• * Approche historique de la Franc-maçonnerie moderne

     Approche historique de la Franc-maçonnerie moderne 

     

    1.   A l’aube du 18ème siècle.

    La Renaissance voit apparaître l'imprimerie et la Réforme, puis les Guerres de Religions.

    Partout en Europe, des intellectuels commencent à se libérer des dogmes. Le 17ème siècle verra, parmi d'autres, Bossuet, Leibniz, Spinoza, Locke et Newton. De nombreuses associations de pensée plus ou moins secrètes cherchent une solution aux guerres et aux querelles religieuses qui déchirent le continent. Beaucoup de penseurs partent à la recherche d'une sagesse perdue qui, si on la retrouvait, permettrait une nouvelle compréhension du Divin, de l'Univers et de l'Homme.
    Les mathématiques, et en particulier la géométrie, sont considérées comme la première des sciences. L'architecture jouit d'un très grand prestige.

    C'est à cette époque que des Loges anglaises commencent à accueillir des membres qui ne sont pas du métier, mais sont à la recherche d'une nouvelle spiritualité et d'un débat d'idées tolérant. Ce sont les maçons « acceptés ». On passe progressivement de la Franc-maçonnerie « opérative », à la Franc-maçonnerie « spéculative ».

    Au tout début du 18ème siècle, la Franc-maçonnerie anglaise, devenue « spéculative » prend une ampleur considérable. La haute aristocratie s'y associe, l'esprit de tolérance augmente.

    Tout en demeurant indissociable de ses origines plus lointaines, l’histoire de la Franc-maçonnerie telle que nous la connaissons aujourd’hui commence à l’aube du 18ème siècle, plus précisément le 24 juin 1717, à Londres.

    Ce jour-là, jour de la Saint Jean-Baptiste, patron des Francs-maçons, quatre Loges de Londres décident de s’unir sous la direction d’un Grand Maître et se constituent en Grande Loge, sous le titre de « Grande Loge de Londres » qui regroupera 63 loges en 1725.

    L'année 1723 voit la « publication des Constitutions d'Anderson par le Duc de Wharton, Grand Maître ». C'est le texte fondateur de la Franc-maçonnerie moderne.

    La jeune Grande Loge acquiert rapidement de la considération. Dès 1730, on trouve 106 loges à Londres et plus de 40 en province. Vers la fin du siècle, en 1787, on dénombrait 529 Loges, sans compter, bien sûr, les Loges d’Irlande et d’Ecosse où la Franc-maçonnerie était déjà présente bien avant 1717.

    En quelques années, la Franc-maçonnerie spéculative va se répandre à travers toute l'Europe ainsi que dans toutes les colonies européennes.

    La seconde moitié du 18ème siècle voit la division de la Franc-maçonnerie anglaise en deux obédiences – les « Antients » et les « Moderns » – et la floraison, en Angleterre mais surtout en France et en Allemagne, des « Hauts-Grades ». De même que dans la société profane, l'idéal des Lumières et celui du romantisme s'opposent et se complètent.

    A partir de 1751, en effet, se produisit un schisme qui allait diviser les Francs-maçons anglais en « Anciens » et en « Modernes ». Les Anciens, qui n’avaient pas voulu adhérer à la Constitution de 1723, se référaient pour la plupart aux « landmarks » (règles, obligations) de la Loge d’York, laquelle prétendait remonter au 10ème siècle. Ils créèrent donc une deuxième Grande Loge, celle des Anciens, composée en majorité d’Irlandais, pour s’opposer aux Maçons Modernes regroupés autour de la Grande Loge de Londres qui avait pris en 1738 le titre de Grande Loge d’Angleterre.

    Une autre opposition se manifesta encore avec la constitution en France de degrés maçonniques, dits grades chevaleresques ou hauts grades. Cette opposition aboutit en Angleterre à la création, entre autres, de l’Ordre de Royal Arch. La naissance de ces « hauts grades » et leur diversité introduisit bientôt de nouveaux rites, dont l’application ne pouvait que contribuer à renforcer encore les divisions au sein de cette Franc-maçonnerie naissante. La scission entre Anciens et Modernes dura jusqu’en 1813, date à laquelle l’acte de fusion des deux Grandes Loges devint officiel et la nouvelle Grande Loge se donna le titre de Grande Loge Unie des Anciens Francs-maçons d’Angleterre (aujourd’hui, Grande Loge Unie d’Angleterre). Il fut alors décidé qu’il n’y aurait que trois grades dans « l’ancienne et pure maçonnerie » (Apprenti, Compagnon, Maître).

    L’Ordre de Royal Arch fut reconnu et les Tenues de Chapitres pour les grades chevaleresques autorisées, mais sans qu’elles influent d’une quelconque façon sur les Tenues des Loges, dites bleues, des trois premiers grades de la Franc-maçonnerie traditionnelle. Enfin, une année plus tard, en 1814, les trois Grandes Loges d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse signèrent un acte d’alliance pour la pratique des trois premiers grades.

     

    2.   L’expansion.

    Dès sa naissance, la Franc-maçonnerie spéculative avait trouvé dans l’ensemble de l’Europe, un terrain d’expansion tout aussi favorable qu’en Angleterre. Et, une vingtaine d’années plus tard, elle se répandit comme une traînée de poudre partout dans le monde où les puissances européennes d’alors avaient des implantations militaires ou commerciales.

    Après avoir subi ses maladies de jeunesse, la Franc-maçonnerie moderne a réussi à se structurer un peu partout dans le monde sous forme d’obédiences nationales diverses, indépendantes les unes des autres et regroupant chacune plusieurs loges, elles aussi indépendantes les unes des autres. Cette diversité et cet aspect mosaïque des loges sont caractéristiques de l’esprit maçonnique qui refuse toute ingérence dogmatique et lutte depuis toujours en faveur de la liberté de pensée. Répartie dans une soixantaine de pays (d’une manière générale, les dictatures, qu’elles soient de droite ou de gauche, condamnent la Franc-maçonnerie dont les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, par trop démocratiques, sont jugés subversifs), la Franc-maçonnerie compte actuellement, toutes obédiences confondues, plus de six millions de membres.

     

    3.   La Constitution de 1723.

    De même que toute association a ses règles et ses statuts, la Franc-maçonnerie s’est dotée depuis ses origines les plus lointaines des règlements appelés « Charges », « Devoirs » ou « Landmarks » (ces derniers n’étant transmissibles que par tradition orale) pour préserver ses adeptes de toute déviation par rapport à l’antique filiation traditionnelle dont elle procède. Les règlements et constitutions des Loges sont d’ordre administratif et règlent la conduite morale du Franc-maçon en Loge, conduite qui rejaillit bien sûr sur sa vie profane.

    En revanche, le Livre de la Loi sacrée (la Bible) qui figure avec l’équerre et le compas sur l’autel du Vénérable, est d’ordre initiatique et symbolise la Lumière vers laquelle tend la quête spirituelle du Franc-maçon. Les fondations modernes sont les Constitutions dites d’Anderson, rédigées en 1721 par le théologien James Anderson et le physicien Théophile Désaguliers, tous deux cofondateurs de la Grande Loge de Londres en 1717. Elles furent ratifiées le 17 janvier 1723 par le duc de Wharton, alors Grand Maître de la Grande Loge de Londres. Les règlements et constitutions des Loges sont d’ordre administratif et règlent la conduite des Frères. S’il paraît évident qu’à la lecture certains passages de ces Constitutions peuvent aujourd’hui prêter à sourire par leur côté vieillot, reflet d’une époque où régnaient encore en Europe des relents d’absolutisme et d’Inquisition, il faut reconnaître que leur teneur reste très « progressiste » pour l’époque et traduit assez bien les idées fondamentales de la Franc-maçonnerie. Il faut, en les lisant, s’attacher à l’esprit et non à la lettre. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces Constitutions font aujourd’hui encore référence dans les Loges du monde entier, bien que chaque obédience réactualise régulièrement ses propres règlements et constitutions.

     

    Source : http://www.freimaurerei.ch/f/general/hist-f.htm

     

    4.   La Franc-maçonnerie moderne.

    Le 19ème siècle sera une période de « remise en ordre ». De grandes obédiences se forment et les Hauts Grades se structurent en Rites.

    En Angleterre, la « Antients » et les « Moderns » se réconcilient en 1813 en fondant la Grande Loge Unie d'Angleterre, et en élisant le Duc de Sussex comme Grand-Maître, à l'unanimité. Elle promulgue à cette occasion une nouvelle version des « Constitutions », d'inspiration beaucoup plus nettement théiste que celle de 1723.

    En France, le Grand Orient de France entreprend de fédérer tous les rites. Toutefois, le Suprême Conseil de France du Rite Écossais Ancien et Accepté, fondé en 1804, reprendra presque immédiatement son indépendance.

    La fin du 19ème siècle sera marquée en France et en Belgique par l'augmentation de l'implication politique des Loges et par l'aggravation des polémiques entre l'Eglise catholique et la Franc-maçonnerie.

    Ces tensions aboutiront à un événement majeur dans l'histoire de la Franc- Maçonnerie francophone : en 1872, le Grand Orient de Belgique abroge l'invocation du Grand Architecte de l'Univers.

    En 1877, il est suivi dans cette voie par le Grand Orient de France, qui, lui, ne supprime que l'obligation de cette invocation, chaque Loge restant libre de son choix.

    La Grande Loge Unie d'Angleterre réagit en rompant toute relation avec ces obédiences.

    La Seconde Guerre Mondiale verra l'apparition en Europe d'un grand nombre de dictatures qui persécuteront la Franc-maçonnerie, leur ennemie naturelle. Ces persécutions ont laissé des traces profondes partout où elles ont été vécues. Dans ces pays, leur souvenir maintient entre la plupart des Francs-maçons des liens plus puissants que toutes les inévitables querelles d'obédiences.

    Le 20ème siècle verra également un événement plus heureux avec le développement des Loges et obédiences mixtes ou féminines. Le fait qu'un grand nombre de Loges masculines préfèrent continuer à travailler de manière non mixte ne retire rien au fait que la valeur des travaux maçonniques mixtes ou strictement féminins est aujourd'hui presque unanimement reconnue.

    En cette fin de 20ème siècle, on assiste un peu partout en Europe à la fin d'un système de pensée qui opposait des « blocs » que l'on souhaitait bien distincts les uns des autres et à l'apparition de conceptions plus « synthétiques », certains diraient même « systémiques ». Les bouleversements géopolitiques et technologiques que nous connaissons actuellement n'y sont sans doute pas étrangers. Il semble évident que les Francs-maçons, quels que soient leurs rites ou leurs obédiences, sont, de par leurs traditions, particulièrement bien outillés pour accompagner cette nouvelle mutation.

     

    Source : http://www.fm-europe.org/delta/histoire/monde.html

     


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