• Il y a quelques années, bien avant de devenir un Franc-maçon régulier, j’ai eu l’occasion de parcourir un ouvrage de Richard Dupuy Intitulé « La foi d’un Franc-maçon ».

    A cette époque je me posais déjà les deux questions suivantes : « Peut-on devenir Franc-maçon quand on pense avoir été chrétien et subi une éducation catholique ? » et « peut-on redevenir chrétien quand on a été initié Franc-maçon ? ». Mon parcours maçonnique au sein de notre Obédience régulière m’a permis de répondre par l’affirmative à ces deux questions.

    Quant aux propos que je vais tenir ce Midi, ils sont le reflet de ma foi de Franc-maçon telle que je la vis aujourd'hui. S’il y a parmi nous des athées affirmés ou des incroyants discrets, qu’ils se rassurent : je n’ai pas l’intention de les convertir ! Mais si, pour mon bonheur, il y a encore parmi nous de véritables « cherchants », alors puisse cette planche les éclairer davantage !

       Volume de la Loi sacrée ou Bible ? 

    Notre travail maçonnique

    Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler que nous sommes tous ici pour travailler. Il suffit d’observer comment nous sommes assis pendant la Tenue ! L’article 3 du Règlement général de notre Obédience précise ce que nous devons comprendre en matière de « travail maçonnique ».

    Il s’agit du fait de travailler avec d’autres Francs-Maçons, dans un espace et un temps sacrés, au perfectionnement personnel, à l’aide d’un ensemble spécifique de symboles et de rituels, en tant que porteurs d’une tradition initiatique, pour contribuer au perfectionnement de l’humanité par la pratique d’un idéal de paix, d’amour et de fraternité.

    Cet article 3 précise aussi que ce travail est effectué à la gloire du Grand Architecte de l’Univers et en présence des trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie, à savoir le « Volume de la Loi Sacrée » sous l'Équerre et le Compas.

    Les Francs-maçons travaillent dans des Loges où la Lumière est présente sous différentes formes et sous différents noms. Ce symbole est particulièrement mis en valeur sous la forme des « Trois Grandes Lumières » dont l’identification est fondamentale pour bien préciser la nature de la quête initiatique.

    A ce stade de cet exposé, il me semble utile de préciser ce que notre Ordre entend par « Tradition ».

     

    La Tradition

    On peut considérer que toute Loge régulière est un foyer vivant de la Tradition et de la transmission. Encore faut-il préciser ce que l’on entend par enseignement traditionnel.

    Le mot « tradition » dérive du verbe latin « tradere » qui signifie porter, transmettre. Transmettre, c’est communiquer, ou redonner du sens à ce qui a existé, le recréer. C’est pourquoi l’Initiation est considérée comme une seconde naissance.

    La Tradition serait porteuse et révélatrice de l’essence des choses, et le contenant de la connaissance absolue, sous une forme particulière. Cette connaissance primordiale et universelle a transcendé l’homme au cours des siècles.

    La Tradition a pour fondement la révélation du Principe Divin transcendant et le terme de « révélation » contient l’idée de manifestation de ce Principe créateur et ordonnateur. En Franc-maçonnerie, la référence à la Tradition, fondée sur la révélation primordiale du Principe transcendant, se fait en dehors de toute exigence dogmatique ou de tout présupposé confessionnel.

    Mais il ne peut y avoir de Maçonnerie authentique sans la présence du « Volume de la Loi Sacrée » sur l’Autel durant chaque Tenue. Le « Volume de la Loi Sacrée » pourrait être soit la Bible (qui comprend la Torah [1] dans sa première partie), soit tout autre livre inspiré et représentatif d’un grand mouvement mystique (le Coran, les Vedas [2], l’Avesta [3]), soit tout écrit relatant les révélations du Verbe créateur.

     

    Le Volume de la Loi sacrée

    Le « Volume » ou « Livre de la Loi sacrée » occupe donc une place éminente dans la spiritualité initiatique de notre Ordre. D'abord il forme avec les outils du métier que sont l'Équerre et le Compas, les « Trois Grandes Lumières » disposées sur l’Autel des serments dans chaque Loge. Et c’est en contractant ses Obligations la main droite posée sur ces « Trois Grandes Lumières » que tout Profane est reçu Franc-maçon.

    Toujours en conformité avec l’article 3 de la Constitution de la G.L.R.B., toutes nos promesses et engagements solennels sont pris en apposant la main droite sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie, à savoir le « Volume de la Loi Sacrée », ouvert habituellement à l’Évangile de Jean, sous l'Équerre et le Compas.

    Cette expression « Volume de la Loi sacrée » semble bien respecter les convictions de chacun. Cependant, le Livre sacré le plus représentatif de la religion d’un candidat peut, à sa demande, être ajouté sur l’Autel pour le même usage.

    La prise d’Obligation ou serment, renouvelée lors du passage des différents grades est, avant toute chose, un acte de fidélité à la Tradition dont le « Volume de la Loi Sacrée » est le témoin. En prêtant serment sur le « Volume de la Loi Sacrée », nous entrons et accédons à l’histoire de l’humanité.

    Remarquons qu’entre l’article 3 et l’article 32 du Règlement général, aucune définition n’est donnée du « Volume de la Loi Sacrée ». Cependant, au deuxième alinéa de l’article 32, un synonyme de « Volume de la Loi Sacrée » apparaît clairement. Cet alinéa nous dit qu’une « Loge peut, à la demande d’un ou de plusieurs de ses membres ou d’un visiteur, décider de placer sur l’autel – à côté de la Bible, ouverte sous l'Équerre et le Compas – d’autres « Volumes de la Loi Sacrée » et que « le Grand Comité donne un avis sur les Volumes qui peuvent être pris en compte ». Observons encore que l’article 32 porte comme sous-titre le mot « Initiation », ce qui, à mes yeux, limite la présence d’autres « Volumes » sur l’Autel aux seules cérémonies au cours desquelles un Profane ou un Frère prend une Obligation.

    Remarquons donc que le mot «  Bible » n’apparaît qu’une seule fois dans le Règlement général, alors que l’expression « Volume de la Loi sacrée » y a deux occurrences.

    Sur l'Autel des serments doit donc être posé impérativement le « Volume de la Loi Sacrée » sous forme de livre ouvert. Pour les croyants, il représente le livre du Verbe créateur, manifesté sous l'aspect de la révélation [4]. La Tradition révélée par le « Volume de la Loi Sacrée » dans son sens ésotérique est source de connaissance et de méditation. Dieu a créé le monde par le Verbe qui s'incarne dans la langue sacrée et dans la parole rituelle qui contient l'essence primordiale. Un livre fermé garde son secret. Un livre ouvert instruit celui qui le lit, dévoile ce qui est caché.

    Ce livre contient un double message. Au premier niveau de lecture, nous découvrons un enseignement extérieur, représenté par les dogmes et une loi morale à caractère exotérique. Le second niveau de lecture développe une cosmogonie [5] et contient un message symbolique à décrypter, à caractère ésotérique. Le second n'exclut pas le premier mais, au contraire, l'éclaire en ouvrant sur le champ indéfini des possibles.

    Certains considèrent que le « Volume de la Loi Sacrée » contient le message d'une Tradition intemporelle, celle-ci étant l’expression de la relation entre la Vérité et la Sagesse, mais à un moindre niveau, elle contient une loi morale sur laquelle devrait s'appuyer tout Franc-maçon.

    Le « Volume de la Loi sacrée » enveloppe la totalité des religions. Même si nous nous servons du « Volume de la Loi sacrée », c’est-à-dire de la Bible, nous nous référons bien à un symbole beaucoup plus large, un symbole qui permet à chacun d’entre nous d’avoir une approche plus personnelle du Grand Architecte de l’Univers, c’est-à-dire de promouvoir sa propre liberté de pensée au niveau du spirituel qui est le nôtre.

    Les Maçons pratiquant le Rite Écossais Ancien et Accepté considèrent le « Volume de la Loi Sacrée » comme le symbole de la Tradition. C’est d’autant plus vrai que nous écrivons « Volume de la Loi Sacrée » avec trois majuscules, ce qui nous renvoie par conséquent à la connaissance ancestrale de la Tradition primordiale et non à de simples usages.

    Le « Volume de la Loi Sacrée » contient la Loi Morale supportée par deux « colonnes » que sont la justice et l’amour.

    C'est parce que le « Volume de la Sainte Loi » symbolise la Loi elle-même qu'elle figure sur l'Autel. Etant la Loi, il est normal qu'elle occupe une position « centrale » pendant les Tenues. Avec l'Équerre et le Compas, le « Volume de la Loi sacrée » constitue la première de ce que nous nommons les « Trois Grandes Lumières » de la Maçonnerie universelle. Cette Grande Lumière de la Franc-maçonnerie est du domaine sacré parce qu’elle joint l’humain et le divin, le fini et l’infini, le matériel et le spirituel, comme tout ce qui est sacré. Elle est donc tout à fait à sa place, avec l'Équerre et le Compas, comme troisième terme équilibrant cette dualité.

    Nous utilisons l'expression « Volume de la Loi sacrée » mais c'est bien un livre qui se trouve sur l'Autel. Car le mot « Volume » veut dire « rouleau ». C'est une référence à des rouleaux traditionnels, une référence aux rouleaux de la Bible chrétienne qui ont été précédés par les rouleaux de la Loi juive. Ces rouleaux étaient un support fait de parchemin spécialement traité : l'objet le plus saint des objets du culte pour les Juifs, un objet qu'on ne touche jamais avec les mains nues.

    Pour les croyants, de la première à la dernière lettre, son contenu c'est la Parole divine. C'est le Sepher Torah, le Livre de la Loi où est inscrit le « plan du monde, le code génétique de la création ». Ce contenu, c'est la Loi. Mais qu'est-ce que la Loi ?

    Le mot « Loi » correspond à bien des termes bibliques, qu'ils soient hébreux ou grecs. Il peut s'agir des principes de la nature qui émanent du Créateur ou des règles imposées aux hommes.

    En ce qui me concerne, toutes ces lois sont l'expression d'une seule Loi, qui est la volonté divine transmise par l'écriture, « la parole divine qui git dans le cœur de l'homme ».

    Et pourquoi « Loi sacrée » me direz-vous ?

    A l’usage, et surtout pour le Franc-maçon, le mot « sacré » prend le sens de « séparé » à la fois de l’humain et du divin qu’il unifie. Le sacré est alors un intermédiaire entre les plans divin et humain, un passage de l’un à l’autre. Ainsi, la Loi Sacrée contiendrait ces deux sens. Ce serait la grande Loi cosmique, la Loi de l’univers permettant à celui-ci d’exister.

    Ce serait d’autre part la façon pour l’homme d’appréhender cette Loi, de la traduire de telle sorte que son esprit puisse la comprendre. Loi mi-divine, mi-humaine, elle permettrait à l’homme de s’élever vers son Créateur, dans sa recherche de la Lumière, et de progresser vers la source de celle-ci.

    La Loi universelle, Loi du Grand Architecte, ne peut être ramenée à l’échelle humaine et la Loi Sacrée, qui en est une facette, a sa déclinaison dans chacun de nous, comme toutes les vérités transcendantes que nous tentons d’approcher. Mais la notion même de Loi Sacrée induisant l’existence d’une Loi universelle implique qu’il existe un ordre des choses inhérent à leur nature même. Elle implique que notre présence ici-bas n’est pas due au hasard mais qu’au contraire, elle a un sens.

    La recherche du sens à donner à sa vie est l’objet du travail incessant du Franc-maçon, fait d’applications pratiques, d’erreurs et de succès. C’est un travail interactif. La confrontation avec la réalité permet de corriger ce que notre intellect peut concevoir de manière trop théorique.

    Les raisons pour lesquelles le « Volume de la Loi Sacrée » est obligatoirement la Bible apparaissent de façon plus évidente au fur et à mesure que l’on progresse dans les degrés de nos rites et plus particulièrement ceux du Rite Écossais Ancien Accepté.

    Libre à chacun, bien évidemment, d’accepter ou de rejeter mes propos et mes interprétations personnelles. Mais je me dois de vous informer qu’à ma connaissance, toutes les Loges que j’ai visitées au sein de notre Obédience ont pour habitude d’ouvrir ledit « Volume de la Loi sacrée » à l'Evangile de Jean [6] qualifié parfois d'Evangile spirituel, ou d'Evangile de la Lumière. Cet Évangile se concentre sur quelques épisodes de la vie de Jésus auxquels il apporte un éclairage très particulier, quasi ésotérique. Il est célèbre en particulier par son Prologue qui, en dix-huit versets, donne une vision chrétienne de la Genèse.

    Lors de l’Ouverture des Travaux, le Vénérable s’arrête devant l’Autel pour y disposer correctement les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. Il ouvre le « Volume de la Loi Sacrée » et le recouvre de l'Équerre et du Compas.

    Pour les Anglo-Saxons, c'est la Bible qui doit se trouver ouverte sur l'Autel. Si cette règle n'était pas observée, l'Obédience réfractaire serait déclarée « irrégulière ». En imposant la Bible, les Anglo-Saxons précisaient bien qu'il s'agissait de l'Ancien Testament. Mais dans nos Loges, la Bible est ouverte à la première page de l'Evangile de Jean qui comprend 51 versets. Ce que nous désignons par un raccourci un peu facile en disant « au Prologue de Jean » ne concerne que 18 premiers versets de ce chapitre. Cet Évangile est aussi souvent qualifié d' « Évangile de l'Esprit ». Il fait partie du Nouveau Testament.

    L'ouverture de la Bible à l'Evangile de Jean repose sur des raisons historiques et symboliques : ne perdons pas de vue qu’au début de la Franc-maçonnerie, tous les Frères étaient chrétiens. Le « Volume de la Loi Sacrée » le rappelle, et en même temps, symbolise tous les livres sacrés. Il n'implique aucune obligation d'adhérer au christianisme.

    L’ouverture du « Volume de la Loi Sacrée » au 1er chapitre de Jean est d’usage non écrit mais obligatoire à la G.L.R.B. Il s'agit d’un héritage de la Franc-maçonnerie française, d'une tradition ayant transité par le Grand Orient de Belgique puis par la Grande Loge de Belgique. Cet usage a été véhiculé par le rite moderne belge que notre Obédience a adopté comme rite officiel.

    L'Evangile de Jean et tout particulièrement les cinq premiers versets du Prologue rappellent l’œuvre du Verbe « existenciateur » : « Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui » (Jean 1-3), ce qui précise beaucoup le sens à donner au Livre ; Jean dont les Écritures nous disent qu’il était l’Apôtre préféré du Christ ; Jean l'Évangéliste que nous fêtons lors du solstice d’hiver ; Jean qui est devenu notre patron.

    Sous l'influence prédominante de l'idée chrétienne en Occident, nos aînés ont cru devoir choisir la Bible pour perpétuer au sein de la Maçonnerie le souvenir d'un enseignement que l'on pourrait synthétiser comme ceci : l'homme n’est pas un but en soi. Il naît ; il passe un certain temps sur terre puis il décline et meurt. Il est un maillon d'une chaîne infinie.

    La présence de la Bible dans nos Ateliers ne se justifie que par le désir de ne pas laisser s'estomper l'annonce de l'approche de la Lumière faite par Jean.

    Tradition et Volume de la Loi Sacrée sont donc très intimement liés. Ce Livre sacré est le témoin de différentes alliances, et l’une d’entre elles, l’alliance noachite, a permis, dans l’esprit des premiers Maçons spéculatifs de l’Angleterre du début du 18ème siècle, d’inscrire la Franc-maçonnerie et sa finalité spirituelle dans l'alliance la plus large qui ait été contractée entre Dieu et l'homme.

    En inscrivant la Franc-maçonnerie dans la perspective de l’alliance noachite, Anderson et Désaguliers ont fait du Noé biblique, ouvrier de Dieu – Grand Architecte de l’Univers, la figure symbolique de ce que nous aspirons à devenir : des éléments utiles de la construction universelle, des collaborateurs du Grand Œuvre, des pierres vivantes de ce Temple dont la Vérité transcendante, qui inspire et protège les Travaux des Maçons, est la clé de voûte.

    Parce que les outils de la construction, que sont l’équerre et le compas, sont liés au « Volume de la Loi Sacrée », qui renferme la Loi Morale, nous pouvons édifier notre temple intérieur, celui de l’esprit, en conformité avec le plan du Grand Architecte de l’Univers.

    La Grande Loge Régulière de Belgique travaille, faut-il le rappeler, à la gloire du Grand Architecte de l’Univers, Principe transcendant qui fonde et éclaire l’ascèse initiatique. Sans cette affirmation première il n’y aurait pas de filiation traditionnelle, pas de rattachement à une Loi Morale dont notre « Volume de la Loi sacrée » est le symbole.

    La plus ancienne tradition maçonnique, attestée par les Manuscrits des Anciens Devoirs et les Constitutions d’Anderson, établit très clairement que Dieu est le Grand Architecte de l’Univers, le Dieu biblique, le Dieu qui contracte l’alliance avec Noé, l’homme juste.

    Alors comment pourrait-il y avoir le moindre doute pour nous, Maçons réguliers, Maçons de tradition, que le « Volume de la Loi sacrée » soit autre chose que la Bible sur lequel nous prêtons toutes nos obligations, tous nos serments ?

    Ceux qui en doutent se sentent-ils réellement chrétiens au sens où l’entendait le rédacteur de nos Constitutions en 1717 ? Notre Obédience affirme l’existence de Dieu, Etre Suprême qu’elle désigne sous l’appellation « Grand Architecte de l’Univers » et nous impose d’admettre cette affirmation tout en nous laissant la liberté de le définir ou ne de pas le définir.

    Tout Profane, de confession  juive, musulmane ou autre, s’il est bien parrainé en vue de son entrée en Loge, est censé savoir à quelle porte il frappe et connaître les conditions strictes pour intégrer notre Ordre.

    Et nul ne peut méconnaître à quel point la Bible – et l'Evangile de Jean en particulier – concourent à la construction de l’ésotérisme maçonnique. C’est là que réside tout le symbolisme de la « Parole Perdue » qui rejoint, en différents aspects, le mythe de l’origine et la perfection de la Création.

    La Bible constitue un sujet extrêmement complexe. Elle se prête à plusieurs lectures. Les rabbins parlent de soixante-dix (septante) lectures différentes, nombre évidemment symbolique [7] !

    Disons simplement que nous pouvons prendre la Bible comme l’histoire, à la fois mythique et réelle, du peuple juif, conçue de telle façon que c’est en même temps l’histoire mythique de l’humanité et l’histoire en devenir de chaque homme. Chacun de nous est un élément constitutif de ce corps qu’est l’humanité et dont l’histoire nous est contée. Lue ainsi, la Bible est absolument adogmatique et non religieuse. Elle fait partie du patrimoine de l’humanité et n’est pas propriété ni monopole des religions qui se sont fondées sur elle.

    Pour la suite de cet exposé, je m’appuierai donc sur ma conviction personnelle : ce « Livre » sur lequel j’ai, jusqu'à présent, prêté beaucoup de serments, c’est la Bible, Bible que je vais tenter de vous présenter, le plus simplement possible.

     

    Ce qu’est la Bible

    Pour comprendre la Bible, il est indispensable de la prendre pour ce qu’elle est. Son nom vient du pluriel grec « ta biblia », signifiant « les livres ». En effet, la Bible contient 74 écrits. C’est la bibliothèque d’un peuple, rassemblée au cours de mille ans. Avant d’être écrites, les pages de la Bible ont été vécues par un petit peuple, d’abord nomade, puis esclave de grandes puissances, ensuite libéré, déporté, dispersé.

    Une multiplicité d’auteurs – le plus souvent inconnus – ont participé à la rédaction, à la réécriture, à la réactualisation des textes. Aucun auteur n’était conscient d’écrire la Bible.

    Au début de notre ère, jusqu'au 4ème siècle, les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été peu à peu rassemblés et reconnus par l’Eglise du Christ comme le lieu privilégié de la Parole de Dieu.

    Au 12ème siècle, la Bible, c’est ce qui est représenté ; c’est le principal repère dans la société d’autrefois, celle des Chevaliers Templiers, celle qui a construit nos cathédrales d’Europe occidentale. C’est la principale référence dans la tradition des Francs-maçons opératifs.

    La Bible ainsi constituée est un livre ouvert. Elle comporte des lois, mais n’enferme personne dans un code suranné. Certes, elle parle de Dieu. Plus de dix mille fois, même ! Mais elle ne réduit jamais Dieu à une formule unique. Elle comporte des mythes, des prières et des chants d’amour pour aider le lecteur à découvrir une autre dimension de la réalité. Elle rassemble aussi des maximes de sagesse, comme un partage d’expériences pour chercher la Sagesse.

    La Bible contient des traditions différentes (deux récits de la création, quatre évangiles…). Elle est le résultat de milliers de regards. Par sa structure même, elle est pluraliste et laisse aux générations à venir un espace ouvert à la recherche.

    On dit que la Bible est l’ouvrage le plus vendu et le moins bien lu !

    La Bible a été traduite en plus de 2160 langues et est vendue à plus de 20 millions d’exemplaires par an.

    Difficile d’accès dans ses différentes traductions ou interprétations, la connaissance de rudiments d’hébreu peut en faciliter la lecture et la saisie de signaux, à condition d’être patient et vigilant.

    La recherche symbolique permet d’y puiser des enseignements simples et universellement reconnus : les symboles bibliques se rapportent généralement à l’origine de l’univers, aux éléments de la création, à la tradition de la « Chute » dans l’univers matériel et de la rédemption ainsi qu’aux rapports de l’être avec Dieu, à travers ses attributs ou ses manifestations.

     

    Ce que la Bible n’est pas

    Pour peu que l’on daigne la feuilleter, on peut rapidement s’apercevoir que la Bible n’est ni un cours de morale ou de religion, ni un livre dicté par Dieu, ni un livre compliqué inaccessible aux non-spécialistes, ni un livre pratiquant et préconisant la pensée unique. La Bible n’est pas non plus un livre réservé aux initiés et aux croyants.

    La Bible n’est pas le seul livre religieux de l’humanité. Au cours des âges, d’autres livres ont été écrits. Certains sont perdus à jamais. D'autres reposent dans les musées ou les bibliothèques. D'autres nourrissent toujours la foi des croyants.

    Le « Livre des morts » des anciens Égyptiens cherchait déjà à abolir la barrière entre la vie et l’au-delà.

    Je ne m’étendrai pas sur les ouvrages qui transmettent la mystique de l’hindouisme ni sur les 300 ouvrages bouddhistes traduits directement du sanskrit en tibétain.

    Je rappellerai simplement que le Coran est, pour le musulman, l’écrit sacré par excellence, le livre sacré de l'islam. Sa tradition le présente comme le premier ouvrage rédigé en langue arabe claire, affirmation dépendante de la notion d'inimitabilité du Coran. Le Coran regrouperait les paroles que Dieu aurait révélées au prophète et messager de l'islam Mahomet par l'archange Gabriel.

    Quant à la Torah, elle est, selon le judaïsme et le christianisme, l'enseignement divin transmis par Moïse au travers de ses cinq Livres, ainsi que l'ensemble des enseignements qui en découlent.

    Tous ces écrits sacrés sont témoins d’une Humanité qui cherche Dieu. Mais aucun d’eux n’inscrit la découverte et la révélation de Dieu dans le déroulement concret de l’histoire humaine.

    Alors, la Bible, à quoi sert-elle ?

     

    La Bible, ça sert à quoi ?

    Grâce aux moyens de diffusion modernes, la Bible peut rejoindre la plus grande partie de l’humanité. Mais pour quoi faire ? Pour asservir ou pour libérer ? Pour endoctriner ou pour inviter à la recherche ? Pour ouvrir les yeux ou pour aveugler ? Les croyants comme les non-croyants peuvent y découvrir un joyau du patrimoine mondial, un des moments exceptionnels de l’histoire humaine : la vie et la lutte d’un petit peuple avec, au cœur, une immense espérance, un souci de justice et une recherche de sens. Pour les croyants, la Bible est en outre un lieu privilégié où Dieu se laisse découvrir et se révèle de multiples manières. Ils regardent la Bible comme la « Parole de Dieu ». Ceux qui hésitent, se demandant s’ils sont croyants ou non, peuvent trouver dans les écrits bibliques un chemin vers le cœur de l’homme, des lumières sur le sens de l’histoire et peut-être une approche de Dieu, Grand Architecte de l’Univers.

     

    Une histoire d’amour

    La Bible chrétienne comporte deux grandes parties. On a pris l’habitude de les appeler « Ancien Testament » et « Nouveau testament ».

    Dénomination malheureuse bien que traditionnelle, « Ancien » fait penser à quelque chose de vieux, de poussiéreux. « Testament » fait penser à la mort. Parler d’Ancien Testament aujourd'hui c’est situer cette partie de la Bible dans un passé sans intérêt. Pourtant elle représente plus des ¾ de la longueur des écrits bibliques. Elle a une dimension historique, vitale, humaine qui constitue le terreau dans lequel est né Jésus.

    Ne pourrait-on pas changer sa dénomination ? Le mot « testament » (qui vient du latin « testamentum ») traduit le mot grec « diathekè » qui est lui-même la traduction de l’hébreu « Berith ». Or, « Bérith », c’est l’alliance. Si testament évoque la mort, l’alliance évoque l’amour, l’engagement, le mariage, la vie. Il vaut donc mieux revenir au sens original et parler de Première Alliance (He 8,7) et de Nouvelle Alliance (He 8,8).

    La Bible juive comporte les livres de la Première Alliance écrits en hébreu.

    Les livres écrits en grec ne figurent normalement pas dans les Bibles protestantes. Les livres de la Nouvelle Alliance – à l’origine tous écrits en grec – se trouvent dans toutes les Bibles chrétiennes.

    Pour moi, la Bible est enracinée et universelle. Elle est universelle parce qu’elle est enracinée. Non pas une universalité faite d’idées abstraites, mais une universalité qui rejoint en profondeur la recherche humaine et ses interrogations sur le sens de la vie, de l’histoire et de l’univers.

     

    Quelques clés pour lire un texte biblique

    Quand on lit un texte biblique aujourd'hui, on ressent tantôt un sentiment de familiarité, tantôt un sentiment de dépaysement, tantôt un sentiment de nouveauté.

    Aujourd'hui, le recul favorise la vérité par rapport au texte biblique que l’on ne coupe pas de ses racines mais favorise aussi la vérité avec nous-mêmes qui sommes enracinés dans le monde avec sa complexité, ses craintes et ses espoirs.

    Ces trois attitudes ne constituent pas une grille de lecture dont on serait l’esclave, mais plutôt trois préoccupations qui devraient habiter celui qui veut lire la Bible comme une parole de vie pour aujourd'hui.

    Outre ces deux grandes parties que constituent l’Ancien et le Nouveau Testaments, découvrons, pour terminer, quelles sont les subdivisions de la Bible.

     

    Les Livres de la Bible

    L’Ancien testament ou « Première Alliance » est composé de quatre grandes parties :

    1. Le Pentateuque est la base historique, législative et théologique de l’Ancien Testament. Comme l’indique son nom, il comporte 5 livres : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.
    2. Les livres historiques portent des regards différenciés sur l’histoire d’Israël depuis l’entrée en terre de Canaan vers – 1200 jusqu'au seuil du Nouveau Testament. Ce sont par exemple le livre des Rois, les Chroniques, les Maccabées…
    3. Les livres poétiques contiennent des maximes de sagesse, des réflexions sur la condition humaine et des chants. Ce sont par exemple les psaumes, les Proverbes, le Cantique des cantiques… 
    4. Les livres prophétiques qui témoignent de l’action vigoureuse d’hommes de Dieu cherchant à réveiller la conscience d’Israël. Parmi les plus souvent cités : Isaïe, Ézéchiel, Daniel, Amos, Jonas, Aggée, Zacharie…

     

    Le Nouveau Testament ou la Nouvelle Alliance comprend :

    1. Les Évangiles de Mathieu, de Marc, de Luc et de Jean, quatre regards sur la vie, l’action et le message de Jésus, écrits entre 65 et 95 après Jésus-Christ.
    1. Les Actes des Apôtres, qui présentent l’histoire des premiers chrétiens et de la diffusion de la Bonne Nouvelle jusque dans les années 60.
    1. Les lettres de Paul, écrites entre 52 et probablement 67.
    1. La lettre aux Hébreux, qui s’adresse à des prêtres juifs devenus chrétiens.
    1. D'autres lettres d’apôtres, attribuées à Jacques, à Pierre, à Jean, à Jude.
    1. L’Apocalypse ou Révélation. Elle clôt les livres bibliques mais ouvre également sur l’avenir.

     

    Conclusion toujours provisoire…

    Dans cette planche, j’ai rappelé que la Tradition est le support d’une conception du monde appréhendée et caractérisée par des rites et des symboles ; que la Franc-maçonnerie traditionnelle nous propose des enseignements secrets au moyen de rituels propres à chaque degré. Ces degrés sont nécessaires car la Vérité, qui existe au plus profond de chaque homme, ne se révèle et ne se concrétise que par étapes.

    Les enseignements de la Franc-maçonnerie n’évoluent pas, ne peuvent évoluer et doivent demeurer fidèles à son expression. Aussi, au sein de la Tradition, la source est intrinsèquement transcendante. Le symbolisme maçonnique nous convie à l’effort de construire l’homme en nous-mêmes, d’aller vers la Lumière et d’œuvrer toujours à la fois en créateur et en artisan probe et persévérant. Ce symbolisme dit que la Lumière est et qu’il n’est pas de plus haute démarche pour l’homme que d’aller vers Elle sur le chemin de l’Initiation. En vertu même de son adhésion aux idéaux maçonniques traditionnels, plusieurs principes universels définissent le caractère régulier de notre Obédience.

    A ce sujet, j’ai rappelé que la croyance en Dieu, Grand Architecte de l’Univers, et en sa volonté révélée, est une condition impérativement nécessaire pour l’admission de nouveaux membres dans nos Loges. En effet, la Franc-maçonnerie affirme l’existence de Dieu, Etre Suprême qu’elle désigne sous le vocable de « Grand Architecte de l’Univers ». Elle le rappelle dans le Décret n° 2, le seul document officiel de notre Obédience dans lequel l’article 4 stipule que la Bible, dénommée par les  Francs-maçons « le Volume de la Loi Sacrée » est toujours ouverte dans les Loges. Même si, dans certaines obédiences ou à certains rites, il est dit au candidat que ce Volume de la Loi sacrée, c’est la Bible, pour moi, ce Volume est toujours la Bible, ouverte au Prologue de l'Evangile de Jean. Agir autrement reviendrait à vider le rite de son sens !

    J’ai aussi rappelé que tout Travail maçonnique se fait à la gloire du Grand Architecte de l’Univers et en présence des trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée sous l'Équerre et le Compas sur lesquels sont prêtés tous les serments ou obligations. C’est pourquoi les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie doivent toujours être exposées pendant les Travaux de la Grande Loge et des Loges placées sous son contrôle. Tous les Initiés doivent prêter leur Obligation sur le « Volume » ou « Livre de la Loi Sacrée » dans lequel est exprimée la Révélation d’En Haut.

    Il ne fait donc aucun doute pour moi que le « Volume de la Loi Sacrée » ne peut être que la Bible puisque nous avons aussi l’obligation de l’ouvrir au début de l'Evangile de Jean, chapitre qui nous annonce l'approche de la Lumière.

    Le répétons-nous suffisamment chaque année lors de la célébration du Solstice d’hiver ? Ce texte pourrait être l'expression de la volonté divine mais seul un Initié parfait pourrait le comprendre dans sa totalité. Il me semble que le Prologue de Jean évoque aussi, de façon implicite, l'objet premier de la Franc-maçonnerie et suggère au Franc-maçon de se préparer, de se perfectionner, de rechercher la Lumière qui est en lui afin d'accéder à la Connaissance, c'est-à-dire de contribuer à l'édification de son propre Temple puis à celle du Temple de l'Humanité.

    Mais pour tendre vers la réalisation de ces suggestions, mes Frères, ne conviendrait-il pas en premier lieu de se rappeler que si c'est un privilège d'être Franc-Maçon, c'est un devoir d'assister aux Tenues ?

    R:. F:.  A. B.

     

    [1] La Torah (en hébreu, « instruction » ; en grec ancien, « Loi ») est, selon le judaïsme et le christianisme, l'enseignement divin transmis par Moïse au travers de ses cinq Livres, ainsi que l'ensemble des enseignements qui en découlent.

    [2] Les Védas ont toujours constitué une dimension centrale de la vie hindoue. Les Védas sont considérés comme les plus anciens livres dans la bibliothèque de l’humanité. Ils auraient plus de 45 000 ans. Les Vedas constituent un ensemble de textes qui auraient été révélés par l’audition aux sages indiens. Cette « connaissance révélée » a été transmise oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l'hindouisme jusqu'à nos jours sur une période indéterminée.

    [3] L'Avesta est l'ensemble des textes sacrés de la religion mazdéenne et forme le livre sacré, le code sacerdotal des zoroastriens.

    [4] La révélation est, pour une religion, la connaissance qu'elle affirme détenir de source divine. Les manifestations divines par lesquelles cette connaissance est parvenue aux hommes sont tantôt des apparitions (théophanies), tantôt l'inspiration à des prophètes de textes considérés comme sacrés. Des religions abrahamiques comme le judaïsme, le christianisme et l'islam, en particulier, sont dites révélées.

    [5] La cosmogonie, c’est la science ou le système de la formation de l'Univers.

    Des récits oraux de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés traditionnelles, mais de nombreux traités sur les origines possibles de l'univers ont aussi été écrits par des philosophes ou des penseurs scientifiques.

    Nombre des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les modèles intemporels y ont donc une place importante.

    [6] Ne convient-il pas de dire « Jean » et non « saint Jean » ? Le qualificatif de « saint » peut en effet paraître réducteur : il a été attribué par une religion à un personnage d’envergure universelle.

    [7] Le nombre 70 signifie quelque chose de complet du point de vue de Dieu en rapport avec les hommes. Quand le nombre sept est employé dans un sens symbolique, c'est toujours en rapport avec des choses spirituelles ou célestes et il représente la plénitude spirituelle (Lév. 4: 6; Héb. 24­26), ou que les choses sont pleinement accomplies du point de vue de Dieu. Le nombre dix évoque la totalité, l'intégralité, l'ensemble, la somme de tout ce qui compose quelque chose.  Les multiples de sept servent eux aussi à rendre l'idée de ce qui est complet.


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  •  Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie 

    L’expression « trois Grandes Lumières » désigne l’association et la présence sur l’autel de la Bible, de l'Équerre et du Compas. Cette expression pourrait nous faire penser à un modèle symbolique ternaire mais il n’en est rien. Du point de vue symbolique, il s’agit d’un modèle binaire formé par l'Équerre et le Compas posés sur un livre qui lui n’est pas un symbole. Tentons de comprendre cette nuance.

    Aux temps des origines de la Franc-maçonnerie opérative

    D'après R. Ambelain, à une époque où pendant six cents ans, du Concile de Toulouse de 1229 jusqu'à la Révolution Française - période de l'Edit de Nantes mise à part - aucun laïc ne pouvait détenir l'Ancien et le Nouveau Testament. Nous comprenons alors mieux pourquoi les Maçons opératifs se limitaient à associer la Règle au Compas et à l’Équerre plutôt qu'à un livre. Qu'en auraient-ils fait d'ailleurs ? Et comment ? La plupart ne savaient pas lire. L'Evangile ou l'Ancien Testament n'étaient accessibles qu'à l'état de manuscrits, aussi rares que coûteux. L'invention de l'imprimerie ne devait rien leur apporter en ce domaine. Les Bibles imprimées étaient rares, chères, volumineuses et encombrantes. Si leur possession et leur lecture étaient accessibles aux gens instruits et fortunés, ce n'était que dans les états totalement acquis à la Réforme. Les nations catholiques étaient obligées de respecter l'interdiction romaine, formulée et appuyée par le bras séculier.

    Dans les pays où la Réforme s'était bien installée, la lecture de la Bible supposait acquis le droit pour chacun d'interpréter le texte selon sa conscience.

    Dans les pays de la Contre-réforme, vint un temps où l'interdiction de posséder la Bible fut levée. Mais l'édition devait être contrôlée par l'Eglise romaine. Ainsi, ce qui était signe de liberté de conscience pour les uns était signe de contrainte pour les autres.

    La présence de la Bible sur un autel en Loge ne pouvait être vue de la même façon par les profanes qui venaient à la Franc-maçonnerie avec une éducation réformiste et par ceux qui, croyants ou incroyants, vivaient dans le contexte de la Contre- réforme.

    L'abolition de la présence de la Bible sur l'autel, décidée par les obédiences d'Europe continentale, fut une des raisons de rupture entre des obédiences.

    Les tentatives faites en Loge, pour remplacer sur l'autel la Bible avec l’Équerre et le Compas ont parfois été dénommées « Rétablissement des symboles ». Pour Raoul Berteaux, « cette expression est inadéquate car la Bible n'est pas un symbole. Le symbole est présenté sous la forme d'un modèle binaire posé sur le livre. Il est bien évident cependant que les récits de ce livre font un appel intense au langage symbolique, à commencer par le tout premier, intitulé « Genèse », pour terminer par le tout dernier, intitulé « Apocalypse » ».

    Les fondements de la Franc-maçonnerie spéculative

    Il est généralement admis par l'Ordre maçonnique et l'ensemble de ses institutions, principalement celles qui sont ou se disent « régulières », respectueuses des anciens usages, que les références aux « Landmarks » correspondent à des limites ou règles auxquelles il convient de ne pas toucher sous peine d'être considéré comme irrégulier.

    Les « Landmarks »

    La première mention écrite du mot « Landmarks » apparaît dans les Constitutions d'Anderson de 1723, à la fin des « Règlements généraux ».

    Il convient de remarquer qu'on ne trouve nulle trace du mot « Landmark » dans les comptes-rendus de la Grande loge des « Modems » (de 1723 à 1758) et qu'il n'est cité qu'une seule fois dans ceux de la Grande Loge des « Antients » (de 1752 à 1760).

    Les « Landmarks », règles immuables, sont les limites de l'espace dans lequel nous nous trouvons en Franc-maçonnerie régulière et à l'extérieur duquel nous nous en séparons. Ces règles sont le substrat de l'Ordre. Les Anglo-saxons considèrent les «Landmarks» comme existant depuis des temps immémoriaux et comme étant une sorte de loi non écrite qui exprime l'essence même de l'Ordre et que tout Maçon doit maintenir inchangée.

    Pour Triaca Ublado, il n'y a pas un document unique dans lequel tous les «Landmarks» seraient exposés dans le détail. Ils existaient dans un passé éloigné, bien avant le regroupement des quatre loges à Londres en 1717 et étaient consignés dans des manuscrits qui auraient été volontairement brûlés en 1720.

    Pour Jean Lhomme, il existe de nombreuses listes de « Landmarks » qui ont été publiées depuis la naissance de la Franc-maçonnerie spéculative. Les listes existantes compilées par de nombreux auteurs en comptent entre cinq et septante- cinq !

    Jules Boucher note que la Grande loge Unie d'Angleterre a réduit à huit le nombre de « Landmarks ». Le sixième « Landmark » est rédigé comme suit : « Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie (Livre de la Loi sacrée, Enquerre et Compas) seront toujours exhibées pendant les Travaux de la Grande Loge ou des Loges sous son contrôle, la principale de ces Lumières étant le Livre de la Loi sacrée».

    Selon Raoul Berteaux, « Le dépôt du modèle symbolique Enquerre - Compas sur la Bible devait garantir, en principe, au Franc-maçon que la lecture de la Bible ne lui serait pas imposée conformément à des dogmes. Ces conditions convainquirent un certain nombre de Maçons du continent qui rétablirent la présence de la Bible avec l’Équerre et le Compas. Ces mêmes conditions n'ayant pas convaincu d'autres Francs-maçons, la rupture subsista entre des obédiences maçonniques ».

    La liste dressée par Harry Carr maintient cinq « Landmarks », reconnus unanimement :

    1. le Maçon doit professer la croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers ;
    2. le Volume de la Loi sacrée doit être présent en loge et ouvert au vu de tous ;
    3. le Maçon doit être un homme libre et d'âge suffisamment mature ;
    4. le Maçon, de par ses actions et déclarations, doit allégeance à l'Etat et à la Franc-maçonnerie ;
    5. le Maçon croit à l'immortalité de l'âme.

    Pour Guy Boisdenghien, ces règles immuables sont au nombre de six :

    1. la croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers ;
    2. la présence sur l'autel du Volume de la Loi Sacrée recouvert de l’Équerre et du Compas ;
    3. l'interdiction des discussions politiques et religieuses en Loge ;
    4. l'obligation de travailler en Loge ;
    5. le respect des pouvoirs civils de la nation ;
    6. l'observance du secret maçonnique.

    Ces règles sont le substrat de l'Ordre, étant la nature même du lien qui unit les Frères. Il est donc inadéquat de tes interpréter en termes profanes comme certains Maçons non réguliers qui, gênés par ces exigences, traitent la Franc-maçonnerie traditionnelle de dogmatique !

    La Franc-maçonnerie Traditionnelle n'est pas dogmatique car l’Initiation vise la réalisation intérieure de l'individu. Cette Initiation ne peut évidemment s'effectuer si l'on est soumis à quelque dogme que ce soit !

    Pour Marius Lepage [1], « une seule affirmation historique est traditionnellement possible : personne n'a jamais vu un Landmark, parce qu'en réalité, un Landmark n'est qu'un mythe forgé par un poète. Personne ne sait ce que les « Landmarks » contiennent ou ce qu'ils excluent. Ils ne se rapportent à aucune autorité humaine, parce que tout est « Landmark» pour l’interlocuteur qui veut nous réduire au silence, mais rien n'est « Landmark » de ce qui lui barre le chemin ».

    Parmi tous les « Landmarks » anglo-saxons, la croyance en l'existence de Dieu, considéré comme le Grand Architecte de l'Univers est un « Landmark » d'une extrême importance par les discussions qu'il a suscitées.

    La notion du Grand Architecte de l'Univers est, en Maçonnerie, à la fois plus ample et plus restreinte que celle du Dieu des diverses religions. Dès son origine, la Franc-maçonnerie, en adoptant cette expression, a ainsi montré sa conception de la divinité dans ses rapports avec le monde et avec l'homme.

    Pour René Guénon, « le Grand Architecte de l'Univers trace le plan idéal qui est réalisé en acte, c'est-à-dire manifesté dans son développement indéfini par les êtres individuels qui sont contenus dans son Etre Universel ; et c'est la collectivité de ces êtres individuels, envisagée dans son ensemble, qui constitue le Démiurge, l'artisan ou l'ouvrier de l'Univers ».

    Les Old charges (Anciens Devoirs)

    Sont appelés « Old charges » des manuscrits anglais s'étendant du 14ème au 18ème siècle. Cette expression est généralement traduite en français par « Anciens devoirs». Ils enseignent l'histoire du métier. Les seuls manuscrits du moyen âge restant sont le « REGIUS » datant de 1390 et le « COOKE » datant de 1425.

    Ces manuscrits, qui se ressemblent beaucoup par leur contenu, sont divisés en deux parties :

    • Histoire légendaire de la Maçonnerie identifiée à la Géométrie et aux Arts libéraux ;
    • Exposé des devoirs du métier et de la corporation.

    Les « Old charges » énonçaient des règles qui, avant de devenir des symboles d'un perfectionnement moral et spirituel, étaient, pour les maçons opératifs, immédiatement applicables à leur vie quotidienne et à leur activité professionnelle. En 1986, cent treize textes différents de « Old charges » ont été recensés !

    Les Constitutions d'Anderson

    Peu d'années après la formation de la première Grande loge parurent les Constitutions d'Anderson qui étaient destinées, dans l'esprit de leur auteur et de la Grande loge qui les commanditait, à remplacer les « Old charges ».

    C'est au cours de l'année 1723 qu'elles ont été publiées. Il s'agit du texte fondateur de la Franc-maçonnerie spéculative mais il est en même temps l'aboutissement d'une longue histoire, celle des Maçons opératifs qui avaient constitué des loges dès le Moyen Age.

    Cet ouvrage, dû au Pasteur James Anderson, contient les charges d'un Franc-maçon qui font toujours autorité actuellement, bien que le texte ait déjà été modifié en 1738, 1813, 1929 et 1989.

    La Franc-maçonnerie universelle invoque le Grand Architecte de l'Univers et professe la croyance en l'immortalité de l'âme mais elle n'impose aucun précepte.

    Aucun culte n'y est enseigné. Aucune vérité n'y est révélée. Société initiatique à base philosophique, elle admet la liberté de conscience et la tolérance mutuelle.

    Le symbole du Grand Architecte de l'Univers se retrouve dans les principes de base et caractéristiques de la plupart des différentes obédiences.

    Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie

    Les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie forment symboliquement un tout. Selon un historien de la Franc-maçonnerie Ubaldo Triaca, « on peut en déduire l'intention des Maçons de ne pas accepter le contenu du livre sacré dans son sens littéral mais bien de l'interpréter au moyen du symbolisme, du Compas et de l’Équerre. Le Volume de la Loi Sacrée est donc un symbole et, à ce titre, il doit être admis comme tous les autres symboles maçonniques.

    L’Équerre, deuxième des Trois Grandes Lumières, enseigne à vivre et à régler ses actions à angle droit. Elle met en garde contre les chemins tortueux et fleuris de l'erreur. Elle instruit du respect des droits d'autrui.

    Le Compas, troisième des Trois Grandes Lumières, donne les justes limites dans lesquelles on doit se tenir dans les rapports avec ses semblables ».

    Le point de vue d’Ubaldo Triaca est sans doute acceptable au sein de nos Loges « bleues » mais une fois entré dans les Loges dite « de perfection », le Volume de la Loi sacrée ne peut plus être considéré tout simplement comme un symbole !

     

    * Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie

    Le Volume de la Loi Sacrée

    Sur l'autel des serments est posé le Volume de la Loi Sacrée sous forme de livre ouvert. Il représente le livre du Verbe créateur, manifesté sous l'aspect de la révélation. La tradition révélée par le Volume de la Loi Sacrée dans son sens ésotérique est source de connaissance et de méditation. L'Eternel créa le monde par le Verbe qui s'incarne dans la langue sacrée et dans la parole rituelle qui contient l'essence primordiale. Un livre fermé garde son secret. Un livre ouvert instruit celui qui le lit, dévoile ce qui est caché.

    Ce livre contient un double message. Le premier comporte un enseignement extérieur, représenté par les dogmes et une loi morale à caractère exotérique. Le second message développe une cosmogonie [2] et contient un message symbolique à décrypter et qui est à caractère ésotérique. Le second n'exclut pas le premier mais, au contraire, l'éclaire en ouvrant sur le champ indéfini des possibles et permet de dépasser les limites étroites de la dualité.

    Certains considèrent que le Volume de la Loi Sacrée contient le message d'une Tradition intemporelle, celle-ci étant l’expression de la relation entre la Vérité et la Sagesse, mais à moindre niveau elle contient une loi morale sur laquelle devrait s'appuyer tout Franc-maçon.

    Equerre et Compas réunis

    L'équerre et le compas sont les outils de l'homme libre. Ils sont les outils de la pensée qui se reconnait le pouvoir de rendre compte de la réalité, de connaître ses lois et de la modifier pour améliorer la condition humaine. Ce sont des outils conçus par l'homme pour l'assister dans l'exercice d'un pouvoir qu'il se reconnaît sur le réel. Le symbolisme éclaire le sens de ces outils car il les présente comme les images de l'esprit qui les conçoit et les crée. L’Équerre et le Compas sont des symboles parce qu'ils réfractent dans la matière les formes de l'esprit.

    Plusieurs auteurs ont, au contraire, considéré que l’Équerre et le Compas [3] ne sont pas des symboles et qu'ils n'acquièrent leur symbolisme que dans leur association ! Si l'on demeure satisfait des analogies qui peuvent être faites entre l’Équerre et la rectitude, le Compas et l'entendement ou la connaissance, alors ces auteurs ont raison. Mais n'est-ce pas un peu trop schématique ?

    Celui qui essaie de pénétrer le sens profond et vrai des outils, qui tente de l'intérioriser, qui s’applique à vivre avec ces instruments afin de transformer sa conduite, peut en faire de véritables symboles.

    Dans l'univers maçonnique, le Compas me semble aussi représenter symboliquement le degré d'avancement du Maçon. Il est l'un des outils majeurs de l'expression de celui qui cherche, qui est en quête de connaissance. A ce titre, il est souvent représenté en compagnie de l’Équerre, cet autre instrument de mesure et de création.

    De fait, l’Équerre est souvent associée au Compas dans les représentations concernant les trois premiers degrés. Mieux, je pense que l'on peut affirmer qu’Équerre et Compas sont intimement liés ! Il n'est qu'à lire les textes anciens pour s'en rendre compte : l’Équerre unie au Compas est l'insigne des Maîtres.

    L’Équerre contrôle le travail du Maçon qui doit agir en tout avec rectitude et en s'inspirant de la plus scrupuleuse équité. Le Compas dirige cette activité en l'éclairant afin qu'elle trouve son application la plus judicieuse et la plus féconde.

    Si le Compas est signifiant de l'esprit, l’Équerre va évoquer la réalité, le concret, la matière. Elle se rapproche en cela du carré pour le tracé duquel elle est nécessaire bien que le Maître sache aussi le tracer avec le Compas.

    Pour Raoul Berteaux, « ces deux instruments ne sont des symboles que s'ils sont associés. C'est alors qu'ils forment un modèle symbolique binaire. L'association d'un carré et d'un cercle ayant un centre commun constitue un modèle symbolique corrélatif. Par extension, tout groupement autour d'un centre commun de figures quadrangulaires et de figures circulaires constitue un modèle symbolique Enquerre- Compas ».

    Si l’Équerre et le Compas font partie de l'instrumenta maçonnique en tant que filiation des outils des Francs-maçons opératifs, le modèle symbolique formé par l'association des deux instruments nous relie à de lointains ancêtres et constitue un modèle de caractère universel.

    Examinons à présent comment sont disposés ces deux instruments lorsqu'ils sont assemblés au cours de l'Ouverture de nos Travaux de Loge d'Apprentis.

     

    * Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie

    Disposition de l'Equerre et du Compas sur l'autel

    Lors de l'Ouverture des Travaux, le Vénérable s'arrête devant l'autel pour y disposer correctement les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. Il ouvre le Volume de la Loi Sacrée et y dépose le Compas qu'il recouvre de l’Équerre.

    Sur la Bible ouverte au Prologue de saint Jean, l’Équerre et le Compas peuvent être placés de trois façons différentes mais le Compas est toujours ouvert à 45°. Ces dispositions évoquent un progrès moral ou une hiérarchie de valeurs. Elles constituent en quelque sorte des sigles distinctifs de chacun des trois degrés et procèdent de l'allégorie. Mais ne dévoilons rien du symbolisme des deux degrés suivants !

    La Bible est donc couverte de l’Équerre et du Compas. Nous sommes en présence d'un modèle symbolique universel. Dans ce modèle binaire, l’Équerre est associée à la partie matérielle du Cosmos, c'est-à-dire pour nous la Terre, tandis que le Compas est associé au cercle, aux Cieux, à l'esprit. L’Équerre est donc l'emblème de l'homme et le Compas celui du Grand Architecte de l'Univers.

    Au degré [4] d'Apprenti, nous constatons que l’Équerre couvre les deux branches du Compas.  Il semblerait que ce soit pour indiquer qu'à ce stade on ne peut demander plus du Néophyte que SINCÉRITÉ et CONFIANCE, conséquences naturelles de la droiture et de la rectitude.

    Effectivement, on ne peut pas déjà demander à l'Apprenti la Sagesse qu'il n'a pas encore acquise. Sa probité et sa rectitude naturelles sont tout ce que les Maîtres attendent de lui, principalement le Second Surveillant. La matière prime sur l'Esprit.

    Par cette disposition, on signifie à l'Apprenti qu'il œuvre sur la matière. Son rôle consiste à dégrossir la Pierre brute avec les seuls outils dont il dispose, le Maillet et le Ciseau. Il ne sait pas ce que sera l'édifice car il n'a pas eu connaissance des plans.

    Il faut encore remarquer que les pointes du Compas sont tournées vers le bas et que l’Équerre est toujours ouverte vers le haut. Cela signifie que le Maçon ne doit pas se comporter en pur esprit mais au contraire mettre en application ce qu'il découvre ou apprend. Demeurer dans le domaine purement spéculatif est un comportement stérile, sans réelle utilité. D'autre part, il ne doit pas rester prisonnier de la matière mais il doit s'efforcer de la dominer en s'élevant lui-même afin de vivre en harmonie avec le monde.

    Si l'on fait référence aux bâtisseurs, on pourrait dire que l'architecte avait deux combats à mener : l'un contre la pesanteur et l'autre contre l'obscurité. Il lui fallait parvenir à une légèreté, sans pour autant nuire à la robustesse de l'ensemble, qui puisse laisser pénétrer la lumière. Le maître d'œuvre avait pour ambition d'alléger sa construction par des ouvertures, dans une harmonie de vides et de pleins, afin de l'aérer, de la rendre lumineuse. Cette double exigence est figurée par l’Équerre et le Compas : l’Équerre, outil de la matière, de la pesanteur alliée au Compas, instrument du ciel, de la Lumière.

    Je voudrais encore évoquer succinctement la signification de la présence des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie lors de notre Initiation, au moment de notre prestation de serment.

    L'Equerre et le Compas dans la prestation de serment

    Une fois les trois voyages accomplis, nous avons dû prononcer notre serment et nos obligations avant de recevoir l'illumination de la Lumière. Nous avons été conduits à l'autel. Le rituel ancien nous a fait mettre le genou droit à terre et la jambe gauche en équerre, en signe de soumission, de respect à tout ce qui est équitable et juste. Dans notre main gauche nous avons tenu un Compas dont les pointes étaient appuyées sur la région du cœur mise à découvert, en signe de sincérité parfaite des sentiments exprimés.

    Pendant que nous prononcions notre serment, la paume de la main droite ne touchait pas directement la Bible mais était en contact avec l’Équerre, représentant la Terre, et le Compas représentant le Ciel.

    Selon Guy Boisdenghien, « ce modèle symbolique binaire marque la dimension initiatique de la prise de serment. Il dépasse la personne qui le prononce en ce sens que le divin et le cosmique sont solidairement présents et de surcroît garanties de l'engagement pris ».

    Notre serment

    Lors de notre Initiation, nous nous sommes tous engagés par notre serment à respecter la Constitution et le Règlement général de notre obédience.

    Prêté la main droite dégantée et posée sur le Volume de la Loi Sacrée afin que nous nous engagions sur ce qu'il y a de plus sacré, notre serment nous enjoint :

    • de garder le secret ;
    • de rester fidèle et discret, c'est-à-dire de ne trahir ni l'Ordre maçonnique ni nos Frères ;
    • de persévérer dans le perfectionnement, c'est-à-dire de marcher sur le chemin de l'Initiation.

    Il me semble aussi utile de rappeler pourquoi nous avons prêté notre serment sur la Bible. Depuis toujours, les Francs-maçons prêtent serment sur un livre considéré comme sacré et qui donne à leurs engagements un caractère solennel et irrévocable.

    Dans les pays occidentaux, ce livre a toujours été la Bible mais aujourd'hui un candidat Franc-maçon, dont les racines religieuses personnelles ne se reconnaissent pas dans la Bible, peut prêter son serment d'engagement sur le livre de son choix tel le Coran ou la Torah qu'il n'est pas rare de voir sur l'autel des Loges maçonniques en plus de la Bible.

    En Franc-maçonnerie, le serment consiste en une promesse solennelle faite par le Néophyte qui s'engage à garder les secrets de la Franc-maçonnerie et à se conformer en toutes choses aux règlements de l'Ordre, conformes aux lois en vigueur dans le pays.

    Le serment est empreint d'un caractère solennel, de la gravité d'un pacte, du sérieux extrême de l'engagement indissoluble entre celui qui le prête et celui qui le reçoit. Ce serment initiatique a aussi un caractère antique et sacré. Il est prononcé de la libre volonté du Récipiendaire, sans contrainte et devant une assemblée de Maçons, témoins qui vont devenir ses Frères et en présence du principe de l'Ordre.

    Ce serment spécifique se décompose en trois parties : une invocation, une promesse, une imprécation. Le plus souvent, et en tout cas dans notre Obédience régulière, l'invocation est faite à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers.

    Le serment est prêté sur la Bible, ouverte au Prologue de l'Evangile de saint Jean. On peut considérer que le serment a un caractère d'alliance cosmique avec l'Eternel. C'est une obligation réciproque consentie librement entre l'Ordre et le Néophyte qui est accepté en qualité de nouveau maillon de la chaîne initiatique. Cette promesse au caractère solennel engage l'être tout entier à être fidèle à sa promesse.

    En vertu même de son adhésion aux idéaux maçonniques traditionnels, trois principes universels définissent le caractère régulier de notre Obédience.

    • La croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers et en sa volonté révélée, est une condition impérativement nécessaire pour l'admission de nouveaux membres dans une de nos Loges.

    En effet, la Franc-maçonnerie affirme l'existence [5] de Dieu, Etre Suprême qu'elle désigne sous le vocable de « Grand Architecte de l'Univers». La Franc-maçonnerie ne définit pas l'Etre Suprême. Elle laisse à chacun la liberté absolue de le concevoir mais elle requiert de tous ses membres qu'ils admettent cette affirmation. Cette exigence est absolue et ne peut faire l'objet d'aucun compromis ni d'aucune restriction. La croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers, demeure, pour toutes les Grandes Loges indépendantes du monde, le critère essentiel de régularité et de fidélité aux « anciens devoirs ».

    • Tout travail maçonnique se fait à la gloire du Grand Architecte de l'Univers et en présence des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée sous l’Équerre et le Compas sur lesquels sont prêtés tous les serments.

    C'est pourquoi les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie doivent toujours être exposées pendant les Travaux de la Grande Loge et des Loges placées sous son contrôle. Tous les Initiés doivent prêter leur Obligation sur le Livre de la Loi Sacrée dans lequel est exprimée la Révélation d'En Haut.

    R:. F:. A. B.

     

    [1] Marius Lepage, (1902 - 1972) était un illustre Franc-maçon et écrivain français. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Franc-maçonnerie dont le célèbre et toujours d'actualité L'Ordre et les Obédiences. Il était aussi Directeur de la Revue « Le Symbolisme », fondée par Oswald Wirth.

    Il a créé la première loge de la Grande Loge Nationale Française dans l'Ouest de la France, la Loge Ambroise Paré à l'Orient de Laval, qu'il a dirigée. Il est important pour la connaissance de la Franc-maçonnerie de signaler que le Vénérable Maître Marius Lepage a été le créateur d'un rite maçonnique très particulier au sein de la Loge "Volney" du G.O.D.F. à Laval, qui le pratique toujours.

    Marius Lepage a œuvré d'une manière trop méconnue pour une meilleure compréhension et connaissance mutuelle entre les différentes branches de la Maçonnerie, mais aussi entre catholicisme et Franc-maçonnerie en France. Il a su, dans le respect des lois, être un homme de contacts humains et de dialogue entre autorités religieuses et autorités civiles.

    [2] La cosmogonie, c’est la science ou le système de la formation de l'Univers.

    Des récits oraux de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés traditionnelles, mais de nombreux traités sur les origines possibles de l'univers ont aussi été écrits par des philosophes ou des penseurs scientifiques.

    Nombre des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les modèles intemporels y ont donc une place importante.

    La variété des récits de création du monde, derrière une théorie des origines, semble aussi exprimer le besoin immuable de décrire et peut-être justifier les transformations radicales du monde observable, de la Terre et de la société humaine. Mircea Eliade voit dans la cosmogonie « le modèle exemplaire de toute manière de faire » ; une sorte de modèle archétypal de la création, l'univers étant le « chef d'œuvre » d'un ou plusieurs créateurs offert comme modèle aux hommes.

    [3] Rappelons que tout symbole maçonnique s’écrit avec une majuscule.

    [4] Au Rite Écossais Rectifié, le mot « degré » est remplacé par « grade ».

    [5] Il serait probablement plus judicieux d'affirmer l'essence de Dieu. Dieu EST !

     

    Bibliographie

     

    Ambelain RobertLa symbolique des outils dans l’Art Royal

    Scala philosophorum – Editions Edimaf, Paris, 1996

     

    Baudouin BernardDictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995

     

    Behaeghel Julien – Symboles et Initiation maçonnique

    Editions du Rocher, Monaco, 2000

     

    Berteaux Raoul - La symbolique au grade d'Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986

     

    Boisdenghien Guy La vocation initiatique de la Franc-maçonnerie

    Editions l’Etoile, Bruxelles, 1999

     

    Boucher Jules La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995

     

    Dangle PierreLe Livre de l’Apprenti

    Editions La Maison de Vie, Fuveau, 1999

     

    Mainguy Irène La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2001

     

    Nefontaine Luc Symboles et symbolisme dans la Franc-maçonnerie (Tome 2)

    Editions de l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1997

     

    Plantagenet Edouard E.  – Causeries initiatiques pour le travail en loge d'Apprentis

    Editions Dervy, Paris, 1988

     

    Triaca UbaldoA propos des landmarks

    Exposé en sept points à l’intention des Maîtres Maçons, 1952

     

    Wirth OswaldLa Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    Tome 1 : « L'Apprenti » - Editions Dervy, Paris, 1994


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  •  Le Tablier, les Gants et le Bijou au degré d’Apprenti 

    Introduction

    Le Tablier semble bien être un des attributs maçonniques les plus connus. Du plus loin que l’on remonte dans l’histoire de la Franc-maçonnerie, le Tablier est par excellence le symbole du travail. A ce titre, il a longtemps été l’un des éléments majeurs de la Maçonnerie opérative. Le tablier des tailleurs de pierre était en peau, assez long et enveloppant. Les représentations anciennes de gravures du 18ème siècle, représentant une Tenue d’admission d’un candidat, en témoignent.

    C’est pourquoi, il fut longtemps obligatoire de le porter en Loge, quel que soit le grade que l’on ait atteint. Aujourd'hui, cette obligation se résume, dans la plupart des Rites, aux grades symboliques.

    Assez curieusement, peu d’études et de recherches ont été consacrées à ce tablier dont la forme est trop souvent fantaisiste, alors qu’elle devrait s’inspirer de proportions et de lois d’harmonie très précises pour offrir à l’Apprenti un message correspondant aux mystères de son grade.

    Dans la présente planche, je tenterai d’apporter des réponses aux questions que l’on peut judicieusement se poser à propos du port du tablier et de son symbolisme ; à propos de ce que représente le port des Gants blancs et du sens du Bijou de Loge.

    Le Tablier, les Gants et le Bijou

    Aussitôt l’investiture terminée, le Maître des Cérémonies reconduit le nouvel Apprenti sur le parvis afin qu’il puisse reparaître en Loge, vêtu cette fois d’une manière adéquate. Cela étant exécuté, le Maître des Cérémonies ramène le Néophyte à la Porte de la Loge.

    Dès que l’entrée de la Loge lui est accordée, le Récipiendaire s’avance par les trois pas de l’Apprenti puis est conduit au Sud – Est, entre la place de l’Expert et celle du Secrétaire. C'est à cet endroit que lui sont communiqués les arcanes de son grade.

    C'est là qu'il apprend que le symbolisme de la Franc-maçonnerie représente l’Apprenti – Maçon sous la forme de la Pierre brute qui doit être équarrie à l’aide du Ciseau et du Maillet. C’est la raison pour laquelle l’Apprenti se voit remettre un tablier qui lui rappellera durant toute sa vie maçonnique son obligation de travailler sans cesse à son propre perfectionnement.

    En même temps que le Tablier, la Loge offre à l’Apprenti deux paires de gants blancs : la première, qu’il met immédiatement ; la seconde, qui est destinée à la femme qu’il estime le plus.

    Le nouvel Apprenti se voit aussi remettre le bijou de la Loge, bijou qu’il devra porter à chaque Tenue, tout comme son tablier et ses gants blancs, mais également lorsqu'il se mettra à visiter d’autres Loges.

    Le Tablier, marque distinctive du Maçon

    Le tablier est généralement composé d’une forme rectangulaire surmontée d’une bavette triangulaire. Aux grades d’Apprenti et de Compagnon, le tablier devrait traditionnellement être fait de peau d’agneau blanche. Hélas, de nos jours, pour des raisons économiques, le similicuir a souvent pris la place de la peau naturelle.

    Le jeune Apprenti apprend qu’à son grade, la bavette du tablier doit être portée relevée, comme il convient pour travailler la pierre brute. En tant qu’Apprenti-Maçon, il devra le porter à chaque Tenue. Insigne et vêtement de travail de l’Apprenti-Maçon, ce tablier lui donne accès au chantier du Grand Œuvre de la Franc-maçonnerie.

    A partir du grade de Maître, et pour les « Hauts Grades », le tablier est soit en peau soit en satin. La couleur et les ornements varient non seulement selon le Rite pratiqué, mais aussi suivant la fonction assumée et l’Obédience concernée.

     * Le Tablier, les gants et le bijou  au degré d’Apprenti    * Le Tablier, les gants et le bijou  au degré d’Apprenti    * Le Tablier, les gants et le bijou  au degré d’Apprenti

    Les anciennes instructions expliquent que le tablier est la marque distinctive du Maçon. Sa peau d’agneau, d’une blancheur éclatante, symbolise la pureté, l’état de virginité virtuellement recouvré par le Néophyte.

    Ce symbole de la Franc-maçonnerie spéculative est particulièrement important car il est un rappel de sa lointaine filiation opérative.

    La réception et l’enseignement du Tablier, en peau d’agneau ou en cuir blanc, avec les Gants blancs, sensibilisent rapidement le Franc-maçon dans son cheminement et demeurent gravés dans sa mémoire comme les premiers symboles qui lui sont expliqués, autant que la première preuve tangible qu’il possède de son admission dans un ordre initiatique. Sorte de rite d’investiture, la remise du tablier avec les gants constitue pour le nouvel Apprenti, les insignes distinctifs de son engagement dans le métier.

    Nul Frère ne peut pénétrer en Loge sans porter ce vêtement rituel qui varie de forme et de couleur selon les grades. C’est lui qui traduit de manière visible sa qualité d’Initié et situe sa place dans la hiérarchie et dans la Loge où, selon son grade, il participe à l’édification du Temple. Mais le port du tablier efface aussi les différences sociales. Quelle que soient leur origine ou leur degré de fortune, les Apprentis portent tous le même tablier de peau blanche, un tablier dont ils se sont engagés à préserver la pureté, tant par la mesure de leurs paroles que par la prudence de leurs actes.

    Beaucoup d’auteurs considèrent que le tablier et les gants sont les éléments de l’habillement du Maçon, tandis que les cordons sous formes d’écharpes et sautoirs constitueraient plutôt les « décors ». Quoi qu’il en soit, le Tablier et les Gants sont les véritables insignes maçonniques du travail.

    Le tablier, vêtement de protection et de travail

    Le rôle du tablier est de protéger le Maçon durant le Travail. Il lui évite d’être blessé par les éclats qui se détachent de la Pierre brute. Ces éclats doivent symboliquement être considérés comme ses imperfections, ses vices et ses passions. Le tablier participe à tout le cycle du Travail maçonnique. Il constitue une preuve évidente de l’engagement du Maçon et de la consécration qui en a été la réponse. Autrement dit, porter le modeste tablier de peau blanche implique que le Franc-maçon est pleinement conscient de tous ses devoirs.

    Insigne et vêtement de travail de l’Apprenti – Maçon, le Tablier lui donne accès au chantier du Grand Œuvre de la Franc-maçonnerie.

    Quand l’Apprenti noue la ceinture de son tablier, il « s’équipe » symboliquement d’une puissance indispensable pour travailler sur le chantier, et cette force de nature spirituelle lui permet de demeurer en rectitude pour façonner les pierres qui s’intégreront dans la construction du temple.

    Le tablier de peau rappelle le vêtement de protection que portaient les Apprentis et les Compagnons, tant dans la carrière que sur les chantiers. Est-ce bien là l’origine du port du Tablier en Loge ? S’il en est ainsi, alors pourquoi les Maîtres Maçons portent-ils le Tablier ? Et pourquoi le tablier de soie de ces Maîtres s’est-il substitué au tablier en peau d’agneau ?

    De même, le port des gants blancs évoque-t-il une protection des mains sur le chantier ? Autant de questions qui restent sans réponses même quand on analyse des documents historiques !

    Selon le sens exotérique, le tablier évoque le travail. Mais au port du tablier et à l’usage des gants doit correspondre un sens plus profond.

    Le tablier est un moyen de protection évoquant ainsi une fonction passive. Mais il est aussi signe de travail, évoquant alors une fonction active. Il en va de même pour les gants.

    Le tablier isole, tout comme les gants. Protection et isolement sont concomitants. Tablier et gants protègent contre un danger, par l’isolement.

    Sur le chantier, le danger est d’ordre physique ; il concerne les heurts par les matériaux et les outils de travail. En Loge, il convient de transposer les heurts au plan psychique : la pénétration dans la psyché profonde pour atteindre à la connaissance de soi et la volonté d’action sur son propre comportement présentent des dangers.

    Lorsque l’Apprenti noue la ceinture de son tablier, il ceint les reins. Symboliquement, il s’équipe d’une puissance indispensable pour travailler sur le chantier. Cette force de nature spirituelle lui permet de demeurer en rectitude pour façonner les pierres qui s'intégreront dans la construction du temple.

    Grâce au tablier, l’Apprenti retrouve, à chaque Tenue, une nouvelle pureté. Il se délivre des oripeaux du vieil homme pour adopter une tenue rituelle qu’ont toujours revêtue les bâtisseurs de temples, depuis des millénaires. Ce simple vêtement le relie ainsi aux Initiés d’hier et à ceux de demain qui, comme lui, l’utiliseront pour signifier leur appartenance à une Loge.

    Le port du tablier marque aussi la nécessité d’unir la voie opérative à la voie spéculative, la main à l’esprit ; il fortifie son désir de participer au travail communautaire et lui donne une identité initiatique.

    Au-delà du simple décor porté par le Franc-maçon, on peut considérer que le Tablier symbolise à la fois le corps physique qui enveloppe l’esprit créateur, mais aussi la protection indispensable lors des travaux de construction auxquels va se livrer l’Initié, essentiellement la taille de la Pierre brute, jusqu'à parvenir à l’Œuvre accomplie.

    Le Tablier, symbole de pureté

    Dans le tablier maçonnique, trois éléments méritent d’être analysés pour en percevoir le sens : sa couleur, sa matière et sa forme.

    Le tablier doit être uniformément blanc et sans tache.

    Cette couleur est considérée comme emblème d’innocence et de pureté.

    Le blanc étant la synthèse de toutes les couleurs, il a la propriété de diffuser la totalité du flux lumineux qu’il reçoit de la source, dans toute l’étendue du spectre visible.

    Le Tablier de l’Apprenti doit être en peau d’agneau. Aucune autre substance, telle que le lin, la soie ou le satin ne saurait lui être substituée, sans détruire entièrement le caractère emblématique du Tablier.

    Outre qu’il réactualise symboliquement le vaste tablier de cuir des ouvriers de certains métiers, il rappelle aussi que la peau a toujours été considérée comme un matériau protecteur, un isolant efficace contre certaines influences se rapportant au domaine des forces intérieures. Par le port du Tablier, il s’agit donc de mettre à l’abri une région du corps pour orienter son efficience vers d’autres domaines.

    Le Tablier en Loge, protège et met à couvert une région du corps qui n’a pas à participer au Travail maçonnique. Cette région du corps où siègent et s’animent les passions étant circonscrite symboliquement par le port du Tablier, les Travaux de Loge pourront se dérouler avec d’autant plus de sérénité et de profit qu’ils ne subiront pas les interférences nuisibles inhérentes aux agitations passionnelles. Elle doit être subordonnée et éclairée par l’intelligence spirituelle qui seule, doit participer à la construction du Temple. Toutes les passions profanes, tous les appétits grossiers doivent être exclus progressivement du travail de chacun.

    En ce qui concerne sa forme, constatons que, si la bavette est relevée, le tablier de l’Apprenti a cinq côtés qui peuvent être mis en correspondance avec les cinq sens. Il est constitué de deux parties de formes géométriques différentes : une triangulaire, qui est la bavette relevée au grade d’Apprenti, symbole du « Principe spirituel », et une partie quadrangulaire, symbole de la « materia prima ». La première partie se juxtapose à la deuxième sans la pénétrer, délimitant ainsi la zone d’activité de l’influence spirituelle.

    Ces deux figures géométriques rappellent le quaternaire de la matière surmontée du ternaire de l’esprit, représentant quant à lui le sommet de la conscience humaine.

    Au grade de Compagnon, la bavette rabattue exprime le travail de spiritualisation de la matière.

    En peau d’agneau, d’une blancheur éclatante, le Tablier symbolise la pureté, la pureté des intentions, l’état de virginité virtuellement retrouvé par le Néophyte. Mais cette pureté ne correspond pas seulement à une rectitude morale et un comportement impeccable de la part de l’Apprenti. Il s’agit davantage d’une pureté mythique et rituelle qui trouvera son interprétation au grade de Maître.

    Ce symbole de la Franc-maçonnerie spéculative est donc particulièrement important car il est un rappel de sa lointaine filiation opérative.

    Porter un tablier comme l’artisan, c’est se définir comme un artisan. C’est donc intégrer son état d’esprit, son approche de la réalité. Le Maçon travaille les idées et les symboles à la manière de l’artisan : il regarde chaque idée, chaque symbole, avec attention.

    Nos Gants

    Les gants blancs doivent servir lors de toutes les Tenues. Ces gants suggèrent que les mains d’un Franc-maçon doivent rester pures de tout acte blâmable, et que sa conscience s’efforcera de proscrire tous sentiments vils.

    En Maçonnerie, les Gants blancs sont un symbole mais aussi un objet rituel. Reçus le jour de l’Initiation, ils rappelleront les engagements solennellement prêtés.

    Les Gants marquent avant tout la pureté rituelle exigée par tout Travail rituel. Ils sont portés parce que les mains qui auront à manier les symboles sacrés ne peuvent être celles qui manient les objets profanes dans la vie quotidienne : le sacré doit être préservé de toute profanation. C'est pourquoi tout Frère qui "planche" à la "stalle" du Frère Orateur ne devrait pas se déganter, même pour tourner les pages de son Travail.

    Les Gants blancs sont portés pendant toute la durée des Travaux en Loge, à l’exception des moments consacrés à la Chaîne d’union, où toutes les mains des assistants s’uniront ; elles seront alors dénudées pour favoriser la circulation des subtiles énergies chargées de fraternelles intentions cordiales.

    Les Gants peuvent être considérés comme le complément indispensable du Tablier dans la Tenue maçonnique. Tous deux ont la même signification et suggèrent les exigences de la purification. On peut considérer que le Tablier se réfère au cœur pur et les Gants aux mains propres. Tous deux sont liés à la purification et à la régénération psychique.

    Cette exigence de purification, qui fut symbolisée de tout temps par les ablutions qui précédaient les anciennes initiations aux mystères sacrés, demeure toujours d’actualité au 21ème siècle.

    Le Bijou de la Loge

    Le Bijou de la Loge est une médaille comportant parfois le nom de la Loge. La devise de la Loge peut également y être indiquée. Un ou plusieurs symboles maçonniques en rapport direct avec la Loge peuvent aussi y figurer.

    Un ruban de couleurs supporte la médaille et complète ce bijou.

    Au cours de la cérémonie d’Initiation au grade d’Apprenti, la coutume veut que le Vénérable Maître remette à chaque Néophyte le bijou de la Loge et lui recommande de le porter à chaque Tenue, et tout spécialement lorsqu'il visitera d’autres Loges.

    Au Moyen Age, le Maçon portait autour du cou, par une cordelette, un « jeton de présence », une sorte de disque percé au centre. Grâce à ce jeton de présence, le Maçon était autorisé à pénétrer et à travailler sur le chantier. Cette idée a sans doute survécu à travers la médaille portée par tous les Frères dans certaines Loges.

    La médaille de la Loge que nous portons généralement accrochée dans la poche de notre veston est le premier bijou dont nous avons eu connaissance le soir de notre Initiation, le seul que nous puissions porter en tant qu’Apprenti ou Compagnon.

    La présence du bijou de Loge semble remonter aux débuts de la Franc-maçonnerie moderne comme en témoigne un ouvrage de l’Abbé Perau publié en 1742 et intitulé « L’Ordre des Francs-maçons trahi et leur secret révélé ».

    Les médailles de Loge en reprennent parfois le nom, souvent le dessin distinctif. Les plus anciennes datent de la fin du 18ème siècle ; les plus récentes sont contemporaines. Simplement métalliques (argent ou métal argenté), puis, au 19ème siècle, parfois églomisées[1], les médailles de Loge sont souvent, de nos jours, émaillés.

    Très rapidement, dès l'apparition de la Franc-maçonnerie en France, nombre de Loges se sont dotées de représentations symboliques les représentant.

    De nos jours, nous dirions qu’elles ont toutes un « logo » que les Loges reproduisent sur leur courrier. On le retrouve aussi sur le sceau que le Frère Secrétaire appose sur les diplômes, sur les convocations. Ce « logo » est gravé sur la médaille portée durant les Tenues de Loge.

    D'un graphisme parfois recherché, parfois au symbolisme plus simple, ces médailles constituent un témoignage souvent émouvant de la vie des Loges et de leur histoire.

    Certaines médailles de Loge sont parfois de véritables merveilles.

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    Le port généralisé des Tabliers et des Gants en Tenue de Loge introduit un élément d’uniformité qui contribue à créer une atmosphère de cohésion, d’unité et d’union. C’est un point de vue que nous pouvons profondément ressentir mais sans toutefois pouvoir le justifier. Quoi qu’il en soit, le port du tablier et de gants blancs reste un élément essentiel de la symbolique vestimentaire maçonnique.

    Sachons préserver cette tradition !

    R :. F :. A. B. 

    [1] En verrerie, églomiser, c’est fixer une mince feuille d’or ou d’argent sous le verre, avant que le dessin soit ensuite exécuté à la pointe sèche et maintenu par une deuxième couche ou une plaque de verre.

    Bibliographie

     

    Baudouin Bernard Dictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995

     

    Béresniak DanielRites et symboles de la Franc-maçonnerie

    Tome 1 : « Les Loges bleues » - Editions Detrad, Paris, 1997

     

    Berteaux RaoulLa symbolique au grade d’Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986

     

    Dangle PierreLa Franc-maçonnerie initiatique Le livre de l’Apprenti

    La Maison de Vie, Fuveau, 1999

     

    Mainguy IrèneLa Symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2006

     


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  •  L’Autel des serments 

    Le but de la présente planche est de définir ce qui, dans nos Loges, est un autel et traditionnellement désigné comme « Autel des serments » ; de préciser à quoi il sert, dans quelle intention et comment y disposer les objets symboliques.

    Essayons tout d’abord de définir ce qu’est l’autel de notre Loge.

    Essai de définition de l’Autel

    A l’avant du Pavé mosaïque et à courte distance des trois marches conduisant à l’Orient, la Tradition nous fait placer un autel dans l’axe du Vénérable Maître.

    Cet « Autel des serments » devrait, selon l’usage des Anciens, se trouver sur le plateau du Vénérable Maître, mais en réalité il est représenté le plus souvent sur un petit meuble immédiatement accolé à son plateau, au-dessus ou au-dessous des trois marches qui délimitent l’Orient de la Loge. Il est plus rarement situé au centre du Carré Long de la Loge. Il s’agit d’un support surélevé destiné à rassembler les éléments symboliques.

    Dans la plupart de nos Loges, il s’agit d’un meuble généralement de forme cubique mais ailleurs, il s’agit parfois d’une grosse pierre brute sur laquelle peuvent être posées ce que nous appelons « les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie ».

     

    Que doit-on trouver sur l’Autel des serments ?

     

    * L’Autel des serments

    L’Autel des serments

    En vue du bon déroulement de chaque Tenue, le Frère Architecte dépose sur l’Autel le Volume de la Loi Sacrée fermé. Au Rite moderne, il y joint un compas également fermé ainsi qu’une équerre. Selon le rite pratiqué, d’autres objets doivent parfois être placés sur l’Autel. Ainsi, au Rite Écossais Rectifié, une petite Épée et une Truelle sont également disposées en plus des Trois Grandes Lumières.

    Les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie forment symboliquement un tout. On peut en déduire l’intention des Maçons de ne pas accepter le contenu du livre sacré dans son sens littéral, mais bien de l’interpréter au moyen du symbolisme du Compas et de l'Équerre.

    Pour certains Maçons, le Volume de la Loi sacrée ne serait qu’un symbole et, à ce titre, il serait susceptible d’interprétation personnelle. Mais la présence de la Bible sur l’Autel est un Landmark contesté par certaines Loges non-régulières. C’est pourquoi, dès 1929, la Grande Loge Unie d’Angleterre – qui est l’héritière de la première Grande Loge de Londres et, à ce titre, la garante de l’archétype de la Franc-maçonnerie spéculative – a publié les huit principes fondamentaux pour la reconnaissance des Grandes Loges.

    Sans pour autant vous les rappeler tous, je vous dirai simplement qu’au point 3 de ces Landmarks, il est spécifié que les Initiés devront prêter leur obligation sur le Livre de la Loi Sacrée, ou les yeux fixés sur ce Livre ouvert, par lequel est exprimé la révélation d’en haut par laquelle la conscience de l’individu que l’on initie est irrévocablement liée.

    Le Volume de la Loi Sacrée ne se trouve pas seul sur l’Autel. Il est recouvert de l'Équerre et du Compas. La présence de ces deux outils – qui deviennent des symboles une fois les Travaux ouverts – n’a aucune connotation blasphématoire. Nous sommes en présence d’un modèle symbolique universel. Dans ce modèle, l'Équerre représente la partie matérielle du Cosmos, c’est-à-dire pour nous la Terre. Le Compas y représente le Ciel ou les Cieux. L'Équerre est donc l’emblème de l’homme et le Compas celui du Grand Architecte de l’Univers.

    Ces Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie constituent un modèle symbolique ternaire. Mais l'Équerre et le Compas, modèle binaire, se juxtaposent, pour en éclairer la portée, avec le Volume de la Loi Sacrée qui, aux yeux de certains autres Maçons, est bien plus qu’un symbole. Pour Guy Boisdenghien notamment, le Volume de la Lois Sacrée contient des passages attribués à des révélations a-humaines ».

    Le point 6 des Landmarks précise également que les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie seront toujours exposées pendant les Travaux de la Grande Loge ou des Loges sous son contrôle. La principale de ces Lumières est le Livre (ou Volume) de la Loi Sacrée, concept que je vais à présent essayer d’expliciter.

    Le serment

    Lors de la cérémonie d’Initiation, immédiatement après les « voyages », l’Impétrant prête son serment sur les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. Le rituel précise bien qu’il s’agit du Volume de la Loi Sacrée, le Compas et l'Équerre.

    Dans certaines obédiences ou à certains rites, il est dit au candidat que ce Volume de la Loi sacrée, c’est la Bible. En réalité, ce Volume est toujours la Bible, ouverte au Prologue de l'Evangile de Jean. Agir autrement reviendrait à vider le rite de son sens !

    Mais ce livre ne représente peut-être rien pour le candidat. Pour que ce serment ait une valeur, il faut qu’il soit prêté sur un livre représentant la loi morale ou la Tradition.

    Conformément à l’article 3 de la Constitution de notre Obédience, la G.L.R.B., toutes les promesses et engagements solennels doivent être pris en apposant la main droite sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie, à savoir le Volume de la Loi Sacrée, ouvert de préférence à l’Évangile selon St Jean,  sous l'Équerre et le Compas. Le Livre sacré exigé par la religion d’un candidat peut à sa demande être ajouté sur l’autel pour le même usage.

    La Loge peut donc, le temps du Serment, ajouter à la Bible un autre ouvrage, en concertation préalable avec le candidat pour lequel il aura cette valeur : le Coran, la Torah, les Védas (hindouisme), le Tripitaka (bouddhisme), le Tao te King (taoïsme), les quatre livres de la doctrine (confucianisme), le Zend-Avesta (zoroastrisme).

    L’article 32.1 de notre Règlement Général concerne toutes les promesses et engagements solennels », par exemple : les initiations aux trois grades mais aussi le serment du Vénérable Maître lors de son Installation solennelle.

    L’article 32.2 précise qu’une Loge peut, à la demande d’un seul Frère ou de plusieurs des membres de la Loge ou même d’un Frère visiteur, décider de placer sur l’autel – à côté de la Bible, ouverte sous l'Équerre et le Compas – d’autres « Volumes de la Loi Sacrée ». Le Grand Comité donne un avis sur les Volumes qui peuvent être pris en compte.

    Cet article 32.2 ne concerne que toutes les autres occasions où il n’est pas de question de promesses ni d’engagements solennels.

    Concernant l’ouverture du livre de la loi sacré dans notre tradition européenne, nous ouvrons et nous fermons les Travaux avec l’Evangile de saint Jean d’où provient la Vraie Lumière. C’est donc bien la Bible qui doit être ouverte. Il n’y a pas de raison impérative pour que les autres livres soient ouverts.

    Précisons aussi que la Bible peut avoir un caractère religieux pour le candidat, ainsi d’ailleurs que pour certains membres de la Loge. Mais, dans son rôle de Volume de la Loi Sacrée, il n’en est rien. Les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie n’ont aucun caractère religieux. Les rites pratiqués à la Grande Loge régulière de Belgique sont ouverts aux hommes de toute confession.

    Considérations sur la Bible ou Volume de la Loi Sacrée

    La Bible, en tant que « objet – livre » n’a aucun caractère sacré. Un livre ne peut à l’évidence être sacral. Par contre, une partie de son contenu se souche sur la Tradition car, pour reprendre l’expression de Guy Boisdenghien, elle exprime « une révélation a-humaine » ; l’exemple le plus connu étant les Dix Commandements que Yahvé dicta à Moïse sur le mont Sinaï.

    On ne lit pas la Bible uniformément mais selon quatre optiques : littérale, historique, morale et ésotérique. Se référer à la lettre des écrits bibliques ne tient plus la route à notre époque. De plus, l’historicité des récits n’est plus prise en compte depuis le siècle dernier. D'ailleurs, tout texte qui se veut enseignement d’une tradition ou d’une révélation n’a que des rapports secondaires et même insignifiants avec la réalité et la chronologie historiques. Demeurent les lectures morales et d’approche ésotérique. A ces niveaux, le Livre n’est plus la propriété du peuple élu en sa partie vétérotestamentaire ni celle des chrétiens dans sa partie néotestamentaire. Ainsi, les gnostiques, les déistes, les agnostiques et même les athées peuvent y glaner des réflexions concernant la Loi Morale ou leur introspection personnelle, spirituelle ou non.

    Faut-il nécessairement rappeler que les Évangiles et tout particulièrement celui attribué à Jean contiennent ce remarquable message à l’adresse de toute l’humanité : « aimez-vous les uns les autres ! ».

    Pour bon nombre de Maçons réguliers, c’est-à-dire ceux qui se souviennent que notre Maçonnerie traditionnelle et universelle est chrétienne, le Volume de la Loi sacrée représente le livre du Verbe créateur, manifesté sous l’aspect de la révélation. La Tradition révélée par le Volume de la Loi sacrée, dans son sens ésotérique est source de Connaissance et de méditation. L'Eternel a créé le monde par le Verbe qui s’incarne dans la langue sacrée et dans la parole rituelle qui contient l’essence primordiale. Un livre fermé garde son secret. Un livre ouvert instruit celui qui le lit, dévoile ce qui est caché.

    Ce livre contient un double message. Le premier comporte un enseignement extérieur, représenté par les dogmes et une loi morale à caractère exotérique. Le second message développe une cosmogonie [1], contient un message symbolique à décrypter qui est à caractère ésotérique. Le second n’exclut pas le premier, mais au contraire l’éclaire en ouvrant sur le champ indéfini des possibles et permet de dépasser les limites étroites de la dualité.

    Beaucoup de Maçons réguliers, attachés à la Franc-maçonnerie universelle, considèrent que le Volume de la Loi Sacrée contient le message d’une Tradition intemporelle, celle-ci étant l’expression de la relation entre la Vérité et la Sagesse. Mais à un moindre niveau, elle contient une loi morale sur laquelle devrait s’appuyer tout Franc-maçon.

    En ce qui concerne cette approche ésotérique, il est indéniable que plusieurs passages bibliques véhiculent un message caché. Les versets à double sens sont aisément repérables car ils sont précédés d’un signal tel que l’expression « Au commencement » qui peut aussi se traduire par « dans le Principe ». La Genèse, de même que certains passages du Pentateuque, l’Apocalypse et surtout l'Evangile selon saint Jean ne sont réellement clairs qu’après un décryptement. C’est donc par volonté symbolique que, pendant la durée des Travaux d’une Loge, le Volume de la Loi sacrée est ouvert au Prologue de Jean. C’est aussi par référence au Prologue que les Francs-maçons sont parfois nommés « Enfants de la Lumière », dénomination qui exprime bien un des piliers de la Franc-maçonnerie spéculative.

    L'Evangile selon saint Jean proclame le Christ en tant que Logos. Il y est énoncé, non comme venant racheter le genre humain mais comme apportant aux hommes la Lumière, en leur inculquant la nécessité de la régénération, car l'Evangile de Jean développe principalement quatre axes qui interpellent tout Franc-maçon par delà sa sensibilité personnelle dans la perception du Grand Architecte de l’Univers :

    1°) l’énonciation du message d’Amour ;

    2°) l’enseignement de l’égalité de tous les hommes, la fraternité universelle, le pardon des offenses et l’unité de Dieu ;

    3°) l’introduction d’un rite de fraternité par le partage du pain et du vin qui sont sa chair et son sang en tant que matérialisation des rayons solaires, c’est-à-dire, pour nous, terriens, la manifestation de la Vie ;

    4°) la proposition de méditer ou prier en tous lieux et non en des lieux déterminés, ce qui signifie méditer ou prier en esprit et non par des prières machinales vidées de tout contenu réel.

    En énonçant « Dieu est Esprit », « Dieu nous a donné de son esprit » et « Dieu est Amour », Jean exprime la fusion de la Connaissance et de l’Amour. Le quatrième Évangile est donc bien en conformité avec la gnose maçonnique !

    Disposition de l’Equerre et du Compas sur l’Autel

    Lors de l’Ouverture des Travaux, le Vénérable se place devant l’Autel pour y disposer correctement les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie. Il appartient au Vénérable Maître, et à lui seul, d’ouvrir le Volume de la Loi Sacrée et de déposer dessus l'Équerre et le Compas, d’une manière spécifique à chaque degré auquel la Loge s’apprête à travailler. Au Rite Écossais Rectifié, c’est le rôle du Frère Maître des cérémonies de procéder à la disposition particulière des trois Grandes Lumières ainsi que de la Truelle et de la petite Épée.

    Sur la Bible ouverte au Prologue de saint Jean, l'Équerre et le Compas peuvent être placés de trois façons différentes mais le Compas est toujours ouvert à 45°. Ces dispositions évoquent un progrès moral ou une hiérarchie de valeurs. Elles constituent en quelque sorte des signes distinctifs de chacun des trois degrés et procèdent de l’allégorie.

    Au grade d'Apprenti, nous constatons que l’Équerre couvre les deux branches du Compas. Il semblerait que ce soit pour indiquer qu'à ce grade on ne peut demander plus du Néophyte que SINCÉRITÉ et CONFIANCE, conséquences naturelles de la droiture et de la rectitude.

    Effectivement, on ne peut pas déjà demander à l’Apprenti la Sagesse qu’il n’a pas encore acquise. Sa probité et sa rectitude naturelles sont tout ce que les Maîtres attendent de lui, principalement le Second Surveillant. La matière prime sur l’Esprit.

    Par cette disposition, on signifie à l’Apprenti qu’il œuvre sur la matière. Son rôle consiste à dégrossir la Pierre brute avec les seuls outils dont il dispose, le Maillet et le Ciseau. Il ne sait pas ce que sera l’édifice car il n’a pas eu connaissance des plans.

    Je ne vous révèlerai rien en ce qui concerne les autres degrés.

    Mais il convient encore de remarquer que, dans le plan horizontal de l’Autel des serments, les pointes du Compas sont tournées vers l’Occident et que l'Équerre est toujours ouverte vers l’Orient. Cela signifie que le Maçon ne doit pas se comporter en pur esprit mais au contraire mettre en application ce qu’il découvre ou apprend.

    Demeurer dans le domaine purement spéculatif est un comportement stérile, sans réelle utilité. D'autre part, il ne doit pas rester prisonnier de la matière mais il doit s'efforcer de la dominer en s'élevant lui-même afin de vivre en harmonie avec le monde.

    Voilà pour ce qui concerne l’autel et les symboles qui y sont mis en évidence à chacune de nos Tenues. Rappelons, si nécessaire, que le titre de cette planche est « L’Autel des serments ». C’est pourquoi je vais à présent aborder la question de son utilité et développer quelques considérations à propos de notre serment.

    Considérations sur notre serment

    Lors de notre Initiation, nous nous sommes tous engagés par notre serment à respecter la Constitution, le Règlement général de notre Obédience et le Règlement particulier de notre Loge.

    Prêté la main droite dégantée et posée sur le Volume de la Loi Sacrée afin que nous nous engagions sur ce qu’il y a de plus sacré, notre serment nous enjoint :

    • de garder le secret ;
    • de rester fidèle et discret, c’est-à-dire de ne trahir ni l’Ordre maçonnique, ni nos Frères ;
    • de persévérer dans le perfectionnement, c’est-à-dire de marcher sur le chemin de l’Initiation.

    Par tout serment solennel, l’homme renonce à une certaine part de sa liberté, ce qu’il fait devant une autorité qui a le pouvoir en tous lieux et en tout temps de constater un manquement à cette renonciation et de le punir.

    A ce sujet, René Désaguliers s’est interrogé : « Quelle peut être une telle autorité sinon un Dieu ou le Dieu unique ? ». C’est cet aspect qui est plus particulièrement marqué dans le mot latin « sacramentum », d’où le terme « serment » dérive directement. « Sacramentum » est lié au mot « sacer » qui signifie sacré ou ce qui appartient au monde divin.

    Pour moi, le serment est un acte essentiel de la Franc-maçonnerie.

    Pratique extrêmement ancienne de l’humanité, le serment est obligatoirement sanctionné par une autorité supérieure à l’homme, par une transcendance capable de le juger. En Franc-maçonnerie, le serment consiste en une promesse solennelle faite par le Néophyte qui s’engage à garder les secrets de la Maçonnerie et à se conformer en toutes choses aux règlements de l’Ordre, conformes aux lois en vigueur dans le pays.

    Le serment est empreint d’un caractère solennel, de la gravité d’un pacte, du sérieux extrême de l’engagement indissoluble entre celui qui le prête et celui qui le reçoit.

    Ce serment initiatique a aussi un caractère antique et sacré. Il est prononcé de la libre volonté du Récipiendaire, sans contrainte et devant une assemblée de Maçons témoins qui vont devenir ses Frères et en présence du principe de l’Ordre.

    Ce serment spécifique se décompose en trois parties : une invocation, une promesse, une imprécation. Le plus souvent, et en tout cas dans notre Obédience régulière, l’invocation est faite à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.

    Le serment est prêté sur la Bible, toujours ouverte au Prologue de l'Evangile de saint Jean. On peut dès lors considérer que notre serment a un caractère d’alliance cosmique avec l’Etre suprême, avec l'Eternel, avec le Grand Architecte, avec Dieu, selon vos convictions les plus intimes et toutes personnelles.

    C’est une obligation réciproque consentie librement entre l’Ordre et le Néophyte qui est accepté en qualité de nouveau maillon de la chaîne initiatique. Cette promesse au caractère solennel engage notre être tout entier à être fidèle.

     

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    * L’Autel des serments

    L’Équerre, le Compas et le Volume de la Loi Sacrée composent ce que nous appelons « les Trois Grandes Lumières » de la Maçonnerie de Tradition. Ils se trouvent placés sur l’autel des serments. Le Volume de la Loi sacrée est symboliquement ouvert au début et fermé à la fin des Travaux pour marquer la nécessaire mais provisoire rupture avec le monde profane.

    Ces symboles placent d’emblée la prestation de serment des Francs-maçons réguliers dans la dimension spirituelle qui caractérise les rites pratiqués à la Grande Loge Régulière de Belgique. Ce caractère sacré souligne l’importance du serment maçonnique, son caractère intangible et inviolable.

    Ils signifient également, par leur association dynamique – les trois à la fois – que cette dimension sacrée n’est pas confondue avec le sacré d’une religion particulière, car le Volume de la Loi Sacrée est considéré dans son association avec l'Équerre et le Compas, comme le symbole d’une Tradition et non celui d’une référence théologique.

    Il s’agit une fois encore de préserver en ce domaine la liberté de conscience de chacun de ceux qui s’engagent dans notre Obédience régulière et de les encourager à construire des relations humaines tolérantes et respectueuses de la diversité des cultures et des civilisations.

     

    R :. F :. A. B.

     

    [1] La Cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « en­gendrer ») était, en 1762, définie par le Dictionnaire de l'Académie française, comme « science ou système de la formation de l'Univers ».

     

    Bibliographie

    Boisdenghien Guy - La vocation initiatique de la Franc-maçonnerie

    Sentiers de la Tradition - Editions L’Etoile, Bruxelles, 1999

     

    Boucher Jules - La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994

     

    Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques

    Editions du Rocher, Monaco, 1997

     

    Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2006

     

    Mondet Jean-Claude

    La Première Lettre - L’Apprenti au Rite Écossais Ancien et Accepté

    Editions du Rocher, Monaco, 2005

     

    Triaca Ubaldo - A propos des Landmarks

    Exposé en sept points à l’intention des Maîtres Maçons, 1952

     


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  •  L'épreuve de la coupe d'amertume 

    Introduction

    Lors de l'Initiation au grade d'Apprenti au Rite moderne (belge), à l’issue des trois voyages et des épreuves des Eléments, le Frère Maître des Cérémonies présente au Récipiendaire une coupe remplie d'un breuvage dont le Vénérable Maître annonce qu’il a un goût amer. L’épreuve du « breuvage d’amertume » ou du « calice d’amertume » n’est pas présente dans tous les rites. Elle n’apparaît notamment pas au Rite Écossais Rectifié !

    Ce rituel n'est pas anodin et sans grande valeur ; au contraire, ce moment revêt un rôle fondamental dans la quête initiatique et ce simple geste contient trois symboles parmi les plus importants qu'un Franc-maçon doit retenir, afin de donner une pleine lumière à sa démarche.

     

    Calice ou coupe d’amertume

    A l’issue des épreuves des quatre Eléments, le Rituel d'Initiation prévoit que le Frère Maître des Cérémonies fasse boire au Néophyte un breuvage contenu dans ce que le Vénérable Maître appelle « le calice d’amertume » mais que Christian Guigue nous invite à plutôt appeler la « coupe d’amertume ».

    Tentons de comprendre s’il s’agit d’un calice ou d’une coupe.

    En Franc-maçonnerie, la coupe n’intervient pas dans le cadre d’une communion personnelle avec le Grand Architecte de l’Univers mais comme un avertissement. Parfois appelée à tort « calice » à certains rites, la coupe d’amertume, dénommée ainsi à cause du liquide qu’elle contient, signale à l’Apprenti qu’en cas de défaillance ou de parjure, sa vie présente mais aussi future dans l’autre monde deviendront comparables à l’amertume du liquide contenu.

    Ce breuvage, qui, dans le monde profane, est ce qu’on appelle couramment « un digestif », a un goût assez particulier ! La Loge s’approvisionne généralement d’un produit que l’on trouve dans le commerce sous l’appellation « Underberg ». Nos plus « jeunes » Frères qui seront, tôt ou tard, sollicités pour remplir la charge d’Architecte ou d'Économe, doivent le savoir !

    L’objectif poursuivi par cette épreuve est de faciliter à l’Impétrant l’oubli de ses penchants passés, sa dépersonnalisation et sa mort à sa vie passée. Il ne s'agit pas de détruire les particularités de son caractère ou de modifier son destin, mais de maîtriser ses penchants afin de saisir la quintessence de son être et de le faire vivre conformément à son déterminisme. Il s'agit donc bien de renaître à une autre vie, plus consciente.

     

    Un peu d’histoire !

    Selon André Doré, ce symbole proviendrait d’Allemagne, via le Rite Rectifié qui en faisait déjà usage vers 1755. Jean Reyor considère que le « calice d’amertume » n’a pas d’équivalent dans les initiations chrétiennes ni dans les initiations chevaleresques et hermétiques. Cette pratique semble aussi complètement inconnue en Angleterre. On la retrouve dans le rituel de 1785 du Grand Orient de France.

    Dans le « Régulateur du Maçon » datant de 1801, le « calice d’amertume » est présenté au Récipiendaire après les trois voyages dans la Loge. Sa signification n’est pas liée à une mise en garde vis-à-vis d’un reniement du serment, mais par rapport aux difficultés de la voie initiatique.

    C’est pourquoi les paroles prononcées par le Vénérable Maître à l’issue de cette épreuve ont à peu près le sens suivant : « Monsieur, ce breuvage, par son amertume, est l’emblème des chagrins inséparables de la vie humaine : la résignation aux décrets de la Providence peut seule les adoucir ».

    Au Rite moderne (belge), la phrase exacte est : « Ce breuvage, par son amertume,  est l’emblème des épreuves inséparables de la vie. La résignation peut en adoucir les effets, mais le courage seul peut vous aider à les vaincre ».

    Selon Christian Guigue, la coupe d’amertume présente dans les rituels d’Initiation maçonnique remonte aux temps les plus lointains. Dans les initiations égyptiennes, le candidat devait boire un breuvage délicat composé de vin et de myrrhe, du moins le lui présentait-on ainsi ! En réalité, il s’agissait plus probablement d’une mixture affreuse faite de vinaigre et de teinture de noix de galle !

     

    Boire à la coupe

    Boire à la coupe permettait d’aborder un monde inconnu où l’ineffable mystère du devenir personnel spirituel pouvait se révéler et les directions à emprunter pour les choix d’orientation et d’action personnelle se dessiner. C’est bien évidemment de la mort spirituelle qu’il s’agit.

    La coupe peut donc guérir des élans charnels ou des diverses passions par les avertissements divinatoires qu’elle produit comme celui du salut eucharistique toujours possible pour le mystère de la grâce.

    La coupe doit faire également prendre en considération son contenu car elle n’a pas pour vocation de rester vide, sinon à quoi servirait-elle ? La coupe n’a d’importance que par le liquide qu’elle contient. Vide, elle ne présente aucun intérêt.

    Examinons à présent comment procéder pour mener cette épreuve avec efficacité. Une bonne complicité est nécessaire entre le Vénérable Maître qui doit lire le rituel en tenant compte de ce que fait simultanément le Frère Maître des Cérémonies.

     

    Caractéristiques et symbolisme des « trois phases »

    La coupe d’amertume contient un breuvage, c’est-à-dire un liquide doux-amer.

    Pour Jules Boucher, le candidat devrait boire le contenu de la coupe en trois temps, en trois gorgées, car il prend en considération les trois phases qui caractérisent le breuvage de l’Initié. Pour Jean Ferré, ces trois phases devraient être respectées car le breuvage symbolise évidemment la vie humaine.

    La première gorgée de ce breuvage a un goût insipide, comme l’est la vie profane et matérielle dans laquelle l'Esprit n'est pas encore éveillé. L’être n’a pas su ou pas pu découvrir les vraies valeurs. Sa vie est errance, tumulte, chaos.

    La deuxième gorgée a un goût amer. Elle apporterait l'amertume de la vie de l'Initié, de celui qui cherche, de celui qui est tourmenté par le désir de connaître, mais aussi par la profonde solitude qu'il devra accepter pour découvrir soi-même. Le choc de ce goût amer éveille en lui la mémoire d'un monde passé, d'une unité primordiale dont il ne reste que le souvenir dans les formes acquises par les vertus que l'Initiation lui propose de pratiquer. Cette pratique le fera renaître à une vie plus spirituelle, dans laquelle il sera amené à gravir une échelle de valeurs autres et bien plus solides que celles de la pure existence profane. L’être prend conscience de ce qui est imparfait en lui, mais surtout des qualités qui sont en lui, qu’il a laissées inexploitées et qu’il doit cultiver. Beaucoup de courage et d’énergie sont nécessaires pour qu’il puisse travailler sur lui, tailler sa pierre.

    La troisième gorgée semble douce. L’être a dépassé l’état de souffrant. Cette troisième gorgée ou ce troisième temps représenterait la vie de l’Adepte qui a reçu depuis longtemps la Lumière en laquelle il puise, Lumière qui lui confère toute sa sérénité, sa paix intérieure et profonde, la quiétude que lui a valu l’Initiation. Lorsque l'Initié sera devenu un véritable Adepte de l’Art Royal, c'est-à-dire lorsqu'il sera parvenu à la sérénité, alors seulement il pourra goûter et apprécier la douceur de ce breuvage. Celui-ci pourrait alors être comparable à une boisson divine qui confère l’immortalité.

    Même si ces trois phases rappellent les trois voyages qui viennent d’être effectués ou évoquent aussi les trois degrés fondamentaux de l'Initiation, le symbole lié à cette boisson est contenu dans la coupe.

    Tout « Cherchant » dans la voie initiatique doit vider la coupe d’amertume jusqu’au bout, jusqu’à la lie, comme le précise notre rituel, car tout être authentique est confronté, au fur et à mesure de la progression de sa quête, aux plus dures épreuves. L’absorption préalable du breuvage chargé d’amertume est la meilleure manière de s’y préparer par la connaissance. La coupe est symbole de transition entre le monde profane, d’où vient le Récipiendaire, et le monde des aspirations spirituelles.

    Comme dans les rites compagnonniques, la coupe d’amertume rappelle étrangement par son goût désagréable la boisson aigre qui fut offerte au Christ au jardin des Oliviers ! Jésus prie pour que ce calice, symbole des souffrances de la Passion, lui soit épargné, mais se résigne à ce que la volonté de Dieu soit faite plutôt que la sienne.

     

    Symbolisme de l’épreuve de la coupe d’amertume

    La signification de cette épreuve gestuelle est liée aux difficultés de la voie initiatique. En effet, le Vénérable Maître, qui sollicite le candidat à vider la coupe jusqu'à la lie, précise que ce breuvage, par son amertume, est l’emblème des épreuves inséparables de la vie. La résignation peut en adoucir les effets mais le courage seul peut l’aider à les vaincre.

    Boire à la coupe, c’est s’engager fermement sur le chemin de la connaissance de soi. Boire la coupe jusqu'à la lie, c’est consentir à persévérer jusqu'au bout quelle que soit la nature des épreuves à traverser, et s’engager à triompher de ses ténèbres intérieures.

     

    Conclusion provisoire

    Tout cherchant dans la voie initiatique doit vider la coupe d’amertume jusqu'au bout, jusqu'à la lie, car tout être authentique est confronté, au fur et à mesure de la progression de sa quête, aux plus dures épreuves.

    L’absorption préalable du breuvage chargé d’amertume est la meilleure des manières de s’y préparer par la connaissance, tout comme Mithridate qui s’immunisa contre le poison.

    La coupe est symbole de transition entre le monde profane, d’où vient le Récipiendaire, et le monde des aspirations spirituelles.

    La coupe étant vide, l’épreuve étant achevée, la Loge est à présent prête à satisfaire les vœux du candidat et à récompenser sa persévérance pour autant que ce dernier consente à prendre l’engagement solennel que la Franc-maçonnerie impose à ses membres. Et c’est généralement ce qui se produit !

    R :. F :. A. B.

    Bibliographie

     

    Darche Claude - Vade-mecum de l’Apprenti

    Editions Dervy, Paris, 2006

     

    Doré André - De la maçonnerie opérative au Grand Orient de France

    Essai sur les origines des grades et rituels symboliques

    In "Bulletin du Grand Collège des Rites" n° 92

    Septembre 1979 – Pages 121 à 149

     

    Ferré Jean - Dictionnaire symbolique et pratique de la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1994

     

    Lhomme Jean, Maisondieu Edouard, Tomaso Jacob

    Ésotérisme et spiritualité maçonniques

    Editions Dervy, Paris, 2002

     

    Mainguy Irène - La symbolique maçonnique du troisième millénaire

    Editions Dervy, Paris, 2006

     

    Reyor Jean - Sur la route des Maîtres maçons

    Editions Traditionnelles, 1989

     


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