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    L'heure est venue de dresser le bilan de cette première année passée en votre très chaleureuse compagnie.

    Pour établir ce bilan d'une année d'apprentissage, il m'a paru important de vous retracer le chemin déjà parcouru et de vous livrer les réflexions essentielles que chaque étape m'a suscitées.

    APRES MON PASSAGE SOUS LE BANDEAU

    De mon passage sous le bandeau, cérémonie qui, je pense, fait partie intégrante du processus initiatique, je souhaiterais brièvement évoquer une des questions qui me furent posées, à savoir si ce n'était pas uniquement la curiosité qui m'avait amené au seuil de cet Atelier.

    A l'époque de mes premières approches de la Franc-maçonnerie, vers 1975, je n'avais qu'une très vague idée de la voie maçonnique et il me paraît encore normal aujourd'hui que, comme pour toute notion nouvelle à laquelle un être humain porte un minimum d'intérêt, la curiosité se manifeste naturellement et se transforme progressivement en un besoin de plus en plus affirmé qui devient une motivation profonde.

    En effet, tel est bien le sentiment réel que j'éprouve aujourd'hui. Je me sens chaque jour un peu plus motivé pour vivre l'Initiation effective, c'est-à-dire persévérer dans la voie initiatique. La compréhension progressive des rites et des symboles de la Franc-maçonnerie constitue pour moi un sujet d'un très grand intérêt et la réussite d'une fraternité sincère fait partie de mes soucis quotidiens.

    Les questions qui m'ont été posées lors de ces premières épreuves m'ont fait comprendre que j'ai avant tout des devoirs précis envers moi-même : la sincérité, la simplicité et l'obligation de me montrer tel que je suis !

    C'est vers 1983 que j'ai éprouvé la nécessité de m'informer davantage par la lecture et que j'ai perçu les conditions morales indispensables pour entrer dans l'ordre : la disponibilité, une ouverture suffisante de l'esprit et la volonté de se remettre en question.

    Cet idéal vers lequel l'homme peut tendre m'a profondément marqué au point de faire mien cet objectif et de commencer dès cette époque un travail d'amélioration de moi-même.

     

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    Il m'a fallu attendre très longtemps pour que les premières démarches concrètes se produisent. Mais j'ai voulu mettre à profit tout ce temps pour réfléchir davantage à cet idéal et à entreprendre ce véritable travail de remise en question. Est-ce là la raison pour laquelle aujourd'hui j'éprouve autant de doute et le désagréable sentiment de n'avoir pas beaucoup changé ?

    Lorsque j'ai rencontré mon premier parrain en 1995, j'ai eu l'impression que mon initiation commençait car cette rencontre stimulante constituait un réel encouragement à progresser, à travailler sur moi-même, mais surtout à améliorer mes relations humaines qui, dans la vie quotidienne et profane, m'ont souvent mis en difficulté.

    Mon passage sous le bandeau, le 11 octobre 1996, m'a permis de ressentir l'atmosphère très particulière d'un lieu sacré dont j'ignorais encore les lois.

    Bien que cette épreuve soit généralement considérée comme assez pénible, il me semble, avec le recul, que l'ensemble des questions qui m'ont été posées m'a permis de faire une nouvelle fois le point quant à la pureté de mes intentions et je pense que ma sincérité a été appréciée puisque le 13 décembre 1996 je me retrouvais enfin parmi vous !

     

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    APRES LA CÉRÉMONIE D'INITIATION AU GRADE D'APPRENTI

    La cérémonie vécue ce jour-là m'a permis de vivre une initiation virtuelle, c'est-à-dire l'entrée dans la voie initiatique et, si elle m'a laissé entrevoir quelques symboles, le temps de travail assidu qui me reste à vivre ne me suffira probablement pas pour découvrir entièrement les quelques paysages spirituels et initiatiques que cette cérémonie m'a à peine dévoilés.

    Ce jour-là, j'ai découvert le Pavé mosaïque, les deux Colonnes, les trois Piliers, le Tableau de la Loge... des symboles dont je connaissais l'existence, sans plus, mais sûrement pas le sens profond !

    Au cours de cette belle cérémonie, j'ai découvert que nos Frères déjà Maîtres siégeaient tant sur la Colonne des Compagnons que sur celle des Apprentis, ce qui venait confirmer l'idée selon laquelle, même lorsqu'il est Maître, un Maçon apprend et s'initie encore et toujours.

    De la façon dont vous m'aviez accoutré, j'ai compris que mon cœur était à découvert en signe de sincérité et de franchise, que mon genou droit était mis à nu pour marquer un sentiment d'humilité qui doit présider à la recherche du vrai, et que mon pied gauche était déchaussé car j'allais fouler pour la première fois les dalles sacrées du Temple.

    Avec le recul de quelques semaines, je me suis rendu compte que la cérémonie d'Initiation reposait essentiellement sur les épreuves des quatre Eléments et le serment qui me lie dorénavant à la Franc-maçonnerie.

    Cette Initiation m'a offert la possibilité de dépasser l'individu limité que j'étais dans le monde profane et de m'ouvrir à d'autres réalités. Elle a constitué un premier pas dans un monde nouveau où, d'une part, je découvre petit à petit un langage symbolique difficile à percevoir d'emblée et où, d'autre part, je tente d'acquérir jour après jour la maîtrise de moi-même avant de prétendre contribuer à l'épanouissement de mes proches voire d'autres hommes.

    J'ai compris que c'est à partir du travail effectué dorénavant avec mes Frères, loin des passions et des désordres du monde extérieur, mais dans le secret de la Loge que je me transformerais d'une manière profonde.

    C'est aussi grâce à ma participation active aux séminaires qui ont été organisés cette année, sous le regard bienveillant de nos deux «Second Surveillants» successifs et avec la collaboration efficace de mes Frères Apprentis que j'ai pu approcher le sens de quelques symboles.

    Le brusque passage de la rue dans le Temple n'a effectivement pas suffi pour faire de moi un Maçon. C'était à moi de savoir ce que je comptais faire de l'initiation que je venais de recevoir. Les épreuves subies ne sont que l'introduction à l'Initiation réelle, processus continu : elles m'ont implicitement enseigné comment je pourrais devenir Franc-maçon. La qualité de Maçon ne s'acquiert en effet que par un patient effort de perfectionnement individuel. Cette démarche symbolique visait donc à transformer ma nature de profane et à contribuer à une mutation interne.

    Je n'ai pas considéré l'Initiation comme une simple cérémonie. Je pense y avoir mesuré ce qui est exigé de moi : subir un face à face décisif avec moi-même, laisser s'opérer en moi un ébranlement profond, me livrer entièrement pour parvenir à me voir tel que je suis réellement, me mettre en état de percevoir en moi-même un événement fondamental : ma mort au monde profane et ma naissance en tant qu'Apprenti Franc-maçon.

     

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    Les étapes successives symbolisées par les quatre Épreuves et les trois Voyages m'ont invité à prendre conscience que le chemin à parcourir pour devenir un digne Maçon est long, obscur, angoissant et semé d'embûches. Et ce n'est qu'avec persévérance, en surmontant les obstacles, en vainquant le doute par la raison que je pourrai peut-être arriver à en percevoir la fin.

    Tel me semble le message que m'a suggéré la cérémonie de Réception qui détermine les étapes et m'indique le sens de l'action dans lequel je me dois de travailler pour m'élever inconsciemment vers des plans supérieurs.

    Quant au rituel auquel j'ai été invité à me soumettre, il me dictera continuellement mon devoir et m'incitera à l'accomplir sans défaillance.

    Depuis lors, avant de franchir la porte du Temple, j'ai appris à revêtir des Gants blancs et un Tablier blanc en peau d'agneau, insignes de mon grade d'Apprenti qui me rappellent que le TRAVAIL - source de joie - est l'objet exclusif des réunions maçonniques.

    Le fait de revêtir ces deux emblèmes de pureté et de travail m'a jusqu'à présent aidé à me souvenir que je suis voué aux durs travaux d'édification du Temple de l'Humanité.

     

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    APRES AVOIR ACCOMPLI MON PREMIER TRAVAIL

    Le 13 décembre 1996 j'ai aussi accompli ce qu'il est convenu d'appeler mon « premier Travail ».

    Agenouillé devant le Tableau de Loge, je me trouvais en présence de trois éléments : une pierre brute, un maillet et un ciseau.

    Invité à imiter le geste du Frère Maître des Cérémonies, je tenais d'une main le ciseau, placé sur la pierre à tailler, et de l'autre, je frappais le maillet au rythme du signe et des pas de mon grade.

    C'est par l'action du Maillet que le Ciseau peut entailler la Pierre brute selon l'impulsion que je me sens capable de lui donner. La Pierre brute, c'est le matériau premier de la Maçonnerie qu'il faut tailler, façonner, appareiller de sorte qu'elle puisse s'incorporer à la Maçonnerie, à l'édifice, au Temple.

    J'ai rapidement compris que la Pierre brute est le symbole de l'Apprenti encore ignorant mais disponible.

    La Pierre brute, c'est mon symbole, c'est moi-même, avec toutes les imperfections de mon esprit et de mon cœur, que je dois m'appliquer à corriger.

    Par l'Initiation maçonnique qui est une renaissance, je me débarrasse progressivement de tout ce que la société a pu m'apporter d'artificiel et de mauvais. Je retrouve ma liberté de penser.

    Avec les outils que l'Atelier me procure - à ce stade le ciseau et le maillet - je me suis mis à tailler moi-même ma pierre et j'espère parvenir à la rendre parfaite à mon gré.

    Quant à la Pierre cubique ou hexaèdre, elle est le chef d’œuvre que je dois réaliser avec le Maillet, le Ciseau et l’Équerre. Cette pierre cubique est là pour m'éclairer, tel un phare, dans ma progression quotidienne.

    La Pierre cubique serait la représentation de la perfection intellectuelle et spirituelle que je dois m'efforcer de réaliser en moi dès que possible, mais surtout une fois parvenu au grade de Compagnon. Elle pourrait donc être un guide, une borne, en tout cas un point de ralliement.

    Quant à la Pierre cubique surmontée d'une pyramide et d'une hache, elle représenterait l'idéal maçonnique. Cet instrument pourrait aussi indiquer qu'il faut ouvrir la Pierre, la fendre afin d'arriver à son contenu, à son ésotérisme.

     

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    Le Maillet symbolise pour moi ma volonté d'Apprenti, active, ferme et persévérante. Pour agir sur la matière, sur la Pierre brute, c'est-à-dire sur moi-même, j'utilise le Ciseau, outil passif, comme intermédiaire. Mais le Ciseau doit souvent être affûté, c'est-à-dire que je dois sans cesse revoir les connaissances acquises, les employer pour que mon intellectualité reste active.

    Ce premier Travail, je l'ai donc accompli à l'Occident, au point de départ d'un long chemin qui mène à l'Orient d'où jaillit la Vraie Lumière, à l'Orient où se trouve la pierre taillée, celle qui symbolise le travail effectué, toute chose acquise, vérifiée et exemplaire. Ce long chemin qu'il me faut parcourir, c'est celui du progrès à accomplir sur moi-même ; c'est la connaissance de moi-même.

    Ce premier geste était destiné à me faire prendre conscience que le travail est le cœur de mon ascension personnelle vers la Lumière. Par le geste du « premier Travail », j'ai compris que j'étais assimilé à une Pierre brute, une matière qu'il m'a fallu façonner tout au long de cette première année et qu'il me faudra sans doute encore traiter très longtemps pour lui donner une forme harmonieuse qui pourra s'intégrer dans le Temple en perpétuelle construction.

    Nul ne peut prévoir si l'Apprenti que je suis arrivera au bout de ses peines car le but défini, c'est de transmuer cette Pierre brute en une pierre vivante avec laquelle l'Initié élève des temples.

       

    * * *

     

    Après avoir accompli ce « premier Travail », j'ai eu l'occasion d'étendre un peu mes connaissances en étudiant quelques symboles. J'ai tenté d'en dégager quelques principes moraux afin d'améliorer mon comportement quotidien. Je souhaiterais ainsi vous faire part de mes réflexions succinctes à propos du Pavé mosaïque, du Fil à plomb, du Niveau, de l’Équerre, du Compas, des Nombres DEUX et TROIS ainsi que du Nombre d'Or.

     

    A PROPOS DE QUELQUES SYMBOLES

    1. A propos du Pavé mosaïque

    Avec la « chaîne d'union », la « houppe dentelée » et les « graines de grenades », le Pavé Mosaïque me rappelle régulièrement que tous les Maçons répandus sur la terre forment une famille de Frères.

    Le Pavé Mosaïque m'est apparu comme l'image de l'objectivité, de l'équilibre entre de nombreux antagonismes.

    Personne ne peut se prévaloir d'avoir des conceptions définitives car la vérité est fuyante et insaisissable. Toute connaissance est donc relative.  C'est pourquoi il m'a semblé que la méditation sur le Pavé Mosaïque permet d'élargir l'esprit, de libérer et d'élever le niveau de notre réflexion.

    En ce sens le Pavé Mosaïque constituerait une clef pour la réflexion symbolique car il indiquerait au véritable Initié qu'il se doit de découvrir l'étroite ligne droite sur laquelle il devra se maintenir en équilibre constant entre la dalle noire et la dalle blanche et avancer ainsi, plus sûr de lui, vers la lointaine Vraie Lumière.

    De ces quelques réflexions, j'ai tenté de m'imposer quelques règles de conduite : le Pavé Mosaïque m'invite quotidiennement à la recherche de la plus grande objectivité dans mes jugements.

    Il s'agit donc de ne plus me laisser émouvoir par les apparences et la violence des contrastes perçus par mes cinq sens mais de prendre conscience de la relativité générale.

    Il me semble dès lors qu'une prise de conscience progressive de cette relativité générale, c'est :

    1. me mettre à réviser les valeurs du monde profane et à rejeter mes préjugés ;
    2. me libérer des enseignements définitifs du présent ;
    3. acquérir une sage pondération en toute chose ;
    4. admettre provisoirement l'existence de vérités tout en cherchant LA Vérité ;
    5. naître enfin à la tolérance qui est la qualité spécifique du Franc-maçon.

    2. A propos du Fil à plomb et du Niveau

    Le Fil à plomb symbolise pour moi

    • l'adaptation permanente que doit effectuer l'esprit du Franc-maçon vis-à-vis des sujets qu'il aborde dans sa recherche initiatique : vers le bas, pour rectifier les erreurs et s'adapter au quotidien ; vers le haut, dans des visées plus épurées et spirituelles ;
    • la rectitude dans tout jugement,
    • la sérénité, le bon usage de nos facultés,
    • la vérification et la profondeur dans l'observation mais surtout la maîtrise de soi.

    Dès lors, dans mon travail d'Apprenti, ce symbole m'a jusqu'à présent incité

    • à vérifier des affirmations exprimées pour élaborer mes vérités provisoires, pour aimer la vérité, travailler pour la faire progresser et tendre vers LA VÉRITÉ sans doute inaccessible ;
    • à faire le meilleur usage possible de mes facultés intellectuelles et de mes possibilités relationnelles ;
    • à rester calme en toutes circonstances, à tendre vers la sérénité et à fuir le tumulte et l'agitation ;
    • à être plus prudent dans mes jugements, c'est-à-dire à prendre assez de recul pour évaluer toute situation, pour approfondir la vérité et pénétrer jusqu'à son cœur.

    L'expression « Vaincre mes passions » ne résumerait-elle pas tout ce que le Fil à plomb me suggère ?

    Le Fil à plomb me semble là pour nous empêcher de dévier ou du moins pour nous rappeler régulièrement la nécessité de la droiture de notre comportement et de nos jugements.

    Il m'incite surtout à DESCENDRE AU PLUS PROFOND DE MOI-MÊME pour y chercher la Lumière, c'est-à-dire pour y découvrir ce que je suis vraiment.

    Quant au Niveau, il me fait penser à la pratique de la tolérance, de la fraternité entre Frères capables de faire abstraction de leurs différences physiques, sociales, culturelles...

    Bien que le Niveau soit l'outil privilégié du Compagnon, pourquoi l'Apprenti ne pourrait-il pas déjà essayer de s'en servir et de mettre ces vertus de tolérance et de fraternité en application ?

    Pour pouvoir travailler en vue de mon élévation spirituelle il me faut avant tout obtenir des connaissances solides, bien établies, construites par mes recherches personnelles en moi-même, par mes lectures dans la littérature maçonnique, par l'écoute attentive des points de vue exprimés par mes Frères et par les ajustements proposés par notre Surveillant.

    Le Niveau m'incite à considérer toutes choses avec suffisamment de recul, avec le même calme, avec une égale sérénité, dans leur valeur relative, avec mesure et tolérance.

    Cela signifie pour moi que j'ai à participer en toute modestie aux travaux de la Loge, toujours à la recherche de la vérité et que je n'ai pas à vouloir affirmer ni prouver que j'ai raison car, loin d'être parfait, je pense à tout moment pouvoir me tromper.

    3. A propos de l’Équerre et du Compas

    L’Équerre représenterait l'action de l'Homme sur la Matière et l'action de l'Homme sur lui-même.

    Outil de la création, outil de la rigueur, le compas symbolise la justesse de l'Esprit, l'Esprit lui-même qui se manifeste, sous l'aspect de la géométrie.

    En associant l’Équerre et le Compas, on peut deviner la présence d'un autre symbole, le Pentagramme ou Etoile Flamboyante. Il s'agit d'un symbole d'une ampleur extrême dont le Compagnon doit scruter tous les mystères.

    Mais chaque chose en son temps !

    Pour le moment, c'est encore de la Perpendiculaire dont je vais me servir pour descendre au fond de ma conscience et vous livrer en tant que modeste Apprenti mes réflexions personnelles à propos de ces deux symboles.

    Instrument mobile, le Compas représente pour moi la mesure et la rigueur dans la recherche et dans l'action, la recherche de l'exactitude qui devra toujours régler mes pensées et mes actions. Il symbolise donc l'acte réfléchi et contrôlé.

    Dès lors, il me semble que le Compas m'incite à agir avec mesure et prudence, à réfléchir avant d'agir. Plutôt que de l'utiliser symboliquement à tracer des limites autour de moi, je préférerais m'en servir pour élargir le champ de mes relations fraternelles.

    Instrument fixe, indispensable pour transformer la Pierre brute en Hexaèdre parfait, l’Équerre symbolise pour moi la droiture morale, la rectitude dans l'action, l'incitation à parfaire le travail entrepris.

    Je pense que la présence de l’Équerre sur le Volume de la Loi sacrée doit me rappeler la finalité - toute provisoire - de mon travail d'Apprenti : devenir une pierre bien taillée.

    Elle m'incite à bien me former, à être droit dans mes actions, de sorte que je sois apte à participer à l'édification du Temple idéal dont je devrais devenir une des pierres parfaites.

     

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    4. A propos du Nombre DEUX

    Après avoir approché le symbolisme du Pavé mosaïque, j'ai perçu la complémentarité des deux colonnes. Indissolublement liées, elles font initiatiquement du terme DEUX, du Binaire, le principe fondamental de l'existence du monde sensible et de la vie du genre humain.

    Un peu mieux familiarisé avec les mystères du nombre DEUX, j'ai pu me rendre compte que la vie n'est qu'un mouvement d'oscillation permanente entre deux pôles : action - réaction.

    L'approche du symbolisme du Binaire m'a fait prendre conscience de ce mouvement perpétuel qui consiste à regarder tantôt à gauche, tantôt à droite. Cette oscillation mentale s'oppose logiquement à la stabilité, à l'équilibre parfait qui est virtuellement le lot du seul initié.

     

    5. A propos du Nombre TROIS

    En étudiant le nombre TROIS, j'ai compris qu'il a une importance fondamentale dans l'enseignement initiatique. Cela ne m'étonne guère puisque de tous temps ce nombre semble avoir revêtu aux yeux des hommes un caractère sacré.

    Par l'étude du nombre TROIS, j'ai souhaité découvrir le symbolisme du Ternaire, notamment par une analyse de quelques triades significatives. J'ai constaté que le Ternaire s'impose à nous dans des domaines très divers parce qu'il réalise l'équilibre entre deux forces opposées ou complémentaires : l'actif et le passif.

    De l'étude du nombre TROIS, j'ai observé que le Ternaire se retrouve partout au grade d'Apprenti : notamment dans mon âge qui est de trois ans, dans la marche qui comporte trois pas, dans la batterie qui se fait par trois coups et dans le nombre des marches du temple.

    En ayant observé le Delta situé à égale distance des deux colonnes, j'ai pu remarquer que ces trois éléments présents dans la Loge forment un triangle. Le sommet de ce triangle est précisément le Delta qui se présente apparemment comme un point d'équilibre entre ces deux forces opposées que sont les deux Colonnes.

    Que pouvais-je en retirer pour mieux comprendre la vie profane ?

    Dans notre vie, tout progrès social ne semble se réaliser qu'à l'intersection d'au moins deux idéaux contradictoires. Il importe donc de ramener les divergences à l'équilibre. Pour ce faire, il nous faut traduire les forces en présence sous la forme d'un triangle, forme parfaite, équilibrée, précise, intégrale. Ce procédé nous permet donc de trouver un point de convergence, un point d'équilibre.

    Il semblerait donc que seul ce qui apparaîtrait composé de trois termes serait susceptible de servir à notre édification personnelle, à notre accession au plan psychique, à la construction du Temple.

    Si le Pavé mosaïque peut évoquer les notions très relatives de Bien et de Mal, le Delta nous permet de tendre vers l'équilibre en les ramenant à une commune mesure : le JUSTE.

    Le JUSTE prend dès lors sa place à la base du triangle et apporte des notions de mesure, de tolérance, d'égalité, d'impartialité que symbolise aussi le Niveau ou Horizontale parfaite.

    J'en ai donc déduit qu'il importe qu'en toutes circonstances nous recherchions ce troisième terme, le troisième terme qui convienne car il a un rôle précis à jouer : il doit pouvoir ramener le Binaire à l'Unité.

    Mais la reconstitution d'un ternaire parfait est toujours délicate et souvent difficile. Il se peut même qu'elle dépasse parfois nos possibilités !

     

    6. A propos du Nombre d'Or

    Au cours d'un séminaire consacré au Nombre d'Or, je me suis demandé pourquoi ce sujet pouvait alimenter notre réflexion maçonnique.

    Il a cependant réveillé ma curiosité à l'égard de notre environnement naturel et esthétique puis provoqué mon étonnement au sujet du Carré long qui est en fait un rectangle de proportion dorée. Le Nombre d'or pythagoricien détermine en effet la dimension idéale du Temple. Ce sujet m'est finalement apparu pleinement justifié et j'ai pris la décision de l'approfondir.

    La longue étude à laquelle je me suis livré à propos du Nombre d'or devrait sans doute m'aider à mieux comprendre et apprécier des symboles plus complexes tels que ceux que l'on rencontre au grade de Compagnon.

    Je songe notamment au Pentagramme ou Etoile Flamboyante en rapport direct avec le Carré long. C'est en admettant que l'Etoile Flamboyante est le centre d'où part la Vraie Lumière que l'on comprend mieux toute l'importance que revêt le Nombre d'or.

     

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    NOTRE MISSION

    Franc-maçon, je pense avoir reçu, comme tous mes Frères, la mission - désirée - de collaborer à l'amélioration du monde, de tout ce qui le compose et à commencer par moi-même, par nous-mêmes.

    L'essentiel depuis lors est de ne pas rester inactif et immobile. A chaque tenue, Vénérable Maître, vous nous invitez au travail. Et cette idée de travail englobe plusieurs domaines de l'activité humaine : l'instruction et la réflexion, la recherche et l'expérimentation, la méditation et l'action.

    Les « planches » que nous avons réalisées au cours des séminaires en sont une manifestation tangible. Avant la rédaction de chaque planche, je me suis imposé des lectures intéressantes. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir à m'instruire, à réfléchir au sens des symboles et des rites, à méditer et à mettre progressivement en pratique les règles comportementales que ces recherches m'ont inspirées.

    Voici ce que je pense en avoir retiré. L'initiation maçonnique, qui se poursuit depuis la cérémonie d'initiation jusqu'au jour de notre passage à l'Orient éternel, a pour objet la réalisation de notre personnalité, notre libération et notre participation à la vie universelle.

    Sur le plan social, cette initiation tend à instaurer une morale universelle valable pour tous les hommes, une morale faite de règles de vie et d'actions positives. Convivialité, partage, fraternité, tolérance sont des vertus que j'essaie de mettre en pratique chaque jour.

    Cette initiation continue nous amène progressivement, notamment par une participation régulière et active aux tenues et par la compréhension du sens des symboles et des rites à la connaissance de la Loi qui préside aux phénomènes de l'esprit et de la matière.

    Les Initiés ne peuvent vouloir que ce qui est conforme à la Loi.

    Par la conjonction des volontés de tous les initiés, la Loi permettra à la paix et l'harmonie de régner dans le monde.

    Au-delà de notre ascèse personnelle, tel me semble l'objectif final et collectif que nous poursuivons, nous Francs-maçons.

    Cet objectif ne peut être perçu que par des Initiés en raison du secret nécessaire qui entoure l'initiation. Et ce secret maçonnique, selon moi, c'est celui qui est au fond du cœur de chaque Franc-maçon, un secret inviolable parce qu'il est incommunicable : seul un initié sait s'il est ou s'il n'est pas un initié.

     

    * * *

    Après avoir examiné, au cours de cette première année en Franc-maçonnerie, la plupart des symboles qui composent le tapis de loge d'apprenti, je me suis rappelé ce que je suis venu chercher en Franc-maçonnerie et ce que j'ai demandé en y entrant à savoir LA LUMIÈRE ! Je voudrais pour terminer vous faire partager mes impressions à ce sujet.

     

    LA RECHERCHE DE LA LUMIÈRE

    L'objet premier de la Franc-maçonnerie, ce serait donc la recherche de la Lumière, la conquête de la connaissance, l'Eveil, l'état de l'homme qui agit au lieu de réagir.

    Il me semble avoir compris pourquoi le plafond de notre Temple maçonnique est orné d'une peinture représentant un ciel d'un bleu profond illuminé d'une foule d'étoiles dorées et scintillantes : chaque étoile symboliserait comme une victoire de la lumière sur l'obscurité et du savoir sur l'ignorance.

    C'est pourquoi nous, Francs-maçons, dans notre trajectoire initiatique tournée vers l'éveil et la recherche de la pureté, nous pouvons nous apparenter ou nous identifier à l'une d'elles.

    Chacun d'entre nous n'est qu'un individu isolé, qui brille de sa propre lumière. Mais tous les Maçons réunis dans leur fraternité forment un ciel constellé de lumières qui sont autant de luminaires pour éclairer le monde.

    Le Franc-maçon, par son savoir et la connaissance que lui confère la Lumière lors de l'Initiation, maîtrise les éléments naturels.

    C'est sans doute pour ces raisons que les cérémonies d'allumage et d'extinction des flambeaux revêtent une telle importance lors de chaque tenue dans notre loge.

    Éclairer celle-ci à l'aide des luminaires, c'est faire pénétrer dans ce lieu consacré à la fois la lumière de la vie et les Lumières de l'Initiation.

     

    MES CONCLUSIONS PROVISOIRES

    Voici enfin venu le moment de conclure, mais incontestablement, d'une manière toute provisoire !

    Si le but suprême de la Franc-maçonnerie est la recherche de la Lumière, encore faut-il donner un sens plus personnel à cette expression.

    Que suis-je venu faire parmi mes Frères ? Chercher la Lumière ?

    Pourtant je n'ignore pas qu'elle ne se confère point !

    Que peut-elle être ?  Certains y croient et l'appellent «Dieu». D'autres pensent la détenir et l'appellent «Raison».  Enfin certains la devinent et la cherchent : ils l'appellent «la Vérité».

    Pour moi, la Lumière, c'est la connaissance de soi.

    C'est en nous-même qu'elle se trouve et qu'elle apparaîtra une fois que nous serons sortis des Ténèbres.

    Ce qui importe donc finalement, c'est sans doute moins de trouver mais surtout de CHERCHER.

    Pour pouvoir travailler en vue de mon élévation spirituelle, il me faut construire mes connaissances par mes recherches personnelles, par l'introspection, par l'écoute attentive des points de vue exprimés par mes Frères et des ajustements de notre Surveillant.

    Pour pouvoir participer à l'amélioration du Monde et des Hommes en particulier, il me faut en premier lieu songer à mon perfectionnement personnel, à devenir une Pierre bien taillée, adaptable dans l'édification du Temple idéal dont nous devrions tous devenir les pierres parfaites.

     

    * * *

     

    Pour terminer ce bilan d'une première année d'apprentissage, j'aimerais citer Edouard Plantagenet, un auteur qui m'a déjà beaucoup guidé dans mes réflexions. L'extrait qui suit [1] m'a particulièrement plu et j'aimerais vous en faire profiter :       

    - « Hantez les forêts, mes frères ! Car ce n'est qu'ainsi que vous pouvez espérer voir, un jour, sourdre en votre âme une première lueur de cette Lumière qu'ici vous êtes venu chercher, qui intensément vous entoure mais que vous ne pouvez percevoir car vous n'êtes pas encore sortis des ténèbres de vous-même. Mais les ténèbres ne sont point éternelles :

    - à force de PARLER de la Lumière, l'aveugle finit par oublier sa  cécité ;

    - à force de CROIRE à la Lumière, l'aveugle finit par s'imaginer qu'il voit ;

    - à force de CHERCHER  la Lumière, l'aveugle finit par la trouver,

    et c'est alors, mais alors seulement, en vérité, que le Temple s'éclaire et que nous pouvons dire que l'Ordre Universel de la Franc-maçonnerie compte un Maître de plus. »

     

     A.  B.

     

    [1] Edouard Plantagenet - Causeries initiatiques pour le travail en loge d'apprentis - p. 37 et 38

     


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  •  Tenues, rites et rituels 

    DES TENUES

     

    Qu’est-ce qu’une Tenue ?

    Une Tenue, c’est l’application de plusieurs rituels successifs, depuis l’appel au travail lancé en salle humide par le Maître des Cérémonies, au nom du Vénérable Maître, jusqu’à la sortie bien ordonnée de tous les Frères, en passant par tout ce qui se déroule dans le Temple.

    En conséquence, si les rituels n’existaient pas, il n’y aurait pas de Tenue au sens strict et le regroupement des Frères dans le Temple serait tout simplement une réunion d’amis bienveillants entre eux.

     

    Les éléments indispensables d’une Tenue

    Quelques éléments sont indispensables au meilleur déroulement d’une Tenue :

    • notre entrée respectueuse dans le Temple ;
    • le port des gants blancs et du tablier ;
    • notre réponse correcte au « tuilage » éventuel du Couvreur ;
    • une place pour chacun et chacun à sa place ;
    • une planche musicale pour nous aider à quitter le monde profane ;
    • le rituel d’Ouverture des Travaux ;
    • la présence des Trois Grandes Lumières de la Loge: le Volume de la Loi sacrée, l’Equerre et le Compas ;
    • la vérification de la Couverture de la Loge, tant extérieurement qu’intérieurement ;
    • le dialogue entre le Vénérable Maître qui dirige nos Travaux et les deux Surveillants qui l’assistent ;
    • toutes les « annonces », phrases qui nous rappellent nos devoirs et notamment notre obligation travailler, pour chercher la Vérité, la Lumière;
    • quelques planches musicales pour nous aider à méditer les paroles qui ont été prononcées, les actions qui viennent de se dérouler, des gestes forts qui viennent d’être faits ;
    • des coups de maillets pour marquer des moments importants ;
    • les batteries ;
    • les déplacements du Maître des Cérémonies pour conduire et reconduire tout Frère appelé à se déplacer dans le Temple ;
    • la Chaîne d’union fraternelle dans un profond recueillement ;
    • la circulation du Tronc de Bienfaisance et du Sac aux Propositions…qui ne devrait pas être un moment identique à la mise « en récréation » très exceptionnelle de la Loge;
    • à tout moment, le respect du caractère sacré du Temple ;
    • la présence du Tableau de la Loge, des luminaires, des symboles, des bijoux fixes et des bijoux mobiles ;
    • pendant toute la durée de la Tenue, le respect du silence ;
    • le rituel de la Fermeture des travaux, etc.

    Rien n’est superflu. Tout est important et indispensable.

     

    DES RITUELS

     

    Il existe de nombreux rituels.

    Il y a trois rituels principaux. Ils concernent :

    • l’Initiation d’un Profane,
    • le Passage au grade de Compagnon,
    • l’Elévation au sublime degré de Maître Maçon.

    Pour ce qui concerne le Rite moderne, rite officiel de notre Obédience, ces trois rituels principaux ont été rédigés et approuvés par les plus hauts Dignitaires de l’Obédience. Ils nous sont dès lors imposés.

    Mais il y a aussi un rituel spécifique :

    • pour le Réveil de la Loge,
    • pour la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’hiver,
    • pour la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’été,
    • pour l’élection du nouveau Vénérable Maître,
    • pour l’installation du Vénérable Maître élu,
    • pour une Tenue de deuil lorsqu’un Frère est passé à l’Orient Éternel,
    • pour l’interrogatoire d’un Profane sous le bandeau,
    • pour la prestation de serment de tout Maître qui accepte une fonction,

    Toute Tenue commence par le rituel d’Ouverture des Travaux et se termine par le rituel de Fermeture des Travaux.

    Extrêmement réduit lors des Tenues blanches, le rituel varie en fonction du Rite adopté par la Loge. C’est ainsi que, au Rite moderne, les trois Piliers entourant le Tapis de Loge sont allumés et éteints par le Vénérable Maître assisté par les deux Surveillants et aidés par le Maître des Cérémonies. Au Rite Écossais Ancien Accepté, ce sont les Frères Expert et Maître des Cérémonies qui s’en chargent.

     

    Les rituels et les rites

    Ne confondons pas « rites » et « rituels ». Le mot « rite » a été emprunté au langage religieux par la Franc-maçonnerie anglaise au milieu du 18e siècle. Le rite regroupe l’ensemble des usages prescrits (langage, protocole, comportement, cérémonies, manifestations, déroulement des séances…) pour le bon fonctionnement d’une structure maçonnique.

    Il existe de par le monde des dizaines de rites, chacun affirmant sa différence en fonction de sa propre conception de l’idéal maçonnique, mais aussi de son rattachement particulier aux Landmarks, considérés comme la référence universelle.

    Quels sont les Rites pratiqués en Belgique ? La majorité des Loges de la G.L.R.B. travaillent au Rite (belge) Moderne. D’autres loges travaillent au Rite français Moderne, au Rite Écossais Rectifié, au Rite Écossais Philosophique, au Rite Écossais Ancien Accepté

    Mais il y en a d’autres : l’historien Ragon en a recensé cinquante-deux ! Bernard Baudouin les cite et les décrit (cf. Bibliographie, pour aller plus loin en ce qui concerne les rites).

     

    Vers une définition du rituel

    Le rituel est un ensemble de phrases, imposées par l’Obédience, prononcées par le Vénérable Maître et les deux Surveillants sous forme de dialogue, mais encore des gestes et actes symboliques, des déplacements dans un environnement riche de nombreux symboles indispensables pour qu’une Tenue existe et se déroule correctement.

    Raoul Berteaux donne aujourd’hui le nom de « rituel » à l’ensemble des textes que l’on suit pour ouvrir et fermer les Travaux de Loge et pour conférer la Réception d’un Récipiendaire.

    Les rituels maçonniques se sont inspirés du théâtre romantique dans lequel l’action est jouée sur scène. Ils ont pris la forme d’un scénario de pièce de théâtre où les détails de régie sont fixés minutieusement. Le Vénérable Maître et les Officiers Dignitaires qui l’entourent agissent comme des acteurs de théâtre.

    Le scénario doit être adapté à l’esprit du temps et à la mentalité du milieu culturel ambiant. C’est cette nécessité qui a justifié les aménagements des textes des rituels. Mais trop souvent les changements ont touché au caractère universel de l’enseignement initiatique. Pourtant chaque génération a le devoir et la mission de rechercher l’essentiel et de dégager l’accessoire. L’essentiel doit être sauvegardé ou rétabli ; l’accessoire doit être aménagé.

    Mais définir le rituel revient aussi à dresser l’inventaire de ses composantes.

    C’est ainsi que A. Benuraud et C. Brugnaux considèrent tout rituel comme un symbole agi. Symboles et rituels sont inextricablement liés. Ces auteurs incluent dès lors dans le rituel :

    • le port du bandeau lors de l’interrogatoire ;
    • la banderole «vigilance et persévérance » accrochée au mur du Cabinet de Réflexion ;
    • les symboles du Cabinet de Réflexion tel le Coq, le Crâne, la Faux, le Pain, le Sablier, le Sel, le Soufre ;
    • le Cabinet de Réflexion lui-même, symbole de la grotte, de la caverne ;
    • les maximes reproduites sur les murs du Cabinet de Réflexion ainsi que le célèbre acrostiche emprunté à la tradition alchimique occidentale «v.i.t.r.i.o.l.»,
    • l’Ouverture des Travaux ;
    • le Travail en Loge qui est d’abord rituel et symbolique mais aussi une condition pour toute augmentation de salaire (passage d’un degré à un autre) ;
    • la circulation dans le temple, codifiée de manière différente selon les rites. Elle constitue un élément rituel important pour le déroulement ordonné de la Tenue;
    • la Colonne d’harmonie qui doit veiller à ce que la musique choisie fasse surgir des sentiments et donne corps aux rituels ;
    • l’Initiation ;
    • la Chaîne d’union, symbole de fraternité et de cohésion de la Loge;
    • la Fermeture des travaux.

    Edouard E. Plantagenet estime que « le rituel est un auxiliaire précieux pour l’Apprenti car si les épreuves lui ont appris le sens de l’action, les traditions rituelles auxquelles il est invité à se soumettre en constituent positivement le moteur. Sous leurs différentes formes, elles lui dictent continuellement son devoir et l’incitent, sans cesse, à l’accomplir sans défaillance ».

    Cet auteur inclut dans le rituel les éléments suivants : le Mot sacré, le Mot de passe, le Signe d’ordre, la Marche, l’Ouverture et la Fermeture des Travaux, l’Age maçonnique, le Livre de la Loi, la Chaîne d’union et l’acclamation mais également les symboles rituels que sont le Tablier et les Gants, les Bijoux et les Outils et enfin la Pierre brute.

    Pour Christian Guigue, le « rituel » vient du latin rituales libris ou livres rituels. Il définit un rituel comme un recueil contenant les différents rites ou actes célébratoires sacramentaux.

    Pour Jean Ferré, le rituel est l’ensemble des connaissances symboliques que l’on veut transmettre, leur formulation, leur mise en pratique : gestes, signes, paroles, mots, attouchements… Il constitue l’essence même de la cérémonie.

    Par glissement, le mot « rituel » signifie aussi le livre qui décrit le déroulement de la Tenue, qui permet de décorer le Temple, de fixer les rôles de chacun…

    Mais le mot « rituel » est aussi adjectif. Il convient donc de ne pas dire des agapes « rituéliques » – ce qui est un belgicisme – mais des agapes rituelles.

    Pour Bernard Baudouin, le rituel était à l’origine un cahier dans lequel étaient consignés les divers éléments qui concourraient à la bonne conduite d’une cérémonie. Par extension, le mot désigne aujourd’hui la cérémonie elle-même, avec tous les paramètres qui la composent, depuis les gestes, les signes, les paroles, les mots, les attouchements, etc…

    Le rôle du rituel

    Le rituel multiplie les suggestions verbales. Viennent s’y ajouter la suggestion visuelle des symboles rituels dont le rôle se borne à concrétiser certaines formules essentielles. Leur assimilation intégrale doit nous permettre d’aborder l’étude et l’interprétation des symboles initiatiques.

    Pour Raoul Berteaux, tout rituel d’Initiation maçonnique comporte des éléments structurels appartenant à deux domaines différents :

    • le premier concerne l’enseignement initiatique proprement dit. Il relève d’une tradition, d’un caractère sacré ;
    • le second concerne la façon de le conférer. Il relève des us et coutumes du milieu culturel ambiant.

    Pour Edouard E. Plantagenet, « le rituel est la lettre ; l’initiation est l’esprit. Le rituel est une route que jalonnent les bornes de la sagesse ; l’initiation est une échelle dont les échelons nous élèvent vers de nouveaux horizons ».

    Depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, les philosophes comme les psychiatres ont démontré que ce qui ordonne notre activité consciente n’est autre que le subconscient, force obscure cachée dans notre cerveau.

    Pour Alfred Binet, « la transformation d’une idée en acte est un fait psychologique régulier qui se produit toutes les fois que l’idée atteint un degré suffisant de vivacité. L’idée se produit par un travail subconscient à l’insu du sujet ».

    C’est donc l’idée de suggestion qu’il faut finalement évoquer. Qu’est-ce que la suggestion ? C’est la réalisation subconsciente d’une idée. L’idée qui tend à se matérialiser est celle sur laquelle l’attention s’est particulièrement concentrée.

    Luc Nefontaine qualifie la Franc-maçonnerie de société hautement symbolique avec un appareil rituel très développé. Elle apparaît tout autant comme une institution véhiculant un sens et des valeurs, par le biais des symboles et des rituels. Il n’y a pas lieu de subordonner les buts aux rites, ou vice-versa. Même dans nos Loges dites « régulières », souvent plus formalistes que les Loges qui ne sont pas reconnues comme telles, les rites n’en viennent jamais à masquer les buts.

    Pour Julien Behaeghel, le rituel est le symbole en action. Il est le verbe créateur du monde intemporel, créateur du nom qui donne vie et de l’espace sacré qui s’inscrit dans le présent éternel, cet espace qui définit le sens, le sens qui va de l’ombre vers la lumière, de l’Occident vers l’Orient, de l’inconscience vers la conscience – connaissance. Le sens est la lumière et le rituel n’a d’autre raison d’être que de faire jaillir la lumière, la lumière invisible de l’Esprit. C’est bien pourquoi certaines circumambulations se font dans le sens de la lumière, de l’Occident vers l’Orient. Dans le rituel maçonnique cependant, le sens de la circumambulation est inversé afin de garder le centre à sa droite ; autrement dit, le Maçon défie le temps par le rituel ; il  l’inverse. C’est à l’envers du temps que se trouve la raison mystérieuse de notre devenir.

    Le candidat à l’Initiation devra donc faire le trajet inverse du trajet solaire pour recevoir la lumière : il ira de l’Occident à l’Orient… Et tous les déplacements en Loge, toutes les circumambulations se feront de l’Occident à l’Orient en passant par le Nord, en tournant autour du centre afin de devenir le centre.

    C’est au centre de la Loge que le Maçon dessine l’espace magique de sa création. Il trace le carré double (« carré long ») dont la diagonale contient le nombre d’or en puissance. Puis à la verticale de son tracé, il disposera les trois fenêtres grillagées…

    Dans le rituel, le son devient lumière, la lumière parole et la parole devient l’outil qui permettra à l’Initié d’inscrire la vision du Géomètre dans la pierre.

    Le Maçon fait trois pas sur les carrés noirs et blancs du Pavé mosaïque, passe entre les Colonnes, reçoit le Maillet et le Ciseau et frappe trois coups sur la pierre vibrante et le monde bascule, se renverse dans un autre temps, le temps du rituel et du symbole, le temps des bâtisseurs du Grand Temps, c’est-à-dire du temps hors du temps.

    Répéter inlassablement les mêmes paroles du rituel équivaut à sortir du temps profane. Il est alors éternellement midi, au zénith de la voûte étoilée du temple. Le rituel parlé ou chanté correspond d’une certaine façon aux semences verbales des mantras de l’hindouisme.

    Établir le dieu dans son image, tel est bien le rôle du rituel, et en l’établissant dans son image, le chercheur de lumière le reçoit en lui. C’est la raison pour laquelle tout est fait et dit en loge à la gloire du Grand Architecte de l’Univers. C’est en son nom qu’est donnée l’Initiation. C’est en son nom que tout travail de Maçon commence et finit.

    Le rituel, par les questions et réponses des maîtres, organise le monde dans son ordre primordial.

    Pour Pierre Dangle, c’est le rituel qui donne corps au spirituel et réanime l’ensemble des forces créatrices.

    Les rituels initiatiques racontent la création en esprit par le jeu des symboles, véritables paroles de vie qui rendent présentes les fonctions rituelles remplies par les Frères.

    Ainsi les rituels relient-ils les symboles entre eux pour leur donner leur pleine et entière signification et nous permettre de les vivre.

    Participer aux rituels est un acte majeur pour tous les Frères de la Loge, et chaque rituel est une nouvelle naissance, à la fois de la Loge elle-même et de chacun de ses Frères.

    Selon Guy Boisdenghien, notre Ordre dispense des préceptes induisant à la connaissance réelle de soi par symboles, signes, emblèmes et paroles dont les significations transcendantales ne peuvent s’appréhender que par le moyen de l’Initiation et la progression du membre dans celle-ci. En effet, « progression » est un maître mot de l’Initiation car les rituels ne transmettent pas de façon linéaire. Ils agissent par projections dans le sens psychologique de ce mot.

    A travers le rituel, le Frère ressent dans des gestes, des paroles et des modèles symboliques des états affectifs qui lui sont propres. Ces états affectifs vont progressivement pénétrer au plus profond de son être, le modifier en son centre spirituel et, peut-être, provoquer une transmutation, un changement de nature.

    Chaque degré s’appuie sur un rituel d’Initiation et un autre de travaux ordinaires. Le rituel détaille l’acte cérémoniel qui se présente en un ensemble de symboles vécus, réglés et mis en scène dans une forme définie. Les rituels ont donc pour fonction de placer les participants dans une atmosphère initiatique frappant l’imagination, les sentiments et l’intellect. Ils requièrent de chaque Frère une adhésion effective car tout rituel ne peut être compris sans la volonté de percer l’esprit qui y préside.

    Le but du rituel d’Ouverture est de provoquer la rupture du temps et de l’espace. La modification met en place un autre espace atemporel et aspatial.

    Le rituel rompt tant avec le temps historique qu’avec notre espace environnant. Mais pendant que les Frères, durant la Tenue, sont conduits par le rituel à participer à un moment atemporel, les heures continuent à s’égrener en dehors de la Loge. La Tenue ne peut donc s’achever sans provoquer une nouvelle rupture visant à réinsérer le temps profane.

     R:.  F:.  A.  B.

    Pour aller plus loin concernant les rites :

    Baudouin BernardDictionnaire de la Franc-maçonnerie

    Editions De Vecchi, Paris, 1995 - pages 173 à 193

     

     

     


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  •  Mes impressions après mon Initiation 

    Le 13 décembre 1996, date de mon Initiation au grade d’Apprenti, j'ai accompli mon «premier travail». La réflexion qui suit serait-elle le second ?

    Réflexions au sujet du « Passage sous le bandeau »

    De mon passage ou interrogatoire sous le bandeau, cérémonie qui, je pense, fait  partie du processus initiatique,  je souhaiterais revenir à une des questions qui me furent posées, à savoir si ce n'était pas uniquement la curiosité qui m'avait amené à la Franc-maçonnerie.

    Mes premières approches de la Franc-maçonnerie remontent à 1975 environ. A cette époque, je l'avoue, j'ignorais totalement l'existence de la voie maçonnique et il me parait bien normal que, comme pour toute notion nouvelle à laquelle un Etre humain porte un minimum d'intérêt, la curiosité se manifeste naturellement et se transforme progressivement en un besoin de plus en plus affirmé.

    C'est vers 1983 que j'ai éprouvé le besoin de m'informer davantage par la lecture. J'ai ainsi découvert quelques notions (les obédiences, le rituel, les symboles...) ainsi que les conditions morales pour entrer dans l'ordre : être disponible, avoir une ouverture d'esprit suffisante ainsi que la volonté de se remettre en question.

    Cet idéal vers lequel l'homme peut tendre m'a profondément marqué‚ au point de faire mien cet objectif et de commencer un travail d'amélioration de moi-même. Parce que depuis 1982 j'exerçais une profession difficile aux relations humaines multiples, et probablement parce qu’à cette époque j'ai éprouvé quelques difficultés et sans doute commis des erreurs, il m'a fallu attendre très longtemps pour que les premières démarches concrètes se produisent. J'ai ainsi traversé une longue période que j'ai mise à profit pour réfléchir davantage à cet idéal et poursuivre ce travail de perfectionnement.

    Lorsque j'ai rencontré mon premier parrain en 1996, j'ai eu l'impression que mon initiation commençait car cette rencontre constituait un réel encouragement à progresser, à travailler sur moi-même, à améliorer toute relation humaine.

    La phase finale de la pré-initiation, à savoir mon passage sous le bandeau, le 11 octobre 1996, m'a permis de ressentir l’atmosphère très particulière d'un lieu sacré dont j'ignorais encore les lois.

    Bien que cette épreuve soit généralement considérée comme assez pénible, il me semble, avec le recul, que l'ensemble des questions qui m'ont été posées m'a permis de faire une nouvelle fois le point quant à la pureté de mes intentions.

    Je pense que ma sincérité a été appréciée puisque me voilà parmi vous.

    Réflexions au sujet de la cérémonie d'Initiation

    La cérémonie vécue le 13 décembre 1996 m'a permis de vivre une initiation virtuelle. En effet, si elle m'a proposé quelques symboles, le temps de travail assidu qui me reste à vivre ne me suffira probablement pas pour découvrir entièrement les quelques paysages spirituels et initiatiques que cette cérémonie m'a à peine dévoilés.

    J'ai découvert mais pas forcément compris le Pavé mosaïque, les deux Colonnes, les trois Piliers, le Tableau de la Loge... J'en connaissais l'existence, sans plus.

    J'avais imaginé les Apprentis siégeant sur la Colonne du Nord et les Compagnons sur celle du Sud. J'ai découvert et apprécié que les Maîtres se répartissent sur les deux Colonnes, ce qui tendait de confirmer l’idée selon laquelle même lorsqu'on est Maître on apprend et s'initie encore et toujours.

    Pour me rendre à cette première Tenue, j'avais reçu comme consigne de revêtir un smoking, ce qui n'était pas une surprise. Par contre, ce qui le fut, c'était de devoir, au seuil de l'espace sacré, me défaire de ma veste, du nœud, d'une chaussure...  J'éprouvai d'abord un sentiment de tristesse de quitter ce que je considérais comme un bel habit, sentiment vite oublié‚ car je me rappelai aussitôt que la vertu n'a pas besoin d'ornements et que c'était pour la même raison que quelques instants auparavant je m'étais dépouillé de mes métaux, c’est-à-dire de ma montre, de mes bagues et de mon portefeuille !

    Cette gêne passagère résultant du sentiment de paraître quelque peu grotesque ainsi accoutré n'a pas eu un effet inhibitif prolongé sur mes facultés. Je savais que mon cœur était à découvert en signe de sincérité et de franchise, que mon genou droit était mis à nu pour marquer un sentiment d'humilité qui doit présider à la recherche du vrai et que mon pied gauche était déchaussé car j'allais fouler pour la première fois les dalles sacrées du Temple.

    Avec le recul de deux semaines environ, j'ai compris que la cérémonie d'Initiation repose essentiellement sur les épreuves des quatre Eléments et sur le serment qui me lie dorénavant à la Franc-maçonnerie.

    Cette initiation m'a offert la possibilité de dépasser l'individu limité que j'étais dans le monde profane et de m'ouvrir à d'autres réalités. Elle constitue un premier pas dans un monde nouveau où je vais progressivement découvrir un langage symbolique difficile à percevoir d'emblée, où je vais tenter d'acquérir progressivement la maîtrise de moi-même avant de prétendre modifier mon entourage et contribuer à l'épanouissement d'autres individus.

    J'ai compris que c'est à partir du travail effectué dorénavant avec mes Frères, loin des passions et des désordres du monde extérieur, mais dans le secret de la Loge que je me transformerai d'une manière profonde.

    Le brusque passage de la rue dans le Temple ne suffit donc pas pour faire de moi un Franc-maçon. C'est à moi de savoir ce que je compte faire de l'Initiation que j'ai reçue. Mais l'Initiation ne s'arrête pas à la cérémonie de Réception que j'ai vécue : elle est un processus continu et les épreuves subies n'en sont que l'introduction !

    Mon premier travail

    Par le geste du «premier travail» j'ai compris que je suis assimilé à une pierre brute, une matière qu'il faudra façonner pour lui donner une forme harmonieuse qui pourra s'intégrer dans le Temple en perpétuelle construction.

    Les épreuves que j'ai subies (de la terre, de l'air, de l'eau et du feu) sont des symboles. Cette démarche symbolique vise à transformer ma nature de profane et devrait progressivement provoquer une mutation interne.

    Je n'ai pas considéré l'initiation comme une simple cérémonie. Je pense y avoir mesuré ce qui est exigé de moi : subir un face à face décisif avec moi-même, laisser s'opérer en moi un ébranlement profond, me livrer entièrement pour parvenir à me voir tel que je suis réellement, me mettre en état de percevoir en moi-même un événement fondamental : ma mort au monde profane et ma naissance en tant qu'Apprenti Franc-maçon.

    La cérémonie d'Initiation ne m'a pas fait sourire. Loin de moi aussi l'idée de la considérer comme archaïque ou d'être une apparente puérilité. J'ai pris tout ce cérémonial avec beaucoup de sérieux. Je me souviens n'avoir retrouvé mon sourire que lorsque j'ai découvert deux de mes amis siégeant en face de moi, très heureux de les considérer à présent comme Frères et réciproquement !

    La cérémonie correspondait assez bien à ce que j'avais imaginé au travers de mes premières lectures. J'ai le sentiment d'y avoir été très conscient mais je n'ai pas pu retenir tous les emblèmes ni toutes les allégories et encore moins toutes les formalités rituelles.

    Les étapes successives symbolisées par les quatre épreuves et les trois voyages m'ont invité à prendre conscience que le chemin à parcourir pour devenir un digne Franc-maçon est long, obscur, angoissant et semé d’embûches. Ce n'est qu'avec persévérance, en surmontant les obstacles, en vainquant le doute par la raison que je pourrai peut-être arriver à en percevoir la fin.

    Cependant, ce chemin que le Maître de Cérémonie m'a aidé à parcourir, ne m'a guère éloigné de mon point de départ réel. Il a donc un caractère symbolique qui m'incite à en reconstituer les différentes péripéties, le sens et la raison.

    Ainsi, l'épreuve de la Terre, subie dans le Cabinet de Réflexion, m'a invité à prendre conscience que se connaitre soi-même est un apprentissage long et continu ; que la perfection n'est peut-être pas de notre monde profane mais que seuls les Initiés peuvent y tendre et, qu’enfin, pour accéder à cette vie nouvelle, il me faut symboliquement mourir de ma vie de profane.

    Au seuil du Temple, je m'attendais à devoir franchir une porte basse et étroite. J'ai senti que j'ai dû me baisser très fort pour passer sous une barre. J'ai compris que ce geste correspondait à la mort à la vie profane et à une renaissance à une vie nouvelle à laquelle j'ai accédé comme l'enfant qui vient au monde. Ce geste m'a suggéré que l'humilité et l'effort sont les lois de l'homme qui veut conquérir la Lumière.

    Le bruit provoqué par les sabres n'a pas vraiment provoqué en moi un véritable choc hypnotique. Je pense au contraire être resté bien conscient de ce que le Maître de Cérémonie me faisait faire.

    Avant de recevoir la Lumière symbolique, j'ai dû subir les épreuves de l'air, de l'eau et du feu, toutes purificatrices.

    Le premier voyage m'a fait comprendre que pendant mon apprentissage je serais privé de lumière, inapte à me diriger seul mais avide de connaissance et assoiffé de vérité.

    Revenu au point de départ (à l'Occident), le second voyage accompagné du persistant cliquetis des épées, m'a fait prendre conscience des efforts à soutenir pour préparer sagement mon ascension.

    Le troisième voyage, beaucoup plus calme et silencieux, devait me faire subir l'épreuve du feu mais je l'ai à peine remarquée. Pourtant le feu me fait peur !

    Après avoir bu le calice d'amertume jusqu'à la lie, le bandeau qui couvrait mes yeux a été enlevé. J'ai lu quelque part que lorsque le bandeau me serait retiré se produirait un choc initiatique. Je me dois d'exprimer un profond regret dû au défaut de ma vision : privé de mes verres correcteurs, je n'ai pu percevoir que d'une manière très floue les effets lumineux recherchés ainsi que mes Frères pointant sur moi leur épée, symbole de la sauvegarde, de l'amour et du châtiment.

    Ces épreuves subies n'ont pas fait de moi un Franc-maçon. Elles m'ont implicitement enseigné comment je pourrais le devenir. La qualité de Franc-maçon ne s'acquiert en réalité que petit à petit par un patient effort de perfectionnement individuel.

    Tel me semble le message que suggère la cérémonie de Réception qui détermine les étapes et m'indique le sens de l'action dans lequel je me dois de travailler pour m'élever inconsciemment vers des plans supérieurs.

    Quant au rituel auquel j'ai été invité à me soumettre (les mots, le signe d'ordre, la marche), il me dictera continuellement mon devoir et m'incitera à l'accomplir sans défaillance.

    Dorénavant, avant de franchir la porte du Temple, je revêtirai d'une part un tablier blanc en peau d'agneau, insigne de mon grade d'Apprenti qui me rappellera que le travail, source de joie, est l'objet exclusif des réunions maçonniques, et d'autre part, des gants blancs.

    Le fait de revêtir ces deux emblèmes de pureté et de travail m'aidera à me souvenir que je suis voué aux durs travaux d'édification du Temple de l'Humanité.

     A.  B.

     


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  • Avertissement

    Mon Parrain - Christian R. - m'avait suggéré de lire le livre "LES ETOILES DE COMPOSTELLE"...

    A la suite de la lecture de cet ouvrage, j'ai décidé de rédiger un petit travail personnel.

    Voici la toute première planche que j'ai tracée.... alors que je n'étais qu'un CANDIDAT !

    J'ai appris que cette "planchette" a fait le tour de la Loge bien avant mon admission !

    Tracée en automne 1995

     Les étoiles de Compostelle 

    Introduction

    L'ouvrage d'Henri Vincenot décrit l'expérience initiatique de Jehan le Tonnerre, membre d'une communauté civile d'essarteurs du Pays Eduen.

    L'auteur s'identifie à son personnage principal.

    Je pense même que c'est sa propre initiation maçonnique qu'Henri Vincenot évoque dans cet ouvrage, de manière romancée.

    Produit d'une éducation religieuse dans ma prime enfance, ensuite engagé dans le mouvement laïque, le lecteur profane que je suis se trouve en présence d'un récit tellement paradoxal qu'il fallait réagir en m'interrogeant

    • sur le sens à donner au chemin de Compostelle, au chemin de Noya, au chemin de Cluny et au retour à Chartres ;
    • sur le sens de quelques symboles utilisés par les Compagnons Constructeurs ;
    • sur les apports de la civilisation celtique à laquelle l'auteur accorde bien plus d'importance qu'aux civilisations grecque et romaine.

    C'est ce que j'ai tenté d'aborder dans ce travail.

    J'ai d'abord voulu synthétiser les idées qui me paraissaient essentielles du point de vue de l'initiation maçonnique.

    Chaque fois que cela me semblait possible, j'ai rédigé quelques réflexions sans doute bien modestes au stade de mon approche de la Maçonnerie spéculative qu'il me sera peut-être donné d'approfondir prochainement.

    Lorsque je me trouvais dans le doute, j'ai préféré l'exprimer par une question à laquelle l'avenir m'apportera probablement une réponse.

    Brève analyse des personnages

    a)   Les membres de la communauté des essarteurs de Saint-Gall

    La communauté se compose de 22 personnes, y compris les enfants.

    Le Maître et la Maîtresse sont élus par les « parsonniers ».

    C'est ainsi que l'on nomme les gens de cette communauté.

    MATHIEU, au début du récit, est le Maître de la communauté.

    Avec sa femme Jaquette, ils ont une fille et un garçon : Zacharie et Isaïe.

    Trois autres couples ont chacun deux enfants.

    Un de ces enfants est le personnage principal du récit : il se nomme JEHAN le TONNERRE.

    REINE est la fille de Thibault.

    Deux adultes célibataires sont également membre de ce groupe : Le Trébeulot et Daniel.

    MARTIN remplace MATHIEU à la mort de ce dernier.

    Ne font pas partie de la communauté des essarteurs :

    • le mire, c'est le guérisseur du village ;
    • TEBSIMA, une femme de Sarrasin ramenée par un seigneur croisé ;
    • le PROPHÈTE ou le Vieux, qui se fait aussi appeler Benoît Hugues et qui se prend pour l'esprit de Scott Erigène, l'hérétique qui mettait en doute tous les Pères de l'Eglise.

     

    La Communauté de Saint-Gall ne se livre pas à des réflexions philosophiques. Cependant des liens de fraternité profonde s'y tissent.

    Pendant la période hivernale, Jehan retrouve la tablée des parsonniers qui l'accueillent en frère comme pour lui montrer qu'ils ne lui tiennent pas rigueur de les avoir quittés.

    Le PROPHÈTE a été «un appelé» (à devenir Compagnon) mais à un certain moment il s'est senti indigne du soleil (donc de recevoir la Lumière).

    Il l'explique lui-même dans le récit : seul l'homme vierge (c'est-à-dire pur, exceptionnel) peut accomplir la haute mission (contribuer au perfectionnement des hommes).

    Le PROPHÈTE a eu l'occasion de transmettre sa science à l'abbé Bernard. C'est grâce au Prophète que la science des druides a vivifié le christianisme en le pénétrant de son sens cosmique.

     

    b)   Des religieux

    Des moines bénédictins (les moines noirs)

    Des moines cisterciens

    Il semble que Bernard de Fontaine, l'abbé de Cîteaux, était un Grand Passant (celui qui passe la Connaissance)

    Les Templiers ou Chevaliers du Temple (les blancs manteaux) : ce sont des moines qui se disent « soldats du Christ ».

    Dans le récit, ces Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon jouent un rôle de bons conseillers et de bons banquiers.

     

    c)   La confrérie des Compagnons Constructeurs

    Ils portent tous une figure géométrique ésotérique ressemblant à l'empreinte d'une patte d'oie brodée au col. C'est pourquoi on les appelle les Pédauques, ce qui veut dire «pied d'oie». On les surnomme également «les Jacques» ou «les Keuldées». Les Keuldées forment une école de pensée.

    Jehan le Tonnerre a entendu leur appel : dès le début du récit il devient un aspirant maçon.

    VIEUX-CHIEN, un vieil aiguiseur, est chargé des premiers apprentissages de Jehan. (Un parrain ou simplement un Compagnon ?)

    Au sein du groupe des Compagnons Charpentiers dont l'emblème est l'arbre, PIED-DE-JARS est un ouvrier charpentier (un autre compagnon ?).

    MAITRE JACQUES est le maître d’œuvre qui dirige le chantier. (Il représente le Vénérable Maître).

    Il montre à ses initiés la façon d'organiser la taille des pierres (La manière de se perfectionner ?).

    Il manipule l'équerre, la règle et le compas, ses seuls outils.

    Les Enfants de Maître Jacques, les initiés, sont les tailleurs de pierre. Ils signent leurs œuvres d'une feuille de chêne. Ils ont des secrets essentiels. (Ce sont les Maîtres au sein de la Loge ?).

    Le travail pour eux n'est plus une punition, c'est une récompense !

    On les appelle aussi les « Grands Passants » parce qu'ils passent la Connaissance.

    OISELET-LA-FRATERNITÉ est un Maître Maçon.

    LE GALLO est chargé d'affranchir Jehan. Il intervient au début du noviciat. Il va lui apprendre le Tracé, ce savoir qui permet de diviser l'espace ;  les nombres  (des symboles !) qui jalonnent le grand chemin et qu'on retrouve dans le Tracé.

     

    Rencontre de quelques symboles et rites

    Le Fil à plomb

    « Le chef de chantier semblait rechercher la verticalité avec la plus grande rigueur en se plaçant successivement aux quatre points cardinaux ».

    Le Vénérable Maître n'est-il pas là pour montrer l'exemple à tous les Maçons, le meilleur comportement ?

    Pour connaître la Vérité, ne convient-il pas de se placer à plusieurs points de vue et faire preuve d'objectivité ?

    Symbole d'origine ouvrière transmis par la maçonnerie opérative.

    Tenu en main, le fil à plomb symbolise la maîtrise de soi, le bon usage des facultés, la sérénité, la rectitude.

     

    La Colonne

    C'est la « relation figurée entre la terre, les étoiles et le soleil ; première manifestation du temple issu de la terre ; premier rapport entre le lieu où nous sommes et le ciel ».

    Les colonnes délimitent l'entrée du temple maçonnique.

    La colonne symbolise aussi la force.

     

    Le cordon à treize nœuds

    Cette corde est divisée en 12 espaces égaux.

    Les Compagnons en répartissent 4 d'un côté, 3 de l'autre et rabattent les 5 autres pour former la figure triangulaire.

    C'est un outil de mesure et de vérification.

     

    La lumière

    « C'est la grande manifestation de la puissance divine ».

    « C'est l'émanation directe de Dieu ».

    « Le Soleil est le grand dispensateur de la Lumière ».

    « La création de la Vie s'est faite par la Lumière et cette création continue chaque jour grâce à la Lumière ».

     

    Le coq

    Il annonce le « retour de la Lumière ».

    C'est le signe de l'avènement de la lumière initiatique.

    Le coq a sa place dans le cabinet de réflexion associé à la mort au monde profane et à une renaissance.

     

    Le soleil

    C'est l'image d'un des attributs de Dieu.

    Son rayon est clair, dur et net ; c'est le parangon (modèle) de toute science et de souveraine droiture morale.

     

    Les serpents

    Ils sont « l'emblème de la Lumière protectrice et divine ».

     

    Le grand serpent du monde

    Il symbolise « le courant qui relie le ciel et la terre ».

    Il faut s'installer convenablement sur son passage si l'on veut capter ce courant et en faire profiter les hommes.

     

    L'Homme debout

    « Seul l'homme debout fait du bon travail et c'est quand il marche qu'il pense droit ». L'expression « Marche ! Marche, tu verras ». est maintes fois répétée dans ce récit.

    « C'est la seule attitude à adopter pour tout homme qui veut comprendre, débattre sainement, imaginer, organiser sa pensée, concevoir et décider ».

     

    L'eau

    C'est un des quatre éléments du Grand Œuvre (avec l'air, la terre et le feu).

    L'eau a deux fonctions : la purification et la fécondité. L'eau est bénédiction.

    Son association avec le pain nous invite à réfléchir sur la nature dont il faut connaître les lois pour accomplir son travail.

     

    Le sanglier

    C'est le symbole du « Druide qui cherche et trouve ».

       

    La spirale 

    C'est le symbole de la vie éternelle.

     

    La vulve du monde

    C'est le « symbole de l'origine de toute l'humanité ».

     

    La croix druidique

    « Le premier cercle, le plus grand, est le cercle de Keugant. C'est le chaos où rien n'existe que Dieu. C'est de Keugant que le Dieu unique fait sortir les âmes, ces âmes passent alors dans le second cercle qui est celui d'Abred. C'est le cercle de la vie terrestre, où les âmes jouent leur destinée entre le Bien et le Mal.

    Selon le choix qu'elles auront fait, elles retourneront dans le premier cercle du néant ou bien elles s'élèveront dans le troisième cercle de Gwenwed, celui de l'ascension suprême auprès de Dieu ».

     

    Le pentacle

    Dans le pentacle (talisman à cinq branches) on peut trouver toutes les connaissances acquises par le druidisme.

     

    Le labyrinthe

    C'est un chemin à suivre dans les cathédrales pour s'y régénérer.

     

     

    * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

     

    Les Compagnons Constructeurs de passage à Lescar empêchèrent vivement Jehan d'entrer par la grande porte de l'édifice. Ils l'entraînèrent vers une petite porte de côté fort surbaissée.

    En sortant du cabinet de réflexion, le candidat Franc-maçon doit également franchir une petite porte étroite et surbaissée.

    Cette « épreuve » n'a-t-elle pas pour but de faire prendre conscience au candidat que pour de venir Maçon il faut baisser la tête et l'échine, c'est-à-dire faire preuve de modestie et d'humilité ?

    Le RITE DE LA CEINTURE signifie à tous que sur un chantier, chacun a besoin de l'autre, du plus petit au plus grand.

     

    Apports des connaissances druidiques

    Longtemps avant le Christ il y a eu une Révélation supérieure à celle d'Israël. Elle venait d'Occident. Les Druides l'auraient reçue du Dieu des Mers.

    L'organisation du compagnonnage vient du fond des temps.

    Ce que les Hommes en savent s'est transmis par la tradition orale.

    C'est des Druides que Platon et Pythagore auraient appris la science des nombres.

    Les Compagnons Constructeurs savaient faire la quadrature du cercle, probablement avec d'autres outils que la règle et le compas.

    Aristote a dit que la philosophie a commencé chez les Celtes, que la Gaule a été l'institutrice de la Grèce et que Pythagore s'est instruit à leur contact.

    Il ne faudrait cependant pas nier toute l'influence de la mythologie grecque !

    La civilisation romaine a détruit ou nié une grande partie des savoirs gaulois.

    La civilisation chrétienne puis l'Eglise catholique ont récupéré bien des fêtes, coutumes et croyances et les ont adaptées.

    Il est difficile pour une secte ou une nouvelle religion d'imposer des dogmes, des rites, des fêtes et coutumes si ceux-ci ne s'appuient pas sur ce qui existe déjà. (Ex. Le 21 décembre on fête le solstice d'hiver ; la religion chrétienne a choisi une date fort proche pour commémorer la naissance de Jésus).

    Les ancêtres des Compagnons Constructeurs ont accepté le christianisme mais en l'enrichissant de la science druidique et gnostique. Restés fidèles à l'esprit initial, ils ont pris le nom de « Keuldées ». Héritiers des Géants des Grandes Pierres, ils ont obtenu des princes une charte de franchise qui faisait d'eux les francs-constructeurs et les francs-maçons, libres.

    Ils sont restés soudés en une société secrète, opposée au pape, mais chrétienne, vivifiée par la philosophie et la connaissance druidique. Ils ont travaillé ainsi dans le secret et silence.

    L’œuvre druidique contient un message : il faut maintenir l'antique connaissance du Verbe de Lumière créateur de Vie.

    La réapparition de ce message dans le prologue de l'Evangile de St Jean prouve que l'esprit celtique a été l'esprit préchrétien par excellence. C'est la raison pour laquelle les Compagnons Constructeurs prêtent serment sur l'Evangile de St Jean.

    « L'ensemble des connaissances druidiques de la terre et du ciel a déterminé une théogonie révélant à qui veut les connaître les origines de la vie, la croyance en la survivance de l'âme, la vie éternelle, le Dieu unique et les rapports entre la divinité et le magnétisme solaire, terrestre, humain, animal, végétal et minéral. Deux figures résument en partie cet héritage : le zodiaque et la croix druidique ».

    Cette croix éduenne ou Croix du Dendrophore est bien antérieure à celle du Christ.

    La circonférence de Gwenowed divisée par 9 donne la mesure du pied druidique qui est de 0,314156, dimension de base qui a servi pour l'érection des grandes pierres et préside à la construction des sanctuaires chrétiens.

     

    L'initiation de Jehan le Tonnerre

    Après la lecture du livre, j'ai reproduit ici les idées essentielles qui me semblent définir l'esprit maçonnique.       

    Lorsque j'en ai éprouvé le besoin, j'ai tenté de formuler quelques réflexions personnelles.

    1. Une première approche

    Jehan attendait secrètement l'appel des Compagnons Constructeurs.

    La « perche » lui est tendue :

    • « On ne t'a pas revu depuis ta visite avec le vieux barbu que vous appelez le Prophète ».

    Lorsqu'il a l'occasion d'observer leur travail, il a envie de leur poser des questions, notamment à propos du maniement de leurs instruments de mesure.

    Un Père abbé lui propose de faire de lui un bon chapuis, c'est-à-dire un bon charpentier.

    2. Ce qui attire Jehan

    Deux attitudes des Compagnons Constructeurs attirent l'attention de Jehan et forcent son admiration :

    la façon dont ils organisent le travail sur le chantier ;

    le silence dont ils aiment s'entourer.

    3. Deuxième approche

    « Voilà notre Jehan fils du Tonnerre revenu. Je savais bien qu'il ne pouvait pas rester bien loin longtemps sans répondre à l'appel ».

    « Je suis venu voir ».

    « Tu peux faire plus si tu veux ».

    « Tu peux prendre part au travail ».

    4. Premiers pas

    Jehan est affecté au terrassement chez les Pédauques.

    Pour arriver au cœur du secret il lui faut commencer par les besognes les plus obscures.

    Il est mis au chantier du bois.

    D'abord il apprend tout simplement à tourner la manivelle de la meule, ni trop vite ni trop lentement et bien régulièrement.

    C'est un début obligatoire pour un futur charpentier.

    Un premier secret lui est révélé.

    Les deux mots disposés en croix : F O S  et  Z O E qui signifient Lumière et Vie.

    Ces mots disposés en croix sont le symbole de l'interpénétration de la tradition celtique et de la tradition chrétienne.

    Jehan acquiert la discipline du chantier de charpente. Il soigne sa tenue.

    Après avoir beaucoup aiguisé les outils, le chef de chantier l'autorise à risquer à s'en servir.

    Jehan se sent bien parmi les Compagnons Constructeurs. Il se sent porté par un grand courant qui est autre chose que le courage et la nécessité.

    Il ne perçoit pas encore le rôle de chaque chose. Il pose des questions. Les gens mais surtout les choses lui répondent.

    Donc il apprend à la fois par la communication orale, par l'observation et par la réflexion sur les symboles.

    Parfois les questions qu'il pose concernent un stade d'initiation auquel il n'est pas encore prêt :

    « Voilà Jehan qui veut tout savoir avant d'avoir appris ! »

    L'Apprenti ne doit pas vouloir aller trop vite dans son initiation : chaque chose en son temps.

    L'initiation prend du temps et il convient de ne pas se montrer trop pressé !

    Après avoir passé un an sur le chantier, Jehan s'entend dire du Maître :

    « Je pense qu'il te faudrait passer aux choses sérieuses ».

    Il s’agit de progresser dans la Connaissance de lui-même !

    Chargé d'affranchir Jehan, LE GALLO intervient au début du noviciat. Il lui apprend le Tracé (le savoir qui permet de diviser l'espace), les nombres ( = des symboles) qui jalonnent le Grand Chemin et qu'on retrouve dans le Tracé.

    « Il suffit de connaître pour comprendre ».

    En pédagogie on a pourtant l'habitude de dire le contraire : pour bien connaître une notion, il faut d'abord la comprendre.

    Dorénavant il n'est plus question de quitter le groupe des Initiés :

    « Maintenant que tu es de la coterie, tu n'as plus ni père ni mère ».

    Une autre vie commence pour Jehan.

    Jehan va apprendre à construire la Porte du Ciel, l'instrument de la régénération.

    Le Maître lui explique que les Compagnons Constructeurs ont pris le nom de « Keuldées », qu'ils sont les héritiers des Géants des Grandes Pierres et qu'ils sont devenus des francs-constructeurs, des francs-maçons, libres.

    Jehan peut devenir un Keuldée parce qu'il fait preuve d'une opiniâtreté appliquée à philosopher, à moraliser, à symboliser, « en dehors de toute raison raisonnante... » (= sans préjugés ?).

    La Connaissance est pour ceux seuls qui en sont dignes.

    Les jours d'errance avec Maître Gallo étaient le point fort de l'initiation de Jehan, sans qu'il s'en aperçut.

    Ce sont probablement les instants passés avec les parrains qui sont les plus enrichissants ?

    Ces promenades devenaient des cérémonies initiatiques. L'analyse de tous les détails venait prouver à Jehan que rien n'était laissé au hasard ni à l'ignorance.

    Ces détails s'incorporent dans un tout prodigieux qui ne paraît mystérieux, incompréhensible et inutile qu'à ceux qui ne veulent ou ne savent pas voir et comprendre.

    Jamais on ne travaille seul : l’œuvre de chaque constructeur concourt à la construction de la cité spirituelle parmi les hommes.

     

    L'attitude constructive de chaque Franc-maçon contribue au perfectionnement de l'humanité.

    1. Le serment

    Les Compagnons Constructeurs sont aussi appelés des Grands Passants parce qu'ils passent la Connaissance.

    Avant de «partir», Jehan doit faire sa promesse d'aspirant.

    Après avoir pris connaissance de la Légende d'Hiram et d'une sorte de règlement lui signifiant qu'il devrait dorénavant se montrer solidaire et respectueux de tous les Compagnons, de ne rien dévoiler ni de sa promesse ni des secrets du  métier ; il prête le serment sur l'Evangile de St Jean.

     

    2. L'initiation se poursuit

    A ce stade, Jehan n'est pas encore un Compagnon fini.

    Il écoute les conversations mais ne comprend pas toujours tout. Cela semble mieux ainsi car on ne reçoit que ce qu'on est prêt à recevoir.

    Il y a des étapes à franchir, des épreuves.

    Je n'ai sans doute pas saisi tout le symbolisme contenu dans ce roman.

    J'ai conscience du fait que je n'y suis pas encore prêt !

      

    Jehan est finalement prêt pour être consacré : embelli, forci, enrichi de connaissances, décrassé de sa niaiserie, prêt à partir sur le chemin des étoiles, le chemin de Saint Jacques.

     

    3. Le chemin de Compostelle

    Le Chemin de Compostelle, c'est la grande initiation.

    On va à Compostelle pour y chercher la fameuse Connaissance !

    Ensuite il lui faudra revenir pour construire Chartres, le grand sanctuaire des Carnutes, le grand Tertre Sacré, le grand Athanor, selon les principes des Enfants de Maître Jacques.

    Le voyage à Compostelle coûte cher. Pour se procurer l'argent nécessaire, il s'agit de rendre service à des gens.

    N'est-ce pas ce qu'on attend normalement d'un Franc-maçon : qu'il fasse preuve de serviabilité, de fraternité, qu'il communique une véritable chaleur humaine ?

    «Patience, tu verras, marche ! »

    L'expression revient sans cesse car Jehan fait preuve d'une trop grande impatience.

    Le chemin de Compostelle est semé d'embûches, de difficultés qu'il faut vaincre une à une, patiemment.

    Jehan commence à comprendre ce que les mots «initiation» et «révélation» veulent dire.

    Le but poursuivi par les Compagnons, c'est la régénération de l'homme par la Connaissance et par l'Amour.

    Ils utilisent leurs connaissances pour modifier la construction des temples et les approprier vraiment à la régénération, à la transmutation de l'homme, de tous les hommes.

    L'édifice a la dimension qu'il doit avoir en fonction de toutes les données astronomiques et telluriques. Les mesures et les rapports sont là pour manifester visiblement les choses invisibles qui composent le monde et le rendent agissant sur l'homme.

    Au terme du voyage, Jehan découvre la Vraie Connaissance.

    C'EST SE CONNAITRE SOI-MÊME !

    Le voyage avec toutes ses difficultés lui a prouvé qu'il peut tout vaincre. Il suffit de le vouloir. Son seul courage, voilà la Révélation.

    La Révélation de soi-même, on ne la reçoit que si on a le courage d'aller au-delà de soi-même.

    La Révélation, c'est aussi aimer son prochain comme soi-même.

    La Connaissance, c'est aussi savoir que lorsqu'on est arrivé, il faut revenir et que la moitié seulement du travail est fait.

    Cette deuxième moitié du travail de l'Initiation (cf. la construction de Chartres, la Porte du Ciel), ne serait-ce pas la contribution de chacun et de tous pour mener les hommes vers la perfection ?

    Marcher, c'est le secret révélateur (car on ne peut pas asservir l'homme qui marche).

     

    Faut-il conclure ?

    Bien que la lecture de cet ouvrage m'ait permis d’entrapercevoir ce que pourrait être la véritable initiation maçonnique, je pense que j'ai encore beaucoup à apprendre. J'essaierai de faire preuve d'un peu plus de patience que Jehan le Tonnerre !

     

     A. B.

     

     


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  •  Charges, tâche, office, fonctions ? Devoirs ! 

    Introduction

    Je débuterai cette petite planche par un bref rappel d’une position qui m’est chère : en tant qu’Apprentis, Compagnons et Maîtres, nous avons tous le droit de participer aux meilleures Tenues possibles chaque fois que notre Loge se réunit et nous avons tous droit à l’organisation de séminaires de qualité. Il m’a toujours semblé que c’était là nos deux seuls droits fondamentaux.

    Bien sûr il y a aussi la bonne qualité et le coût modéré que doivent présenter les repas qui nous sont servis après nos Tenues ! Je pense que nous n’avons rien d’autre à revendiquer. Pour le reste, nous n’avons que des devoirs !

    Je passerai sous silence les devoirs des Apprentis et les devoirs des Compagnons à propos desquels j’ai déjà eu l’occasion de donner mon point de vue dans d’autres Travaux et au cours de nombreux séminaires.

    Tout Maçon qui se respecte vient en Loge pour se ressourcer, pour rencontrer ses Frères, pour être à l’écoute des autres, pour rendre service, pour aider. Certains viennent surtout pour le bon repas qu’ils prendront après la Tenue et/ou pour les quelques verres qu’ils boiront ensemble au bar en trinquant à leur santé réciproque.

    Mais le vrai Maçon qui participe à une Tenue vient en réalité pour travailler. Travailler sur lui-même d’abord, depuis son Initiation et, en principe, sans relâche jusqu’à son Passage à l’Orient Éternel. Mais aussi travailler pour ses Frères, pour sa Loge, pour son obédience, pour l’Ordre maçonnique traditionnel en général.

    Celui qui devient Maître contracte l’engagement de travailler, surtout pour autrui. Il doit en effet aux Apprentis et aux Compagnons la lumière indispensable à l’accomplissement de leur tâche. Ce n’est donc pas pour nous reposer que nous atteignons le degré de Maître mais pour redoubler d’efforts constants afin que rien de ce qui concerne l’Art ne reste obscur pour nous.

    Assis bien droits (« en Équerre »), nous sommes tous là pour travailler, sur nous-même en priorité, pour le bien de la Loge et le développement de l’Obédience. Plus que quiconque, nous devons être assidus. Mais notre assiduité doit être désirée : c’est une assiduité de conviction. Outre les devoirs antérieurs de l’Apprenti et du Compagnon que nous faisons nôtres, nous avons de surcroît le devoir d’être vigilant au recrutement et celui de transmettre aux plus jeunes les éléments de la Tradition maçonnique.

    Quel que soit notre statut dans la vie profane, quelle que soit notre activité professionnelle, l’Equerre est le symbole qui doit nous rappeler le devoir de rectitude de notre comportement en toutes circonstances, tandis que le Compas doit nous rappeler la nécessité de nous ouvrir aux autres, à tous nos Frères, à notre prochain.

    Donnant en permanence l’exemple à suivre, nous sommes tous au service de notre Loge. Nous nous devons de toujours être à l’écoute de nos Frères, qu’ils soient Apprentis, Compagnons ou Maîtres, qu’ils soient membres de notre Respectable Loge ou qu’ils viennent nous rendre visite.

    Le Travail en Loge

    Dans les Loges assez nombreuses (de trente à soixante membres), c’est sur les Colonnes que la plupart des Frères peuvent vivre les Tenues plus ou moins intensément, selon leur implication personnelle mais surtout si leur désir d’attention est suffisamment soutenu.

     

    Qu’entend-on par « Travail » en Loge ?

    Le Travail en Loge, c’est essentiellement l’exécution de rituels (Ouverture et Clôture des Travaux, Initiation d’un Profane, Passage au grade de Compagnon, Élévation à la maîtrise, etc.) mais aussi la présentation de planches, de dossiers de candidature de Profanes…

    Pour mener à bien ces Travaux, un certain nombre d’exécutants sont nécessaires : un Vénérable Maître qui préside les Travaux ; deux Surveillants qui l’assistent dans l’exécution des rituels ; un Secrétaire qui est la mémoire de la Loge ; un Orateur qui est le gardien de la Loi, chargé de veiller au respect des règlements ; un Maître des Cérémonies, chargé de conduire tous les déplacements dans la Loge ; un Expert chargé de contrôler la bonne exécution des rituels ; un Couvreur chargé de protéger et d’assurer la sécurité des Travaux… N’oublions pas non plus le Trésorier et l’Aumônier-Hospitalier ! Tels sont les principaux Offices – c’est le terme qui me semble le plus adéquat puisque ceux qui les occupent sont qualifiés d’Officiers, et même d’Officiers Dignitaires !

    Lorsque le nombre de Frères Maîtres est peu élevé, il arrive que les autres tâches, tout aussi importantes dans la vie de la Loge, doivent être confiées à des Compagnons : celle d‘Architecte, d’Archiviste, de Maître des Banquets, de Maître de la Colonne d’Harmonie, de Bibliothécaire, de Maître des Banquets. Certaines sont parfois plus lourdes que d’autres ; c’est pourquoi nous utilisons alors de préférence le synonyme « charges ».

     

    Qu’entend-on par « Office » ?

    Notre langue française est particulièrement riche grâce aux synonymes qu’elle nous propose souvent pour désigner un même concept ou pour mieux nuancer notre pensée. Le danger surgit lorsque nous ne maîtrisons pas suffisamment ces nuances ou lorsque nous voulons privilégier l’un ou l’autre terme auquel nous attribuons parfois un sens incorrect ou que nous ne maîtrisons pas suffisamment.

    C’est le cas du mot « Office » que nous désignons de manière aléatoire par « fonction », par « charge », par « tâche ». Allons donc vers les dictionnaires pour tenter d’être le plus précis possible !

    Le « Dictionnaire de la Langue française » ne semble pas beaucoup nous aider puisqu’il nous propose immédiatement deux synonymes pour nous faire comprendre le premier sens de ce mot, le seul qui nous occupe ici : fonction et charge. Il nous donne un exemple : « remplir son office ».

    Lorsque le Vénérable Maître invite le Frère Maître des Cérémonies à faire circuler le « Sac aux Propositions » et le « Tronc de Bienfaisance », ne dit-il pas « Frère Maître des Cérémonies, faites votre office. » ?

    Le site « Ptidico.com » nous propose ceci :

    Un office, c’est un devoir que chacun de nous est tenu de remplir dans la vie privée et sociale. Mais c’est aussi une fonction, un emploi dont on doit s'acquitter.

    Le « Mediadico » nous propose les synonymes suivants : fonction, rôle, charge, service. Et de préciser que la fonction, c’est le rôle joué par un élément compris dans un ensemble ; c’est l’action propre à chaque emploi ; c’est l’emploi lui-même. Quant à la charge, dans le cas présent, c’est une mission à responsabilité.

    Un certain nombre d’offices existent dans nos Loges. Pour moi, aucun Maître ne peut revendiquer tel ou tel Office. C’est au Vénérable Maître à choisir ses Officiers Dignitaires. Pour composer sa Commission d’Officiers Dignitaires, il peut solliciter les conseils du Passé Maître Immédiat ou d’anciens Vénérables Maîtres de la Loge.

    La répartition des Offices doit idéalement tenir compte de l’assiduité et de l’ancienneté de chaque Maître dans la Loge ou dans l’Obédience, des aptitudes et compétences individuelles, de la formation maçonnique de chacun, de l’implication personnelle dans la vie de la Loge, de son dévouement envers la Loge.

    Illustrons ce propos de deux exemples :

    • Pour garantir une formation adéquate des Apprentis, le Vénérable Maître a tout intérêt à choisir un Frère Maître qui lui semble avoir lui-même une solide instruction maçonnique et une très bonne connaissance des rituels.
    • Pour s’assurer d’une bonne communication avec les autres Loges et avec l’Obédience, le Vénérable Maître devrait choisir un Frère très ordonné qui a des dispositions particulières en secrétariat, en rédaction, en orthographe, en gestion…

    Tout Frère Maître qui accepte la proposition du Vénérable Maître (et en principe en Franc-maçonnerie on ne refuse jamais, sauf pour des raisons familiales importantes ou des raisons de santé par exemple) devient donc Officier Dignitaire de la Loge.

    S’il a bien compris que cette démarche fait partie de ses devoirs de Maçon, le Frère y mettra tout son cœur, toutes ses forces, toutes ses compétences, tout son désir de servir ses Frères et sa Loge. Un séminaire de Maîtres pourrait peut-être être consacré aux devoirs spécifiques de charge office.

    Il ne me semble pas interdit de considérer la fonction ainsi acceptée comme une charge – notamment parce que certains Offices sont particulièrement lourds à assumer – mais ce sera toujours avec le sourire que le Frère pressenti et investi l’accomplira, avec dévouement, en l’incorporant à son attitude fraternelle. Jamais il n’en tirera une gloire personnelle. Jamais il ne se sentira privilégié. Jamais il ne la considèrera comme un honneur personnel mais comme un honneur de servir sa Loge et ses Frères.

     

    R:. F:. A. B.

     


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