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* Approche du symbolisme des bijoux maçonniques
Approche du symbolisme des bijoux maçonniques
Les décors et les bijoux maçonniques
La désignation « décors maçonniques des Frères » recouvre généralement les accessoires de l’habit du Maçon que sont les sautoirs, cordons, bijoux et baudriers. Puisqu'ils servent à spécifier chaque office (comme par exemple « Maître des Cérémonies », « Trésorier », « Couvreur »…), ils appartiennent à l’habit du Maître. En effet, mise à part la médaille de la Loge, les décors restent du domaine de la Maîtrise.
Pour peu que le Néophyte ait été attentif – malgré ses premières émotions – il aura pu constater qu’un bijou est accroché au sautoir de chacun des Officiers Dignitaires, même si à ce moment de son parcours maçonnique, il ne sait pas encore ce qu’est un sautoir ni un Officier Dignitaire !!!
En Maçonnerie, le mot bijou couvre plusieurs domaines : les bijoux mobiles, les bijoux immobiles et le bijou de la Loge.
Les bijoux maçonniques
De nombreuses questions peuvent nous venir à l’esprit à propos des bijoux maçonniques, quant à leur objet, leurs sortes, leur nombre, leur rôle :
- Qu’est-ce qu’un bijou au sens maçonnique du terme ?
- Pourquoi porte-t-on un bijou de Loge ?
- Depuis quand porte-t-on un bijou en Loge ?
- A quoi servent les bijoux portés en sautoir par les Officiers Dignitaires ?
- Qu’est-ce qu’un sautoir ? un baudrier ?
- Pourquoi certains Frères portent-ils parfois plus qu’un bijou ?
Les confusions éventuelles proviendraient d’une mauvaise traduction des rituels anglais en français. Le mot « jewel » signifie en anglais aussi bien bijou que joyau ! Mais dès les premières divulgations, c’est le mot bijou qui a été utilisé et retenu pour les deux significations. Cette confusion est d’autant plus dommageable que le mot bijou vient du breton « bizou » qui signifie « anneau pour le doigt », dérivé de biz qui signifie doigt. Son étymologie ne recèle ainsi aucun rapport avec l’utilisation qu’en a fait la Maçonnerie.
Pour éviter la confusion, il faut revenir au rôle du bijou par rapport à la fonction créatrice. Le bijou a la tâche de mettre en avant la fonction. Le porteur d’un bijou doit passer par des mutations. D’où l’importance des grades d’Apprenti et de Compagnon qui construisent l’être pour résister à cette activité épuisante qu’exige la fonction.
En Maçonnerie, précise Christian Guigue, les bijoux sont les emblèmes d’une fonction, d’une charge : Officier Dignitaire d’une Loge, Grand Officier de l’Obédience,
Officier Dignitaire dans d’autres corps maçonniques.
Ces bijoux doivent – idéalement – être fabriqués dans un métal « noble » comme l’argent, le vermeil ou l’or. Leur forme, leur dessin, varient selon le rite, l’office et le degré. Il existe parfois aussi des différences selon les pays.
Dans notre Ordre, il existe des symboles figurés, des symboles sonores et des symboles agis. Les bijoux font partie des symboles figurés.
Jacob Tomaso émet l’hypothèse que les riches décorations, bijoux et ornements dont se paraient les gentilshommes, et tout particulièrement les militaires aux 17ème et 18ème siècles, sont probablement à la source du port des bijoux en Loge. De même les Loges militaires où l’on avait sous le regard les différents costumes et galons des grades, les colliers d’Ordre, les médailles et décorations ou encore les insignes de régiments, ont dû marquer la Maçonnerie de leurs pratiques, qu’on trouve également dans certains signes d’ordre [1].
Le bijou de la Loge
Au cours de la cérémonie d’Initiation au grade d’Apprenti, la coutume veut que le Vénérable Maître remettre à chaque Néophyte le bijou de la Loge et lui recommande de le porter à chaque Tenue, et tout spécialement lorsqu’il visitera d’autres Loges.
Au moyen âge, le Maçon portait autour du cou, par une cordelette, un « jeton de présence », une sorte de disque percé au centre. Grâce à ce jeton de présence, le Maçon était autorisé à pénétrer et à travailler sur le chantier.
Cette idée a sans doute survécu à travers la médaille portée par tous les Frères dans certaines Loges.
La médaille de la Loge que nous portons généralement accrochée dans la poche de notre veston est le premier bijou dont nous avons fait connaissance le soir de notre Initiation, le seul que nous puissions porter en tant qu’Apprenti ou Compagnon.
La présence du bijou de Loge semble remonter aux débuts de la Franc-maçonnerie moderne comme en témoigne un ouvrage de l’Abbé Perau publié en 1742 et intitulé « L’Ordre des Francs-maçons trahi et leur secret révélé ».
Les médailles de Loge en reprennent parfois le nom, souvent le dessin distinctif. Les plus anciennes datent de la fin du 18ème siècle ; les plus récentes sont contemporaines. Simplement métalliques (argent ou métal argenté), puis, au 19ème siècle, parfois églomisées [2], les médailles de Loge sont souvent, de nos jours, émaillés.
Très rapidement, dès l'apparition de la Franc-maçonnerie en France, nombre de Loges se sont dotées de représentations symboliques les représentant.
De nos jours, nous dirions qu’elles ont toutes un « logo » que les Loges reproduisent sur leur courrier. On le retrouve aussi sur le sceau que le Frère Secrétaire appose sur les diplômes, sur les convocations. Ce « logo » est gravé sur la médaille portée durant les Tenues de Loge.
D'un graphisme parfois recherché, parfois au symbolisme plus simple, ces médailles constituent un témoignage souvent émouvant de la vie des Loges et de leur histoire.
Certaines médailles de loge sont parfois de véritables merveilles.
D’autres bijoux
L’ancienneté des bijoux apparaît dans les textes des anciens catéchismes écossais dès 1696. On y trouve une série de questions et réponses qui distinguent les bijoux en trois bijoux mobiles et trois bijoux immobiles. Ensuite l’usage des bijoux mobiles s’est étendu à toutes les autres fonctions d’officiers.
A propos du nombre de bijoux, le Manuscrit Wilkinson [3] (1727), nous indique ceci :
- Avez-vous des bijoux immobiles dans votre loge ?
- Nous en avons.
- Combien ?
- Quels sont-ils ?
- Le pavé mosaïque, le parpaing et la pierre taillée.
- Quel est leur premier usage ?
- Le pavé mosaïque pour que le maître y trace ses plans, le parpaing pour que les compagnons de métier éprouvent leurs outils dessus et la pierre dégrossie pour que les apprentis entrés apprennent à travailler dessus.
Dans les premières divulgations maçonniques [4], entre autre dans le Sceau Rompu datant de 1745, la pierre brute est considérée comme l’un des bijoux immobiles :
- Quel est l’usage des bijoux immobiles ?
- La Planche à tracer sert au Maître pour faire ses plans, la Pierre cubique à pointe aux Compagnons et la Pierre brute aux Apprentis [5].
Remarquons que le Signe d’Ordre, que nous apprenons le soir de notre Initiation, est ternaire : il se fait par Équerre, Niveau et Perpendiculaire. Ils correspondent aux trois bijoux mobiles ou aux trois lumières de la Loge : le Vénérable, le Premier et le Second Surveillant.
Pour la plupart des auteurs, les bijoux maçonniques sont au nombre de six. Trois sont fixes, trois sont mobiles. Pour Jean Ferré, auteur du Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie, les bijoux fixes sont :
- La Pierre brute qui correspond au Premier degré et doit être posée en bas de l’autel, côté Nord. Remarquons qu’elle se trouve aussi souvent au pied du Tableau de Loge (avec le Maillet et le Ciseau), du côté Nord, effectivement.
- La Pierre cubique qui correspond au Deuxième degré et doit être posée en bas de l’autel, côté Sud. Notons ici aussi que la Pierre cubique, souvent surmontée d’une pyramide, se trouve parfois au pied du Tableau de Loge, du côté Sud.
- La Planche à tracer qui correspond au Troisième degré et doit être placée devant le Vénérable Maître. Remarquons que, dans la plupart de nos Loges travaillant au Rite moderne (belge), cette Planche à tracer est simplement peinte ou dessinée sur le Tableau de Loge.
D’autres bijoux sont qualifiés de mobiles car, au contraire des précédents, ils ne sont attribués que provisoirement, pour la durée d’un mandat.
Prenons provisoirement trois exemples :
- L’Équerre est attribuée au Vénérable Maître ;
- Le Niveau est l’emblème du Premier Surveillant ;
- La Perpendiculaire est l’emblème du Second Surveillant.
Au Rite Écossais Rectifié, ces trois bijoux ont la signification suivante :
- l’Equerre est attribuée au Vénérable Maître comme emblème de la perfection des Travaux d’une Loge ;
- le Niveau, attribut du Premier Surveillant, est l’emblème de la régularité des Travaux qu’effectuent les Frères dans le Temple qu’ils élèvent à la vertu ;
- la Perpendiculaire, affectée au Second Surveillant qui doit veiller à ce que tous les Frères respectent fidèlement les lois et préceptes de l’Ordre, est l’emblème de la solidité des ouvrages maçonniques.
Ces éléments sont appelés bijoux parce qu’ils représentent ce que la Maçonnerie a de très précieux et qu’elle est la seule société initiatique à les utiliser. Ils sont le symbole de la transformation qui s’opère de l’Apprenti au Compagnon, puis du Compagnon au Maître, en même temps que des moyens mis en œuvre pour que l’alchimie puisse se faire.
Supprimer la Pierre brute, la Pierre cubique, la Planche à tracer, faire disparaître l’Equerre, le Niveau et la Perpendiculaire, ce serait enlever à la Maçonnerie toute son essence, toute son existence. Rappelons que la Franc-maçonnerie est le seul mouvement initiatique qui ait choisi la construction d’un édifice pour bâtir tout un enseignement ésotérique.
Utilité des décors maçonniques
L’utilité des décors maçonniques dépend très étroitement de la façon dont la Loge et les Frères Maîtres perçoivent les offices ou charges. Bien souvent, malheureusement, les offices sont considérés comme une exaltation individuelle. Le Frère, après un parcours souvent très rapide aux grades précédents, atteint la Maîtrise. Il sort de l’anonymat des Frères et pourrait se croire investi d’un pouvoir d’autorité sur ses Frères.
Essayons cependant de considérer les décors et en particulier les bijoux maçonniques sous l’angle de l’office perçu comme une fonction de création. Cela signifie qu’il est vital de prendre conscience que ces décors qui complètent l’habit maçonnique n’ont pas pour but de faire « valoir » celui qui les porte. Leur rôle est de marquer la fonction de celui qui reçoit la charge d’un office.
Précisons encore que les décors maçonniques rassemblent au moins trois catégories : les baudriers, les colliers et les cordons. Ces derniers se subdivisent en écharpes et sautoirs. Des précisions sont nécessaires ! Il arrive que le baudrier soit plus communément appelé cordon ; il rejoint alors l’écharpe. Les colliers, selon la manière dont ils sont nommés et portés, peuvent rejoindre les cordons ou les sautoirs.
Baudrier ou écharpe
Le terme baudrier semble venir de l’ancien français « baldrei » ou « baudré » qui signifie « large bande de cuir supportant l’épée », ou du latin « balteus », qui signifie bande.
Son intrusion en Maçonnerie est fortement liée à celle des aristocrates dans les loges avec leurs gentilshommes portant l’épée au côté. Il établissait une sorte d’égalité entre tous les membres de la Loge, permettant aux roturiers de porter l’épée comme les nobles, devenant un emblème d’égalité.
En effet, nous dit Gilbert Alban, le baudrier est une réminiscence de la Maçonnerie du 18ème siècle, époque durant laquelle tous les membres de la Loge portaient l’épée du côté gauche, par souci d’égalité fraternelle, que ces membres fussent nobles ou roturiers. Il ne reste aujourd’hui de cette épée que la rosette au bas du baudrier, là où se trouvait l’ouverture du fourreau.
Dans certaines Loges, notamment celles qui travaillent au Rite français, il est coutume, pour les Maîtres Maçons, de porter un baudrier. Celui-ci correspond vraisemblablement à une survivance d’un accessoire vestimentaire indispensable au temps où l’on portait l’épée et destiné à la soutenir.
Au Rite Écossais Rectifié, le port de l’épée est encore en vigueur, tout comme celui du fourreau.
Dans les autres rites, pour conserver ces notions d’égalité et d’armes, la Franc-maçonnerie a mis, à la place de l’épée, les « armes » du Maçon : l’Equerre et le Compas entrelacés. La bande de cuir s’est vue remplacée par une bande d’étoffe et l’on est passé du vocable baudrier à celui d’écharpe.
Mais quelle est symbolique peut-on accorder au baudrier – écharpe ?
Lucien Brélivet a avancé comme explication l’imitation de certains ordres comme celui de la jarretière fondé en 1348 par Edouard III d’Angleterre ou celui de la Chevalerie.
L’intérêt du baudrier pourrait être de marquer sur le corps une diagonale. La plus intéressante est celle qui passe sur le cœur. Cette diagonale rappellerait la dynamique vitale que les Compagnons doivent s’employer à découvrir et à savoir utiliser pour mettre en forme ce qui est transmis par la Tradition.
En ce cas, il serait plus juste d’utiliser le mot écharpe, d’autant que son étymologie rappelle le voyage. Echarpe vient du francisque skirpa « panier de jonc », lui-même du latin scirpus « jonc », et scrippa « sacoche de pèlerin ». Il s’agissait d’une sorte de sacoche portée en bandoulière où l’homme sur le chemin plaçait ses richesses spirituelles et matérielles. Cette démarche correspond bien au voyage du Compagnon caractéristique du grade.
Sautoir ou collier
Les Officiers Dignitaires portent un bijou qui pend à l’extrémité du sautoir de leur charge ou fonction.
Le sautoir est à ranger au nombre des « décors » dans l’univers de la Franc-maçonnerie. Le sautoir est en général le signe vestimentaire d’un office (charge ou fonction). C’est une sorte de large ruban que les Officiers Dignitaires portent autour du cou pendant les Tenues.
Les couleurs des sautoirs varient selon le Rite pratiqué ; ils peuvent aussi varier selon la valeur symbolique accordée à chacun d’eux et selon la fonction de celui qui le porte.
A l’origine, le sautoir ou cordon (ou collier à certains rites de la G.L.N.F.) n’avait qu’un but, celui de suspendre les bijoux et distinguer ainsi les officiers. Ils ne possédaient aucun sens symbolique.
Ajusté sur les épaules, il descend en pointe jusqu'à l’épigastre et s’orne du bijou distinctif de l’office en question. A son extrémité pend en effet un bijou qualifié de « mobile » parce que le sautoir peut passer d’un Frère à l’autre selon la fonction ou charge qui lui est dévolue, généralement pendant une année.
Les sautoirs ou cordons, les bijoux avec les gants et le tablier constituent les décors individuels du Maçon. Ils ne sont pas des décorations honorifiques mais des repères visuels des fonctions occupées.
Tout sautoir symbolise les responsabilités maçonniques de ceux qui les portent, ainsi que leur autorité quand il s’agit de dignitaires de l’Ordre (Grands Officiers), le Grand Maître, par exemple.
Le terme plus général de collier permet de mieux percevoir la fonction intrinsèque de cet objet dans les sociétés traditionnelles, et donc l’intérêt de son emploi dans une Loge maçonnique.
Aujourd’hui, le collier est un accessoire et un agent essentiel du « paraître » social. Mais dans les civilisations anciennes, il n’en allait pas de même. Chez celles-ci, le collier fait paraître ce que l’on est. Ce que l’on montre sur son corps, ce n’est pas la valorisation de l’individu, mais une fonction à remplir, et bien indigne de cette fonction serait celui qui chercherait à s’en glorifier à titre individuel. Or, la plupart des Francs-maçons portent toutes sortes de colliers nommés cordons et pratiquent souvent l’inverse ! Cette attitude débouche sur l’obstacle fatal pour le Frère : la vanité. C’est peut-être la raison pour laquelle, le terme charge est plutôt préféré à celui de fonction.
Dans une Loge en recherche d’Initiation, les colliers sont mis en relation avec une fonction créatrice. Le collier est le canal d’une énergie particulière émanant de l’unité formée de l’ensemble des offices.
Ce qui est important avec le sautoir, c’est que l’on dote l’être d’une nuque, d’un cœur et d’un ventre. Le sautoir délimite les différents niveaux de l’être. Il protège la nuque, lieu de puissance, en montrant qu’il faut avoir une tête pour avoir un cœur. Il symbolise aussi la présence de la fonction qui vient se fixer sur le Frère.
Le bijou des Officiers Dignitaires
En métal argenté ou doré, selon les rites, et de formes diverses, ces bijoux représentent des symboles attachés à l'Office tenu : Équerre pour le Vénérable, Corne d'abondance pour le Maître des Banquets, Livre pour l'Orateur, Plumes croisées pour le Secrétaire,... Les anciens Vénérables, pour leur part, portent comme bijou la résolution du théorème de Pythagore accrochée sous une Équerre.
C’est grâce à cet emblème que chaque Frère peut reconnaître la fonction d’un Officier Dignitaire lorsque celui-ci ne se trouve pas encore à sa place ou derrière son « plateau ».
Un sautoir, muni d’un symbole de la fonction, est attribué à chacun des Officiers Dignitaires de la Loge, sauf l’Architecte. Mais cette charge est souvent cumulée avec celle de Maître des cérémonies.
Voici tout d’abord un tableau synthétique qui nous permettra d’avoir une vue d’ensemble des bijoux des Officiers Dignitaires :
Approche du symbolisme des bijoux des Officiers Dignitaires
N.B. : pour chaque fonction, consultez les illustrations reprises ci-dessus !
Le bijou du Second Surveillant
Commençons par examiner le bijou de l’Officier qui est le plus proche de nous, celui qui est chargé de notre formation d’Apprenti : le Second Surveillant.
Le Second Surveillant porte en sautoir un bijou représentant la Perpendiculaire ou le Fil à plomb, symbole actif de la recherche en soi dans les profondeurs du silence, de l’équilibre et de la voie droite.
Le Frère Second Surveillant remplit une fonction d’accueil et d’ouverture comme d’éducation pour les Apprentis. Il est chargé de leur éveil.
Sa fonction d’éveilleur et d’instructeur est fondamentale. C’est lui qui va former les nouveaux maillons qui vont assurer la perpétuation et la relève de la Loge dans l’esprit qui la caractérise.
Cette fonction symbolise la beauté qui orne et harmonise tous les aspects de l’édifice par l’amour.
Symbolisme du bijou :
La Perpendiculaire peut notamment symboliser la profondeur dans l'observation. Elle est aussi l'emblème de la recherche profonde de la Vérité, de l'Aplomb et de l'Équilibre. Le Fil à plomb guide l’esprit vers son axe intérieur. La Perpendiculaire pourrait marquer la verticale pour indiquer que le niveau spirituel de la Loge doit sans cesse être élevé et maintenu par les soins de celui qui remplit cette fonction.
Le bijou du Premier Surveillant
Lorsque notre formation d’Apprenti devient suffisante sans pour autant être terminée (ne sommes-nous pas d’éternels Apprentis ?), nous passons sous l’autorité bienveillante du Premier Surveillant.
Le Premier Surveillant porte en sautoir le Niveau qui ne peut être horizontal que si la Perpendiculaire est en équilibre. C’est la recherche du juste milieu qui ouvre l’accès à la Chambre du Milieu et à l’Unité. Le niveau est l'emblème de l'égalité.
Symbolisme du bijou :
Le bijou du Premier Surveillant se trouve sous le signe conjoint de la Perpendiculaire et de l’Equerre. Cette conjonction donne naissance à un troisième symbole, le Niveau dans lequel est inclus le Delta grâce à sa base.
Le Niveau est généralement représenté par un triangle au sommet duquel est fixé un fil à plomb ou perpendiculaire. Le Niveau est considéré comme le symbole de l’égalité sociale mais en aucune façon il ne saurait représenter le nivellement des valeurs. En outre, le Niveau est nécessaire avec la Perpendiculaire et l’Equerre à l’édification correcte d’un ouvrage. Il est indispensable pour contribuer à l’idéal de perfection du Maçon.
Par cette constatation on peut penser que l’Apprenti, par introspection, est invité à répondre à la question « qui suis-je ? », alors que le Compagnon, à l’aide du Niveau, se trouve amené à se demander « où suis-je ? » et « où vais-je ? ».
Le bijou du Secrétaire
La charge de Secrétaire revêt une grande importance du fait de la multiplicité de ses fonctions. Au plan purement maçonnique, on dit qu’il est la mémoire de la Loge. Il a pour fonction essentielle de rendre compte des Travaux maçonniques.
Comme signe distinctif de sa charge, le Frère Secrétaire porte un sautoir orné de deux plumes entrecroisées.
Symbolisme du bijou :
Le sens de ces deux plumes croisées est assez évident : c’est le symbole de l’écriture. Ces deux plumes entrecroisées n’ont rien d’original, rien d’ésotérique.
Mais puisqu’au Rite Écossais Ancien Accepté, la Lune est attribuée à cet officier, pourquoi son sautoir n’est-il pas orné de ce symbole ?
Le Secrétaire, possesseur du « Livre d’Architecture », symbole-type du Temple en cours de construction, pourrait être considéré comme le Frère qui édifie la Loge au fil du temps, esquissant une nouvelle « pièce », élevant un nouvel « étage » à chaque Tenue sous l’aspect de la « Planche tracée des derniers Travaux ».
Le bijou de l'Orateur
L’Officier qui, le soir de notre Initiation, fut chargé de nous souhaiter la bienvenue au nom de la Loge et de présenter une planche de première instruction, c’est le Frère Orateur. Sa fonction consiste en cette occasion, comme lors des cérémonies de Passage au grade de Compagnon ou d’Elévation à la Maîtrise, à éclairer et enseigner, en s’adaptant au niveau de son interlocuteur.
A chacune de ses interventions, il s’agit de donner au nouveau promu, en quelques traits, des pistes de travail et de tirer la quintessence de ce qui vient de lui être transmis.
Gardien de la Loi maçonnique, l’Orateur porte en sautoir un bijou représentant un livre ouvert, celui de la Loi, avec, à l’arrière-plan, un soleil rayonnant.
Symbolisme du bijou :
Le bijou de l’Orateur figure un livre ouvert ou un parchemin à demi déroulé car cet officier est tout simplement le gardien de la Loi maçonnique.
Le bijou du Couvreur
La Couverture de la Loge est probablement l’un des offices les plus anciens car dans les premières Loges, le Couvreur armé d’une épée servait réellement de gardien du seuil.
Pour emblème de sa mission qui concerne tout ce qui a trait à la garde des abords, extérieur et intérieur, de la porte, le Frère Couvreur porte un sautoir orné d’un glaive vertical dont la pointe – qui devrait normalement être dirigée vers le ciel – marque sa fermeté dans la protection de l’enceinte sacrée que constitue la Loge.
Symbolisme du bijou :
Le bijou du Couvreur reproduit l’Épée dont il est muni en Tenue. L’arme de cet officier défend la Loge contre les profanes ou les exclus de l’Ordre qui voudraient pénétrer dans le temple. En fait, ce symbole protège l’Initié en Tenue contre ce qui pourrait le distraire des activités maçonniques.
Le bijou de l'Expert
Chargé du contrôle de l’appartenance à une Obédience Régulière de la Franc-maçonnerie de toute personne se présentant dans les locaux de la Loge, chargé de la plupart des « tuilages », du contrôle des scrutins, de la vêture correcte des Frères, de la surveillance de la bonne exécution des rituels et de la décoration du Cabinet de Réflexion, le Frère Expert est muni d’un sautoir décoré de deux glaives croisés.
Il existe des variantes : ces glaives croisés surmontent parfois un œil. Il représente aussi parfois une colombe d’argent tenant un rameau d’olivier dans son bec.
Symbolisme du bijou :
Ce bijou engendre un puissant symbolisme. Le Glaive et la Colombe sont des signes, l’un des combats pour établir la paix intérieure, l’autre de paix instituée à la suite de ces combats. Et les deux sont signes de Lumière.
Il en va de même pour l’œil qui rappelle que l’Expert est l’officier chargé d’avoir, avant, pendant et après la tenue, l’œil à tout en matière d’ameublement symbolique du temple, de bonne exécution des rituels, etc.
Le bijou de l'Hospitalier ou Eléémosynaire
Appelé « Eléémosynaire » au Rite Écossais Rectifié, le Frère Aumônier Hospitalier siège à côté du Frère Expert. Il a la responsabilité des devoirs de charité et de philanthropie de la Loge. Il s’enquiert des besoins et détresses des Frères et des membres de leurs familles, et de concert avec le Vénérable Maître et le Frère Trésorier, distribue les aumônes de la Loge. Le bijou qui orne son sautoir est une bourse aumônière. Mais Jean Ferré fait remarquer que ce bijou peut aussi être une Truelle.
Symbolisme de la Bourse :
La bourse aumônière marque bien la responsabilité de celui qui exerce toutes les œuvres d’assistance de l’Atelier. Ce bijou traduit bien la fonction de cet officier : une bourse rouge ou dorée, en forme de cœur. Le cœur symbolise l’amour, la générosité, le dévouement. Le Frère Hospitalier est chargé de recueillir les oboles dans ce qu’il est de coutume d’appeler le Tronc de Bienfaisance, de la Veuve ou de Solidarité.
Le bijou du Trésorier
Le sautoir du Frère Trésorier, responsable de la gestion des fonds de la Loge, est orné d’une clef, parfois de deux clefs croisées qui lui donnent le pouvoir de lier et de délier, d’ouvrir et de fermer le trésor de l’Atelier.
Ce symbole axial de la clé représente aussi un « sésame, ouvre-toi » nous dit Irène Mainguy.
Symbolisme du bijou :
Les deux clés croisées traduisent bien le symbolisme des fonctions du Trésorier qu’il doit assumer avec rigueur et droiture. Il garde le Trésor de la Loge, caché dans un coffre, et que seules ses clés peuvent ouvrir, ceci au sens symbolique.
Le trésor de la Loge n’existe effectivement que sous forme de livres comptables ! Son symbolisme vrai est bien différent car le trésor en question n’a rien de matériel : c’est le thesaurus maçonnique. La clé symbolise toujours l’ouverture et la fermeture des portes intérieures de l’Initié. Elle délie et lie tour à tour des états de conscience, ouvre des états plus purs, plus riches, plus lumineux, et ferme des états anciens, pauvres, dépassés, en voie de dissolution.
En maçonnerie, les Clés donnent accès aux Portes de ses degrés initiatiques.
Le bijou du Maître des Cérémonies
Le sautoir du Frère Maître des Cérémonies est orné d’un bijou composé de deux cannes croisées et liées par un ruban.
Symbolisme du bijou :
Les deux cannes entrecroisées et liées par un ruban reproduisent le symbole mythique de la Canne dont cet officier ne se départit jamais quand il se déplace dans le temple.
Le bijou du Maître de la Colonne d'harmonie
Le Frère Maître de la Colonne d’Harmonie s’occupe de l’accompagnement musical de toutes les Tenues. Il veille à donner une illustration musicale appropriée et à régler les divers éclairages du Temple. Son sautoir est muni d’un bijou en forme de lyre.
Symbolisme du bijou :
La lyre, inventée par Hermès ou par l’une des neuf Muses, Polymnie, est l’instrument de musique d’Apollon et d’Orphée, aux accents prestigieux, et le symbole des poètes. Plus généralement, elle est le symbole et l’instrument de l’harmonie cosmique : au son de la lyre, Amphion bâtit les murs de Thèbes.
Dans l’iconographie chrétienne, elle évoque la participation active à l’union béatifique. Ce rôle est celui de la harpe de David. Les sept cordes de la lyre correspondraient aux sept planètes : elles s’accordent dans leurs vibrations, comme celles-ci dans leurs révolutions cosmiques ; quand le nombre des cordes fut élevé à douze, on voulut y voir une correspondance avec les douze signes du Zodiaque.
Le bijou du Maître des Banquets
Le Frère Maître des Banquets organise les Travaux de Table. Son sautoir est muni d’un bijou en forme de corne d’abondance.
Symbolisme du bijou :
Selon la tradition la plus populaire, la corne d'abondance ornait le front de la chèvre qui nourrit Zeus dans son enfance. La mythologie grecque raconte qu’à sa naissance, la mère de Zeus confia son enfant à la chèvre Amalthée.
Elle craignait en effet que le bébé ne soit mangé par Cronos, son père. Un jour, Zeus cassa une des cornes de sa nourrice. Plus tard, pour se faire pardonner, il donna à cette corne le pouvoir d’abonder de fleurs et de fruits. Cette corne d’abondance représente la richesse et la fécondité.
Dans l'iconographie païenne, elle est le symbole de la richesse, de la prospérité, de la générosité et de l'abondance.
Le bijou du Vénérable Maître
Le Vénérable Maître, autorité et chef de la Loge, il la dirige avec l’aide des Frères Surveillants, préside tous les Travaux et exécute avec eux tous les rituels. Le bijou suspendu à son sautoir est une Équerre.
Symbolisme du bijou :
Dire que tout est d’équerre signifie que tout est en règle. C’est en effet la mission du Vénérable Maître qui doit posséder une connaissance suffisante des principes maçonniques et se doit de rechercher la vérité et la cohésion du groupe qu’il dirige : sans équerre, point de construction harmonieuse !
L’Équerre du Vénérable Maître, dont les branches sont dans le rapport pythagoricien 3 à 4, représente à la fois la rectitude morale de celui qui la porte et sa qualité de Première Lumière de l’Atelier. Elle est dorée, couleur du soleil, ce qui se passe de commentaire.
L’Équerre du Vénérable Maître est l’étoile secrète mais aussi une des portes du temple : la porte de l’Orient qui révèle le lieu de l’origine de la Lumière.
Le bijou du Passé Maître Immédiat
Le Passé Maître Immédiat, parfois aussi appelé Vénérable Maître d’honneur, est le Vénérable Maître qui vient de descendre de charge. Il assiste, aide et conseille le Vénérable Maître actuel et est seul habilité à le remplacer au cas où ce dernier serait absent.
Symbolisme du bijou :
Dorée elle aussi, l’Equerre du Passé Maître Immédiat est complétée par le tracé géométrique du théorème de Pythagore, signe de grande avancée sur la voie initiatique.
Approche du symbolisme d'autres bijoux
Symbolisme de la Truelle
Au moyen âge, les imageries populaires et religieuses représentaient souvent Dieu une Truelle à la main. Cet outil était perçu comme symbole de la puissance créatrice, mais aussi de la volonté et du pouvoir d’unir. Dieu est Création et Union.
La truelle scelle et favorise la fusion des pierres entre elles et les réunit ; c’est pourquoi elle est symbole d’unité, outil par lequel l’œuvre du constructeur s’achève et devient parfaite. C’est probablement ce qui a fait dire à Daniel Ligou qu’elle est symbole de l’amour fraternel qui unit tous les Maçons, ciment essentiel, utilisé pour l’édification du temple idéal.
La truelle est reconnue tout particulièrement comme emblème des qualités essentielles du véritable Maçon : tolérance et bienveillance. Elle est aussi perçue par eux comme pouvant symboliser la conscience de la fraternité universelle entre tous les êtres humains, comme l’excellence du travail bien fait par la solidarité entre tous.
Symbolisme du Compas
A titre indicatif, précisons encore que le bijou du Très Respectable Grand Maître, à la tête de notre Obédience, est formé d’un Compas ouvert à 45 degrés.
Symbolisme du bijou :
Associé aux mathématiques, à l'astronomie, à l'architecture et à la géographie, le Compas représente les sciences exactes et la rigueur mathématique.
Il sert aussi à dessiner le cercle et symbolise ainsi le dynamisme constructeur et le cycle de l'existence car il tourne pour revenir à son point de départ.
Dans l'iconographie traditionnelle, le Compas est symbole de la prudence, la justice, la tempérance et la véracité, qui sont des vertus fondées sur l'esprit de mesure.
Instrument de mesure et de rapports, le Compas est aussi devenu l'emblème de la géométrie, de l'astronomie, de la muse Uranie (qui personnifie l'astronomie), de l'architecture et de la géographie.
Le Compas est l’image de la pensée dans les différents cercles qu’elle parcourt.
L’écartement de ses branches pourrait figurer les divers modes de raisonnements, qui peuvent être larges, précis mais toujours clairs. Il peut également symboliser l’ouverture de l’esprit, la compréhension et l’étendue de la connaissance.
Les degrés d'ouverture du Compas symbolisent, dans la Tradition maçonnique, les degrés de la connaissance. Il représente aussi, de façon générale, la mesure, la prudence, la justice, la tempérance et la véracité.
Si on considère que l’écartement du Compas correspond au niveau de connaissance, il est intéressant de constater que les Francs-maçons limitent son ouverture à 90°. Ceci indique clairement la volonté d’affirmer les limites de l'homme !
Pourquoi certains Frères portent-ils parfois plus qu’un bijou ?
Il n’est pas rare d’observer que certains Frères portent plus d’un bijou de Loge. C’est tout simplement parce qu’ils ont fait le choix d’être membre de plus d’une Loge.
Dans notre Obédience, l’usage veut qu’un Frère ne porte, en Loge « bleue » (Apprentis, Compagnons, Maîtres), que les bijoux des Loges dont il est membre. Un Frère ne peut donc pas porter les bijoux des autres corps maçonniques dont il fait éventuellement partie (Loge de Marque, Royal Arch, etc.).
R :. F :. A. B.
[1] Tomaso Jacob, Dictionnaire thématique illustré de la Franc-maçonnerie, Editions Morena, 1993.
[2] En verrerie, églomiser, c’est fixer une mince feuille d’or ou d’argent sous le verre, avant que le dessin soit ensuite exécuté à la pointe sèche et maintenu par une deuxième couche ou une plaque de verre.
[3] Cf. travaux de la Loge Nationale de Recherches Villard de Honnecourt N° 9, le manuscrit Wilkinson, pp. 162 – 168
[4] Désaguliers René, Les Pierres de la Franc-maçonnerie, pp. 95 – 114, Editions Dervy, 1995
[5] Remarquons que dans ces anciens écrits, l’usage de la majuscule aux symboles n’était pas encore de mise.
Bibliographie
Alban Gilbert - Guide de l’Apprenti
Editions Detrad, Paris, 1996
Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie
Editions De Vecchi, Paris, 1995
Boucher Jules - La symbolique maçonnique
Editions Dervy, Paris, 1995
Brelivet Lucien - Les habits des Francs-maçons
Gants, tabliers et autres vêtements
La Maison de Vie, Fuveau, 2008
Darche Claude - Vade-mecum de l’Apprenti
Editions Dervy, Paris, 2006
Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie
Editions Dervy, Paris, 1994
Guigue Christian - La formation maçonnique
Editions Guigue, Mons-en-Barœul, 1995
Ligou Daniel - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie
Editions du Puf, 1987
Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire
Editions Dervy, Paris, 2001
Michaud Didier - L’Equerre et le chemin de rectitude
La Maison de Vie, Fuveau, 2002
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