• La place des métaux en Franc-maçonnerie

    Les métaux nécessaires

    Si le rituel nous invite à « laisser nos métaux à la porte du Temple », il faut cependant constater que certains objets en métal ont leur place dans le rituel à divers moments des Tenues et cérémonies : je songe aux épées que nous utilisons au cours de la cérémonie d’initiation, au glaive du Frère expert, celle du Frère Couvreur et celles des deux Surveillants, à l'Épée flamboyante du Vénérable Maître, aux bijoux mobiles que revêtent tous les Officiers Dignitaires.

     

    Les épées, les glaives, les bijoux

    Pendant le premier voyage, les Frères font un grand vacarme avec leurs épées.

    L’épée est le symbole du guerrier. Elle est l’arme par excellence. Sa puissance est positive ou négative, selon qu’elle est le moyen de protéger l’innocent contre la malfaisance ou qu’elle est une fin en soi.

    Après avoir vécu les voyages et éprouvé les éléments, le bandeau tombe et le Néophyte voit ses Frères, debout et à l’ordre, pointer sur lui leurs épées, signifiant ainsi qu’ils lui offrent leurs forces, qu’ils voleront à son secours en cas de danger mais qu'en cas de parjure ils sont aussi prêts à exécrer son nom.

    Au cours de la cérémonie d’Initiation, le Vénérable Maître pose l'Épée flamboyante sur l’épaule du Récipiendaire puis frappe la base de l’épée avec son maillet, créant, recevant et consacrant le Néophyte Apprenti-maçon.

    Il existe plusieurs sortes de bijoux maçonniques. Seuls les bijoux mobiles sont en métal. Il s’agit des attributs distinctifs portés en sautoir par les Officiers Dignitaires d'une loge pendant une certaine période. Ce sont notamment l'Équerre, le Niveau et la Perpendiculaire qui ornent les sautoirs du Vénérable Maître et des deux Surveillants. La forme de ces bijoux maçonniques varie suivant la fonction et le grade de ceux qui les portent sur le sautoir.

    « Si l'on voulait accorder le métal des bijoux mobiles avec le symbolisme planétaire, nous dit Jules Boucher, l’Équerre du Vénérable Maître devrait être en étain (Jupiter), le Niveau du Premier Surveillant en acier (Mars) et la Perpendiculaire du Second Surveillant en cuivre (Vénus) ». D'une façon générale, ces bijoux sont cependant en cuivre doré !

     

    Le Tronc de Bienfaisance

    L’appartenance à notre Ordre n’est nullement un privilège réservé aux riches. Quiconque jouit d’une modeste aisance peut devenir Franc-maçon sans léser sa famille. Mais l’appartenance à une Loge implique quelques sacrifices financiers.

    Sont-ce réellement des sacrifices dès qu’on se sent bien intégré dans sa Loge ?

    Une cotisation est en effet exigée. Elle est destinée à faire face aux dépenses matérielles occasionnées par la pratique de la Maçonnerie : loyer des locaux occupés, charges diverses et frais occasionnés par l’organisation des Tenues.

    J’ai relevé dans un rituel que : « Courage, savoir, vertu ne sont que de vains mots sans la charité ».

    Avant la Fermeture des Travaux, le Vénérable maître invite notre Frère Hospitalier à faire circuler « le Tronc de la Veuve », que l’on nomme aussi dans d’autres rites « Le Tronc de Bienfaisance » ou « Le Tronc de Solidarité ».

     * La place des métaux en Franc-maçonnerie

    Il s’agit d’une collecte dont le montant, inscrit dans le Tracé de la Tenue, peut servir à tout Frère qui en ferait la demande immédiatement (Au Rite Écossais Ancien Accepté : « Quelqu'un réclame-t-il le tronc de la Veuve ? ») ou à toute action de bienfaisance décidée par la Commission des Officiers Dignitaires.

    Il est donc important de posséder un minimum « de métaux » afin que nous puissions effectivement œuvrer dans l’intérêt de tous, venir en aide matérielle à ceux qui en ont besoin et nous montrer suffisamment charitables sans pour autant nuire à la stabilité financière de notre ménage. Chacun fait donc un don volontaire qu’il proportionne à ses moyens et dont la valeur reste cachée.

    C’est avec tact et discrétion que nous devons aider nos Frères. Ils ont tous droit à notre protection, à notre aide. La bienfaisance doit s’accomplir comme un devoir de solidarité mais sans jamais fournir de prétexte à des actes de vanité ou d’ostentation qui seraient sources d’orgueil pour celui qui donne et d’humiliation pour celui qui reçoit.

    Il me semble que celui qui refuserait de secourir son semblable s’exclurait lui-même de la communion des Initiés par ce seul fait. Tous nous pouvons être utiles les uns aux autres et chacun a besoin de tous.

    Pour conclure, je citerai une dernière fois Oswald Wirth : « La bienfaisance est de pure justice car ceux qui manquent du nécessaire sont les créanciers de ceux qui jouissent du superflu ».

    R:. F:. A. B.


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  •  Le Tarot et son symbolisme – Le Tarot et la Franc-maçonnerie 

     Les couleurs du Tarot et leur symbolisme 

    Introduction

    Voici une planche sans doute plus originale que la plupart de celles que l’on écoute habituellement dans nos Loges ! Le Tarot n’est en effet pas un sujet que l’on y aborde fréquemment !

    Le Tarot semble être apparu dans nos régions au 15ème siècle. L'arrivée du papier à cette époque fut certainement le déclencheur de l'apparition de ce système, mêlant les 22 lettres de l'alphabet hébraïque à des symboles.

    Qu’est-ce que le Tarot ? D’où vient-il et que nous a-t-il apporté dans notre Ordre ?

    Pourquoi parler du Tarot dans le cadre de la Franc-maçonnerie de Tradition, régulière et universelle ?

    Pourquoi évoquer les couleurs du Tarot ? Nous apporteraient-elles des aspects symboliques particuliers ?

    Telles sont les questions auxquelles je vais tenter d’apporter quelques éléments de réponses par le biais d’une importante recherche car ce sujet, dont j’ignorais tout, m’interpelle vraiment.

     

    Qu’est-ce que le Tarot ?

    En fait, il existe plusieurs sortes de tarots : ceux qui servent à jouer aux cartes et qui sont les plus connus, puis ceux qui servent à tirer les cartes. Mais le plus connu de tous est le Tarot dit « de Marseille », dérivé du jeu de Tarots de Charles VI, qui présente une série de figures allégoriques.

    Le Tarot de Marseille est un ensemble de cartes à l'origine du Tarot moderne, aux motifs anciens médiévaux. Il comprend soixante-dix-huit cartes, plus longues que les cartes ordinaires et comportant des figures différentes, servant le plus souvent au jeu et à la cartomancie.

    Lorsqu’on se livre à l’interprétation d’un tirage de cartes, les 22 arcanes majeurs vont traiter des évènements importants tandis que les 56 arcanes mineurs vont fournir les informations complémentaires.

    La forme des cartes, leur nombre, leur disposition est comparable à celle de nos jeux et par conséquent le Tarot peut être considéré comme l’ancêtre de tous les jeux de cartes modernes qui, eux, ne comportent que 52 cartes.

    Cependant, ce n’est pas sur cet aspect du Tarot que j’ai focalisé mes recherches mais sur son symbolisme en général et sur celui de ses couleurs en particulier. Mais tout d’abord : d’où provient le Tarot ?

     

    Les origines du Tarot

    La véritable origine du Tarot ne semble pas connue : il pourrait provenir de Chine, d’Inde ou même d’Egypte. Mais les Chinois ont toujours considéré que leur Tarot était très ancien et qu’il remonterait aux premiers âges de leur empire. Cependant le Tarot pourrait être l’œuvre d’Hermès Trismégiste, légendaire fondateur de la science égyptienne.

    22 gravures auraient été transmises par le dieu Thot, messager des dieux auprès des Hommes. Il s’agit d’un mythe qui remonterait au temps des Pharaons. Moïse, qui avait été recueilli par les Égyptiens, et considéré comme le frère de Pharaon, a été élevé dans l’enseignement des prêtres et aurait pris connaissance de ces tableaux. Lors de la fuite des Juifs hors d’Égypte, Moïse aurait transmis sa connaissance à son peuple par un alphabet constitué de 22 lettres. Cette connaissance porte le nom de kabbale où chaque lettre a un équivalent numérique.

    Certains chercheurs sont convaincus d’un héritage antique (égyptien, chinois, indien, judaïque, grec, romain, etc.) qui, en fin de compte, se serait matérialisé, sous une forme christianisée, dans les sujets allégoriques du Tarot. D’aucun souligneront plus particulièrement l’aspect alchimique tandis que d’autres préfèreront mettre en relief les apports platoniciens et pythagoriciens, apparus dans le néoplatonisme médicéen dans la seconde moitié du 15ème siècle.

    Le néoplatonisme médicéen est un mouvement philosophique et artistique local à la Toscane, qui regroupe penseurs d'une part, et artistes florentins d'autre part. Tous bénéficièrent de l'appui de la famille régnante des Médicis.

    Les uns travaillaient les concepts du Beau et du Sublime à partir des écrits grecs, et plus généralement redécouvraient les ouvrages et la pensée d'Aristote, de Platon, et du legs gréco-romain, faisant évoluer les visions du monde issues de la chrétienté médiévale.

    Les autres illustraient, par des représentations artistiques, les travaux de l'école philosophique de la Nouvelle Académie des Arts de Florence.

    Quoi qu’il en soit, le Tarot a bien une origine très ancienne et s’est largement répandu sur plusieurs continents. Considérons qu’il est le résultat d’une création collective dans laquelle le peuple juif semble avoir joué un rôle très important, dont la transmission de ses textes sacrés et du Tarot qui en ferait partie. Il est en effet considéré comme une transcription simplifiée de la Cabbale ou tradition juive.

    La Kabbale (Qabalah « réception » - קבלה en hébreu), parfois écrit Cabbale, est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » (la Torah). On peut aussi définir la Kabbale comme étant la dimension interne de la Torah, correspondant à la connaissance secrète des quatre niveaux de l'intérieur de la Torah.

    Selon ses adhérents, la compréhension intime et la maîtrise de la Kabbale rapprochent spirituellement l'homme de Dieu, ce qui confère à l'homme un plus grand discernement sur l'œuvre de la Création par Dieu. Outre des prophéties messianiques, la Kabbale peut ainsi se définir comme un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'homme et l'univers, prenant racine dans les traditions ésotériques du judaïsme. Cependant, cette définition académique ne rend pas bien compte de l'universalité de la Kabbale et de la richesse des thèmes qu'elle aborde.

     

    Les influences sur le Tarot

    Les figures du Tarot combinent des influences pythagoriciennes, kabbalistiques, des traces de l'occultisme, de la Gnose, des Mystères et autres savoirs antiques, tels qu'ils ont pu survivre en Orient et en Occident après leur éradication par l'Eglise, qui les avait taxés d'hérésie.

    L’occultisme désigne, en histoire, un ensemble de courants spirituels et mystiques préoccupés par les forces mystérieuses du cosmos et de l'homme. L'astrologie qui parle des influences astrales, le néo-occultisme qui traite avec Papus des « facultés occultes de l'Homme » et des « forces invisibles de la Nature », en font partie. Le terme « occultisme » désigne aussi, en philosophie, le corps de doctrines et de pratiques propres aux adeptes de ce mouvement, par exemple la radiesthésie, les tables tournantes, les cartomanciennes.

    De façon très générale la Gnose désigne un concept philosophico-religieux dans lequel le Salut de l'âme (ou sa libération du monde matériel) passe par une connaissance (expérience ou révélation) directe de la divinité, et donc par une connaissance de soi.

    Les cultes à Mystères, aussi appelés cultes initiatiques ou cultes orientaux, sont des cultes apparus avant l'ère chrétienne dans le monde gréco-romain.

    Les cultes à Mystères prennent naissance avec Orphée, prêtre légendaire d'Apollon, surnommé « le père des Mystères », qui a mis en place le principe de ces cultes.

    Les cultes à Mystères se différencient des cultes officiels notamment du fait que les participants subissent des initiations successives, apprenant à chaque fois quelque chose de plus sur les secrets de la divinité. Ils progressent dans des grades montrant leur niveau d'initiation.

    Ces cultes apportent, contrairement aux cultes traditionnels, un espoir plus encourageant pour l'après-vie.

    Aucun jeu de Tarot complet n'a été conservé depuis l'époque humaniste. Cependant, il a été démontré qu'à cette époque, des peintres, comme Botticelli, utilisaient les formes du Tarot pour construire leurs compositions. Dans les mêmes années, Jérôme Bosch peignit deux représentations du « Mat ». Cela signifie que les formes du Tarot étaient déjà présentes à cette époque, soit de très nombreuses années avant le plus ancien jeu actuellement connu et conservé.

     

    * Le tarot et le symbolisme de ses couleurs

    Le Mat ou le Fol ou le Fou

    Le Mat ou Le Fou ou Le Fol est une des seules cartes sans numéro dans la plupart des variantes du Tarot dit de Marseille ; habituellement classé comme faisant partie de la série des atouts, il est le seul atout non numéroté.

    L'interprétation la plus courante en fait un fou, un errant, une carte de vagabondage et de détresse. Mais certains occultistes y voient tout au contraire l'accès à un monde hors du monde, une renaissance, voire même le symbole de l'initié authentique, ayant accès à un monde inaccessible au commun.

    Celui ou ceux qui ont bâti le Tarot de Marseille ont bien caché leur jeu. Et les maîtres, peintres initiés à ces formes, ont également bien scellé leurs intentions.

    Le Tarot a pu arriver en Europe par de nombreuses routes. Sa première apparition date du Moyen Age. En France, Marseille est devenue l'un des plus grands centres d'édition de jeux de cartes.

     

    Aperçu global du Tarot

    Le Tarot kabbalistique, tout comme le Tarot de Marseille, les Tarots bohémien ou égyptien, sont composés de 78 cartes ou « lames », réparties en deux groupes : un jeu de 22 atouts ou arcanes majeurs et un jeu de 56 arcanes mineurs répartis en quatre groupes : les Bâtons, les Coupes, les Deniers et les Epées.

    Chaque groupe compte 14 cartes : dix cartes de points (de l’As au Dix) et quatre figures (le Roi, la Dame, le Cavalier et le Valet).

    • Les Bâtons, devenus les Trèfles de nos jeux modernes, symbolisent le Feu.
    • Les Coupes, devenues les Cœurs, symbolisent l’Eau.  
    • Les Deniers, devenus les Carreaux, symbolisent la Terre.
    • Les Epées enfin, devenues les Piques, symbolisent l’Air…

    Le jeu des 56 arcanes mineurs comporte quatre familles que l'on peut découper comme suit : quatre mondes ou quatre couleurs, tout comme le Feu, l'Air, l'Eau et la Terre, les quatre éléments séparés, mais qui peuvent se combiner, se pénétrer, s'interpréter.

    Les arcanes mineurs se réfèrent donc aux quatre éléments, aux quatre composantes fondamentales de la vie et au quaternaire du monde manifesté.

    Les arcanes majeures parcourent les 22 sentiers de l'Arbre de Vie et relient entre elles les dix Sefirot de l'Arbre. Le Tarot ainsi que les lettres hébraïques codent l’homme et l’univers avec d’infinis secrets non encore partiellement résolus à ce jour.

    L’Arbre de Vie est l’un des symboles les plus connus de la Géométrie Sacrée. La structure de l’Arbre de Vie est liée aux enseignements sacrés de la Kabbale juive, mais on la retrouve dans l’ancienne Egypte, 3 000 ans plus tôt. L’Arbre de Vie dans la Kabbale, représente symboliquement les Lois de l'Univers. Il peut aussi être vu comme le symbole de la Création tant du Macrocosme (L'Univers) que du Microcosme (L'Être Humain).

    Les Arbres de Vie gravés, peints, brodés, imprimés ou sculptés existent depuis le début de l'Histoire. Ils semblent symboliser la force de la vie et ses origines, l'importance des racines et le développement de la Vie. Ils sont parfois associés à des personnages et/ou à des animaux (oiseaux, mammifères). L'arbre de la connaissance, le chandelier à 7 branches pourraient en être des variantes selon certaines interprétations.

    Les dix sefirot (Sephiroth) sont les dix nombres primordiaux.  Le terme est dérivé de la racine hébraïque SFR signifiant compter (numération – numérologie).  Le terme sefirot signifie qu'il ne s'agit pas de nombres ordinaires mais de « nombres principes » identifiés comme étant les dix dimensions infinies du cosmos, à savoir les six dimensions de l'espace, les deux du temps et celles du bien et du mal.

    Les sefirot servent à décrire la naissance du monde.  La première sefira est le pneuma divin. De celui-ci sort la seconde sefira, l'air…  De l'air sont issus l'eau et le feu.  Les 6 dernières sefirot représentent les six directions dans l'espace.  Elles sont scellées au moyen de 6 permutations du grand nom de dieu YHWH.

    Le Sefer Yetsirah nous apprend que « le réel » est constitué par la combinaison des 22 lettres hébraïques, générant les 231 combinaisons binaires, à l'origine de la création du monde.

    Ainsi, jeu de cartes des plus anciens, le Tarot met en œuvre un monde de symboles. Et comme dans le nom même du Tarot, il reste toujours, dans ses images, quelque chose qui nous échappe.

    Le Tarot divinatoire comporte lui aussi un ensemble de 78 cartes qui peuvent être utilisées à des fins prédictives. Mais, étant donné le vaste champ de connaissances ésotériques que revêt le Tarot, Je me limite simplement à signaler que les lames majeures apportent en quelque sorte un « verdict » tandis que les lames mineures portent d’indispensables nuances mais ne laissent aucun problème en suspens, qu’il soit d’ordre affectif, matériel, intellectuel ou vital.

    S’il y a vingt-deux arcanes majeurs dans le Tarot, il y a aussi vingt-deux lettres hébraïques dans la Kabbale !  Dès lors, le Tarot peut être considéré comme un aide-mémoire populaire des principaux enseignements de la Kabbale

    Les arcanes majeurs ont une valeur initiatique importante. Images étranges, ces 22 arcanes majeures portent chacune un nom, un nombre et une lettre de l’alphabet hébreux. Les personnages de chaque lame sont fixés dans des attitudes bien définies. Tout geste, tout objet, toute couleur sont autant de détails importants à mettre en correspondance avec la mythologie, l’astrologie et les opérations alchimiques. Chacune des lettres hébraïques attribuées à chaque carte représente une idée, une étape de la création et de l’organisation de l’univers. Tout ceci est fondamental !

    Le Tarot est un véritable livre d’enseignement par l’image. Il est à l’image de l’Homme, à l’image du Monde.

     

    Considérations sur le symbolisme du Tarot

    Projection de l'inconscient collectif, le Tarot s’appuie sur :

    1.  le symbolisme de l'espace 

    Un personnage vu de face ou assis exprime une action statique (la Justice) ; tourné vers la gauche, il a un rôle actif ou matériel (par exemple l'Empereur) ; vers la droite, il traduit le retour sur soi dans la spiritualité ou la méditation ; debout, il est dynamique ou actif.

    2.  le symbolisme corporel :

    La tête = la pensée ; le cou = l'importance de l'affectivité ; le buste = l'affectivité ; l'abdomen = l'instinctivité ; les cheveux = la force instinctive féminine ; la barbe = la virilité. Les membres (mains, pieds, bras) ont une signification conforme au symbolisme spatial.

    3.  le symbolisme des vêtements:

    Un collier = la dépendance ; la ceinture = domination des instincts ; les coiffures = soumission à une autorité matérielle ou spirituelle.

    4.  le symbolisme des couleurs :

    blanc = la lumière ou la sagesse divine ; noir = les ténèbres ; rouge = feu ou amour divin ; jaune = la révélation ; bleu = la vie ; vert = manifestation de la Sagesse et de la bonté divine dans l’acte.

    5.  le symbolisme des nombres.

     

    Les liens entre la Franc-maçonnerie et le Tarot

    Les origines du Tarot, comme celles de la Franc-maçonnerie, se trouvent  dans le champ des mythes à l’aurore de notre civilisation ; leur évolution participe en tout cas de ce que l’on appelle « la Tradition ».

    La renaissance des Tarots comme instrument magique est intervenue à la fin du 18ème, en pleine période des Lumières. C’est un Franc-maçon, Antoine Court de Gébélin, archéologue célèbre à l’époque, qui redécouvrit et fit connaître le sens profond des arcanes du Tarot. Il le présente dans le neuvième volume de son « Monde primitif ». D’autres Frères après lui se sont penchés sur le Tarot, comme Oswald Wirth, auteur du « Tarot des Imagiers du Moyen Age ».

    Antoine Court de Gébélin nous a laissé le message suivant : « Si nous annoncions, aujourd’hui, qu’existe une œuvre qui contient la doctrine la plus pure des Égyptiens qui aurait échappé aux flammes de leurs bibliothèques, qui ne serait impatient de connaître un livre aussi précieux et extraordinaire ? Et bien ce livre existe et ses pages sont les figures des Tarots ! ».

    Pour justifier ses affirmations, Antoine Court de Gébélin a expliqué que le mot « Tarot » vient de l’égyptien Ta-Rosch qui signifie « Science de Mercure » (Hermès pour les Grecs, Thot pour les Égyptiens). Puis, aidé par un collaborateur inconnu, il a indiqué les nombreuses propriétés magiques du Livre à peine redécouvert.

    Ces théories ont ensuite été reprises par un autre Franc-maçon, Etteilla, pseudonyme de Jean-François Alliette qui a dit : « Le Tarot est un livre de l’Égypte ancienne dont les pages contiennent le secret d’une médecine universelle, de la création du monde et de la destinée de l’homme. Ses origines remontent à 2170 avant J.- C. quand dix-sept magiciens se réunirent en un conclave présidé par Hermès Trismégiste. Il fut ensuite incisé sur des plaques d’or placées autour du feu central du Temple de Memphis. Enfin, après diverses péripéties, il fut reproduit par de médiocres graveurs du Moyen Âge avec une quantité d’inexactitudes telle que son sens en fut malheureusement dénaturé ».

    Les modes d’expression du Tarot et ceux de la Franc-maçonnerie sont fondés sur l’utilisation du symbole. Le langage symbolique a l’avantage de ne pas imposer un sens de lecture mais de laisser libre champ aux appréciations. Tarot et Franc-maçonnerie véhiculent une même pensée traditionnelle et participent également à l’évolution de l’esprit de l’humanité dont ils sont parmi les éléments moteurs.

    Le Tarot de Marseille est un ensemble de cartes aux motifs anciens et naïfs appartenant à la catégorie des tarots divinatoires. Le Tarot maçonnique reprend de nombreux symboles du Tarot de Marseille, ainsi que sa structure avec 22 arcanes majeurs et 4 x 14 arcanes mineurs, soit 78 cartes en tout. Le Tarot symbolique maçonnique intègre les symboles du Tarot « Traditionnel » et ceux de la Franc-maçonnerie, ce qui en fait un Tarot à part entière.

    Le Tarot des Francs-maçons, inspiré de la version du Tarot de Marseille créé par Oswald Wirth, contient tous les symboles kabbalistiques, hermétiques et maçonniques. Pour celui et celle qui sait en déchiffrer tout l'encodage, cet outil renferme bien des secrets remontant au début des temps.

    La géométrie du Nombre d'Or existait seulement dans de vieux Tarots de Marseille. Elle y était codée dans presque toutes les cartes. De plus, les angles utilisés étaient différents dans chacune d'elles et les constructions géométriques étaient en rapport étroit avec les symboles des cartes. Cela tend à prouver que cette géométrie ainsi que la véritable connaissance ésotérique existaient dès l'origine du Tarot !

    Après avoir évoqué les origines du Tarot, sa composition et ses liens avec la Franc-maçonnerie, j’en viens à présent à l’objet principal de cette recherche : quelles sont les couleurs présentes dans le jeu du Tarot et que peuvent-elles nous apporter sur le plan symbolique ?

    * Le Tarot et le symbolisme de ses couleurs

     Les 22 arcanes majeurs du Tarot de Marseille

     

    Quelles couleurs sont présentes dans le Tarot ?

    En examinant attentivement l’ensemble des cartes du Tarot de Marseille on trouve en effet 7 couleurs dominantes :

    1. Le bleu, symbolise l’âme, la voûte céleste, Mercure…
    2. Le rouge, couleur de l'action, est le symbole du principe de vie.
    3. Le jaune, couleur des Dieux, est devenu sur Terre l'attribut de la puissance des Rois.
    4. Le vert est la couleur du règne végétal.
    5. Le blanc est généralement considéré comme la couleur de la révélation, de la grâce, de la transfiguration.
    6. Le noir, couleur du deuil en Occident, est à l'origine le symbole de la fécondité, la couleur de la terre fertile et des nuages gonflés de pluie.
    7. La couleur chair a toute son importance car l'humanité est chair et le divin est esprit.

    Au début de l'ère chrétienne, les couleurs considérées comme principales sont le rouge, le blanc et le noir. Le rouge rappelle la couleur impériale des empereurs romains. Il est le symbole du pouvoir absolu sur la matière. Il faudra attendre le 12ème siècle pour voir une nouvelle couleur immerger : le bleu. C'est le culte marial qui va lui donner toute sa noblesse. Il va devenir la couleur de la spiritualité, de la pureté intérieure et aussi, la couleur des rois de France.

    Dans le Tarot, le bleu vient s'opposer au rouge pour créer une dualité symbolique :

    • le rouge, qui est la couleur du plan matériel, du désir, du pouvoir temporel ;           
    • le bleu, qui est la couleur du plan spirituel, de l'aspiration, du pouvoir intemporel.

    Devant ce nouveau couple de couleurs, le blanc perd sa définition de pureté. Il restera la couleur virginale, mais pour les médiévistes, c'est le jaune, la couleur de la lumière qui possède en elle-même toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, qui sera la couleur du divin. Le blanc disparaît au bénéfice du jaune pour devenir également la couleur de la sainteté.

    Le jaune, c’est la couleur du plan divin, de la sagesse universelle, du pouvoir de la Sophia.

    La Sophia, c'est connaître la Vérité totale et, par voie de conséquence, vouloir le Bien et aimer la Beauté ; et cela conformément à cette Vérité, donc en pleine connaissance de cause. La Sophia doctrinale traite du Principe divin d'une part et de sa Manifestation universelle d'autre part : donc de Dieu, du monde et de l'âme, en distinguant dans la Manifestation entre le macrocosme et le microcosme ; ce qui implique que Dieu comporte en lui-même - extrinsèquement tout au moins - des degrés et des modes, c'est-à-dire qu'il tend à se limiter en vue de sa Manifestation.

    Ainsi le Tarot raconte la bataille entre le bleu et le rouge, supervisé par le jaune.

    Analysons maintenant la couleur chair. Disons-le sans détours : c'est la couleur la plus importante du Tarot car elle personnalise la conscience humaine ! C'est elle qui doit réussir à atteindre un perfectionnement moral lui permettant de se diviniser. Elle va se retrouver écartelée entre le rouge du matériel et le bleu du spirituel. Mais d'une manière comme une autre, le rouge et le bleu vont devenir pour elle des énergies qui l'aideront à grandir.

    La couleur chair, c’est la couleur du plan humain, de la conscience, du pouvoir sur le temporel et le spirituel.

    Il existe une autre couleur : le vert. Il n'y a pas besoin d'être voyant pour savoir que le vert est la couleur des feuilles, de la nature, donc de la vie. Elle symbolise l'énergie qui anime tout ce qui compose la possibilité d'être animé et ce, quel que soit le plan considéré.

    Dans le tarot, il apparaît sombre et soutenu. Il se distingue totalement des jeunes pousses vert tendre que l'on peut trouver dans la nature. Ce vert est un vert résistant comme celui des plantes qui ont su lutter contre la nature pour rester en vie.

    Le vert, c’est la couleur de la vitalité profonde, principe directeur orientant et révélant la vie. Il représente aussi la résistance au temps et rappelle l'énergie violente de la nature. On le rencontre peu dans le jeu.

    Enfin il reste une dernière couleur : le noir qui s'opposait originellement au blanc. Le noir aspire à la lumière, mais il la révèle aussi. Il devient la couleur de la révélation de ce qui est essentiel, c'est-à-dire l'essence du ciel : l'âme. Il sera la couleur de la transmutation. Il demande d'accepter de perdre l'inutile pour accéder à ce qui est important. C'est en acceptant de mourir que l'on vient au monde ; c'est en mourant qu'on accèdera au Monde.

    Cette couleur n’est pas le symbole de la mort au sens propre mais elle peut signifier la fin d’une période difficile et le début d’une autre ère, pleine d’espoir et de surprises. Il ne faut pas oublier que la terre la plus fertile est noire.

    Contrairement à la symbolique chrétienne, le noir n'avait pas de connotation négative dans la pensée des anciens Égyptiens. Si elle est bien la couleur de la nuit et du royaume des morts, elle est avant tout le symbole de la renaissance et de la fertilité. Le noir, couleur du limon fertile apporté par la crue annuelle du Nil, est en effet fortement lié à la symbolique de la renaissance. Le limon déposé sur les berges permettait aux cultures égyptiennes de « renaître » après une saison de sécheresse où les plantes semblaient « mourir ».

    Le noir est aussi souvent considéré comme le symbole de tout ce qui est mal et de tout ce qui est faux.

     

    Que représentent les couleurs dans le Tarot ?

    L'une des premières impressions que l'on ressent en observant un Tarot de Marseille, c’est qu’il est lié au graphisme archaïque qui date de la fin du 14e siècle et à ses couleurs vives, violentes et tranchées, voire criardes.

    D'autres Tarots existent, dont les couleurs chatoyantes ou pastel ignorent tout du symbolisme général des couleurs.

    Le Tarot est le reflet de la nature et du monde qui entoure l'homme. Ainsi se base-t-il sur les 7 couleurs fondamentales de l'univers. C'est l'une des caractéristiques intéressantes du Tarot de Marseille que de faire un appel très poussé au symbolisme des couleurs, tout en « inventant » une 7ème couleur, symbolique, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs : la couleur chair humaine.

    Les couleurs sont importantes dans leur symbolisme et ne peuvent être ignorées même si on ne peut pas s'arrêter seulement à leur interprétation pure.

    Les couleurs sont fortes de sens et elles agissent sur le corps et sur l'ensemble de la lame. Elles ne peuvent pas être prises isolément dans l'interprétation de l'arcane mais sont néanmoins essentielles dans sa compréhension.

    Pour interpréter et comprendre les couleurs du Tarot de Marseille, il ne faut pas partir dans des considérations théoriques mais garder présent à l'esprit que le Tarot est un guide pratique de vie.

    C'est donc par l'observation quotidienne de la nature que doit passer, entre autres, l'interprétation symbolique des couleurs.

    Chaque couleur présente dans le Tarot n'est pas due au hasard. En effet chacune possède une vibration propre ainsi que son propre symbole.

    Comment interpréter le symbolisme du Tarot par rapport aux couleurs des arcanes ? Prenons un exemple : le fait que l'Hermite possède une robe bleue à l'extérieur et rouge à l'intérieur n'est pas anodin. Chaque objet dans le Tarot de Marseille possède la couleur qui lui convient afin de faire passer un certain message par l'assemblage de symboles...

    On peut constater qu'il y a des comparaisons positives à faire avec les couleurs de l'héraldique. Le symbolisme des choses n'est pas le fait d'un hypothétique hasard qui d'ailleurs n'existe pas. Il y a une unité constante dans l'univers qui nous entoure. 

    * Le Tarot et le symbolisme de ses couleurs

    Examinons à présent le symbolisme de chacune des couleurs présentes dans le Tarot.

    La couleur bleue dans le Tarot

    Le bleu du Tarot est très intense, presque bleu foncé tout en restant vif. C'est la couleur des ciels du petit matin, au moment où la grande lumière commence à paraître. C’est la couleur des fins d'après-midi, quand les premières étoiles ont paru, et que l'on prend conscience de la profondeur du ciel. C’est encore celle de l'océan et des grands lacs.

    Or l'air, comme l'eau, n'a pas de couleur propre. Cette couleur, ils ne l'acquièrent que par l'accumulation d'une infinité de transparences extérieures à l'homme.

    Pour « être », le bleu doit donc rester à l'extérieur. Ses mouvements sont imperceptibles, comme ceux de l'eau ou de l'air, aussi légers que ceux du sang sont puissants.

    Indépendamment des vêtements, on le trouve à des endroits qui peuvent paraître surprenants : des cheveux bleus, un cheval bleu, des plantes bleues, des étoiles bleues…

    Cette couleur a pour particularité que plus la fragmentation en est importante plus le bleu devient transparent. Par exemple, la mer dont l'eau est bleue devient transparente quand on la met dans une bouteille.

    La couleur bleue parle de réceptivité et, à ce titre, est féminine. Elle symbolise la passivité de la sensation et de la perception.

    La couleur rouge dans le Tarot

    Lorsque l’on évoque la couleur rouge, elle fait bien sûr tout de suite penser au feu, mais surtout au sang, au sang artériel chargé d'oxygène, porteur de vie.

    Le sang est chaud, fluide, violent, rythmé, indispensable à la vie. Pour assurer son rôle, il doit rester à l'intérieur du corps : dès qu'il s'en échappe par une blessure, il vire au brun, coagule, noircit et refroidit. La place naturelle du rouge est donc « à l'intérieur ».

    Il est intéressant de voir comment le Tarot l'utilise pour habiller les personnages, et notamment de noter quelle est sa position par rapport à son complément qui est le bleu.

    Est-il dessus, dessous, en quelle proportion visuelle par rapport à lui ?

    Si nous observons par exemple le rapport de ces deux couleurs dans les arcanes représentant le Pape et la Papesse, nous pouvons considérer que le rouge est une couleur chaude. C’est la couleur de l'amour désintéressé mais aussi la couleur de la passion. Mêlée au noir, elle symbolise l'amour égoïste.

    La couleur rouge parle d'activité et, à ce titre, est masculine. Elle symbolise ce qui croît, grandit, pousse.

    La couleur rouge, c'est celle du sang, mais ne serait-ce pas aussi le symbole de la vie qui bout et qui attise les passions ?

    La couleur jaune dans le Tarot

    Qu'est-ce qui est jaune dans le monde qui nous entoure ? Cette couleur rappelle la couleur de l'or, celle du miel, de certains fruits mûrs, celle du soleil, des ajoncs, celle de certaines fleurs comme le mimosa.

    Cette couleur doit être associée à l'idée de maturité, d'une maturité liée à un travail, à un processus par lequel une chose atteint un autre stade : le travail de l'abeille pour le miel ; le travail de l'homme pour polir l'or ; le travail du temps ; un fruit qui mûrit grâce à l'action du soleil. Cette maturité, associée à un travail, évoque l'idée de métamorphose pour rendre une chose utilisable ou consommable par l'homme.

    Si nous observons la coiffe du Mat, les bras du Bateleur, le sol, la balance et l'épée de la Justice, nous pourrions dire que le jaune est la couleur du soleil et du divin, mais aussi de l'or qui sert à adorer le Créateur.

    La couleur jaune parle de rayonnement, d'énergie humaine. C’est une couleur gaie et tonifiante.

    La couleur verte dans le Tarot

    La couleur verte parle de fertilité, d'une promesse de production. Cependant, le vert du Tarot est sombre et relativement peu utilisé. Ce n'est pas le vert tendre des jeunes pousses, mais celui des feuilles vernissées des plantes à feuilles persistantes et des conifères. C'est la vie végétale forte qui s'économise et s'impose dans le temps, sans subir l'éclipse des saisons.

    Au printemps tout refleurit et la nature reverdit. Le vert est une couleur équilibrante, un mélange de bleu et de jaune.

    Si vous êtes éblouis par le soleil, regardez les arbres. Leur feuillage vert vous apaisera les yeux. De plus, le vert est la couleur de l'émeraude dont le rayon est, parait-il, source de Vie ou de Mort. Ne prétend-on pas que le Graal aurait été taillé dans une émeraude ?

    La couleur chair dans le Tarot

    La couleur chair, c'est la grande originalité du Tarot de Marseille, la couleur de la peau humaine qui ne se trouve nulle part ailleurs investie de ce rôle spécifique, pas même dans d'autres versions du Tarot.

    C'est bien sûr la couleur de la peau des personnages, mais aussi celle de nombreux objets qui sont ainsi clairement présentés comme des prolongements de l'homme, et ne doivent être pris en considération que sous cette condition.

    C'est par exemple le cas de la table devant le Bateleur, ou de la tour frappée par la foudre de la Maison Dieu.

    Cette couleur est particulière au Tarot. Elle n'a rien à voir avec la couleur de peau telle qu'on peut la voir dans la vie, mais ressemble un peu à de la cire. Elle symbolise le côté matériel des choses, la matière elle-même aussi.

    Cette couleur n'est pas éclatante, elle est même un peu blafarde. C'est la couleur de la peau ; elle symbolise l'humain, l'homme.

    La couleur chair parle d'incarnation, de matière, de l'élément terre, de la
    réalité des corps et de la vie concrète.

    La couleur noire dans le Tarot

    Le noir, c'est la couleur de ce qui est caché mais qui est riche comme la terre noire et fertile par exemple. C'est une couleur fertile, elle aspire à la lumière et elle révèle la lumière. Tout peut sortir d'elle. C'est la couleur de la révélation de l'âme.

    C'est une couleur qui demande de se dépouiller du superflu et de ne garder que l'essentiel. C'est en même temps la couleur du mystère des choses non encore révélées, de l'inconnu, de ce que l'on ne peut pas voir. Pour percer ses secrets, il faut du courage et de l'action.

    On ne trouve la couleur noire que dans trois cartes. C'est la couleur de ce qui est enfoui dans la terre : la terre noire fertile, le charbon qui alimente le feu ; la couleur de l'Alchimie, « Al Khemia », terre noire égyptienne ; la couleur du monde chtonien ; la couleur qui règne dans la caverne, si l'on n'y apporte pas sa propre lampe.

    C'est la couleur pleine de promesses pour ceux qui auront le courage d'aller y chercher les richesses cachées : la terre la plus fertile est noire ; la nature fait pousser ses meilleurs blés dans une terre noire riche et fertile ; le charbon le plus noir peut se transformer en pur diamant.

    Même si le noir est un symbole de mort, c'est aussi un espoir de renaissance. Le noir symbolise l'épreuve, c'est-à-dire la mort initiatique qui, une fois passée, amène de nouveau à la lumière. La couleur noire parle de pourriture, autrement dit de ce qui est en cours d'autodestruction, mais qui constitue aussi l'humus, l'engrais nécessaire au prochain renouveau.

    Couleur qui règne dans un endroit où la lumière n’a pas encore pénétré, le noir c’est aussi la couleur de la nuit, de la mort et du deuil, des cavernes et des ténèbres, des terreurs nocturnes, des cauchemars. Le noir nous introduit dans le ventre du monde, creuset où s’opère la mort symbolique de l’Œuvre au Noir. La couleur noire nous suggère de faire le deuil de nos désirs et d’intégrer nos ombres.

    La couleur blanche dans le Tarot

    Le blanc, c'est en principe le signe de la pureté et de la virginité, de la délicatesse.

    La couleur blanche parle aussi d'énergie cosmique et d'intelligence de l'esprit.

    On retrouve cette couleur dans la neige immaculée encore jamais touchée, dans certaines fleurs rares et fragiles comme la fleur de lys, aussi fragile l'une que l'autre. Dans nos régions, le blanc, c'est le symbole de la pureté, éclatante, rare et délicate. Mais c'est aussi celle du papier sur lequel on va écrire : vierge, neutre.

    C'est donc la partie qui reste pure mais qui peut facilement être souillée. C'est la couleur par défaut du fond des cartes. Le blanc est difficile à interpréter.

    Le blanc, c'est, par défaut, le fond des cartes, mais il figure aussi comme couleur spécifique dans 19 des 22 arcanes majeurs, et est toujours d'une interprétation délicate.

    De même que le noir, le blanc n'est pas une couleur. En fait celui-ci les contient toutes.

     

    En guise de conclusion provisoire

    Le Tarot de Marseille est en fait un miroir de la personnalité. On peut le considérer ainsi comme un chemin initiatique car il nous apprend avant tout qui nous sommes, hors du temps. Un trait caractéristique du Tarot de Marseille est le graphisme particulier des cartes. En les regardant, on remarque de suite qu’il s’agit d’un graphisme archaïque datant de la fin du 14ème siècle. Les contours sont assez flous, les couleurs sont éclatantes, voire criardes.

    Un autre trait encore plus marquant est le symbolisme des couleurs. Pour les interpréter, il ne faut pas oublier que les Tarots sont en fait un guide pratique de la vie. Par conséquent, le symbolisme des couleurs est tiré de l’observation de la nature. Bien souvent, on considère les sept couleurs du Tarot de Marseille comme étant les couleurs de l’arc-en-ciel. Mais ceci est une erreur ! La septième couleur n’est rien d’autre que la couleur de la chair humaine. Ce qui nous confirme que le Tarot se rapporte à la vie de l’être humain.

    Il existe deux manières d'utiliser le Tarot de Marseille, et, de manière plus générale, l'ensemble des pratiques divinatoires. On parle de pratique exotérique ou ésotérique.

    La pratique exotérique est malheureusement la plus courante, mais aussi la plus prosaïque : le tirage est soumis à une interprétation pratique, qui doit pouvoir trouver une application immédiate. La pratique exotérique du Tarot de Marseille donne lieu à toutes sortes de caricatures, mais possède un pouvoir de séduction toujours renouvelé pour le public car il est rassurant de pouvoir obtenir des affirmations claire sur l'avenir et les décisions à prendre ! Le Tarot de Marseille, utilisé ainsi, doit être pris avec circonspection, et le consultant ne doit pas perdre de vue qu'il demeure un acteur de son destin, et non un spectateur.

    La pratique ésotérique du Tarot de Marseille offre un tout autre visage. Au lieu de réduire la signification du Tarot à une prédiction factuelle, elle offre au contraire un sujet de réflexion et de méditation au consultant. Bien qu'elle s'applique également à la vie du tireur, elle en donne essentiellement une lecture spirituelle, plus descriptive que prédictive. Le tirage du Tarot de Marseille devient alors un support aux implications symboliques riches et complexes... à consommer sans modération !

    Les symboles contenus dans le Tarot sont la clef de l'enseignement planétaire et sont tous d'une importance primordiale.

     

    R:. F:. A. B.

    Bibliographie

    Beauchard Jean - Tarot symbolique maçonnique

    Editions Arkhana Vox, 1999

    Ce livre retrace un double Cheminement Initiatique dans lequel sont analysés les symboles universels contenus dans le Tarot et ceux propres à la Franc-maçonnerie, lesquels interfèrent et se complètent. Cette double analyse ne peut être que profitable à celui qui désire étudier et comprendre le Tarot.

     

    von Goethe J. W. - Traité des couleurs

    Editions Triades, 1996

     

    Pastoureau Michel - Dictionnaire des couleurs de notre temps

    Editions Bonneton, Paris, 1992

     

    Portal Frédéric - Des couleurs symboliques dans l'Antiquité, le Moyen Âge et les Temps modernes

    Collection « Bibliothèque des couleurs » - Editions Pardès, 1999

     

    * Le Tarot et le symbolisme de ses couleurs

    Principaux sites consultés sur Internet :

    http://www.astrointernational.com/Tarots.aspx

    http://www.krishadar.com/WebTarologie/T1_09_couleurs.asp?na=n&pa=p

    http://astrologie.horoscope.com/dossier-la-symbolique-des-couleurs-dans-tarot

    http://www.viamenta.com/tarot/couleurstarot.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolisme_des_couleurs

    http://ecole.dutarot.free.fr/couleur.html

    http://www.le-tarot-de-marseille.org/tarot_couleur.htm

    http://www.karinatarot.com/

    http://www.sophia-perennis.com/introduction-fr.htm

    http://ecole.dutarot.free.fr/couleur.html

    http://strangeangel.ifrance.com/texte/tarot.html

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolique_des_couleurs_dans_l%27%C3%89gypte_antique

    http://le-chariot.com/symbolisme.html

    http://www.gadlu.info/tarot-symbolique-maconnique.html

     


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    * Le Prologue de l’Evangile de Jean

     

     Le Prologue de l’Evangile de Jean 

    Introduction

    La raison essentielle qui m’a incité à retravailler cette planche ébauchée pour la première fois il y a quatorze ans et déjà remise par deux fois « sur le métier », c’est de vouloir souligner davantage l’importance du Prologue de l’Évangile de Jean dans notre vie de Maçons.

    Cette quatrième version de ce Tracé se justifie notamment par le fait que j’ai décidé de supprimer le mot « saint » devant le prénom « Jean ». Ce qualificatif de « saint » me paraît réducteur : il a été attribué par une religion à un personnage qui a une envergure universelle.

    Le Prologue de l’Évangile de Jean est sans conteste une des pages les plus majestueuses et les plus denses de toutes celles du Nouveau Testament. On peut en trouver de plus passionnées, de plus poétiques peut-être aussi, mais rarement qui fassent autant songer au vol de l’aigle royal. Mais ce Prologue est aussi une page qui offre nombre de difficultés. Son interprétation n’est pas évidente.

    Comme pour tout symbole et tout rituel, il convient de se poser un maximum de questions au sujet de ce Prologue qui, à mes yeux, a beaucoup d’importance dans le cadre de la prestation de tous nos serments.

    Le but de la présente planche subsiste depuis sa première version : c’est de resituer ce Prologue dans le contexte des Évangiles et de la Bible, de tenter de répondre à quelques questions fondamentales et à toutes celles qui en découlent : quelle est la structure du Prologue ? Celle de l’Évangile de Jean ? Celle de la Bible ? Quelle interprétation peut-on donner au Prologue ?

    Lorsque nous avons reçu la Lumière lors de notre Initiation, nous avons été invités à nous approcher de l'Orient où siège le Vénérable Maître afin de prêter le serment d'usage. Cette prestation s’effectue devant le plateau du Vénérable Maître, sur l’Autel des serments où sont posés un livre, une équerre et un compas. Plus tard, nous avons appris qu'il s'agissait des Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée, l’Équerre et le Compas.

    Le Volume de la Loi Sacrée est ouvert, au début de chacune de nos Tenues, au Prologue de l’Évangile de Jean, ce qui précise beaucoup le sens à donner au Livre.

    Nous utilisons l'expression « Volume de la Loi Sacrée » mais c'est bien un livre qui se trouve sur l'autel. Le « Volume de la Loi Sacrée » est considéré comme « la » référence sur laquelle chaque Loge doit s'appliquer à calquer ses activités.

    Ce Livre a fait l'objet de maintes controverses qui justifient en partie le nombre d'obédiences maçonniques contemporaines. De quelque nature que soient sa forme et son expression matérielle, dans presque tous les cas, la Loi était, à l'origine, d'essence divine. Avec l'évolution des mœurs et des croyances, elle fut bientôt élaborée par les hommes, davantage en fonction de leur vie en communauté qu'à partir de principes strictement spirituels.

    Qu'il ait ou non une croyance religieuse, le Franc-maçon reconnaît en la loi maçonnique le fondement du serment qu'il a fait lors de son Initiation : il se tait devant les profanes, il cherche la Vérité, veut la Justice, aide ses Frères et se soumet à la Loi.

    C'est parce que le « Volume de la Loi sacrée » symbolise la Loi elle-même qu'elle figure sur l'autel. Etant la Loi, il est normal qu'elle occupe une position «centrale» pendant nos Tenues.

    Lorsque nous avons prêté serment, nous avons posé la main droite sur les Trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie, la Bible étant ouverte au Prologue, c’est-à-dire au premier chapitre de l'Evangile de Jean.

    Rappelons que la plupart des Francs-Maçons fêtent les Solstices de la Saint-Jean [1], notamment le Solstice de la Saint-Jean d'hiver (21 décembre) ou la Saint-Jean d'hiver (24 ou 27 décembre). « Eclairés », ils saluent ce moment où le soleil s'arrête (solstitium) notamment par l'organisation d'une Tenue particulière, une « Tenue Solsticiale ».

    C'est à ce moment de l'année que le jour est le plus court et la nuit la plus longue. A partir du Solstice d'hiver, les jours vont s'allonger et la lumière vaincra les Ténèbres. Le Solstice a été marqué autrefois par des fêtes païennes [2], comme les saturnales romaines en l'honneur du soleil invaincu (sol invictus) lié en particulier au culte de Mithra. Cette fête comme d'autres festivités païennes a ensuite été assimilée par des religions comme le christianisme.

    Ce n'est qu'en 354 que le pape Libère (Liberus) décida que Noël, jour de la naissance de Jésus, devait être fêté le 25 décembre. La Saint-Jean d'hiver (27 décembre) coïncide à peu près avec la célébration du Solstice d’hiver (entre le 20 et le 23 décembre). Il s'agit ici de fêter Jean l’Évangéliste. Jean le Baptiste quant à lui est fêté, le 24 juin, peu après la célébration du Solstice d'été (entre le 19 et le 22 juin).

    Certains voient dans les deux Jean la représentation des phases ascendantes et descendantes du soleil. Ils se retrouveraient dans le dieu romain bicéphale Janus.

    Dans la plupart des Loges qui utilisent la Bible comme Volume de la Loi Sacrée, cette Bible est donc ouverte au Prologue, première page de l'Evangile de Jean, qualifié souvent, selon Jules Boucher, d'Evangile de l'Esprit.

    L'attribut de Jean l’Évangéliste est l'aigle. Pour les Maçons, Jean l’Évangéliste représente l'Initié.

    La Bible comme Volume de la Loi Sacrée

    Pour la maçonnerie opérative, mais également encore bien plus tard pour toutes les obédiences affiliées à la Grande Loge de Londres, la Bible est restée « la » référence. Quand bien même certaines obédiences ont pu prendre des distances avec la religion chrétienne, la Bible demeure profondément ancrée dans toute dynamique maçonnique par le formidable élan d'espoir et de fraternité qu'elle a su transmettre siècle après siècle.

    Devenue synonyme de « Volume de la Loi Sacrée », la Bible a longtemps joué un rôle fondamental dans la Franc-maçonnerie. La résurgence du savoir des Anciens – bâtisseurs de pyramides et autres temples antiques – s'est faite en Occident, au moyen âge, dans le creuset du christianisme, en une imprégnation totale des croyances et rites de la chrétienté.

    Sous l'influence prédominante de l'idée chrétienne en Occident, nos aînés ont cru devoir choisir la Bible pour perpétuer au sein de la Maçonnerie le souvenir d'un enseignement que l'on pourrait synthétiser comme ceci : l'homme est un pont et non un but ; il est un passage et un déclin : le maillon d'une chaîne infinie.

    Pour les Anglo-Saxons, c'est la Bible qui doit se trouver ouverte sur l'autel. Si cette règle – notamment – n'était pas observée, l'obédience réfractaire serait déclarée «irrégulière».

    La Bible, en soi, en tant qu'accessoire rituel, ne se prête à aucune interprétation. La Bible, pour moi, n'est pas un symbole. Par contre, ce qui est symbole, c'est ce qui est présent‚ sous la forme d'un modèle binaire posé sur le Livre. Le dépôt du modèle symbolique «Équerre – Compas» sur la Bible garantit au Franc-maçon que la lecture de la Bible ne lui sera jamais imposée conformément à des dogmes.

    Par contre, les récits de ce livre font un appel intense au langage symbolique, à commencer par le tout premier, intitulé « Genèse » pour terminer par le tout dernier, intitulé « Apocalypse ».

    La présence de la Bible dans la Loge ne se justifie que par le désir de ne pas laisser s'estomper l'annonce faite par Jean de l'approche de la Lumière.

    La Bible chrétienne

    Le terme « Bible » vient du grec « biblia » qui veut dire « livres ». La Bible chrétienne comporte 2 parties, l'Ancien Testament et les 27 livres du Nouveau Testament, tandis que la Bible juive comprend 39 livres en hébreu.

    L'Ancien Testament

    « Ancien Testament » vient d'un mot latin qui veut dire « alliance » [3].

    Selon la tradition juive et chrétienne, Moïse est l'auteur des cinq premiers livres de la Bible et la volonté de Dieu a été révélée à Israël par l'intermédiaire de Moïse quand l'alliance a été conclue sur le mont Sinaï. Les livres de l'Ancien Testament ont été écrits sur un millier d'années. L'Ancien Testament utilisé par les chrétiens est la Bible du judaïsme, complétée de sept autres livres et adjonctions pour les catholiques.

    Le Nouveau Testament

    Le Nouveau Testament est composé de vingt-sept documents écrits entre 50 et 150, transmis en grec, comprenant les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, vingt-et-un Épîtres et l'Apocalypse.

    Les Évangiles

    Le mot « Évangile » vient d’un mot grec signifiant « bonne nouvelle », mais il est plus particulièrement dédié à la narration de la vie de Jésus, considérée comme LA bonne nouvelle. Il existe quatre Évangiles reconnus par l’Eglise catholique et figurant dans la Bible. Il en existe d’autres, dits « apocryphes », c’est-à-dire non admis dans le canon biblique. Trois des Évangiles reconnus, ceux de Matthieu, de Marc et de Luc, sont dits « synoptiques ». Ils présentent une vision historique des choses et racontent les mêmes faits, dans des termes se rapprochant parfois beaucoup les uns des autres. Ils décrivent la vie et l'enseignement de Jésus. Ils sont assez proches, datant de 65 – 80.

    L'Évangile de Jean

    Le quatrième Évangile est celui de Jean. Plus tardif, il se distingue des autres par le caractère plus divin donné à Jésus et par l'esprit plus doctrinal. Ces écrits donnent encore lieu à des polémiques sur les dates et les auteurs, les exégètes oubliant un peu trop le fond pour la forme. Il a été rédigé en grec, vers 97, en Asie Mineure, à Éphèse. Comme celui de Marc, il ne fait aucune allusion à la naissance de Jésus, à son enfance, mais à la différence des trois autres Évangiles, il est plus doctrinal qu'événementiel. Il proclame que « Jésus est comme Dieu », montrant sa nature divine. Trois thèmes forts sont abordés : la lumière opposée aux ténèbres, la mort et la vie, la recherche de la connaissance.

    Qualifié parfois d’Évangile spirituel, ou d’Évangile de la Lumière, l’Évangile de Jean se concentre sur quelques épisodes de la vie de Jésus auxquels il apporte un éclairage très particulier, quasi ésotérique.

    Jean a en outre écrit trois épîtres ou lettres, dont la première est souvent dite « Épître de l’amour ».

    C’est là que l’on trouve des phrases célèbres, comme : « Celui qui aime son Frère demeure dans la lumière » (1 Jn, II, 10). Placer la Franc-maçonnerie sous l’égide de l’Amour universel et de la Lumière, voilà qui suffirait à justifier la Bible comme Volume de la Loi Sacrée !

    Les Loges de saint Jean

    Pour Jules Boucher, la Franc-maçonnerie fut bien inspirée en donnant le nom de Jean à ses Loges en raison des multiples sens qu'on peut y attacher. Le nom de Jean se rattache notamment à la mystérieuse légende du « Prêtre Jean » du 12ème et 13ème siècle, qui serait un souverain tatar.

    Jusqu'au 18ème siècle, le négus d'Abyssinie était appelé de ce nom. Nombre d'empereurs d'Abyssinie ont porté le nom de Jean !

    On dit aussi que les Templiers célébraient leurs fêtes les plus importantes le jour de la Saint-Jean d'été. La Franc-maçonnerie ne ferait-elle que perpétuer une coutume de l'Ordre du Temple ? Rien ne permet cependant de confirmer une filiation entre l'Ordre du Temple et la Franc-maçonnerie !

    Le nom de Jean a aussi été rattaché à Janus, ce dieu latin au double visage : l'un de jeune homme et l'autre de vieillard, symbolisant, dit-on, le passé et l'avenir, l'année qui finit et celle qui commence.

    Cependant, pour Oswald Wirth, étymologiquement, Jean ne provient pas de Janus, mais de l'hébreu Jeho h'annam, qui se traduit par « Celui que Jeho favorise ». Le même verbe revient dans H'anni-Baal ou Annibal, qui signifie « Favori de Baal ». Mais Jeho et Baal ne sont autres que des noms ou des titres du Soleil ! Celui-ci était envisagé par les Phéniciens comme un astre brûlant, souvent meurtrier, dont les ravages sont à redouter. Les mystagogues [4] d'Israël y voyaient au contraire l'image du Dieu – Lumière qui éclaire les intelligences.

    Jeho h'annan, Johannès, Jehan ou Jean, devient ainsi synonyme d'Homme éclairé ou illuminé à la manière des prophètes.

    Ainsi, de même que les artistes des cathédrales, instruits sans doute de doctrines ésotériques fort anciennes, le penseur véritable ou l'Initié est donc en droit de se dire Frère de saint Jean.

    Oswald Wirth fait encore remarquer que

    1°) « Jean le Baptiste nous est présenté comme le précurseur immédiat de la Lumière rédemptrice ou du Christ solaire. Il est à l'aube intellectuelle qui, dans les esprits, précède le jour de la pleine compréhension. Il personnifie la lumière crépusculaire du soir, celle qui embrase le ciel lorsque le soleil vient de disparaître sous l'horizon ».

    2°) « Jean l’Évangéliste, le disciple préféré du Maître fut, le confident de ses enseignements secrets, réservés aux intelligences d'élite des temps futurs. On lui attribue « l'Apocalypse », qui, sous prétexte de dévoiler les mystères chrétiens, les masque sous des énigmes calculées pour entraîner les esprits perspicaces au-delà des étroitesses du dogme. Aussi, est-ce de la tradition johannite que se sont prévalues toutes les écoles mystiques, qui, sous le voile de l'ésotérisme, ont visé à l'émancipation de la pensée ».

    « Dans ces conditions, conclut Oswald Wirth, le titre de « Loges de saint Jean » convient, mieux que tout autre, aux Ateliers où les intelligences, après avoir été préparées à recevoir la lumière, sont amenées à se l'assimiler progressivement, afin de pouvoir la refléter à leur tour ».

    L’auteur de l'Évangile de Jean

    Depuis le 19ème siècle, l'identité de l'auteur de « l'Évangile selon saint Jean » soulève de vives controverses. De nos jours, diverses propositions sont retenues.

    Selon l'exégète Peter Brown, il serait l'émanation de trois groupes, un groupe d'origine, un groupe de Samaritains et un groupe de Grecs. Le groupe d'origine correspond aux disciples de Jean, le fils de Zébédée, ainsi qu’aux disciples de Jean le Baptiste. Le groupe des Samaritains est un ensemble de chrétiens opposés au temple juif. Le groupe des Grecs est un ensemble de juifs présents dans la diaspora.

    La seconde hypothèse, celle de l'exégète Marie Etienne Boismard, prend en compte deux lieux de rédaction, la Palestine et Éphèse, et retient trois auteurs. Le premier serait Jean, nommé dans l'Évangile comme « le disciple que Jésus aimait ». Le deuxième est Jean dit « le Presbytre », un juif, et le troisième, un juif chrétien d'Éphèse. Chaque hypothèse insiste sur l'unité de l'Évangile selon Jean et sur la longueur du travail de rédaction.

    Jean l’Évangéliste

    Originaire du village de Bethsaïde, Jean était un pêcheur du lac de Tibériade comme son père Zébédée et son frère Jacques. Ils furent des disciples de Jean le Baptiste qui déclara : « Celui qui vient derrière moi est plus grand que moi ». C'est Jean le Baptiste qui leur montra Jésus de Nazareth en leur déclarant : « Voici l'agneau de Dieu ». Jean et Jacques devinrent des pêcheurs d'hommes.

    Jean est considéré comme « le disciple que Jésus aimait ». Il put le suivre sur la montagne du Thabor pour entendre une voix venue du ciel dire : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute ma complaisance. Ecoutez-Le ». Le Christ le choisit pour s'asseoir à ses côtés lors de la dernière Cène. Et Jean le suivit jusque dans la cour du Grand Prêtre lorsqu'il fut arrêté. Fidèle d'entre les fidèles, il sera le seul parmi les apôtres, au pied de la croix. C'est lui également qui fut le premier au tombeau et découvrit les bandelettes sur le sol.

    Selon une tradition, Jean vécut ensuite à Éphèse avec Marie. C'est là qu'il aurait écrit le quatrième Évangile. Pendant son exil à Patmos, il aurait eu la révélation de l'Apocalypse (le terme même d'apocalypse signifie « révélation »).

    Jean aurait été amené d'Éphèse à Rome, chargé de fers, sous le règne de l'empereur Domitien. Il fut condamné par le sénat à être jeté dans l'huile bouillante devant l'actuelle Porte latine. Selon un site chrétien, il en serait sorti plus frais et plus jeune qu'il n'y était entré. Il serait décédé en 99 ou en 101.

    Structure de l'Évangile de Jean

    L'Évangile de Jean comporte quatre parties distinctes.

    La première (I, 1-18 « Au commencement était le verbe [...] et le verbe était Dieu ») est un prologue qui compte un hymne d'introduction, une pièce à part dans l'Évangile. Elle a sûrement existé isolément, peut-être sous une forme brève. En effet, l'Église primitive usait fréquemment d'hymnes de ce genre. Celle-ci décline les grands thèmes de l'Évangile : Jésus est présenté ici dans son origine et son commencement.

    La seconde partie (I, 19 ; XII, 50) présente Jésus comme Christ ou Messie. Les miracles ou les signes accomplis par Jésus y sont au nombre de sept. Le premier est celui de Cana. Suivent la guérison du fils d'un fonctionnaire, la guérison d'un homme infirme, la multiplication des pains (seul signe mentionné dans les quatre Évangiles), la guérison d'un aveugle-né et la résurrection de Lazare.

    La troisième partie de l'Évangile commence, selon certains exégètes, avec les derniers voyages du Christ à Béthanie. D'autres exégètes centrent cette partie sur le thème du retour du Fils vers le Père. La troisième partie commencerait alors au chapitre XIII après le ministère public du Christ et irait jusqu'au chapitre XX.

    Quelle que soit la division adoptée, cette partie contient le récit de la Cène ; le dernier discours et la dernière prière du Christ, dite « prière sacerdotale », le récit de la trahison de Judas, de l'arrestation de Jésus, de son jugement, de sa crucifixion et de sa mise au tombeau. Elle témoigne de la résurrection de Jésus avec les apparitions du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, aux disciples et à Thomas l'incrédule.

    La quatrième partie de l'Évangile (chapitre XXI) est un appendice ou épilogue. Le Christ apparaît à ses disciples. Cet épilogue met en scène Pierre et « le disciple que Jésus aimait ». La communauté johannique manifeste par là son lien à l'Église de Jérusalem (ou communauté de Pierre). Elle accepte que le témoignage de foi ne passe pas seulement par l'amour. La communauté apostolique (ou communauté de Pierre) doit accepter la christologie [5] élaborée par elle.

    Les influences subies

    L'Évangile de Jean me semble traversé par trois ou quatre influences.

    Il est en dialogue en premier lieu avec les gnostiques. La gnose [6] répandue dans le bassin méditerranéen en particulier dans le monde juif est une doctrine cohérente fondée sur une conception dualiste (le Dieu du mal contre le Dieu du bien). Le monde est une émanation d'êtres intermédiaires entre Dieu et les hommes ; c'est une réalité mauvaise. Le salut vient d'un intermédiaire qui donne la connaissance à un petit nombre. Certains thèmes gnostiques sont présents chez Jean : la lumière opposée aux ténèbres, la mort et la vie, la recherche de la connaissance. Mais Jean se démarque nettement de la gnose. Il donne à Jésus une humanité forte qui n'est pas comme dans la gnose, une simple apparence. La mort montre que Jésus est un homme véritable.

    Jean semble aussi en lien avec le monde grec, et peut-être reçut-il l'influence du néoplatonisme [7] ; mais il ne faut pas trop surestimer l'influence grecque. De nombreux exégètes pensent de nos jours qu'un lien fut établi entre Jean et le monde juif après la redécouverte du judaïsme palestinien.

    Il est aussi possible de trouver dans l’Évangile de Jean la résonance de courants importants de l'Ancien Testament : Jésus est présenté comme « serviteur de Dieu », « roi d'Israël », « prophète ». Enfin, il me semble qu’on peut également trouver dans certains passages de son Évangile un écho de la Genèse [8] mais surtout la marque de la figure de Moïse et du thème de l'Exode.

    Le genre littéraire de l’Evangile de Jean

    Le genre littéraire du quatrième Évangile lui est tout à fait propre. Aucun autre Évangile ne procède de cette manière.

    Le genre littéraire est commandé par le but que se propose l'auteur : nourrir et développer la foi des chrétiens. Cette foi s'alimente à la contemplation du Verbe, « venu dans la chair », c'est-à-dire rendu visible à nos yeux. Elle s'attache donc aux faits et gestes de Jésus, mais pour parvenir par eux et à travers eux jusqu'à la signification divine qu'ils comportent, et que l'auteur lui-même, arrivé au terme de sa vie, a pu longuement méditer. Jean est tout pénétré de la contemplation du verbe de Dieu dans la chair : « Le Verbe s'est fait chair, et il dressa sa tente parmi nous, et nous avons vu sa gloire (reflet de la divinité), gloire comme d'un fils unique, venu du Père, plein de miséricorde et de fidélité ». (1,14).

    C'est à la même contemplation que Jean invite ses lecteurs. Tandis que dans les Évangiles synoptiques toute la lumière vient de Jésus et « se répand sur les hommes pour les instruire », dans l'Evangile de Jean, toute la lumière est pour ainsi dire concentrée sur Jésus lui-même : « Philippe, qui me voit, voit mon Père » (14,9).

    Comment Jean s'y prend-il pour atteindre ce but ? C'est d'une manière à la fois historique et symbolique.

    1°) Historique d'abord. Il est bien clair que les faits de la vie du Christ choisis par Jean sont bien présentés par Lui comme s'étant historiquement réalisés. L'auteur insiste sur la réalité des faits rapportés. Il se présente comme témoin de ces faits (19,35). Et les disciples de Jean tiennent à confirmer son témoignage (21,24.)

    L'intention de l'auteur est délibérément historique (par exemple 20,30). Il faut donc reconnaître au quatrième Évangile la même valeur historique qu'aux trois autres : les faits rapportés sont authentiques. Ce qui ne signifie pas pour autant que l'auteur ne prenne une certaine liberté avec l'ordre chronologique des faits qu'il rapporte, comme le font aussi les Évangiles synoptiques.

    2°) S'il est historique, le genre littéraire du quatrième Évangile est symbolique également. Jean ne rapporte pas toutes les actions de Jésus, mais en choisit certaines. Ce choix est déterminé par une préoccupation symbolique. Il choisit celles qui lui paraissent le plus apte à conduire l'esprit du lecteur, par le moyen du symbolisme, à la contemplation du sens profond de la venue du Logos parmi les hommes.

    Il choisit par exemple le miracle de la guérison de l'aveugle-né pour faire bien comprendre que le Christ est la vraie Lumière. La vraie, c'est-à-dire la lumière-réalité, celle qui importe le plus, celle sur laquelle Jean veut diriger l'attention du lecteur, au-delà de la lumière symbole, qui est la lumière matérielle. Il choisit le miracle de la multiplication des pains pour faire comprendre qu'au-delà du symbole (pain matériel), il faut chercher un pain plus important (« Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme »). Ce pain plus important, ce pain-réalité, c'est le pain de l'âme, c'est-à-dire en définitive Jésus Lui-même : « Je suis le pain descendu du ciel » (6,41).

    Il est difficile de dire en quelle langue l’Évangile de Jean fut composé. Directement en grec ? En araméen et ensuite traduit en grec ? Si l'auteur a écrit cet ouvrage en grec, il ne serait pas surprenant d'y rencontrer des aramaïsmes [9], puisque Jean, même s'il écrivait en grec, ne pouvait penser qu'en sémite [10].

    L'auteur nous indique son intention en 20,30. Moins encore que les Évangiles synoptiques, Jean n'a pas l'intention d'écrire la vie de Jésus. Car tandis que ceux-ci traçaient quand même, à grands traits, une esquisse des principaux faits et dires de Jésus, Jean vise un but beaucoup plus précis. Il a délibérément écarté beaucoup de « signes » ou « miracles », et n'a choisi que ceux qui pouvaient servir son but : nourrir et développer la foi de ses lecteurs (« afin que vous croyez »).

    Il ne s'agit pas de convertir. Les Évangiles écrits s'adressent à des croyants. Du reste, il suffit de lire les premiers mots de Jean pour s'en convaincre ; ils ne sont intelligibles que pour des croyants. Les chrétiens auxquels s'adresse Jean ont déjà la foi, mais il veut que cette foi soit pour eux une nourriture, une vie : « qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom. »

    Les dix-huit premiers versets de l'Evangile de Jean constituent une sorte de poème appelé Prologue qui, en dix-huit versets, donne une version chrétienne de la Genèse. Fondement du dogme dans la religion catholique, la portée du texte est tout simplement admirable. Le contenu religieux mais aussi philosophique du texte est d'une profondeur qui le rend universel...

    Découvrons-le !

    Version française du Prologue

    v. 1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu.

    v. 2 Il était au commencement tourné vers Dieu.

    v. 3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui.

    Autre traduction : Tout par lui a existé, et sans lui rien n'a existé de ce qui existe.

    v. 4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes,

    v. 5 et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point comprise.

    Autre traduction : et la lumière dans la ténèbre luit, et la ténèbre ne l'a pas saisie.

    v. 6 Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean.

    v. 7 Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.

    Autre traduction : Lui vint pour un témoignage, afin de témoigner au sujet de la lumière, afin que tous crussent par lui.

    v. 8 Il n'était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière,

    Autre traduction : Celui-là n'était pas la lumière, mais [c'était] afin de témoigner au sujet de la lumière.

    v. 9 le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme.

    Autre traduction : Il était la lumière véritable qui éclaire tout homme en venant dans le monde.

    v. 10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu.

    Autre traduction : Il était dans le monde, et le monde par lui a existé, et le monde ne l'a pas [re]connu.

    v. 11 Il est venu dans son propre bien et les siens ne l'ont pas accueilli.

    v. 12 Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.

    v. 13 Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir de chair ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

    Autre traduction des vv. 11-13 : Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli ; mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à tous ceux qui croient en son nom, qui sont nés non de sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

    v. 14 Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père.

    Autre traduction : Et le Verbe s'est fait chair, et il a fait sa demeure parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire [qu'il possède] en tant que Fils unique venant du Père, plein de grâce et de vérité.

    Jean lui rend témoignage et proclame :

    1. Voici celui dont j'ai dit : après moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant moi, il était.
    2. De sa plénitude en effet, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce.
    3. Si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
    4. Personne n'a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l'a dévoilé.

    Structure et interprétations du Prologue

    A première vue, le Prologue pourrait être divisé en deux parties:

    1. Le Logos dans son existence éternelle (v. 1) ;
    2. Le Logos dans sa relation avec la création (v. 2-18).

    Cette seconde partie renferme trois subdivisions :

    1°) les faits fondamentaux, v. 2-5 ;

    2°) la manifestation historique de la Parole en général, v. 6-13 ;

    3°) l'incarnation comme objet d'expérience individuelle, v. 14-18.

    Cette subdivision offre une belle progression ; mais la grande disproportion entre les deux parties principales ne prévient pas en faveur de ce cadre général, dont le principal inconvénient est de ne pas mettre suffisamment en relief l'idée centrale, le fait de l'incarnation du Logos, et d'établir entre la venue du Christ en général et sa venue comme objet d'expérience individuelle une distinction peu simple et qui n'est point suffisamment indiquée dans le texte.

    On pourrait aussi admettre une série de trois cycles qui se rapporteraient chacun à la totalité de l'histoire évangélique, en la reproduisant sous différents aspects :

    • Le premier cycle (v. 1-5) résumerait sommairement l'activité du Logos jusqu'à sa venue en chair, en y comprenant l'insuccès général de son ministère ici-bas.
    • Le second cycle (v. 6-13) reprendrait la même histoire en rappelant spécialement le rôle du précurseur, afin d'arriver par là à la mention de l'incrédulité juive.
    • Le troisième cycle enfin (v. 14-18) décrirait une troisième fois l'œuvre de Jésus-Christ, et cela au point de vue des bénédictions extraordinaires qu'elle a apportées aux croyants.

    Ce serait cependant un procédé assez étrange que d'ouvrir une narration en la résumant trois fois ! De plus, si ces trois cycles doivent réellement présenter chaque fois le même sujet, comment se fait-il qu'ils aient des points de départ et des points d'arrivée tout différents ? Le point de départ du premier est l'existence éternelle du Logos ; celui du second, l'apparition de Jean le Baptiste (v. 6) ; celui du troisième, l'incarnation du Logos (v. 14).

    Le premier aboutit à l'incrédulité du monde (v. 5) ; le second, à l'incrédulité israélite (v. 11) ; le troisième, à la parfaite révélation de Dieu en la personne du Fils (v. 18). Trois paragraphes commençant et finissant si différemment ne peuvent guère être trois sommaires de la même histoire !

    Le Prologue pourrait aussi être décliné en trois sections :

    1°) v. 1 - 5 : l'activité primordiale du Logos ;

    2°) v. 6 - 13 : son activité durant le cours de l'ancienne alliance ;

    3°) v. 14 - 18 : son incarnation ; puis son activité dans l'Eglise.

    Ce serait là un plan historique complet et rigoureusement suivi. Mais la question est de savoir si l'idée de cette marche est vraiment tirée du texte !

    Dans les v. 6-8, Jean le Baptiste est nommé personnellement ; rien n'indique qu'il doive représenter ici tous les prophètes et encore moins l'ancienne alliance en général. Puis il faudrait, d'après ce plan, rapporter la venue du Logos, décrite au v. 11, aux révélations de l'ancienne alliance, et ses effets régénérateurs décrits v. 12 et 13 aux bénédictions spirituelles accordées avant la venue de Christ aux Juifs fidèles. Or il est manifeste que les termes employés par Jean dépassent de beaucoup une semblable application.

    On pourrait également déceler le plan suivant, en trois parties :

    1°) La Parole en elle-même et dans ses manifestations générales (v. 1-5) ;

    2°) La Parole apparaissant dans le monde (v. 6-13) ;

    3°) La Parole pleinement révélée par son incarnation (v. 14-18).

    Mais la différence entre les deux dernières parties ne ressort pas distinctement.

    Et si l’on admettait quatre parties ?

    1°) La relation primordiale du Logos avec Dieu et avec la création (v. 1-4).

    2°) La conduite des ténèbres envers lui (v. 5-13).

    3°) Son habitation comme Logos incarné au milieu des hommes (v. 14-15).

    4°) Le bonheur que procure la loi en lui (v. 16-18).

    A la première partie correspondrait la troisième (le Logos avant et après l'incarnation) et de même à la seconde la quatrième (l'incrédulité et la foi). Cet arrangement semble ingénieux. Mais correspond-il bien aux articulations marquées dans le texte même, surtout en ce qui concerne la dernière partie ? Il ne le paraît pas. Puis, il semblerait que le Logos avant son incarnation n'a rencontré qu'incrédulité, et comme incarné, que foi, ce qui n'est certainement pas la pensée de l’Évangéliste !

    Envisageons encore un autre découpage en trois parties :

    1°) Le Logos et la nature critique de son apparition (v. 1-5) ;

    2°) Le Logos à partir de son existence divine jusqu'à son apparition historique (v. 6-13) ;

    3°) Le Logos dès son apparition historique, comme objet de l'expérience et du témoignage de l'Eglise (v. 14-18).

    Ce plan est grand et simple. Mais où trouver dans le Prologue la mention de l'ancienne alliance qui répondrait à la seconde partie ? Le personnage de Jean le Baptiste est mentionné là en raison de son rôle à l'égard de Jésus, nullement comme représentant de toute l'époque israélite. Puis on ne se rend compte, d'après cette marche, ni de la double mention de l'apparition du Logos (v. 11 et 14), ni de la citation du témoignage de Jean le Baptiste au v. 15.

    Ce qui semblerait répondre le plus exactement à la pensée de l’Évangéliste se résume dans ces trois mots : Le Logos, l'incrédulité, la foi.

    C’est pourquoi :

    • La première partie nous présente le Logos éternel et créateur, comme la personne qui va devenir, en Jésus-Christ, le sujet de l'histoire évangélique (v. 1-4).
    • La seconde décrit l'incrédulité humaine envers lui, telle qu'elle s'est réalisée de la manière la plus tragique au sein du peuple le mieux préparé à le recevoir (v. 5-11).
    • La troisième enfin célèbre la foi, en décrivant le bonheur de ceux qui ont reconnu en Christ la Parole faite chair et obtenu ainsi le privilège de rentrer par l'union avec Jésus-Christ dans la plénitude de vie et de vérité que l'homme puisait dans le Logos avant de rompre avec lui par le péché (v. 12-18).

    En étudiant l'Evangile de Jean, ces trois idées fondamentales du Prologue sont précisément celles qui président à la disposition de la narration tout entière et qui en déterminent les grandes divisions.

    Il est difficile sans doute de savoir s'il faut assigner au v. 5 sa place dans le premier ou dans le second morceau. C'est qu'il est la transition de l'un à l'autre et qu'au fond il appartient à tous les deux. Les v. 12 et 13 occupent une position analogue entre le second et le troisième morceau.

    Remarquons cependant qu'au commencement du v. 12 se trouve le mot « δέ » qui se traduit par « mais », la seule particule adversative du Prologue. Par là, l'apôtre paraît avoir voulu marquer nettement l'opposition entre le tableau de l'incrédulité et celui de la foi.

    Jusqu'où s'étend ce Prologue ?

    Pour certains, jusqu'au v. 5 seulement. Les mots « Il y eut un homme appelé Jean », au v. 6, seraient le commencement de la narration ; celle-ci continuerait au v. 14 par la mention de l'incarnation du Verbe, au v. 19 par le récit du ministère du Baptiste, et arriverait enfin avec le v. 33 au ministère de Jésus.

    Mais un coup d'œil sur tout le passage des v. 6-18 montre que cet arrangement ne répond pas à la pensée de l’Évangéliste.

    L'apparition historique du Messie est mentionnée déjà avant le v. 14 ; car les v. 11-13 s'y rapportent directement ; puis, si la narration avait réellement commencé avec la mention de Jean le Baptiste au v. 6, pourquoi placer beaucoup plus tard (au v. 15 seulement) son témoignage ? Cette citation vient trop tôt, s'il s'agit de sa situation historique qui sera indiquée exactement v. 27 et 30, ou trop tard, si l'auteur voulait la rattacher à l'apparition du précurseur (v. 6).

    On ne peut comprendre non plus l'à-propos des réflexions religieuses renfermées dans les v. 16-18 qui interrompraient d'une manière étrange la narration commencée. Il est évident que le v. 18 forme le pendant du v. 1 et ferme le cycle ouvert par celui-ci. La narration ne commence donc qu'au v. 19, et les v. 1-18 forment un tout d'un genre spécial.

    Tentatives d’interprétation du symbolisme du Prologue

    L'étude des Écritures permet d'en découvrir l'ésotérisme et d'en dégager des enseignements initiatiques de la plus haute importance. Cependant, les Écritures ne révéleraient aucune vérité essentiellement différente de celles qu'ont exprimée les Livres sacrés antérieurs et les symboles maçonniques eux-mêmes.

     

    Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la parole était Dieu.

    Elle était au commencement avec Dieu.

    Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.

    En elle était la Vie et la vie était la lumière des hommes.

    La Lumière brille dans les ténèbres qui ne l’ont pas accueillie.

    Il y eut un homme envoyé par Dieu du nom de Jean.

    Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière.

    C’était la véritable Lumière qui en venant dans le monde éclaire tout homme.

    Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle et le monde ne l’a pas connue.

    La parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous.

     

    Nous sommes ici en présence de trois éléments à la fois indissociables et à la fois séparés. Il y a la Parole que nous pouvons nommer le Verbe, le Verbe donne la Lumière et la Lumière donne la Vie. Les ténèbres, c’est tout ce qui empêche la Lumière et nous pouvons dire que nous sommes dans une époque de ténèbres. Si nous reconnaissons la Vie, nous reconnaissons la Lumière et nous trouvons la Parole qui est à l’origine de la création, d’une certaine façon nous pouvons dire que la parole ou le Verbe, c’est Dieu en action.

    Ce prologue rejoint aussi la Kabbale et le Sepher Yezirah car le Verbe ou l’air primordial donne l’eau ou la lumière et l’eau vont donner le feu ou la Vie qui donnent naissance à tous les mondes visibles et invisibles. D’une certaine manière la chair est de la lumière condensée. Ce qui fait que ce prologue n’est pas non plus en contradiction avec la science moderne sauf que celle-ci ne va pas plus loin, faute de moyens, que la compréhension de l’univers manifesté.

    Jésus-Christ est chargé de manifester le Verbe c'est-à-dire l’inexprimable et l’incompréhensible par nos moyens limités.

    Peut-on exprimer que le Verbe est amour ? Ce n’est pas dit. Mais cela est une hypothèse plus que probable. Nous pouvons donc dire que la création existe grâce aux trois flambeaux de la Vie, de la Lumière et de l’amour. Et ces trois flambeaux donnent à leur tour la descendance de la Force du Verbe, la Sagesse de la Lumière et la Beauté de la Vie.

    Nous trouvons également une phrase assez obscure pour parler de Jésus : « Celui qui vient après moi m’a précédé car il était avant moi ». Cela peut faire penser aux différentes incarnations. Mais cela peut aussi vouloir dire « Il était avant moi car il a été créé avant ». Il représente la Lumière car il est aussi dit que Jésus est la Lumière du monde et il est le guide permettant de connaître Dieu.

    Le Prologue de l'Evangile de Jean apparaît comme l'annonce de l'approche de la Lumière. Ce texte pourrait être l'expression de la volonté divine mais seul un Initié parfait pourrait le comprendre dans sa totalité. Seuls les Initiés sont susceptibles d'accéder à la véritable Connaissance, celle qui mène à la Sagesse.

    Jésus est le Fils de Dieu. Dès le Prologue, Jean le présente comme étant le Logos, la Parole éternelle du Père, par laquelle tout a été fait. Et le quatrième Évangile met ce second point plus encore en relief que le premier. C'est ce qui contribue le plus à lui donner sa profondeur spirituelle : il introduit au mystère même du Fils de Dieu.

    Le Prologue de l’Évangile de Jean me semble un résumé limpide de l’enseignement développé dans toute son œuvre. Le Logos est celui par qui tout fut créé, bien avant qu’il ne s’unisse mystiquement au corps du Juif Jésus. Il est venu dans le monde pour apporter aux enfants de Dieu la lumière, la grâce et la vérité.

    Le Prologue veut imiter le début du livre de la Genèse : les deux textes s’ouvrent par la même expression : « Au commencement ». Ils font culminer la création dans le don de la vie et ils suggèrent l’irruption de la lumière dans les ténèbres.

    Ce contraste entre la lumière et les ténèbres est un thème essentiel de l’enseignement de Jésus (Jn 3,19-21 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,35-36). L’expression « fils de lumière » ne se trouve qu’une fois chez Jean (12,36). Mais l’expression « fils des ténèbres » est absente du Nouveau Testament.

    Si le 1er chapitre de la Genèse rapporte la création du monde, Jean se préoccupe des mystères divins, préparant ses lecteurs à l’articulation de la vie divine et à sa projection humaine.

    Jean connaît bien la philosophie et le mysticisme grecs, où le Logos joue un rôle essentiel. C’est également un concept fondamental dans la théologie de Philon d’Alexandrie. On le retrouve également dans l’hermétisme grec, spéculation mystique des écrits d’Hermès (le Trois Fois Très Grand) et il influencera le christianisme hellénistique. Dans le mysticisme hermétique, qui vise la déification de l’homme par la connaissance, le Logos est appelé « Fils de Dieu ».

    Jean parlera du « fils unique qui est dans le sein du Père ». Pour Philon, comme pour Jean, le Logos est celui par qui Dieu créa le monde : il exerce un rôle médiateur entre Dieu et le genre humain. Il est le Principe donnant forme et ordre à tout ce qui existe dans le monde. Le mystérieux Logos divin existant avant la création domine tout le Prologue.

    Le Logos signifie bien parole, mais aussi raison, réflexion consciente. Le Logos n’a pas été envoyé par Dieu : il est venu de sa propre initiative, comme une source de lumière pour vaincre les ténèbres qui existaient alors et pour illuminer et élever à la dignité d’enfants de Dieu ces hommes qui étaient prêts à le recevoir et à croire en lui, contrairement à son propre peuple. L’approche de Jean est fondamentalement universaliste.

    Le Prologue conduit logiquement le lecteur vers l’idée d’incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair et est demeuré parmi nous » (Jn 1, 14). Ainsi le Logos divin dans la personne de Jésus est descendu sur terre pour rendre visible le Dieu invisible. Sa lumière est accessible à tous.

    On voit ici Jean se livrer à une lecture hermétique de la création et à une adhésion rationnelle qui dépasse les récits synoptiques donnant toute la place aux multiples facettes de Jésus en pérégrinations.

    Son interprétation est celle d’un philosophe d’un esprit nouveau qui unit la culture hellénistique du concept à la foi véhiculée par l’homme Jésus, image d’une relation individuelle avec la puissance divine. Tout homme pensant peut se l’approprier comme un message universel. C’est ainsi que nous pouvons intégrer dans notre personne, au plan symbolique de l’identification, un vécu constitutif de notre humanisme. Car Jean apprend la distanciation.

    C’est peut-être ici que la notion d’amour peut s’enraciner dans le partage.

    Il me semble enfin que la doctrine du « Verbe fait chair » pourrait être mieux comprise par l'expression « la Raison divine incarnée dans l'Humanité ». Cette doctrine remonte, à travers l’œuvre de Platon, aux conceptions des anciens hiérophantes [11], prêtres qui présidaient aux mystères d'Eleusis [12].

    Je terminerai cet essai d’interprétation en rappelant que nos serments sont prêtés sur la Bible, ouverte précisément au Prologue de l’Évangile de Jean. Il me semble que ce superbe texte évoque implicitement l'objet premier de la Franc-maçonnerie, d’où toute l’importance qu’il convient de lui accorder. Il suggère au Franc-maçon :

    • de se préparer, de se perfectionner, de rechercher la Lumière qui est en lui afin d'accéder à la Connaissance, c'est-à-dire de contribuer à l'édification de son propre Temple puis à celle du Temple de l'Humanité ;
    • de tenter de parvenir, par son lent travail de perpétuelle mort profane et constante renaissance spirituelle, à retrouver en lui-même l'essence de la Loi inhérente à tous les hommes : celle que chacun porte au plus profond de lui, cette voie de Lumière qui est synonyme de Connaissance et Maîtrise, cette voie qui refuse le pouvoir et le profit, cette voie qui néglige l'asservissement des choses et des hommes, cette voie qui se veut liberté de jugement comme liberté d'existence... comme autant de marques d'une conscience éclairée.

    L’interprétation catholique du Prologue de Jean

    Pour les chrétiens catholiques, ce prologue, écrit dans un langage poétique très solennel, répond au début du Livre de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre ».

    À ce commencement ultime répond le retour final du Fils à la droite du Père (Jn 1,18), dans la gloire. On retrouve quelque analogie dans la Sagesse personnifiée qui était au commencement « avec Dieu » lors de la création du monde et qui habita chez les hommes lorsque la Loi fut révélée à Moïse.

    « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu » : c’est par le mystère de la trinité divine que s’ouvre le Prologue. Le mot Dieu par lequel l’homme tente de nommer ce qui est indéfinissable apparaît trois fois dans la première phrase, en concomitance avec le Verbe.

    Toute l’évolution de l’homme se tient dans son rapport avec ce principe divin qu’il craint dans l’Ancien Testament, comme un serviteur soumis craint la puissance de son maître et qui, dans le Nouveau Testament, se révèle comme force d’amour à travers l’entité Jésus, homme ayant réalisé un lien permanent avec Dieu-le-Père.

    Au verset 5, brutalement et de manière anachronique, apparaît Jean le Baptiste. Le texte planait dans les sphères les plus éthérées et les plus impersonnelles de la réalité divine, et soudainement, sans aucune préparation, une dimension humaine et personnelle fait irruption dans le texte.

    L’interruption de Jean le Baptiste dans le Prologue, ne semble pas être l'erreur d'un copiste distrait, mais traduirait au contraire l'intention consciente d’identifier Jésus au Verbe Créateur, idée centrale du quatrième Évangile.

    Ne pouvons-nous pas ressentir, la descente des énergies du point divin jusqu’à l’homme, la descente du Verbe, du Logos se faisant chair, sa non-reconnaissance par l’homme et la possibilité de renaître en lui à l’image de la naissance de Jésus-Christ ?

    Évangile veut dire « la bonne nouvelle » ou « la nouvelle alliance ». La venue du Messie, Jésus, ne nous annonce-t-elle pas que chaque homme a maintenant la possibilité de s’unir en conscience avec le Verbe Créateur ?

    En guise de conclusion provisoire

    Depuis longtemps l'Évangile selon Jean est reconnu comme différent des Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), qui lui sont antérieurs. Les différences les plus importantes touchent à la christologie. Jean présente une christologie des origines, ne fait aucune allusion à la naissance de Jésus, à son enfance.

    Les dix-huit premiers versets de l'Evangile selon Jean constituent une sorte de poème appelé Prologue. Fondement d'un certain nombre de dogmes pour les catholiques, sa traduction, son interprétation voire son attribution ont animé et animent toujours des débats passionnés. Le lecteur catholique sait en effet depuis le Prologue que Jésus est le Fils unique du Père, le Seigneur.

    Pour nous, Francs-maçons qui tentons de cerner la Vérité en prenant du recul, l'Évangile selon Jean est le quatrième évangile canonique du Nouveau Testament. Il ne comporte pas de nom d'auteur, mais est traditionnellement attribué à l'apôtre Jean, et ce, dès la seconde moitié du 2ème siècle, par saint Irénée.

    Comme les trois Évangiles synoptiques, il rapporte certaines des actions et des paroles de Jésus, mais s'en distingue par son ethos [13] et son emphase théologique. Il insiste sur la mission cosmique de Jésus de rédemption de l'humanité plutôt que sur son ministère terrestre d'enseigner, de « chasser les démons » et de réconforter les pauvres.

    Dans la doctrine trinitaire, l'Evangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce implicitement la divinité de Jésus.

    Le Prologue de Jean est un texte fascinant et difficile. Les quelques versets constituant cet hymne ont nourri la réflexion des théologiens et des exégètes depuis les origines. Les reprises ont succédé aux reprises, chacun croyant avoir compris le principe architectonique [14] d’un texte toujours déjà offert à la ressaisie. La structure en est complexe et les commentateurs se sont tous exercés à en discerner la composition, avec des résultats très variables.

    Au terme provisoire de cette recherche, j’éprouve le sentiment d’avoir un peu mieux approché la structure du Prologue, de l’avoir situé parmi l’ensemble des Évangiles et par rapport à la Bible, d’avoir souligné son importance dans le cadre de nos serments de Maçons. Mais je n’en suis encore toujours qu’à un stade de balbutiements en ce qui concerne son interprétation !

    R:. F:. A. B.

     

    [1] Sauf dans les Loges pratiquant le R.E.R.

    [2] Le solstice d’hiver marque, dans un certain nombre de cultures, le premier jour de l’hiver et est généralement associé à un jour férié, comme par exemple les Saturnales romaines, Hanoucca dans la religion juive, Kwanzaa pour certains afro-américains ou Noël, Sol invictus, Dies natalis solis invicti, fête de la naissance de Mitra, ancienne fête païenne assimilée par la religion chrétienne.

    [3] On appelle Ancien Testament ou Ancienne Alliance (en grec : Ἡ Παλαιὰ Διαθήκη / Hē Palaià Diath) l'ensemble des écrits de la Bible antérieurs à la vie de Jésus (laquelle est relatée dans le Nouveau Testament). Le mot testament vient du mot grec διαθήκη / diath : testament, contrat, convention, traduit en latin par testamentum (testament ; témoignage). Le mot grec a un sens plus large (celui de contrat) que celui du mot latin, aussi certains préfèrent le traduire par « Alliance ».

    Les chrétiens considèrent que la Bible se compose dès lors de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.

    L'Ancien Testament comprend principalement le Pentateuque (ou Torah), les Livres des Prophètes, d'Autres Écrits, et, pour le catholicisme, les livres deutérocanoniques.

    [4] Initiateurs aux mystères sacrés

    [5] La christologie est la discipline de la théologie dogmatique qui étudie la personne et les paroles de Jésus-Christ, réfléchit sur la confession de foi chrétienne relative à Jésus-Christ, à partir notamment de la signification et de l'évolution des titres donnés à Jésus tels que Christ, Seigneur, Fils de Dieu, et qui, par conséquent, réfléchit à l'identité et à la nature du Christ, et la signification doctrinale du titre de Christ. Son influence se répercute dans tous les domaines de la théologie chrétienne.

    [6] La gnose (du grec γνώσις, connaissance) est une philosophie ou une science du salut fondée sur une connaissance de soi ou sur une révélation intérieure. Elle se fonde sur l'idée que la libération de l'âme du monde matériel passe par la connaissance (ou l'expérience) directe de la divinité. Ainsi, pour l'historien des religions, on peut appeler gnose « toute attitude religieuse fondée sur la théorie ou sur l'expérience de l'obtention du salut par la Connaissance ». Cette idée, qui a notamment donné son nom au gnosticisme, se retrouve dans plusieurs traditions religieuses.

    Il convient toutefois de distinguer la gnose dite éternelle ou philosophique de la gnose - du gnosticisme - dit historique des sectes chrétiennes des 1er et 2ème siècles de notre ère, qualifiées par l'Église catholique romaine d'hérétiques. Ces dernières prétendaient tout autant que leur concurrente faire référence à un christianisme authentique. Cependant on les accusait de relever davantage de croyances mythologiques et des pratiques magiques dans un système religieux donné que d'un effort d'intériorisation spirituel.

    [7] Le néoplatonisme est une doctrine philosophique élaborée à partir du 3ème siècle à Rome (Ammonios Saccas, et surtout Plotin), close avec Damascius en 544. Elle tentait de concilier la philosophie de Platon avec certaines spiritualités orientales.

    [8] Le Livre de la Genèse (du grec Γένεσις, « naissance », « commencement », « source », « origine », « cause ») est le premier livre de la Torah (Pentateuque), donc du Tanakh (la bible hébraïque) et de la bible chrétienne. En hébreu, son intitulé est Bereshit (« au début de … ») d'après le premier mot de la première parasha du Livre. La tradition juive considérant qu'il a été écrit par Moïse, on l'appelle parfois le Premier Livre de Moïse.

    Le livre de la Genèse veut expliquer l'origine de l'homme et du peuple hébreu jusqu'à son arrivée en Égypte en l'éclairant par le projet de Dieu. Il contient les présupposés et bases historiques aux idées et institutions nationales et religieuses d'Israël, et sert de préface, introduction ou en-tête à son histoire, ses lois et coutumes.

    [9] Subtils jeux linguistiques qui stimulaient l’attention et aidaient la mémoire.

    [10] Les Sémites sont un ensemble de peuples à caractères linguistiques communs réunis conventionnellement. Cette réunion a été souvent abusive, et amène à désigner par les nazis un caractère génétique commun, supposant une ethnie commune. Les peuples sémitiques regroupent, en réalité plusieurs peuples différents, et dont les individus les composant sont, notamment pour les juifs, d'origines ethniques différentes. Généralement on désigne sous ce vocable la langue arabe, la langue hébraïque, et la langue éthiopienne.

    Le mot vient du nom propre Sem (en hébreu שֵׁם,šem, « nom, renommée, prospérité ») désignant un des fils de Noé, duquel, selon la Bible, seraient issus plusieurs peuples (la plupart des tribus arabes, Araméens, Assyriens, Elamites, Hébreux et Phéniciens) et dont les représentants modernes sont les Arabes, les Chaldéens (Assyriens, Babyloniens), Hébreux, les Syriaques, etc.

    [11] Un hiérophante est un prêtre qui explique les mystères du sacré. Dans l'Antiquité grecque, le mot désignait plus particulièrement le prêtre qui présidait aux mystères d'Éleusis et instruisait les initiés.

    Ce titre est aussi employé dans les rites maçonniques égyptiens, notamment dans les rituels de la Grande Loge Française de Memphis & Misraïm, Ordre des Rites Unis restaurés par Garibaldi en 1881.

    [12] Dans l'Antiquité, on y célébrait des mystères liés au culte de Déméter, déesse de la fertilité, divinisation de la terre nourricière.

    [13] L'ethos représente le style que doit prendre l'orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l’auditoire, pour se rendre crédible et sympathique. Il s'adresse à l'imagination de l'interlocuteur. Aristote définit le bon sens, la vertu et la bienveillance comme étant les éléments facilitant la confiance en l'orateur. On pourra y ajouter la franchise et la droiture.

    [14] En philosophie, l'architectonique est la coordination scientifique de tous les savoirs ou des diverses parties d'un système. Le terme a d'abord été utilisé par Aristote dans « L'Ethique à Nicomaque » : la politique est l'art de l'architectonique, qui organise les activités de la Cité.

     

    Bibliographie

    Berteaux Raoul - La symbolique au grade d'Apprenti

    Editions Edimaf, Paris, 1986

     

    Béresniak Daniel - Rites et symboles de la Franc-maçonnerie

    Tome 1 : « Les Loges Bleues » - Editions Detrad, Paris, 1995

     

    Blanquart Henri - Les mystères de l’Evangile de Jean

    Editions Le Léopard d’Or, Paris, 1988

     

    Boismard [15] Marie-Émile

    Le Prologue de Jean

    Editions du Cerf, Collection « Lectio Divina [16] », 1953

     

    Bonnet Jacques - Le Midrash de l’Evangile de Jean

    Editions Bonnet, Roanne, 1984

     

    Bonsirven J. - Les aramaïsmes de Jean l’Evangéliste - 1949

     

    Boucher Jules - La symbolique maçonnique

    Editions Dervy, Paris, 1995

     

    Chouraqui André - L’Evangile selon Jean

    Editions J.-C. Lattès, Paris, 1993

     

    Chouraqui André - La Bible

    Editions Desclée de Brouwer, Paris, 2003


    Comte Fernand - Les livres sacrés

    Editions Bordas

     

    Ducluzeau Francis - L’Initiateur

    Une lecture initiatique de l’Evangile de Jean

    La Pierre philosophale

    Editions du Rocher, 1994

     

    Dannagh Hervé - L'influence de saint Jean dans la Franc-maçonnerie

    Editions Dervy, Paris, 1999

     

    Diel Paul et Solotareff Jeanine - Le Symbolisme dans l’Evangile de Jean

    Editions Payot, Paris, 1983

     

    Collectif - Ecole biblique de Jérusalem

    La Bible de Jérusalem

    Editions Desclée de Brouwer, Paris, 2000

     

    Mondet Jean-Claude

    La Première Lettre - L’Apprenti au Rite Ecossais Ancien et Accepté

    Editions du Rocher, Monaco, 2007 - Pages 164 à 167

     

    Noël Danielle (Sélectionnées par)

    365 méditations bibliques

    Editions Presses de la Renaissance (ou France Loisirs)

     

    Philippe Marie-Dominique - Saint Thomas d’Aquin

    Commentaire sur l'Evangile de saint Jean

    Tome 1, le Prologue, la vie apostolique du Christ [17]

    Editions du Cerf, 1998

     

    Wientzen Max - Prologue à l’Evangile de Jean

    Une approche linguistique et symbolique

    Editions Modulaires Européennes, Fernelmont, 2010

     

    Wirth Oswald - La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    Tome 1 : L'apprenti - Editions Dervy, Paris, 1994

     

     

    [15] Marie-Émile (Claude) Boismard, dominicain, licencié en théologie (Le Saulchoir) et en sciences bibliques (Rome), fut successivement professeur de Nouveau Testament à l'École biblique de Jérusalem (1948-1950), puis à l'Université de Fribourg en Suisse (1950-1953), et de nouveau à l'École biblique de Jérusalem (1953-1993).

    [16] La « lectio divina », c'est-à-dire la lecture réfléchie et méditée de la Bible, était à l'époque patristique comme au Moyen Age, l'étude essentielle des clercs, base commune de leur enseignement et de leur prédication, nourriture de leur pensée aussi bien que de leur prière.

    Créée en 1946, la collection « Lectio divina » a voulu servir et aider à une intelligence totale de la Bible. Elle a publié aussi bien des études d'exégèse mettant à profit les progrès les plus exacts de nos connaissances historiques, que des travaux de théologie biblique ou d'une exégèse « spirituelle » renouvelée.

    [17] Parmi les œuvres de saint Thomas, ce commentaire tient une place unique, non seulement parce qu'il compte, de fait, parmi les dernières œuvres du Docteur angélique, mais encore, parce que l'Evangile de Jean contient ce qu'il y a d'ultime dans la Révélation.

     


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  •  L’Arbre de Vie ou Arbre séphirotique 

    Introduction

    Bien que le mot « arbre » n’apparaisse pas dans nos rituels, il nous est peut-être  déjà arrivé d’entendre des propos relatifs à différents arbres symboliques : Arbre de vie, Arbre séfirotique, Arbre de la Connaissance, Ardre du monde… ou de les rencontrer au hasard de nos lectures dans la littérature relative aux anciennes civilisations et religions. La Franc-maçonnerie s’est largement inspirée de la Kabbale notamment dans laquelle l’Arbre séfirotique symbolise la Création.

    Dans une planche précédente, consacrée au symbolisme du Tarot et de ses couleurs, j’avais notamment évoqué les arcanes majeurs qui parcourent les 22 sentiers de l'Arbre de Vie et qui relient entre elles les dix séphiroth de l'Arbre. J’écrivais aussi que le Tarot ainsi que les lettres hébraïques codent l’homme et l’univers avec d’infinis secrets à peine partiellement résolus à ce jour.

    Le but de la présente planche est de tenter d’organiser ces connaissances ésotériques. Je commencerais par évoquer trois arbres qui n’ont pas été repris par la Franc-maçonnerie :

    1. L'Arbre du Monde en général se distingue des autres arbres sacrés par sa localisation au Centre de l'Empire et du Monde. Il symbolise l'Axe du Monde, le lien entre la Terre et le Ciel à la base du développement du monde dans la tradition chinoise.
    1. L'Arbre du Monde est décrit dans plusieurs récits mythiques chinois sous deux dénominations distinctes :
    • L'Arbre de Kien-Mou en Chine, dressé au centre du monde, n'a pas d'ombre. Il a 9 branches et 9 racines par lesquelles il touche les 9 cieux et les 9 sources (séjour des morts). Kien-Mu ou « Arbre Dressé », évoque naturellement l'Axe du Monde ;
    • Jian-Mu, l'Arbre Constructeur (du Monde), fait aussi allusion à l'Axe du Monde car Jian signifie également l'épée, le symbole de l'Axe par excellence.
    1. Odin est le Dieu du Ciel, de la magie, de la victoire. Il est le dieu en chef de
      la mythologie nordique. Odin vit dans Asgard, au sommet de l'Arbre du
      Monde
      .

    L’Arbre de Vie, par contre, est un élément central de la tradition kabbalistique. Il représente symboliquement les Lois de l'Univers. Il peut aussi être vu comme le symbole de la Création tant du Macrocosme (L'Univers) que du Microcosme (L'Être Humain). Sa description est considérée comme celle de la cosmogonie de la mystique kabbalistique.

    Certains auteurs le rapprochent de l'Arbre de la vie mentionné par la Genèse en 2:9). Il est en effet aussi question d’un arbre de vie au début de la Genèse (Ge 3:24). Cet arbre est censé donner l'immortalité.

    Il ne faut pas le confondre avec l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Cet arbre est aussi mentionné plusieurs fois dans l'Apocalypse (Ap. 2,7 ; Ap. 22,14 ; Ap. 22,19).

    Les chrétiens ont souvent assimilé la croix du Christ avec l'Arbre de vie car, comme lui, elle donne vie à l'humanité.

    L'Arbre de vie est parfois rattaché à la Ménorah du Temple de Jérusalem.

    Il est aussi question de la vision d’un Arbre de vie dans le livre de Mormon [1]. Cet Arbre de vie représente l’amour de Dieu et est appelé le plus grand des dons de Dieu.[

    Entrons à présent dans le vif du sujet de cette planche et tentons d’analyser plus en profondeur ce que l’on entend par « Arbre de Vie » que l’on désigne aussi sous l’appellation « Arbre séphirotique ».

    Depuis quatre millénaires au moins, un arbre symbolique est figuré à toutes époques en Mésopotamie, et depuis un peu moins longtemps dans presque toutes les religions du monde : c’est l’Arbre de Vie.

    Qu’est-ce que l’Arbre de Vie ?

    L’Arbre de Vie

    L’Arbre de Vie est un motif très répandu dans de nombreux mythes et contes populaires dans le monde entier, et grâce auquel les cultures ont cherché à comprendre la condition humaine et profane relativement au royaume divin et sacré.

    De nombreuses légendes parlent de l’Arbre de vie, qui pousse au-dessus du sol et donne la vie aux dieux et aux hommes, ou d’un arbre cosmique, qui est souvent lié au « centre » de la terre. C’est probablement le mythe humain le plus ancien, et peut-être un mythe universel.

    Thème universel, symbole de la croissance vers le ciel et de la « verticalisation » en Dieu, l'Arbre de Vie (ou la victoire sur la mort) se retrouve dans toutes les grandes traditions de l'humanité, comme les traditions extrême-orientales, indiennes, sud amérindiennes...

    On peut dire qu’il est une image de la relation entre Dieu et sa Création, à travers la représentation des émanations divines qui descendent vers le monde et qui remontent vers Dieu dans un perpétuel échange entre le Créateur et sa créature.

    Ce réseau relationnel d’énergie vitale se situe dans tous les domaines, Dieu étant omniprésent et multiforme. Il est représenté sous la forme d’un diagramme – ou d’un arbre – l’Arbre de Vie, qui consiste en une construction – composée de colonnes et de niveaux – des dix « forces » ou « émanations » divines par lesquelles Dieu interagit avec l’homme. L’hébreu les appelle séphiroth, ou attributs de Dieu.

    En ce qui concerne l’orthographe, précisions que l’on peut écrire séphiroth, séfirot, sefirot, séfiroth ou séphirot. C’est un nom masculin singulier qui désigne un des dix degrés du monde divin qui sont la manifestation des attributs de l'essence divine.

    Mais, dans la littérature, on trouve aussi le mot « séphirah » (au singulier) qui est manifestement apparenté à la racine sepher, le chiffre (pris ici dans son sens de réalité cachée), et les séphiroth sont les éléments de la nature cachée, intime, de Dieu.

    Bien sûr, ces séphiroth sont la lecture que l’homme fait de sa relation avec Dieu, la façon qu’il a de Le reconnaître dans sa vie et dans la Création tout entière, de rendre compte de son existence et de son omniprésence, de sa transcendance et de son immanence.

    L'Arbre de Vie représente le mystère de l'expansion de la vie, mais encore la constante victoire sur la mort. C'est l'expression parfaite du mystère de la vie qui est la réalité sacrale du cosmos. Les traditions islamiques, juives et chrétiennes parlent de l'Arbre de vie comme plante d'immortalité placée au centre du jardin d'Éden. L'arbre unit la terre au ciel et, régénéré par cette union, il emplit tout l'univers de sa majesté. Relié à la vie divine, il est un symbole de splendeur et de puissance.

    L’Arbre de Vie est l’un des symboles les plus connus de la Géométrie Sacrée. La structure de l’Arbre de Vie est liée aux enseignements sacrés de la Kabbale juive, mais on la retrouve aussi 3 000 ans plus tôt dans l’ancienne Egypte.

    Faut-il rappeler que l'origine judéo-chrétienne de certains symboles maçonniques est plus que claire et qu’ils mêlent également des éléments prévenant de l'alchimie et de la Kabbale, selon les grades ?

    Mais qu’est-ce que la Kabbale ?

    La Kabbale

    Les Francs-maçons seraient entrés en relation avec la Kabbale juive par l'intermédiaire de la Kabbale chrétienne, une kabbale revisitée à partir du 15ème siècle par les humanistes de la Renaissance.

    La Kabbale, parfois écrit Cabbale, est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » connue sous le nom de « la Torah ».

    On peut aussi définir la Kabbale comme étant la dimension interne de la Torah. Cette dimension correspond à la connaissance secrète des quatre niveaux de l'intérieur de la Torah.

    Le mot « Kabbale » (qui se dit « Qabalah » en hébreu) signifie « réception ». Il s'agit donc de la sagesse du recevoir. Le terme est parfois interprété comme « tradition ». Le Kabbaliste est donc celui qui a reçu la tradition. Le mot « Kabbale » ne désigne pas un dogme mais un courant à l'intérieur du judaïsme et un état d'esprit.

    Selon ses adhérents, la compréhension intime et la maîtrise de la Kabbale rapprochent spirituellement l'homme de Dieu, ce qui confère à l'homme un plus grand discernement sur l'œuvre de la Création par Dieu.

    Outre des prophéties messianiques, la Kabbale peut ainsi se définir comme un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'homme et l'univers, prenant racine dans les traditions ésotériques du judaïsme. Cependant, cette définition académique ne rend pas bien compte de l'universalité de la Kabbale et de la richesse des thèmes qu'elle aborde.

    Entre le divin inconnaissable et les hommes, la Kabbale donne une place à l’homme primordial. Source de l’univers séphirotique, l’homme primordial est la seule possibilité, pour le monde humain, d’aborder la Connaissance.

    La Kabbale se veut être un outil d'aide à la compréhension du monde en ce sens qu'elle incite à modifier notre perception du monde (ce que nous appelons « la réalité » malgré la subjectivité de notre perception). Pour ce faire, la Kabbale met à notre disposition un diagramme synthétique : l'Arbre de la Vie ou Arbre des Séphiroth. Elle propose ses réponses aux questions essentielles concernant l'origine de l'univers, le rôle de l'homme et son devenir. Elle se veut à la fois un outil de travail sur soi et un moyen d'appréhender d'autres systèmes de pensée.

    L’Arbre de vie au sens de la Kabbale

    L’Arbre de Vie dans la Kabbale, représente symboliquement les Lois de l'Univers. Il peut aussi être vu comme le symbole de la Création tant du Macrocosme (L'Univers) que du Microcosme (L'Être Humain).

    L’Arbre de Vie est un symbole issu de l’histoire du peuple hébreu et représente la dimension interne de la Torah, qui est tout autant l'histoire de la libération d'Egypte que la loi donnée par YHWH à Moïse sur le Mont Sinaï.

    L’Arbre de Vie de la Kabbale a dix branches. Elles sont appelées « les Séphiroth ». Elles représentent les dix attributs ou émanations grâce auxquels l’infini et le divin sont en relation avec le fini.

    L’Arbre de Vie kabbalistique est une représentation des trente-deux chemins composés des dix Séphiroth et des vingt-deux chemins qu’ils parcourent. L’Arbre de Vie décrit la descente du divin dans le monde manifesté, et les moyens par lesquels on peut accéder à l’union divine dans cette vie. On peut le voir comme une carte représentant la psyché humaine, et les mécanismes de la création, à la fois manifeste et non manifeste. Il est important de comprendre que la nature pure de la divinité est l’unité, et les aspects ou émanations apparemment séparés existent uniquement dans le point de vue de l’émané, vivant dans un état de séparation illusoire.

    Les Arbres de Vie gravés, peints, brodés, imprimés ou sculptés existent depuis le début de l'Histoire. Ils semblent symboliser la force de la vie et ses origines, l'importance des racines et le développement de la Vie. Ils sont parfois associés à des personnages et/ou à des animaux (oiseaux, mammifères). L’Arbre de Vie fait partie de la décoration des églises à toutes les époques, mais plus particulièrement aux époques anciennes.

    L'Arbre séphirotique de la Vie

    L'Arbre séphirotique de la Vie est une ancienne et mystique représentation kabbalistique de la structure physique et psychique de l'homme, l'univers, ainsi que des échanges qui s'établissent constamment entre les deux, et qui forment la vie humaine.

    L’étude de l'Arbre séfirotique ou Arbre de la Vie, donne une vue très claire du travail spirituel à réaliser. C’est une méthode qui peut nous accompagner tout au long de notre existence.

    Suivons-la : notre pensée cessera de vagabonder au hasard et nous recevrons des encouragements au fur et à mesure que nous arriverons à avancer dans cette voie. En revenant souvent sur l'Arbre séphirotique, nous allumerons des lumières en nous, et ces lumières non seulement nous éclaireront, mais elles nous purifieront, nous renforceront, nous vivifieront et nous embelliront.

    Peut-être ne comprendrons-nous jamais parfaitement cette figure, et à plus forte raison n'arriverons-nous pas à réaliser les vertus et les puissances qu'elle représente, mais elle sera là comme la représentation d'un monde idéal qui nous tirera toujours vers le haut.

    Le moment me semble venu d’apporter quelques précisions à propos des séphiroth.

    Les séphiroth

    Les séphiroth sont dix puissances créatrices énumérées par la Kabbale dans son approche mystique du mystère de la Création. Chaque séphiroth est l'émanation d'une énergie du Dieu Créateur des Juifs. Ces puissances divines manifestent dans la création du monde fini le Pouvoir Suprême du « En Sof », l'Infini. Les traités de Kabbale présentent souvent les Séphiroth sous la forme d'un diagramme en forme d’arbre : l’Arbre de Vie.

    Oswald Wirth nous rappelle que « Tradition » se dit « Qabbalah » en hébreu. Aussi la Kabbale est-elle une philosophie qui se transmet initiatiquement de génération en génération. Elle se base sur des spéculations numérales que résume la théorie des Séphiroth (Nombres), dont l’ambition est de relier le Relatif à l’Absolu, le Particulier à l’Universel, le Fini à l’Infini, ou la Terre au Ciel. Cette jonction s’opère par l’entremise de la décade dont chaque terme a reçu des dénominations caractéristiques : les séphiroth.

    Ceci me permet de préciser que séphiroth ou sfirot est un mot hébreu signifiant compter, nombre, ou statistique.

    Plus concrètement, les séphiroth sont les dix énumérations (ou émanations) représentées dans la Kabbale juive. En d’autres termes, les dix séphiroth sont les dix nombres primordiaux.  Le terme est dérivé de la racine hébraïque SFR signifiant compter (numération – numérologie).  Le terme « séphiroth » signifie qu'il ne s'agit pas de nombres ordinaires mais de « nombres principes » identifiés comme étant les dix dimensions infinies du cosmos, à savoir les six dimensions de l'espace, les deux du temps et celles du bien et du mal.

    Les séphiroth servent à décrire la naissance du monde.  Le premier séphiroth est le pneuma divin. De celui-ci sort le second séphiroth, l'air…  De l'air sont issus l'eau et le feu.  Les six derniers séphiroth représentent les six directions dans l'espace.  Ils sont scellés au moyen de six permutations du grand nom de dieu YHWH.

    Le Sefer Yetsirah [2] nous apprend que « le réel » est constitué par la combinaison des 22 lettres hébraïques, générant les 231 combinaisons binaires, à l'origine de la création du monde.

    * L’Arbre de Vie ou Arbre séphirotique

    Description de l’Arbre séphirotique

    Il faut être conscient que vouloir schématiser un concept aussi fondamental que la relation entre Dieu et l’être humain est assez hasardeux. Mais on peut essayer !

    * L’Arbre de Vie ou Arbre séphirotique

    Au-dessus de l’Arbre de Vie réside l’Infini, « Ayin Soph » ou la Lumière sans fin, « ’ayin soph ’or », qui illumine toute la Création, de haut en bas.

    L’Arbre se développe ensuite entre deux séphiroth extrêmes :

    • Le sommet de l’Arbre est Kether, la Couronne, qui représente le Royaume céleste. Kether est le point d'entrée par lequel la création se manifeste dans le monde, par une insufflation permanente d'existence. Kéther a une importance considérable : c’est lui qui reçoit la Lumière de l’infini et la déverse sur toutes les autres séphiroth.
    • Le pied de l’Arbre est Malkhuth, le royaume terrestre, qui a été créé à l’image du Royaume céleste ; cette copie, qui s’est altérée à cause de l’imperfection de l’homme, s’emploie de génération en génération, telle Sisyphe, à remonter le long de l’Arbre, jusqu’à Dieu.

    Entre les deux, l’Arbre se compose de trois colonnes, qui ont chacune leur particularité :

    • La colonne de gauche est « féminine » et correspond aux aspects les plus « relationnels » et « pragmatiques » de l’être humain.
    • En haut, Binah est l’intellect, souvent appelé sagesse, qui permet de comprendre le monde extérieur ;
    • au-dessous, Ghevourah est le jugement, la prise de position sur le monde extérieur, souvent appelé valeur ou courage ;
    • en bas, Hod est la réponse au monde extérieur, souvent appelée splendeur, le moteur des actions volontaires de l’être humain.

    On pourrait dire que ces trois séphiroth de la colonne de gauche ne sont autres que les trois éléments qui composent la démarche que l’Action catholique a mise au point dans la première moitié du 20ème siècle : voir, juger, agir.

    • La colonne de droite est « masculine » et correspond aux aspects les plus « secrets » et « utopiques » de l’être humain.
    • En haut, Chokhemah (prononcer rorma) est la conscience globale, souvent appelée sagesse, d’où émane l’intelligence intérieure ;
    • au dessous, Chesed (prononcer résed) est la voix intérieure, souvent appelée générosité ou miséricorde ;
    • en bas, Netsach (prononcer netsar), souvent appelée éternité ou gloire, est le moteur de tous les processus involontaires et tous les élans de l’être humain, comme la respiration et le désir.

    On pourrait dire que ces trois séphiroth de la colonne de droite ne sont autres que les trois éléments qui composent la démarche charismatique : émotion intellectuelle, émotion spirituelle et élans du cœur.

    • La colonne du centre est « double » et se situe au point d’équilibre entre tous les aspects, toutes les aspirations, toutes les tensions, toutes les contradictions de l’être humain, entre la loi et la grâce, entre la réflexion et l’action, entre Marthe et Marie (Cf. Lc 10, 38-42. Marthe et Marie sont les archétypes de l’active et de la contemplative).

    Elle est aussi le plus court chemin entre la terre et le ciel, entre le royaume d’en bas et le Royaume d’en haut, entre Malkhuth et Kéter.

    • En bas – entre Nétsach et HodYesod est le régulateur de tous les instincts qui naissent inconsciemment en l’homme et de tous les actes volontaires qu’il décide d’accomplir. C’est l’élément stable de l’être humain, le fondement sur lequel repose tout l’arbre de vie. On peut l’assimiler à la personnalité acquise. Il y a aussi en lui une très forte connotation vitale et sexuelle – force vitale – puisque yesod reçoit toute l’énergie qui descend le long de l’Arbre depuis la Couronne et les colonnes latérales, et réunit de ce fait toutes les tendances masculines et féminines de l’être.
    • Au-dessus, à la croisée de toutes les séphiroth et au milieu de la colonne centrale, Tiphe’éret est le siège de la nature profonde de l’être, celle qui ne change pas au fil des ans, mais aussi de la beauté. La nature profonde de l’être humain est d’être beau !
    • En haut, Da‘at – ou Dé‘a – est un séphiroth particulier, qui n’est pas compté parmi les dix. Situé juste au-dessous de la Couronne, entre intelligence et sagesse, miséricorde et sévérité, il représente non pas une caractéristique de l’être, mais un instant de sa vie qui peut se présenter une seule fois, plusieurs quelquefois : l’instant où des circonstances particulières font que, comme dans le jaillissement d’un arc électrique ou d’un éclair soudain, l’être humain peut entrer en communication avec le divin, on pourrait dire toucher Dieu, ou voir Dieu face à face.

    Da‘at est assimilé à la connaissance par la Kabbale : Da’at s’identifie à tout aspect de la conscience divine.

     

    * L’Arbre de Vie ou Arbre séphirotique

     

    L’Arbre de Vie et la Bible

    Trois citations de la Bible suffisent pour se rendre compte que l’Arbre de Vie n’est pas né de l’imagination fertile d’un rabbin en mal d’instruments pédagogiques high-tech, mais de la Parole de Dieu elle-même :

    1 Chroniques 16,34 : Rendez grâces au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour (Chésed - prononcer résed) !

    1 Chroniques 29,10-13 : Il bénit alors le Seigneur sous les yeux de toute l'assemblée. David dit : « Béni sois-tu, Seigneur, Dieu d'Israël notre père (’avinou) depuis toujours et à jamais ! À toi, Seigneur, la grandeur, la force (Ghevourah), la splendeur (Tiphéret), la durée (Natsar) et la gloire (hod), car tout ce qui est au ciel et sur la terre est à toi. À toi, Seigneur, la royauté (Mamelakha, de racine Malkhuth, roi) : tu es souverainement élevé au-dessus de tout. La richesse et la gloire te précèdent, tu es maître de tout, dans ta main sont la force et la puissance (Ghevourah) ; à ta main d'élever et d'affermir qui que ce soit. À cette heure, ô notre Dieu, nous te célébrons, nous louons ton éclatant renom (Tiphéret) ».

    Isaïe 11,1-2 : Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse (Chokhemah) et d'intelligence (Binah), esprit de conseil (’étsah, qui rappelle le Natsar de l’éternité) et de force (Ghevourah), esprit de connaissance (da’at) et de crainte du Seigneur.

     

    * L’Arbre de Vie ou Arbre séphirotique

     

    Les séphiroth d’après Oswald Wirth

    Les noms et les nombres des dix séphiroth sont présentés dans l’ordre ci-dessous. L’orthographe des noms des séphiroth et leurs significations respectives sont celles données par Oswald Wirth.

    1. Kether (la Couronne ou le Diadème) ou Kether Elyon (la Couronne Suprême) – Unité, Centre, Principe dont tout émane et qui renferme tout en puissance, en germe ou en semence. Le Père, source, point de départ de toute activité. Agent pensant et conscient qui dit « Je suis ! ».
    2. C’Hocmah (la Sagesse) – Pensée créatrice, émanation immédiate du Père : son premier né, Fils, Parole, Verbe, Logos ou Suprême Raison.
    3. Binah (le Discernement, la compréhension ou l’Intelligence) – Conception et génération de l’Idée, Isis, Vierge-Mère, qui enfante les images originelles de toutes choses.
    4. C’Hesed (la Miséricorde ou la Grâce) ou Gedulah (la Grandeur, la Magnificence) – Bonté créatrice appelant les êtres à l’existence. Pouvoir qui donne et répand la vie.
    5. Geburah (la Sévérité ou la Rigueur), Pec’had (la Punition, la Crainte) ou Din (le Jugement) – Gouvernement, administration de la vie donnée. Devoir, domination de soi-même. Morale qui retient. Discrétion, réserve obligeant à se limiter.
    6. Tiphereth (la Beauté) ou Rahamim (la Clémence) – Idéal selon lequel les choses tendent à se construire. Sentiment, Désir, Aspirations, Volitions à l’état statique.
    7. Netsah (la Victoire, le Triomphe, la Fermeté ou la Constance) – Le Discernement qui débrouille le chaos, coordonne les forces constructives du monde, dirige leur application et assure le Progrès. Le Grand Architecte de l’Univers.
    8. Hod (la Gloire, la Splendeur) – La Coordination, la Loi, la Justice immanente, la Logique des choses. Enchaînement nécessaire de causes et d’effets.
    9. Jesod (la Base, le Fondement) ou Tsedek (la Justice) – Plan immatériel selon lequel tout se construit. Potentialités latentes. Planche à tracer. Fantôme préexistant à ce qui doit devenir.
    10. Malcut (le Royaume) ou Shekhinah (l’Immanence divine) – La Création. La Roue du Perpétuel Devenir. L’Apparence, la Phénoménalité. La Matière, source d’illusion et d’imposture.

     

    Le dixième séphiroth ramène à l’Unité les neuf précédentes. Il figure le sol sur lequel se dresse le porteur de la Couronne, c’est-à-dire l’Homme universel, le Grand Adam spirituel.

    Chacune des sphères qui s’articulent entre elles suivant des analogies subtiles porte le nom de séphiroth et présente chacun une vertu particulière. Les dix sphères sont disposées en forme de triangle les unes par rapport aux autres. La seule sphère isolée est Malcut tout en bas, la dixième. Toutes s’articulent entre elles suivant 22 sentiers numérotés de 11 à 32 et correspondent aux arcanes majeurs du Tarot.

    Les triangles formés par les sphères symbolisent les plans majeurs d’existence :

    • Le premier triangle formé par les sphères 1, 2 et 3, le Triangle céleste, représente le plan divin dans sa Trinité, la première sphère analogue à la Source de toutes choses ; les deux autres représentent la dualité primordiale tandis que l’ensemble est donc la Trinité.
    • Le second triangle (4, 5 et 6), Triangle de la moralité, s’apparente au plan mental.
    • Le troisième triangle (7, 8 et 9), Triangle mondain, représente quant à lui le plan astral.

    La dernière sphère, Malcut, représente le plan d’existence physique et l’expérience.

    On obtient ainsi un système de quatre mondes. L’Arbre séphirotique peut être apparenté à la concrétisation de la Création au travers du Tétragramme, de la Croix…

    Oswald Wirth a tenté de rapprocher l’Arbre des Séphiroth et la hiérarchie des Officiers d’une Loge :

    • La Couronne (1) occupe la place du Vénérable Maître dirigeant les Travaux, que les branches de l’Equerre relient à la Sagesse et la Raison de l’Orateur (2), d’une part, et à l’Intelligence, la Compréhension du Secrétaire qui enregistre (3).
    • (4) Grâce et (5) Rigueur correspondent à l’Hospitalier et au Trésorier, mais ces Officiers devraient intervertir leurs places pour rester dans la logique du système séphirotique.
    • (6) Beauté convient au Maître des Cérémonies, ordonnateur de tout ce qui tient aux formes.
    • (7) Victoire, Fermeté, et (8) Splendeur, Ordre, s’associent au Premier et au Second Surveillants, alors que (9) Base ou Fondement se rapporte au Frère Expert, gardien des traditions.
    • Enfin (10), Royaume ou monde profane, est le domaine du Frère Couvreur qui veille extérieurement à la sécurité des Travaux.

     

    Sachons utiliser l’Arbre séphirotique !

    Apprenons à méditer sur les dix séphiroth – l'Arbre de la Vie – en ayant conscience que cet Arbre est en nous, et que la seule activité qui vaille la peine est de le faire croître, fleurir et fructifier.

    Combien de temps nous faudra-t-il avant de devenir réellement cet Arbre de vie ? Cela ne doit pas nous préoccuper ! Des milliers de fois peut-être nous devrons revenir sur cette image et la vivifier, jusqu'à ce que ces dix séphiroth qui sont inscrites en nous commencent à vibrer et que notre être intérieur soit éclairé par toutes les lumières de l'Arbre de la Vie.

    Pour nous guider dans notre travail spirituel et nous indiquer le chemin à suivre, nous avons besoin d'une méthode. La meilleure méthode qui existe est probablement l'étude de l'Arbre séphirotique. Il faut apprendre à en approfondir tous les aspects.

    Avec Malcut, nous concrétisons les choses. Avec Jésod, nous les purifions. Avec Hod, nous les comprenons et les exprimons. Avec Netsah, nous leur donnons la grâce. Avec Tiphéreth, nous les illuminons. Avec Geburah, nous luttons pour les défendre. Avec C’Hesed, nous les soumettons à l'ordre divin. Avec Binah, nous leur donnons la stabilité. Avec C’Hocmah, nous les faisons entrer dans l'harmonie universelle. Enfin, avec Kéther, nous posons sur elles le sceau de l'éternité.

    Approche du symbolisme de l’Arbre de Vie

    L’Arbre est symbole de vie pour toutes les civilisations, signe de la force vitale donnée par le Créateur à la nature. De plus sa frondaison annonce au loin les sources d’eau qui gardent la vie même au désert. Il est donc point de repère et même axe autour duquel le regard perçoit l’horizon dans un certain ordre. La Bible, d’abord, les premiers chrétiens ensuite, ont utilisé ces symboles pour exprimer leur foi en la résurrection.

    Au Proche et au Moyen-Orient, l’Arbre de Vie est symbole d’immortalité et souvent représenté entre deux orants ou deux prêtres qui poussent la contemplation jusqu’à l’adoration. Souvent aussi il est figuré entre deux animaux affrontés : lions, taureaux, bouquetins, ou monstres (tels que des griffons ailés, exceptionnellement des centaures), qui gardent l’Arbre de Vie. Pour atteindre celui-ci et acquérir l’immortalité, il faut triompher des monstres, lutter contre le mal. Plus rarement on voit ce combat même de l’homme contre les animaux gardiens de l’Arbre de Vie, ou au contraire la lutte d’un dieu anthropomorphe protégeant l’Arbre de Vie contre un dragon.

    Les textes égyptiens des pyramides connaissaient l’Arbre de Vie. Dans les tombes du Nouvel Empire, des peintures figurent un sycomore sacré, dont la déesse verse l’élixir de vie. Dans la tombe de Thoutmosis, l’arbre a une mamelle et allaite le pharaon pour lui conférer l’immortalité. Le pilier Djed, si souvent rencontré dans l’iconographie égyptienne, est un symbole de l’Arbre de Vie, et joue un rôle important dans la résurrection d’Osiris.

    L’Arbre de Vie est aussi désigné sous le nom d’axe cosmique unissant le monde souterrain (par ses racines) au ciel (par ses branches), à travers la terre.

    Les trois régions cosmiques, ciel, terre et monde souterrain, sont ainsi traversées et reliées par un axe cosmique ou axe du monde, mais pour une conscience religieuse archaïque, l’arbre est l’univers. Il le répète et le résume, en même temps qu’il le symbolise.

    L’arbre kabbalistique ou Arbre séphirotique de la Vie a été conçu par le mysticisme israélite médiéval et, par un symbolisme complexe ; il relie les trois mondes : celui de Dieu, celui de l’homme et celui de l’univers.

    Arbre de Vie et Arbre de la Connaissance

    Il y a deux arbres dans le jardin d'Éden qui symbolise le bonheur auquel l'humain est appelé : l'Arbre de vie, et l'Arbre de la Connaissance du bien et du mal. Avant de préciser la fonction de ces arbres, il importe de bien comprendre la signification symbolique de l'arbre. Quand on observe un arbre, on constate qu'il est constitué d'un tronc et de branches. Le symbole s'attachera à cet aspect spatial. Le tronc fait fonction de lien entre la terre où il a ses racines et le ciel où il est dirigé. L'arbre est donc un symbole de la communion entre les deux mondes : celui d'en haut où habite la divinité et celui d'en bas où habitent les humains.

    Le premier arbre, l'Arbre de vie, se rencontre dans beaucoup d'autres mythes des peuples de l'Orient ancien, comme la célèbre épopée de Gilgamesh. On y raconte comment le héros entend parler d'un arbre qui peut donner la vie éternelle, qui est le but de sa longue quête. Il en vient à trouver cet arbre, mais il lui est volé par un serpent, qui change de peau après avoir mangé de cet arbre.

    Tout cela signifie un renouvellement de vie et plénitude de vie (le serpent, parce qu'il change de peau, a toujours été interprété dans les anciennes mythologies, comme un symbole de vie éternelle, et chez les premiers chrétiens, de résurrection). Si le jardin d'Éden symbolise le bonheur humain, un des aspects de ce bonheur est la vie pleine, abondante et même éternelle qui est un don de la divinité.

    Quant à l'Arbre de la Connaissance du bien et du mal, il est unique et il est difficile à interpréter. Il semble que cet arbre symbolise le pouvoir absolu. En hébreu, comme dans les autres langues sémitiques, on aime indiquer une totalité par ses deux extrêmes. Ainsi, « le ciel et la terre » signifie l'univers. De cette manière, « le bien et le mal » ne signifierait pas l'une ou l'autre de ces deux réalités, mais les deux, c'est-à-dire « tout ».

    Quant au mot « Connaissance », il n'a pas le sens abstrait que nous lui donnons dans nos langues. Dans les langues sémitiques, il implique une connaissance profonde, une intimité, un pouvoir. Quand on connaît, on a créé des liens intimes et puissants avec le connu.

    L'Arbre de la Connaissance du bien et du mal symboliserait donc un désir profond de l'humain : celui d'être en mesure de connaître tout et d'utiliser ce pouvoir de façon absolue. C’est-à-dire d’être comme un dieu, avec un pouvoir absolu, c'est-à-dire ne plus être limité par la condition humaine. C'est bien là une tentation universelle pour tout humain à toutes les époques !

    On voit donc à l’issue de ce chapitre que l’Arbre de vie est en opposition à l’Arbre de la Connaissance !

    Dans la Bible, il y a une description de l’Arbre de la Connaissance (création de Satan) mais aussi celle de l’Arbre de Vie (la réalité originelle de Dieu). Mais il n’y a aucune compatibilité entre les deux !

    Conclusion

    « Arbre de Vie » ou « Arbre du Monde », l'arbre est le symbole de la vie par excellence. Cet arbre symbolique est figuré à toutes les époques depuis quatre mille ans et depuis un peu moins longtemps dans presque toutes les religions du monde. L’Arbre de Vie est une figure symbolique dont la lecture doit se faire suivant le sens cachant : le sens ésotérique.

    L’Arbre séphirotique est un diagramme ésotérique fondamental dans la Kabbale. Il est aussi connu sous le nom d’Arbre de Vie, qui se retrouve dans d’autres traditions. Dans la Kabbale, un arbre représente symboliquement les Lois de l'Univers. Il peut aussi être vu comme le symbole de la Création tant du Macrocosme (L'Univers) que du Microcosme (L'Etre Humain).

    Dans la Bible, il y a deux arbres dans le jardin d'Éden. Un arbre mentionné au début de la Genèse et qui donne l'immortalité ; un autre, l'Arbre de la Connaissance du bien et du mal, qui est le fameux pommier d’Adam et Eve. Il ne faut pas les confondre !

     

    R:. F:. A. B.

     

    [1] (1 Néphi chapitre 8) Livre de Mormon, 1 Néphi chapitre 8

    [2] Le Sepher Yetsirah ou « Livre de la Formation » est un exposé cosmologique retraçant la formation du monde par les lettres hébraïques et établissant les correspondances de celles-ci avec les directions de l'espace, le zodiaque, les planètes et la constitution de l'homme. A cet égard, on peut dire que ce texte compte parmi les plus importants qui soient parvenus jusqu'à nous. Le Sepher Yetsirah est le premier et le plus court des trois principaux textes auxquels les Kabbalistes se réfèrent, les deux autres textes sont le Bahir et le Zohar.

     

    Bibliographie

     

    Dangle Pierre - La Franc-maçonnerie initiatiqueLe livre du Maître

    La Maison de Vie, Fuveau, 1997


    de Champeaux Gérard - Introduction au monde des symboles

    Editions Zodiaque, 1991

     

    Korsia Haïm - La Kabbale pour débutants

    Éditions Trajectoire, 2007

     

    Lhomme Jean, Maisondieu Edouard, Tomaso Jacob

    Dictionnaire thématique illustré de la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 1993

     

    Seringe Philippe - Les symboles dans l’art, dans les religions et dans la vie de tous les jours

    Editions Hélios, 1993

     

    Wirth Oswald - La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes

    3ème partie : « Le Maître » Editions Dervy, Paris, 1994

     


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    * La fraternité maçonnique, réalité ou utopie ?

     

     La fraternité, réalité ou utopie ? 

    Introduction

    Pour pouvoir mettre les lois de la fraternité en pratique, c’est-à-dire arriver à nous aimer vraiment les uns les autres et à nous venir en aide mutuellement, ne devrions-nous pas apprendre à nous connaître nous-mêmes mais aussi et surtout à mieux connaître nos Frères ?

    Plancher sur ce sujet, revient pour moi, à me livrer à une réflexion au sujet de la fraternité maçonnique et à me demander si elle est réelle, si elle n’est qu’une façade ou si elle n’est qu’une utopie mais surtout comment je la ressens. C’est vous dire d’emblée que cette planche risque de vous interpeller, ou tout simplement de perturber le doux ronronnement des Colonnes. Pour débuter cette planche de réflexion, permettez-moi de commencer par vous rappeler un propos du Pasteur James Anderson, extrait des « Constitutions » :

    « Ainsi, la Maçonnerie devient le Centre d'Union et le moyen de concilier une véritable amitié parmi des personnes qui auraient dû rester perpétuellement éloignées ».

    Calqué sur cette première citation, voici ensuite un extrait du rituel que nous pouvons tous entendre dans de la cérémonie d’Initiation au premier degré du Rite moderne belge et qu’il me semble utile de relire de temps en temps :

    « Ainsi la Maçonnerie devient le Centre d’union où se nouent d’une amitié fidèle des hommes qui, autrement, auraient dû rester à jamais éloignés l’un de l’autre ».

    De ces deux premières citations, je déduis la thèse de cette planche : c’est aux Frères, à chaque Frère, à tous les Frères, d’apprendre à se connaître, puisqu'il est dit qu’en entrant en Franc-maçonnerie, nous allons rencontrer des hommes qui sans elle, ne se seraient sans doute jamais connus.

    Mais pour développer cette thèse, il me faut encore vous rappeler trois extraits de la cérémonie d’Initiation au Premier degré. Et tout d’abord celui-ci que nous devrions relire bien plus souvent :

    « La Franc-maçonnerie est une association initiatique qui, par son enseignement symbolique, élève l’homme spirituellement et moralement, et contribue ainsi au perfectionnement de l’humanité par la pratique d’un idéal de paix, d’amour et de fraternité ».

    Ces cinq derniers mots me paraissent extrêmement importants. Je les souligne :

    « … la pratique d’un idéal de paix, d’amour et de fraternité ».

    Enfin, un extrait de notre serment me paraît aussi très riche d’enseignement pour étayer mes propos de ce Midi :

    « Je promets d’aimer mes Frères et de les secourir selon mes facultés ».

    « Selon mes facultés » : donc chacun en fonction de ses possibilités !

    Tout en développant ma thèse, je vais essayer de répondre à quelques questions que je me pose :

    • En Maçonnerie, pratiquons-nous réellement la fraternité et vivons-nous tous une réelle amitié ?

    • Qu’est-ce qu’un Frère ?

    • Qu’est-ce que la vraie fraternité dans le cadre de notre Maçonnerie régulière ?

    • Connaissons-nous vraiment les Frères de notre Loge et comment les percevons-nous ?

    • Sommes-nous capables de les aimer et comment ?

    Alors, commençons par cette première question : s’agit-il d’amitié ou de fraternité ?

    Amitié ou fraternité ?

    Il n’est pas facile de délimiter une frontière entre le copinage, l’amitié et la fraternité, de même qu’entre entraide, secours mutuel, bienfaisance et affairisme.

    Assez curieusement, je pense compter des amis Maçons dans la plupart des autres Obédiences maçonniques de notre pays. Je les reconnais comme Frères. Ils me reconnaissent comme tel. Certains sont même des amis de très longue date.

    Par contre, dans les différentes Loges dont je fais partie, quelques Frères sont, en plus, des amis, voire des amis plus intimes mais ils ne sont pas légions. Tous les membres de ces Loges sont bien sûr mes Frères. Il en va de même des hommes que je rencontre dans les autres Loges régulières que je visite.

    Je ne suis pas l’ami de tous mes Frères, je le sais. J’ai un certain tempérament, une très forte personnalité et peut-être même un foutu caractère de râleur mais, malgré tout, je me sens toujours prêt à aider mes Frères. Toujours. Le plus souvent, du fait de mes compétences et connaissances, cette aide passe par le canal de l’informatique ou de la téléphonie. Souvent mes Frères font appel à moi pour les aider dans des recherches, dans la rédaction de leurs planches ou de leurs Tracés et procès-verbaux, dans des démarches qui, de très près ou de loin concernent la Maçonnerie. Mes Frères me reprochent souvent de me comporter comme un enseignant mais oublieraient-ils que c’est ma formation professionnelle, ma vocation ? Non, je ne leur en veux pas ! Je ne me sens pas spécialement compétent dans d’autres domaines comme l’art de guérir, les finances, la comptabilité, le commerce, le management, la surveillance ou le contre-espionnage. Mon hyperactivité, essentiellement maçonnique et musicale, dérange aussi certains Frères. Elle en irrite d’autres et j’en suis conscient !

    Je suis assez réticent lorsque je sens arriver toute forme de demande de passe-droit. Je ne suis pas venu en Maçonnerie pour faire des affaires ni pour favoriser qui que ce soit mais tout simplement pour partager un même idéal spirituel. Mais le problème est là ! Notre idéal est-il réellement commun ? Nos conceptions de la fraternité maçonnique ne seraient-elles pas toutes différentes et juxtaposées, à l’image de nos personnalités respectives ?

    Alors, mes Frères, assez parlé de moi ! Voyons comment concevoir la fraternité au sein de notre Ordre, au sein de la Franc-maçonnerie régulière ?

    La fraternité pour les Francs-maçons réguliers

    La Franc-maçonnerie, ordre initiatique et traditionnel fondé sur la fraternité, nous invite à un engagement. Cette fraternité des Maçons n’a pas de base objective. Les Francs-maçons n’ont pas, la plupart du temps, les mêmes idées en matière de religion ou de politique. Mais ce qui devrait nous unir, au premier chef, en fraternité, c’est la recherche d’un idéal commun, de beauté, d’amélioration de l’homme par la sagesse, le dépassement de l’individu par lui-même par la force qui le soutient dans sa progression : la recherche de la Lumière.

    Au sein de notre Ordre, nous avons coutume de lire ou d'écrire le vocable « frère » avec une majuscule. Le terme prend alors un sens que je vais essayer de préciser à présent en proposant une réponse aux deux questions essentielles suivantes : « Qu'est-ce qu'un Frère ? » « Qu’est-ce que la fraternité au sens maçonnique ? ».

    Pour moi, un Frère, c’est un Profane qui, comme moi, a eu un jour la chance d’être choisi puis parrainé, un être qui a reçu l’Initiation et qui, reconnu par nous tous, a accepté d’être placé au début d’un cheminement spirituel qui lui sera propre, dans la quête de la Lumière, en travaillant sur lui-même d’abord pour tenter de se connaître et de s’améliorer au contact de ceux qui ont, apparemment, choisi le même idéal.

    La G.L.R.B. nous dit que « pour les Francs-maçons en général, la fraternité désigne surtout le lien privilégié qui unit les Maçons et les oblige particulièrement ».

    Cette fraternité des Francs-maçons procède d’abord d’un choix libre, celui qui pousse le Profane à entrer en Maçonnerie. Par la suite, l’Initiation en fera un des buts essentiels qu’il poursuivra dans sa quête. Mais si la fraternité est la base de la Franc-maçonnerie, celle-ci ne crée pas de manière spontanée la fraternité, pas plus que la fraternité ne se décrète. Le Franc-maçon chemine vers la fraternité et ne peut y parvenir que par le Travail.

    Cette fraternité, le Maçon la rencontre à trois niveaux :

    • dans les origines de la Maçonnerie ;

    • dans son symbolisme, c’est-à-dire ce qui rassemble les Maçons et tout particulièrement celui du rituel et de l’architecture du Temple où se réunit la Loge, avec son Pavé mosaïque, les lacs d’amour de la corde qui orne ses murs, avec la Chaîne d’union que pratiquent ses membres ;

    • et enfin dans l’action du Maçon en dehors de la Loge.

    « Pour les Francs-maçons réguliers, le terme « fraternité » implique d'abord que tous les hommes sont frères et qu'à ce titre, ils ont droit à notre respect et à notre aide. Mais ainsi conçue, la fraternité ne se distingue pas d'autres notions générales telle la fraternité chrétienne, la fraternité des armes ou la fraternité universelle, valeur issue de la Révolution française » (G.L.R.B.).

    Il me faut donc approfondir la réflexion sur ce concept. C’est pourquoi, j’envisagerai à présent la fraternité comme source initiatique.

    La fraternité, source initiatique

    Nous percevons facilement le Temple maçonnique – la Loge – comme un havre de paix au milieu d’un monde de conflits et de rivalités parce que la fraternité y a le pouvoir d’effacer tous les clivages sociaux, religieux, politiques et culturels. Mais une analyse plus poussée montre que la fraternité est l’élément fondamental du Maître, et qu’au-delà d’une fraternité associative, une fraternité initiatique permet d’entrevoir comme possible notre propre réalisation.

    Cette fraternité initiatique, qui se reconnaît extérieurement à la capacité de se réjouir du bonheur de l’autre, de son épanouissement et de sa progression vers l’accomplissement de sa plénitude, est la condition nécessaire à notre propre développement dans la voie spirituelle de la Maçonnerie.

    Le terme initiatique indique un mouvement, une dynamique, le début d’un nouveau mode d’appréciation des valeurs habituelles, un regard différent sur tout ce qui nous entoure, mais plus encore, une ouverture qui devrait permettre une réelle transformation progressive.

    La fraternité initiatique est interactive : la construction de soi passe par la construction de l’autre. Elle est l’un des facteurs de la quête initiatique qui est désir de passer d’une vie subie à une vie choisie.

    Cependant la grandeur du Maître ne se réalise seulement que lorsqu'il commence lui-même à se voir tel qu’il est et qu’il comprend ce qu’il est capable de faire en fonction de ce qu’il est.

    « Pour la Maçonnerie régulière », et c’est la G.L.R.B. qui l’affirme, « la fraternité maçonnique est essentiellement source initiatique ». En effet, elle n'a pas son fondement dans une communauté d'opinions ou d'intérêts, encore moins dans quelque convention sociale qui ferait que les membres du groupe s'efforceraient de se conduire mieux avec leurs « frères » qu'avec ceux qui ne font pas partie de la société maçonnique ».

    La fraternité trouve sa source dans le fait que chacun, par l'Initiation qu'il a reçue, s'engage dans une voie commune de recherche et de progrès spirituel. Chacun se trouve uni aux autres Maçons par l'expérience partagée d'un symbolisme vécu et éprouvé, par le désir de tous de former une communauté initiatique. En recevant le nom de « Frère », l'Apprenti devient un maillon de la chaîne ininterrompue reliant tous les Initiés, ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui et ceux de demain.

    Par des voies souvent très différentes, les Francs-maçons vont vers la Lumière : mais c'est leur souci commun. Il paraît évident que sur cette base naissent et se développent des amitiés personnelles très fortes, que les Maçons s'accordent à faire régner entre eux un climat de respect et d'affection réciproques.

    L’entraide que se portent spontanément les Francs-maçons se fonde sur l’estime réciproque et l’attachement à un idéal partagé : l’aide morale, affective ou matérielle que tout Franc-maçon dans l’épreuve reçoit de ses Frères est l’esquisse de la solidarité humaine pour laquelle la Franc-maçonnerie s’efforce d’œuvrer.

    La pratique de la solidarité maçonnique doit toujours se fonder sur le respect systématique de l’équité la plus stricte : elle ne saurait se manifester au détriment de tierces personnes. La recherche de privilèges indus ou de faveurs injustifiées est en totale opposition avec la conception maçonnique de la solidarité.

    Pierre angulaire de l’éthique maçonnique, la fraternité permet à ses membres de triompher de l’égoïsme et de se sentir reliés par elle. La fraternité initiatique relie des êtres de toute race ou religion qui ne sont ni du même sang, ni de même condition sociale, témoignant d’un sens de l’unité, mais aussi des liens sacrés de la famille étendus au sens large et à toute l’humanité, liens remontant au premier homme à la recherche de son identité.

    Mais la caractéristique essentielle de la fraternité maçonnique, c’est qu'elle est issue de l'Initiation : elle en est une conséquence.

    Permettez-moi de conclure ce chapitre en soulignant que la fraternité maçonnique n'est pas le simple résultat d'un désir commun de relations amicales. Je crains que certains ne dépassent pas ce stade. La fraternité maçonnique, c'est bien plus que le fait d'être gentil avec tout le monde et en particulier avec ses Frères et/ou ses Sœurs, sous prétexte de ne pas leur faire de peine ; c'est bien plus que de les caresser dans le sens du poil afin de ne surtout pas interrompre le doux ronronnement qui n'est pas toujours absent de nos Loges ! C’est tout autre chose que de trinquer devant un bar.

    Alors, mes Frères, pour rejoindre le titre volontairement provocateur de cette planche, il est temps à présent de nous demander si la fraternité est une réalité, un mythe, une utopie ou simplement un symbole.

    La fraternité est-elle un symbole, un mythe, une utopie ou une réalité ?

    Les Maçons, de quelque Obédience qu’ils se revendiquent, se reconnaissent comme Frères et Sœurs. Mais la fraternité est-elle un mythe ou une réalité ? La frontière où se définit véritablement la fraternité est si difficile à délimiter !

    Si la fraternité et la solidarité sont logiquement inséparables, la réalité n’est-elle pas vécue différemment ?

    La fraternité implique un état d’esprit d’ouverture et un comportement de bienveillance envers l’autre. Comment avoir le souci de l’autre quand on est perpétuellement dans le souci de soi ? Lorsqu'on évoque une fraternité en actes, on parle d’élans de compassion. Et la compassion – étymologiquement – c’est « souffrir avec ». Si la fraternité suppose la solidarité entre tous et suggère l’amour de l’autre, elle ne peut devenir réalité que si l’Initié passe par une révolution intime et personnelle qui demande de lutter contre l’individualisme naturel.

    La fraternité initiatique repose sur le fait d’aimer son prochain comme soi-même, ce qui demande à l’Initié de s’être réconcilié au préalable avec lui-même, pour entreprendre une démarche volontaire, altruiste, fondée sur l’amour et la notion que tous les êtres sont issus d’une même origine, d’un Principe qui est leur source et leur force.

    Mais alors que le rituel nous rappelle qu’ici « tout est symbole », y aurait-il lieu de considérer la notion de « fraternité » comme un symbole dont il conviendrait d'essayer de mettre en lumière la partie cachée et peu évidente ? Le langage est malheureusement impuissant pour rendre compte de sa totalité.

    Si l'Initiation est une voie qui doit nous permettre de nous transmuter, lorsque nous prenons conscience intérieurement de cette unité profonde du réel, nous savons alors que nous sommes reliés essentiellement à tout ce qui est.

    Dès lors, comment ne pas voir se modifier de l'intérieur, petit à petit et à la mesure de l'intériorisation de cette prise de conscience, notre manière d'être au monde et, partant, nos relations avec autrui, comme avec tout ce qui est ?

    L'extérieur en devient non plus « l'autre », l'ennemi potentiel, mais une modalité de ce qui est, une part du Tout dont nous sommes aussi partie. Alors, une fraternité profonde, ce que les bouddhistes appellent « compassion », marquera de plus en plus toute notre vie de son sceau. Ce ne sera plus un code comportemental exotérique qui guidera nos actions, mais ce seront nos actions qui deviendront l'expression d'une conscience, d'une intériorité. Nous serons en marche, véritablement, dans une voie ésotérique.

    Mais quelles sont aujourd'hui les notions que ce vocable sous-tend dans la Franc-maçonnerie régulière et quel poids lui accorde-t-on ?

    Permettez-moi de citer la définition que nous en donne la G.L.N.F. :

    « La fraternité maçonnique n'est pas une manifestation innée, comme pourrait l’être la fratrie engendrée par un lien familial. Elle reflète d'abord l'acceptation et le respect d'une règle qui est la traduction et l'expression d'un lien irréfragable reliant les membres de cet Ordre. Mais c'est aussi un des fondements et un précepte de comportement requis au sein de la Maçonnerie de tradition, où les membres reçoivent l'appellation de « Frère » et sont reçus et reconnus comme tel ».

    Le contexte maçonnique est un des rares lieux où un homme peut manifester à un autre homme, sans le connaître et sans l'avoir vu, l'expression d'un sentiment fraternel, uniquement, pour ce qu'il est, c'est-à-dire un Franc-maçon.

    C'est après avoir pris un engagement solennel, librement accepté, que le nouveau Maçon découvre immédiatement sa nouvelle « communauté ». Sa surprise est grande car cela se passe sans transition. Il était à l'extérieur et le voici à présent à l'intérieur parmi des hommes encore inconnus, mais qui lui manifestent spontanément une grande chaleur fraternelle.

    C'est probablement ce premier choc émotionnel qui réveille en lui ses qualités de cœur. Il lui fait prendre conscience de la dimension de cette fraternité et lui fait pleinement ressentir, dès ces premiers moments, la notion d'appartenance et les liens qui l'unissent à l'Ordre. Ce puissant lien fraternel qui les unit fait aussi partie des mystères de cette initiation commune à tous les Francs-maçons.

    La raison de cet accueil chaleureux paraît simple : lorsqu'il est admis, l'impétrant est accueilli comme étant un gage d'espoir de voir s'accroître l'Ordre d'une nouvelle unité.

    Dans un élan commun de fraternité, cette nouvelle unité s'intègre en symbiose dans le groupe. Idéalement, tous regardent dans une même direction, avec une même raison d'être et une même finalité. J’ai bien dit « idéalement »…

    Par ailleurs, le désir que le nouveau Frère exprime de se montrer digne d'un tel accueil génère en lui une synergie, dont le travail en Loge et la confrontation de tous les instants, renforcent les liens de fraternité qui se construisent.

    Dans la vie profane il nous arrive de retrouver des manifestations d'une aussi grande intensité mais elles sont en général le concours d'événements et de circonstances non maîtrisées s'appuyant sur l'affectif.

    Ces manifestations relèvent d'actes guidés par de nobles sentiments, tels que l'amitié ou la passion, voire l'amour au sens général du terme, que l'on peut avoir, par exemple, pour le peuple, ou pour une culture. Ensuite elles ont parfois un impact sur la notion de devoir et d'éthique envers autrui.

    La Fraternité maçonnique, par contre, relève d'un processus inverse. En effet, elle est d'abord la manifestation d'un acte délibéré. Etre fraternel est une démarche volontaire. C'est d'abord un principe qui est respecté et qui se transforme progressivement en une seconde nature où la notion de devoir s'estompe pour ensuite laisser place spontanément à des qualités de cœur qui feront naître un peu plus tard des liens affectifs très forts.

    C'est à chaque fois une joie et une révélation de cette fraternité de « reconnaître » un Frère rencontré fortuitement, pour la première fois, dans un environnement inhabituel, et souvent loin de notre contexte familial ou maçonnique.

    Si la fraternité est le principal liant de la Franc-maçonnerie, elle est également l’élément moteur qui guide notre comportement, que ce soit dans notre contexte associatif ou dans notre vie de tous les jours.

    Examinons à présent comment la fraternité devrait idéalement se manifester.

    Les manifestations de la fraternité

    • Par quoi se traduit la fraternité maçonnique ?

    La fraternité maçonnique se traduit tout d'abord par la joie de se rencontrer, mais aussi par l'expression des qualités de cœur, c'est-à-dire le fait d'être bienveillant et à l'écoute des autres, et bien entendu, mais cela est implicite, c'est l'assistance fraternelle de toute nature.

    • Qu'est-ce qui caractérise son universalisme ?

    C'est l'expression de notre savoir être qui, rejetant les préjugés et l'intolérance, s'exprime par une reconnaissance et un accueil des autres, en faisant abstraction de leurs spécificités spirituelles, culturelles et sociales, car, en fait, ce qui est important, c'est que tout simplement il soit un Frère.

    • La fraternité a-t-elle des limites ?

    En s'appuyant sur nos Travaux effectués en l'honneur et à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, les limites externes de notre fraternité initiatique sont appelées à s'étendre à une grande fraternité d'hommes libres, car, par l'expression des qualités de cœur qu'elle dégage, elle est à la fois le ciment qui structure l'édifice maçonnique et un des éléments constituant les fondations sur lesquelles l'Ordre repose.

    • Quand la fraternité se manifeste-t-elle dans la Loge ?

    C’est dans la Chaîne d’union que les Maçons s’unissent en fraternité. La Chaîne d’union est l'une des plus belles manifestations de la fraternité maçonnique, au cours de laquelle les Francs-maçons réunissent leurs énergies et ce qu'il y a de meilleur en eux.

    Ce symbole ne concerne pas que l'aspect humain : par lui, en effet, les Frères se mettent aussi en liaison avec les Frères passés à l'Orient éternel. Cette réunion d'Initiés évoque l'union de tous les Initiés à la surface de la terre. La Chaîne d'union m'apparaît comme un des temps les plus forts du rituel car elle permet la transmission du mystère de la fraternité au-delà des grades et des individus.

    On ne peut pas décrire la Chaîne d’union : c’est un instant qu’il faut vivre. Les Maçons n’entrent dans la Chaîne d’union qu’en fraternité. Et chaque fois qu’elle est bien formée (c’est-à-dire nos bras croisés sauf ceux du Vénérable et de lui seul), la Chaîne d’union régénère la fraternité de sa puissance créatrice, génie inéluctable de la Franc-maçonnerie.

    La Chaîne d’union, c’est aussi le moment privilégié où les mains des Maçons qui se joignent font apparaître tous les Maçons épars sur le globe mais aussi ceux qui sont passés à l’Orient éternel, comme ceux qu’il plaira au Grand Architecte d’amener à frapper à la porte du Temple. Dans la Chaîne d’union, ce sont tous les Maçons de tous les temps et de tous les lieux qui s’unissent en fraternité.

    • Où la fraternité se manifeste-t-elle encore avant que nous ne quittions la Loge ?

    Pour beaucoup de Loges, les agapes fraternelles se réduisent un peu trop souvent à un dîner qui suit la Tenue et où l'on se comporte davantage en profane qu'en Frère. Pourtant la signification même du terme « agape » devrait faire réfléchir tout Franc-maçon. L'agape, c'est l'amour du sacré. Célébrer des agapes revient à vivre un banquet fraternel. Les agapes fraternelles ne sont pas un appendice de la Tenue mais son couronnement ! Peu importe le menu ou la nature du plat du jour !

    • Pourquoi mettre en pratique les lois de la fraternité et comment la Franc-maçonnerie peut-elle faciliter la construction de la personnalité de l'Homme capable de relever les défis à l'aube du 3ème millénaire ?

    Tenter de répondre à cette question, c’est se pencher sur les buts de la fraternité. Tel sera le dernier chapitre de cette planche.

    Les buts de la fraternité

    Société initiatique des temps modernes, la Franc-maçonnerie est par essence philosophique, philanthropique et progressive. Cette association s'est érigée en Ordre initiatique, c'est-à-dire en système ordonné ayant ses propres lois et règlements rigoureux, ses valeurs fondamentales au premier rang desquelles la liberté de conscience, la tolérance réciproque, l'égalité, la fraternité. A ces valeurs, l'Ordre adjoint sa méthode de travail, le symbolisme.

    L'Ordre maçonnique, institution vivante qui tend symboliquement à représenter une image du monde, offre à ses membres, nous Maçons, un espace sacré : la Loge. Il met aussi à notre disposition des outils : l'Initiation, le symbolisme, le rite et ses rituels.

    Cet espace et ces outils nous permettent de réaliser un désir en le transformant en projet : celui de passer, par degrés, de la condition d'Homme de la nature à celle d'Homme de l'esprit.

    En parcourant ce chemin, nous, Francs-maçons, apprenons d'abord à nous connaître, ensuite à nous maîtriser et à nous dépasser. Chemin faisant, nous constaterons, que nous ne nous résumons pas à des individus séparés, réduits à nous-mêmes, mais que nous sommes reliés aux autres.

    Dès les premiers pas sur la voie initiatique, l'Apprenti découvre la fraternité, cette relation dont il n'imaginait pas qu'elle existait vraiment sur la terre. Fraternité avec les symboles qui expriment le mystère de la vie ; fraternité avec d'autres êtres, montrant qu'il est possible de sortir du modèle conventionnel de rapports humains fondés sur la compétition ; fraternité avec les forces de l'univers.

    L'apprentissage est notamment le grade de la découverte de la fraternité en esprit et de son corollaire, l'amour fraternel, véritable ciment de la Loge. Cet esprit dépasse celui des Frères présents physiquement : il inclut celui de tous les initiés qui les ont précédés et qui les suivront sur le chemin.

    Cette découverte de la fraternité initiatique est source d'une joie difficilement exprimable et elle éveille une énergie insoupçonnée.  L'Apprenti apprend à servir non un individu ni une organisation, mais un esprit, un ordre qui sont incarnés dans la Loge et qui se rattachent et le relient à une tradition immémoriale.

    Pour l'Apprenti, écouter revient à diriger son attention vers l'œuvre accomplie par l'ensemble des Frères. Cette communion conduit à la perception du feu créateur et de l'amour fraternel.

    C'est donc ainsi que naît la fraternité maçonnique, mes Frères, rassemblant ce qui est épars, mettant en état de se comprendre et d'aimer des êtres qui, sans cela, demeureraient des étrangers. Le sentiment fraternel que ressent le Franc-maçon lui permet de vivre solidairement avec tout homme de foi et de l'aimer par delà les divergences formelles.

    La relation affective rejoint la relation intellectuelle à travers les confrontations, les élans généreux ou sévères, l'accompagnement et les réconforts soutenus. C'est une des vertus du travail commun en Loge. Antoine de Saint-Exupéry ne disait-il pas : « si tu veux que les hommes soient frères, fais les travailler ensemble ! »  ?

    L'Ordre maçonnique rassemble donc des hommes et, dans certaines Obédiences, des femmes, qui possèdent le sentiment d'une fraternité et donc de son corollaire, la solidarité. Solidarité et fraternité s'expriment tant au plan matériel qu'affectif et spirituel.

    Je sens que vos sentiments fraternels m’incitent à présent à conclure cette longue réflexion mais, selon mes habitudes, d’une manière provisoire.

    Conclusion provisoire

    Il me semble dès lors que la mission de la Franc-maçonnerie c'est de donner aux hommes le sens de l'humain, c'est-à-dire de la probité, de la liberté, de la droiture, de l'équité, de la créativité et de la fraternité universelle. Elle nous invite à nous rendre capables d'être utiles à l'espèce humaine.

    Est-ce à dire que la Franc-maçonnerie est une grande école de la fraternité des nations ? Non. Notre ordre n'est ni une université, ni une école. Notre Ordre met uniquement à la disposition de ses membres la méthode initiatique associée à un système de valeurs humanistes.

    C'est aux Maçons de s'en servir au mieux afin de se perfectionner et de s'intégrer dans la Chaîne d'union de l'espèce humaine.

    Par contre, la Franc-maçonnerie pourrait être le centre par excellence de l'apprentissage de la fraternité, permettant à l'individu de se construire tout en reconnaissant l'Autre.

    Elle donne à l'éternel Apprenti qu'est le Franc-maçon la clé lui ouvrant la voie de la fraternité tant vis-à-vis de ses Frères et Sœurs que de la communauté des hommes et des femmes peuplant notre planète. Ainsi, la Franc-maçonnerie pourrait être l'institution d'apprentissage de la fraternité entre les peuples.

    Mais comme chaque Frère est différent et que chacun a sa propre personnalité, quelquefois forte, il est confronté, dès le départ, au problème des affinités. Or un Frère, quel qu'il soit, est un être unique et indispensable à la construction de l'unité que représente la Loge.

    L'Apprenti apprend à découvrir les complémentarités et, bien au-delà des affinités avec tel ou tel, une dimension exceptionnelle : celle de la fraternité. La fraternité est d’abord espérance et amour. Elle est aussi générosité et beauté, tolérance et joie.

    Il n’y a pas de fraternité sans liberté, sans choix libre, comme le choix libre de devenir Maçon. Mais au tréfonds de son cœur, l’homme est toujours libre. L’homme est libre d’aller en fraternité vers les autres hommes pour tourner ensemble leur regard vers la Lumière. Et l’homme sait bien que la liberté ne se conçoit pas sans sagesse, car c’est en respectant celle des autres, c’est-à-dire en admettant leur différence, qu’il édifie sa propre liberté, et que sans liberté il n’y a pas de paix possible entre les hommes.

    Il n’y a pas non plus de fraternité sans égalité car comment se dire « frères », comment être vraiment le frère d’un autre être si nous le jugeons inégal à nous-mêmes, c’est-à-dire, en fait, inférieur à nous ? L’égalité donne à la chaîne des hommes sa force harmonieuse et invincible ; elle y fait naître la joie.

    Enfin, il n’y a pas de fraternité sans générosité. Mais qu’avons-nous de plus précieux à offrir que notre temps, que le Temps créateur de toute chose et de tout être, Temps universel, tout puissant, omniprésent et pourtant invisible ?

    Alors, tout compte fait, la fraternité est-elle une réalité dans nos Loges ? N’est-elle pour certains qu’une utopie ? Au risque de décevoir certains d’entre vous, la réponse ne peut être exprimée de façon généralisée. La vérité réside dans le cœur et la conscience de chaque Frère. C’est sans doute cela aussi le secret maçonnique !

     

    R:. F:. A. B.

     

    Bibliographie

    Grande Loge Régulière de Belgique

    La Franc-maçonnerie Traditionnelle et Régulière

    (La petite brochure bleue remise à tout candidat Franc-maçon)

     

    Réponses aux questions les plus fréquentes sur la Franc-maçonnerie

    Site Internet de la G.L.R.B. : http://www.glrb.org

     

    Boisdenghien Guy - La vocation initiatique de la Franc-maçonnerie

    Sentiers de la Tradition

    Bruxelles, 1999, Editions l’Etoile

     

    Dangle Pierre - Le Livre de l’Apprenti

    Editions La Maison de Vie, Fuveau, 1999

     

    Ducluzeau Francis - Ethique, sagesse et spiritualité dans la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 2002

     

    Furetière Antoine - Dictionnaire universel

    Paris, Le Robert, 1978

     

    Lhomme Jean – Maisondieu Edouard – Tomaso Jacob

    Dictionnaire thématique illustré de la Franc-maçonnerie

    Editions du Rocher, Monaco, 1993

     

    Marion Pierre - Mes bien-aimés Frères !

    Histoire et dérive de la Franc-maçonnerie

    Editions Flammarion, 2001

     

    Pion Etienne - Une fois le bandeau enlevé

    Editions maçonniques de France, 2000

     

    Pozarnik Alain - A la lumière de l'Acacia

    Editions Dervy, Paris, 1995

     


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