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* Le symbolisme et l’origine des symboles maçonniques
Le symbolisme et l’origine des symboles maçonniques
Introduction
La Franc-maçonnerie n’a pas inventé le symbolisme ! Elle a hérité du symbolisme des traditions anciennes, parfois disparues. Les représentations symboliques sont moins étroitement limitées que le langage ordinaire. C’est pourquoi elles sont plus adaptées pour être le véhicule de vérités transcendantes. Le symbolisme ouvre des possibilités de conceptions illimitées. Il est le langage initiatique par excellence. Il relie le présent au passé et au futur.
Le symbolisme apparaît comme un langage universel, un ensemble de signes, de codes que chacun perçoit en fonction de son entendement, de sa faculté de raisonnement analogique et de l’état d’éveil intérieur de sa conscience.
Tenter de définir un symbole, c’est le limiter et lui donner une signification réductrice.
Le symbole n’impose rien. Il est une fenêtre ouverte sur l’univers, support privilégié qui mène à une action subordonnée à la méditation. Par ses multiples facettes, le symbole suggère. Il est association d’images. Chacun y voit ce que sa capacité visuelle lui permet de percevoir.
Bien que les premières véritables loges de Francs-maçons, distinctes des corporations, soient apparues au 17ème siècle en Écosse, la Franc-maçonnerie a toujours ajouté à cette origine historique une origine légendaire et symbolique plus ancienne, support du travail initiatique de ses membres.
Les origines de la Franc-maçonnerie
Les premiers Francs-maçons positionnaient symboliquement cette origine mythique aux origines de l'art de bâtir. Dans un siècle où les travaux de la paléontologie n'existaient pas encore, il fut tout naturel pour eux de placer cette origine à l'époque d'Adam, le premier homme, selon la conception de l'époque, à celle de Noé avec la construction de l'arche ou, beaucoup plus fréquemment, à celle de la construction du Temple de Salomon.
Vers 1390 déjà, le « Manuscrit Regius », qui décrivait les usages des maçons anglais, plaçait emblématiquement leur corporation sous l'égide d'Euclide et de Pythagore, pères de la géométrie, et sous la protection du roi Athelstan d'Angleterre.
En 1736, en France, le chevalier de Ramsay défendit l’idée de rattacher la Franc-maçonnerie aux Croisés. Un peu plus tard, d’autres, en Allemagne, en Angleterre et en France ont pensé qu’il fallait la rattacher à l'Ordre du Temple !
A la suite de la redécouverte de l'Égypte antique par les occidentaux, c'est tout naturellement que certains rituels maçonniques ont déplacé l'origine symbolique de la Franc-maçonnerie à l'époque de la construction des pyramides.
Au milieu du 19ème siècle romantique enfin, à l'occasion de la redécouverte de l'héritage du Moyen Âge, le mythe maçonnique a tout aussi naturellement renforcé ses références à la construction des cathédrales.
Derrière toutes ces apparentes modifications symboliques se détache clairement une constante : la Franc-maçonnerie s'est toujours placée sous le patronage symbolique de tous ceux qui firent progresser, tout au long de l'histoire, l'art de bâtir et les valeurs dont elle se réclame.
La Franc-maçonnerie « symbolique » ou « bleue », celle des trois premiers degrés de l'Initiation, emprunte beaucoup de ses symboles à l'art de bâtir pratiqué par les constructeurs des cathédrales au Moyen Âge qu'elle considère comme ses prédécesseurs et dont elle a hérité la notion même de loge, l'endroit où se réunissaient les ouvriers. À ce titre, la Franc-maçonnerie ou Art royal a des points communs avec le compagnonnage et partage avec lui des symboles et valeurs. Mais tous les symboles maçonniques n’ont pas cette origine.
Sept origines
Ceci m’amène à évoquer les origines des symboles qu'utilisent les Francs-maçons. La Franc-maçonnerie nous propose de nombreux symboles qui doivent nous permettre de nous comprendre au-delà des barrières sociales.
Sans encore entrer dans les détails, disons que les différents symboles maçonniques ont en fait des sources diverses. Il y a les symboles explicitement cosmiques et donc universel ; il y a des symboles d'origine pythagoricienne ou platonicienne ; il y a encore des symboles de source biblique. Il existe aussi des symboles d'origine compagnonnique, des symboles de source chevaleresque et des symboles de nature alchimique. Certains sont hérités de la kabbale ou de l’hermétisme mais la plupart proviennent des outils des tailleurs de pierre. Puis il reste des symboles d'origine proprement maçonnique. Les couleurs ont leur symbolisme également mais leur source reste souvent indéterminée. Enfin, plusieurs nombres et formes ont aussi leur place dans la Franc-maçonnerie et chacun a son symbolisme propre.
La voie symbolique
Le langage symbolique fonctionne selon la structure des « langues sacrées ». La symbolique est une langue ; elle est une science ; elle est un art.
En tant que langue, elle a un caractère universel.
En tant que science, la symbolique a ses lois.
En tant qu’art, la symbolique exprime la vie de l’imagination créatrice.
La symbolique maçonnique fait appel aux systèmes symboliques suivants : la cosmologie, l’architecture, la géométrie, les outils et instruments, les couleurs, les nombres, les mots sacrés et mots de passe, le schéma corporel.
Les choix de ces systèmes contribuent à la réalisation d’un tout. L’architecture, la géométrie, les couleurs et les outils forment un ensemble qui concerne le « Temple », en tant que modèle – réplique du cosmos. Dans cet ensemble, l’architecture, la géométrie et le choix des couleurs se réfèrent à la conception, tandis que les outils se réfèrent à la réalisation.
C’est par les nombres et les mots que se transmet la « connaissance », ce terme étant pris dans le sens de la « gnose ».
Quant à l’enseignement, il est transmis de façon vécue par l’ensemble des images regroupées sous le signe du schéma corporel, à savoir : la mise à l’ordre, le signe, la marche, la batterie, le voyage, l’attouchement de reconnaissance.
Mais tentons tout d’abord de bien comprendre ce qu’est un symbole.
L’origine du mot « symbole »
Beaucoup de cherchants se sont posé la question « Qu’est-ce qu’un symbole ? » et ont rédigé de multiples ouvrages sur ce sujet. Plus nombreux encore sont ceux et celles qui ne se la sont jamais posée et qui utilisent pourtant régulièrement ce terme. Cela explique sans doute pourquoi ce mot ne recouvre pas la même signification en toutes circonstances, pourquoi il est si difficile à comprendre et par conséquent de se faire comprendre lorsque l'on parle des symboles. En effet, le concept de symbole est tellement riche et vaste dans sa signification, qu'il se prête à tous les usages mais aussi à toutes les confusions !
Le mot symbole est issu du grec ancien sumbolon, qui dérive du verbe sumbalein (symballein) signifiant « mettre ensemble », « joindre », « comparer », « échanger », « se rencontrer », « expliquer ».
En Grèce, un symbole était au sens propre et originel un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux contractants. Pour liquider le contrat, il fallait faire la preuve de sa qualité de contractant (ou d'ayant droit) en rapprochant les deux morceaux qui devaient s'emboîter parfaitement. Le sumbolon était donc constitué des deux morceaux d'un objet brisé, de sorte que leur réunion, par un assemblage parfait, constituait une preuve de leur origine commune et donc un signe de reconnaissance très sûr.
Dans le pythagorisme, le mot « symbole » désigne une parole, un enseignement secret, avec sa double face : une expression énigmatique et un sens profond. Le terme « symbole » est attesté en français depuis 1380.
Au figuré, le symbole devient l'ensemble qui lie deux représentations de la même signification. Par dérivation, le symbole se réduit à l'élément imagé ou audible qui est relié à un sens caché qu'il signifie.
Par la suite, des formes d'abstraction, comme le langage ou la gestuelle, ont pu remplacer les objets dans leur fonction de représenter un engagement, une promesse, une alliance, un contrat, un pacte scellé entre deux partenaires. Par exemple, une poignée de main sera le symbole d'un accord.
Dans ce sens, un symbole est donc un objet sensible qu'on « pose côte à côte avec » une réalité abstraite ou surnaturelle qu'il est destiné à représenter. Le symbole est le terme visible d'une comparaison dont l'autre terme est invisible.
Un symbole se perçoit par la sensation et non par la raison. Le symbole, par nature, est ressenti et non compris. En ce sens, on pourrait voir le symbole comme un émetteur d'énergie.
Il est inutile d'analyser un symbole pour le comprendre. Il est par contre nécessaire d'en percevoir la nature pour le connaître intuitivement. L'intuition, en cette matière, est la seule voie possible. L'intelligence rationnelle, trop souvent déformée par l'enseignement intellectuel reçu, mène à l'incompréhension par l'application de réflexes acquis impropres. Et l'on confond ainsi « l'intelligence cérébrale » et « l'intelligence du cœur ».
La seule manière de connaître le sens d'un symbole, sa signification profonde, c'est de renaître avec lui (« co – naître »), et l'unique voie pour y parvenir est celle de l'intuition, de « l'intelligence du cœur ».
L'intelligence du cœur, c'est l'émotion, c'est la larme versée sans raison apparente, sans raison consciente.
Toute autre voie est stérile, car elle sclérose les sensations qui mènent aux symboles.
Symboles et méthode symbolique
L’esprit humain recourt à de nombreux symboles, c’est-à-dire des images ou des objets qui renvoient à une réalité différente, souvent abstraite.
La méthode symbolique confère à l'Homme une meilleure connaissance de lui-même. Cette connaissance de soi doit permettre de faire des choix délibérés dans la vie et de travailler ainsi à son propre perfectionnement.
De nombreux symboles sont communs à la Franc-maçonnerie et aux religions. Cependant la Loge les utilise dans le cadre d’un rituel visant une recherche personnelle au plus profond de notre être. La Franc-maçonnerie est donc avant tout une méthode de travail.
La Franc-maçonnerie recourt à de nombreux symboles qui remontent à la plus haute antiquité et qui se retrouvent dans plusieurs cultures, comme les quatre éléments, les étoiles et les planètes et les figures géométriques …
Elle reprend en particulier la symbolique de la construction. Le Compas et l'Équerre, sont universellement connus !
L’utilisation de la symbolique de la lumière est également une caractéristique importante de la Franc-maçonnerie.
Examinons à présent en détails différentes origines possibles de nos symboles maçonniques.
Les symboles cosmiques ou universels
Un modèle symbolique est universel lorsqu'il appartient à un lointain passé ou à des civilisations éloignées dans l’espace.
Ce sont par exemples les étoiles, le soleil ou la lune peut-être parce que les Francs-maçons travaillent de « Midi à minuit ».
Les images de la Lune et du Soleil sont empruntés à la cosmologie.
Le Soleil et la Lune
Le Soleil et la Lune, les deux astres les plus visibles, sont souvent associés en un modèle symbolique binaire au sein duquel les deux éléments constitutifs sont liés par le principe de complémentarité.
Le Soleil est l’astre du jour, source de vie et de lumière ; la Lune celui de la nuit. L’un est actif, l’autre passif. Ils sont deux expressions différentes de la lumière qui règne sur le monde en permanence. L’un brille dans la clarté du jour, l’autre dans l’obscurité de la nuit, mais toujours avec un rayonnement suffisant pour éclairer les hommes en quête d’évolution sur le chemin de leur devenir.
Le symbolisme du Soleil et de la Lune est à explorer parce qu’il raconte toutes les attentes et toutes les craintes de l’homme. La perception du temps et de l’espace, la chaleur et la lumière, la fécondité, le rythme des saisons, l’idéal du moi, les dieux, les rites, les mythes fondateurs des religions sont impliqués et éclairés par ce qui est dit et rêvé de ces deux astres. Ils sont les premiers repères de celui qui regarde le ciel. Le travail sur ces symboles est formateur pour les Maçons dont la vocation est de connaitre l’homme et de l’améliorer.
La Voûte étoilée
En plus des images de la Lune et du Soleil, le Tableau de Loge présente une constellation d’étoiles avec quelques courbes esquissant des nuages. La Voûte étoilée n’a de valeur symbolique qu’en tant qu’élément « complémentaire » de l’élément Terre ou de l’élément Temple qui s’y substitue. L’ensemble des deux éléments forme un modèle symbolique binaire, corrélatif au modèle Équerre – Compas.
La Voûte étoilée, c’est en réalité le ciel, la voûte céleste parsemée d’étoiles. Elle est le symbole du caractère cosmique et universel du Temple et de la Franc-maçonnerie elle-même. C’est pourquoi le plafond du Temple, traditionnellement constellé d’étoiles sur un fond bleu, est appelé « Voûte étoilée ». La contemplation d’un ciel étoilé nous apporte une grande quiétude et une remarquable sérénité d’esprit. Elle nous incite à la méditation davantage qu’à la rêverie. La Voûte constellée des Temples maçonniques est le symbole de son universalité et, simultanément, celui de sa véritable transcendance.
L'Univers, d'après les astrophysiciens, serait infini dans le Temps et dans l'Espace. L'Homme est un être fini – en apparence – qui ne peut donc – avec sa raison – concevoir l'infini. Il ne peut donc pas plus concevoir les réponses aux questions que crée pour lui son angoisse devant cet infini.
Seul l'Univers possède ces réponses ; et elles sont offertes à l'Homme au sein des symboles. C'est pourquoi le symbole cosmique ne peut être inventé, fabriqué par l'homme. Il ne peut qu'être constaté et, le cas échéant, reproduit, recopié.
Pour comprendre la nature du symbole et le sens du symbolisme, il faut donc accepter ce postulat que l'Univers comporte les réponses à toutes les questions, y compris les plus fondamentales, et qu'elles sont contenues dans les symboles.
Si l'Homme veut trouver ces réponses, il faut et il suffit qu'il soit capable de déchiffrer le sens des symboles. Pour cela il faut donc d'abord comprendre ce qu'est un symbole, afin de ne pas se tromper d'objet.Parce qu'il est un objet naturel, un symbole est universel, autant dans la dimension spatiale que dans la dimension temporelle.
Et sa signification profonde, cachée, sera fonction de la nature-même de cet objet, de cette plante, de cet animal. En ce sens, le symbole est une porte ouverte sur la compréhension du monde, puisque chaque symbole puise dans la nature son sens caché, donc révélateur.
Les symboles n'imposent pas, ils proposent ; ils n'enseignent pas, ils éveillent. S'appuyer sur les symboles pour avancer c'est d'abord affirmer et préserver sa propre liberté et celle d'autrui. Mais c'est aussi cheminer à son propre rythme, sans contrainte, sans échéance imposée. Le symbolisme ignore le dogme et la vérité révélée.
Les symboles contiennent la Vérité, l'Homme y cherche (et parfois y trouve) sa parcelle de vérité, personnelle et incommunicable. La trouver, c'est vivre l'harmonie en soi.
C'est dire combien l'approche des symboles est une démarche totalement subjective, excluant absolument objectivité et rationalisme. C'est dire que la seule étude de l'utilisation des symboles à travers les civilisations ne peut aucunement mener à leur intégration comme outil de progression individuelle.
Par contre, les symboles universels et cosmiques doivent permettre à l'Homme qui les appréhende et fait vivre leur interprétation de contribuer à rétablir ou renforcer l'harmonie cosmique universelle.
Les symboles d'origine pythagoricienne ou platonicienne
Parmi les symboles maçonniques, les quatre Eléments, la pierre cubique… sont d’origine pythagoricienne ou platonique.
Je passe ici sous silence les symboles spécifiques du 2ème degré, celui du grade de Compagnon.
Les quatre éléments
Dans le cadre de la philosophie naturelle, la théorie des quatre Éléments est une façon traditionnelle de décrire et d'analyser le monde. Dans l’Initiation maçonnique, les quatre Eléments signifient une purification par le feu, l’eau l’air et la terre. Il est incontestable que l’origine de ces quatre éléments et de leur compréhension faisait partie intégrante des initiations antiques. Cependant, l’astrologie les utilise sans en discerner le sens cosmique et les interprète avec plus ou moins de bonheur.
Chaque élément a une fonction ambivalente, comme tout symbole, selon la manière dont on l’aborde, que ce soit sous l’aspect bénéfique ou maléfique. Le jour de sa Réception, le Récipiendaire est amené à prendre conscience de l’interaction des éléments car, pendant les trois voyages dans la Loge où il subit les purifications par l’air, l’eau et le feu, les yeux bandés, le Postulant a les sens en éveil, plus particulièrement l’ouïe et le toucher. L’air et l’eau représentent des états différents de la matière, tout comme la terre, alors que le feu correspond à l’énergie qui elle-même se transforme en matière et inversement. La terre est l’image du concret, contrairement aux trois autres éléments. Le Récipiendaire sort donc du concret pour être confronté à des manifestations d’énergie plus abstraites, car nul ne peut bâtir sur l’air, l’eau ou le feu. On ne peut bâtir que sur la terre qui est le réceptacle de toutes les formes. Si la terre, qui représente une forme arrêtée de l’espace, peut être qualifiée de statique, les trois autres éléments, par lesquels le Récipiendaire est éprouvé et purifié, sont dynamiques.
Le Récipiendaire sort du monde terrestre du Cabinet de réflexion pour faire ses premiers pas dans le monde aérien qui va correspondre à celui des idées, du monde intermédiaire. L’initiable, à ce stade, est confronté au domaine du mental. Confronté aux idées contradictoires, il doit se servir de sa faculté de discernement pour trouver son chemin, sans se perdre dans les aspects contradictoires de la dualité.
L’idée que l’homme se fait de l’Univers est rigoureusement relative à lui-même. Aussi, avant d’oser parler de conquérir « LA » vérité, chacun de nous devrait d’abord s’appliquer à établir « sa » vérité !
La Pierre cubique
Placée à l’Orient, la Pierre cubique est considérée comme le symbole de la fonction « Connaissance » que maîtrise le Vénérable Maître. Par son aspect fini, elle est assimilée à la parfaite maîtrise intellectuelle et à la plus haute élévation morale.
Symbole de l’œuvre achevée et parfaite, la Pierre cubique formule tous les aspects de la science traditionnelle. Celui qui part à sa recherche doit comprendre que cette science n’est pas le fruit d’un progrès, mais l’expression de la connaissance des lois d’harmonie, totalement définie dès la création du monde. Ainsi, comme le veut la Tradition, l’Initié [1], tel le sculpteur qui doit percevoir l’œuvre dans le bloc de pierre avant de le tailler, doit partir à la découverte de ces lois, et n’est donc en aucune sorte un créateur mais plus précisément un découvreur.
A l'aide de l'équerre et de la règle, la forme obtenue, avec ses lignes de taille et ses angles, est désormais susceptible de participer à la construction de l'édifice. Outre son aspect fonctionnel en tant que matériau de construction, la forme cubique revêt également un caractère éminemment symbolique. Ses surfaces égales, ses angles identiques, ses lignes similaires concourent à la création du cube, qui, par excellence, est une forme parfaite en termes de symétrie, d'harmonie et d'équilibre.
Le cube serait le solide le plus parfait, du moins pour le grade d'Apprenti. S'il possède six faces, huit sommets et douze arêtes, il convient de remarquer qu'il est impossible de voir plus de trois faces à la fois et que le cube a trois axes de symétrie.
La Pierre cubique serait la représentation de la perfection intellectuelle et spirituelle que l'Apprenti devra s'efforcer de réaliser en lui dès que possible, mais surtout une fois parvenu au grade de Compagnon. Elle pourrait donc être un guide, une borne, en tout cas un point de ralliement.
Les images de la Pierre cubique ou cubique à pointe sont empruntées au métier du tailleur de pierre.
Les symboles bibliques
Il existe aussi des symboles de source biblique comme le Volume de la Loi Sacrée, la Pierre brute, les Colonnes Jakin et Boaz, le Pavé mosaïque.
La Bible est pleine de symboles, comme cela est souvent le cas pour les textes sacrés. Ils servent à tenter d'exprimer l'indicible (le sentiment de Dieu, la foi, les pressentiments...).
Le livre de l'Apocalypse est un bon exemple de livre biblique riche en symboles (le dragon, l'agneau, la bête, les quatre chevaliers, etc.). La lecture en est même difficile pour les non-spécialistes.
Les nombres dans la Bible ont également une portée symbolique. Par exemple, 4 = le monde, 7 = perfection, 40 = le temps d'une génération, etc.
Ainsi, pour comprendre un symbole biblique, il est parfois nécessaire de lire les autres récits bibliques où ce symbole apparaît, afin d'y trouver un sens commun et de mieux le comprendre.
L’inspiration biblique est rappelée par les deux Colonnes qui ornent l’entrée des Loges mais les images des deux Colonnes sont empruntées à l’architecture.
Le Volume de la Loi sacrée
Sur l’autel des serments est posé le Volume de la Loi Sacrée sous forme de livre ouvert. Il représente le livre du Verbe créateur, manifesté sous l’aspect de la révélation. La Tradition révélée par le Volume de la Loi Sacrée dans son sens ésotérique est source de connaissance et de méditation. L'Eternel créa le monde par le Verbe qui s’incarne dans la langue sacrée et dans la parole rituelle qui contient l’essence primordiale. Un livre fermé garde son secret. Un livre ouvert instruit celui qui le lit, dévoile ce qui est caché.
Ce livre contient un double message. Le premier comporte un enseignement extérieur, représenté par les dogmes et une loi morale à caractère exotérique. Le second message développe une cosmogonie [2] et contient un message symbolique à décrypter et qui est à caractère ésotérique. Le second n’exclut pas le premier mais, au contraire, l’éclaire en ouvrant sur le champ indéfini des possibles et permet de dépasser les limites étroites de la dualité.
Certains considèrent que le Volume de la Loi Sacrée contient le message d’une Tradition intemporelle, celle-ci étant l’expression de la relation entre la Vérité et la Sagesse, mais à moindre niveau elle contient une loi morale sur laquelle devrait s’appuyer tout Franc-maçon.
La Pierre brute
Physiquement, la Pierre brute c'est la pierre frustre extraite d'une carrière. C'est le matériau premier de la Maçonnerie qu'il faudra tailler, façonner, appareiller de sorte qu'elle puisse s'incorporer à la Maçonnerie, à l'édifice, au Temple.
Travailler la Pierre brute, c'est donner des contours précis à la dimension éthique, morale et spirituelle de l'homme ; c'est faire émerger de la matière vulgaire originelle ce qu'il y a de meilleur et de plus fort en elle, par un travail constant qui gomme les imperfections.
Cette transformation, qui va s'opérer au fil du temps, n'est pas sans rappeler le processus fusionnel de l'alchimie. Finalement, c'est bien de réactions et de modifications en chaîne dont il s'agit, à mesure que le Franc-maçon, aidé de ses instruments de bâtisseur (ciseau, maillet, équerre, niveau, fil à plomb, règle...) peaufine son matériau de base – lui-même – en vue de lui donner une forme parfaite.
La Pierre brute, c'est le symbole de l'Apprenti, avec toutes les imperfections de son esprit et de son cœur, qu'il doit s'appliquer à corriger. Par l'Initiation maçonnique qui est une renaissance, il se débarrasse progressivement de tout ce que la société a pu lui apporter d'artificiel et de mauvais. Il retrouve sa liberté de penser. Avec les deux outils que la Loge lui procure – le Ciseau et le Maillet – il se met à tailler lui-même sa pierre et espère parvenir à la rendre parfaite à son gré.
La Pierre brute que travaille l’Apprenti n’est pas seulement une image de lui-même, elle est aussi un élément qui porte le secret de la construction, et cette construction est d’origine céleste. Cette pierre brute, si modeste en apparence, ne contient-elle pas toute l’harmonie du Temple ?
L'interprétation selon laquelle l'Apprenti doit « dégrossir la Pierre brute » et tendre à se transformer en « Pierre taillée » relève de l'allégorie qui exprime un progrès dans le temps, par l'éducation, vers un état de perfection.
Les Colonnes Jakin et Boaz
Les deux Colonnes – J et B – marquent symboliquement la transition entre le monde profane et l’univers des initiés, induisant la transformation de celui qui franchit cette limite, ce qui est le propre de la démarche initiatique.
Selon la Bible, les colonnes d’airain du Temple de Salomon marquaient le point où se rencontraient, où fusionnaient, l’homme et le divin, le profane et le sacré, donnant à tout cherchant sincère la matière et les valeurs propres à sa quête spirituelle. Pour Jean Ferré, les Colonnes, en tant que symboles dans la Loge, matérialiseraient le point où s’interpénètrent l’homme et le divin, le profane et le sacré.
Raoul Berteaux nous propose simplement de retenir que les deux Colonnes identiques qui se trouvent à l’entrée de la Loge forment un modèle binaire de type gémellaire. L’une des Colonnes porte la Lettre J et l’autre la Lettre B. Si l’on fait appel au symbolisme des couleurs, la Colonne J devrait être rouge tandis que la Colonne B devrait être blanche ou noire. Mais si l’on s’en tient au texte biblique, comme le propose Jules Boucher, les deux Colonnes étaient en airain et toutes deux de la couleur naturelle de ce métal. Pour les différencier certains ont voulu y ajouter des couleurs mais cette adjonction est arbitraire et discutable.
Le Pavé mosaïque
Alex Horne considère que la définition du Pavé mosaïque comme élément architectural du Temple est mythique, et qu’il n’existe aucune preuve archéologique ou biblique susceptible de confirmer le bien fondé de cette définition. Par ailleurs, sur un plan architectural, le Pavé mosaïque serait d’origine gréco-romaine et non hébraïque.
Ces carreaux noirs et blancs disposés en damier correspondent aux deux luminaires : celui du jour et du réel, celui de la nuit avec ses illusions et ses rêves. Il symbolise la juxtaposition des contraires.
Selon Christian Guigue, pour tenter de percer la signification du Pavé mosaïque, il faut remonter à l'origine de l'adjectif mosaïque se rapportant à Moïse car c'est dans l'univers du Décalogue et la loi mosaïque qu'il faut rechercher les enseignements, les oppositions, les ruptures, les dépendances ou les potentialités salvatrices.
Pour faciliter la perception de cet emblème complexe, il convient d'interpréter le symbole en procédant à l'analyse des éléments qui ressortent du Pavé mosaïque : le blanc et le noir, le rapport numérique du pavement, l'échelle et les diversités d'états d'être, le passage axial ou accès au centre de l'univers qui correspond à une projection dans un futur donné du retour de l’Élu à son origine divine.
Comme les deux Colonnes, le Pavé mosaïque fait appel à un symbolisme apparemment binaire. Mais en réalité, ce symbolisme est ternaire.
Le véritable Initié, digne de ce nom, cherchant toujours l'au-delà des apparences ainsi que la maîtrise de son moi se rend compte que le blanc n'est que l'aspect complémentaire du noir et qu'il n'y a ni carreaux blancs ni carreaux noirs sur le Pavé mosaïque à partir du moment où il dirige son mental vers les lignes virtuelles que forment les carreaux côte à côte. Médianes, ces lignes sont donc hors de la dualité blanc-noir et leur ensemble compose l'élément ternaire du symbole.
Ainsi, le Pavé mosaïque pourrait désigner aux Maçons la droiture de la voie médiane d'une Initiation bien conduite, voie grâce à laquelle se résolvent peu à peu les contradictions de la vie profane.
Les symboles de source chevaleresque
Au moins deux symboles maçonniques trouvent leur source dans la chevalerie. Ce sont l'épée et l'accolade fraternelle.
L’épée
Le port de l’épée est attesté dans la Maçonnerie française au 18ème siècle où beaucoup de postulants étaient gentilshommes et donc détenteurs d’une épée. Désormais accessible aux Maçons qui n’étaient pas nobles, l’épée s’est imposée comme le symbole de la fraternité, d’une certaine idée de l’égalité que prônaient les idéaux maçonniques.
Son usage intervient à différents moments du rituel, principalement aux moments les plus solennels : Ouverture et Clôture des Travaux, prestations des Obligations par le Récipiendaire. Les circonstances dans lesquelles sa présence se remarque le plus sont sans conteste lorsque les Maçons forment la voûte d’acier lors de la Réception d’un Dignitaire dans la Loge et lors de la cérémonie d’Initiation d’un Profane.
L’épée est l’attribut principal des fonctions d’Expert et de Couvreur. Celle du Vénérable Maître, c’est l'Épée flamboyante dont il se sert lors de toute Réception à un grade.
Dans une étude sur le symbolisme de l’épée, Coomaraswamy [3] montre que l’épée dérive d’une racine ou d’un archétype qui est l’éclair.
Le symbolisme de l'Épée est riche et complexe. Elle permet de rendre la justice. Elle est symbole de protection, de vigilance, de courage et d’autorité. Par le pouvoir qu’elle donne, l'Épée symbolise la force, la puissance, la capacité d’agir et de maîtriser les éléments.
L’accolade fraternelle
L’accolade est sans doute un des premiers signes qu’apprend l’Apprenti Franc-maçon. A ce titre, elle est chargée d’une symbolique très forte. Elle se pratique sous la forme d’une triple accolade. Elle se donne en trois temps (gauche, droite, gauche) entre Frères qui sont heureux de se retrouver.
C’est le baiser de paix et de fraternité, la marque d’un attachement fraternel entre deux Frères. Elle peut varier selon les Rites, mais le plus souvent, elle s’accompagne de trois coups de la paume droite sur l’épaule gauche du Frère que l’on gratifie de l’accolade.
L’accolade pourrait avoir pour origine le « baiser de paix » utilisé dans la liturgie ou le baiser de l'ancienne chevalerie. Une des principales cérémonies observées dans la réception d'un chevalier consistait ordinairement à donner trois coups du plat de l'épée sur l'épaule ou sur le cou de celui qu'on armait chevalier, après quoi on l'embrassait.
Les symboles de nature alchimique ou hérités de l’hermétisme
La Franc-maçonnerie vise à former des Initiés, c'est-à-dire des hommes dans la plus belle acception du mot. Le Maçon doit donc opérer sur lui-même une transmutation semblable à celle des alchimistes.
Actuellement, les derniers alchimistes spirituels se nomment Francs-maçons. De nos jours, dans leurs temples déistes ou humanistes, ils ne fabriquent pas de pierre philosophale. Cependant, il faut noter que, dans les Loges, il est fait usage du soufre, du sel et du mercure.
Cela se passe dans le Cabinet de réflexion, petit réduit sombre dans lequel le Profane, futur Franc-maçon, va passer la première épreuve symbolique de son initiation. Au mur on trouve inscrit la maxime alchimique bien connue « V.I.T.R.I.O.L. » (Visita Interioram Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem) qui signifie « Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée (des sages) ».
Cette devise s’appliquait pour les alchimistes opératifs à la recherche de la matière première. Dans son sens symbolique, elle s’est appliquée aux adeptes spirituels, puis à tous ceux qui se servirent du symbolisme alchimique, comme base de leur propre philosophie.
Dans nos lieux d’initiation nous rencontrons aussi des symboles d’origine alchimique :
- Sur la petite table où le Néophyte écrit son testament philosophique, se trouvent trois flacons contenant les trois éléments de base de toute transmutation, soufre, sel et mercure.
- Le coq, symbole de la lumière renaissante après la nuit. Son chant accompagne le lever du jour. Il représente aussi le mercure alchimique.
Le message maçonnique de cette épreuve peut se comprendre ainsi : le futur Initié n’est qu’une matière première appelée « Pierre brute » par les Maçons, qui va se dégrossir à travers les épreuves. Ces dernières se nomment en alchimie : putréfaction, coagulation et dissolution. Respectivement, elles correspondent en symbolique maçonnique à mort, résurrection et initiation.
Des points communs existent entre ces deux arts que sont l’alchimie et la Franc-maçonnerie. Tous les deux ont quitté une essence manuelle (le compagnonnage pour les Francs-maçons) et pratique pour aboutir à un art tant intellectuel que spirituel.
Leurs symboles se ressemblent beaucoup, et à plus d’un titre le jeune initié Maçon pourrait se trouver des points communs avec les adeptes de la philosophie alchimique.
Le Franc-maçon est l’alchimiste moderne d’une matière première qui s’appelle l’Homme.
Énumérons-en les ressemblances :
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Comme l’adepte, le Franc-maçon veut transformer symboliquement une pierre brute (materia prima) en une pierre taillée (pierre philosophale, parfaite).
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La matière première, tout comme le Profane, doivent subir les épreuves des quatre éléments : eau, terre, air et feu.
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La mort ou la putréfaction sont nécessaires pour obtenir une résurrection (initiation, phénix) ainsi qu’une nouvelle vie.
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Avant l’Initiation maçonnique, le Profane doit se dépouiller de ses métaux (impurs) comme la matière première devait être plusieurs fois purifiée de sa gangue infâme.
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Le cinquième élément alchimique, la quintessence, se trouve dans l’Initiation, rendue possible par les quatre éléments, mais on peut également affirmer qu’elle se trouve dans l’égrégore maçonnique.
Elle peut se définir ainsi : consensus magique qui veut que la somme collective des pensées exprimées soit supérieure à la somme individuelle des pensées des membres du groupe.
Cette idée se retrouve dans la Bible lorsqu'il est écrit : « Quand vous serez deux à penser en mon nom je serai parmi vous ». L’égrégore est donc une forme de quintessence spirituelle.
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Autant les philosophes alchimistes veulent accéder à une totale harmonie avec le monde naturel, autant les Francs-maçons désirent parvenir par une Initiation toujours renouvelée à une parfaite harmonie de l’humanité.
Les Francs-Maçons se veulent les alchimistes modernes de la société. Bien avant notre époque, ceux qui s’appelaient Rose-Croix poursuivaient le même but.
Ainsi, trois symboles maçonniques, qui ont leur place et leur importance dans le Cabinet de Réflexion, sont de nature alchimique ou hérités de l’hermétisme : des représentations de sel, de soufre et de mercure.
Selon Ambelain, auteur de la Symbolique des outils dans l’Art Royal, ce sont les Rose-Croix qui auraient pénétré sciemment les Loges maçonniques aux 17ème et 18ème siècles et qui y auraient introduit l’hermétisme et l’alchimie.
Pour Daniel Béresniak, « Le Grand Œuvre alchimique et la Construction du Temple sont en réalité des allégories en miroir. Ils se projettent l’un dans l’autre. Ils signifient l’art de faire de l’homme aliéné, esclave de ses passions, un homme libre de ses actes, capable de distinguer l’action de la réaction. La finalité de l’alchimie est donc de sauver l’homme de sa servitude ».
Le sel
Depuis fort longtemps, le sel est, avec le soufre et le mercure, au nombre des éléments de base de l’alchimie, science de la transmutation. Sur ce plan, il lui est généralement attribué un caractère « neutre », stabilisateur et rééquilibrant.
D’un point de vue symbolique, le sel se devait d’être présent dans le rituel initiatique des Francs-maçons, qui est lui-même inscrit dans une dynamique de transformation de l’être. C’est pourquoi on le trouve dans le Cabinet de Réflexion, lors de la toute première Initiation qui fait passer un homme du monde profane au monde sacré des Initiés.
Le sel constitue l’un des premiers éléments offerts à la vision du futur initié au cœur du Cabinet de Réflexion où il écrit son testament symbolique. C’est la pierre initiale pavant la voie initiatique, première perception du Souffle qui l’accompagnera dans le silence qui lui est offert et qu’il apprendra, s’il en a la capacité et s’il l’accepte, à entendre d’abord puis à écouter.
Le sel symbolique qui repose au cœur de la Terre, premier véritable voyage de l’initiation, se présente sous la forme cristalline de notre sel de cuisine. Mais, cette image, comme tous nos symboles, est une représentation d’éléments aux significations plus complexes. La démarche maçonnique implique de ne pas s’attarder sur les apparences mais bien de rechercher, comme le disait Rabelais, la « substantifique moelle » des choses, le sens caché derrière les voiles de la forme première.
Ainsi, la compréhension du sel, comme celle de tous les symboles maçonniques, offre au nouvel Apprenti les outils de l’analogie qui lui permettront d’accéder à ses significations.
Le sel est généralement par excellence, de par sa fonction première, le symbole de l’hospitalité. Il s’inscrit donc d’emblée dans l’élan de fraternité qui caractérise initialement la Franc-maçonnerie.
Le mercure
Corps simple, argenté, liquide à la température ordinaire, le mercure est un métal considéré depuis fort longtemps comme l’un des éléments clés de la vie. A ce titre, il appartient de plein droit au symbolisme alchimique pour lequel la transmutation est une action fondamentale.
Dans l’univers maçonnique, toujours nimbé de sa dimension hermétique, le mercure tient une part non négligeable dans les rituels initiatiques. C’est la raison pour laquelle on le retrouve dans le Cabinet de Réflexion où doit pénétrer l’individu en cours d’initiation, en compagnie du soufre (principe masculin) et du sel dans lequel se rencontrent les deux précédents.
Le soufre
Le soufre est considéré comme le principe dynamisant qui, par son action sur le mercure, participe au Grand Œuvre.
Symboliquement, il représente l’Esprit qui agit sur la matière. De ce fait, on l’assimile à la création, au soleil, au positif, au caractère masculin.
Comme principe actif de l’alchimie, le soufre se devait d’être présent dans la démarche initiatique des Francs-maçons, laquelle ne conçoit l’élévation spirituelle et intellectuelle de l’Initié que dans sa transformation permanente. C’est pourquoi on trouve le soufre dans le Cabinet de Réflexion, première étape décisive d’une longue suite d’épreuves, où le postulant prend réellement contact avec l’univers sacré des Initiés et se voit peu à peu détaché du monde profane. De ce point de vue, le soufre est considéré en quelque sorte comme le noyau incandescent, générateur d’énergies, à partir duquel va se développer la dynamique maçonnique qui animera la trajectoire de l’Initié tout au long de sa vie.
Pour Irène Mainguy, le sel, le soufre et le mercure sont trois principes hermétiques, purement symboliques. Le souffre est symbole de l’esprit, le mercure, l’âme, le sel, celui de la sagesse et du savoir. Ils sont disposés dans une coupe, qui est elle-même le symbole idéographique de la descente au centre, tronc de cône renversé ; c’est au fond de la coupe que se dépose la lie.
Ce ternaire alchimique, sel, soufre et mercure, réunis dans le Cabinet de Réflexion, n’est pas immédiatement parlant au Récipiendaire, ignorant qu’il est de toute connaissance hermétique. Selon l’hermétisme, qui a rapport au Grand Œuvre et à la transmutation des métaux, tout se compose de soufre, de mercure et de sel.
Le ternaire alchimique soufre, mercure et sel, peut être mis en correspondance avec le ternaire esprit, âme et corps.
Présents également dans le Cabinet de Réflexion, des symboles comme le sablier et la faux sont plus universels et leur source respective reste indéterminée.
Les symboles d'origine proprement maçonnique
Il reste les symboles d'origine proprement maçonnique que sont le Cabinet de Réflexion, la Chaîne d'union, ou encore les trois Pas de l'Apprenti.
Le Cabinet de Réflexion
Le Cabinet de Réflexion se présente comme une sorte de sas entre deux mondes où le futur Initié se dépouille des aspects profanes de son être pour devenir réceptif à la Lumière de l’Initiation qui lui sera offerte. L’objectif est d’isoler le Récipiendaire de son entourage familier, de le séparer du monde profane. Durant cet isolement, il est confronté à quatre facteurs ambiants : le silence, la solitude, l’immobilité et l’obscurité. Ces facteurs devraient favoriser sa confrontation avec lui-même car il se trouve brusquement dans un univers inconnu qu’il peut percevoir comme hostile.
Le Cabinet de Réflexion symbolise une descente intérieure au centre de la terre. Le passage d’un cycle à l’autre s’accomplit dans l’obscurité, ce qui correspond également à un changement d’état. Cette mise en condition s’explique par la nécessité qu’il y a de prendre conscience de la force réelle de ses convictions dans ses engagements vitaux.
Ce lieu de méditation qui met en scène tout ce qui concerne la mort, permet à chacun de faire une incursion dans sa tombe avant l’heure ! C’est pourquoi il est censé être enfoui au sein de la terre, ce qui est d’autant plus perceptible si le Cabinet est situé dans les caves.
Le Cabinet de Réflexion invite le postulant à mourir à lui-même pour renaître et l’incite à poursuivre le parcours de son existence, en rectifiant, afin d’éveiller sa conscience à une autre dimension pour donner un autre sens à sa vie. Ce moment privilégié de méditation permet de faire un bilan du passé et d’effectuer par anticipation une mort symbolique virtuelle, ce passage devant déboucher sur un nouveau commencement.
La Chaîne d’union
Les Frères assemblés rituellement et formant une chaîne tout autour du Tableau de Loge porte le nom de Chaîne d’Union qui se pratique « longue » ou « courte » selon l’importance de l’assemblée.
Pour Irène Mainguy, « la Chaîne d’Union relève d’un geste rituel, d’une mise en relation active par l’union des mains de tous les participants d’une Loge, contrairement à la corde à nœuds avec laquelle elle est souvent confondue et qui, elle, est une représentation statique ».
Les mains doivent être dégantées pour optimiser le contact et éliminer les isolants de toute nature pouvant gêner la qualité de cette précieuse communion. La Chaîne d’Union est vécue par tous les membres présents, sans distinction de grade. Elle est formée facultativement avant la Clôture des Travaux et obligatoirement pour l’incorporation d’un nouvel Apprenti à la Loge.
Pour Irène Mainguy, la Chaîne d’Union remplit auprès de chaque Maçon le double rôle de bouclier protecteur et d’appareil émetteur / récepteur d’influences bénéfiques. Elle symbolise ce que devrait être sur la terre une fraternité humaine permanente et profonde. Cette chaîne unit les Francs-maçons en dehors de l’espace et du temps. Le monde des apparences tient les êtres physiquement prisonniers, mais les esprits sont libres au-delà des murs du temple, des frontières et des mers, les mains jointes dans une Chaîne d’Union établissent la pérennité de la fraternité qui devrait régner entre tous sur la terre.
Pour Guy Boisdenghien, la Chaîne d’Union, composée d’une suite d’anneaux engagés les uns dans les autres est l’emblème de l’action commune. En Franc-maçonnerie, elle prend la forme théorique du Cercle (le Ciel) et les mains entrelacées font passer de Frère en Frère l’influx conjugué de la Loge.
Pour Christian Guigue, la Chaîne d’Union est une communion spirituelle collective réalisée par les Frères présents, liés physiquement et immatériellement par l’âme et le cœur les uns des autres. C’est cette conjonction particulière que l’on nomme égrégore. Elle provoque l’ébranlement vibratoire d’une énergie « spiritueuse » par la réalisation du triple cercle symbolique, par la chaîne constituée aux trois niveaux et plans particuliers.
La Chaîne d’union est la matérialisation de la solidarité, de la fraternité qui lie les Maçons.
Lorsque toutes les conditions sont réunies intentionnellement, circule alors, entre les participants, comme un véritable courant magnétique, régulateur d’énergie. Quand la Loge œuvre bien, quand le Vénérable a su bâtir l’unité dans son Atelier, il y a « un courant qui passe ». Il se crée un phénomène dont chaque maillon est à la fois émetteur et récepteur.
Les trois Pas de l’Apprenti
Chaque degré de la Maçonnerie symbolique se caractérise par une marche différente que l’on évoque par l’expression « faire les pas » et qui s’avère obligatoire lors de l’entrée individuelle en loge. La Marche, accompagnée des signes spéciaux à chaque degré, est obligatoire pour tous les Maçons qui pénètrent dans une Loge lorsque les Travaux sont ouverts.
Faire les pas, c’est mettre les deux pieds en équerre, avancer d’un pas, se remettre en équerre, trois fois successivement. Tout Maçon pénétrant dans le Temple après l’Ouverture des Travaux doit marcher rituellement. A chaque pas, le second pied vient rejoindre le pied placé en avant, en équerre.
La Marche de trois Pas est celle de l’Apprenti. Placée comme d’autres symboles du Premier degré sous le règne du Nombre trois, la Marche d’Apprenti se pratique en réalité peu souvent. Accompagnée du Signe d’Ordre, elle a seulement lieu lorsqu'un Frère arrive très tard en cours de Tenue ou bien lors de l’introduction rituelle d’une délégation de visiteurs ou de dignitaires. Elle est toujours remémorée au cours de la cérémonie de l’Initiation d’un Profane.
Les symboles hérités de la kabbale
L'origine judéo-chrétienne de certains symboles maçonniques est plus que claire. Ils mêlent également des éléments venant de l'alchimie et de la kabbale selon les grades.
La Kabbale, parfois écrit Cabbale, est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » que l’on nomme « la Torah ».
Le mot « Kabbale » (Qabalah en hébreu) signifie « réception ». Il s'agit donc de la sagesse du recevoir. Le terme est parfois interprété comme « tradition ». Le Kabbaliste est donc celui qui a reçu (Qibel) la tradition. Le mot « Kabbale » ne désigne pas un dogme mais un courant à l'intérieur du judaïsme et un état d'esprit.
Les Francs-maçons seraient entrés en relation avec la kabbale juive par l'intermédiaire de la kabbale chrétienne, une kabbale revisitée à partir du 15ème siècle par les humanistes de la Renaissance, de Pic de la Mirandole à Guillaume Postel.
La Kabbale se veut être un outil d'aide à la compréhension du monde en ce sens qu'elle incite à modifier notre perception du monde (ce que nous appelons « la réalité » malgré la subjectivité de notre perception). Pour ce faire, la Kabbale met à disposition de ses adeptes un diagramme synthétique : l'Arbre de la Vie ou des Sephiroth, et autres clés de lecture pour de multiples ouvrages, ainsi qu'un foisonnement de concepts (degrés de signification, contraction, etc.).
Elle propose ses réponses aux questions essentielles concernant l'origine de l'univers, le rôle de l'homme et son devenir. Elle se veut à la fois un outil de travail sur soi et un moyen d'appréhender d'autres systèmes de pensée.
La Franc-maçonnerie de tradition aurait emprunté à la Kabbale le symbolisme du feu.
Le Feu
Dans la philosophie chinoise, le feu fait partie des cinq éléments avec le métal, l'eau, le bois et la terre. Chez les alchimistes occidentaux, il fait partie des quatre éléments inertes de base composant chaque matière avec l'eau, l'air et la terre selon l'enseignement bien antérieur d'Aristote. Le feu est un élément central de plusieurs doctrines fondées sur les quatre éléments. Le feu est naturellement associé au Soleil, qui est également une source de chaleur et de lumière. Le Feu est aussi un symbole de purification.
Le Feu demeure l'un des plus grands symboles en raison de sa signification et de son rôle. D'origine divine, provenant du ciel, il anime, vivifie et spiritualise. Il est un grand thème initiatique, la Lumière étant émanation du Feu.
L'importance du feu se révèle dans la gnose chrétienne, dans l'ésotérique soufique mais également dans la Kabbale.
Les symboles d’origine compagnonnique
L'origine compagnonnique de la Franc-maçonnerie est une des thèses répandues par les historiens. De fait, on retrouve dans la Franc-maçonnerie la plupart des symboles utilisés pendant plus de mille ans par les Compagnons du Devoir. Les grades sont restés longtemps les mêmes : Apprentis, Compagnons et Maîtres.
Les symboles et rituels de la Franc-maçonnerie et du Compagnonnage sont très différents, bien qu'ils aient quelques éléments communs. Ainsi l’Équerre et le Compas sont les insignes des deux fraternités.
L'Équerre et le Compas, le Maillet et le Ciseau, le Niveau et le Fil à plomb, la Règle et le Levier, la Truelle figurent parmi les symboles qui proviennent du Compagnonnage.
Comme les rites, les symboles varient d'une société à une autre et d'un métier à l'autre. Ils définissent l'identité propre de chaque compagnonnage et expriment ses valeurs et ses principes : la canne, les rubans, le surnom ont une forte valeur symbolique quant à la tradition du Compagnonnage.
D'autres symboles que l'on retrouve encore de nos jours représentés un peu partout, sur nos maisons, dans nos églises, sur les monuments sont bien sûr le fameux Compas entrecroisé avec l’Équerre, le temple de Salomon, les mains enserrées, les cannes disposées en croix et peut-être moins connus les palmes, le labyrinthe, le chien, les abeilles et la ruche ou encore la couronne de fleurs...
Les couleurs
Le symbolisme des couleurs concerne l’historien, le sociologue, le psychologue, le styliste, mais aussi tous ceux qui suivent un parcours spirituel personnel. Une littérature abondante lui est consacrée, et dans des domaines très variés, du symbolisme ésotérique au symbole graphique, et passant par l’art religieux et le compagnonnage. Suivant les domaines, les lieux ou les époques, les significations des couleurs sont semblables ou différentes, voire contradictoires, car chaque civilisation, chaque groupe, s’est forgé un symbolisme émanant de sa propre culture.
Les couleurs occupent une place exceptionnelle dans la symbolique traditionnelle depuis le début de l’humanité. Elles ont eu la même signification chez tous les peuples de la haute antiquité. Cette conformité indique une commune origine qui se rattache au berceau de l'humanité, et trouve sa plus haute énergie dans la religion de la Perse. Leur langage, intimement lié à la religion, passe dans l’Inde, en Chine, en Egypte, en Grèce, à Rome... reparaît dans le Moyen Âge, et les vitraux des cathédrales gothiques trouvent leur explication dans les Vedas [4] et les peintures des temples égyptiens !
Les formes
La symbolique des figures géométriques est l'étude des figures géométriques (point, lignes, surfaces, volumes) en tant que symboles, dans leur capacité à désigner, à signifier ou même à agir.
Le symbolisme des figures géométriques concerne les dimensions en tant que symboles, dans leur puissance à représenter analogiquement, à être interprétés, à porter sens et valeurs, en plus de l'aspect pratique ou scientifique.
On entre dans l'étude des figures géométriques en tant que symboles (symbologie [5] ) ou en tant que systèmes (symbolique) ou dans l'examen de leur capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence (symbolisme).
Toute figure géométrique en général a son symbolisme. Elle représente les limites, l'étendue des choses. La sphère représente le milieu parfait ; le cercle représente l'espace clos.
Par symbolisme des figures géométriques, on entend la capacité qu'a une figure de désigner autre chose qu’elle-même. Par exemple, le cercle véhicule le symbolisme de la perfection. Le symbolisme des figures concerne donc leur capacité à représenter : non seulement à signifier des êtres ou des pensées, peut-être à agir, influencer, activer les esprits ou les choses, mais encore à être interprétés. Le symbolisme est donc la puissance d'une chose à désigner, signifier, révéler.
Une symbolique est un ensemble, un système de symboles. La symbolique des figures concerne le système signifiant des figures : d'une part, elles forment ensemble un système, un tout, un ensemble, un complexe ; d'autre part, chacune entre dans un réseau de symboles, forme une constellation avec d'autres symboles (chacune appelle son opposé, son proche, etc.).
Examinons quelques figures bien présentes dans le symbolisme maçonnique.
Le Triangle
Cette figure appartient au symbolisme du nombre trois. Il peut ainsi être investi de significations à connotation pythagoricienne, et éventuellement mis en rapport avec d'autres figures géométriques. Dans la symbolique de la Franc-maçonnerie, qui donne une place importante à cette figure et où elle est qualifiée par exemple de Delta lumineux ou de Triangle sublime, le triangle peut même, selon son espèce, correspondre à un élément : l'eau est associée au triangle rectangle ; la terre, au triangle équilatéral ; le feu, au triangle isocèle ; et l'air au triangle scalène...
Le triangle peut également, et plus banalement, se rencontrer chaque fois qu'il s'agit de symboliser des triades. C'est par exemple le cas le symbolisme républicain (« liberté - égalité – fraternité »), mais aussi dans celui du Christianisme où cette figure est aujourd'hui associée couramment à la Trinité.
Il est cependant intéressant de noter que le triangle n'est pas très souvent représenté sur les premiers monuments chrétiens, à une époque où les réticences à représenter directement Dieu étaient importantes et où, pourrait-on imaginer, le triangle aurait pu offrir une alternative commode.
En ésotérisme, le triangle symbolise le feu, le cœur, le sexe masculin et la spiritualité lorsqu’il pointe vers le haut. Lorsqu’il pointe vers le bas, il représente le sexe féminin, l’eau et la fécondité.
Le Carré
Figure parfaite qui évoque la stabilité et la solidité, le carré est l'un des quatre symboles le plus universel, avec le cercle, le centre et la croix. Le carré est l'emblème du monde qui s'est créé, équilibré et fixé. Il est aussi l’emblème de la nature par opposition à l'incréé et au créateur. Cette figure géométrique évoque la progression accomplie de la manifestation.
Il résume le symbolisme du nombre quatre, l'ordre de l'Univers et la nécessaire opposition des contraires. Il est symbole d'unité, d'intégralité et d'équilibre des quatre fonctions psychiques : pensée, sensation, intuition, sentiment.
Il représente la perfection de la Création, l’ordre du monde, la sécurité, l’équilibre, l’harmonie, la rigueur morale. Il symbolise la Terre et le cosmos.
Symbole en relation avec la terre, le carré est une figure fixée sur ses 4 côtés, qui empêche l'écoulement de l'énergie, à l'inverse du cercle. Cela peut indiquer un arrêt, surtout temporel. Tentative de stabilisation, peur de l'inconnu, solidification, stagnation, le carré évoque la matière, un besoin de rendre parfait l'instant présent et d'arrêter ainsi les réminiscences du passé.
Dans l'architecture sacrée, le carré est souvent associé au cercle pour exprimer la dualité ciel-terre.
Je passe ici sous silence la figure caractéristique du 2ème degré, celui du grade de Compagnon.
Les nombres
L'origine du nombre est probablement liée à un besoin d'appropriation. Dénombrer c'est mesurer, mesurer l'étendue d'un avoir : dénombrer le nombre de têtes d'un troupeau, mesurer une parcelle de terre, qualifier une proportion. Dénombrer suppose un certain nombre de processus intellectuels qui, bien que naturels à notre époque, ne sont pas aussi évidents que cela ! Ainsi pour dénombrer le nombre de bêtes dans un troupeau, encore faut-il qualifier ce qui est semblable de ce qui est dissemblable, autrement dit sélectionner et discriminer donc classer les objets par famille, races, ressemblances, différences, analogie ; autrement dit de structurer la pensée.
L'arithmétique ou opération sur les nombres est une étape ultérieure qui permet, à partir du dénombrement de faire des opérations non plus sur le réel mais sur le nombre lui-même.
Une autre propriété des nombres est celle de caractériser des rythmes, à partir de faits récurrents. C'est la mesure du temps, c'est le cycle des saisons, mais c'est aussi la possibilité de prévoir en fonction de la connaissance réelle ou supposée des rythmes de la nature.
Et enfin, le nombre peut caractériser l'harmonie, la proportion entre les choses, l'équilibre qui est également justice.
Le langage des nombres est donc un langage universel qui permet de rendre l'univers perceptible, intelligible à la pensée humaine.
En fait, les nombres sont partout en Franc-maçonnerie, à commencer par le symbole ternaire (triangle ou pyramide), image symbolique par excellence de tout ce qui est maçon.
Le Nombre trois, le plus utilisé de tous les nombres maçonniques, est représenté par une multitude de symboles : les trois Grandes Lumières (Volume de la Loi sacrée, Équerre, Compas), par le Triangle divin qui représente à la fois les trois mondes (matière, esprit, âme) et leur unité, mais aussi les trois dimensions de l'espace. A cela on peut ajouter que les trois grades de la Maçonnerie bleue, que sont les grades d'Apprenti, de Compagnon et de Maître, s'établissent par le dévoilement progressif de la quadrature hermétique du cercle universel.
Le Nombre cinq est celui du milieu, l’axe central des neufs premiers nombres. Cette position fait de lui le symbole de l’union, de l’harmonie, de l’équilibre et de l’accomplissement, mais aussi d’une notion moins évidente : celle de la perfection. Le cinq représente l’univers, un centre où se croisent un axe vertical et un axe horizontal. Cette croix, (le quatre) devient alors le symbole du rayonnement de l’énergie (le cinq), qui part du centre et se propage aux quatre coins du monde, vers les quatre points cardinaux.
Le Nombre cinq représente aussi l’énergie d’union de l’esprit et de la matière : il est la somme du premier nombre pair (2) et du premier nombre impair (3). Ce mariage du principe céleste 3 et du principe terrestre de la mère 2, n’est rien de moins que l’union du ciel et de la terre.
Si la mystique touche aux harmonies du cœur, la Franc-maçonnerie et son symbolisme touchent aux harmonies de la structure du monde, donc à la mesure de l'univers à la fois dans ses formes (géométrie) et dans les rapports mathématiques qu'entretiennent entre elles ses composantes (arithmétique divine). C'est ainsi que le Temple de Salomon est censé refléter cet univers et qu'en cherchant la Lumière, tout Maçon est en mesure de percer les secrets des lois universelles qui régissent ce Temple. Le corps de l'homme en est à la fois l'image secrète et le sanctuaire.
C'est bien pourquoi l'Initiation et les enseignements de la Franc-maçonnerie sont si intimement liés à la sagesse des philosophes grecs tels que Platon et Pythagore.
En ce qui concerne le Nombre sept, les Ouvriers du Grand Œuvre acquièrent la Force par l’étude des sept symboles initiatiques fondamentaux ; ils atteignent la Beauté par la pratique des sept arts libéraux ou sciences libérales ; ils accèdent à la Sagesse par les sept vertus maçonniques.
Mais le nombre sept évoquerait aussi sept autres vertus : les trois vertus théologales (qui ont Dieu pour objet) et les quatre vertus cardinales qui sont les vertus essentielles, fondamentales.
Pour conclure, du moins provisoirement…
Le chemin des symboles est un chemin de liberté, où chacun fixe ses propres limites, qui peuvent varier à mesure de l'évolution intérieure mais que nul autre ne peut connaître. Sur ce chemin, chacun avance à son rythme, s'arrête et repart à sa convenance, et ne trouve que ce qui lui convient - ou plus précisément, fait naître à sa propre conscience ce qu'il avait en lui inconsciemment.
Pour comprendre ce qu'est un symbole, il faut tout d'abord percevoir absolument qu'il est plus destiné à être ressenti qu'expliqué, constaté qu'analysé.
C'est pourquoi, lorsque j’ai rédigé ces quelques pages, mon but n'était pas d'imposer quoi que ce soit mais de proposer ; non pas de montrer, mais de suggérer. Ainsi naîtra peut-être, pour certains, une vibration en harmonie avec leur attente intérieure, parfois inconsciente.
R:. F:. A. B.
[1] Littéralement, « celui qui est placé au début » de la voie.
[2] La Cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « engendrer ») était, en 1762, définie par le Dictionnaire de l'Académie française, comme « science ou système de la formation de l'Univers ».
[3] Coomaraswamy A. K., Le symbolisme de l’épée, in Etudes Traditionnelles n° 217, janvier 1938, pp. 11 à 17.
[4] Le Véda est une « connaissance révélée » transmise oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l'hindouisme jusqu'à nos jours. Cette connaissance, aujourd'hui rassemblée en un ensemble de textes, aurait été révélée par l'audition aux sages indiens nommés Rishi. Les hindous pensent que le Véda est éternel et singulier.
[5] La symbologie est la théorie des symboles.
Bibliographie
Ambelain Robert - Symbolique des outils dans l’Art Royal
Editions Edimaf, Paris, 1996
Baudouin Bernard - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie
Editions De Vecchi, Paris, 1995
Behaeghel Julien - Symboles et initiation maçonnique
Editions du Rocher, Monaco, 2002
Béresniak Daniel - Rites et Symboles de la Franc-maçonnerie
Tome I : « Les Loges Bleues » - Editions Detrad, Paris, 1997
Berteaux Raoul - La symbolique au grade d'Apprenti
Editions Edimaf, Paris, 1986
Boucher Jules - La symbolique maçonnique
Editions Dervy, Paris, 1995
Chevalier, Jean et Gheerbrant Alain
Dictionnaire des symboles
Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres
« Bouquins » - Editions Robert Laffont, Paris, 1982
Collectif - Encyclopédie de la Franc-maçonnerie
Editions E. Saunier, Le livre de Poche, Paris, 2002
Dachez Roger - Histoire de la Franc-maçonnerie française
Que sais-je ? PUF, Paris, 2003
Danielou Jean - Les symboles chrétiens primitifs
1961
Delclos Marie & Caradeau Jean-Luc
Les symboles maçonniques éclairés par leurs sources anciennes
Edition Trajectoires, 2009
Ferré Jean - Dictionnaire des symboles maçonniques
Editions du Rocher, Monaco, 1997
Girard, Marc - Les symboles dans la Bible
Recherches Nouvelle Série, 26
Editions Cerf – Bellarmin, Montréal, 1992
Mainguy Irène
La Symbolique maçonnique du troisième millénaire
Editions Dervy, Paris, 2001
Négrier Patrick - Les symboles maçonniques d'après leurs sources
Editions Télètes, Paris, 1998
Sédillot Carole et Zana Elisabeth - ABC du symbole
Editions Jacques Grancher, 2007
Signier Jean-François & Thomazo Renaud - Les sociétés secrètes
Editions Larousse, 2005
Trévoux Guy - L’Origine des rites et symboles maçonniques
Monaco, Éditions du Rocher, 2002
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Commentaires
1TinaSamedi 6 Avril 2019 à 19:47WaouhRépondreBonjour
Je recherche un travail sur " LE SYMBOLISME DE LA CEREMONIE D'INITIATION au Rite Français
Merci
Fraternellement
RD
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Chemin47Mercredi 8 Mai 2019 à 11:57
N'ayant jamais été membre d'une Loge travaillant au Rite français, je n'ai pas traité ce sujet.
Un conseil : prenez le plan de la cérémonie au Rite moderne belge ci-dessus dans la rbrique "ÉTAPES & SYMBOLES de la CÉRÉMONIE d'INITIATION" et adaptez votre travail personnel en fonction du rituel de cette cérémonie que vous avez sans doute vécue au Rite français.
Bon travail.
A.B.
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