçons répandus sur la terre forment une famille de Frères, d'autres symboles le complètent dans le même sens : il s'agit de la « Chaîne d'union » que nous pratiquons souvent en fin de Tenue, de la «Houppe dentelée» qui borde le tapis de loge et des « graines de Grenades » situées au sommet des deux Colonnes.

    Les aspects symboliques évoqués jusqu'ici ne s'appuyaient que sur la couleur des pavés. Il me parait également judicieux d'envisager le symbolisme dû à la forme des pavés et de me poser la question suivante : « Pourquoi le Pavé mosaïque est-il composé de pavés carrés et en quoi le carré est-il symbolique ? » 

    En effet, si le triangle apparaît fréquemment en Loge, le carré semble de façon moins évidente une forme symbolique. Cependant, dans de nombreuses traditions, le carré est la représentation du terrestre, par opposition au cercle représentant le céleste. De nombreux espaces sacrés, comme des autels et certains temples, ont souvent une forme carrée.

    Le carré, base du Pavé mosaïque, serait donc la représentation du terrestre, par opposition au cercle céleste.  Ce n'est donc pas étonnant de trouver sur le sol de nos loges des carrés représentant le terrestre face à la voûte étoilée.

    Réflexions...

    Ne serait-il pas temps de nous exercer à réunir ce qui est épars, à percevoir au-delà des contradictions apparentes la nécessité des oppositions, la richesse des avis divergents ?

    En Loge d'Apprentis, les vérités qui peuvent nous être révélées sont toutes relatives pour nous, Néophytes. Nos perceptions résultent de contrastes. Mais sans les contrastes qui créent ce qui est constatable, l'uniformité nous échapperait et se confondrait avec le néant.

    Le Pavé mosaïque évoquerait pour moi l'image de l'objectivité, de l'équilibre entre de nombreux antagonismes.  Il supporte tout ce qui tombe sous le sens.

    Debout, l'Initié avance dans la vie comme sur ce damier qui proportionne exactement les satisfactions et les peines, les joies et les douleurs des vivants.

    Le Pavé mosaïque semble me rappeler que toute action appelle une réaction qui vient rétablir l'équilibre un instant troublé.

    Le Pavé mosaïque semble là aussi pour me rappeler l'alternance de toutes choses car la vie est un perpétuel balancement entre des idées en constante évolution.

     

    La vérité est fuyante et insaisissable.

    Personne ne peut se prévaloir d'avoir des conceptions définitives.

    Toute connaissance est donc relative.

     

    Il me semble que la méditation sur le Pavé mosaïque permet d'élargir l'esprit, de libérer et d'élever le niveau de notre réflexion.

    En ce sens le Pavé mosaïque constituerait une clef pour la réflexion symbolique.

    Le Pavé mosaïque me semble enfin là pour indiquer au véritable Initié qu'il se doit de découvrir l'étroite ligne droite sur laquelle il devra se maintenir en équilibre constant entre la dalle noire et la dalle blanche et avancer ainsi, sûr de lui vers la lointaine Vraie Lumière.

    L'appellation « Pavé mosaïque » me parait dès lors judicieuse pour désigner le recouvrement du sol de la Loge où se pratique ce qui est convenu d'appeler l'Art Royal.

    Quelles règles de conduite personnelle puis-je dès lors retirer de ces réflexions ?

    ... pour progresser

    Le Pavé mosaïque m'invite à la recherche de la plus grande objectivité dans mes jugements.

    Ainsi, en considérant simplement le domaine de la perception, rien n'est jamais absolument tout noir ou tout blanc. La couleur d'un objet est toute relative selon l'intensité de lumière qu'il reçoit, l'orientation de celle-ci par rapport à l'objet ou selon la sensibilité et la particularité des organes de vision de chaque individu.

    Il en va de même par exemple pour les apparences perçues par le toucher, l'odorat, le gout et l'ouïe qui sont toutes relatives selon le degré de sensibilité ou d'acuité perceptive propre à chaque individu.

    Il s'agit donc de ne plus se laisser émouvoir par les apparences et la violence des contrastes perçus par nos cinq sens mais de prendre conscience de la relativité générale.

    Il me semble dès lors qu'une prise de conscience progressive de cette relativité générale, c'est :

    1. se mettre à réviser les valeurs du monde profane et à rejeter ses préjugés ;

    2. se libérer des enseignements définitifs du présent ;

    3. acquérir une sage pondération en toute chose ;

    4. admettre provisoirement l'existence de vérités tout en cherchant LA Vérité ;

    5. naître enfin à la tolérance, qualité spécifique du Franc-maçon.

     

    R :. F :. A. B.

    Bibliographie

    Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995 - Pages 43 et 121

    Béresniak Daniel - L'apprentissage maçonnique, une école de l'éveil ?

    Editions Detrad, Paris, 1983 - Pages 99 à 102

    Berteaux Raoul - La Symbolique au grade d'Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986 - Pages 47 et 48

    Boucher Jules - La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1994 - Page 148 à 151

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994 - Pages 206 et 207

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editions du Rocher, Monaco, 1998 - Pages 320 à 322

    Guigue Christian - La formation maçonnique

    Editions Guigue, Mons-en-Baroeul, 1996 - Pages 226 à 228

    Nefontaine Luc - Symboles et symbolisme dans la Franc-maçonnerie

    Editions de l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1997 - Page 108

    Plantagenet Edouard E. - Causeries initiatiques pour le travail en loge d'Apprentis

    Editions Dervy-Livres, Paris, 1988 - Page 139 à 141

    Wirth Oswald - La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    Tome 1 : « L'Apprenti » - Editions Dervy, Paris, 1994 - Pages 197 à 211


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